Franck

À peine sur la route, il me fallu une agilité hors norme pour éviter de cogner ce véhicule à cause de mon excès de vitesse. Il me fallait à tout prix aller à ce rendez-vous avec ma cousine pour qu'elle m'éclaircisse certains points néanmoins mon état mental en ce moment me faisait perdre toutes mes connaissances en ce qui concerne la conduite. Ce qui me valut même une arrestation. Heureusement pour moi, mon badge étant toujours sur moi, il ne me fallu même pas plus de trois secondes avant de me remettre en route.

Murielle hantait mes pensées, il était vrai que je n'avais pas cessé de penser à elle durant toutes ses années, mais voir tant de haine dans ses yeux me brisait le cœur, de plus, savoir que ma fille se trouvait dans un trafic me tourmentait encore plus.
En vrai, je savais en moi que tout cela, je le méritais. Je méritais d'être puni pour ce que j'avais fait à Murielle... Pour l'avoir abandonné alors que Fabiana n'avait qu'un an, pour ne pas avoir assumé mes choix et l'avoir abandonné comme un lâche.

Arrivée au restaurant, j'allais prendre une table avant de me replonger une fois de plus dans mes pensées.

Flash back

Encore une journée épuisante qui venait de se terminer, j'étais exténué. Alors que j'étais en marche pour rentrer chez moi, je me demandais réellement si je pourrais tenir avec ce rythme plus longtemps, ce n'était pas une vie faite pour moi, pour personne d'ailleurs. Je travaillais d'arche pied pour avoir, ne serais ce que de quoi manger.

_ ah, soupirai-je

Plus les jours passaient plus je me demandais si je n'avais pas commis une erreur en m'enfuyant avec Murielle. Il était vrai que je ne regrettais pas le fait de l'avoir à mes côtés ou encore d'avoir pu garder notre petite, mais ... cette vie n'était pas faite pour moi... Pour nous. J'avais un job minable dans un chantier où je devrais travailler plus de dix-heures par jour pour au final avoir une paye si pathétique qu'elle me permettait juste de pouvoir subvenir au besoin de l'enfant.

En quittant la maison, je n'aurais jamais imaginé que mes parents m'auraient bloqué l'accès à mon compte, car avant de prendre cette décision de quitter le foyer parental, je savais que j'avais de quoi prendre soin de nous pendant un bon bout de temps, mais jamais au grand jamais j'aurai cru, qu'il aurait pu me faire une telle chose.
De toute manière, je savais que ce n'était qu'une ruse pour me faire revenir, car il savait que je ne pourrais pas tenir plus longtemps néanmoins cela faisait maintenant un an que j'étais parti et que je vivais le jour pour le jour.

_ Franck tu es rentré, me dit Murielle alors que je venais à peiner de poser le pied dans la pièce.

J'entrai dans ce petit studio qui depuis maintenant une année m'hébergeait moi, ma femme ainsi que notre petite fille. Je la vis même sourire faiblement assis sur ce matelas posé à même le sol avec Fabiana dans ses bras. Je ne pus m'empêcher de l'analyser, elle avait tellement maigris et fané, je me trouvais méchant de le penser, mais ... La pauvreté avait rendu Murielle laide, déjà qu'à cause de la grossesse elle avait perdu du poids, mais les conditions dans lesquelles nous visions n'avaient pas arrangé les choses.

_ oui, lui répondis-je simplement en retirant mes chaussures

Elle déposa l'enfant avant de se diriger vers moi et de mettre ses bras autour de mon cou et de me sourire.

_ je suis contente de te voir, tu m'as manqué...

Je me contentais de lui faire un léger sourire forcé alors qu'elle, son visage s'illuminait quasiment. Elle déposa un bref baiser sur ma bouche avant de venir le faire dans mon cou... Je n'étais vraiment pas d'humeur pour faire quoi que se soit avec elle, j'étais beaucoup trop épuisé alors je mis mes mains sur ses épaules pour l'éloigner de moi et je vis l'étonnement suivit de la tristesse se designer sur son visage.

_ je suis fatigué Murielle...

_ d'accord, je comprends, dit, elle gênée en baisant la tête

Je me dirigeai alors dans la salle de bain pour prendre une douche avant de revenir dans la chambre pour m'allonger sur le lit en observant le plafond silencieux.

_ tu ne veux pas prendre fabi dans tes bras, me demanda t-elle

_ non, lui répondis-je sèchement

_ tu as passé toute la journée dehors et tu ne veux même pas prendre ta fille dans tes bras ? Qu'est-ce qu'il y a, Franck ? Tu...

_ ferme là ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans je suis épuisé ?!

Je fermai les yeux et repensai à tout ce que j'avais abandonné pour elle. Est-ce que tout cela était utile ?

Fin flashback

Je soupirai honteux de moi avant de fermer mes yeux, mais en les réouvrant quelques secondes plus tard, je vis Carole devant moi.

_ Bonjour Cousine, lui dis-je en essayant de cacher le plus possible ma peine

_ qu'est-ce que tu me veux Franck, me repondit-elle méchamment

Elle prit place en face de moi et me regarda avec insistance en attendant ma réponse, je lui souris... Enfin, j'essayai de lui sourire, car je me demandais réellement si mon visage ne ressemblait pas à une grimace en forçant. Elle me dévisagea avant de me dire :

_ après tout ce temps n'as-tu pas grandi ? Ne me fais pas perdre mon temps ! J'ai des choses à faire !

_ après tout ce temps ne m'as-tu pas pardonné ?

Elle souffla avant de se masser le front avec sa main.

_ je t'en veux toujours Franck, mais nous avons grandi cela fait plus de dix ans que nous ne nous sommes pas vu alors s'il te plaît, dis moi clairement pourquoi tu as autant insisté pour me voir !

_ Fabiana est en vie et elle se porte bien...

_ Dieu merci je le sais, Murielle m'a appelé tout à l'heure pour me le dire !

_ je retrouverai notre fille ! S'il me faut remuer ciel et terre pour elle, je le ferai, mais penses-tu qu'après que cette situation soit passée .... Murielle pourra me pardonner ?

Je voulais espérer qu'après avoir retrouvé Fabiana que Murielle me pardonne pour ce que j'avais eu à faire. Je voulais réellement qu'elle me pardonne, car vivre en sachant qu'elle me détestait autant me brisait le cœur, de plus je savais pertinemment qu'avec cet état d'âme elle m'empêcherait de voir ma fille...

_ trouve là Franck et vas t-en ! Ne viens pas gâcher une fois de plus la vie qu'il a mis autant de mal à construire !

_ le problème, c'est que je n'ai pas envie de m'en aller après.... Peut-être qu'après qu'elle m'ait pardonné, je pourrais ... La récupérer elle et ma fille !

_ elle n'a pas besoin de toi ! Elle a déjà une autre personne dans sa vie .... Enfin elle. Bégaya t-elle

Une autre personne dans sa vie ? Qu'est-ce que cela voulait dire ? Murielle avait un homme dans sa vie ? Pourquoi cette pensée m'énervait autant ? Après tout cela faisait 17 ans que j'étais sorti de sa vie, il est même bizarre pour une si belle femme d'être seule autant de temps, mais ... l'imaginer dans les bras d'un autre homme me ... Je ne pouvais pas l'accepter.

_ une autre personne ? Que veux-tu dire par là ? Murielle a un homme dans sa vie ?!

_ je n'ai pas dit cela, mais même si c'était le cas ce ne sont pas tes affaires ! Ne viens pas te mêler de ce qui ne te concerne pas Franck !!

_ Murielle est la mère de ma fille alors ce qui lui concerne me concerne !

Carole se leva de la table et me dévisagea ouvertement avant de dire d'un ton tellement ferme et menaçant :

_ tu es quand même audacieux de dire cela après tout ce que tu as eu à la faire. Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête, mais sache juste que cette fois-ci Murielle n'est plus seule. Fais gaffe à toi !

Ce fut sur cette phrase très menaçante qu'elle s'en alla. Venais-je réellement de me faire ménager par ma cousine ? Cela m'étonnait assez, car Carole était loin d'être une femme brutale néanmoins, il est vrai que depuis le drame avec Murielle elle ne m'avait plus jamais reparler comme auparavant d'ailleurs nous n'avions plus reparlé tout court.
Il était vrai qu'en revenant chez moi après le drame avec Murielle, mes parents étaient assez heureux que je ne sois pas revenu avec elle, car cela les avait permis d'étouffer le drame. Il avait fait passer Murielle pour une fugueuse et moi, j'avais été innocenté, cela n'était pas tellement étonnant vu le statut social de mes parents, mais ce qui m'avait étonné. C'était la famille de Murielle, car je m'attendais à me faire quasiment assassiné par ses derniers, mais rien, je n'avais même pas vu leurs visages pour venir prendre des nouvelles. Malheureusement, elle avait une famille trop ferme en ce qui concerne la discipline, ils ne l'a pardonneront jamais sa fugue.

Murielle

À genoux dans ma chambre depuis maintenant plus d'une heure, je ne cessais de porter des supplications vers l'Éternel, je savais que sans lui, je ne pouvais pas y arriver. Tout cela était au-dessus de mes forces.

_ c'est tellement dure mon Dieu, dis-je en larmes

Reparler à Franck avait eu un effet tellement destructeur en moi, voir tant de tristesses dans son regard alors que mes mots se faisaient de plus en plus fermes. Pourquoi faisait-il mine d'être triste ? Sûrement, il jouerait la comédie ? Genre, il voulait me faire croire qu'il regrettait ? Que cette situation l'affectait ? Qu'il était désolé ?

« la blague ! »

Franck n'en avait rien à foutre de ma fille et moi, il n'était qu'un égoïste qui ne cherchait que son intérêt dans toute chose ! Il était un lâche ! Je me maudissais intérieurement d'avoir été une fois amoureuse de lui. Je ne maudissais que se soit lui le père de ma fille, car il n'en avait rien à foutre de nous.

En parlant de Fabiana malgré les larmes qui coulaient toujours sur mon visage, je fis un petit sourire en me rappelant que ma fille était toujours en vie et qu'elle était en bonne santé.

D'ailleurs, j'étais sure que le fait que Fabiana soit dans une situation aussi critique, il s'en foutait clairement.

Malgré le fait que la seule information que j'avais été le fait qu'elle soit en vie, Dieu faisait naître en moi de l'espoir. Mon cœur souffrait certes affreusement, mais je croyais en mon Dieu.

_ tu es mon espérance père ...

J'avais la foi que je retrouverais ma fille dans peu de temps, mais malgré cette pensée, j'avais le  cœur assez lourd, car après l'avoir retrouvé que se passera-t-il par la suite ? Depuis que j'avais croisé le regard de Franck, une grande incertitude était née en moi... Fabiana, serait-elle capable de m'abandonner pour vivre avec son père ?
A la seule pensée de cela mon cœur se pinça, elle ne pouvait pas me faire ça. Mais lui par contre, il était tellement mesquin qu'il ferait tout pour me prendre ma princesse juste pour me détruire.

_ mon Dieu ! Tu ne peux pas permettre cela !

Père, je voulais simplement qu'après que ma fille ait été retrouvée, que tout redevienne comme avant ... sans un Franck pour nous séparer, car je ne pouvais le supporter. Je le haïssais tellement.

Je me levai et allai chercher ma bible, je l'ouvris et allai m'asseoir sur mon lit avant de faire ma lecture, car ce que je faisais été loin d'être une méditation. Ma tête était beaucoup trop rempli de pensées pour pouvoir me concentrer pleinement. Mais à ma plus grande surprise, malgré ma lecture rapide, un verset me perça le cœur comme si je sentais un reproche venant de Dieu. Colossiens 3 le verset 13 qui disait « Supportez-vous les uns les autres, et, si l'un a sujet de se plaindre de l'autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ, vous a pardonné, pardonnez-vous aussi ».

_ non mon Dieu, tu ne peux pas me demander ça, dis-je à voix haute.

Je refermai d'un coup ma bible et la déposai sur mon chevet de lit avant de m'allonger sur le lit le cœur lourd. Pendant toute la nuit, je ne cessai de me remémorer tout le mal que Franck avait eu à me faire au point où des larmes ne cessaient de couler mouillant totalement ma couette.

Suite ...