1. La naissance d'une tueuse
1 an plus tôt...,
- Fitzrovia (Londres) -
Ma mère avait été la première à constaté que j'avais un sérieux soucis de conduite. Elle faisait référence à mon caractère instable et capricieux. Je ne me comportais pas comme une enfant normale.
Comme tout parents ordinaires, elle avait voulu corriger cette attitude en faisait appel à la médecine comportementale.
Elle avait essayé de m'emmener voir un psychiatre mais mon père avait refusé, prétextant que je ne faisais qu'une banale crise d'enfant. Je suis parvenue à la duper en l'espace de quelques temps, alors qu'elle me cédait rarement ce que je désirais. Plus étrange encore, je la troublais.
J'avais toujours 20 sur 20 et étais pourtant pas là gentille fille que je prétendais.
J'étais obsédée par la réussite. Ce besoin constant d'être la meilleure.
Je ne jouais pas s'il n'y avait pas de prix. J'étais prête à relever tous les défis, même si pour cela je devais me salir les mains. La beauté exigeais des sacrifices. L'amour aussi. J'avais 19 ans et je n'allais pas attendre d'être vieille pour avoir ce que je désirais.
On m'avait toujours dit de viser haut, alors au lieu de ronger mon frein en restant à attendre désespérément un signe du destin, j'avais décidé d'agir.
Tu étais un idéal. Un chef d'œuvre sur pieds qui venait d'atterrir dans notre petite université. Mais avant tout, tu étais un prince, qu'aucune autre filles n'auraient.
Je ne te mentirais pas en disant que c'est d'abord ton titre qui m'a intéressé.
C'est là que tu as fais ton entrée : toi, Archibald Windsor aka le digne héritier de la couronne.
Comme ton nom l'indique, tu étais sans l'ombre d'un doute, le célèbre fils du deuxième Duc de Cambridge.
Je m'étais renseignée sur toi.
Tu traînais des pieds et tentais d'avoir une posture droite. Ton uniforme princier dénotais de celui de tes nouveaux camarades. Cela semblais te contrarier. Tu fronces les sourcils, n'ayant pas su te faire discret. Habillé de la sorte, c'était mission impossible !
Tu tentais de dissimuler ton mal être, derrière un sourire de façade et te décidais à abandonner ton cortège, une fois rendu aux portes du campus.
Je me demandais ce qu'un prince venait faire dans une université aussi banale que "Chapstick Valley".
Est-ce un genre de châtiment ?
Si j'avais pu, je me serais enfuie de cet endroit pour toujours !
Malheureusement, j'étais contrainte d'y rester, n'ayant pas encore validé ma dernière année de licence. C'est pourquoi, tant que je n'avais pas obtenu ce fichu diplôme, je ne pouvais tout simplement pas prendre le large
Néanmoins, j'avais le mérite de travailler. Je ne faisais pas semblant, comme la plupart des étudiants londoniens de "Chapstick"! Je n'avais pas été admise au sein de cet établissement par l'argent de mes parents étant donné qu'ils n'étaient plus de ce monde. Par contre, j'y étais rentrée sous les recommandations appuyées de mes professeurs du secondaire.
À croire qu'ils me vénèraient tous !
Je pris mon temps et m'avançais vers la grille du bâtiment au moment où tu apparaissais.
Tu te retournais soudain vers ton garde du corps rapproché pour lui demander de disposer. Ce qu'il fit sans broncher.
Tous t'obéissaient au doigt et à l'œil.
Ils avaient prêté serment auprès de la famille Royale et te serviraient jusqu'à leur dernier souffle.
Tu portais ton sac en travers de ton épaule et marche au milieu du campus, paumé. Du moins c'est le sentiment que j'eus en te voyant te diriger dans la mauvaise direction. Aussitôt je volais à ton secours.
Je m'étais maquillée à outrance et avais replissée ma jupe d'uniforme avant de t'aborder.
Je ne voulais pas paraître présomptueuse et t'avais tendu la main.
Intrigué, tu posais un regard hésitant sur moi, puis finalement la saisie. Là, tu me retournais un sourire chaleureux.
Tout de suite, je sentis que le courant passais plutôt bien entre nous. Je le vis à la manière dont tu me fixais. Tu me regardais avec insistance comme ci tu souhaitais accéder à mes pensées.
Peut-être était-ce une intuition.
Néanmoins, je t'avais trouvé très réceptif !
Sans plus tarder, je me jetais sur l'occasion pour te dire mon prénom.
- Je m'appelle "Ruby". Enchanté, mon prince !
Tu levais les yeux au ciel et ris.
Je l'avais fait exprès. A quoi est-ce que tu t'attendais, "Archi" ?
De cette manière tu t'ouvris à moi et me fis part de ton agacement envers ton titre. Tu ne te considérais pas comme un prince, mais un quidam. Tu disais ne pas avoir grandi à Cambridge, mais à Stamford. Tu as été élevé là-bas, loin de la principauté, dont ton père a toujours cherché à s'extrader.
Venir ici était ton souhait le plus cher et tu avais désobéi à tes devoirs pour y parvenir. Cela ne plaîsait pas à la Reine, mais tu t'en moquais.
J'appris un tas de choses sur toi, en l'espace d'une journée. Tu t'étais assis à côté de moi en amphi, malgré les 200 places vides. Tu m'avais cherché dans l'assemblée et avais fini par me trouver.
- Qu'est-ce que tu fais après les cours ? me demandas-tu, à travers la cohue général.
Je vis que tu essayais de contenir ton excitation.
Beurk, s'en était presque mignon !
Est-ce que je te plaîsais à ce point ?
Tu attendais à présent ma réponse.
Je fis semblant de réfléchir et tournais les pages de mon agenda virtuel dans ma tête. Enfin après quelques minutes à t'avoir fait miroiter je réponds:
- Tu es un petit veinard, je n'ai rien !
Ma réponse semble te satisfaire.
Tu écartais ensuite les bras derrière ta tête et t'étires.
Je sortis méticuleusement mes affaires de mon sac avec une lenteur extrême et te surveillais du coin de l'œil.
Toi aussi tu tapais tes cours à l'ordi.
Je jetais un regard à ton fond d'écran et distingua le corps splendide d'une fille qui aurait pu jouer dans un film X. Elle est belle et pulpeuses, aux jambes effilées. Un peu comme moi. Sauf que je ne suis pas brune.
Mes cheveux sont violets foncés, avec des reflets rose au soleil.
Cette coloration est si parfaite que j'aimerais la porter à vie. À l'origine j'avais les cheveux noirs de jais. Mais disons qu'ils me déplaisais. Ce n'était pas original d'avoir les cheveux comme ceux des autres. Alors pour me démarquer, j'ai mis la barre très haute.
J'avais une obsession pour le violet et cela depuis mon enfance. Ça c'était déclenché lorsque que j'avais regardé une inconnue à la beauté fatale se peindre la bouche de cette couleur.
En temps normal, les filles mettaient du rouge.
Toute ma vie je n'avais cessé de vouloir briller plus que mes semblables.
Pour se moquer, quelques étudiants de Chapstick Valley, m'appellais "l'aubergine", parce que c'est le seul légume à avoir cet aspect.
À l'instar des autres, toi tu t'en fichais que mes cheveux soient colorés.
Tu me demandais de t'accompagner au défilé de nourriture qui avait lieu aujourd'hui, dans le vieux Londres. C'est la Saint George. On la fêtait tous les 23 avril. Durant celle-ci étaient organisés des défilés et festivals tout au long de la journée.
C'était un moment de partage en mémoire du saint patron anglais. Le plan parfait pour te faire succomber un peu plus.
D'ordinaire, je n'y allais jamais. Je n'aimais pas ce genre de fête. Mais toi tu voulais que je viennes.
La sonnerie retenti, quelques minutes plus tard, après avoir passé une heure de cours assis.
Je me levais et parti sans te saluer.
Je savais pertinemment que tu allais me courir après, pour tenter de me rattraper. J'avais donc adoptée une allure lente.
Excatement comme je l'avais pensé, tu m'as attrapé la main.
J'ai joué la désintéressée, un sourire espiègle en coin.
J'aimais les personnes insistante. Ça me prouvais qu'elle ne pouvais pas se passer de moi.
C'était ton cas, Archi. Tu étais même nerveux à l'idée que l'on se retrouve plus tard. Tous les deux, parmi une foule de gens.
Soudain au moment où tu t'apprêtais à dire quelque chose, une sale chipie jeta son dévolu sur toi.
Elle fit tout à coup irruption dans et se planta face à toi.
J'analysais sa tenue au peigne fin.
Elle avait du charme, certes, mais pas la gagne.
Ladite fille triturais ses doigts et se mordais la lèvre, intimidée par ton regard.
Son attitude de prudesse, m'exaspèrais au plus haut point.
Elle n'avais aucune chance de te séduire.
Tu me zyeutais par dessus son épaule et tentais de te débarrasser de la nouvelle arrivante, sans succès. Elle était décidée à ne pas te laisser tranquille.
Que voulait-elle de toi ?
Je me contenais du mieux que je pouvais et tentais d'imaginer sa tête au bout d'un pic.
Je resserrais mes poings de colère.
Je sentais mes ongles s'enfoncer jusque dans la chair de mes paumes, mais la douleur était quasi indolore. La seule chose que j'avais en tête a cet instant, était de dégager ce nouvel obstacle.
N'ayant pas pour habitude de battre en retraite, je m'avançais vers la malheureuse.
Je toussotais ensuite, prostrée dans son dos.
Elle me fit soudain volte-face.
- Ce n'est pas très poli d'interrompre une conversation. Je peux savoir qui tu es ? dis-je d'un ton sarcastique, avec une légère pointe d'acidité.
La fille me toisais, l'air apeurée.
Je lui lançais un regard appuyé, lourd de sens et lui ordonna de partir. Je n'eus pas besoin de formuler à haute voix ma requête. L'inconnue obtempèra tout de suite et déguerpit.
Elle s'en est allé aussi vite qu'elle est venu.
À présent ce fut à ton tour de me dévisager, l'air surpris.
Je haussais les épaules, feignant de ne moi-même pas comprendre. Puis fixais du coin de l'œil l'endroit par où elle avait disparu.
Elle avait prit une sage décision !
Grâce à elle, j'ai pris du plaisir avec toi.
Au fil des jours, nous nous sommes rapprochés plus vite que prévu. Tu as tanné ton père pour rester à Chapstick Valley en prétextant t'y sentir bien intégré.
Plus le temps passais et plus je devins importante à tes yeux.
C'est exactement ce que je voulais, en te rencontrant.
Tout se déroulais à à merveille ! Je suivis les étapes de mon plan. En plus de cela, tu me facilitais la tâche, en te livrant à moi. Tu me parlais des projets de la Reine, sans te soucier des oreilles indiscrètes.
Je te voyais tomber amoureux un peu plus chaque jour.
Au début, j'aimais ça.
Le fait que tu me voue un amour sincère et puissant me comblais de joie. Je l'ai ressentis dans tes baisers et tandis que tu passais tes mains sous mon tee-shirt pour me tripoter.
Je n'avais pas fait semblant de t'apprécier car aucun gars ne m'avais touché ainsi auparavant. Tu étais le premier de mes petits amis ou peut-être pas...
Bientôt toi et moi devinrent "Nous".
Tu parles de nous à la 2e personne du pluriel.
Tu t'étais peut-être amouraché trop vite.
Ce serait d'autant plus facile pour moi de t'achever.
Vois-tu, quelque chose est venu s'interposer dans notre idylle. Et cette chose c'est TOI. Oui, toi. Ton titre, est trop important ! Les gens ne me regardent plus quand j'étais avec toi. Ta gentillesse me tapais sur le système. Tu semblais avoir perdu ton côté mystérieux.
Ta famille avais cherché à dissimuler aux yeux de la principauté le fait que tu n'étais pas un héritier légitime de Cambridge. Tu étais un "bâtard". En réalité le Prince de Windsor t'avais adopté.
Ça m'excitais de savoir que tu n'étais en réalité pas cet idéal que les gens normaux idolâtrait.
Comme moi tu n'avais plus de parents.
J'étais la seule à voir cet ennui dans ton regard. L'unique personne qui te voyais tel que tu étais. En contrepartie tu m'avais fait goûté au luxe. Sans que je ne le veuille tu m'avais fait cadeau d'une magnifique robe violette, pour aller au fameux bal de promo de fin d'années.
Nous en approchions.
Cela faisait pratiquement trois mois que tu avais intégré Chapstick Valley.
Je m'étais contentée de contempler la robe sans dire un mot.
Je n'attendrais pas ce stupide bal pour la porter !
Tu m'aimais avec. Mais je ne nous voyait pas d'avenir. Je me laissais de tes présents. Tu faisais fausse route si tu pensais m'acheter avec de l'argent. Je n'étais pas un trophée. Lorsque j'avais un objectif en tête plus rien ne m'arrêtais.
J'avais alors calculé la probabilité pour que tu sois démasqué. Il faudrait pour cela que tu commettes un meurtre sanguinaire. Tu n'avais vraisemblablement pas le profil d'un tueur, ce qui attiserait la curiosité de ta cour à s'interroger encore plus sur la motivation de ton crime. Le passage à l'acte.
Ce n'est d'ailleurs pas moi qui est brisé le cou de cette fille, puis coincée sa tête dans un casier. Je n'avais pas non plus rédigé ces lettres de menaces à l'attention de nos petits camarades. Je ne t'ai également pas donné l'adresse du doyens de l'université que je connaissais par coeur.
Tu as tout fait tout seul. Je t'ai juste montré la marche à suivre ou plutôt mâché le travail.
Pas une fois, je n'ai émis de regrets.
Je ne supportais pas la concurrence et tu attirais tous les regards.
C'est pour cette raison que je t'ai drogué aux antidépresseurs à toutes les occasions. Ainsi tu aurais un motif à tous tes meurtres.
La pression qu'exerçais ta royale vie sur tes épaules.
Je te payais une boissons presque tous les midis, au RU. Tu avais voulu être traité en quidam et ne mangeais pas dans la suite luxueuse, que ton père t'avais payé. Tu ne squattais pas non plus sa grande demeure.
Ensuite, j'ai choisi les cibles.
J'ai traqué la fille qui t'avais approché sans pudeur. Elle habitait un petit quartier londonien peu fréquenté. Je n'étais pas sûre qu'elle voyait sa famille.
J'ai noté dans un carnet tout ce que je savais à son propos. J'ai songé à son meurtre, esquissé une sorte de scénario.
D'une certaine manière, elle t'idéalisais tellement qu'elle en était devenue presque insistante.
J'ai fait en sorte qu'elle t'ait elle aussi, en multipliant vos rencontres sur le campus. J'ai sans le vouloir ébruité ton secret afin que tu te sentes réellement oppressé et pour que la prise de médicaments coïncide. Tu étais si occupée à me jeter des fleurs que tu n'as pas vu mon cadeau empoisonnés.
Mon esprit carburait tous les jours pour te mettre au sol.
La seconde partie de mon plan avait consisté à prouver ta culpabilité en dressant ton profil. Celui d'un garçon atteint de bipolarité.
Je t'ai poussé à bout pour que tu me fasses toi aussi du mal.
Une fois tu m'as presque étranglé. Puis t'ai confondu en excuses. Tu pleurais tel un pauvre petit garçon perdu.
Dommage que tu n'ai pas serré plus fort.
Ce jour est finalement arrivé, celui de la chute de ton empire. Tout monde s'est écroulé tel un battement d'aile, dès l'instant où les soupçons se sont portés sur toi. Ton arrivée en milieu d'année, anodine, avais commencée à intrigué les autres. Ils parlaient dans ton dos. Je pouvais presque entendre leur murmure d'ici. Il ne t'avais jamais traité comme l'un des leurs, ayant trouvé ton admission à Chapstick suspecte et corrompue.
Des voitures de patrouille de police débarquèrent du jour au lendemain sur notre campus avec un mandat d'arrêt. Il avait appris par une source anonyme le nom du tueur qui sévissait depuis quelques mois dans notre académie.
J'avais assisté à la scène dissimulé parmi la foule d'étudiants et badauds qui filmaient cette scène inédite de ton arrestation.
- Prince Archibald Windsor, nous sommes au regret de vous arrêter. Une plainte a été déposée contre vous pour meurtre avec préméditation.
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