Kaylee

Mec 1 : - Continue d'avancer et laisse nous discuter avec ton mec.

Je fronce les sourcils et refuse de la tête, j'ai à peine le temps de parler qu'il me pousse sur le côté. Pardon ? Je pense reconnaître ces types, ils sont souvent à trainer dans les rues et en ce moment ils trainent beaucoup autour de notre immeuble. Je sais que ça agace Issa. Je me replace en face de lui et le pousse de toutes mes forces.

- Tu me parles sur un autre ton et c'est avec moi que tu vas discuter. T'es gentil, tu poses ton cul et t'ouvres grands tes oreilles.

Il m'attrape par le col de mon sweat et me fracasse contre le mur derrière lui, me maintenant dans cette position pour que je ne bouge plus. Ils sont jeunes mais ils sont bien trop musclés à mon goût. Ils doivent prendre des merdes.

Mec 1 : - Je t'ai dis d'aller jouer ailleurs espèce de sale gamine. T'as envie de crever ? J'ai pas peur de la justice moi !

Quel gros malade. Il est ravagé du cerveau cet idiot !

- Je t'ai demandé de baisser d'un ton, ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre c'est ça ? T'es en train de me postillonner dessus !

Je me débats pour me défaire de son emprise et quand je pensais y être arrivée, je réalise qu'en fait c'est Thomas qui vient de balancer le type plus loin dans la ruelle.

T : - Je t'avais dis que c'était pas une bonne idée, putain.

Il est froid dans ses paroles. J'ai foncé tête baissé, un coup d'adrénaline, une envie de vengeance, j'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'un matin il est rentré la gueule en sang avec du mal à respirer et c'est cette image que je garde en mémoire. Peu importe la pulsion suicidaire qui m'a poussé à intervenir, ils méritent bien une petite correction. Ils ne le savent pas encore mais ils viennent de commettre l'irréparable. Issa viendra les trouver en un rien de temps quand j'irais lui expliquer la situation.

L'homme se redresse et son regard se pose sur nous, un regard vraiment glacial. Il semble détailler Thomas avec un sourire mesquin.

Mec 1 : - T'es la petite merde à qui on a défoncé la gueule, t'en veux encore c'est ça ?
T : - On va passer notre chemin, c'est tout.. ou peut-être que je viens te rendre la monnaie de ta pièce.

Je ne soupçonnais pas cette attitude provocatrice mais ça me fait sourire. On dirait bien que lui aussi a envie de casser des gueules ce soir. Il me pousse derrière lui pour être sur que je ne prends aucun coup. C'est très mal me connaître ! J'y suis allée en première, j'assume. Je n'ai pas peur de saigner, d'avoir mal.. Tout ça ne vaut rien si ça permet de défendre une personne proche à nous.

Thomas et ce sale mec se font faces, tout deux les poings serrés et le regard noir. Thomas s'avance le premier pour lui porter le premier coup de poing. Son adversaire ne se laisse pas pour autant déstabiliser et enchaîne les coups sur mon ami. Encore et encore. Putain ! Il faut que j'agisse. Il ne me voit pas arriver derrière lui, j'en profite pour récupérer une barre en fer près d'une benne à ordure et lui donner un coup dans le dos. Pour tout ceux qui diront que c'est lâche, j'aimerais bien vous y voir !

L'autre mec qui s'approche de moi et me saisit le bras en tirant sur la barre pour la récupérer, hors de question ! Cependant, ma force ne vaut pas la sienne et cette arme se retrouve dans sa main à lui. Merde ! Il s'apprête à me frapper le visage mais Thomas s'interpose et saisit le bâton métallique en plein vol. Il donne un coup de tête au mec qui recule, récupère à son tour l'arme et menace de le frapper avec. Le gars recule une fois au sol pour rejoindre son ami qui se tient le visage de douleur.

Le premier gars se relève à l'aide de son ami, qui s'était complètement effacé lors de la bagarre.

Mec 1 : - On en restera pas là.
- Vous devriez. On ne joue pas dans la cours des grands quand on a pas les capacités.

Victoire.

*

- Bien joué, on s'est très bien défendus.
T : - Ouais, mais c'était complètement irresponsable de ta part d'aller leur chercher les embrouilles.
- Je sais. J'avais envie de te venger et je n'ai pas réfléchis plus de trois secondes. J'ai laissé parler mon instinct.
T : - C'est très honorable venant de toi mais la prochaine fois, laisse moi gérer ça. Je ne veux pas que tu prennes ces risques inutiles.

Je souris en acquiesçant, il s'inquiète. C'est touchant. Nous voilà devant notre immeuble, le soleil s'est couché depuis bien longtemps nous plongeant dans l'obscurité de la nuit. J'adore relever la tête et observer les étoiles qui brillent. Soudain, une idée me parvient. Je n'ai pas envie d'écourter et de revenir à la réalité, je veux terminer cette soirée en beauté.

- On ne va pas rentrer maintenant. Non, on va plutôt allonger notre escapade nocturnes !

Je le prends par la main et me dirige droit vers un petit stade de foot et de basket. C'est un petit terrain en béton à quelques pâtés d'ici, étendu dans l'herbe éloigné de la population. C'est un endroit parfait pour regarder les étoiles, parce qu'on a vraiment l'impression d'être au centre de la galaxie, d'être unique dans cet espace.

Nous nous allongeons au centre du terrain, par chance nous sommes que tous les deux.

T : - Tu viens souvent ici ?
- Quand les étoiles sont aussi belles, tout le temps. Quand on grandit la première chose qu'on perd c'est nos rêves. On n'imagine plus, on ne créée plus, on ne voit plus les choses de la même manière. Ici, j'ai l'impression d'être à nouveau cet enfant fascinée par les étoiles et ses mystères. Cette enfant rêveuse qui fait un vœu à chaque étoile filante qui déchire l'atmosphère.
T : - C'est un bel ancrage. Parfois, j'oublie qu'on a pas besoin d'être dans un lieu bourré de mondes pour être apaisé. Au contraire. Il suffit d'un endroit personnel, un endroit qui a du sens. Je t'envie par moment d'avoir cette vision si utopiste. J'aimerais bien en faire autant si seulement je n'étais pas aussi effrayé à l'idée de m'attacher à quelqu'un.

Nous sommes tous apeurés par cette idée. Nous venons au monde seuls et pourtant nous passons notre vie à chercher quelqu'un, une âme sœur, une flamme jumelle. L'humain n'est pas fait pour être solitaire.