Thomas

Je ne comprends pas pourquoi, mais surtout comment cette lettre à atterri sous le palier de Kaylee. De toute évidence, ce n'est pas moi qui ai écrit cette lettre. Même sous hypnose, je n'aurais rien fait de semblable. Je ne vois qu'une personne qui aurait pu faire ça.. Christian. Depuis mon retour des graffitis, je suis resté enfermé pendant deux jours dans mon appartement. J'ai appelé Christian pour tenter de précipiter mon départ, j'ai fais quelques confessions ridicules à cause de mon état d'ébriété.. Ça ne peut être que lui l'auteur de cette lettre.

Lui, il va passer le plus mauvais quart d'heure de toute sa vie ! Je voulais le dire à Kaylee, mais pas comme ça, pas aussi violemment, mais surtout avec mes propres mots pas ceux d'un autre. J'ai été victime d'une usurpation.

Je suis en train de tourner en rond en fulminant, essayant de trouver une solution pour arranger les choses. Putain ! Je savais que je devais lui dire la vérité sur moi mais pas comme ça ! Pas comme ça putain. Si j'essaye de parler à Kaylee, elle va me rejeter mais elle doit savoir que je n'ai rien fait, que je n'ai pas écrit cette lettre. Comment faire pour qu'elle m'écoute ? J'aurais aimé lui écrire une seconde lettre et cette fois plus intime, plus personnelle, une lettre qui me ressemble pas ce brouillon d'un imposteur. Elle n'acceptera pas de la lire. Elle est trop bornée et têtue cette fille ! Il faut que j'approche sa meilleure amie pour qu'elle puisse lui faire entendre raison.

Je sors de mon appartement avec une lettre dans ma main, la vraie. Si je frappe à sa porte elle ne répondra pas, la connaissant. J'envoie un message à Pauline pour qu'elle descende en bas de l'immeuble, en espérant qu'elle le fasse..

J'attends depuis un petit moment en bas du bâtiment, est-ce qu'elle va venir ? Si elle ressemble à Kaylee.. ça veut dire que je suis ici pour rien. Ça commence à faire longtemps ! Si elle ne viendra pas, je suis en train de me geler sur place pour aucune raison. Sinon, je déposerais la lettre dans la biote aux lettres en espérant qu'elle la lise un jour et qu'elle ne se contente pas de la jeter à la poubelle.

Une ombre apparaît devant la porte, je prie pour que ça soit elle. Elle s'avance avec une expression neutre sur le visage, indescriptible. Je me redresse et essaye de reprendre une constance, assez difficile étant donné que je suis complètement frigorifié. Une fois devant moi, elle me mets une énorme gifle. Je me tiens la joue en écarquillant les yeux, mais elle est folle !

- T'es complètement folle !

P : - J'essaye de rester calme si tu n'as pas remarqué ! Pourquoi tu m'as fait venir jusqu'ici ? Je te préviens, t'as environ... elle regarde sa montre et remonte les yeux vers moi. T'as environ cinq minutes avant que mon calme ne disparaît pour faire place à la terrifiante moi.

Si là elle est calme.. Je ne veux pas faire face à sa version diabolique.

- Kaylee ne m'écoutera pas et tu es sa meilleure amie. Il faut qu'elle sache que je n'ai pas écris cette lettre, que je ne pense aucun mot de ce chiffon ! C'est un coup de mon manager. J'ai.. J'ai écris une lettre pour elle, la vraie lettre que je voulais lui donner. J'aimerais que tu lui donnes.

Je sors de ma poche la fameuse lettre, l'écriture est moins soignée mais au moins ce sont mes mots, ma version des choses. J'espère qu'elle le fera et que Kaylee prendra la peine de découvrir la vérité.

P : - Encore une lettre ? Tu peux très bien aller lui raconter ta vérité en face, yeux dans les yeux non ? Depuis quand les hommes sont-ils devenus tous des incapables.. Vous êtes vraiment les princesses que vous pensez être.

- Parce qu'elle me laisserait en placer une tu penses?

Son silence vaut réponse. Nous savons tous les deux qu'elle ne me laissera pas l'approcher, pas maintenant. Cette lettre est une solution de fuite certes, mais elle reste une solution. Les choses auraient pu se passer différemment.. Enfin, quand j'y repense.. Peut-être pas.

Pauline souffle et prend la lettre de mes mains, elle la regarde et repose son attention sur moi.

P : - Si c'est encore des paroles blessantes, j'irais jusque Londres pour m'assurer que tu ne puisses jamais avoir de descendance.

*

J'attends à l'aéroport. Personne n'est venus me dire au revoir, à part Ashton, le bouclé de la bande. Il a toujours été sympa, même si son expression de visage montre qu'il est en rogne. Quand je lui ai demandé pourquoi il est là, il m'a simplement dit que lui il n'arrive pas à faire semblant et que quand il considère quelqu'un comme un ami proche, c'est plus fort que lui, il est présent. Les choses n'auraient pas dû se passer comme ça, pas aussi brutalement et avec des actes aussi irréfléchis. J'avais organisé un scénario déjà tout prêt dans ma tête, je devais donner rendez-vous à tout le monde dans mon appartement, j'aurais fait un super repas comme ils ont l'habitude de faire et nous aurions tous parlés jusqu'à tard le soir. Puis, quand minuit aurait sonné, j'aurai pris Kaylee à part et je lui aurai lu ma lettre. Sérieusement, comment est-ce qu'on peut s'attacher autant à une personne en si peu de temps ? Je ne me savais pas capable de ressentir autre chose que de la négativité, ça devrait me faire plaisir, ça montre aux autres et à moi même que je ne suis pas le monstre que les médias montrent. J'ai tout fais foiré, encore. C'est plus fort que moi, à croire.

- Les passagers du vol 360 en destination de Londres sont attendus à l'embarquement.

Je ramasse mes affaires, dit au revoir à Ashton qui se contente de hausser les épaules en gardant ses mains dans ses poches et pars, seul, comme à mon arrivée. Je repars avec toujours cette énorme tâche de noirceur ancrée dans mon cœur, ancrée dans mes veines sauf que cette fois, je suis conscient que c'est en train de me détruire. Avant, je la voyais comme un réconfort. Maintenant, je la vois comme un frein à mon bonheur. Je n'ai plus que mes yeux pour pleurer.

Je vais retrouver ma vie de lumière et de paillette, une vie que j'étais triste de quitter, une vie que je voulais à tout prix retrouver et pourtant, maintenant que c'est sur le point de se produire, mon cœur n'a jamais été aussi vide qu'en cet instant.