Kiara qui n'avait jamais voyagé autrement qu'en avion était tétanisée devant cette téléportation. Elle avait l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur. Son père était toujours à ses côtés et Kiara examina les alentours. Elle en était certaine, elle ne connaissait pas cet endroit.
— On est où ? demanda-t-elle en observant des enfants tous vêtus de tenues colorés et brillantes qui jouaient dans un parc verdoyant et fleuri.

— A Féeria. C'est là que je vis.

— Ramenez-moi chez moi, lança Kiara en pensant à Samuel et Luke.

— Je pense qu'il est temps qu'on ait une discussion Kiara. Mais je te ramènerai chez les mortels, ne t'en fais pas.

— Je n'ai rien à dire à un père qui ose abandonner sa fille et surgit vingt-deux ans plus tard comme une fleur.

— Kiara, je ne t'ai jamais abandonnée. J'ai veillé sur toi à distance. Et si je me suis absenté, c'est en accord avec ta mère et pour ton bien !

— Comme c'est pratique ! souffla-t-elle.

— Tu viens d'apprendre l'existence d'une partie féerique de ta personne et tu ne me poses aucune question à ce sujet ?

— Je me dis que si des vampires existent, pourquoi pas des fées ! 

Celui-ci sourit pour la première fois.

— Que s'est-il passé avec ton collier ? demanda Tarannon.

— Je l'ai perdu mais je ne sais pas où. J'essaierai de le retrouver.

— Je ne peux pas te laisser courir le risque de mourir, Kiara. Si tu veux bien me suivre et m'accorder une heure de ton temps.

Celle-ci haussa les épaules. Bizarrement, elle en voulait à son père de l'avoir abandonnée et d'un autre coté elle était ravie de mettre un visage sur son géniteur. Tarannon lui tendit son bras gauche et elle s'y agrippa. Ensemble ils marchèrent dans Féeria et Kiara s'extasia au fur et à mesure de sa visite. Chaque recoin où se posait son regard était fleuri. Ils arrivèrent devant un immense château. Trois fois plus grand que celui de Luke et tout scintillant. 

— Ne me dites pas que vous êtes un roi des fées ? 

— Je suis en effet à la tête de la souveraineté de Féeria, Kiara, mais plus pour longtemps. 

Au même moment ils s'engouffrèrent dans le château. A l'intérieur, tout brillait de mille feux et Kiara sourit. Des personnes se prosternèrent à leurs pieds au fur et à mesure de leur avancée. Tarannon entra dans une pièce sur la gauche et Kiara poussa une petite exclamation. Jamais elle n'avait vu un aussi beau bureau. 

— Assied toi, Kiara, l'invita Tarannon en lui désignant une chaise rembourrée du doigt. 

Elle s'exécuta. Tarannon scruta avec attention un grand sablier à l'intérieur duquel le sable ne s'écoulait pas. Il parut satisfait et reporta son attention sur Kiara.

— Pourquoi vous êtes parti ? Pourquoi m'avoir laissée sans rien m'expliquer ? 

— Kiara, tout d'abord, si tu veux bien me tutoyer car ici personne ne se vouvoie. Par ailleurs, comme je te l'ai dit tout à l'heure, si je suis parti c'était pour vous protéger, toi et ta mère.

— Ma mère est morte ! Tu ne nous as pas protégées !

Celui-ci fronça les sourcils.

— Pas comme je l'aurais souhaité, c'est vrai, mais tu comprendras assez vite, qu'il est difficile de régner sur un peuple féerique et tenir un œil sur le monde dévastateur des humains.

— Je suis ton unique fille et tu es parti !

Celui-ci appuya sur le petit cercle de son bracelet et quasiment simultanément des coups résonnèrent à la porte du bureau. Un jeune homme et une femme entrèrent et s'avancèrent jusqu'à Tarannon.

— Que puis-je faire pour toi, père ? demanda le jeune homme, dont les traits du visage étaient dépourvus de défaut et d'une beauté époustouflante.

Le visage de Kiara se décomposa.

— Les enfants, je vous présente votre sœur Kiara. Kiara je te présente Edelweiss, ta sœur et Dilash, ton frère. 

Kiara s'était levée sans se rendre compte. Elle qui vivait seule depuis la mort de sa mère venait tout à coup de se découvrir une famille. Les larmes lui montèrent aux yeux et Dilash la serra dans ses bras. 

— Depuis le temps que j'entends parler de toi, petite sœur ! lança celui-ci avant de desserrer son étreinte. 

Sa sœur lui sourit joyeusement mais timidement. 

— Je ne savais pas que j'avais un frère et une sœur ! Vous avez quel âge ? demanda-t-elle stupéfaite. 

Kiara dévisagea sa sœur. Elle était élégamment vêtue d'une robe fluide à paillettes jaunes et ses cheveux étaient tressés. 

— J'ai 23 ans, répondit Dilash, et ma sœur en a 20. 

— Mais votre mère, c'est...

Kiara ne savait comment demander à ces derniers s'il avait la même mère.

— Nous n'avons en commun que notre père. Nous sommes issus de trois mères différentes. 

Ça faisait beaucoup d'informations pour Kiara qui s'assit sous le choc. 

— Edelweiss, peux-tu me préparer un talisman pour ta sœur s'il-te-plaît ? Et Dilash, il faudrait quant à toi que tu lui prépares un bracelet de connexion. 

Ils hochèrent la tête et disposèrent.

— Tu n'es pas ma fille unique mais mes enfants c'est ce qui compte le plus pour moi. Dans le peuple féerique, on ne reste guère longtemps avec les mères, surtout pour un roi qui doit faire perdurer sa lignée. Mais j'ai fait le choix de m'arrêter à trois enfants, ce qui est très peu pour ce monde, tu le découvriras assez vite.

— Je peux revenir ici ? A Féeria ? demanda Kiara des étoiles plein les yeux à l'idée de découvrir plus en détails son frère et sa sœur. 

— Grace au bracelet que te prépare en ce moment Dilash, tu pourras nous rejoindre quand bon te semblera. Tache de ne perdre ni ton bracelet ni ton nouveau talisman !

— Si quelqu'un d'autre touche le bracelet, il pourrait venir ici ? 

— Personne ne le touchera Kiara, est-ce que c'est clair ? Cependant, il faut avoir du sang féerique dans les veines pour que le bracelet réagisse. 

Kiara ferma les yeux en soupirant. En une journée, elle apprenait qu'elle était une fée, qu'elle avait un père, un frère ainsi qu'une sœur et que son père était un roi.

— Quand tu disais que tu ne serais pas à la tête de Féeria pour longtemps, ça sous-entendait quoi ? 

— Dilash est l'héritier premier de la couronne. La passation de pouvoir devrait avoir lieu dans quelques mois et j'espère que tu seras parmi nous pour voir ton frère prendre les commandes.

Celle-ci esquissa un sourire. " Un frère ! "

— Ta vie a été beaucoup mise en danger ces derniers temps, Kiara. Une fée ne fréquente pas les buveurs de sang, donc il conviendrait que tu poses ton dévolu sur un fée ou un humain.

— De cela, c'est à moi seule de décider. Tu as été absent pendant vingt deux ans de ma vie et je ne te permettrai pas de m'imposer tes choix ou tes convictions.

— Pourquoi tant de rancœur Kiara ? Tu ne comprends donc pas que j'ai cherché à te protéger en partant ? 

Celle-ci secoua la tête de gauche à droite.

— Tu as un sang extrêmement rare et précieux, ton père est le monarque le plus puissant et le plus craint de cette dimension et ta mère n'était qu'humaine ! Si j'étais resté en contact, tu serais morte. 

Kiara déglutit bruyamment.

— Je ne comprends toujours pas. Pourquoi je serais morte ? 

— Mes décisions pour le bien de Féeria ont impliqué bon nombre de règlements de compte sanglants avec divers peuples, y compris chez les buveurs de sangs. Samuel a d'ailleurs perdu sa petite fille de 9 ans, Kelissia, lors d'un affrontement avec le peuple féerique. Mes ennemis se comptent en plus grand nombre que mes amis et il est tellement facile de s'en prendre à une enfant mi-humaine et mi-fée qui ne connaît même pas l'étendue de ses pouvoirs pour m'atteindre. Très peu de personnes sont au courant de notre lien sanguin et je ne veux pas que ça change. 

Kiara ne s'était focalisée que sur une partie de la réponse.

— De quel pouvoir tu parles ? 

Tarannon se déplaça si vite que Kiara recula sa chaise, tombant au sol la peur au ventre. Une lueur dorée s'échappa de ses mains sur le sol et elle écarquilla les yeux en se relevant et se plaqua contre le bureau.

— Qu'est-ce que vous m'avez fait ? demanda celle-ci paniquée.

— Le vouvoiement est de retour ? demanda Tarannon en haussant les sourcils. Tu voulais savoir de quel pouvoir je parlais, maintenant tu sais.

— Non, je ne sais pas, expliquez-moi ! Explique-moi, reprit-elle devant le regard noir de son père.

— Tu ne sais pas maîtriser tes dons donc tu ne dois jamais enlever ton talisman en dehors d'ici. Ton collier t'empêchait de faire ressortir le côté féerique de ta personne. Quand tu te sens en danger, tes sens de fée se déploient et ta force féerique se traduit par l'apparition de cette lumière dans tes paumes. Tu peux blesser, voire tuer rien qu'avec cette lumière Kiara, tu dois en être consciente. 

Soudain Kiara écarquilla les yeux.

— Oh mon Dieu, mais dans la chambre tu as voulu tuer Luke ? 

— Il voulait s'en prendre à moi, Kiara ! s'indigna-t-il.

— Mais qu'est-ce-qui ne va pas chez toi ? Ramène-moi. 

— Je te demande encore quelques minutes, juste le temps de récupérer ton talisman. 

Il se dirigea vers son tiroir et saisit une petite fiole qu'il posa sur le bureau. Il s'entailla le poignet avec son ongle et Kiara s'aperçut seulement à ce moment-là que les ongles de son père étaient pointus et parfaitement aiguisés. Quelques gouttes coulèrent dans la fiole qu'il tendit à Kiara. Celle-ci secoua la tête, dégoûtée. 

— Kiara, je ne veux pas te perdre alors prends mon sang, conserve le et ne l'utilise qu'en cas d'urgence. 

Ses yeux s'agrandirent en comprenant que la fiole que lui avait fait boire Samuel était le sang de son père.

— Dans la fiole que m'a donnée Samuel, celle qui m'a guéri, c'était ton sang ? 

Tarannon hocha la tête et Dilash ainsi qu'Edelweiss pénétrèrent à nouveau dans la pièce. Dilash avait le sourire aux lèvres et il attacha un bracelet rouge vif avec un petit cercle à son poignet. Kiara s'aperçut qu'ils en portaient tous uns. Pendant que Dilash nouait le bracelet, Edelweiss s'empara de sa main gauche et lui glissa une bague cernée de pierres sur son majeur. 

— Une bague ? Mais je croyais que c'étaient des colliers ? 

— Les colliers n'ont pas l'air de te réussir vu que tu l'as perdu déjà une fois, souffla-t-elle en déposant un baiser sur sa joue. 

Kiara ne savait pas comment réagir. Comment gérer l'arrivée d'un père, d'un frère et d'une sœur après vingt-deux ans de vie sans connaître leur existence. 

— Tu viendras nous voir Kiara ? demanda Dilash en lui saisissant la main et en y déposant un baise main au passage. 

"Ils sont beaucoup plus tactiles que chez les humains ", songea Kiara mal à l'aise. 

— Oui je viendrai, j'aimerais apprendre à vous connaître. J'ai tellement de choses à découvrir. 

— Maintenant que tu es équipée, je vais pouvoir te raccompagner Kiara, lança Tarannon en s'approchant. 

Kiara ne savait pas pourquoi elle éprouvait autant d'animosité envers son père alors qu'avec son frère et sa sœur, elle était heureuse. 

Elle hocha la tête et prit la main que lui tendait son père, s'attendant au brouillard de la téléportation mais rien... Son père la fixait.

— Quoi ? demanda-t-elle alors que son frère et sa sœur quittaient le bureau sur un petit signe d'au revoir. 

— Tu es tellement belle ma fille et je suis tellement fier de toi. Je t'en prie, reste en vie !

Kiara ne savait pas quoi répondre à cela et elle le serra pour la première fois dans ses bras. Un manque libéra ses épaules et elle réalisa qu'elle était contente d'avoir une famille, même si celle-ci apparaissait tardivement. Tarannon était heureux, Kiara le sentait.

— Je veillerai sur toi, je t'en fais la promesse, ma fille. Tu veux que je te dépose chez toi ou chez le buveur de sang ? 

— Il s'appelle Luke, informa Kiara. Et oui je veux bien que tu me déposes chez lui, s'il te plaît. 

Celui-ci hocha la tête. 

— On doit regagner le portail féerique à l'extérieur pour se téléporter. 

Kiara avait l'impression de rêver. Ça faisait beaucoup de choses pour une humaine. Ils regagnèrent le portail féerique et une main douce saisit Kiara par le poignet. Celle-ci se retourna et vit une femme d'un certain âge, les cheveux bruns courts avec des yeux d'un bleu perçant, le sourire aux lèvres.

— Ma petite fille ! souffla-t-elle, radieuse. Tarannon, comment oses-tu la ramener chez les humains sans me la présenter ! s'indigna-t-elle.

— Ma fille je te présente Zoélia, ta grand-mère. 

Kiara sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Comment tout cela était-il possible ?  Zoélia prit Kiara dans ses bras en lui caressant les cheveux. 

— Ma petite, tu es magnifique ! 

— Merci, répondit Kiara.

Elle se sentit subitement super bien. Elle était comme dans une bulle de confort. Tous ses soucis disparurent aussitôt et tout à coup, elle réalisa qu'elle n'aurait voulu quitter Féeria pour rien au monde. Un éclair de lumière traversa devant Kiara et celle-ci recula. C'était comme-ci la bulle venait d'exploser. Tarannon avait la paume gauche levée et Kiara comprit que c'était lui qui venait d'intervenir. Zoélia semblait furieuse.

— Sa place est ici, Tarannon ! 

— Tu as beau être ma mère, mais réutilise ton charme féerique sur ma fille et je te tue. 

Kiara s'éloigna de sa grand-mère et se rapprocha de son père en comprenant que son aïeule venait d'essayer de la garder chez les fées. Zoélia lança un dernier regard à Kiara et fit demi-tour.

— Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond ici ? demanda Kiara à son père.

— Tu apprendras à la connaître. Elle est très particulière et je n'entretiens pas forcement de très bonnes relations avec elle, confia Tarannon en prenant Kiara par le bras. 

Un brouillard les entoura et, quelques secondes plus tard, ils se retrouvèrent dans la cour du château de Luke. Trois gardes s'enquirent aussitôt de leur présence mais Luke descendit rapidement les marches du château et fit un signe pour que les gardes s'éloignent. 

— Kiara ! souffla-t-il soulagé en approchant. 

Une flamme dorée et scintillante apparaissait déjà dans la paume de Tarannon. Kiara lui saisit les poignets.

— Je t'en prie, ne lui fais pas de mal, implora Kiara.

— Tarannon, je ne vous ferai pas de mal. J'ai été surpris tout à l'heure et je vous présente mes excuses.

Kiara s'aperçut que Luke avait cessé de respirer et il était à présent à ses côtés. Luke serra Kiara dans ses bras avec passion. Tarannon était toujours en position défensive. Luke lui offrit une poignée de main. Tarannon fixa Luke, un sourire mesquin au bord des lèvres. Il saisit des deux mains celle que lui offrait Luke. Ce dernier grimaça de douleur et parvint à se dégager tandis que Tarannon se dissipait dans un nuage de fumée. Luke secoua son poignet comme si celui-ci était endolori.

— Il t'a fait quoi ? demanda Kiara en étant ravie de retrouver son monde. 

— Je ne sais pas, il m'a comme brûlé la main. Il ne me fait pas confiance.

Kiara sourit, elle était ravie d'être de retour sur terre en présence d'un visage familier. Elle serra Luke dans ses bras brusquement. 

— Tu sens divinement bon Kiara, l'odeur de ton séjour chez les fées reste imprégnée sur toi.

— J'ai un frère et une sœur, Luke ! lança Kiara, guillerette, en se détachant de ce dernier.

Kiara lui expliqua brièvement sa visite express chez les fées tout en rentrant à l'intérieur du château. Luke passa son bras sur ses épaules tout en l'accompagnant jusqu'à l'ancienne chambre d'Esteban. Kiara stoppa net.

— Où est Esteban ? demanda-t-elle alors que Luke ouvrait la porte de la chambre. 

Il lui saisit la main pour la faire entrer et aperçut la bague à son doigt.

— C'est quoi ça ? demanda-t-il, en fronçant les sourcils. 

Kiara referma la porte brusquement, un poing sur le côté. 

— Allez, balance, qu'est-ce que tu as fait à Esteban, Luke ?

Celui-ci soupira bruyamment.

— Esteban ne reviendra pas, il est banni de mon territoire. Cette chambre sera la tienne si tu le souhaites.

Kiara écarquilla les yeux de surprise.

— Tu n'as pas le droit de faire ça, Luke ! Dis-moi où je peux le trouver ?

— Je n'en ai aucune idée Kiara. Il m'a provoqué, il mériterait la mort.

Kiara s'avança jusqu'à la table de chevet où se trouvait toujours son téléphone portable. Elle le saisit et tourna les talons. Luke l'agrippa par le poignet.

— Bébé, ne pars pas !

— Lâche-moi ! gronda Kiara en se dégageant.

Elle accéléra le pas et se précipita à l'extérieur. Luke l'observait s'en aller, résigné. Il se demandait si ce n'était pas uniquement son sang de fée qui l'attirait. Samuel passa dans le couloir à ce moment-là.

— Un problème, mon fils ? demanda-t-il en levant les yeux d'un document administratif. 

Celui-ci secoua la tête de gauche à droite et regagna son bureau où il contacta Tom son bras droit pour le rejoindre. Quelques minutes plus tard, celui-ci frappa à la porte avant d'entrer.

— Que puis-je pour vous, Monsieur ? demanda-t-il, en tirant une chaise pour s'asseoir. 

Il ouvrit son cahier, prêt à prendre des notes.

— Vous avez des nouvelles d'Anna ? demanda Luke en le fixant du regard.

— Toujours rien à ce niveau, Monsieur. Est-ce-que vous souhaitez que l'on renforce l'équipe de recherche ? 

— Non, mais tenez-moi au courant. Comment s'est passée la réunion avec les investisseurs chinois ? 

Tom fit un long résumé des échanges de la réunion et des accords passés. Luke ne prit connaissance que de certains éléments. Il se demandait comment Kiara allait regagner son domicile, en sachant que sa voiture était toujours sur le parking du bar. Tom le fit revenir à la réalité.

— Monsieur, est-ce que tout va bien ? Vous avez l'air ailleurs ? 

— Contactez Paul, pour le prévenir de mon arrivée sur son territoire. J'ai besoin de m'éloigner d'ici. 

— Bien, Monsieur, je contacterai le roi du secteur nord. Vous serez sur son territoire pour combien de temps ? Quel système de sécurité souhaitez-vous déployer ?  

— En fait, j'aimerais bien que vous soyez du voyage si vous n'avez pas d'autre impératif ? 

— Je confirme, il y a quelque chose qui ne va pas car c'est la première fois que vous me demandez mon avis ! 

Luke esquissa un sourire en secouant la tête. 

— J'ai quelques préoccupations en tête, Tom ! Alors vous acceptez ? 

— Oui Monsieur. On partira combien de temps ? 

Celui-ci haussa les épaules et composa le numéro du roi du secteur nord qui décrocha dès la première sonnerie. 

— Bonjour Paul !

— C'est toujours un tel plaisir de vous avoir au téléphone Luke. Tom vous a transmis mon message ? 

— Oui, c'est pour cela que je vous appelle. Je souhaiterais une autorisation de séjour.

— Bien sûr Luke. Vous viendrez chez moi. Vous serez accompagné ? 

— Oui, de Tom et de trois membres de ma sécurité rapprochée.

— Vous ne risquez rien sur mon territoire, Luke !

— Simple mesure de précaution, Paul, n'y voyez pas là l'inquiétude d'une faille dans votre service de protection.

— Vous arriverez quand ? 

— On part maintenant, on sera là vers 3h du matin. 

Tom écarquilla les yeux et Paul émit un petit cri de surprise.

— Pourquoi tant de précipitation ? demanda Paul, soupçonneux à présent.

— J'ai besoin de prendre l'air au plus vite ! 

Celui-ci hésita.

— Très bien Luke, vos chambres seront prêtes. Je vous dis à tout à l'heure.

Il raccrocha.

— Je n'ai pas encore pu annuler les différents rendez-vous de demain, Monsieur. 

— Contactez-les, je vais voir mon père. Demandez à Sophie de faire mes valises. Quand vous serez prêt, sortez l'Audi du sous-sol et attendez-moi devant l'entrée. Prévenez aussi les hommes de ma sécurité pour qu'ils soient prêts à partir rapidement. 

Tom hocha la tête et Luke descendit au salon royal où il était sûr de voir son père. En effet, celui-ci avait le nez dans un long document d'une société d'export. 

— Je pars sur le territoire nord dans dix minutes. Il faudrait que tu me remplaces ici.

— Pourquoi partir maintenant pour voir Paul ?

— J'ai juste besoin de m'éloigner un peu d'ici. Et comme Paul souhaite me voir, je vais faire d'une pierre deux coups.

— Ce départ a un lien avec Kiara ? demanda Samuel en se levant pour se rapprocher de son fils.

— Il faut que je me la sorte de la tête. Elle n'est pas faite pour moi et puis maintenant que je sais que c'est une mi-fée, je pense que c'est son sang qui m'attire chez elle.

— Je ne saurais quoi te répondre mon fils. Ecoute ton cœur.

Samuel serra son fils dans ses bras brièvement. 

— Je sais que la communication est complexe entre vous deux, mais il faut que vous discutiez.

— Pour lui dire quoi ? Elle aime Esteban !

— Alors laisse-la l'aimer mon fils et retire toi.

— C'est ce que je fais.

— Non, enlève ton interdiction de séjour concernant Esteban.

Luke foudroya son père du regard.

— Sûrement pas !

— J'ai promis à Isabelle de veiller sur sa fille et si c'est réellement Esteban qu'elle aime, elle va s'éloigner de ton territoire pour être avec lui. Plus elle sera loin et moins je pourrai veiller sur elle, Luke. Je ne souhaite pas entrer en conflit avec le peuple des fées et Tarannon me tuerait si sa fille mourait. Retire ton interdiction, mon fils.

Luke soupira et quitta la pièce sans rien ajouter. Tom était au volant de l'Audi et attendait patiemment devant le château. Les hommes de la sécurité se trouvaient dans un autre véhicule, prêts à partir. Luke s'engouffra dans l'Audi sur le siège passager et fit signe à Tom de démarrer. Luke se demandait si Kiara était bien rentrée chez elle. 

— Tom, pouvez-vous faire un détour par l'immeuble de Kiara, je veux m'assurer qu'elle est bien rentrée. 

Celui-ci hocha la tête et prévint les hommes de la sécurité de ce changement de direction. Devant le logement de Kiara, Luke aperçut la Ferrari. Elle était donc bien rentrée et avait même récupéré la voiture devant le bar. Tom se gara à proximité et Luke alla frapper à la porte. Au bout d'une longue minute, Kiara ouvrit la porte, observa Luke surprise, et s'apprêtait à refermer la porte mais Luke entra de force.

— J'ai eu Esteban au téléphone. Tu n'as pas le droit de lui interdire de me voir, Luke ! 

— Tu l'aimes ? demanda Luke à bonne distance de Kiara.

Celle-ci semblait désorientée par cette question.

— Je ne sais pas Luke, c'est trop tôt pour le dire.

— Est-ce-que tu ressens quelque chose pour moi, Kiara ?

Elle se renfrogna.

— Luke, on a des...

— Répond-moi juste par oui ou non, bébé.

Kiara soupira. Luke l'attirait mais est-ce que ça allait au-delà de ça ? Kiara se mura dans un silence pesant. 

— De ton silence, je conclus que non. Je pars dans le nord de la France quelques temps. Tu pourras informer celui que tu aimes de la levée de son interdiction, à l'exception du château dans lequel je refuse qu'il pénètre. 

Luke lui tourna le dos afin de regagner le véhicule et Kiara le devança pour se placer devant la porte.

— Pourquoi j'ai l'impression que je ne te reverrai plus ? demanda Kiara.

— Je vais prendre mes distances mais si tu souhaites me voir tu as mon numéro.