Nihil aimait la nature. Elle s'en souvient très peu, car celle-ci est éphémère, et s'est éteinte en peu de temps. Mais lorsqu'elle était petite, la jeune fille aimait à jouer avec les papillons. Ceux-là aussi, elle s'en souvient peu. Seuls quelques fragments des couleurs extravagantes qui éclosaient sur leurs ailes subsistent dans ses souvenirs. Elle aimait les plantes vertes, la couleur apaisante de la chlorophylle. Elle aimait l'odeur des fleurs et de l'écorce humide, elle aimait le craquement des feuilles mortes sous ses pieds lorsque l'automne déshabille les arbres, elle aimait les gazouillis des oisillons qui émergent de leur nid de branchages et réclament à manger, elle aimait les grondements rauques de l'orage, la lueur des éclaires, les soirs de pleine Lune, allongée sur l'herbe, à écouter le vent et à regarder tomber les étoiles. Elle aimait cette époque achevée dont elle se souvient si peu. Mais, dans sa mémoire, les sentiments que lui procuraient la nature occupe une place importante, mêlés à une atroce incertitude. Que désirait-elle réellement en restant sur Terre ? Mourir ? Ou vivre ?

     Être ou ne plus être ?