THOMAS.

Je dois mettre un smoking, simplement une chemise ou quelque chose de plus décontractée ? Je n'en sais rien, mais quitte à paraître pour un crétin à ses yeux, autant être moi-même. Puis, en fait, les vêtements que j'ai à ma disposition sont loin d'être aussi classe. J'opte pour une tenue simple sans extravagance ou élégance. Après tout, c'est pas un rencart ? J'invite ma voisine à dîner, pas une star internationale ou beaucoup de paparazzis seront présents.

Je suis dès à présent prêt à emmener Kaylee au restaurant.

Je sors de chez moi pour me rendre à la porte d'en face, je toque trois coups et attend sagement qu'on m'ouvre cette dernière. Quand la porte s'ouvre, je faillis m'étouffer avec ma propre salive. Kaylee se trouve dans une robe sublime qui épouse à ravir ses formes et elle porte de ravisant talons hauts. C'est moi où cette robe est en soie ? Cette fois, ça se reconnait. J'aurais peut-être la chance de la toucher pour m'en faire mon propre opinion.

- Tu es resplendissante.
K : - Merci.

Je décide de la taquiner un petit peu, une soudaine envie de l'emmerder.

- Je crois que tu es censée dire que je suis pas mal non plus.
K : - Je suis obligée de mentir ?

Je lui souris et lui tends une magnifique rose fraîchement cueillis, ou plutôt, fraîchement arrachée sauvagement dans l'un des pots de fleurs de la concierge.

Elle pose mon vol sur son comptoir, puis prend mon bras pour que nous puissions partir.

Nous descendons les marches pour se rendre au parking, Kaylee cherche sa voiture du regard. Une fois trouvée, nous nous y rendons jusqu'à atteindre les portières. Comme un gentleman que je suis, je lui ouvre gentiment la portière.

Elle me remercie et je retourne du côté passager et attache ma ceinture. Habituellement, les gestes doux ne font pas partis de mon quotidien ! Mais, cette fois c'est différent. J'ai envie de faire les choses biens, les choses comme je les entends. Ici, j'ai l'opportunité de devenir une autre personne et de voir si ça fonctionne. Je n'avais pas envie de faire ça pour une autre femme avant elle. Elle doit faire ressortir le meilleur en moi.

K : - Où est-ce que je dois aller ?
- Prince Street, le restaurant indien de la quatrième rue.
K : - Carrément ! Comment as-tu fais pour avoir une réservation aussi rapide ?
- Une réservation ?
K : - Oui, une réservation. Je meurs d'envie d'y aller depuis un moment mais il faut bien deux semaines d'attentes ! Rassure moi, tu as bien réservé ?

J'essaye de lui faire un sourire rassurant et file directement sur mon téléphone. Réserver ? Je n'ai jamais fais ça ! Ce sont mes assistants qui font ça à ma place. Merde. Je regarde les restaurants aux alentours de ce dernier, tous affichent complets sur leur site internet. Fais chier.. Je vais faire comme si de rien était, on aura peut-être un peu de chance une fois sur place.

K : - Tu as des nouvelles pour le vol de ta voiture ?

J'avais complètement oublié ce détail ! Dans quelques semaines tout finira par s'arranger, je retrouverais ma vie et mes belles voitures. Je ne sais pas pourquoi ni comment l'expliquer mais cette pensée me rends soudainement maussade. Mine de rien, j'aime bien passer du temps à jouer aux jeux vidéos avec Issa, à regarder cauchemar en cuisine avec Ashton et Pauline et.. les moments privilégiés que je passe auprès de Kaylee. A Londres, aucun de mes amis ne m'a contacté. Personne. Je pensais que nous étions pourtant proches.

- Je ne compte rien faire.
K : - Tu as pourtant besoin d'une voiture, au moins de l'argent de l'assurance !

Vite, un mensonge.

- Ne t'en fais pas pour ça, mon assurance est top en ce qui concerne les vols !

Kaylee se gare sur un parking payant et nous descendons. Je mène la course en croisant les doigts pour que le restaurant nous accepte sans réservation. Une fois à l'intérieur, la dame de l'accueil nous dit qu'elle ne voit pas de réservation sous le nom de Thomas Miller. Je fais une scène scandaleuse en disant que c'est inadmissible ! Rien à faire, ils sont complets. Nous sortons du restaurant et je continue de faire l'aigri pour accentuer mon mensonge.

K : - Tu n'avais pas réservé, hein ?
- J'avais plus de forfait, oups.

Nous rions et continuons de marcher. On tente de se faire accepter dans différents restaurants mais tous le même discours, complets. Bon, on dirait qu'il faut se résigner pour ce soir.

K : - Je connais un endroit où il ne faut pas réserver pour manger.

Je la suis et nous nous arrêtons devant une sorte de caravane fumante. Je fronce les sourcils, pas très certain de son coup.

- Un kebab ?
K : - Pas n'importe lequel, le meilleur de la ville de New-York.
- Quel dommage de porter une robe aussi classe pour avoir un énorme kebab dans le gosier.
K : - Méfiez-vous des apparences.

Nous prenons notre commande et nous partons nous assoir sur les tables de pique nique derrière. Quelques lucioles sont accrochés sur les tables et ça rend l'ambiance particulièrement belle. Nous continuons de parler de ce monde à refaire lorsque nos commandes arrivent sur la table. A vu d'œil, ce morceaux de pain ne me paraît pas appétissant dans son emballage papier mais au premier croc, mes pupilles se dilatent et mes papilles gustatives quant à elles, s'extasient.

K : - Je ne t'ai jamais posé la question mais comment as-tu trouvé l'appartement ? Je pensais pas que le propriétaire le mettrais à louer avec tous les dégâts qu'il y a eu l'an dernier dans ce taudis.

Mon plaisir s'envole quand elle me pose cette question. Toujours des questions.. Je lève un sourcil, bois une gorgée de mon soda et hausse les épaules en lui disant que c'est un ami à moi qui me l'a conseillé et que je n'avais pas le choix que de trouver rapidement un logement si je ne voulais pas me retrouver à la rue.

- Tu poses toujours autant de questions lors du premier date ?

Elle manque de s'étouffer avec sa bouchée et évite mon regard. Ses joues rouges ne passent pas inaperçus.

K : - Premier date ? Je pensais que ce n'était pas un rencart.
- Qu'est-ce qui te fait penser ça ? Moi, je vois le contraire. Tu es dans une robe sublime, maquillée et coiffée, je t'ai offert une rose et nous dînons sous les lucioles. C'est un date.

Nous rigolons durant toute la soirée et nous nous dévoilons des parties plus intimes de nos vies. Je sens qu'elle dissimule encore une part de tristesse en elle. C'est la première fois que je fais un date et que ça se passe bien, que c'est agréable. J'aime bien cette vision. J'aime bien cette version de moi. Je crois que je pourrais m'y habituer ici, mais pas à Londres. La-bas, ma vie reprendra. La-bas.. Non, je préfère ne pas y penser pour le moment. Je passe un très bon séjour ici contre toute attente !

En repartant, Kaylee s'accroche à mon bras après que je lui ai passé ma veste en voyant ses frissons sur ses bras. Qu'est-ce que je disais.. Un vrai rencart.

*

Une fois devant sa porte d'appartement, nous nous regardons sans dire un mot. Je ne sais pas vraiment ce que je suis supposé faire. En fait, je le sais mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je souffle un bon coup pour me donner du courage et quand elle s'apprête à rentrer dans son appartement, je saisis son bras et la retourne. Je viens prendre son visage en coupe dans mes mains et pose mes lèvres sur les siennes. Au début, c'est très doux. Très lent. Très fleur bleu. Puis, ça commence à devenir plus intense quand elle entoure ma nuque de ses mains. Je demande accès à sa langue, elle accepte.

Mes mains se baladent sur son corps et viennent saisir le creux de sa taille pour la rapprocher de moi. Je meurs d'envie de lui faire l'amour.

Je l'attire jusque dans mon appartement et referme la porte derrière nous. Nous nous déshabillons dans une douceur suprême que je ne me soupçonnais pas et partageons à deux un moment délicieux. Sa peau est douce, elle sent ces fleurs japonaise qui ont le l'honneur de me faire tourner la tête à chaque fois que je croise ces cerisiers. C'est un moment que je ne risque pas d'oublier.