Ça va pas de me cacher un truc pareil, Lucy ?!
Tout était si parfait... Je vivais dans le bonheur que j'avais toujours attendu.
J'étais comblée.
Mais tout ça n'était qu'apparence.
Il y aura toujours quelque chose qui viendra se mettre en travers de mon chemin, quelque chose que j'avais toujours l'habitude de faire, au plus grand malheur de tous, mais surtout à leurs illusions.
Ils n'ont jamais compris pourquoi. Mais moi, si.
Un sacrifice, encore. Il m'est tombé dessus au moment le moins opportun, ô douce malchance.
Je ne pouvais pas refuser, je n'étais pas en position de le faire.
J'ai connu la mort, très chère existence, j'ai croisé la misère et j'ai ressenti la pire chose que l'on peut connaître après le passage de la douleur. C'était le vide.
Beaucoup de choses de se sont mélangées tandis que ma vie s'échappait entre mes doigts : la joie, la colère, la peur, et l'amertume aussi. Mais surtout ; les regrets.
Je m'étais si bien préparée pourtant... Je l'avais même entouré au marqueur rouge sur mon calendrier annuel. J'avais ce ridicule espoir qui demeurait en moi, l'espoir qu'un jour, on remarque cette annotation et que l'on me demande à quoi pouvait-elle bien correspondre.
J'étais naïve.
Je n'ai jamais compris son jugement, ni le tien. N'avais-tu pas pour devoir de contribuer au bonheur de ta progéniture, maman ? J'étais heureuse à leurs côtés, mais tout a disparu.
Natsu s'était toujours montré maladroit envers moi, et aussi souvent fauché. Néanmoins, il était si doux... admirable, et gentil... J'étais tombée amoureuse, maman.
Il embellissait à un point mes journées si moroses ! Et tu sais quoi ? Moi, en une bonne amie, je n'ai qu'assombrir les siennes, auparavant si joyeuses.
Après tout, si j'avais été franche, si je ne lui avais rien caché, et surtout pas cette vérité qu'il poursuivait depuis sa plus tendre enfance, peut-être que ça aurait été moins difficile pour lui. Peut-être que moins de ses larmes auraient coulées.
Et tout ça, celui que j'ai brisé, ceux que j'ai abandonnés, je l'ai fait pour toi.
Je ne ressens aucun regret, parce-que c'est pour toi.
Mais
j'ai mal, maman.
Le soleil venait de poindre à l'aube d'une journée comparable aux autres. L'hiver arrivait et le vent venu du nord obligeait les habitants du royaume de Fiore à se couvrir pour que les vêtements fassent abstraction au passage du vent, aidant leur chaleur corporelle qui ne suffisait plus à les protéger pour la plupart de la température glaciale. La nature sauge se retirait au profit de l'agitation humaine dans la ville de Magnolia. Malgré tout, aucun bruit n'osa venir briser le silence apaisant de cette reposante après-midi lorsqu'elle arriva, et froissa la beauté insaisissable de cette singularité. En plus de ce mutisme presque intrusif avec un temps pareil qui aurait pu en faire ronchonner plus d'une tête, personne ne s'en était encore plaint, ni n'avait supplié le retour de l'étouffante chaleur de l'été qui avait précédé. Non, pour une fois, même les plus réticents essayaient au moins de profiter de la douce brise, à la fois légère et froide, qui venait fouetter les visages aussi blafards que la neige, qui d'ailleurs n'avait pas encore pointé le bout de son nez. Le temps était sec. Les arbres maintenant dénudés frissonnaient face à l'alizé qui les frôlait tendrement, laissant l'écorce se fragiliser encore un peu plus sous son emprise mais jamais ne lui permettait tomber.
Dans un appartement, aux abords du fleuve emprisonné de glace qui traversait la grande métropole, une jeune femme peignait, ou plutôt s'acharnait à mettre en place sa luxurieuse chevelure d'or, aussi blonde que le soleil ardent qu'elle avait vu disparaître cruellement pour laisser place à ce thermomètre sibérien.
Elle se sentait étrangement bien, surtout lorsqu'elle pensait à sa prochaine destination des prochaines heures. Pour elle, chaque membre de la guilde dont elle faisait partie était encore rattrapé par sa propre histoire passée, qu'elle soit douloureuse, banale ou euphorisante. Elle savait qu'elle en faisait désormais partie dans les pensées des gens, et ça la rassurait. Elle se voyait et se sentait exister. Cependant, elle savait pertinemment que tout cela allait cesser un jour, que le livre arriverait au bout des pages et qu'il se fermerait à jamais. Elle se savait égoïste, comme tous les hommes. Penser à profiter ainsi des derniers moments avant de sombrer dans le gouffre vers lequel on se dirigeait depuis un si jeune age... Elle avait pris sa décision de toute manière, et elle avait bien l'intention de l'exécuter.
Elle ne reculerait pas, même si elle savait qu'elle n'en reviendrait certainement pas. Lucy était déterminée.
Devant le miroir de son appartement, elle ajustait sa tenue de camouflage : maquillage chic et discret, talons hauts pour étirer sa ligne qu'elle avait par on ne sait quel miracle réussi à conserver malgré tous ses déboires, petite robe beige en laine accompagnée de ses mignons et éternels pompons bien accrochés au col, le tout finalisé par des collants noirs emmitouflés dans des bottines juste un peu plus grosses, soulignant leur contenu de laine. Elle referma finalement son armoire juste immense, bien qu'elle la trouvait des plus modestes. Elle aimait les vêtements, et ça, ça ne changerait vraiment jamais.
« Je trouve toujours la salle un peu trop paisible quand tu n'es pas là pour te plaindre ! Tu ne trouves pas, Lucy ? » La questionna chaleureusement la blanche.
Lucy en resta pantoise, ses cils pour une fois sans mascara se rabaissant et remontant au fur et à mesure que ses clignement indignés se faisaient plus nombreux et rapides. Sans s'en rendre compte, elle était déjà arrivée devant le bar d'un établissement qu'elle ne connaissait que trop bien, à l'image d'une cliente inconnue, debout en face du comptoir. Elle n'avait même pas mis un pied dehors qu'elle était déjà là, avec en prime une écharpe tressée qu'elle avait pris soin d'enfiler juste avant de fermer la porte de son chez-elle.
Remarquant sa maladresse, elle fit apparaître un sourire franc bien qu'un peu gêné sur ses lèvres glacées en sentant ses joues rougir d'avantage, et pas qu'à cause du froid cette fois-ci. Mirajane soupira face à une tête en l'air pareille et lui pria de redescendre vite fait bien fait en rigolant d'ironie.
« Donc, je disais, c'est drôlement calme aujourd'hui... »
La barman qui récurait son verre depuis une bonne dizaine de minutes déjà à l'aide de son chiffon habituel soupirait de sérénité, voyant la blonde acquiescer ses dires d'un geste plein de sarcasme. Elle n'y comprenait rien de toute manière, et la pièce était loin d'être plongée dans le silence. Les hurlements de sa seconde famille continuaient toujours autant de résonner dans ses oreilles assourdies et un peu habituées, ayant récupéré l'élément essentiel de leurs agitations habituelles. Natsu Dragnir. Après quelques salutations ignorées par certains, la salamandre se dirigea vers les tabourets au fond de la salle, là où il avait aperçu sa coéquipière accompagnée de Happy en rentrant, ce dernier étant parti pour une fois en avance avec l'idée en tête d'offrir un poisson à quelqu'un de bien précis. Naturellement, ça avait échoué.
« Natsu, Natsu ! Répéta le petit chat bleu devant l'arrivée de son père adoptif, on a un gros problème ! Lucy ne répond plus aux appels de la base ! »
La barman se permit un petit rire évasif. Il n'y avait pas une seule situation que ces deux là arrivaient à transformer en jeu, aussi puéril soit-il.
« J'envoie un signal de détresse en urgence ! Nous devons la récupérer avec le moins de lésions possibles ! » Rigola le rose, mêlant les paroles aux gestes.
Étrangement, la blague manquait cruellement de quelque chose. Leur troisième membre de ce trio légendaire, en fait. Les deux moitiés d'homme se tournèrent dans un parfait accord vers leur partenaire, silencieuse jusque lors. Elle semblait perdue, les yeux plongés dans les diverses bouteilles d'alcool proposées en vitrine de l'autre côté du bar, juste dans son champs de vision. La joue soutenue par sa main droite portée par son coude, la manipulatrice stellaire était totalement ailleurs.
Détournant son regard assombri vers le paysage si négligemment proposé par la fenêtre engouffrée de quelques centimètres dans le mur, le rose sentit son cœur se serrer dans sa poitrine et ses poumons comme rétrécir douloureusement contre ses côtes. De son point de vue, l'attitude de sa compagne de galère lui laissait penser qu'elle n'allait pas bien du tout, si bien qu'elle souhaitait le faire paraître. Et ça marchait.
Pourtant, d'après elle, elle ne faisait rien qui puisse dégager en elle une telle impression, elle se contentait simplement de fixer quelque chose dans un petit moment d'absence. Ça arrivait à tout le monde, après tout ! Mais c'était bien trop facile de prétendre ça, il la connaissait depuis trop d'années pour la croire. Il savait très bien que la lueur qui parcourait ses yeux tristement noisettes n'était que doute et désespoir. La situation commençait même à devenir étrange, et une jeune femme à la chevelure vermillon non loin de là se mettait à réfléchir sérieusement au comportement lunatique que sa camarade avait adopté depuis quelques jours déjà. Trop étrange à leur goût.
« Lucy, tu vas bien ? Je te trouve bien silencieuse depuis un moment... » Lui mentit le rose alors qu'à peine quelques minutes s'étaient écoulées depuis qu'il l'avait vue pour la première fois de la journée. De toute façon, aux vues de son air absent, qu'il dise ça ou pas...
Remarquant que l'on s'adressait à sa personne, l'interpellée tressauta légèrement en lâchant sa vue pleine d'interrogations pour la poser sur le manipulateur de flammes, surprise d'une telle question venant de lui.
« Oui, pourquoi ? Je réfléchissais juste à quelque chose sans importance. »
Si seulement ça pouvait l'être.
Le tout argumenté de son sourire d'une blancheur incomparable. Natsu, qui fut instantanément relaxé par cette réponse le lui rendit doucement après un court instant de réflexion. La voyant s'étirer comme un long et continuel haussement d'épaule, il la regarda encore un peu tourner son visage dans la direction du paysage où il avait posé le sien juste avant. Il savait parfaitement ce qu'elle pensait, là, à admirer profondément le paysage urbain mélangé à la verdure. C'était beau, mais c'était surtout un réel gâchis selon elle.
Lucy se sentait si étrange... morose, et un poil fatiguée, fallait-il avouer. Peut-être était-ce cet interminable semblant de bonheur qu'elle devait s'imposer un peu plus chaque jour pour combler les gens autour d'elle, et surtout pour les convaincre qu'elle le ressentait réellement. Ça lui arrivait, parfois, de s'absenter quelques minutes pour se répéter ces si peu et durs mots qu'elle avait fini par apprendre par cœur à force de les relire sans cesse. Depuis son enfance, elle savait que ça arriverait. Depuis le tout début... bien avant de les connaître.
Oui, elle se sentait étrange, mais surtout dans la situation actuelle, que ce soit dans l'aspect extérieur ou intérieurement parlant. Quelle belle menteuse elle faisait, cette Lucy ! Il n'y avait qu'elle pour pondre de telles sottises aussi facilement. Ça n'avait rien de quelque chose sans importance... rien du tout.
Si un jour, on serait venu lui dire de sang froid qu'elle ferait preuve de tant d'égoïsme envers les personnes qui comptent pour elle, elle se serait immédiatement mise à hurler au mensonge, et ce sans une seule once d'hésitation, Et pourtant, qu'était-elle en train de faire, à cet instant bien précis ? Elle lui mentait, lui cachait, à lui, cette vérité pour laquelle il aurait tout donné pour la connaître... Il avait déjà tant souffert, tellement douté, tellement enduré pour en connaître l'origine, que le silence qui venait de suivre était encore plus dur et amer que prévu sur cette cruelle révélation qu'elle ne lui dirait de toute évidence jamais. Voila pourquoi ses yeux marrons avaient de plus en plus de mal à se fondre dans ses douces onyx. Elle en avait peur, peur que son regard si perçant puisse lire dans le sien comme dans un livre ouvert qu'elle avait, elle ne saurait comment, réussi à maintenir fermé.
De toute façon, tout allait bientôt être terminé. La haine, voila le sentiment qu'il aurait dû, depuis leur toute première rencontre, ressentir à son encontre.
« Eh Luce, j'ai faim ! » S'exclama de vive voix l'apprenti dragon, plein d'entrain.
Il avait tout compris, ce saligot. Dès que son ventre lui réclamait son dû et débutait son orchestre infernal et habituel pour annoncer le réservoir vide, il tournait son visage enfantin vers elle, et ce par pur réflexe. Génial. A force d'être gentille, voila ce qui arrivait ! Il était vrai qu'au début, elle ne faisait que s'en plaindre et avait fini par lui faire comprendre qu'elle n'était pas un distributeur de nourriture à plein temps, mais il avait l'air surtout de bien s'en foutre, voire d'en rire. Alors contester ne servait plus à rien maintenant, elle finissait toujours par lui céder. Autant parler à un mur...
Un second soupir survint. La mage se leva avec lassitude et dirigea sa démarche vers la porte principale de l'établissement, sachant parfaitement que son coéquipier allait la suivre.
« Eh, tu nous fais quoi à manger ? Dis, dis ? Pas de la salade comme la dernière fois, hein ! » Commençait-il déjà à se plaindre en accentuant son côté Je-répète-six-fois-la-même-chose-s'il-vous-plait.
« Tu mangeras ce que je te donnerai, point ! Puis t'attendras d'arriver chez moi, oui ! » Hurla la blonde, remarquant sa façon inutile de se justifier.
« Tu vas faire du poisson Lucy ? » Demanda Happy, volant dans leur direction.
Elle prit tout de même la peine de réfléchir quelques instants, farfouillant dans sa mémoire si elle avait encore deux-trois poissons dans son frigo, histoire d'en faire le petit bonheur de l'exceed. A vrai dire, non. Plus de sardine dans le garde manger actuel. Il avait tout vidé.
« Non. »
« Inintéressante ! » S'exclama t-il en délaissant leur compagnie d'un signe de main pour prouver le peu d'intérêt à porter à ce genre de créatures ne possédant même pas l'objet de toutes ses convoitises.
Elle allait vraiment le baffer, un jour. Et il n'allait même pas avoir le temps de voir d'où ça partirait ! Elle lança un regard à demi-désespéré en direction de son ami qui marchait à côté d'elle, lui faisant comprendre que s'ils continuaient ainsi, elle allait bientôt avoir une tonne de cheveux blancs. Lui lançant un simple sourire tout mignon pour lui répondre de la même manière, il lui avoua qu'il aurait dû mieux prendre en main l'éducation de son enfant adoptif, surtout vis-à-vis du respect qu'il se devait d'avoir envers les grandes personnes. La petite larme de crocodile au coin de l'oeil de la blonde le faisait bien rire, tiens. Et bizarrement pour cette dernière, elle ressentit bien vite un petit moment de gêne, vite suivi par un réel mal-être qu'elle n'arriva pas à comprendre. Elle trouva tout de suite la vue du parquet sur lequel ses bottes avaient atterries drôlement intéressante tandis qu'elle bafouillait mots sur mots.
Elle se retrouvait désemparée, une fois encore. Comment avait-elle pu finir par s'attacher à lui de cette façon, et surtout en si peu de temps ? Les au-revoir qui n'allaient pas tarder à arriver en seraient d'autant plus douloureux pour elle. Pour elle surtout, parce-que d'une manière ou d'une autre, elle savait depuis le début que ses sentiments auraient finis par changer à son égard, à l'instant même où elle avait croisé ses yeux, si gris et si protecteurs. Mais pas ceux du garçon. Triste histoire, qui allait, pour ne pas aggraver la chose, connaître une fin des plus déplorable. Et rien, non rien ne pourrait jamais y changer. Bah, y'avait bien un bon côté dans tout ça après tout : elle n'aurait plus cette foutue obligation de payer ce satané loyer qui lui pourrissait, et elle devait bien le dire, chaque fin de mois, période pendant laquelle son compte bancaire demeurait aussi vide que les pages de son roman sur lequel elle n'écrivait plus qu'à peine. Elle n'en avait plus l'envie. Ecrire ces trois dernières lettres la terrifiait. Le mot FIN lui faisait terriblement peur.
« Eh ! Vous allez où comme ça, tous les deux ? Tu viens pas à peine d'arriver, Lucy ! » Retentit alors une voix pour stopper leur démarche déjà bien entamée.
Lucy porta ses noisettes derrière elle, ne prenant même pas la peine de tourner le reste de son corps qui était encore près à retourner dans son petit logis. Son regard tomba nez à nez en face d'une peau bronzée, bien qu'on pouvait aisément deviner que la couleur ne provenait pas du soleil puisqu'il avait disparu depuis de bons mois déjà. Un buste saillant faisait ressortir les pectoraux de son utilisateur et sa musculature parfaitement développée. Elle soupira longuement. Le troisième était arrivé. Elle se trouvait bel et bien en face de Grey Fullbuster, mage de glace faisant également partie de leur ultime équipe.
Parfois, Lucy se demandait comment elle faisait pour ne pas deviner, rien qu'à l'entente de la voix, qui elle avait en face d'elle. Mais les apparitions étaient tellement soudaines aussi, tellement.. Et puis, franchement, personne d'autre que lui ne pourrait se balader torse nu par un temps pareil ! Son corps était pire que surnaturel, voila une révélation qu'elle s'était promise de prouver au grand jour, quand elle en aurait le temps. En plus, sa peau était toute rouge avec ce froid glacial, mais son visage était tout à fait neutre. Ah, et puis il y avait Natsu aussi ! Et puis Lu xus ! et Elfman, mais lui, c'était même pas la peine d'en parler. Quelle guilde de malades... Tous des cas.
En plus de ça, le manipulateur de glace affichait un sourire satisfait, chose qu'elle n'eut aucun problème à comprendre.
« Bah alors, Lucy ! T'as encore rétréci ou c'est moi ? » Insinua le bleu en postant sa main à plat juste au dessus de la tête de cette dernière, la narguant explicitement.
Rha ! Comme elle pouvait détester quand il faisait ça, en rajoutant son petit air mesquin en plus ! C'était une blague qu'il répétait de plus en plus souvent ces derniers temps, et elle avait autant de fois l'envie de l'étriper qu'il le faisait. Elle lui lança un regard noir, lui intimant de bien vouloir retirer sa main vite fait bien fait s'il voulait sortir indemne de cette histoire. Se retournant les joues gonflées, il comprit qu'il l'avait encore vexée, rigola un bon coup et retira sa main du dessus de sa tignasse blonde. Ah... Comme s'il allait arrêter, elle avait trop d'espoir ! Elle n'était pas Levy, après tout, c'était pas comme si elle était minuscule. C'était lui qui grandissait trop d'un coup, point, et d'ailleurs, Natsu aussi n'arrêtait pas de grandir ! Et lui, au moins, il n'en faisait pas toute une histoire. Tournant une dernière fois son visage vers lui, elle lui tira la langue par message enfantin, insistant bien sur la longueur de son membre humide et sur la façon de cambrer le haut de son buste, comme pour accentuer l'effet de son geste. Son " Neuuuuuh " avait beau être des plus adorable, il n'était pas du tout approprié pour son age actuel.
« Franchement, vous ne cesserez jamais de me faire rire ! Rigola le glaçon en voyant son geste infantile. De vrais petits gamins, vous deux ! Vous faites vraiment la paire. »
Lucy fut surprise des propos qui, à la base, ne devaient s'adresser qu'à sa propre personne. Connaissant tout de même ses bases en français, elle comprit que le mage de glace s'était adressé à son coéquipier également. Non mais, quelle façon de tourner les choses ! Comme s'ils faisaient la paire !
Ne comprenant pourtant toujours pas, elle se tourna vers ce dernier pour le découvrir, lui aussi, en train de faire une grimace, encore plus idiote que la sienne, à l'encontre de son rival. Une copie conforme de son geste fait quelques instants plus tôt. Et à en juger par le brun qui s'en tenait les côtes en se roulant par terre, il avait dû l'exécuter en même temps.
Sentant le regard de son amie peser sur lui, le rose se redressa et lui lança un sourire toujours aussi idiot. Non, vraiment, trop adorable ! Le pire, c'est qu'elle ne pouvait s'empêcher de le regarder avec un visage des plus doux, sans une seule once d'ironie cachée à l'intérieur. Elle le détailla rapidement, s'attardant sur son contentement carnassier qui lui donnait un air enfantin sur son faciès déjà bien puéril, contrastant avec ses yeux d'un noir intense qui lui donnaient toujours autant le sérieux d'un adulte réfléchi. Parfois, elle avait l'impression qu'il pouvait la percer à jour rien qu'en la fixant dans le blanc des yeux.
Plus Lucy analysait mentalement son ami, et plus certains sentiments se mélangeaient dans sa tête, au point d'en faire sortir de la fumée par ses fines oreilles. Même ses joues rougissaient sans qu'elle ne puisse s'en rendre compte, et avant qu'elle ne puisse dire " ouf ", la blonde était déjà partie dans ses profondes pensées, qui ne tournaient, à son plus grand malheur, qu'autour du rose.
Oui. Un jour, peut-être, il le saurait. Peut-être qu'il saurait à quel point il pouvait la rendre faible.
La soirée semblait bien avancée. Le sommeil se faisait douloureusement sentir pour Lucy, et elle venait de se souvenir qu'elle n'avait rien avalé de toute cette journée, éprouvante puisqu'elle avait dû encore s'occuper de ce gamin de Natsu. Son estomac n'avait pas tardé à le lui faire comprendre par des bruits qui lui faisaient plus que honte, vue que ça sortait (quand même) de son propre digestif !
Affamée, elle se dirigea vers sa cuisine pour se préparer une légère collation, juste le temps que Natsu, qui dormait encore sur son canapé, ne daigne se réveiller. Elle était vraiment irrécupérable, à le laisser s'installer comme ça ! Autant qu'il déménage ici, ça reviendrait au même. Mais... Il était si mignon, quand il était là, près d'elle, à dormir avec son visage si enfantin... Il prenait toute la place, mais c'était souvent dans des moments aussi calmes qu'elle le trouvait aussi mignon. Réveillé, ce gosse était une vrai furie !
S'approchant du meuble à pas de loup, elle prit place au bord des coussins, tout près de son coéquipier toujours assoupi dans les bras de Morphée. Il commença à s'agiter, tergiversa un peu, et elle pu l'entendre marmonner à peine quelques mots qui lui furent incompréhensibles à cette distance. Elle s'approcha plus près, tendant l'oreille :
« Lucy... » murmura le rose avec douceur. Il dormait d'un sommeil vraiment apaisé, semblait-il.
La concernée, surprise du ton employé par son invité, rougit furieusement. C'était bien la première fois qu'elle l'entendait prononcer son nom de cette façon, si on ne prenait pas en compte sa pseudo-mort lors des Grands Jeux Magique. Mais elle s'aperçut que son début de phrase ne s'arrêtait pas là, et elle se trouvait être avide d'en connaître la suite et le dénouement. :
« ...Dépêche-toi de rentrer, j'ai trop faim... » murmura t-il en se renfrognant d'un mouvement de lèvres boudeur.
Il baillait par la suite et quelques grognements en ressortirent. Elle sourit. Que pouvait-elle bien faire d'autre, à votre avis ? Peut être qu'un jour, elle oserait plonger ses doigts, si fins, dans sa chevelure flamboyante. Et là, peut-être qu'elle aurait le droit de croire à son propre bonheur avant celui des autres. Ce n'était pas demain la veille, mais bon, disons que c'était déjà bien de se l'imaginer.
Un eau salée s'échappa de la rizière interdite de ses yeux sombres, tomba sous forme de petites gouttes et vint rencontrer sa peau pâle pour finalement tracer sa route sur les joues robustes du garçon. Il pleurait dans son sommeil. Peut-être que l'image qu'elle regardait maintenant, le visage endormi et la mine si adorable, peut-être qu'elle ne la reverrait jamais, même si elle refusait d'en prendre conscience pour de vrai. Pourquoi pleurait-il de cette manière, tandis que son sommeil devenait de plus en plus agité ? Ce n'était pas à lui de pleurer, il n'y avait aucune raison à cela ! C'était à elle, de s'apitoyer sur son sort, chose qu'elle avait appris à arrêter de faire à force. Pourtant, malgré qu'elle le pensait sincèrement, le visage de Natsu prenait de plus en plus une expression de douleur, et ses larmes coulaient plus violentes sur sa physionomie d'enfant. Et dire qu'elle était sûrement la seule à le voir dans cet état, lui qui ne s'ouvrait jamais aux autres de la sorte, qu'il soit au comble de la souffrance ou de la désolation. Il voulait toujours être fort, protecteur, alors qu'en vérité, tout le monde savait à quel point il pouvait être sensible. Si ça se trouvait, d'ailleurs, lorsqu'il se retrouvait seul chez lui, il pleurait de la sorte, sans que personne ne s'en doute ? Lucy savait que parmi les nombreux passés douloureux qui animaient Fairy Tail, Natsu en faisait un excellent exemple. Et c'était entièrement de sa faute.
« Dit-moi, Natsu... »
Sa voix restait neutre, comme si la moindre vocalise anormale pouvait briser ses mensonges qu'elle avait réussi à conserver durant toutes ses années. Ô Diable, pourquoi avait-elle dû le rencontrer, lui, le seul, l'unique, celui qu'elle devait à tout prix éviter ?...
« Tu pleures parce qu'il te manque, n'est-ce pas ? » Murmura t-elle, ses noisettes perdues dans un paysage inexistant.
Elle se permit tout de même de repositionner son ami correctement en voyant que les mouvements qu'il s'évertuait à faire dans son cauchemars l'avaient emmené dans une position peu agréable pour dormir. La chose faite, un sourire amer se dessina sur ses lèvres rosées.
Tout allait bientôt être terminé. Il n'avait plus à s'inquiéter, ni à souffrir ainsi. Bientôt...
« Gomene... »
A l'extérieur, l'eau de la gouttière tombait dans de fortes résonances, sourdes et violentes. Elles coulaient doucement, de petites frappes qui venaient chatouiller le moindre passant mais jamais ne le blessait. Le tuyau, s'incrustant à l'intérieur d'une modeste habitation, s'étendait jusqu'à nombre de canalisations et venait rejoindre le robinet d'une baignoire pour y déposer la pluie froide, ou chaude, selon les préférences de la jeune femme. Aujourd'hui, c'était extrêmement froide qu'elle s'abattait sur ses genoux sortis du bain. Gelée même. Elle avait l'impression que le matériau du meuble blanc l'emprisonnait à jamais, mais son but n'était pas de s'enfuir, loin de là. D'habitude, c'était une apaisante vapeur qui parcourait la pièce et s'incrustait sur le miroir du lavabo, mais désormais, c'était un air désagréablement frissonnant, laissant apparaître la silhouette des quelques objets de toutes les couleurs, simplement posés sur le rebord du lavabo. La blonde laissait sa peau mise à nue tremper dans le liquide frigorifiant qui continuait de couler au point d'en faire déborder le récipient, elle recroquevillée dans le petit espace qu'elle s'était accordé pour se morfondre. Elle préférerait encore mourir ainsi, dans cette stupide salle de bain, que de continuer à vivre dans ce mensonge qui n'en finissait plus. Maudite : voila ce qu'elle était. Elle ne vivait que dans un enfer, ardent, brûlant, et totalement noir de la moindre joie. Un enfer, oui... ça ne pouvait qu'être ça.
Laissant ses bras s'enrouler autour de ses jambes devenues bleues, elle les colla contre son opulente poitrine dont la peau se tendait par le froid. Elle essayait de se réchauffer, mais d'un côté, c'était tout autre. La moiteur de son corps devenait plus rigide, à mesure que la température de l'eau l'ébranlait. Sa chaleur corporelle s'échappait de son être, mais elle s'en fichait complètement. Quoi ? Pourquoi cette idiote ne mettait-elle pas de l'eau chaude, si elle avait si froid que ça ? C'était inutile de se poser la question, elle ne faisait pas ce genre de choses pour rien. Le jour fatidique allait bientôt poindre, et si elle n'essayait pas de s'habituer un temps soit peu à une basse température, elle ne pourrait pas survivre à la bulle dans laquelle elle devrait s'évertuer d'habiter.
Là où elle allait prier, souffrir, en s'acharnant à protéger l'être suprême.
" Oui, mon étoile. Je suis la seule responsable de la disparition des dragons. "
Un semblant de grincement de porte l'a sortie de sa torpeur, l'obligeant à lever son visage monotone vers la touffe rose qui était déjà en train de se faufiler dans la pièce. Lucy, par pur réflexe, dissimula sa poitrine envieuse dans le creux de ses bras et se mit à rougir en bafouillant quelque chose d'à peine audible. Il aurait pu frapper aussi, cet idiot ! Et continuer à dormir, déjà, elle ne se retrouverait pas dans une situation aussi embarrassante, situation dans laquelle il avait l'habitude de toujours la foutre. Avant qu'elle n'eût le temps de reprendre la parole, le mage de feu passa son visage interrogateur à travers l'entrebâillement de la porte, la poussant un peu plus en voulant savoir si, oui ou non, la blonde qu'il cherchait se trouvait bien ici.
Il en eut la confirmation en apercevant sa petite blonde, toute rougissante, recroquevillée sous l'eau avec une expression renfrognée. L'intimité et lui, ça ne faisait pas bon ménage, et de toute façon, il l'avait déjà vue nue des centaines et des centaines de fois ! Voila pourquoi il s'immisça dans la salle sans aucune gêne et se posta juste devant la baignoire, avant d'adopter un faciès des plus surpris, qu'il transforma bien vite en une expression exaspérée.
Elle savait qu'il pensait qu'elle était tout bonnement incorrigible, voire irrécupérable, surtout que pour lui, qui était un Dragon Slayer, il lui avait sûrement suffi de poser un seul pied derrière la limite du mur de la pièce pour deviner à quelle température pouvait s'élever l'eau dans laquelle elle avait plongé. Il détestait celle là, elle le voyait rien que par le rythme auquel ses sourcils se mettaient à tressauter nerveusement. Pour un mage de feu, ça ne devait pas être très agréable.
Lucy paraissait... frigorifiée. Sans réfléchir plus longtemps, il plongea ses mains rapidement dans le liquide sous le regard choqué de sa mage stellaire, qui se détendit bien vite lorsque la chaleur qu'il y administrait devenait plus brûlante, agréable. Mais le visage du jeune homme en était tout autre. Si neutre, il fixait l'eau dans laquelle ses deux avant-bras trempaient, les pupilles dénuées d'émotion tandis que sa magie continuait de s'écouler à l'intérieur de la matière transparente.
« Si tu ne tombes pas malade dans les jours qui suivent après avoir pris un bain pareil, je ne m'appelle plus Natsu Dragnir. » Prononça le garçon sans détourner son regard luisant du travail qu'il menait près des jambes de la première intéressée.
Elle pouvait sentir la magie de son coéquipier réchauffer l'intégralité de son corps ébranlé, mais la chose qu'il ignorait, c'est que ce simple geste réchauffait autre chose, et tout autant fort. Son cœur, il devenait ardent.
« Je n'avais plus d'eau chaude... » Mentit-elle en détournant son regard honteux.
Son mensonge était évident, et il suffisait juste au garçon à tourner la manivelle d'un autre côté pour enclencher l'eau brûlante. Elle espérait juste qu'il ne le fasse pas.
« Je vois... Demande-moi dans ce cas là. »
Elle en fut rassurée et ne se retint pas pour lâcher un soupir d'aise en voyant sa peau redevenir de couleur normale. Cependant, elle ne voyait pas pourquoi il n'affichait pas son sourire idiot comme toutes les autres fois, celui qui rendait le sien un peu plus franc. Il avait, certes, une mine dépitée, mais après un réveil récent, cela n'avait d'après elle rien d'étrange. Malgré tout, elle pouvait ressentir qu'il y avait autre chose. Voila justement qu'elle allait le questionner sur son comportement inhabituel, que son partenaire lui rappelait sa propre situation actuelle :
« Tu m'as observé, pendant que je dormais, Lucy ? » Murmura t-il avant de retirer son membre, sentant que la chaleur était devenue acceptable. Ses mots étaient dénués de sentiment. Ils n'avaient rien de vivant, même.
Bien sûr qu'elle avait parfaitement compris le terme que sa question cachait, mais elle ne voulait pas l'avouer. Lui dire " Oui, Natsu, je t'ai vu pleurer " le rendrait incertain, et c'était quelque chose qu'elle refusait de dire. Il allait lui en vouloir, sinon. Déjà qu'il aurait une bonne raison de le faire plus tard, nul besoin d'en rajouter une couche. Natsu était un homme bien trop fier pour qu'il accepte qu'on puisse voir ses faiblesses, et le regard qu'il lui adressait maintenant ne la trompait pas. Il ne voulait pas que l'on sache toute la souffrance qu'il ressentait, certainement due à la disparition de son père adoptif. Le pire, c'était qu'elle était la mieux placée pour comprendre une telle chose. Elle en était certaine désormais : ce n'était pas la première nuit pendant laquelle il avait pu se retrouver dans un tel état. Néanmoins, elle ressentait l'envie de lui dire que oui, elle avait vu ses larmes, et qu'elle en avait même tout à fait le droit, surtout avec ce qu'elle ressentait pour lui mais... là, tout de suite, ce n'était pas ce sentiment là qui prenait le dessus. Les remords, sûrement. Parce-que ce qu'il ignorait, c'était que Lucy connaissait mieux que quiconque son passé, et surtout qu'elle en était étroitement liée.
« Non. »
Une réponse sans une once d'hésitation. Natsu ne le savait pas, mais Lucy le connaissait mieux que personne, et ce bien avant leur rencontre dans cette fameuse ville portuaire. Sa route, à elle aussi, avait croisé le chemin de celui qui hantait ses nuits. Oui, Lucy avait pu le voir, et prendre conscience de toutes les pensées de Natsu. Elle voyait tout, savait tout. A travers ses faux sourires, ses rires exagérés, elle avait parfaitement compris la peur de la solitude qu'il ressentait, tout comme elle. Pourquoi il considérait ses amis comme une grande famille, pourquoi il cherchait continuellement cette puissance qui lui donnerait la force de protéger les personnes qui lui étaient chères...
Elle savait tout, du pourquoi au comment, et à son plus grand malheur.
¤¤¤¤
« Natsu, juste une question... » Murmura la blonde en laissant une épaisse mèche de cheveux former un masque pour cacher le haut de son visage.
Elle savait que Natsu était bien le seul qui arrivait toujours à lire entre les lignes de n'importe quelle personne. Bon nombre l'insultaient de cancre, d'abruti, un gamin qui n'attire qu'ennuis et problèmes, mais tout le monde savait qu'il n'était qu'un ami des plus précieux. La majorité des personnes qui avaient la chance de le connaître l'admiraient et lui portaient reconnaissance, et elle la première. Il l'avait sauvée de bien des dangers, elle ne pouvait le nier, mais ce n'était tout de même pas une raison pour faire comme chez lui...
« QU'EST-CE QUE TU FAIS DANS MON BAIN ?! » Hurla t-elle, les joues fumantes du fait qu'elle n'avait pas pensé à avoir la perspicacité de réagir plus tôt.
Il lui lança pour simple réponse un regard blasé, s'adossant à l'opposé de la maîtresse des lieux pour quand même éviter la trempe du siècle, son bras lâchement accoudé contre la paroi qui délimitait la surface de remplissage de la baignoire. Il écoutait avec soulagement l'eau chaude s'évaporer dans l'intégralité de la pièce, contrairement à lorsqu'il était entré. Il ne ressentait qu'une envie : y rester jusqu'à attendre la fin de l'hiver, saison qu'il jugeait de bien trop froide pour lui. Même si il était un mage de feu, il ressentait le froid, et ça pouvait s'avérer être quelque chose de très désagréable pour son organisme affaibli.
Désormais, Natsu était rentré dans le liquide réchauffant en compagnie de son amie, bien qu'elle l'avait d'abord protesté bruyamment. Elle cachait naturellement ses parties intimes comme elle le pouvait en pliant un peu plus les jambes, prétextant que c'était une baignoire une place et qu'il n'y en avait pas du tout assez pour deux. En fait, un couple pouvait aisément se tenir à l'intérieur en étant totalement décontracté, c'était quelque chose que le rose n'avait pas omis de remarquer et aussi de lui faire part. Depuis, elle s'était tue, honteuse et énervée. Un lourd silence, gênant pour l'une et apaisant pour l'autre, avait fini par s'installer, mettant Lucy, toujours nue comme un verre, au comble de l'embarra. Elle était assez pudique de nature, même si ses coéquipiers l'avaient habituée à ne plus l'être à force de débarquer n'importe quand. Comment il faisait, lui, pour être aussi à l'aise ? Ses cheveux roses et mouillés retombaient sur son front et sur le côté de son visage. Elle devait avouer qu'une telle image le rendait assez... sexy. Très, même.
« De toute façon, si j'aurais pas été là, tu serais encore en train de te les geler dedans. Alors j'estime que ce bain m'appartient autant qu'à toi ! » Ajoutait le rose en incluant un argument en béton.
« J'aurai très bien pu me débrouiller toute seule ! Bouda t-elle en se recroquevillant davantage. Un pervers, pire que Grey... marmonna t-elle dans une barbe invisible. »
« Eh ! Ne disons pas des chose qu'on pourrait regretter ! Hurla le mage de feu en refusant d'être comparé à son rival de toujours. Je suis pas à poils, j'ai un caleçon alors ça n'a rien à voir avec c'te gars ! »
« Atchaa ! »
C'était plus fort que lui. Qu'est-ce que Grey pouvait détester quand ça lui tombait dessus comme ça, sans prévenir ! Posant le dos de son doigt au bout de son nez, il aspira davantage pour retenir le flux de liquide maladif.
« Bah alors, t'as attrapé froid Grey ? » Questionna la brune alcoolique, ayant déjà un mal fou à aligner mot sur mot avec ses joues toutes rougies et ses paupières lourdes sous l'effet que lui procurait sa boisson favorite.
« Heu non, enfin je ne pense pas. On dois parler de moi, encore ! »
Depuis la plus tendre enfance de Lucy, il avait toujours été le gamin dynamique et joyeux de la troupe. Du moins, d'après les dires de sa mère. Elle avait pris l'habitude de lui parler des mésaventures du fils d'Ignir lorsque sa fille était prête à céder aux bras de Morphée, elle savait qu'elle aimait se l'imaginer. Connaître tout d'une certaine personne sans jamais l'avoir rencontrée, ça la rendait espiègle, et il fallait avouer que c'était assez excitant. Mais dès lors que ce jour précis était arrivé, sa vie avait pris un tout autre sens. Quand ses yeux marrons et innocents avaient croisé le céruléen de ses iris, elle avait su qu'elle avait fauté, et que jamais, au grand jamais, elle n'aurait dû continuer à le fréquenter de la sorte. A l'instant même où elle eût entendu son nom, elle aurait dû partir en courant et ne plus jamais se retourner. Mais elle avait été égoïste, encore une fois. Depuis le début, elle savait pourquoi elle avait posé un pied sur cette Terre, la raison de sa venue, de sa naissance. Dès l'âge de ses quatre ans, en fait. Elle avait appris l'existence d'un destin tout tracé et son rôle déjà écrit. C'était un peu cruel de dire ce genre de choses à une aussi fragile et petite fille, mais même si elle ne pouvait pas le comprendre en ce temps là, c'était mieux ainsi. De toute façon, maintenant, tout était très clair.
Lucy se rappelait encore de l'image du sourire de sa mère lorsqu'elle était partie pour un monde meilleur. Contrairement aux autres fois, il n'y avait aucun malice, aucun bonheur apparent, ni aucune joie. Juste une profonde solitude, et de l'inquiétude aussi. Une inquiétude indéchiffrable, mais douloureuse pour la frêle jeune fille qu'était la blonde. Cette dernière savait qu'elle avait essayé de paraître forte à ses yeux, et ça devait être tellement difficile... alors que sa mort allait l'emporter loin de tous ceux qu'elle aimait, tandis que la souffrance l'asseyait, elle, elle faisait comme si plus rien n'importait... Et en ce fameux jour, Lucy lui avait promis que plus jamais, ce regard, si vide et sans éclat, n'existerait sur le visage d'un être qui lui serait cher. Elle allait les rendre heureux.
Au fil des années qui avaient suivies, cette d'antan promesse était devenue pour elle un réel devoir à accomplir. A chaque instant de plus qu'elle passait aux côtés de Natsu, elle s'évertuait à adoucir sa peine, parce-qu'elle se sentait irrémédiablement responsable à chacune des larmes qu'il pouvait verser. Elle, qui avait toujours été une fillette timide et sans arrêt rabaissée par son propre paternel, qui lui, ne connaissait rien de toute cette histoire. Jeune, l'Heartfilia n'avait jamais réussi à parler sincèrement au rose sans flancher devant son sourire qu'il affichait toujours autant idiot. Alors, pendant longtemps, petite, elle était restée là, debout sur ses faibles jambes, cachée derrière un arbre à l'admirer s'amuser avec Grey et Erza, personnes qu'elle pouvait désormais nommer puisqu'elle en connaissait l'identité. Elle avait toujours désiré les aborder, au début simplement pour confirmer si, oui ou non, les contes de sa mère étaient vrais, puis, plus tard, elle avait fini par désirer leur amour, leur soutien... Mais au final, elle n'avait jamais osé, se contentant de les épier de loin, à l'abri de leurs regards. Voila pourquoi elle avait toujours rêvé de rejoindre la guilde qui les protégeait, et que protégeait le rose. Sûrement que la chose faite, le contact serait plus facile, c'est ce qu'elle s'était mise à penser. Mais pour lui venir en aide, elle devait d'abord devenir mentalement plus forte, histoire d'avoir la force pour lui cacher toute la vérité.
Elle devait devenir forte afin de pouvoir supporter son malheur à lui, en le faisant passer avant les siens et peut-être un jour, l'effacer de son esprit.
Ce furent ses pensées qui, à l'accoutumé la rendait bien triste, firent apparaître un sourire angélique sur son faciès rougissant. Même si elle était à moitié nue devant lui, elle s'en fichait désormais. Et même si elle n'était en aucun cas censée se trouver à ses côtés à ce jour, ou même connaître aussi bien sa vie, se savoir aussi égoïste la rendait tout simplement heureuse. C'était un réel bonheur qu'elle avait trouvé à ses côtés, même s'il était éphémère. Et ce fut également ce sourire qui acheva au sens propre du terme Natsu.
C'était vrai quoi ! Qu'est-ce qu'elle avait, d'un coup, à être si contente comme ça ?
« Dit, Natsu... Tu feras quoi, le jour où tu retrouveras Ignir ? »
Et merde. Ça, ce n'était en aucun cas prévu. Il n'y avait pas à dire, elle adorait quand elle disait tout haut ce qu'elle était simplement censée penser tout bas. Tout garder pour elle, c'était vraiment trop dur.
« Heu... »
Son regard était passé de l'incompréhension totale jusqu'à une certaine gêne. Non pas que cette question le rendait mal-à l'aise, non, bien au contraire, mais plutôt qu'il n'en connaissait pas la réponse.
Il devait avouer qu'il aimait énormément quand on l'incitait à parler de son patriarche. Combien de fois, durant son enfance solitaire, avait-il rêvé qu'on lui pose des questions, qu'on l'interroge, qu'on s'y intéresse ? Il aurait tant souhaité hurler son existence à ceux qui voulaient le croire... Mais petit comme il était, faire valoir sa parole n'était pas chose facile. Il avait grandi, maintenant, et les années n'avaient fait que s'écouler sans une once d'indice supplémentaire. Il avait plus mal qu'il ne le voulait, mais il n'y pouvait rien. Personne n'y pouvait rien, du moins, c'est ce qu'il croyait.
Pour ne pas mettre sa partenaire en mauvaise position, déjà qu'elle rougissait de ce bain commun et se dandinait dans tous les sens pour tenter tant bien que mal de se cacher, il fit mine de réfléchir, chose qu'il faisait pour un fois avec un réel effort. Le doigt posé en dessous de son menton relevé par sa profonde réflexion, il finit par sortir une réponse qui lui vint il ne sut comment :
« Eh bien.. Je pense que je te le présenterais, tien ! Lui sourit-il, tel une grande personne qui promettait une sucrerie à un jeune enfant. Et tu pourras voir à quel point il est grand, et super puissant ! »
Lucy l'aimait. Croyez le ou non, elle était heureuse à ses côtés, et c'était quelque chose qu'elle ne pourrait jamais changer. Destin funeste ou pas.
« J'en serais heureuse, Natsu ! »
Et pour simple réponse, elle se leva partiellement, déposant un chaste baiser sur le haut du sourcil du rose en rougissant. Natsu en fut surpris, sa bouche entrouverte et les yeux exorbitants à leur apogée. Il ne savait plus quoi répondre. Juste renouveler le même sourire qu'il avait affiché à son entrée dans cette salle. Un sourire blasé et exaspéré, là où s'y incrustait un petit bonheur. Il ne les comprendrait décidément jamais, elle et ses pulsions qui arrivaient à tout moment
¤¤¤¤
Il n'avait jamais été un héros, et encore moins une légende. Et pourtant, il en avait les capacités, et de loin. A partir de ses premières années qu'il avait passées en temps qu'écolier avec Lisanna sous la demande -ou menace- d'une de ses amies à la chevelure vermillonne, il avait toujours été ce garçon impulsif, à la fois ouvert aux autres mais refermé quand il était question de lui, et qui préférait éviter la foule quand sa déprime passagère venait à le rattraper lorsqu'il se mettait à penser à son père. Malgré toute cette douleur, avec l'aide du temps qui avait passé, il était devenu plus fort, plus courageux, même si il était resté l'idiot de service. Ses sentiments sombres s'étaient éclaircis, sa peine s'était transformée, était devenue moins pesante, et sa solitude moins oppressante. Cette attitude l'avait poursuivie jusqu'à son adolescence, elle avait défini la majeur partie de sa vie, mais il était devenu un homme désormais, un vrai. En vérité, si il y avait bien une chose qui rendait son existence encore monotone, c'était le souvenir d'avoir été un enfant qui n'eût jamais rêvé de devenir ce qu'il était aujourd'hui. Jamais il n'avait souhaité devenir un puissant mage pour sauver des vies, et encore moins un modèle de perfection incarnée comme tous les autres enfants de son âge le voulaient. Sa puissance, il se contentait de la puiser dans son envie qu'était de ne plus jamais ressentir une telle douleur que celle qui s'était accrochée à lui durant tout ce temps. Ce sentiment qui le rendait vulnérable, faible et peureux, et qui l'obligeait à se créer une coquille contre le monde qui l'entourait un peu plus à chaque souvenir qui remontait à la surface, poignant. Une réelle obsession qui le suivait jusqu'à ce qu'il obtienne satisfaction, et encore aujourd'hui. L'abandon. Natsu l'avait bu jusqu'à en recracher ses entrailles. Il l'avait dévoré jusqu'à en vomir, bout par bout. Il avait toujours voulu croire que le dragon l'avait abandonné par pure nécessité, et il espérait le croire encore. Il se mentait, mais il ne préférait pas se le dire. C'était pour cela qu'il essayait toujours de reporter l'attention de son entourage sur lui, dans l'espoir qu'un jour, les problèmes qu'il avait engendrés puissent arriver aux oreilles d'Ignir pour que ce dernier débarque, histoire de lui remonter les bretelles comme il savait si bien le faire.
Il avait cette peur injustifiée. La peur incontrôlable qui l'avait saisi et tétanisé, une peur qui refusait catégoriquement de le lâcher. Cette peur de perdre une nouvelle personne qui lui était chère.
Sa rencontre avec Lucy avait été tout sauf préméditée. Il l'avait amenée à la guilde parce-qu'elle le voulait, c'est tout, mais aussi parce-qu'il aimait entendre les personnes chanter louanges à la guilde qui l'avait accueilli. Puis le temps défila, les jours passés ensembles devinrent des semaines, et les semaines se transformèrent en mois, naturellement. Un an passa, puis deux, et les jours continuaient de défiler tandis qu'il la regardait évoluer. Leur lien avait eu le temps de changer en meilleur, une simple connaissance se transforma en amitié, et ils se retrouvèrent en coéquipiers, avec un fil incassable reliant un cœur à l'autre. Contre toute attente, il s'était finalement ouvert et confié à elle. C'était la raison pour laquelle, un jour, alors qu'il avait appris le véritable passé de la blonde, il était sorti de ses gonds. Il ne pouvait tout simplement pas comprendre, ou plutôt accepter, qu'un père, qui lui était légitime et humain et qui possédait toutes les cartes en main pour la rendre heureuse, puisse ainsi détruire sa progéniture sans même s'en rendre compte. Il avait rendu malheureuse Lucy, et c'était quelque chose qu'il n'acceptait de personne, même de lui-même. Malgré tout, il savait que sa blonde lui cachait autre chose, quelque chose de bien plus dur, et étrangement, il s'en sentait concerné.
« Je n'ai même pas envie de te demander pourquoi t'es là. » s'exclama la blonde en s'affalant sur son lit, épuisée du continuel squattage de son coéquipier.
Depuis ce bain commun, Lucy avait décidé de laisser un maximum d'espace entre elle et Natsu. Bien qu'ils étaient tous deux des personnes civilisées dans un endroit civilisé, elle se savait humaine, mais surtout amoureuse, et si lui l'aurait aussi été, ça aurait très bien pu se terminer autrement. Déjà que le jour fatidique arrivait à grands pas... Puis ces incantations qu'elle avait à apprendre, elles n'étaient pas du tout simple à mémoriser, alors... pas besoin de s'enquiquiner avec autre chose ! Néanmoins, et comme elle s'y attendait toujours, comme elle n'était pas venue à la guilde, c'était lui qui était venu à elle. Par la fenêtre, évidemment.
« Bah t'es pas venue à la guilde, quelle question ! Toi, t'as un loyer à payer, et pourtant tu trouves le temps de te la couler douce dans ton lit ? Rétorqua le rose, surpris que, pour une fois, ce soit lui qui y ait pensé. »
Pourquoi n'était-elle pas venue, à ton avis ?
Sombre crétin.
Son cœur lui faisait horriblement mal. Elle n'avait plus qu'une seule envie : laisser parler rien qu'une dernière fois son égoïsme et lui avouer tout ce qu'elle ressentait à son égard avant l'ultime départ. Mais même ça... Même ça, ça lui était refusé.
« Qu'est-ce qu'il y'a ? On dirait que tu vas pleurer ! Rajouta tout de même Natsu en voyant le menton de son amie trembler, sûrement parce-qu'elle se retenait de verser des larmes. »
« Hein ? C'est n'importe quoi, je vois pas pourquoi tu dis ça !... »
Elle souriait. Elle souriait, et pourtant, ses larmes coulaient abondamment sur son unique joue libre, l'autre étant machinalement dissimulée contre son matelas sur lequel elles s'écrasaient violemment. Elle s'était tournée vers lui, comme pour appuyer ses dires, ce qui n'était du coup plus crédible du tout.
Puis son faux sourire finit par s'effacer entièrement pour laisser, seules, les larmes prendre d'assaut son visage de poupée détruit. Même si elle passait et repassait ses mains sur son faciès pour empêcher l'eau de s'échapper encore, c'était peine perdue. Natsu se retrouvait plus que surpris. Il était rare qu'il la voie pleurer quand ils n'étaient pas en mission. Le rose prit l'initiative de recueillir son visage dans le creux de ses paumes pour l'obliger à relever la tête.
« Qu'est-ce qu'il y'a, Lucy ?!... S'inquiéta t-il en sentant sa poitrine se serrer tout autant que la sienne lorsqu'il la voyait dans un tel état. »
« R...- Rien, rien du tout... Murmura t-elle en déviant son regard ailleurs que dans le sien. »
Elle se l'était promis, pourtant ! Elle s'était promis de ne pas pleurer encore, et de ne pas espérer plus que ce qu'elle ne pouvait avoir, néanmoins... elle se surprenait encore à croire qu'elle pouvait avoir autant d'importance que Ignir aux yeux de Natsu. Un stupide espoir sur lequel elle essayait de s'accrocher, de trouver une raison pour retarder son départ...
Elle avait décidé d'essayer, d'essayer là où sa mère avait toujours échoué. Elle restait persuadée que Natsu était différent, comparé à tout les autres, comparé à ceux qui avaient fait souffrir Layla en rejetant toute leur haine, la faute sur sa seule personne. Oui... Natsu allait comprendre. Il comprendrait qu'elle allait faire tout ça par simple obligation. Pourquoi lui en voudrait-il ? C'était Natsu, il n'y avait aucune raison à cela, et elle en était certaine.
Naïve.
« J'ai dit quelque chose de mal ? Je suis désolé si c'est ça ! Pardon, pardon, hein ?... Oi, Lucy, j'aime vraiment pas quand tu pleures... Bouda le rose en revêtant son visage idiot pour tenter de la faire rire, en vain, se postant à califourchon sur cette dernière. »
« Non, tu n'y es pour rien... C'est juste plus fort que moi... »
La blonde ne pouvait définitivement plus le regarder dans le blanc des yeux. Pourquoi tout devait être si compliqué ? Elle n'avait rien fait pour mériter ça, mis à part être plus heureuse qu'une autre, sûrement. Pourquoi avait-elle dû tomber amoureuse de cette personne, au lieu d'une autre ?...
Le jeune homme s'écarta un peu sans la lâcher pour autant afin d'analyser son visage plus en détail. Elle semblait... si fragile, elle qui d'ordinaire détestait se montrer en position de détresse. Mais il n'eût pas le temps de la regarder davantage puisque la main de sa camarade le prit de court pour caresser tendrement sa joue chaude, voire brûlante, et venir se perdre dans ses cheveux flamboyants en rapprochant son doux visage enfantin du sien. Son cœur s'emballait, ses joues prirent une couleur rougeâtre, ses yeux d'homme se posaient irrémédiablement sur les lèvres de la femme qui lui faisait face. C'était comme si sa respiration devenait haletante rien qu'à l'idée de les frôler, de la toucher. Et sa main, qui poussait tendrement son visage vers le sien... et sa bouche, entrouverte à l'appel de la sienne... Cette chaleur qui s'éprenait de son bas ventre pour venir s'étendre à en faire frissonner son épiderme... Il ne pouvait pas résister. Il avait presque envie de lui laisser le dessus, mais l'attraction qu'elle menait sur lui le paralysait.
L'amour ?
Peut-être, mais Lucy ne paraissait pas elle-même. Malgré qu'il le savait, malgré qu'il ne voulait pas abuser de ce contact alors qu'elle ne se trouvait pas dans un état meilleur... on lui hurlait de supprimer l'espace qui empêchait leurs souffles de respirer ensembles, dans un commun accord. Il la désirait, toute entière aussi, quand il pensait à elle parfois, et depuis bien plus longtemps qu'elle, mais le garçon n'avait jamais eu le courage de lui avouer. Rien ne les pressait, après tout... n'est-ce pas ?
Alors qu'il n'avait qu'une envie : l'embrasser à pleine bouche et la serrer fort dans ses bras, il en fit tout autre, il se contenta d'aborder un regard interdit dans le but de lui rendre raison. Il en fut déçu puisqu'au lieu de prendre son visage d'assaut, elle se retrouva surprise par son comportement et écarta légèrement sa tête pour ouvrir la bouche, histoire de s'expliquer auprès du jeune homme. Elle resserra l'étreinte que sa main produisait sur la main du garçon après l'avoir descendue en détournant son regard, gênée.
Lorsque Lucy eût totalement retrouvé ses pauvres esprits, elle paniqua et se redressa subitement. Elle venait de se rendre compte qu'elle avait été sur le point de... d'embrasser, Natsu ? Cette fois, elle était vraiment allée trop loin, et c'était aussi ce qu'il devait penser, mais pas pour les mêmes raisons. Malheureusement pour elle, elle n'eût que le temps de se lever en vitesse, mais pas de courir en direction de la porte pour éviter un face à face avec le rose puisqu'il avait vite fait de la rattraper par le poignet sans pour autant bouger d'un millimètre. Tout un tas d'émotions se mélangeaient en elle tandis qu'elle regardait son visage abaissé, mais elle n'arrivait pas vraiment à les définir. Sans parler du fait qu'elle ne savait en rien ce que pensait son ami à cet instant précis, pendant qu'il resserrait ses doigts autour de sa main, sûrement frustré. Elle se sentait coupable. Oui, coupable d'avoir fichu en l'air tant d'années de dur labeur avec ce simple geste. Comment avait-elle pu, ne serait-ce qu'une seule seconde, croire qu'il pouvait ressentir la même chose ? Tout ce qu'elle désirait maintenant, c'était s'enfuir et se cacher dans un trou de souris, mais Natsu n'était pas du tout du même avis.
« Alors c'est vrai ? »
Elle releva la tête, surprise, sans se retourner dans sa direction. Elle avait surtout peur de voir quel regard il avait adopté à ce moment là. En colère, douteux, ou heureux ? Elle hésita une seconde, puis demanda finalement d'une voix tremblante alors que ses pleurs devenaient plus brusques :
« De quoi tu parles ? »
Comme si elle pouvait faire semblant, alors qu'elle avait été prête à goûter à ses lèvres.
« Tu... m'aimes ? »
C'était dit, avec une facilité certaine. Elle ne pouvait le regarder, mais sa voix semblait presque dure. Il était tout à fait sérieux, comme s'il pouvait réellement ressentir ce genre de sentiments adultes, alors qu'il ne daignait même pas se lever du lit et continuait de la retenir dans ses mains puissantes.
« Je... »
Elle ne pouvait pas. Ce n'était pas dans son droit.
La blonde se sentit envahie d'une colère sans nom. Comment pouvait-il lui demander une chose pareille, avec un tel naturel pendant que sa poitrine était si douloureuse, et elle si brisée de l'intérieur ? C'était injuste, qu'elle ne puisse pas répondre de la même manière... La rage prenait part de tout son corps, mais elle essayait de ne pas le montrer.
Lucy avait décidé de tout abandonner pour le protéger, et protéger la personne qui était chère à ses yeux... Elle allait mourir de ses propres griffes, et lui, tout ce qu'il trouvait à dire, c'était cette stupide question ? Combien de nuits blanches avait-elle passées, les dents dans l'oreiller, à retrouver la douleur et la crainte de bientôt y être ? Combien de fois s'était-elle claquée mentalement, en se jurant que jamais elle ne rejouerait à l'égoïste et profiterait de l'amour qu'elle portait au rose ? Ce n'était pas assez, apparemment.
A cet instant, plus rien de ce qu'ils avaient partagé n'existait. Ils étaient juste, un homme, rempli de désir, et une femme, remplie de remord, en plein débat intérieur. Cette dernière essuya rageusement ses larmes non sans rester silencieuse. Elle n'allait certainement pas lui répondre, enfin, elle n'avait aucun compte à lui rendre non plus !
Pas encore.
La pièce était plongée dans le noir, elle avait tiré le rideau lorsque le soleil s'était couché. Elle tenta de se calmer dans une grande inspiration, mais ça ne marcha pas, bien au contraire, sa respiration augmentait d'un volume sonore. Ce n'était rien. Du moins, c'est ce qu'elle tentait de se convaincre. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'elle se trompait en pensant faire le bon choix, et certainement pas la dernière... Ô combien elle rêvait de lui dire qu'elle pouvait décrocher la lune pour lui et plaquer son fichu devoir pour partager avec lui toute la joie de ses sentiments...
Après tout, il avait toujours été là, comment aurait-elle pu faire pour ne pas tomber amoureuse de lui ? Et puis, qu'était-ce l'égoïsme, au juste ? Le priver de l'amour et s'enfuir, ou bien l'aimer encore un peu plus, et là, s'enfuir ? Elle ne savait plus quoi penser, maintenant qu'il la regardait ainsi, de tout son charisme, de toute sa beauté. Dès qu'elle aurait disparue, dès qu'il aurait appris à quoi elle servait ici, tout serait terminé, si tenté que ça ne l'était pas déjà.
Elle donnerait tout pour retourner en arrière, refuser ou bien éviter de croiser le chemin du rose. A cet instant, la jeune femme n'aspirait qu'à l'abandon, ses yeux plongés dans la solitude qu'elle allait bientôt connaître, tout comme lui.
« Pourquoi tu ne réponds pas, Lucy ? Insista t-il, pour une fois plus que sérieux. »
« Je suis désolée, Natsu... Je ne peux pas te répondre... Murmura t-elle après s'être rapidement libérée de sa main. »
Tu n'en as pas le droit.
Oui, voila. Ce n'était plus dans son droit, elle avait été assez égoïste comme ça. Même si elle n'avait qu'envie de pleurer à cet instant précis, c'était déjà bien assez. C'était bon. Elle pouvait partir, elle avait reçu bien plus que ce qui était en son droit. Elle ne pouvait pas accepter ses sentiments, en profiter et jouir de sa présence alors qu'elle serait partie à peine aurait-elle goûté à lui, et aurait-il goûté à elle. Elle inspira plus fort que jamais, retint ses larmes du mieux qu'elle le put. A quoi ça servirait, de pleurer encore une fois ? Rien du tout, et s'il la voyait, il allait la forcer à tout lui dire. Et il allait détester encore plus le boulet qu'elle avait toujours été aux yeux des autres.
« Comment ça ? Depuis un moment, tu es distante, réticente, et tu refuses même le moindre petit rapprochement avec les autres ! Tu sais... on dirait que tu me caches quelque chose, et... »
Natsu avait l'air complètement paumé. D'ailleurs, Lucy l'était aussi, de toute façon, elle mélangeait beaucoup de choses depuis que le chemin entre elle et son futur diminuait. L'intonation qu'il avait empruntée l'étonnait presque, c'était peut-être même la première fois qu'elle l'entendait..
Elle eut soudainement peur de comprendre. Son coeur se mit à tambouriner douloureusement dans sa poitrine hâtive. La blonde était partagée entre la joie et la déchéance. Et si, lui aussi, le garçon qu'elle n'aurait jamais dû rencontrer et aimer, l'aimait aussi ? Ca avait l'air tellement possible, lorsqu'il la regardait ainsi, le regard perdu, affectueux... C'était pire que ce qu'elle aurait pu penser.
« Tu n'as jamais rien fait pour me montrer que tu as de l'intérêt pour moi, alors pourquoi ? Je suis pas assez bien pour toi, c'est ça ? Lâcha-t-il, désenchanté pendant que ses joues prenaient une couleur criarde. »
« Bien sûr que non ! Hurla t-elle derrière un tel quiproquos. »
Elle voulait tout lui dire, là, maintenant, mais c'était impossible. Si seulement il savait qu'elle s'éloignait de lui pour le protéger de sa propre personne... Si seulement il pouvait entendre qu'elle ne voulait simplement pas qu'il souffre quand ils devraient se séparer... Si seulement il pouvait comprendre tellement de choses... Qu'elle avait longtemps cru qu'il ne puisse ressentir la même chose à son égard, et que, par conséquent, elle s'était recroquevillée sur ses sentiments amoureux. Que si elle ne disait rien sur elle, c'était parce-qu'elle avait peur de sortir un lapsus révélateur. Que pendant tout ce temps, elle avait peur que leur amitié ne se brise en mille morceaux...
Malgré tout ce qu'elle avait envie de lui dire, les mots refusaient de sortir de sa gorge. Alors, pour éviter de bafouiller certaines choses, elle le regarda profondément, sans trop le savoir d'ailleurs, et se retourna d'un geste brusque entièrement vers lui. Sa chevelure vola derrière elle, un sourire à la fois désemparé et triste s'afficha sur ses lèvres rosées, puis elle entoura le jeune homme entre ses faibles bras, laissant les siens, ballants, contre son corps. Elle pleurait, lui ne comprenait pas. Son menton tendrement posé sur sa puissante épaule, elle sanglota un peu en sentant deux mains fermes se poser contre ses omoplates.
Natsu était surpris. Jamais personne ne l'avait pris ainsi, avec amour. Ses yeux demeurèrent ouverts de stupeur jusqu'à ce qu'il se décide à comprendre que Lucy était là, contre lui, son souffle irrégulier cognant contre sa peau. Il les ferma, sentant une certaine confiance submerger ses bras qui se refermèrent sur son échine. L'étreinte était douce, sécurisante, et rassurante à la fois. Il se sentait bien, là, à resserrer contre lui sa taille fébrile contre ses muscles brûlants. Il avait si longtemps attendu, si longtemps souffert, mais Lucy, elle, n'avait jamais daigné lui faire de mal. Mais pouvait-il encore aimer ? C'était tellement douloureux, au final, de partager des sentiments avec quelqu'un... Il avait toujours cette peur qui refusait de partir. Celle de la voir s'enfuir avec tout l'amour qu'il lui portait, comme Ignir l'avait fait, bien avant elle.
De tout ce qu'il ressentait à cet instant, il ne pouvait l'exprimer par des mots. Comme il pouvait détester sentir les larmes de la blonde atterrir sur sa nuque ardente... Oh oui, mais ce qu'il pouvait l'aimer...
« Pourquoi avoir attendu si longtemps ?... Daigna t-il murmurer finalement. »
Lucy voulait y croire. Croire que Natsu, l'homme qui la protégeait depuis toujours, serait différent. Croire que Natsu accepterait ses pêchés et la pardonnerait. Il avait toujours pris en compte sa douleur avant la sienne alors... pourquoi cela devait-il changer ?
« Parce-que j'ai décidé d'être égoïste, Natsu. Pour la première fois de ma vie... j'ai pensé à moi... »
Sa voix refusait de lâcher une seule note grave. Ses paroles, à qui voulait les entendre, mourraient dans sa gorge. Elle se cambra en sentant des doigts se lier aux siens, timides. Elle ne pouvait le nier, elle adorait ce contact. Fermant les yeux à son tour, elle se laissa submerger par des émotions nouvelles, mais surtout assouvies. La chaleur de Natsu se mélangeant ainsi à la sienne.... Ce souffle, si viril, guettant sa peau neigeuse... Et ces cheveux, oh, ces cheveux, si roses, frôlant ses joues humides et froides...
Ses pensées ne tournaient qu'autour du mage de feu et de ces sensations qui prenaient possession de son être. C'en était presque plus plaisant que stressant. Un doux sourire vint sur son visage de poupée avant que celui de Natsu ne vienne le masquer pour le mener vers un goût amer de larmes, mais également sucré d'amour. C'était bon, calme mais passionné. Elle l'avait tant désiré, ce simple baiser... c'était timide, ignorant, idéal. Elle était rouge de honte, et lui aussi. Il faisait nuit noire dehors, les étoiles perçaient le ciel assombri et quelques oiseaux, parfois, venaient briser le silence de l'appartement. Elle crut perdre pieds, s'évanouir dans les bras du garçon qu'elle aimait. D'ailleurs, en parlant de lui, il venait de se retirer le premier, hésitant, les yeux soudain plantés dans les siens.
En retirant sa bouche de la sienne, il avait doucereusement posé sa main droite sur la joue de la jeune mage comme pour se retenir de l'assaillir à nouveau. Il ne pouvait pas lui résister, ni à elle, ni à tout ce qui l'habitait. A moitié perdu, mais surtout fou allié de ce premier baiser, il en déposa un deuxième sur ses lèvres, plus sauvage. C'était seulement le deuxième qu'il avait offert, et même à ce titre, il ne put qu'en désirer davantage, forçant la barrière de la bouche de Lucy avec sa langue. Elle gémit en s'accrochant à sa veste sombre pour ne pas tomber, sentant le poids du Dragon Slayer l'emporter.
Leurs lèvres, se séparant pour la seconde fois, les autorisèrent à reprendre un tant soit peu leur souffle. Le déclic, autant pour Lucy que pour Natsu, lorsque leurs regards, fiévreux, se croisèrent encore une fois. Le visage toujours à quelques centimètres de celui de l'autre, ils rougirent dans une parfaite union et se séparèrent vivement, laissant une distance de sécurité entre leurs deux personnes. Super. Voila comment briser en beauté une scène aussi délicieuse. Lucy, les yeux plantés sur le parquet froid, n'arrivait décidément pas à stopper ces violents battements cardiaux qui habitaient sa poitrine. Elle sentait ses joues brûler d'un feu éphémère, encore plus ardent que celui de son compagnon. D'ailleurs, lui aussi en était tout chamboulé, à gigoter partout en balbutiant des mots sans aucun sens. Ni l'un ni l'autre n'osait se retourner. Qui aurait cru que ce serait Natsu, qui franchirait la frontière de l'amitié à l'amour ? Le Dragon Slayer cherchait dans son crâne un sujet de conversation qui aurait pu détendre l'atmosphère, en vain. Il n'avait aucune intention de s'excuser pour ce qu'il venait de faire, et puis quoi encore ? Il savait que la blonde lui portait également des sentiments inavouables, cependant, elle se montrait toujours aussi réticente, et maintenant qu'il l'avait embrassée, des plus timides...
« Depuis quand... ? Il ne réalisa l'étendue de ses paroles qu'après les avoir dites. La question était sortie tout seule et le garçon ressentait encore au creux de ses lèvres l'intensité de leur baiser. »
Elle t'aime depuis bien avant votre rencontre, Natsu... Si tu savais... A force qu'on te chante louanges à ses douces oreilles, à force de prendre connaissance de tes douleurs et de tes mœurs, tu avais déjà pris possession du peu de place qui résidait en elle.
Lucy restait muette. Que pouvait-elle bien y répondre ? La vérité ? Certainement pas !
« E-Enfin, je veux dire... ! Je risque d'en devenir dépendant maintenant, ah ! C'est malin !... S'affola-t-il face à son silence, mêlant ses mots à des gestes incertains. »
Les dires du roses prirent un long moment avant de remonter jusqu'au cerveau de la blonde. De quoi pouvait-il bien parler ? De leur baiser ? La façon dont il grattait son cuir chevelu avec une telle frénésie la confortait dans son hypothèse. Voila qu'elle s'en retrouvait gênée elle aussi, à sourire bêtement ! Oh oui... Lucy aimait Natsu, et depuis toujours.
Le menton de la jeune femme vibra, déversant sur ses joues pâles un nouveau flux de larmes salées et chaudes. Le garçon, croyant qu'il lui avait fait mal, et comment ; ça il l'ignorait, se mit à secouer des mains en s'excusant une bonne dizaine de fois tandis que ses sanglots se firent plus bruyants. Ouvrant ses bras grandement, il recueillit Lucy à l'intérieur lorsqu'elle fonça au sens propre du terme sur lui, la tête contre son torse battant. Elle semblait complètement désemparée, son visage frottant contre sa poitrine masculine et ses bras resserrant l'étreinte de toutes ses maigres forces. Natsu, détendu, soupira longuement. Il haïssait la voir ainsi, dans un tel état. Qu'est-ce qui pouvait bien la faire autant souffrir, bon sang ?
« Natsu... Je t'aime ! Je t'aime tellement, tu m'entends ?! ... Je t'aime vraiment, alors s'il-te-plait, ne me déteste jamais !... »
Étrangement, il sentit les fins doigts de sa partenaire resserrer ses bras avec force. Il trouvait sa crainte tout simplement... stupide ? Comment, l'espace d'une seule seconde, pouvait-elle imaginer une chose pareille ? Natsu ne l'avait jamais détestée, et ne l'a détesterait jamais. Elle n'était encore une fois pas elle-même, et c'était quelque chose qui arrivait souvent lorsqu'elle pleurait. Il entendait dans ses sanglots tout son désarroi et la désillusion de quelque chose qu'il ignorait. Elle lui avait ouvert les yeux il y a longtemps de cela, et maintenant, elle lui ouvrait son cœur sans même le savoir. Elle était faible, et sans défense. Elle, sa Lucy, celle qui lui avait apporté tant de choses, comme l'espoir, la joie, le bonheur à ses côtés... Il soupira dans la nuque de la constellationniste, heureux. C'était plus doux, chaleureux, la seule chose qu'il pouvait lui offrir pour l'instant, alors qu'elle pleurait à chaudes larmes dans ses bras rassurants. Cette femme le rendait fou amoureux.
« Je te le promet, Luce. Murmura t-il en resserrant encore un peu le câlin sans trop la brusquer dans un acte de réconfort. »
Elle lui cachait quelque chose d'important, et cela, Natsu l'avait compris depuis plusieurs mois déjà. Il n'avait jamais pris le temps d'y prêter réellement attention, mais ses doutes ne faisaient qu'accroître depuis une courte période. Il l'observa le restant de la nuit tandis qu'elle dormait à poings fermés, enroulée dans son épaisse couette rose. Avant de fermer ses yeux endoloris, il l'avait entendue murmurer un léger " pardonne-moi " douloureux. Quelque chose bloquait Lucy dans la relation qu'il partageait avec elle, et Natsu comptait bien en découvrir la nature de la cause.
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Ce qui est chouette, quand on passe inaperçu la plupart du temps, c'est qu'on passe aussi inaperçu quand on a besoin, et Lucy Heartfilia avait le don de se transformer en véritable ninja de l'ombre quand le besoin s'en faisait sentir. Un réel talent. Talent qu'elle exploitait assez souvent ces temps-ci. Refermant la porte d'entrée de l'établissement sorcier après s'y être introduite dans le silence, elle colla son dos au mur immense et avança lentement afin de ne surtout pas attirer l'attention sur elle. Le boxon régnait dans la grande salle et personne ne l'avait encore remarquée. Tant mieux. Il lui restait encore à traverser tout ce chahut pour aller se précipiter au bar. Marchant d'un pas peu déterminé, elle posait un pas précautionneusement devant l'autre, histoire qu'une silhouette ne lui tombe pas dessus sans prévenir, la silhouette que justement, elle devait éviter. Elle avait la même peur bleue chaque matin. D'ailleurs, en parlant de bleu, Happy était là, et ce n'était pas bon signe aux premiers abords. Respirant un bon coup, elle prit l'initiative de courir vers le comptoir d'un pas assuré plutôt, comprenant bien que longer les murs de la façon qu'elle avait adoptée ne servait strictement à rien. Grave erreur. Avant même qu'elle n'ait pu faire trois pas dans la lumière aveuglante de la guilde, une masse à l'importante carrure lui tomba dessus. Au sens propre du terme, elle voulait dire.
Finalement, il était bien là, le danger ambulant.
La blonde afficha une mine blasée en sentant déjà une joue brûlante se frotter à la sienne, à l'image d'un animal qu'on promettait de promener. C'était comme ça tous les matins. Les étreintes qu'il lui offrait était certes, très agréables, mais elles étaient surtout beaucoup trop exagérées. On aurait dit qu'il ne l'avait pas vue depuis des lustres, c'était pour dire ! Elle qui détestait attirer l'attention sur elle, Natsu ne s'en privait pas le moins du monde ! Il était tout sauf discret, ce gamin.
« Hep Lucy ! Tu ne vas pas te débarrasser de moi aussi facilement ! Rigola-t-il, lui offrant un câlin tout doux alors que déjà, les personnes alentours riaient de bon cœur. »
« C-Ce n'était pas du tout mon intention ! Rougit-elle, encore peu habituée à ses gestes d'affection un peu brutaux. »
Depuis leur premier baiser, les semaines avaient défilées à une vitesse folle. Natsu profitait pleinement de la relation qu'il pouvait enfin partager au grand jour avec la blonde, quémandant souvent câlins sur baisers. C'était un côté de lui que peu de personnes avaient eu l'occasion de voir avant cela, même s'il était entreprenant et enjoué de nature. Lucy, elle, se montrait bien plus timide, et elle avait souvent peur que le tout dérape vers des choses moins... adaptées. Non pas qu'elle ne le désirait pas, loin de là ! mais maintenant qu'elle avait pris connaissance des prochains événements qui allaient se jouer, le voir aussi désireux ne faisait qu'accroître ses regrets. Elle était de plus en plus mal à l'aise vis-à-vis du bonheur qu'elle osait ressentir auprès de lui. Car oui, elle était réellement heureuse, et elle avait décidé de profiter un maximum de sa présence auprès du rose avant de partir. Au Diable le futur, même si c'était égoïste, elle ferait tout simplement en sorte de casser le moins de pots possible avant son départ.
« Natsu... Tonna une voix lasse et terrifiante non loin d'eux. Il va vraiment falloir que je t'apprenne une chose dont tu pourrais te servir bien souvent. Ça s'appelle le tact, tu vois ? »
Le concerné grogna de mécontentement. La grande Titania venait de gâcher son câlin du matin. Resserrant contre son torse sa Lucy empourprée jusqu'à la racine de ses cheveux d'or, il tira la langue à la rouge qui elle, vira vraiment au rouge, et c'était pas à cause de la couleur de ses cheveux cette fois-ci.
« Fait pas ta jalouse, Erza ! Toi aussi tu vas t'en trouver un de petit copain, faut juste que tu corriges ton mauvais caractère ! Pis aussi ta manie de sauter sur tout ce qui bouge, quand tu surveilles tout aussi, oh, et puis... »
La rouge su à l'instant même où les mots eurent franchi ses lèvres arrogantes qu'elle lui ferait la peau. Peu lui importait le fait qu'elle le connaisse depuis l'enfance, celui qu'il soit idiot malgré lui ou même celui qu'il ait les cheveux roses bonbons, ces nerfs avaient atteint le paroxysme de la tolérance. Il allait déguster, elle en donnait sa parole tandis qu'elle activait une paroi temporelle pour saisir un katana d'un bleu pur entre son poing serré. Le pointant vers Natsu qui en prit la même couleur, elle le vit déglutir, conquise alors qu'il zieutait l'arme d'un air effrayé.
« Vas-y Erza, il l'a bien cherché ! S'écria Happy face au comportement suicidaire de son ami, préférant encourager le plus fort pour ne pas en payer le prix fort. »
Le futur condamné tomba à genoux, laissant des larmes et un sourire suppliant prendre place sur son visage apeuré. Un sourire qui disparut bien vite derrière Lucy, qui se dépêcha de s'interposer entre les deux ennemis avant que cela ne dégénère en massacre. Il était vrai que Natsu l'avait bien cherché, mais à le voir ainsi, à s'accrocher désespérément à sa jambe nue en la suppliant de faire quelque chose... Bon, elle devait l'avouer, c'était avant tout comique. Un ange passa sans que personne ne dise rien, l'arme maintenant dirigée vers la constellationniste à la chevelure d'or. Cette dernière s'était depuis bien longtemps rendue compte qu'elle n'était en aucun cas douée pour formuler des excuses, cependant, en découvrant son petit ami maintenant si mature dans leur relation et emprunt d'une compassion hors du commun, elle tenta de faire un petit effort quand même.
« Euh, attend, tu sais... Erza, je ne pense pas qu'il voulait d- »
« QU'IL NE VOULAIT PAS QUOI ?! Hurla-t-elle en s'indignant que quelqu'un osait défendre un tel traître. »
Un frisson lui parcourut l'échine, son corps désormais droit comme un piquet. Elle avait l'impression que son regard pouvait la changer en pierre à la seconde qui suivait, à l'image d'Ever Green. Et dire qu'un jour, quelqu'un avait osé lui dire que l'amour donnait des ailes et du courage à toute épreuve... Quelle connerie.
Là, elle n'avait qu'une seule et unique envie : s'enfuir et abandonner le pauvre rose à son sort. Mais quand même, elle connaissait très bien Erza et savait qu'une simple punition pouvait très vite se transformer en horrible torture... Il fallait qu'elle allège un minimum la tension qui s'était installée entre ces deux là. Et Natsu aurait à s'en souvenir, croyez-la !
« Bon... soupira la blonde en sentant que le dialogue était tout bonnement impossible. Si tu me le laisses en vie pour cette fois, je te promet de te payer tous les fraisiers que tu souhaites pendant une semaine entière. »
L'assemblée, car oui, tous les mages présents n'avaient pas pu se résoudre à reprendre leur activité et observaient la scène, lâcha en son sein des bruits admiratifs. Lucy, en éloquent cette simple phrase, pouvait au moins abandonner trois mois de salaire. Titania pouvait engloutir deux tonnes de fraisiers par jour, si ce n'était pas plus. Choqué par une telle révélation, le rose releva la tête, puis fit de même avec le reste de son corps. Lucy, prête à abandonner autant de paye pour lui ? C'était que vraiment, elle l'aimait de toutes ses forces !
« Natsu ? Demanda une voix fluette, levant la tête vers lui dans un sourire franchement exagéré. »
Il se raidit lorsque le regard faussement heureux de la guerrière se planta dans le sien et ne lâcha pas son emprise. Peut-être qu'en fin de compte, cet effort de la part de sa blonde n'avait pas réussi à la convaincre ?... Aujourd'hui, il avait vraiment perdu une occasion de se taire.
« Bonne journée et amusez-vous bien ! Chantonna-t-elle finalement en sautillant vers la sortie, heureuse comme pas possible. »
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Il n'arrivait définitivement pas à détourner son regard de sa bien aimée. Sa bonne action de tout à l'heure l'avait beaucoup trop chamboulé pour qu'il n'y arrive correctement. Lucy, l'économe de service, la fille qui râle parce-qu'elle ne peut pas dépenser une seule clochette dans ses vêtements de luxe venait de sacrifier une longue période de dur labeur pour son joli petit minois. Et le pire, c'est qu'elle avançait les frais ! Le sachet de courses à la main, elle l'avait tendu à la rouge, comme un simple geste de salutation avant de sortir de l'établissement. Il sentait que cette femme n'avait pas fini de l'étonner.
Le soir était tombé sur tout Magnolia. Une brise rafraîchissante parcourait sa chevelure d'or, offrant à son amant la plus belle des vues tandis qu'elle se blottissait contre lui, à ses aises lors de la marche. La ville n'était pas très animée ce soir là, seulement quelques passants qui finissaient leurs achats du soir et s'agglutinaient dans les rues commerçantes. Le ciel était piqueté d'étoiles, étincelant. La rue principalement vivante dépassée, la capitale se fondait dans un profond et continuel silence que seuls quelques couinements d'oiseaux venaient fendre. Natsu approcha sa main de celle de Lucy et l'enferma à l'intérieur. Sa main était glacée, il la sentait tressaillir sous son contact chaud et rassurant.
A chaque fois que Natsu la touchait, tous un tas de choses passaient par la tête de Lucy. Certaines choses peu catholiques surtout, mais ce n'était aucunement de sa faute ! C'était de la sienne, aussi, à être aussi beau ! Et puis... ces sensations, si agréables, qui parcouraient d'une telle manière son corps lorsqu'il s'approchait... C'était délicieusement bon. Mais même avec lui, tout contre elle, elle ne pouvait s'empêcher de réfléchir longuement à ce qu'elle avait à faire, très bientôt. Le devoir qu'elle avait dans ce monde, elle le connaissait par cœur, et c'était bien ça le problème. Elle aurait préféré être comme ses amis, ignorants, et continuer à vivre comme une enfant. A s'amuser, sans jamais devoir penser aux conséquences. Écouter ses propres désirs... qu'est-ce qu'elle aimerait pouvoir faire ça ! C'était une perspective très prometteuse, en effet, mais surtout très égoïste de sa part. Et pourtant, c'est ce qu'elle avait choisi, à la seconde même où elle avait accepté les sentiments amoureux du Dragon Slayer qui se trouvait à côté d'elle désormais. Jouer le tout pour le tout, abandonner les restrictions... C'était ce qu'elle avait décidé de faire, maintenant. Ce choix lui appartenait, elle en était parfaitement consciente et savait aussi qu'un jour, elle devrait en payer les conséquences.
« Tu sais, Luce... T'étais pas obligée de faire ça tout à l'heure... E-Enfin, je veux dire, c'est vrai quoi, c'était pas le drame... Murmura le rose en renfrognant son menton dans son écharpe écailleuse. Je t'aiderais à payer pour les gâteaux de cette goinfre... Finit-il par dire, boudeur et rouge de gêne. »
Interpellée, elle porta enfin son attention après qu'il l'ait sortie de sa torpeur sans le savoir. Elle lui lança d'abord un regard surpris. En fait, elle n'avait pas tout entendu, ou plutôt pas écouté. Heureusement que les termes " gâteaux " et " goinfre " étaient là pour la rappeler à l'ordre. Elle soupira, blasée. Ce garçon portait bien trop d'importance sur des choses qui, pour sa part, n'en valaient pas du tout la peine. Lui répondant par un tendre sourire, elle le rassura :
« Ne t'en fait pas pour ça ! Pour ce mois-ci, ça ne me dérange pas. Nous avons gagné largement assez la dernière fois, on aura juste à faire une ou deux missions de plus pour le loyer prochain... Répondit-elle pour détendre son visage inquiet. »
En fin de compte, ce qui dérangeait Lucy et l'emmenait ailleurs, ce n'était pas cette histoire de gâteaux, et le rose eût vite fait de le remarquer. Cet air mélancolique, elle ne s'en était pas séparée depuis ce matin. Il la vit détourner son regard chocolat sur le ciel étoilé, sûrement pour éviter une nouvelle confrontation avec lui. Il n'était pas si tard que ça, et pourtant, la métropole s'habillait d'un réel manteau de nuit. Le rose était loin d'être dupe, bien qu'un peu idiot. Les petits problèmes qui habitaient sa compagne étaient bien plus graves qu'elle ne le laissait paraître, néanmoins il ne chercherait pas à la faire parler encore une fois si elle n'en était pas prête. Il attendrait qu'elle soit sûre, tout comme lui le serait de l'entendre.
Ils s'étaient mis en tête de traverser la légère pente qui les mènerait à la ruelle adjacente. Depuis, Lucy avait posé une nouvelle fois son regard sur le visage de son bien-aimé. Qu'est-ce qu'il pouvait être beau, quand même, cette brise laissant danser au gré de son alizé ses épaisses mèches flamboyantes dans le vent... Le voyant se retourner tandis qu'elle marchait derrière lui, elle l'attendit courir vers elle et admira le sourire fier qui peignait son visage d'enfant gâté. Heureux, il la souleva du dallage et la porta à lui, s'enivrant de son parfum de femme avec fougue.
Elle se sentait rougir, là, dans ses bras, collée contre sa forte poitrine. Elle les entendait, les passants, dire qu'ils formaient un beau couple, ou encore qu'ils n'avaient aucune pudeur avec humour. Certaines murmuraient qu'elles aimeraient être à la place de la blonde, et d'autres à la place du mage de feu. Elle était flattée, mais gênée plus qu'autre chose par le comportement aussi impulsif de Natsu.
N'empêche qu'elle souriait.
Avec le peu de forces qu'elle avait, Lucy se libéra de l'emprise de son bienfaiteur et le traîna au sens propre du terme loin de la populace, au parc central qu'elle savait de toujours désert à cette heure-ci. Arrivée en face d'un arbre âgé d'une centaine d'années après cette course effrénée, elle soupira de soulagement avant de se laisser tomber sur la verdure, essoufflée.
« Franchement Lucy, j'abandonne l'idée de comprendre tes sautes d'humeur. Déclara sa victime en essayant de reprendre son souffle comme en vain. »
Et il avait bien raison. Même elle, parfois, elle n'arrivait pas à se comprendre. Restant silencieuse car elle n'avait rien à y ajouter, elle ferma les yeux malgré que Natsu la regardait toujours, plissant son front comme pour se concentrer. Elle cherchait une solution à tout ce qui lui arrivait, en fait, une solution introuvable. Tout allait bien trop vite pour elle, on ne lui laissait même plus le temps de peser le pour et le contre. Ce qu'elle aurait aimé pouvoir frapper dans un ballon de musculation, juste histoire de défouler toute sa rage un instant sur lui... Elle était impuissante depuis le début. Impuissante face au devoir qui l'attendait de pieds fermes, impuissante face à l'amour qu'elle portait à Natsu.
« Eh, Lucy... Sortit soudainement le mage dragon, toujours debout devant la femme qu'il aimait. »
Elle se sentit raidir en entendant cette voix interrogative l'interrompre dans ses profondes pensées. Elle souhaitait seulement qu'il ne remarque plus jamais son côté un peu ailleurs, maintenant qu'elle se lançait dans une relation amoureuse avec lui. La présence du garçon paraissait plus palpable, plus réelle que d'ordinaire, et un frisson lui traversa l'échine lorsqu'elle plongea son regard dans le sien.
Il la détaillait, sans aucune pudeur, sans même le cacher. Alors elle ne se cacha donc pas pour faire de même, notant tout d'abord qu'il l'a dépassait maintenant de presque une tête. Ses cheveux aussi avaient grandis, malgré qu'il les avait fait couper il y a quelques mois déjà, ils retombaient suaves de chaque côté de son visage de gamin. Elle imaginait ce qu'il cachait sous sa nouvelle veste noire qui le rendait plus sérieux. Un teint basané sur son corps qu'elle jugeait de sculpté à la perfection, et un torse, plus réchauffant que d'habitude dans les images qui passaient en boucle dans sa tête. Choquée par ses propres pensées, elle sentait une montée d'hormone la submerger un peu dans le bas de ventre et se retint de le lui confier.
Rougissant de toute sa racine parce-qu'elle avait remarqué que sa fixette rendait Natsu drôlement mal-à-l'aise, elle baissa les yeux en se redressant en position assise, honteuse. Non mais, penser ainsi de Nasu.. quelle idée aussi ! Néanmoins, elle devait reconnaître qu'il avait réellement gagné en carrure ces dernières années, et un peu en maturité aussi, mais seulement un peu. Dans sa posture, dans ses gestes et dans son regard aussi profondément sombre que l'océan. D'après elle, le regard de Natsu était ce qu'il y avait de plus harmonieux en lui. Il était beau, envoûtant, et ne laissait jamais rien paraître de sa douleur ou de sa tristesse.
Natsu ne comprit pas exactement pourquoi elle levait sa main droite en direction du ciel à cet instant. Voulait-elle de l'aide pour se lever, ou désirait-elle simplement qu'il l'a rejoigne au sol ? Sans qu'il ne sache pourquoi, un dégluti bruyant manqua de l'étouffer. Il avait une vue sublime sur la poitrine de la mage stellaire, qui montait et descendait au rythme de sa respiration posée. La respiration du garçon, elle était toute autre, et il rougissait davantage en pensant de cette façon de sa chère et tendre. Sans savoir pourquoi, ses lèvres paraissaient plus... alléchantes ? qu'à l'accoutumé. Non de non, mais à quoi pensait-il maintenant ?
Son cerveau, ses muscles et tout le reste de son corps étaient en effervescence. Il avait chaud, bien trop chaud rien qu'en la regardant bouger ainsi, gigotant ses jambes pour battre l'air. Tout en lui bouillonnait, comme si une chaleur, plus ardente qu'avant tournoyait entre ses organes et les consumait à petit feu. Il ne savait pas ce qui lui arrivait mais ça n'annonçait rien de bon, surtout depuis qu'il avait commencé à faire des rêves assez érotiques dans lesquels la blonde était la principale actrice.
Passant un doigt entre son cou et le col de sa veste bien trop serrée à son goût, il l'écarta un peu dans l'espoir de pouvoir respirer plus convenablement malgré que son regard ne pouvait s'empêcher de fixer Lucy. S'avançant à sa hauteur, il agrippa tendrement sa main pour le faire venir à lui mais se sentit vite tirer en avant. Et déjà, il était à terre, au dessus d'elle, les mains plaquées entre les brins d'herbe et celles de Lucy prenant son visage avec affection. En sentant ses lèvres se déposer sur les siennes, le jeune homme eut l'impression de perdre pied, d'ailleurs, c'était bien le cas puis qu'il s'était retrouvé allongé au dessus d'elle. Jamais Lucy, depuis le début de leur histoire d'amour, n'avait daigné lui offrir le premier pas d'un baiser, et il se retrouvait choqué, mais surtout heureux. Heureux, et ça aggravait de beaucoup ses envies masculines.
Quant à la blonde, elle sentait la langue de son amant demander poliment l'accès à sa bouche, une idée qu'elle ne rejeta point. Remontant son dos pour laisser passer les mains brûlantes de ce dernier sous son T-shirt, elle se retrouva irrémédiablement plaquée contre son torse cambré au dessus d'elle. Il avait bien du mal à se contrôler dès lors qu'elle s'était lancée dans ce petit détail, et elle était loin de ne pas le savoir. La jeune femme frissonna, lâchant un soupir d'aise à travers leur échange langoureux tandis qu'elle caressait ses abdominaux ou s'accrochait aux jointures de son maillot. Elle se surprenait de sa propre audace. Mais bon, d'une manière ou d'une autre, elle serait partie avant que cela ne puisse avoir de conséquences sur eux... non ?
Ils se séparèrent brusquement pour reprendre leurs souffles au bout de quelques intenses minutes, Natsu se penchant sur ses épaules pour embrasser sa nuque, plein de désir et d'envies contradictoires. Le pouls de la constellationniste avait atteint une vitesse vertigineuse et elle se demandait même si le rose pouvait l'entendre avec sa fameuse ouïe de Dragon Slayer. Le principal intéressé, comme en écho à ses réflexions, remonta sa bouche vers son oreille frémissante et apposa ses dents et sa langue sur son lobe, la laissant niaise d'un gémissement qu'elle se ne connaissait pas. Resserrant sa prise sur ses muscles pendant ce simple geste, il l'a prit par la taille et l'obligea à continuer les caresses qu'elle prodiguait à son ventre ardent qui, d'après les bruits qu'il sortait de sa gorge, ne le laissaient pas indifférent. Mais en ce fait, les omoplates de Lucy cognèrent au sol, la faisant geindre un peu de douleur. Leurs regards sauvages se croisèrent :
« Ch... Chez toi ? Murmura le garçon en rendant ses yeux plus brillants pour lui faire perdre ses moyens, agrippant sa main chaude dans ses doigts. »
A peine avait-elle approuvé d'un geste de la tête qu'elle se retrouvait à courir dans les rues de Magnolia à ses côtés, ses jambes dévalant les pavés à une vitesse insoupçonnée. Tirée par Natsu, elle se demandait si elle n'était pas en train de faire erreur. Il avait l'air si... pressé, impatient que ça la rendait toute chose et un peu réticente. Non pas qu'elle avait peur, loin de là, tous deux savaient pertinemment qu'il était incapable de lui faire du mal, bien que la délicatesse et la douceur ne fassent pas partie de ses points forts, mais... son départ était pour quelques mois déjà...
Oh, et la main chaude de son amant qui la rendait incapable de lui dire non... et son visage si déterminé qui lui faisait croire à l'impossible... Oui, il l'aimait, et elle aussi.
La pénombre de l'intérieur survint rapidement, un cliquetis lui indiquant que le rose avait bel et bien fermé la porte à clef. Comme par gêne, ils n'osaient plus se retrouver. Son compagnon demeurait dos à elle, mesurant sa respiration saccadée alors qu'elle osait se dévêtir la première. Elle commença lentement, retirant d'abord ses bottes de cuir marron et ses bas gênant ses jambes, s'attaquant timidement aux boutons de sa robe à froufrous. Le garçon avait compris qu'elle s'efforçait à garder toute pudeur pour elle seule en la voyant si hésitante à abaisser ses bretelles. Ses pas résonnèrent dans la pièce, la menant auprès d'elle.
« Laisse... Je vais finir. Lui confia-t-il, la voix écorchée en laissant tomber sa première bretelle lascive le long de son bras. »
Son corps qui se laissait aller aux gestes de Natsu la fit atterrir sur le matelas. Elle sentait de nouveau le muscle humide de son compagnon continuer l'exploration de son cou, et ses mains remonter lentement le long de sa taille. Elle avait cette horrible impression, celle que son souffle n'arrivait plus à passer à travers ses amygdales, comme si elles étaient gonflées, sèches et arides. Seul un gémissement parvint aux oreilles du rose quand il saisit à pleine main son opulente poitrine. Sa respiration se faisait aussi erratique que la sienne, et, interloquée en le sentant hésiter, elle se redressa sur ses coudes pour le détailler momentanément. Ses yeux parcouraient son corps avec délice et s'attardaient inlassablement sur la robe qu'il n'osait retirer, ses mains tremblaient docilement de chaque côté de ses seins ronds. Il les pressait d'abord en découvrant leur douceur, fasciné, et elle le laissa faire jusqu'à ce qu'il prenne de l'assurance en la faisant gémir de plaisir.
Maintenant, elle en était certaine : elle ne voulait pas que ça s'arrête maintenant.
Oh non, surtout pas maintenant... Alors, pour simple réponse aux gestes qu'il lui imposait, elle lui mordit un des tentons qui la tentait depuis un bon moment déjà, le faisant couiner en rejetant sa chevelure rosâtre en arrière pendant que ses joues prenaient la même couleur que les siennes. Une chaleur se forma au bas de ses hanches et un sentiment déroutant, exaltant et nouveau se fit ressentir dans sa poitrine battante. Tous les sentiments qui prenaient possession de son être lui faisaient pratiquement oublier le poids du garçon qui l'écrasait, et sa bouche qui pinçait amoureusement ses formes alors qu'il plongeait ses onyx sur les traits de son visage pour guetter sa réaction. Et elle ne se fit pas attendre puisque ses coudes, en n'ayant plus la force de la soutenir, la laissèrent tomber sur le sommier en la faisant lâcher un râle de désaccord sentimental.
Ce simple mais sensuel son fit monter la fierté de Natsu plus haut qu'elle ne l'était déjà. Il fit glisser une main dans sa longue chevelure blonde qui jonchait sur les draps, un sourire sur ses lèvres masculines quand il sentait ses doigts fins parcourir l'intégralité de son dos. Il lia une nouvelle fois leurs lèvres et la blonde put sentir le membre envieux de Natsu frôler l'entrejambe de sa culotte en soie. Voila que maintenant, c'était elle qui n'arrivait pas à attendre plus longtemps ! Descendant sa langue du cou du garçon le long de son torse, elle aspira ses bourgeons qui s'étaient durcis à vue d'œil et le laissa geindre comme une vengeance. Malgré tout, il se pinça la lèvre inférieure pour garder contenance et ne pas prendre d'assaut sa douce.
« D-Dans mes rêves, je te faisais ça... Et... et tu appréciais... E-Enfin je crois ! Chuchota t-elle en laissant un filet de bave relier sa bouche encore entrouverte à son téton rosi, gênée et rouge de honte. »
Sans qu'il ne puisse se retenir davantage, une goutte de liquide près-éjaculatoire s'échappa de son opposante virilité, n'omettant pas de tâcher son propre sous-vêtement. C'était plus fort que lui, ses hormones devenaient incontrôlables. Cette vision était bien trop pour lui... N'empêche que ça le rassurait, de savoir qu'il n'était pas le seul à faire ce genre de rêves depuis bien avant leur relation. Comment pouvait-il autant la désirer ? C'était incompréhensible, mais pour l'heure, peu lui importait.
« Et dans mes rêves, Lucy, je te faisais ça... Murmura t-il d'un ton suave en plongeant ses doigts dans le fin tissu qui protégeait l'intimité de la jeune femme. Et tu hurlais de plaisir... »
Il se pencha de nouveau vers elle pour lui déposer un petit bisou sur ses lèvres tremblantes, puis, lentement, il fit tomber le premier élastique qui cachait sa féminité, puis la deuxi-
« Eh ! Appela la rouge en entrant par la fenêtre. Prévenez-nous au moins quand vous quittez la guilde plus tôt, on avait prévu de faire- »
« ... Quelque chose. Finit difficilement le mage de glace, laissant la cassette vidéo glisser de ses mains qui explosa au sol. »
Le silence amoureux de leurs ébats se brisait à l'entrée fracassante de leurs amis par la fenêtre. La bouche grande ouverte, les regards ne cédaient pas l'emprise que chacun avait sur l'autre, comme figés dans de la glace. On analysait, on essayait de comprendre, on se maudissait. Puis vinrent les cris de Lucy et d'Erza, les insultes de Natsu et les excuses de Grey, le tout dans un foutoir impossible. Les deux amants, rouges pivoines, tentaient tant bien que mal de cacher leurs parties intimes en se mélangeant les pinceaux avec les draps. Lucy adoptait une mine boudeuse et se renfrognait sur elle-même au fur et à mesure que le temps passait, et le rose, furieux de s'être fait prendre comme un débutant, menaçait du regard les deux individus priés de repartir. Il pesait les options qu'il lui restaient. Deux, plus exactement. La première était de tout simplement les frapper en leur hurlant sa rage jusqu'à ce que mort s'en suive, et la deuxième de les virer dehors avec le peu de délicatesse qui pouvait lui rester. Mais en notant la présence de la grande Titania, et aux vues des précédents événements comme le supplice du fraisier, il remit bien vite ses envies meurtrières à plus tard.
« H,H,H,H,Haaaaa... Ha ! Hahaha, Grey ! TU N'AVAIS PAS UN NOUVEAU CALEÇON A ME MONTRER ?! Improvisa difficilement la jeune femme à la chevelure criarde en détournant ses yeux du spectacle qui n'était pas encore répertorié dans sa vie de jeune femme. »
Son interlocuteur n'arrivait même plus à sortir une seule syllabe en essayant de ramasser sa mâchoire gisante sur le sol. Ce fut finalement un coup de pied bien placé de la part de la rouge qui le fit revenir à lui tandis qu'il retenait tant bien que mal de geindre sa douleur. Il se contenta d'un frisson dans le corps et d'une grimace hideuse en comprenant son message pas très bien caché alors qu'elle le traînait déjà dehors, les joues fumantes après s'être excusée un nombre incalculable de fois en compagnie d'un Happy qui enregistrait déjà la scène, un sourire carnassier aux lèvres. Avec ça, il pouvait espérer deux mois de poissons avec Mirajane :
« A-Ah ouai, je l'ai acheté hier ! Après tout, si je dois me- heu, me déshabiller tout le temps, autant avoir la classe ! OUAIS VOILA C'EST CA, haha ! »
Après la sortie mouvementée des deux acolytes, Natsu et Lucy se regardèrent, dépités, avant qu'un fou rire incontrôlable ne s'éprenne d'eux dans cette situation aussi grotesque. Ils ne savaient même pas si c'était une marque de nervosité ou un amusement, mais ce qui était certain, c'était qu'ils s'auraient crus dans un film de comédie romantique. Le garçon tomba du lit, ce qui ne manqua pas à sa partenaire qui aggrava son cas en explosant littéralement de rire. Puis, finalement inquiète de son état, elle tenta de l'arrêter et se précipita au bord du sommier en prenant tout de même la peine de masquer sa poitrine derrière les tissus.
« T-Tu vas bien ? S'affola t'elle en regardant ses jambes, toujours posées sur le matelas. »
« Je crois que j'ai jamais autant rie de toute ma vie ! Lui sourit-il dans une face désespérée en se tenant docilement les côtes qui le tiraillaient à mesure qu'il riait. »
Il lui adressa un clin d'œil, et elle un sourire attendri.
Si seulement il savait qu'à l'âge de neuf ans, elle avait déjà tout su de lui. Elle s'était même efforcée de ne plus être timide face à un garçon, au cas où elle le rencontrerait. Si un jour on lui aurait dit qu'elle se retrouverait là, nue, face à lui, dans une telle position...
A ses côtés, elle avait appris à s'affirmer, à devenir plus forte et à faire des efforts pour vaincre son odieux caractère sans pour autant trop le modifier. Oh oui, cet amour là, le vrai, le brut, l'intarissable sentiment qui vous déchire le cœur, même si vous vous efforcez de vous en détacher, il ne peut pas vous lâcher. Malgré ça, il y aurait toujours un imprévu, un petit quelque chose qui vient tout gâcher au meilleur moment. Et le meilleur moment, il était maintenant, à le regarder ainsi, et l'imprévu arrivait, un imprévu que personne ne voudrait jamais rencontrer.
La mort.
¤¤¤¤
Depuis que sa dulcinée avait un continuel droit de visite chez lui, la maisonnette de Natsu subissait presque tous les jours un rangement radical à son plus grand bonheur. C'était une tâche dont il avait horreur, alors si Lucy voulait bien le faire, ça l'arrangeait. Le sol était beaucoup plus propre, le peu de vitres scintillaient à en faire mal aux rétines et parfois, la blonde installait un petit brûleur d'encens pour que l'air soit agréablement parfumé. Dans le réfrigérateur, les habituelles boites de sardines et autres créatures marines qui se devaient d'être un minimum apparentées à du poisson étaient parfaitement disposées en ordre de taille, en compagnie des aliments que consommait plutôt le mage de feu, lui qui préférait des repas bien plus consistants que de simples fruits de mer.
Dans la salle de bain s'étaient installés gels douches à base de lys et shampoings à l'amande douce sur le porte-savon. D'ailleurs, son savon à lui avait disparu. Trop agressif pour la peau, comme elle disait.
Un roman à l'eau de rose traînait sur l'unique commode de chambre, jusqu'à côté du matelas futon. Il avait bien essayé de se familiariser avec pendant que Lucy était sous la douche, mais ces histoires de sacrifices pour venir en aide à l'être aimé, les gnangans amoureux et le manque de combat de cet ouvrage l'en avaient très vite dissuadé. En plus, ça lui rappelait ses petits accrochages avec Lucy, et quand il y repensait, ça pouvait paraître assez comique. Ils riaient fort tous les deux, il se disputaient tout en considérant leurs arguments stériles et la blonde partait souvent bouder dans son coin pendant que lui se renfrognait en grinchant. Chacun campait sur sa position et le rose était toujours le premier à craquer pour un câlin ou une petite caresse. C'était trop dur de lui en vouloir.
« Elle en met du temps... »
Il s'ennuyait véritablement quand il se retrouvait tout seul, comme ça, avec Happy qui s'était éclipsé pour offrir un énième poisson à sa dulcinée au pelage immaculé. Bizarrement, le rose trouvait son ami un peu plus motivé que d'habitude à conquérir sa belle ces derniers temps. Peut-être que de le voir aussi épanoui avec Lucy lui avait donné un petit espoir en plus pour avancer dans ses propres déboires amoureux... Oui, c'était sûrement ça.
Ayant pour unique but de passer le temps, Natsu s'allongea de tout son long sur son lit qui était depuis quelques temps et à son plus grand bonheur toujours fraîchement fait et repassé à la perfection. Tout à coup, après quelques minutes de profonde réflexion, un détail l'interpella quant aux agissements de sa blonde. S'il devait se référer à ses propres expériences, pour se laver, il fallait au préalable de l'eau, et l'eau, en général sortie d"un jet de douche, faisait un bruit assez exaspérant quand elle tombait dans le bac. Néanmoins et malgré son ouïe fine, il n'avait pas entendu une seule fois le mécanisme se mettre en route depuis que Lucy était entrée dans la salle de bain.
L'inquiétude commença à le prendre de court. Dès lors où il pensait aux dangers qui auraient pu arriver à sa blonde lorsqu'il somnolait, il perdait son calme. Même s'il s'inquiétait peut-être pour rien, il préférait en avoir confirmation et ses jambes décidèrent avant même qu'il ne l'ordonne de le mener devant la porte de la pièce à eau. Puis... Si rien de grave n'était arrivé à sa blonde, au moins, il pourrait en profiter un peu pour se rincer l'oeil. C'était vrai quoi, il restait un homme avant tout, et Lucy était sa petit copine de toute façon !
Exerçant une légère pression sur la poignée afin d'en libérer l'accès, la porte ne daigna pas bouger d'un pouce, même quand il tenta de pousser un peu plus fort avec son bras. La paroi mobile était fermée à clef. Même si sa blonde se faisait souvent espionnée par les membres de la guilde quand elle était dans son bain, le Dragon Slayer savait pertinemment qu'elle n'obstruait jamais le passage de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle avait on-ne-sait-comment attrapé la phobie de se retrouver enfermée et seule sans se savoir pourvue d'une aide extérieure. Voila ce qui paniquait encore plus le rose ! Dans un geste d'affolement, il posta sa rétine au niveau du trou de la serrure en fermant le deuxième dans l'espoir d'y apercevoir la mage stellaire.
Ses muscles se détendirent et son souffle redevint stable. D'après le peu qu'il pouvait observer, elle n'avait rien. Parce-que oui, avec la position qu'il avais adoptée, debout, penché pour que son œil puisse atteindre la fente, conformait le rose dans son hypothèse. C'était officiel : il était devenu pour de bon paranoïaque. Mais son coup d'œil n'avait pas été inutile de son point de vue à lui, car en effet, quelque chose clochait à ce tableau. Passant outre le corps de la constellaionniste enroulé dans une fine serviette humide, il devait avouer qu'il la jouait plutôt courte et cette image aidait beaucoup le développement de son imagination. Natsu se pencha d'avantage pour porter son regard vers le visage de la jeune femme. Celle ci ne bougeait plus depuis déjà quelques minutes, postée debout, droite comme un pique, devant l'unique glace de son logis.
« Mais.. qu'est-ce qu'elle fait ?... »
La question grandissait dans son esprit agité à mesure qu'il la fixait. La curiosité et l'étonnement y prenait peu à peu place, jusqu'à en voler la majeur partie. Et pourtant, la réponse lui semblait évidente aux vues de la position qu'elle avait adoptée. Elle semblait... elle semblait prier, les mains jointes et les yeux fermés. Lui qui connaissait sa blonde étrange et parfois même bipolaire, la voir à ce point lui laissait le cul par terre, surtout lorsqu'il voyait ses lèvres bouger pour prononcer de profonds murmures que lui même ne pouvait pas entendre, malgré qu'il ait une ouïe de toute concurrence. Petit à petit, il perdait pied. Mais à quoi jouait-elle ? Désormais, c'était un flux de magie qui semblait s'échapper des pores de sa peu de porcelaine, laissant flotter autour de cette dernière un nuage d'énergie. Plus elle parlait silencieusement, et plus il augmentait, jusqu'à en devenir oppressant en faisant voler dans un tourbillon lent et continu ses cheveux d'or. Soudain, un grimace de douleur apparut sur ses lèvres, laissant au rose quelque chose de commun. Jamais il ne l'avait vue aussi puissante, concentrée, sans prendre en compte les moments où elle faisait glisser un stylo magique sur une feuille blanche. C'était comme si elle avait depuis tout ce temps caché quelque chose au plus profond d'elle, un pouvoir, une force insoupçonnée.
Lucy souffla doucement en stoppant tout geste, laissant s'éteindre en elle la lumière de sa magie. Elle dévoila à nouveau au regard de Natsu ses yeux noisettes, presque bruns, en direction de la porte. Voila que le mage de feu se mettait à paniquer pour la suite en sentant les problèmes pointer le bout de leur nez dans sa relation amoureuse et fonçait sur sa place initiale, tentant de se faire le plus naturel possible lorsqu'elle arriverait. Malgré la contenance qu'il s'efforçait de laisser paraître, il était chamboulé. Le regard que sa partenaire lui avait offert l'avait presque paralysé. Il avait l'impression qu'il n'avait plus la même brillance qu'auparavant, comme si il n'y avait plus rien à l'intérieur. Désespérément vide, un peu comme si son âme avec quitté son corps pour échapper à l'atrocité de la vie. Et la voix de Lucy se fit entendre :
« H,Heu... Natsu ? Tu es réveillé ? Murmura t-elle, sûrement rougissante. »
Elle mentait. Depuis tout ce temps, elle lui cachait quelque chose, et il n'en avait jamais connu l'existence. Elle ne lui faisait pas paraître et cela aggravait la douleur qu'il ressentait à cet instant. Pas un seul lapsus, pas un seul indice, rien. Pourquoi se sentait-elle dans l'obligation de lui dissimuler quelque chose ? Il l'a fixa lorsqu'elle sortit lentement, remarquant par la même occasion qu'elle avait passé un rapide coup d'eau sur ses cheveux pour lui faire croire qu'elle les avait encore lavés. Oui, plus de doute ; Lucy mentait, pas seulement à elle-même, mais aussi à lui.
« Ouais ! Dit-il d'un ton faussement jovial. J'ai à peine eu le temps de m'habiller ! T'as bien dormi, ma Luce ? »
S'en suivit d'un lourd silence, pesant, parce-qu'elle n'avait même pas pris la peine de lui répondre.
Il voulait s'en persuader avant tout. Il voulait croire en elle, croire que la femme qu'il aimait avait de bonnes raisons pour lui cacher la moindre chose. Mais malgré l'effort qu'il y mettait, il n'en trouvait aucune. Alors il prit la décision de ne rien lui dire pour le moment, du moins jusqu'à ce qu'elle ne daigne en parler de sa propre volonté. La mage stellaire s'activait à se changer dans la pièce d'à côté en guettant si le rose arrivait, de peur qu'il ne continue à jouer le voyeur, même si de toute façon, il l'avait déjà vue sur toutes les facettes qu'elle pouvait adopter.
Revenue à ses côtés, elle se focalisa sur le second tableau de missions qui arpentait le logis de Natsu. La plupart d'entre elles, il les avait partagées avec Lucy, et deux trois commentaires heureux étaient annotés sur les feuilles. Une lueur mélancolique s'immisça dans les pupilles de la blonde pendant qu'elle s'amusait à relire les inscriptions qui l'avaient déjà fait tressaillir plus d'une fois, se rappelant que son amant avait pour don de toujours choisir les plus dangereuses, chose qui servait surtout à montrer aux autres membres de la guilde de quoi il était capable.
Toujours posé sur le lit tandis qu'il la fixait, il tenta de lui dire quelque chose, mais il buta sur les mots. Encore et encore, il voulait en savoir plus, connaître les réponses à ses questions, mais il était effrayé des retours qu'il pouvait recevoir si elle apprenait qu'il savait qu'elle lui cachait quelque chose.
« Dit-moi, Lucy... Commença t-il finalement en s'approchant d'un pas peu assuré. »
« Hum ? Répondit-elle, toute enjouée et souriante. »
« Promet-moi que tu ne me caches rien. »
Sa demande l'a surprise. Lucy se sentait déjà trembler et effrayée. Ces mots prononcés d'un ton aussi détaché l'avaient tout bonnement paralysée. Ses yeux humides s'étaient immédiatement écarquillés l'espace d'un quart de seconde dans un battement cardiaque, comme si tout en elle venait de subir un électrochoc. Elle baissa légèrement les yeux et ses mots restèrent suspendus quelques instants tandis qu'il l'a regardait, lui demandant de tout mettre à nu. Il ne pouvait rien faire, si ce n'était la regarder dans le silence pour la voir chercher ses mots dans l'espoir de lui dire ce qu'elle était incapable de dévoiler à qui que ce soit d'autre. La blonde n'aurait su dire pourquoi elle se sentait si mal, après tout, il lui suffisait de mentir, non ? Mais peut-être était-ce cette attitude si détachée, ce ton froid qu'il avait employé ou encore cette résolution infaillible à deviner le pourquoi du comment qui semblait émaner de son interlocuteur. Peut-être que c'était ces paroles accusatrices qu'il avait dites sans vraiment s'en rendre compte aussi, et qui faisait exploser en elle quelque chose dont elle ne connaissait pas même la nature.
Devinant qu'elle n'arriverait à prononcer aucune parole, le rose soupira longuement, les sourcils légèrement froncés, comme s'l remettait soudain en doute sa propre attitude. Il lui faisait du mal à agir ainsi, il le voyait bien aux larmes qu'elle essayait comme en vain de retenir. Elle se reprit finalement d'une voix presque inaudible :
« J, Je ne crois pas, Natsu... Dit-elle en portant instinctivement un main sur sa bouche, là où un bruit de sanglot s'échappait déjà, sans en vouloir y défigurer son unique argument. »
Il la regarda une bonne minute d'un air dénué de tout sentiment apparent. Il profita du fait qu'elle reprenne son souffle pour défaire le poing qu'il avait formé avec sa main droite lorsqu'elle lui avait assuré qu'elle ne lui cachait rien. Un air abattu s'affichait désormais sur le visage du rose et il fit un pas de plus dans la direction de sa dulcinée, qui recula de nouveau par pur réflexe, comme si elle avait peur de lui ou de tout ce qu'il signifiait à ses yeux. Il allait l'abandonner. Mais oui, comment avait-elle pu croire ne serait-ce qu'une seule seconde que tout irait bien jusqu'à son départ inavoué ? Comment avait-elle pu croire que Natsu, l'homme qui lui portait une telle confiance, n'aurait tout de même rien suspecté, rien décelé dans son comportement étrange ?
Et elle se tenait droite, sur ses deux pieds fermes, mais ses yeux ne pouvaient tromper personne. Ils trahissaient toute l'appréhension qu'elle ressentait, tous les doutes et cette peur démesurée qui avait engendré son état actuel. L'abandon.
Le regard du rose s'était exorbité en la voyant reculer de la sorte. Qu'est-ce qu'elle croyait . Qu'il était une bête qui ne désirait que lui faire du mal, la traquer jusqu'à ce que mort s'en suive ? Soudain, l'envie de la prendre dans ses bras le prit de court, et celle de la réconforter, de s'excuser surtout, après l'avoir brusquée de la sorte, lui qui s'était pourtant décidé à attendre qu'elle soit prête à lui parler franchement. Ce fut ensuite à son tour d'avoir peur, peur du cataclysme qu'il venait d'allumer en elle. Peur de la perdre. Il voulait parcourir son cou, son front et sa nuque de baisers cajoleurs pour lui faire comprendre que tout irait bien, qu'il n'avait plus aucune envie de connaître la source de ses cauchemars qui l'obligeaient à la réveiller la nuit lorsqu'il avait la chance de dormir à ses côtés. Oui, il n'avait plus envie de tout ça s'l devait la perdre en conséquence de cause. Et que son amour était plus fort que la tempête qui semblait sur le point de s'abattre sur eux.
Sans vraiment le réaliser, il s'était déjà élancé vers elle sans lui laisser le temps de reculer davantage. C'était sa façon de la supplier, ses bras forts enserrant de toutes ses forces son maigre corps. La supplier de lui pardonner, de rester pour toujours à ses côtés. Elle ferma les yeux, souriant en sentant que son coeur se calmait au fur et à mesure des caresses timides de Natsu. A ses côtés, elle avait l'impression que son mal-être pouvait disparaître, et il le faisait, tout simplement.
« Je suis désolée Natsu, je ne sais pas ce qui m'a pris, haha... »
Continuant de rire timidement, elle essuya d'un petit revers de sa main les larmes qui stoppaient leur course à la limite de son menton, tout en essayant de se retirer de l'étreinte gênante du jeune homme.
« Notre place est avec ceux qu'on aime, Lucy ! »
Elle sentit le câlin se resserrer encore, rougissant un peu. Jamais Natsu ne s'était adressé à elle de cette façon. Il avait l'air si désemparé... s'en voulait-il de l'avoir fait pleurer ? C'était bien son genre tiens ! Son regard s'était adouci. Durant tout ce temps, elle avait cru que le rose ne pouvait pas comprendre grand chose, mais en fait c'était tout le contraire, il avait parfaitement compris que quelque chose l'empêchait de profiter à fond de leur relation, sans se retenir. En observant son regard pesant sur ses joues, elle comprit que les larmes s'étaient remises à les dévaler. Répondant automatique à son étreinte, elle resserra ses bras derrière son dos musclé. Natsu était si fort, comparé à elle...
Oh oui, Natsu comprendrait, lui, parce-qu'il lui avait dit plus d'une fois. Il lui avait dit qu'il l'aimait, et c'était réciproque.
« ... Alors je suis à ma place, Natsu. »
Mais pour combien de temps ?
Les lèvres de la jeune femme s'étirèrent en un sourire agréablement ravi. Contrairement à la plupart des habitants de Magnolia, Lucy adorait l'hiver et ses couleurs pâles. Elle disait souvent que cette saison était douce et bien plus calme que les lourdes chaleurs de l'été. C'était toujours mieux quand il suffisait simplement de se couvrir davantage que de devoir s'abreuver toutes les heures pour échapper aux fortes chaleurs et à l'insolation. Néanmoins, même s'il en était le fond de sa pensée, c'était tout le contraire de celle du jeune homme qui marchait à ses côtés d'une démarche râleuse, le menton écrasé dans son écharpe en écailles blanches. Pour un Dragon Slayer de feu, il était plutôt logique qu'il déteste l'hiver, surtout avec l'enfance triste et solitaire qu'il avait vécue par le passé. Sans parler du fait que la glace s'avérait être l'élément primaire d'un mage qu'il ne portait tout particulièrement pas dans son coeur, et qui devait sûrement se sentir dans son élément à cet instant précis. Cette saison lui était tout sauf appréciable.
La constellationniste pouvait sentir son regard inquiet peser dans son dos, sans doute s'en voulait-il pour ce qu'il venait de se passer, un peu plus tôt dans la journée. Pourtant, après qu'elle se soit calmée en voyant que le rose n'avait aucunement l'intention de lui soutirer plus d'informations sur ce qu'elle lui cachait, elle n'y avait pas refait allusion, et elle ne lui en voulait pas le moins du monde ! Il avait raison, en plus de ça... Ca devait bien arriver un jour ou l'autre, de toute façon, Lucy l'avait toujours su. Natsu était bête, mais même son ignorance avait ses limites. Et maintenant, cet idiot n'osait même plus s'emparer de la main de blonde qui se vexait de plus en plus, elle qui se retrouvait les doigts congelés puisque son manteau était pile à sa taille et qu'aucune marge de sécurité ne les protégeait. C'était décidé : la prochaine fois, elle prendrait des gants.
Après ce qu'il s'était passé, ils avaient tous deux pris la route de la guilde sous la demande de Natsu qui ne souhaitait pas vouloir rester davantage seul avec la blonde de peur de la blesser avec des mots qu'il ne pourrait retenir. La concernée soupira tristement, sachant pertinemment que ses sanglots n'avaient que fait d'inquiéter le garçon, ses yeux lorgnant sans cesse les flocons de neige qui venaient se fixer à sa longue chevelure dorée. Elle ne pouvait entendre que les pas qui la suivaient dans des crépitements, étouffés par l'épaisse couche de neige qui s'était formée sur le sol dallé. Elle fut d'ailleurs des plus surprises lorsqu'une masse de vêtement supplémentaire atterrit sur ses frêles épaules. Elle tourna son visage sur sa droite. Natsu, vêtu d'un simple T-shirt pour se protéger du froid, qui lui adressait un petit sourire en coin. C'est en remarquant que ses puissants bras étaient nus qu'elle comprit qu'il venait de poser sa veste sur les siens. Sentant brusquement le rouge lui monter aux joues, elle le remercia en sachant pertinemment qu'il ne tarderait pas à être frigorifié :
« Merci, Natsu. »
Le tout accompagné d'un sourire éblouissant. Il tourna brièvement la tête en l'entendant le remercier de la sorte, ses joues rosirent légèrement tandis qu'elle se demandait s'il allait bien. Elle le vit du coin de l'oeil ouvrir et fermer plusieurs fois la bouche sans jamais rien dire, ses mains semblant jouer au fond de ses poches.
« C'est... C'est pour me faire pardonner de tout à l'heure.. »
En la voyant sourire de nouveau, il sentit doucement sa nervosité diminuer et tourna enfin son buste entier vers elle, agrippant la main qu'elle lui offrait gentiment. Lucy n'était pas du genre à garder rancune, mais il s'en voulait tout de même de l'avoir fait pleurer de la sorte.
« Je te l'ai déjà dis, Natsu. Soupira t-elle. Je ne t'en veux pas. Juste : je t'en parlerais quand je serais prête, je te le promet, alors arrête de faire une tête pareille. Après tout, c'est un grand jour pour toi ! »
Oui, un grand jour. Il hocha la tête, heureux. Comment ne pas être fier de soit dans de telles circonstances ? Le rose avait attendu tellement longtemps pour avoir enfin le droit d'entendre toute cette reconnaissance que les gens lui portaient ! Il s'était entraîné, battu, débattu, déchaîné. Et finalement, à force de persévérance mais aussi d'une chose enfouie au plus profond de lui, il obtenait enfin gain de cause, après tant d'efforts. Et le sourire de Lucy... si satisfait, franc, quand elle le félicitait encore une fois. Natsu ressentait cette merveilleuse impression d'avoir pris de la hauteur, d'être devenu quelqu'un aux yeux de tous et c'était sûrement ce même sentiment d'arrogance qui habitait le mage de glace tandis qu'il commençait déjà à retirer sa chemise, perché sur une table encore bien casée dans l'alignement qui formait plusieurs allées sous les yeux admiratifs de la mage d'eau. Il avait peut-être un peu trop abusé sur l'alcool.. Ce tableau des plus plaisant fit rire la constellacionniste doucement. Après tout il s'étais tant de fois moqué de sa petite taille, alors elle n'allait en aucun cas faire acte de compassion et le plaindre, il l'avait tout bonnement bien cherché et elle se ferait un plaisir de lui rappeler ses déboires du soir, le lendemain, quand il commencerait à se plaindre d'un mal de crâne passager.
Tout avait été préparé à la perfection, peut-être des heures à l'avance, et il avait encore du mal à croire que c'était en leur honneur, et en la leur seulement, tant ça paraissait subliminal. Les plats qui affluaient en masse, les mots d'encouragement et ceux qui lui souhaitaient de continuer à aller de l'avant... Les amis aux côtés desquels il avait toujours marché prenaient soudain une toute autre allure, une toute autre ampleur, chose qui n'incitait le Dragon Slayer qu'à les protéger davantage. Les « tu es devenu un homme, un vrai » d'Elfman s'étaient éteints depuis que Grey Fullbuster, fraîchement titré au rang supérieur, avait décidé de se déshabiller entièrement devant les yeux innocents de la pauvre Lisanna, qui tentait en vain de calmer le jeu face à la réaction meurtrière qui avait pris possession de son frère. Ça hurlait, essayait de se cacher les yeux, se battait. Rien ne changeait finalement. Mirajane courait dans tous les sens, se glissait entre les tables et se cognait parfois aux quelques serveuses bénévoles. Sur des airs de « Dam Dam Dé Dé, Si Si Olé Olé », Levy tapait dans les mains si gentiment offertes par un Gajeel blasé, heureux au possible qui lui répondait par de simples « c'est quand qu'on cogne dans la baston ? » le regard endormi et las, se sachant incapable de refuser quoi que ce soit à sa partenaire de jeu. Lucy, morte de honte, ne faisait que se demander comment au final avait-elle pu accepter de s'asseoir dans une telle position. Elle se faisait charrier par la blanche qui avait fini par abandonner ses commandes pour venir la titiller gentiment, trop curieuse sur l'avancement de sa relation avec Natsu, accompagnée des remarques de Kanna qui avait décidé de lui apprendre les différentes positions à adopter pour soulager les envies de son partenaire. Elle baissait les yeux, rouge, tandis qu'elle serrait dans ses poings les plis de sa jupe. Elle aurait bien aimé se corriger dans une position plus agréable, mais se sachant sur les genoux de Natsu, avec les conseils qu'on lui glissait à l'oreille, elle n'osait plus bouger d'un poil.
La résonance d'un micro difficilement placé sur l'estrade principale fit sursauter Lucy. Elle tourna son regard marron en direction de la scène, là ou la grande Titania s'avançait timidement en compagnie de Wendy et de Jubia. Un sourire exaspéré suivit d'une goûte de sueur prit place sur son visage lorsqu'elle sentit le tremblement précaire des jambes de son petit ami. Irrécupérable.
« Alors, ahem... Commença la rouge, d'humeur taquine. Je souhaite porter un toast à nos camarades ici présents, je cite : Grey Fullbuster et Natsu Dragnir, qui ont réussi avec brio l'examen pour devenir mage de rang S - même si il est encore difficile pour nous de comprendre comment s'y est pris Natsu pour y parvenir. »
Tout le monde rigola de bon coeur, entendant déjà les râles du concerné qui tentait de se lever sous un élan de rage, difficilement retenu par sa partenaire qui n'avait toujours pas bougé de ses genoux.
« Je plaisante, Natsu. S'excusa-t-elle en souriant. Puis, Grey n'est pas mieux. Après avoir enfin daigné montrer une amélioration, il a enfin monté d'un grade ! Ou presque... En conclut l'animatrice sous de nouveaux rires en voyant le bleu manquer de tomber d'une table, nu et complètement ivre. »
Des applaudissements amplement mérités retentirent dans la salle tandis que des sourires à la fois sincères et encourageants prenaient part sur le visage de chacun. Les deux mages d'élément tout à fait opposés prirent à leur tour place sur la plateforme. L'un était beaucoup trop excité pour rester en place une seconde de plus et l'autre se retenait difficilement debout à l'aide de l'épaule à Jubia qui elle était conquise, même s'il était près à rejeter toute la nourriture de ses cinq derniers jours.
Erza leur expliqua les différents avantages qu'ils obtenaient en même temps que ce nouveau titre, leur soulignant d'ailleurs le passage à l'étage supérieur derrière de sérieuses menaces si jamais ils y mettaient le foutoir.
« Non Natsu, tu attendras la fin de la fête pour y aller ! Soupira-t-elle en retenant le rose par le col de son écharpe parce-qu'il tentait déjà d'y monter. Ensuite... »
La mage de transformation tourna de nouveau la page de son bloc note, ne voulant en aucun cas faire de bavures dans la remise des titres. Le Maître étant momentanément absent, elle se devait d'être conforme.
« Également un grand merci aux deux coéquipières des mages promus, qui ont fait en sorte de les épauler et de les guider dans leurs tâches à accomplir. Applaudissons comme il se doit Wendy Marvel, partenaire de Natsu Dranir, ainsi que Juvia Lockser, partenaire de Grey Fullbuster. »
Les concernées s'avancèrent timidement à leur tour, poussées - ou plutôt menacées - par la mage aux armures. Wendy était au comble de l'embarra. Elle n'avait jamais été habituée à être au centre de l'attention et commençait même à regretter d'avoir été la partenaire du rose, rouge comme elle était. La petite murmura des remerciements incompréhensibles en marchant avant de s'emmêler les pieds et de s'étaler de tout son long sur le parquet. Personne ne prit la place de se lever pour venir l'aider, étant plus qu'habitué de ses chutes quotidiennes, bien que celle-ci lui fut particulièrement douloureuse - et humiliante, aussi. Gênée, elle se hâta de reprendre place aux côtés de Natsu qui lui souriait de bon coeur, amusé. Elle n'était pas du genre à s'en faire très longtemps vis-à-vis de ce genre d'accident, et tout le monde aurait oublié d'une minute à l'autre de toute façon. Il se souvenait encore comment Happy avait boudé qu'il ne l'ait pas choisi une seconde fois mais aux vues des épreuves qu'il avait dû endurer. Mais la mage céleste avait été d'une grande aide, chose dont Happy fut heureux.
Du côté de la mage d'eau, elle était, au plus grand étonnement de tous, plus confiante que jamais. Après tout, elle avait prêté main forte à Grey lors de ses épreuves et leurs attaques combinées avaient même réussi à rendre Erza inactive un quart de temps. Ce n'était pas rien, quand même !
Cependant, son excès de courage disparut bien vite, dès lors où le souffle chaud et sensuel du mage pour qui elle ressentait de forts sentiments amoureux percuta sa nuque, ce dernier étant bien trop ivre pour comprendre les conséquences de ses actes. La conséquence fut que Juvia se vit être totalement désorientée et était partie dormir tout le reste de la soirée.
Un sourire des plus encourageant se dessinait sur les fines lèvres de la manipulatrice de cartes. Kanna n'avait même pas pris la peine de tenter de passer l'épreuve, bien que Maracof l'ait sélectionnée. Après tout, la raison pour laquelle elle se devait de devenir mage de rang S était réapparue auprès d'elle, alors à quoi bon ? Elle avait tout ce qu'elle voulait désormais, ce titre n'était rien à côté de l'amour d'un père.
Chaque personne présente avait trouvé sa place, là, à cet endroit. Grey avait sa place, à se demander encore et toujours pourquoi Diable sa coéquipière de fortune semblait aussi timide auprès de lui malgré toutes ses années. Natsu avait sa place aussi, à caresser ainsi avec tant d'affection la chevelure de la petite mage céleste, à qui il portait désormais une immense gratitude de l'avoir fait monter si haut et d'avoir pris le temps de le soigner durant les dures épreuves qui s'étaient succédées. Erza avait sa place, à essayer de remettre un minimum d'ordre et de contenance dans cette annonce qui à la base, se devait officielle.
Oui, tout le monde avait sa place ici. A la guilde. A sourire et à se rendre compte comme inlassablement que chacun ne serait rien sans l'autre. Alors dit-moi, Lucy, puis-je te poser une question ? Toi, qui sais que la vie est si courte, pourquoi l'as-tu passée à l'attendre ? Pourquoi s'être enfermée dans tes pensées chimériques et dans cette histoire d'amour si utopique ? Tu l'as toujours aimé, depuis si longtemps... et ça ne te suffit toujours pas, que d'être aimée en retour ? Pourquoi n'as-tu tout simplement pas fait face à ton passé pour lui avouer la vérité ? Tu es trop faible, Lucy Heartfilia, tu lui as caché. Tu as caché cette vérité. Minable et présomptueuse.
C'est de ta faute. Tout est de ta faute, alors par pitié, n'affiche pas un tel visage alors que Nab s'infiltre dans la guilde par la porte principale, essoufflé mais heureux de porter une nouvelle qui rendrait Natsu fou de joie.
« Dr... Dragon ! Natsu ! Un homme dit savoir où se trouve ton dragon ! Hurla le mage de sable, heureux au possible pour son ami et trempé par la pluie battante, reprenant difficilement son souffle. »
Lucy avait toujours su qu'Ignir remplissait les rêves et les pensées de Natsu. Il n'y voyait que lui. Lui et seulement lui, il représentait son but, sa raison de vivre. Elle savait qu'il était et resterait à jamais sa priorité et la personne la plus importante aux yeux du rose. Les yeux plissés, elle les ouvrit doucement, papillonnant doucement des paupières en sentant la douleur infligée à son postérieur s'en aller lentement après son piaulement plaintif. Il n'avait même pas pris la peine de l'aider à se relever, beaucoup trop occupé à quémander des informations supplémentaires et des réponses aux questions avec lesquelles il assaillait le pauvre Nab. Le visage baissé, la consellationniste n'avait même plus la force de se relever, ni même d'empêcher le garçon de partir pour une énième recherche qui se solderait de toute évidence par un nouvel échec cuisant. De toute manière, qu'avait-elle à craindre ? La déception de Natsu, elle l'avait vue des millions de fois dans son regard, quand il revenait toujours un peu plus bredouille. Ignir était beaucoup trop bien dissimulé pour qu'il ne le trouve, même si, à cet instant, tout ce qu'elle souhaitait était qu'il le trouve, pour que toute cette histoire se termine enfin. Plutôt contradictoire, non ?
Un sentiment de rage l'envahissait. Et dire que là, elle pouvait très bien le faire... elle pouvait aller le voir, un sourire charmant sur son visage, et lui dire un simple " Je sais où il est. ". Elle ne pouvait plus desserrer les poings, elle se haïssait, et elle haïssait plus que tout l'égoïsme donc elle devait faire preuve. Oui, elle était complètement égoïste.
Un main chaleureuse lui proposa son aide. Un sourire las s'étala sur la jeune femme toujours à terre lorsqu'elle aperçut celui de Grey compatissant, mais surtout exaspéré vis-à-vis du comportement instable de son rival. Lui qui avait obligé Lucy à s'asseoir sur ses genoux, voila qu'elle se retrouvait fesses contre terre ! C'était pas une façon de traiter une femme, ça.
Saisissant la main de son camarade, elle se releva et remit correctement sa jupette désormais un peu poussiéreuse. La seule chose dont Lucy pouvait être fière, c'était qu'elle avait osé se déclarer. Elle avait dit ce que lui avait hurlé son coeur, et non ses devoirs. Elle avait confié au garçon ce que, pendant des années passées à ses côtés, son destin lui avait interdit. Mais tout ça était terminé, depuis qu'elle l'avait rencontré, elle avait usé trop de forces. Lucy avait épuisé tout son courage, et d'un côté, ce n'était pas plus mal ainsi.
« Ne lui en veux pas ! S'exclama le bleu en ressentant la peine de sa camarade. Dès que quelqu'un prononce le nom d'Ignir, il part toujours au quart de tour. C'est Natsu ! »
« Merci. Et ne t'inquiète pas, j'ai l'habitude maintenant ! Lui répondit-elle faussement, joyeuse. Après tout, son père est vraiment très important pour lui... »
A cet instant, le brun crut voir passer au dessus de l'épaule de la jeune fille une ombre furtive et ressentit une soudaine envie de déglutir. Il frémit, comme si une présence inhumaine demeurait derrière elle, juste là, alors qu'il essayait de se concentrer sur cette impression qui refusait désormais de le lâcher. Lucy ne tarda pas à remarquer le comportement de son ami et la direction de son regard qu'elle se mit à suivre avec intention. Mais à peine eût-elle posé le sien à cet endroit qu'elle eût le réflexe de relever le col de sa chemise qui commençait à tomber, faisant apparaître la naissance de son épaule. Son partenaire arqua un sourcil. Que pouvait bien être responsable des marques de la constellationiste ? Soucieux, il posa sa main sur l'épaule et son coeur se mit à battre à tout rompre, tandis que ses bras, ses jambes et tout le reste de son corps se contractèrent, comme si il venait de prendre une énorme bouffée d'air chaud qui lui manquait cruellement à cet instant. Son amie lui cachait quelque chose, ça ne faisait aucun doute. Mais quoi ? Il l'observa, et une révélation évidente prit place dans son esprit. Ce n'était pas Lucy.
Il tressaillit en la voyant se retourner pour l'observer, arborant le même sourire qu'il lui avait adressé il y avait quelques minutes de cela. Un sourire tout aussi compatissant.
« Tu devrais aller prendre un peu l'air, Grey, tu sues de partout. Dit-elle, inquiète. Quoique, tu sues tellement que tu en attraperais froid... »
« Je... Qu, Qu'est-ce qui t'arrive Lucy ? Murmura-t-il, les yeux exorbitants. »
« De quoi tu parles ? Se choqua-t-elle, perplexe. »
Le mage de glace dégagea son emprise et alla se réfugier dans un autre coin de la pièce sous les yeux interrogateurs de la jeune fille, traînant difficilement sa jambe endolorie. Il ne pouvait pas en croire ses yeux. Il en tremblait. Ce n'était pas elle, il en était certain, du moins elle n'était pas dans son état de tous les jours. Mais il savait que ce n'était pas la mage stellaire qui le mettait dans un tel état, mais tout autre chose. Un poids, une pression, quelque chose en trop qui résidait en elle mais dont il n'arrivait pas à deviner la nature. De loin, il la regarda rejoindre Natsu et observa le couple d'un air méfiant. Lucy gardait quelque chose pour elle seule et c'était loin d'être agréable pour sa santé morale. Et Natsu qui continuait, aveugle, de lui exprimer sa joie depuis qu'il savait son père probablement vivant, toujours harcelé par Happy qui continuait à essayer de le convaincre pour venir avec lui. Et elle, elle riait de bonheur, et personne d'autre que lui n'avait perçut le réel sentiment qui exhalait de sa voix.
« Du regret. Se persuada-t-il silencieusement. »
Le trajet s'était fait dans un silence religieux, au plus grand malheur du rose. Lui qui s'était imaginé tant de fois la joie encourageante de Lucy, avec des baisers remplis de tendresse et pleins de mots pour lui donner la forme...
Il neigeait faiblement, à peine quelques flocons, trop lourds pour résister à la fonte de la veille, qui venaient s'écraser lamentablement en formes de taches disgracieuses sur le sol. L e rose avait pris la liberté de passer son bras par-dessus les épaules de sa dulcinée pour qu'elle n'attrape pas trop froid, la sachant particulièrement vulnérable à cette période de l'année. Même s'il l'a voyait calme et silencieuse, il l'a savait agitée intérieurement. Et pour cause : elle n'avait depuis pas daigné relever son magnifique regard noisette vers lui, s'entêtant à fixer inlassablement ses bottes humides. Il ne pouvait s'empêcher de la guetter du coin de l'œil, inquiet face au comportement qu'elle avait adopté. Il espérait juste que ses pensées néfastes ne refaisaient pas encore surface.
Il lui avait fallu tellement de temps pour l'approcher, la découvrir, l'aimer d'amour... Elle était sa bouée de sauvetage, sa seule défense contre la solitude qui l'avait poursuivi tout au long de son enfance médiocre. Elle était la lumière au bout du tunnel. Alors c'était sans prétention aucune qu'il osait penser qu'il l'avait amplement méritée à ses côtés. Mais malgré se l'être dit et encore dit sans cesse, il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il n'arrivait pas à la rendre heureuse.
C'était toujours pareil. L'espace d'un instant, elle n'aspirait que joie et amour, puis au final, plusieurs heures après, cela dépendait, une mélancolie lancinante venait la prendre de court et elle s'isolait dans un cocon de substitution. Il avait tout essayé pourtant, à chaque nouvelle crise, à chaque nouveau coup de blues ! Mais la faire sourire de manière mensongère n'était pas suffisant à lui apporter son contentement. Et elle, elle persistait à agir comme si tout allait bien, à lui mentir, à camoufler son mal-être... Il ne pouvait plus que l'observer, impuissant, incapable de lui venir en aide, inutile.
Il ne pouvait plus le supporter, il devait impérativement prendre une décision pour l'aider, pour qu'elle aile mieux coûte que coûte. Mais malheureusement pour sa détermination, elle n'avait pas l'air d'humeur à aborder le sujet, comme à chaque fois, et Natsu avait peur de laisser des larmes tacher son visage de porcelaine détruit.
« Tu n'as rien oublié surtout, hein ? Vêtements de rechange, réserves de nourriture... Tu as bien dormi ? Tu tes couché tôt j'espère ! Élucubrait-elle en relevant son visage. Ah, et la carte, tu l'as la carte ? »
Ils allaient bientôt arriver, et ce n'était que maintenant qu'elle se décidait à lui adresser la parole ?
Et pour lui dire ça, en plus ? Il étendit son bras et passa le deuxième autour de sa fine taille, continuant leur marche silencieuse. Le manque de joie les étouffait comme un étau et ce fut deux ou trois minutes après seulement qu'il osa enfin lui répondre, lassé de la voir fixer sans cesse son visage fatigué.
« Non... J'ai rien oublié... »
Elle resserra son écharpe autour de son épais cou, de peur qu'il n'attrape froid en le faisant rougir, chose inutile me diriez vous mais qui avait son côté mignon. Les sifflets nuageux de la machine parvenaient douloureusement à ses oreilles meurtries pour le départ de son bien aimé. Il lui suffisait de ne dire qu'un mot, un seul, pas un de plus, pour le retenir ici et l'empêcher de partir encore en vain, mais tous ses sentiments semblaient mourir lamentablement au fond de sa gorge, tout comme les vérités qu'elle lui cachait. Elle se mordit férocement la lèvres inférieure et dû la mâchouiller au moins dix fois de manière frénétique pour ne pas la laisser trembler devant lui. Elle se claquait mentalement pour se retenir de monter dans le train avec le mage de feu, histoire d'être bien sûre qu'il rentrerait sain et sauf. Cependant, les directives de la personne qui avait aperçu ledit dragon avaient été très claires ; Natsu devait s'y rendre seul. C'était un peu louche d'ailleurs, mais le rose était bien trop heureux pour s'en rendre compte. Alors elle restait là, en face de la porte de la locomotive qui menaçait de se refermer un peu plus à chaque seconde de plus qui passait. Il était debout, une main contre le mur de la cabine pour s'empêcher de tomber en dehors, penché au dessus d'elle.
« Tu n'as vraiment rien oublié, hein ?... Tu as le remède de Wendy ? Tu sais, celui qu'elle t'as donné au cas où tu serais blessé ? Et la lacrima de communication en cas d'urgence ? Ne l'utilise pas à tout bout de chant surtout, sinon elle finirait par se décharger ! Répétait-elle pour chercher un sujet de conversation. »
« Mais non, t'en fait pas Lucy ! Rigola-t-il, amusé de la voir si embarrassée. J'ai tout pris. »
« Euh... »
« Quoi, il y'a autre chose ? Continua le rose, esquissant un nouveau sourire en lui tapotant gentiment le derrière de la tête. »
Elle parut se courber pour mieux réfléchir.
« ... Tu vas vraiment t'en aller ?... »
Il fut surpris par l'intonation qu'elle avait employée. Sa voix paraissait brisée, et c'était une chose qui, d'un côté, le rassurait un peu. Il allait lui manquer et c'était déjà ça de gagner.
La jeune femme tenait fermement le haut de sa poitrine comme pour atténuer une certaine douleur, les sourcils froncés.
On a beau se bercer d'illusions pour se sentir mieux, se mentir à soit-même le temps d'infimes secondes, vivre un bonheur fictif, dès ors où le rêve s'achève, la réalité nous retrouve pour nous frapper de plein fouet.
Sa vue se brouillait. Sa gorge se serrait pour l'empêcher de respirer. Et le pire était que c'était exactement pareil pour elle. Elle en avait assez d'être égoïste, de lui mentir, de faire semblant. Elle voulait un signe, un signe qui contredirait le fait que Dieu ne puisse lui offrir le bonheur, le vrai, celui qui se vit et non pas celui qui se rêve. Qu'ils ne soient pas ensembles lui importait peu à cet instant précis. Le savoir heureux et vivant, même loin d'elle, ça lui aurait largement suffis. Un alizé balayait sa longue chevelure qui restait dorée à toute épreuve.
Il la regarda un peu, ses yeux brillaient d'une lueur amoureuse. Il avait l'habitude de la voir lunatique et il aimait ça. La tête ainsi relevée vers la sienne comme un adieu, elle lui offrait une image des plus adorable. Pour une fois que ce n'était pas lui qui jouait l'enfant, il avait envie de se frapper de devoir lui refuser le caprice de rester, après tout, elle le méritait. Pour lui offrir un peu de sa force, il posa doucement sa main libre et réchauffante sur sa joue pâle alors qu'une larme venait danser entre ses doigts. Un sourire forgea sa mâchoire.
« Je ne m'en vais que pour une semaine seulement, Lucy... Souffla-t-il, attendri. »
« Je sais. »
Elle pleurnichait, voila, c'était trop craquant. Et elle reniflait une nouvelle fois, resserrant davantage son cœur courber pour mieux éviter ses onyx si perçant. Il savait parfaitement qu'elle n'en avait pas le droit, et pourtant, oui pourtant, il allait le lui demander avec ce sourire si mature qu'il avait forgé au fil des années.
« Tu veux venir avec moi, Luce ? »
C'était impossible. Ce murmure, à peine prononcé, juste respiré, il était inutile et ne ferait que la rassurer. Il le savait, mais c'était déjà ça, bien qu'il aurait vraiment désiré qu'elle puisse l'accompagner. C'était quoi cette histoire aussi, d'y aller tout seul ? C'était complètement injuste. La laisser sur la quai, comme ça, alors qu'elle pleurait comme une enfant, c'était vraiment.. injuste.
Il allait la laisser, de cette façon, vulnérable à la foule qui se pressait pour ne pas être en retard. Lucy se serait cru dans d'un vieux roman à l'eau de rose. Pourtant, elle pouvait le dire, c'était dans son droit, ça lui était même conseillé ! Ne pas le voir en se sachant tout à fait coupable allait la tuer, et quand il reviendrait, abattu, ça serait encore pire. Mais... que pourrait-elle bien lui dire après ça ? Elle essaya difficilement de mimer un non de la tête, en vain. Dans un dernier effort, elle étira ses lèvres et lui lança un ultime sourire :
« Bon voyage. »
Il était complètement faux, tout comme l'étincelle de son regard. Alors qu'elle se retournait pour partir en courant, il refusa de s'en contenter et saisit son poignet pour l'attirer tout contre son torse dans un grognement féroce, avant d'attraper son menton et de l'embrasser avec passion. Il retrouva son visage avec ses mains alors qu'il posait déjà ses lèvres sur les siennes. Brûlantes. L'intégralité de son corps tremblait. Le mage de feu faisait preuve d'une terrible cruauté en agissant ainsi, elle le détestait. Il avait demander accès à sa bouche directement, sentant le temps lui manquer et l'envie lui monter. Un nouveau sourire se forma contre ses lèvres prises d'assaut et Lucy faillit tomber lorsque les portes la séparèrent du rose. Elle avait eu l'impression qu'elles avaient retardé leur fermeture pour qu'elle puisse savourer l'instant. Touchant ses lèvres encore humides, elle se convainc de ce qui lui resterait à faire. Oui, elle en serait capable. Elle serait là quand il reviendrait, pour l'enfermer dans ses bras et le réconforter de son désenchantement.
Natsu n'était pas encore parti s'installer. Il était toujours là, debout, à la regarder pleurer. Elle savait qu'il ne bougerait pas tant que le train n'aurait pas démarré, tant qu'il pourrait encore voir sa silhouette dans le paysage. Sa main toujours posée contre la vitre pleine de buée gelée, il parut murmurer quelque chose, un sourire plein de promesses aux lèvres mais Lucy n'entendit rien. Elle s'affola. C'était peut-être important, oui, sûrement. Il fallait qu'il répète, il fallait qu'elle sache, mais déjà, la machine grondait et lui intimait de reculer du bord.
« Quoi ?! Hurla-t-elle au rose en s'approchant, les jambes encore tremblantes, au risque de tomber. Natsu ! Répète ! Qu'est-ce que tu racontes ?! J'entend rien Natsu ! Je... J'entend rien... »
Trop tard. Le train était parti, la laissant seule sur le béton de la gare, les genoux au sol. Elle ne savait vraiment pas ce qui lui arrivait, ni pourquoi elle se retrouvait dans un pareil état, mais tout ce qu'elle pouvait affirmer, c'est que sa seule envie était de pleurer. C'était peut-être la fois de trop, la saturation de ce qu'elle pouvait accepter. Et les wagons défilaient devant ses yeux, aspirant quelques unes de ses mèches d'or sans jamais laisser revenir Natsu.
Natsu se sentait... terriblement bien. Il pouvait pleinement profiter des turbulences sur les rails sans ressentir cette odieuse envie de vomir son repas. Heureusement que Wendy était là, des fois.
Voila, Lucy avait disparue de son chant de vision, à son plus grand dam. Il lui semblait qu'elle ait hurlé, mais il n'en était pas vraiment sûr. Soupirant dans un énième sourire mélancolique, il prit son sac de voyage à la main et se mit en tête de trouver une place libre avec lassitude. Il ne lui fallut pas plus de deux secondes pour dénicher un canapé entièrement libre. Posant d'abord ses bagages sur le port prévu à cet effet juste au dessus de ce dernier, il s'assit et porta son regard pensif vers les plaines qui défilaient sous ses yeux, le visage soutenu par sa main. Un soupir eût raison de son visage las. Il espérait seulement que Lucy aille bien en son absence, et que Grey soit un homme de parole.
« Natsu qui veut me parler seul à seul ? C'est pas commun.C'est demain qu'tu t'en vas, non ? Demanda le bleu, une pointe d'ironie dans la voix »
Le temps était doux, pour une fois. Aucun nuage, aucune perturbations n'était à prévoir. Grey ne le laissait pas paraître, mais il s'inquiétait tout autant que Natsu, voire plus, au sujet de la mage stellaire. Alors cela ne l'avait nullement étonné lorsque son rival lui avait demandé de lui parler. En effet, les jours passaient et Lucy s'était complètement renfermée sur elle-même, et ça même la guilde l'avait remarqué, au plus grand malheur du mage de feu. Elle ne parlait quasiment plus et se contentait d'écouter les paroles de ses amis, souriante. Elle ne semblait pas non plus avoir conscience de ce qui l'entourait, et pour tout vouer, elle ne se nourrissait plus beaucoup selon les dires de Natsu.
« ... Ouais. Mais j'ai besoin que tu me rendes un petit service pendant mon absence. »
Face à face, ils se regardaient comme s'ils ne s'étaient jamais connus. Natsu avait demandé à Grey de venir dehors, au pied du grand arbre, juste devant la guilde. C'était quelque chose d'important, le brun le savait, même si être sérieux en sa compagnie était dur à gérer.
« C'est Lucy ? Dit-il simplement, le ton indifférent. »
Le rose parut hésiter un instant et finit par soupirer lourdement. Il se sentait encore et toujours impuissant lorsqu'il s'agissait d'elle, et même là, il devait demander de l'aide à son pire rival. Comme quoi...
« Pendant que je serais là-bas... J'veux qu'tu soit là, toi. Enfin, la laisse pas toute seule, elle est étrange en ce moment, je crois qu'elle déprime un peu. Lui confia-t-il, dépité. Prend soin d'elle. »
Grey ne répondit pas, au plus grand étonnement du mage de feu. En vérité, il pesait ses mots, ou du moins il les cherchait. Devait-il lui parler de la drôle de marque qu'il avait cru entrevoir sur le corps de Lucy, la dernière fois ? Le problème était que Natsu pouvait se montrer très impulsif, il serait près à même annuler son départ pour mettre cette histoire au clair avec elle... Et Lucy lui en voudrait, en plus de ça...
« Y'a quelque chose dont tu voudrais me parler ? Demanda Natsu, les sourcils froncés. »
Forcé de sortir de sa torpeur, il secoua des mains pour nier les faits. Après tout, il s'était peut-être trompé, aussi... Il n'avait pas eu le temps de s'en assurer, ça pouvait très bien n'être qu'un bleu. Elle se cognait souvent dans les meubles, quand elle aidait Mirajane au bar, ces derniers temps. Elle faisait également tomber beaucoup de choses par faute d'inattention. Grey pouvait sentir facilement la nervosité de son coéquipier, sentant que ses nerfs en avaient plus qu'assez qu'on lui mente en permanence ces dernier temps.
« Non. Lâcha-t-il. T'façon, j'avais l'intention d'la surveiller, t'inquiète pas pour ça. Tonton Grey est là ! Rigola-t-il. »
Natsu grogna face au comportement trop détendu de son équipier. Il devait absolument s'assurer que Lucy irait bien pendant son absence pour pouvoir partir la conscience tranquille.
« Nan mais Grey, t'as pas compris là, j'suis sérieux, j'déconne vraiment pas. Elle va vraiment pas bien, elle me cache quelque chose et ça à l'air de pas mal lui peser. Ça fait déjà trois fois que je l'a surprend en train de pleurer toute seule dans son lit, elle risquerait de faire une connerie si personne ne l'a surveille ! Joue pas l'con, j'espère que j'peux au moins te faire confiance à son sujet. »
Un ange passa, le temps que le tout remonte vers le cerveau du bleu.
« ... J'déconnais pas. Susurra-t-il en repensant à l'échange qu'il avait eu avec la blonde. »
Lucy était sa nakama, elle lui était importante à lui aussi. A cet instant, il pourrait parler au nom de toute la guilde en disant que de voir un t aussi sérieux était quelque peu déconcertant après ce discourt hors du commun. Il sentait quelque chose émaner de son ami. De l'inquiétude. Et ça, il aurait tout fait pour effacer ce sentiments au rose qu'il considérait comme son égal.
« T'as dis quoi ? »
Il reprit, plus ferme :
« J'ai dit que je déconnais pas. Compte sur moi. »
Il arrive parfois qu'une personne puisse perdre le contrôle, que son inquiétude soit telle qu'il puisse en perdre la raison. Que cette personne puisse être effrayée de son impuissance face à une situation quelconque, ou encore sentir ce sentiment qui vous empêche de vous sentir un tant soit peu meilleur. Parce que oui, cela fait partie de nous. Et Natsu n'échappe pas à la règle, bien au contraire. Il se sentait fautif, coupable de l'a laisser seule. Pour lui, que ce soit une semaine ou plusieurs mois, l'a laisser aussi démunie le rendait fou. Mais pour une fois, une évidence lui venait naturellement, ce n'était pas quelque chose qu'il avait peur de perdre, mais c'était bel est bien quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'était elle.
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Dans un bois reculé, loin de toute cette agitation rurale, une silhouette élancée sautait d'arbres en arbres, atterrissant maladroitement sur les branches crasseuses et parfois glissait, se reprenant de justesse avec sa démarche malaisée, car une blessure limitait ses mouvements et souvent, l'empêchait de se mouvoir correctement dans les broussailles. Elle avançait en silence, seul le bruit de ses vêtements frôlant la verdure brisait le silence forcé, ses yeux marrons fixés sur l'horizon et les troncs qui lui barraient la route, la tête droite jamais retournée vers l'arrière. Les années étaient passées depuis son entrée à la guilde de magiciens, et croyez–le ou non, elle était devenue depuis l'un des membres les plus prometteurs aux yeux des autres, mais également à ceux de Maître qui la dirigeait. Avec agilité gauche, elle entama sa descente, retombant avec succès à pieds joints. Elle se retourna, soupirante, vers l'ennemi qui la suivait depuis plusieurs minutes déjà car elle n'avait pas réussi à le semer.
« Tu ne vas pas lâcher l'affaire n'est-ce pas ? Le questionna-t-elle d'une voix lasse, désintéressée de la douleur qui la prenait de court, comme si c'était le cadet de ses soucis pour le moment. »
L'homme s'avançait. Il ne désirait qu'une chose à cet instant bien précis, c'était rabattre le caquet de cette petite mêle-tout effrontée. Par sa faute, il venait de perdre l'un des plus gros contrat de vente de toute sa vie sur un objet de magie noire. Il aurait pu se refaire les poches, mais il avait fallu que cette foutue gamine intervienne au mauvais moment ! Mage de Fairy Tail ? Il attendait encore de voir ça ! Depuis qu'il la coursait, elle n'avait même pas daigné utiliser la moindre poussière d'un quelconque pouvoir magique, chose qui ne le surprenait pas plus que ça, car à première vue, elle ne devait pas être très performante de ce côté-là.
« C'est de ta faute, sale petite traînée ! Tu crois que je vais te laisser déguerpir de la sorte alors que j'ai perdu une affaire de cette taille ? »
Il ne put prononcer une seule syllabe de plus qu'une douleur fulgurante s'élança depuis sa cuisse et se dirigea directement dans le reste de ses membres, engourdissant l'espace d'une seconde l'intégralité de son corps tendu à l'extrême. Perplexe et affolé, il regarda vers bas, remarquant la tache de sang s'étendre sur le tissu de son pantalon de sa jambe droite. Il hurla de douleur, lançant un regard noir à la blondinette qui gardait les bras en l'air juste après lui avoir lancé sur arme droit dans la cuisse.
Lucy avait toujours détesté qu'on critique sa façon d'être, et l'insulter de traînée suffisait à la mettre hors d'elle. C'était bien fait pour lui, il n'avait qu'à ne pas lui manquer autant de respect. Ca lui apprendra les bonnes manières, tiens.
« Bon, je te propose deux choses... Soupira-t-elle en le voyant gigoter dans tous les sens tant il avait mal. La mission durait selon elle trop longtemps, elle avait terriblement envie de rentrer chez elle le plus tôt possible. Soit tu viens gentiment avec moi au siège du conseil pour que je puisse gagner mon petit salaire du mois, soit on complique la chose à ta manière et crois-moi, j'en ressortirais dans tous les cas vainqueur. »
Les nerfs du vendeur de mauvais goût venaient d'exploser pour de bon. Il ne supportait pas qu'une femme puisse le prendre ainsi de haut, avec autant de vanité dans le regard. Habituellement, elles atterrissaient toutes dans son lit, et pas autrement. Concentré, il plaqua deux mains fermes l'une contre l'autre et bougea ses doigts de façon minutieuse et précise, de façon à ce qu'ils se lient et se délient en rythme sans se cogner, faisant apparaître une boule d'énergie puissante à l'intérieur.
« Mauvais choix. Ricana-t-elle avec agacement. »
Avant qu'il ne puisse tenter quoi que ce soit dans son petit élan de survie, les jambes de son adversaire devinrent lourdes au point de ne presque plus pouvoir le soutenir, et sa respiration saccadée se stoppa net dans sa gorge serrée. La silhouette d'un jeune homme arriva à sa hauteur, s'adossant de façon nonchalante à son épaule abaissée, faisant monter sa colère à son apogée. Enfermé dans de la glace, il devait être très dur de changer d'expression faciale après tout !
« Ca t'apprendra à ne pas écouter la demoiselle ! Rigola le garçon en débarquant, lançant un regard plein de pitié pour cet homme qui n'avait même pas remarqué sa présence plus tôt, trop énervé. »
Lucy lâcha un souffle soulagé en rejoignant son ami. Jouer une personne stoïque sans une once de peur et d'appréhension n'était vraiment pas fait pour elle. C'était loin de faire partie de sa personnalité, les autres avaient d'ailleurs dû le remarquer très vite. Bien que ses capacités magiques aient énormément évoluées au fil des années, elle restait de nature craintive, chose qui avait pris l'habitude de disparaître, mais seulement lorsqu'elle se trouvait tout près de Natsu Dragnir, mage pour qui elle ressentait de forts sentiments amoureux.
« Utiliser une frêle et fragile jeune fille telle que moi comme appât, c'est tellement lâche de ta part, Grey ! Pleurnicha-t-elle en plongeant son visage dans ses mains après avoir subi la souffrance de sa blessure tout le long du trajet. »
Le manipulateur de glace lui lança un sourire rempli d'excuses, n'étant pas très fier de lui non plus. Ils allèrent s'asseoir près d'un arbre pour qu'il puisse s'occuper maintenant de la blessure de sa coéquipière qui la faisait geindre de manière peu retenue. Heureusement, elle n'était pas si profonde, il y avait plus de peur que de mal en fait.
Les jours étaient passés depuis le départ de Natsu, faisant grandir dans l'esprit de la blonde un terrible mal-être. Elle était de plus en plus inquiète à mesure que le temps passait et qu'il ne revenait pas. Une semaine était très vite passée, il lui avait promis de revenir le plus vite possible mais ce n'était apparemment plus le cas car elle n'avait pas de nouvelle depuis ce qu'il lui semblait être des lustres. La mage stellaire savait parfaitement que tous les membres de la guilde tentaient comme en vain de la rassurer en faisant attention plus que jamais à elle, mais elle ne pouvait qu'en rester indifférente. Tout ce qu'elle voulait, c'était le rose, et personne d'autre. Même la mission que Grey lui avait proposée de faire ensembles – étant la capture d'un mage noir – ne lui avait pas décroché un seul sourire franc. Elle aimait beaucoup Grey, mais ce n'était pas pareil... elle n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à l'absence du Dragon Slayer depuis qu'il était parti tout seul, chose qu'avait su remarquer son rival car il prenait conscience que la promesse qu'il lui avait faite serait plus difficile à tenir que prévu.
« On rentre ? Proposa-t-il en lui tendant la main pour l'aider à se relever avec le faciès encourageant pour essayer de la soulager. »
« Aye ! Dit-elle avec enthousiasme. »
Elle saisit sa main, un peu heureuse de l'avoir avec elle, et essuya ses vêtements quelque peu salis. Grey soupira, saisissant le colis humain qu'il allait devoir porter à pied tout le trajet durant. Lucy était épuisée, il valait mieux renter selon lui s'il voulait prendre correctement soin d'elle.
La jeune femme s'étira à ses aises, sentant la chaleur de l'intérieur parcourir son épiderme avec un bien fou. L'hiver ne lui faisait jamais de cadeau, elle était très frileuse de nature. La guilde était calme pour une fois (déjà, il fallait dire que le principal enquiquineur n'était toujours pas là...), chose qui ne la surprenait plus depuis quelques jours. Tout le monde tentait de lui cacher sa crainte, son inquiétude, mais ce n'était qu'une façade et elle le savait pertinemment, se forçant chaque jour à sourire un peu plus et à leur faire croire qu'elle ne voyait en rien leur petit manège affectif. Autrefois, elle ne faisait que geindre, se plaindre, renoncer à la première difficulté qui lui barrait la route, mais depuis qu'elle les connaissait, sa vie était devenue tellement moins monotone... Elle avait changé, et en bien.
Le vent matinal lui fouetta les jambes, emportant sa chevelure attachée en queue de cheval dans des mouvements gracieux avec elles. Elle rangea une mèche trop courte pour atteindre le nœud derrière son oreille, Mirajana avait dû laisser une fenêtre ouverte.
« Je suis rentré. Murmura une voix sourde derrière elle. »
Elle se retourna dans un coup de vent, choquée de ce ton si fatigué. Depuis qu'elle était toute petite, Heartfilia n'avait eu jusque son arrivée à l'établissement aucun ami. Elle s'était toujours retrouvée seule, partagée entre les cours à domicile et les bonnes manières à apprendre dans sa prison dorée. Elle avait toujours mis cette solitude sur la dureté de son père. Son esprit lui répétait sans cesse que, s'il avait pris l'initiative de ne lui laisser ne serait-ce qu'un semblant de liberté, elle aurait pu être heureuse et rire comme tous les enfants de son âge. Mais elle se mentait à elle-même, se voilait la face, tout simplement. Lui, lui qui se tenait là, juste derrière elle, les lèvres étirées pour elle mais ensanglantées, lui n'avait jamais eu peur du regard que pouvaient lui porter les autres. C'était tout son contraire à elle, elle qui rejetait toujours la faute sur les autres. Malgré que son père adoptif l'ait lui aussi abandonné, il réussissait à survivre, à apprendre l'amour et à partager son amitié avec tout le monde, lui enseignant tout ce qu'il savait par la même occasion. Il était fort, courageux, buté et lui redonnait confiance, mais maintenant, il ne paraissait plus être comme toujours. Faible, malheureux, effondré et démuni d'une moindre force restante. Et tout ça, c'était de sa faute, et entièrement de sa faute.
« Putain Natsu !! S'écrièrent Gajeel et Grey dans un parfait accord en accourant vers leur ami qui s'effondra sur le sol gelé, les jambes trop flageolantes. »
Elle déglutit, les yeux vibrants tout autant que son menton. Blessé de partout... Natsu était blessé de partout, les vêtements déchirés, les traits tirés et les plaies ouvertes aux infections. Elle était tellement horrifiée qu'elle n'osa même pas pleurer la moindre larme, toute sa voix bloquée dans sa gorge gonflée. Elle n'arrivait pas à supporter le regard qu'il lui lançait, celui qui tentait de la rassurer malgré son état plus que tragique. Comment... Comment avait-elle pu être aussi égoïste ?... Comment avait-elle pu, sans réfléchir davantage ou même le retenir plus longtemps, le laisser partir pour cette quête qu'elle savait d'inutile ?! Elle était un monstre, voire pire, il n'y avait plus aucun doute à cela...
Ses jambes tremblaient, elle ne parvenait pas à le rejoindre à une vitesse convenable. Elle devait en être capable pourtant ! Capable de l'atteindre, de l'enlacer tout contre elle, de l'aider à rejoindre l'infirmerie en lui promettant que tout irait bien, pleine d'inquiétude. Alors pourquoi... ? Pourquoi... ça lui paraissait aussi inaccessible ?
« Luce ?... Souffla-t-il en passant devant elle, allongé sur une civière apportée et portée par ses camarades. »
Comme il pouvait être soulagé de voir qu'elle allait bien... Pour lui, c'était tout ce qui comptait. Les garçons qui le transportaient s'était arrêtés quelques instants pour lui permettre de parler à la mage stellaire, sachant pertinemment qu'il refuserait n'importe quel soin avant cela. Il pouvait être très têtu, même là, agonisant de son combat acharné, à lui sourire de soulagement, sentant ses yeux devenir lourds à mesure que le silence lui tombait dessus. Il se trouvait si proche d'elle et pourtant... Pourtant Lucy avait la nette d'impression d'être à des milliers de kilomètres de lui, d'avoir quitté sa longueur d'ondes et que son cœur venait d'engendrer en elle des blessures incapables à cicatriser avec des médicaments. L'espace de quelques secondes, elle avait vu sa main se tendre dans sa direction dans un élan plein d'espoir et ses yeux la regarder, brillants d'une lueur qui lui avait instantanément réchauffé le cœur. Mais voila, ça n'avait duré que quelques secondes, comme s'il comptait toujours lui tendre ses bras cajoleurs pour la presser fort contre lui, comme avant, alors qu'il était au point mort. Oubliant tous ses problèmes, elle agrippa fiévreusement sa main, se courbant un minimum, tête baissée. Elle n'en pouvait décidément plus. Elle en avait tout simplement assez de tout ça. Elle sentait l'étonnement de Natsu en la voyant aussi affolée face à son état, mais il se contenta de ne rien dire, la fixant avec tout l'amour qu'il ressentait pour elle, sentant sa chaleur le calmer un tant soit peu. Malgré ça, quand il vit sa partenaire ramener sa main contre sa poitrine, il sut que rien n'était arrangé dans son fort intérieur, et ses yeux perdirent toutes les lueurs enjouées qui les parcouraient. Ce fut seulement là, plongé dans son regard perdu, qu'il avait réalisé qu'il était passé à côté d'une chose primordiale depuis tout ce temps. Lucy n'allait pas bien, et c'était à lui d'y remédier le plus vite possible.
« Go... Gomenasaï, Natsu... Antoni... gomenasaï ! S'enroua-t-elle en resserrant ses doigts à l'intérieur des siens, les larmes affluant par dizaines sur ses joues rosies. »
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Ses mains restaient en dehors des draps blancs que Mirajane et les autres avaient été obligés de changer plus d'une fois à cause de son sang qui refusait de coaguler convenablement et qui tachait avec un entêtement certain ces couvertures. Il était calme, posé, la tempête de son arrivée étant enfin terminée pour le laisser se reposer comme il se devait. Il les avait tous inquiétés, il le savait et se détestait rien que pour ça, mais il n'en avait pas vraiment eu le choix. Il ne se voyait pas s'arrêter autre part qu'à la guilde pour qu'on puisse panser ses blessures, et revoir sa dulcinée le plus vite possible était la chose qu'il n'avait cessé de vouloir. Il s'était d'ailleurs excusé du mieux qu'il le pouvait auprès d'elle, quand elle s'était effondrée sur ses jambes en le croyant dépérir. Elle était encore très jeune malgré les années qui passaient et ça le gênait au plus au point de l'avoir amenée dans une telle situation.
Son regard onyx restait fixé sur un point que lui seul voyait, son cerveau menant avec lui une longue et profonde réflexion. Il se haïssait sur le moment. C'était vrai quoi, comment avait-il pu ignorer le mal-être de Lucy encore cette fois en partant de la sorte ? Elle voulait qu'il reste, elle ne voulait que ça et il l'avait très bien vu, mais il s'était contenté de partir comme si de rien n'était quand elle eût prononcé le contraire. Tout ça à cause de cette foutue fierté qu'elle s'entêtait de garder. Si ça ne tenait qu'à lui, il serait déjà debout, en train de marcher dans la rue pour aller la rejoindre jusqu'à son appartement où elle était sûrement en train de se morfondre toute seule. Mais ça, c'était sans compter sur Erza, qui en avait jugé autrement, bien qu'il l'ait menacée de la bouder pour le restant de ses jours, son refus avait été catégorique : interdiction de bouger de l'infirmerie tant qu'il n'allait pas mieux.
Les mages de la guilde s'étaient déjà presque tous accumulés dans sa chambre, lui quémandant des explications après l'avoir retrouvé dans un tel état. Malgré tout, il se hâta d'ignorer toutes les questions qui le noyaient et demanda à Lisanna des nouvelles de sa blonde, de ses journées qu'il avait ratées pendant tout ce temps. Dès lors, elle sembla se raidir très vite. Il la fixait, espérant d'elle une quelconque remarque positive. Mais au plus grand étonnement de la blanche, il n'avait pas été surpris du départ de la blonde car il s'y attendait et était préparé à ça. Lui qui aurait dû se sentir mal après qu'elle soit rentrée chez elle, il n'en avait pas l'air car il comprenait parfaitement le malaise qu'elle avait dû avoir après son retour aussi désastreux. Il se sentait... Il se sentait pitoyable, mais tant pis, ce qui était fait était fait. Il se tortillait les doigts sans vraiment s'en apercevoir. Son coéquipier, Grey Fullbuster, lui avait confié que Lucy n'avait pas parlé de payer son loyer depuis des semaines, chose bien étrange puisque c'était d'ordinaire sa principale occupation.
Tous ses camarades s'empressèrent de lui demander de quoi il en était, et c'est là qu'il put leur soumettre de leur donner une réponse à une seule condition. Il accepterait de tout leur raconter si la grande Titania lui donnait l'autorisation de rejoindre Lucy par la suite.
« Soit... Soupira la rouge en voyant tous les regards braqués sur elle pour qu'elle cède. Après tout, grâce à Wendy, tu es en partie guéri, mais tu seras néanmoins obligé de te déplacer en béquilles pour ne pas t'endommager davantage, c'est compris ? »
Le garçon grogna un « oui » frustré. Il détestait ces trucs, la seule fois où il en avait réellement eu besoin datait de sa jeunesse, lorsqu'il avait pris une mission trop dangereuse pour son âge. De toute façon, elles avaient terminées brûlées alors... peut-être qu'il pourrait faire pareil cette fois encore.
« Mais comment t'as fait pour finir dans un état pareil Natsu ? Commença l'élève d'Oul, toujours sous le choc. Des côtes brisées, une ouverture le long de la colonne vertébrale, des éraflures profondes... Qui a bien pu mettre Natsu Dragnir dans une telle position de faiblesse ? »
Grey n'arrivait définitivement pas à se faire à l'idée qu'il soit aussi blessé. Son rival était loin d'être faible, il en fallait énormément pour le mettre dans un état aussi déplorable. Ce dernier baissa alors son visage, serrant entre ses poings les draps rabattus sur ses jambes allongées de toute leur longueur. Il avait tellement honte de s'être fait avoir de la sorte en même temps... Les monstres avaient été d'une telle puissance que la seule option qui lui avait été donné était la fuite, la peur au ventre en pensant qu'ils le rattraperaient. La fuite ! La fuite, pour Natsu Dragnir ! Rien qu'au souvenir, il se donnait envie de vomir.
« Le gars et moi, on est bien arrivés à cette grotte ou été censé se trouver Ignir. J'ai essayé de lui parler pendant le trajet mais il a même pas voulu me donner son nom, louche non ? J'ai commencé à me méfier de lui, à faire attention, et dès qu'on est entrés dans l'antre, il a disparu derrière un truc. Pouf, plus là, juste moi, moi et les monstres après, comme s'il avait fait un pas et avait atteint une barrière pour apparaître autre part, plus loin. »
« Disparu ? Comment ça ? Tu veux dire que tu ne pouvais pas passer avec lui dans ce truc ? S'interrogea Gajeel, rageant d'avoir perdu lui aussi une piste qui aurait pu le mener à des informations sur son paternel respectif. »
« J'ai voulu avancer mais comme je le disais, la barrière m'en a empêché, Je pouvais juste le regarder avancer vers une ombre, et sur le coup, j'ai pas pensé à sortir... Murmura-t-il en secouant la tête. Trois monstres m'ont sauté dessus, et j'ai pas su gérer... putain... »
« C-C'est impossible voyons, tu t'es fait bien pire par le passé ! Rigola soudain Grey en battant des mains. »
« Je plaisante pas Grey. Dit-il, la voix grave et les sourcils froncés. Ces trucs là, c'étaient tout sauf des humains, et encore moins des mages. Le seul truc qui m'a paru bon de faire, c'est de courir le plus loin possible pour me casser de là. Continua-t-il pour les effrayer, histoire d'éviter que quelqu'un ne veuille le venger secrètement. »
Un long silence survint, pesant du côté de chaque personne le partageant avec les autres. Ils avaient tous du mal à s'imaginer que Salamander se retrouverait un jour ainsi, sur un lit d'hôpital, à leur parler d'une défaite écrasante, surtout face à des monstres contre lesquels il avait d'habitude plaisir et aisance à se battre. Certains frissonnaient, d'autres s'inquiétaient du moral de leur compagnon. Natsu avait tellement de choses en tête et dans son cœur, mais il ne avait pas comment l'exprimer pour qu'on le comprenne, et demander de l'aide à des personnes était vraiment la dernière chose qu'il ferait. Il ne souhaitait pas rester ici trop longtemps, Lucy avait encore besoin de lui, les problèmes étaient loin d'être finis avec son retour. Quand bien même les souvenirs et les cauchemars de cette mission allaient le poursuivre longtemps, elle serait là, et c'était le principal.
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Natsu marchait dans la rue, certes, de façon assez particulière, n'étant pas encore habitué à ces deux bouts de bois, mais il avançait un minimum. Il suivait une piste imaginaire, donnant l'impression de ne pas savoir ou il allait exactement, pourtant, il n'hésitait pas à changer de direction. Et même si son parcours aurait pu paraître étrange pour n'importe quel individu l'ayant suivi, ayant pris certains automatismes avec le nombre de fois où il s'était rendu là-bas, il n'avait plus besoin de vraiment regarder où il allait. Son trajet le mena à la maison de sa constallacionniste. Il devait se l'avouer, il avait eu beaucoup de mal à y arriver, ayant dû conserver ses nombreux bandages qui limitaient chacun de ses mouvements, et ne parlons surtout pas des sermons d'Erza... Mais il avait besoin de ce sourire, ce sourire qui rendait le sien bien plus franc qu'à l'accoutumé. Il avait traversé une épreuve douloureuse et il se voyait encore en train de fuir dans la forêt, la peur au ventre et sa main essayant de limiter son hémorragie, ses yeux scrutant inlassablement ses arrières de peur d'avoir été suivi. La nuit tombait doucement. Le garçon, entrant à l'intérieur du domicile, referma la porte dans un râle épuisé, éreinté de devoir trimbaler sans cesse ces deux bouts de bois qu'il jugeait de plus gênants qu'autre chose. Déjà deux fois qu'il s'était ramassé dans la poudreuse en glissant avec, comme s'il n'avait pas assez froid avec un temps pareil... D'ailleurs, les légers flocons qui jonchaient sur sa chevelure en bataille se mettaient à fondre et lui gelaient le haut du crâne. Le rose secoua la tête de manière brusque pour les virer de là, puis avança de quelques pas dans le salon de sa petite amie. Pour une fois, il n'entrait pas par effraction, car il possédait désormais un double de clef en toute légalité.
Le couloir était vide, aucune décoration n'ornait les murs. Ces murs si durs, si froids et constitués de bois, plongeant la pièce dans une ambiance plutôt sordide et presque grotesque au plus grand étonnement du mage qui s'était habitué à la lumière et aux bruits du logis de Lucy. Une douleur grave, aiguë et insupportable s'élança de sa cheville jusqu'à son bassin, le prenant de court. Il maintint douloureusement son genoux entre ses doigts, sa jambe lui paraissait terriblement lourde. Finalement, il décida de redonner un peu de sa confiance à ses béquilles, les pardonnant en s'appuyant plus généreusement dessus. Il avait honte, comme ça et rougissait un minimum.
« Heureusement que Grey n'en a pas rajouté... Se renfrogna le rose, voyant bien son incapacité à faire quoi que ce soit. »
Il se sentait bien trop pitoyable d'être à ce point dépendant d'un objet aussi ridicule qu'encombrant. Et ça lui donnait mauvaise mine, en plus. Il lui était arrivé à maintes reprises de ne pas marcher avec, mais quand il était chez Lucy, il valait mieux pour lui qu'il se montre avec, sinon, Natsu ne donnait pas cher de sa peau.
« Luce ? »
Aucune réponse. La température qui régnait dehors avait enrouée sa voix, peut-être qu'elle ne l'avait pas entendu. Il tenta une seconde fois, mais l'impression qu'on lui déchirait les amygdales lui éclata dans la gorge. Rien de tel pour le mettre de mauvaise humeur, surtout qu'à une heure pareille, impossible que l'Heartfilia soit sortie faire des emplettes dans le centre-ville. Contournant la table d'un air peiné, il arriva dans le couloir et s'arrêta devant la première porte qui se présenta à lui. La chambre de Lucy. Il s'apprêtait à pousser le battant de la porte mais, en tournant le regard vers l'entrebâillement, il se rendit compte que la lumière était éteinte, contrairement à la pièce d'où il venait. Alors il y avait encore moins de chance qu'elle s'y trouve. Abandonnant l'idée de la trouver dans le noir, il prit le chemin inverse pour aller vérifier qu'elle n'était pas dans son bain lorsque soudain, un pleur, étouffé et retenu, sûrement perceptible que par ses fines oreilles de Dragon Slayer. A l'entente de sa voix esseulée, il se précipita dans la chambre.
« Lu...- »
Le noir lui coupa la parole, trop brutal. Un gémissement passa, lui indiquant le chemin à suivre jusqu'au suivant. Comme toujours, la détresse de sa camarade lui piquait le cœur. Une impression de déjà vu aussi était présente, mais ça, il s'en fichait éperdument. Pour le moment, tout ce qui lui importait, c'était de sécher les larmes de sa blonde, et peut-être seulement, apprendre enfin ce qui la tracassait - et qui par conséquent le tracassait également. Tâtant le mur d'à côté, il atteignit rapidement le lit et, quand sa vue fut assez habituée à l'obscurité qui régnait pour enfin pouvoir distinguer la silhouette renfrognée au fond de la salle, il alla la rejoindre. Elle était là, recroquevillée sur sa chaise, à tremper de ses larmes un bout de papier un peu chiffonné. D'après les sons qui ressortaient péniblement du dessous du bureau, ses jambes tremblaient et obligeaient ses pieds à claquer inlassablement contre le parquet. Il se sentait... horriblement gêné, et frustré à l'occasion, car il savait parfaitement que c'était encore et toujours pour la même chose qu'il la retrouvait dans un état aussi déplorable. Et son retour plus que minable avait dû l'inquiéter davantage, alors qu'il lui avait promis de revenir le plus vite possible. C'était à peine s'il osait la toucher, maintenant qu'il se retrouvait en face de sa carrure attablée au bois humide du meuble.
« Tu vas finir par l'abîmer. Murmura-t-il en s'accroupissant à sa hauteur avant de poser une main sur sa cuisse de façon à l'arrêter. »
Pour seule réponse, il n'eût droit qu'à un simple gémissement surpris, et elle cacha davantage son visage dans la feuille. Soupirant, il essaya de la lui prendre pour la résonner mais elle y enfonça ses ongles sans bouger d'un millimètre. Elle ne voulait pas la lâcher. A première vue, ce n'était pas une feuille ordinaire, mais pour l'instant, il fallait qu'il s'occupe de Lucy.
« Il est arrivé quelque chose de grave ? Demanda-t-il en caressant sa joue pour l'essuyer. »
Elle hocha la tête contre le papier, silencieuse.
« Quoi donc ? Se surprit-il, s'inquiétant, vérifiant une nouvelle fois le physique de la blonde pour s'assurer qu'elle n'avait pas fait une quelconque bêtise. »
Silence, le jeune homme s'en vexa. Il était quand même temps que Lucy lui fasse un minimum confiance, parce-que là, il commençait à saturer. Posant ses béquilles contre le rebord du bureau, il tenta à nouveau de lui chiper l'objet des mains mais elle s'éloigna d'un bond, manquant de tomber.
« Non ! Geint-elle en se rattrapant de justesse. »
Soudain, une certaine colère s'empara du mage de feu. Il en avait plus qu'assez de son comportement infantile, et au Diable les pleurs de Lucy. Même si il l'aimait plus que tout au monde, il voulait savoir. Il ne pouvait plus rester dans le doute et dans la peur qu'il lui arrive quelque chose par sa faute.
Agrippant le poignet de la constellationniste, il la tira vers lui et lui arracha la lettre au sens propre du terme, malgré ses énergiques protestations. Ses yeux se mirent à parcourir les lignes d'une traite et Lucy, affalée contre le dossier, le regard rivé sur l'expression qu'il affichait, augmenta ses soubresauts sans le vouloir. Elle avait perdu, c'était terminé.
« Pardonne-moi Natsu... Pleurnicha-t-elle en s'accrochant à son gilet. Je suis tellement désolée... »
Ses yeux devinrent aussi gros que des soucoupes. Leur possesseur avait beaucoup de mal à assimiler, mais surtout à accepter les informations qui passaient et repassaient dans sa tête, à peine les lisait-il sur cette feuille gribouillée de lettres. La lettre était assez courte, mais pleine pour sa part. Pleine de choses qu'il avait cherchées et recherchées, pour lesquelles il aurait tout donné, pour lesquelles il en serait revenu à moitié mort si au moins il les avait eues. Il prit un temps à lire et à relire, cherchant l'erreur dans cette fine écriture, quelque chose qui trahirait cette blague de mauvais goût ou ce canular affligeant. Mais rien, rien dut tout, il avait beau regarder chaque mot avec insistance fébrile, rien n'en ressortait, et il chercha avec tellement d'intensité encore qu'il en oublia que la blonde était là, assise près de lui, à pleurer toutes les larmes de son corps et à s'arracher cette chevelure qu'il aimait tant. Certaines parties du texte avaient été effacées, mais c'était sans importance à ses yeux car le principal était là, la dure réalité était notée, oui, juste là, sur ce simple et futile bout de papier encré avec tristesse. La pluie avait remplacé les lourds flocons de neige dehors, s'abattant inlassablement sur les toits des habitations, préparant une nouvelle tempête humide imminente.
Il ne put s'empêcher de songer l'espace de quelques secondes à l'animosité avec laquelle il était revenu au logis de son dragon quand il était jeune sans jamais le trouver, et aux larmes qu'il avait versées en se rendant compte que jamais, au grand jamais il n'aurait la chance de le revoir. Et toute cette histoire... la vérité était écrite là... juste sous ses yeux ébahis. Il avait nourri une telle rancœur envers la personne qui était à l'origine de sa disparition mais ne l'avait jamais trouvée, mais maintenant, tout s'emboîtait, c'était désormais clair comme de l'eau de roche. Il parcourut le visage de la mage stellaire, décrochant la réalité des yeux durant un long moment. Malheureusement, sa vue lui faisait de plus en plus défaut à cause de ça et il la regardait sans trop comprendre ce qui leur arrivait, emprunt à une hésitation certaine. Son cœur lui faisait si mal qu'il lui semblait qu'il allait déchirer sa poitrine pour s'enfuir de cette illusion de haine et de dégoût qu'il ne voulait pas lui porter, mais qu'il ne put retenir sur l'instant. Trahi... Il avait été trahi... C'était sûrement pour ça, ou alors, parce-que l'amour qu'il lui portait n'était fait que de désillusion.
« C'est une blague ? Suffoqua-t-il en secouant la feuille juste sous son nez, voulant la faire réagir alors qu'elle restait immobile, souriant de manière nerveuse. Dit-moi que c'est une blague ! »
Pourquoi ne bougeait-il pas, campant sur sa position ? Pourquoi Diable n'avançait-il pas vers elle ? Il n'avait pas toujours été aussi faible auparavant pourtant... Il se l'était promis de nombreuses fois, tellement de fois... Il s'était promis que si jamais, oui, si jamais il retrouvait la personne susceptible d'être la cause de tout cette douleur qu'on l'obligeait à ressentir au fil des années passées dans l'ignorance, il lui ferait payé, mais en dix fois pire.
Cette fois, ce n'était pas pareil, il ne s'était pas attendu à une telle chose, n'était pas du tout préparé à ça. Son souffle se fit rauque, sa respiration difficile et saccadée. Il avait chaud, horriblement chaut, et des bouffées de chaleur constantes hurlaient dans son ventre, lui intimant de quitter cette pièce étouffante au plus vite s'il ne voulait pas perdre les pédales. Mais il tenait bon, du moins il essayait. Ça ne devait pas recommencer, il ne devait plus être trahi pareillement... Il avait cru en elle, comme personne auparavant, et là, tout s'écroulait à la vue de cette simple lettre. Oui, c'était la dernière fois qu'on le trahissait, il se le jurait.
Ça lui revenait, à présent. Ce jour où ils s'étaient disputés car Natsu avait fouillé dans ses tiroirs. Il avait de nombreuses qualités, mais s'il y'en avait une qu'il ne possédait certainement pas, c'était la patience, alors il n'avait tout simplement pas compris sur le coup. Il n'avait pas compris la nature de sa peur, mais en vérité, elle craignait juste qu'il la découvre rangée là, dans ce bureau.
« Natsu ?... »
Les yeux rivés sur le parquet, il s'approcha d'elle, l'agrippant pour la bloquer contre le mur froid de la chambre tout en lui caressant une joue à l'aide de son pouce dont la peine maintenait fermement sa physionomie choquée. Elle avait comme l'impression qu'il s'obligeait à chaque mouvement, chose qui lui arracha un sanglot qui manqua de l'étouffer.
« Dit-moi que ce n'est pas vrai, Lucy. Dit-moi que... Dis-moi que tu n'y es pour rien, et... que tu m'aimes... S'enroua-t-il, crispant sa peau entre ses doigts. »
Elle le regardait avec intensité, effrayée par un comportement qu'elle ne lui connaissait pas et qu'elle n'arriva pas à cerner correctement. Il avait l'air dans un état de confusion total. Elle baissa ses noisettes honteuses vers ses pieds. Comme toujours, elle n'avait pas la force de répondre. Elle ne pouvait pas le nier, certes, mais elle pouvait se justifier sur le fait que sa rencontre avec lui n'était en rien préméditée, et que ses sentiments pour lui étaient bien réels, mais... à quoi bon ? En quoi cela changerait-il son destin lamentable ? Elle pouvait tant en dire, mais se trouver des excuses n'arrangerait rien, si ce n'était sa stupide conscience. Elle était égoïste et en payait les conséquences, celles qui l'avaient attendue de pieds fermes depuis le début.
Et son silence fut encore plus douloureux pour le rose, comme un poignard qu'on lui enfonçait lentement entre les côtes. Ce dernier leva son visage apeuré vers le sien et ne vit qu'une chevelure blonde dissimulant son faciès. D'épais trais noirs ornaient le bas de ses yeux qui ne pouvaient plus retrouver leur contenance.
Alors... c'était vrai, il s'était trompé sur toute la ligne. Elle aussi, elle l'avait trahi. Il lui avait ouvert son cœur, et même plus pour au final se retrouver là, à la regarder de cette manière, rempli d'un mélange de terreur absurde et de dégoût pour lui-même, de s'être fait plumer en beauté encore une fois.
Il restait figé, n'en revenant toujours pas. Comment ? Où ? Depuis quand ? Mais d'après toujours, aux vues de ce qu'il avait lu ! Son bras tomba ballant contre sa taille, pendant au sens propre du terme le long de son corps pendant qu'il faisait face à la femme qui ne lui inspirait que la trahison et la tromperie. La feuille tomba doucement à son tour, cognant contre ses jambes lorsqu'elle faisait ses mouvements de vas-et-viens, portée par le vent qui s'échappait d'une fenêtre. Soudain, la voix du mage de feu se fit entendre, bien après qu'elle ait touché le sol.
« Je vois... »
Il se sentait idiot. Depuis tout ce temps, il s'était imaginé un scénario bien différent, sa blonde le prenant dans ses bras pour l'encourager, lui crier courage et le réconforter de ce nouvel échec cuisant qui avait pour une fois menacé sa vie pour de vrai. La détester, en avait-il au moins la force ? Son cœur continuait pourtant à palpiter de cette proximité brûlante, de son souffle cognant durement contre son cou, et ses yeux fatigués par tant de mensonges continuaient à la trouver belle. Il ne pouvait plus souffrir ainsi, c'en était trop pour lui. Elle ne savait pas tout ce qu'il avait enduré avant de devenir ce qu'il était aujourd'hui, pour figer son visage de ce sourire idiot et insouciant de gamin heureux. Non, elle ne pouvait pas comprendre, et ne comprendrait jamais. Elle... savait tout, elle aurait pu lui éviter tout ça si elle s'était manifestée, mais non, il avait fallu qu'elle se mure dans le silence. Il aurait pu... être heureux.
« Ma petite fille, mon étoile.
Comment une mère peut-elle conter une telle histoire à sa fille sans faire couler ses larmes ? Cela doit être impossible, et cela me brise le cœur de savoir qu'un jour, tes yeux parcourront cette lettre tandis que je te l'écris, la main tremblante et les yeux humides.
Lis-la attentivement, je vais te raconter quelque chose. Une chose qui brisera ton existence, autant qu'elle a brisé la mienne. Mais je te fais confiance, en tout point.
J'ai passé ma vie à enfermer et protéger le dragon Ignir, usant de la magie pour que personne ne détecte sa présence. J'ai fait ça pour une raison qui m'est propre, et qui je pense ne pourra excuser mon geste. Le conseil, Acnologia, Zeref et son fils, sont tous sans exception à sa recherche. Mais je ne peux permettre qu'on le retrouve un jour. // PARTIE EFFACEE// Mais comment pouvons-nous cacher, simples mortels, une existence aussi immense et puissante que la sienne ? J'ai tout simplement utilisé ma magie, mais vois-tu, je suis désormais vidée et mon énergie se consume de jour en jour. Je l'ai emmené dans une grotte, dans les montages reculées d'une région lointaine, et ait créée une barrière pour empêcher quiconque de s'approcher.
Pour maintenir cette barrière en activité, j'ai dû libérer un flux de magie trop énorme, chaque fois, chaque jour où j'y allais. Je tenais le dragon endormi, piégé dans les bras du dieu du sommeil. Mais tu comprendras ainsi qu'une magie puissante est la conséquence de sacrifices tout aussi puissants.
Oui, mon étoile, ma délivrance...
Je suis la cause de la disparition des dragons de ce monde.
Mais je ne regrette en rien mes actes, j'avais mes propres raisons, aussi égoïstes soient-elles.
Auras-tu, un jour, la force de me pardonner cet affront ?
// PARTIE EFFACEE //
Ne dis rien à ton père, j'imagine très bien sa réaction. Elle ferait échouer notre destin. Même si je dois t'avouer que je suis apeurée à l'idée que tu m'écoutes pour de vrai.
Courage, fille des étoiles. Ne sois jamais effrayée et observe.
Ta mère qui t'aime et qui prendra toujours soin de toi là où elle se trouve. »
« Ta mère était donc si horrible que ça, Lucy ? Questionna le rose sans bouger d'un poil, ne laissant que ses lèvres se mouvoir dans des murmures brisés. »
Il passa une main dans ses cheveux blonds, un tic qu'il n'avait jamais lâché malgré tout quand il était aussi proche d'elle. Une habitude parmi tant d'autres qu'il n'était pas encore près à oublier pour le moment, mais qu'il oublierait sûrement avec le temps, quand il ne partagerait plus avec elle aucune caresse. Face à ce geste, il la vit rougir, lui déchirant le cœur sans le savoir. Comment pouvait-elle encore faire semblant à ce point ? Ça le rendait fou de rage, mais il n'arrivait pas à l'extérioriser correctement. Elle était... si cruelle envers lui.
Mais en vérité, la blonde était totalement pétrifiée face à lui. D'ordinaire, elle détestait qu'on profane ainsi la mémoire de sa mère, mais là c'était Natsu, et il avait tous les droits sur elle, surtout après ce qu'elle lui avait fait. Elle s'était excusée, accusée de tous les maux qu'il avait pu traverser et l'avait prié, non, supplié de ne pas la quitter. Mais sa gorge avait de plus en plus de mal à tenir son discours qui y mourrait à l'intérieur. Il ne pouvait pas, c'était bien trop facile de faire ça, qu'étaient-ce de simples mots à côté de la douleur de l'abandon qu'il avait ressenti, et qu'il ressentait toujours à même dose ? Quand il l'entendait parler, il se souvenait de cette Lucy malheureuse, dépressive et sombre qu'il avait tenté de consoler tant bien que mal sans grand résultat. Il repensait à cette femme qui se définissait toujours en tant que boulet humain et revoyait celle qui se considérait comme étant la source de tous les nombreux problèmes qui leur tombaient dessus, et soudain, il prit peur. Etait-ce réellement de cette Lucy qu'il était tombé amoureux ? Celle pour qui il aurait tout fait, qu'il voulait tant protéger dans ses bras d'homme bien bâti ? Cette femme qu'il jugeait de parfaite, incapable à blâmer, qu'il voulait chaque jour rendre plus forte pour qu'elle tienne face aux coups rudes de la vie ? Il était tombé amoureux... d'une stupide illusion ? Elle avait fait semblant pendant tout ce temps, toutes ces années ? C'était donc sa mère, qui lui avait demandé de le rencontrer et de le surveiller, juste à cause d'un il ne sait au cas où il se serait rapproché de ce lieu interdit ? Désormais, il savait qu'elle était la seule et unique responsable de l'échec cuisant de leur relation, et c'était normal, puisqu'elle ne faisait que jouer le jeu, et que, quand bien même elle ne le verrait plus, elle s'en fichait. Des inconnus, voila ce qu'ils étaient. Et quand bien même elle l'aimait réellement et voudrait se racheter, rien ne sera jamais suffisant pour qu'il puisse pardonner une telle trahison.
« Je te déteste. S'écorcha-t-il lorsque sa colère eût rattrapé sa tristesse, que les traits de son visage se durcirent et que sa mâchoire se resserra davantage. »
Il avait saisi son poignet et le serrait de toutes ses forces, mais il se fichait de la douleur qu'elle pouvait ressentir, car ça ne pouvait être comparable à ce qu'il traversait à cet instant bien précis. Ses larmes coulaient avec fureur sur ses joues, il n'avait pas la force de les retenir plus longtemps.
« Je t'aime vraiment, alors, s'il-te-plait... Ne me déteste jamais Natsu !... »
Sa promesse perdait tout son sens. Mais... il lui avait promis, alors... ce fut sans doute la raison pour laquelle il pouvait voir les yeux de Lucy s'agrandir sur le coup de la surprise, et son faciès se tordre dans une grimace de désespoir. Elle perdait la seule joie qu'on lui avait accordée lors de toute sa misérable existence, mais pour le moment, il n'en avait rien à faire. Elle s'était persuadée qu'il pouvait être différent, qu'il lui aurait pardonné, mais non, tout ça était bien trop beau, elle avait été stupide de croire qu'elle aurait droit à un tel bonheur. Ce mensonge qu'elle avait créé de toute pièce pour se voiler la face l'avait aidé à tenir, mais désormais, il la détruisait, morceau par morceau, larme par larme.
« Tu... Tu m'avais promis Natsu ! Tu m'avais promis que tu ne me détesterais jamais ! Natsu, tu m'avais promis ! Tu... tu m'avais... Tenta-t-elle d'hurler de son mieux, mettant à nu son dernier argument, qui était pourtant le moins valable dans cette situation. »
« Depuis quand t'as cette putain de lettre Lucy ? L'ignora-t-il, agacé. »
Elle sut à ce moment là que tout espoir était vain, que c'était fini, terminé. C'était comme des millions d'aiguilles qui lui perçaient la chair, comme un horrible poids qui lui écrasait les épaules ou lui tombait sur le crâne. Elle l'observa un instant, interdite, ses sourcils remontant à leur place et ses yeux, retenant leurs larmes, perdant l'image d'une vie qui pouvait les habiter. Elle voyait toute sa colère, toute sa rage, passer et repasser dans ceux de son compagnon – si tenté qu'il le soit encore. Elle n'arrivait pas à disparaître de ses onyx, elle savait très bien pourquoi et pouvait tout à fait le concevoir mais... ça faisait tellement mal...
Elle n'avait plus rien à dire, et de toute façon, elle n'en avait pas le droit. L'idée que ce jour n'arrive ne lui avait pas effleuré l'esprit car elle avait une confiance aveugle en lui, et elle avait toujours cru que Natsu lui pardonnerait. Mais cette fois, on lui renvoyait le boomerang, et la balle en pleine face. C'était terminé, elle avait perdu. Son combat était perdu d'avance.
« Depuis qu'Ignir et ma mère ont disparus... Dit-elle simplement dans un dernier aveu sans aucune once de sentiment. »
Elle l'avait donc depuis si longtemps... L'étreinte qu'il procurait sur son poignet se fortifia et son visage se tordit dans une expression de rage.
« Natsu... Geint-elle soudain, fermant les yeux de douleur. Natsu... Tu... Tu me fais mal ! »
« Sais-tu Lucy ? La coupa-t-il sans y faire attention. Combien de fois j'ai risqué ma vie à le chercher ? Sais-tu combien de fois je me suis battu, acharné, dans l'espoir qu'il revienne enfin ?! Et toi, toi tu savais, pendant tout ce temps, tu savais où il était, mais tu m'as rien dit ?! Ca t'a amusé de me voir comme ça ?! »
Il ne se reconnaissait plus, mais sur le coup, il n'y faisait pas vraiment attention, car la douleur qu'il vivait à cet instant était bien plus puissante que n'importe quelle raison, même la sienne. Il avait besoin de tout lâcher, et elle était la seule personne présente ici. Il essayait de se souvenir de ses baisers, de ses caresses qui lui réchauffaient la peau et de son parfum de femme qui le rendait à chaque fois un peu plus fou, mais tout semblait disparaître derrière sa colère. Et il les laissait s'en aller, de plus en plus, à mesure qu'il la regardait se plier de douleur. Il voulait tout oublier d'elle, même son visage de poupée ne lui importait plus. La seule chose évidente qui lui venait à l'esprit, c'étaient ses mensonges, les souffrances qu'il avait dû endurer et la trahison dans laquelle il avait vécu impunément. Cependant, malgré tous ses efforts pour la haïr, il n'y parvenait pas, et ça ne faisait qu'aggraver son état. Il l'aimait encore, mais pourquoi ? Ca le mettait hors de lui, de se savoir aux pieds d'une personne aussi hypocrite. L'illusion qu'ils étaient fait l'un pour l'autre refusait de le quitter, elle avait été sa raison de vivre, sa raison de se battre, mais quand parviendrait-il à virer tout ça de son crâne ? Pourquoi n'avait-elle pas nié les faits ?! Un monstre, voila ce qu'elle était, elle avait raison de le penser. Oui, un véritable monstre, qui l'avait trompé, mis au ban de l'humanité.
« Je suis désolée... Pleurnicha-t-elle, le regard sur le sol. »
Elle sentit à nouveau la douleur à son bras s'amplifier sous la rage de son amant mais se retint de le faire remarquer à nouveau, sachant pertinemment qu'il ne la lâcherait pas.
« Tu es... désolée ? Tu es désolée ?! Rigola-t-il ironiquement, faisant scintiller ses canines. Être désolée, tu crois que ça suffis Lucy ? Tu crois que tes putains d'excuses à la con vont effacer tout ça, tout ce que j'ai dû endurer par ta faute ? J'peux pas, j'peux pas faire ça, t'accorder le pardon... t'es allée trop loin, j'en ai pas le courage... Toi... Toi et moi... T'as pas hésité à me laisser partir à chaque fois, et t'as jamais su l'effet que t'avais sur moi... T'es pire que c'que je le pensais. »
Il n'arrivait pas à l'insulter, mais c'était déjà ça, dans sa colère, il lui faisait comprendre dans quel état elle le mettait et c'était à ses yeux suffisant pour que tous les remords du monde puissent l'assaillir. Il serrait son avant-bras tellement fort que ses phalanges devenaient blanches, se retenant de s'abattre sur son visage détruit. Il ne voulait pas que leur relation se termine ainsi, aussi vite, mais il voulait tatouer sa face de la peur à tout jamais, pour qu'elle n'ose plus recommencer à lui faire des coups bas. Et il osait encore croire que ce n'était pas fini, qu'ils pouvaient encore vivre ensembles et se rendre heureux mutuellement... N'était-ce pas ce qu'ils avaient prévu dès le début ?
« Je... J'aurais jamais dû te ramener à la guilde. »
Il voulait l'embrasser pour faire disparaître cette expression de son visage et la remplacer par la joie qu'il avait appris à admirer, à connaître, à apprécier, mais il ne regrettait pourtant pas le moins du monde ce qu'il venait de dire, parce-que à ce moment là, c'était le cas, il le pensait pour de vrai. Une lueur de rage figea son visage quand les larmes salées de la constellationniste vinrent débouler sur son visage emprunt à une douleur sans précédent. Mais... c'était à lui, déverser des larmes ! Pas à elle, il n'y avait aucune raison à cela !
« Re... Regarde-moi bien, Lucy : Je te déteste. Ne m'approche plus, sous aucun prétexte, jamais. Et quitte la guilde où je t'ai amenée, va ailleurs si ça peut te chanter mais déguerpis de ma vue. Je te hais, tu m'entends ? DEGAGE, C'EST CLAIR ?! »
Tu sais, Natsu... C'est enfin là, l'heure de se dire au-revoir à tout jamais est presque arrivée. La première fois que je t'ai vu, le jour où l'on s'est rencontrés, je n'ai pas pensé une seule seconde qu'il serait possible que je puisse tomber amoureuse de toi. Je me demande bien pourquoi, mais... tous les jours tu sais, c'était tellement amusant, drôle, de pouvoir être à tes côtés ! Mais en même temps douloureux, ça m'a tuée à petit feu... Je suis désolée... Je ne peux pas te dire le fond de mes pensées pour une raison qui m'est propre, mais je ne veux pas te dire adieu comme ça, ce n'était pas ce qui était prévu... Ce que je souhaite tant te dire c'est que... je suis réellement tombée amoureuse de toi, et je t'aime, oui... de toutes mes forces.
D'un coup, un craquement strident brisa le silence. Il grogna de frustration, dirigeant immédiatement son regard sur la source du bruit, choqué. Il était stupéfié, son regard noir de colère ne cessait de fixer le poignet de la jeune femme qu'il ne pouvait s'empêcher de serrer de presque toutes ses forces restantes, ce dernier désormais brisé sous son étreinte bien trop brutal. Sa victime le fixait aussi, de toute la souffrance qui l'habitait, en lâchant des feulements pour s'empêcher de crier à la douleur. Il venait de... blesser Lucy. Ce n'était pas imaginaire.
Affolé, il desserra immédiatement sa main tremblante qui entourait son avant-bras, la respiration saccadée. Il sentait le regard de Lucy peser sur lui, éveillé par une expression qu'il n'avait jamais vue auparavant. Le pire, c'est qu'il ne savait même pas si, oui ou non, il devait vraiment s'en vouloir. Etait-il donc si horrible que ça ? Aussi horrible qu'elle ? Il venait tout juste de briser le poignet de sa camarade, alors pourquoi ne ressentait-il aucune peine, aucun remord ? Les larmes coulaient doucement, atterrissant sur sa peau blanchâtre dans des bruits de collision assourdissants, se mélangeant, formant ensembles une danse menée avec lenteur pour retomber sur le sol en bois. Il était totalement perdu, car au fond, il ne voulait pas oublier tous les moments qu'il avait passés à ses côtés, tout ça était bien trop précieux pour lui.
Les jambes de la blonde cédèrent et elle se mit à hurler enfin, maintenant furieusement sa main dans son poing. Elle tremblait par sa faute. Quand il avait vu l'air incompris qu'elle avait affiché, il comprit qu'il avait commis une erreur. Une grave erreur. Il voulut partir au plus vite pour ne plus le voir mais c'était sans compter sur des phalanges bien placées qui s'abattirent durement sur son visage pour l'en dissuader, faisant exploser le bureau contre lequel il atterri malgré lui.
« Putain mais t'es dingue ou quoi ?! Qu'est-ce qui t'a pris abruti ?! Hurla Grey en le secouant par le col, les veines gonflées tapant contre ses tempes. »
« Lucy, ça va ?! S'écria Titania en se précipitant vers Lucy toute tremblante, qui se recroquevillait sur elle-même en lui murmurant doucement que tout allait très bien. »
Le bleu se retenait au plus fort possible de remettre au rose une magistrale tôlée. N'était-ce pas lui qui lui avait demandé de prendre soin de la blonde pendant son absence ? Lui qui souriait comme un idiot lorsqu'il pouvait être auprès d'elle ? Lui qui venait de la blesser, que ce soit autant physiquement que émotionnellement sûrement ? Lui... qui avait vécu toutes ces aventures en sa compagnie, et qui venait simplement de la briser de l'intérieur ?...
Et qu'avait-il aussi, à le regarder de cet air étonné, comme si il avait des raisons valables de s'en prendre à elle ? Il avait toujours été fort, malgré qu'il ait vécu des choses horribles tout comme lui, mais ce n'était en rien une bonne raison pour rejeter la faute sur quelqu'un, et encore moins sur une femme, la jeune femme qu'il était censé aimer qui plus est ! Il l'avait toujours connu combattant, gardant ses larmes bien enfermées pour les moments où il ne pourrait plus les retenir, des moments qui arrivaient d'ailleurs rarement alors... Le voir perdre ses moyens ainsi pour quelque chose d'aussi puéril mettait le mage de glace hors de lui.
« REGARDE-MOI QUAND J'TE PARLE, ABRUTIS ! Le bouscula-t-il en le serrant par l'encolure à l'étouffer. Tu te rappelles pas ? Tout ce qu'elle a fait pour toi, le nombre de fois où elle s'est retenue de te dire la vérité, ça te dit rien ?! Elle avait ses raisons, bordel de merde, SES RAISONS ! »
Le rose regarda le bleu, surpris d'une telle colère, se laissant porter par son emprise sans vraiment réagir. Il baissa le visage à ses pieds, ce qui ne put que sortir davantage son ami hors de ses gongs. Il voyait dans les yeux onyx de son rival quelque chose qu'il ne crut jamais voir et qui le répugna. L'abandon.
« Tout ça... n'a plus d'importance de toute manière. Murmura tristement le mage de feu en se libérant une bonne fois pour toutes des bras de son ami. »
L'élève d'Oul, choqué, le regarda en chien de faïence. Mais finalement, il se dirigea vers la sortie, trop abattu de voir que son rival puisse changer en aussi peu de temps, tout comme Lucy d'ailleurs.
Malgré tout ce qu'il pouvait dire, la seule envie qui assaillit Natsu à ce moment là fut celle de se tourner vers elle pour de bon, de voir dans quel état elle était, et plus que tout, de la serrer aussi fort dans ses bras pour se faire pardonner. Lui dire que tout ira bien, la soigner, lui promettre de nouveau qu'il l'aimera jusqu'à son dernier souffle. Mais c'était impossible, il n'avait jamais cru qu'elle aurait pu le trahir ainsi et c'était pire comme ça. Il voulait se convaincre de la détester jusqu'à la fin, de toute son âme. Peut-être qu'un jour, avec le temps, ses sentiments parviendraient à s'amenuiser enfin... mais pas maintenant, pas avant un long moment, et à son plus grand dam.
« Tu... TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU DIS NATSU ?! S'écria Sarlett, toujours occupée à s'occuper de Lucy qui se pliait en deux, tournée dans sa direction. »
« J'espère pour toi que mon père va bien Lucy. L'ignora-t-il, stoïque, à l'adresse de son ex petite-copine. Car dans le cas contraire, je te jure que j'le vengerais, d'une façon ou d'une autre. Et de la meilleure façon qu'il puisse exister. »
Bien sûr, qu'il n'en pensait pas un mot. Rien que dans ses yeux, on pouvait voir tous les sentiments contradictoires qui se mélangeaient désagréablement dans son esprit troublé. Et quand bien même il venait de la blesser lui-même seulement quelques minutes plus tôt, il savait déjà que l'image de sa Lucy, tremblante et blessée, à l'agonie contre le mur, allait le hanter durant une grande partie de ses nuits, voire pour tout le restant de ses jours qu'il allait désormais passé seul, à se morfondre sur cette trahison et cette fille infâme qui s'était jouée de lui. Elle ne l'avait jamais aimé. C'était comme l'équivalent d'une mission pour elle. Voila. Voila tout ce que représentait leur histoire. Une stupide mission, et c'était sans doute la chose qui le rendait le plus mal à l'aise dans tout ça.
Le garçon ouvrit doucement la porte pour mieux la claquer derrière lui. Ses deux camarades en restèrent choqués. Mais Lucy, elle, souriait. Oui. Car elle avait assez profité, elle était déjà préparée à ça et avait toujours su que cela devait arriver un jour ou l'autre. Elle avait eu la chance de partager beaucoup de choses avec lui, ça lui suffisait amplement désormais. Quelque chose de pire aurait pu arriver, alors elle était assez heureuse comme ça. Et grâce à leur petit accrochage, elle pouvait maintenant partir sans qu'il ne tente de la retrouver. Elle était une traîtresse à ses yeux. Tant mieux, c'était peut-être mieux ainsi.
Avant même qu'elle n'ait eu le temps de s'en rendre compte, Lucy s'était retrouvée sur le dos de Grey, dans la rue déserte de son appartement, avec Erza juste à côté qui tentait de la garder éveillée le temps qu'ils n'arrivent à la guilde pour la soigner. Elle ne s'inquiétait pas autant qu'eux, elle avait connu bien pire comme blessure, mais elle était juste... totalement épuisée. Elle était importante aux yeux d'autres personnes, ça lui mettait du baume au cœur et la rassurait aussi d'un côté, malgré que la solitude ne l'accable quand même avec l'absence de Natsu. Elle pouvait sentir le stress du mage de glace dans ses muscles tendus. Posant sa tête dans le creux de ses omoplates, elle sentit les larmes pointer à nouveau le bout de leur nez. Du soulagement, voila ce qu'elle ressentait, car tout ceci allait enfin se terminer. Ignir avait toujours été le plus important aux yeux de Natsu, et cela ne changerait jamais. Mais le rose ne savait qu'une partie de la vérité. Parfois, il valait mieux se taire, les regrets et la douleur ne tarderaient sûrement pas à venir le hanter.
« Oui, mon étoile. Je suis la seule responsable de la disparition des dragons. »
« Je ne t'en veux pas, maman... Natsu peut me haïr, me mépriser, me maudire s'il le veut, mais tant qu'il pense à moi de temps en temps, je peux m'en contenter. »
Les sentiments réciproques et le grand amour passionnel qui dur infiniment n'apparaissent que dans les contes de fée, Lucy. Toi, tu as voulu y croire dur comme fer, tout ce que tu désirais, c'était entendre ton cœur te hurler une illusion pour atténuer la douleur, pour réussir à dissimuler ta peine derrière un sourire arrogant que tu as tout fait pour conserver. Mais tu sais, Lucy, j'espère... oui, j'espère fort que ton avenir me prouvera que j'ai tord, que le bonheur et l'amour existeront à nouveau pour toi avant que tu ne joues ta dernière note.
Parce-que tu le mérites, Lucy.
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