
Chapitre XVI
Il ne fallût que quelques secondes à June pour remarquer l'odeur - pour autant discrète - désagréable de transpiration qui régnait dans la chambre de Félix. Ce dernier était allongé dans son lit, ses yeux fixant une balle qu'il s'amusait à faire rebondir sur le plafond. Il la rattrapait souplement à chaque fois, ses capacités surnaturelles l'aidant considérablement à garder des gestes vifs peu importe les distractions qui l'entouraient.
« Hum, Félix, c'est quoi ce bazars ? » marmonna-t-elle, le nez froncé devant la montagne de vêtements sales qui traînaient dans un coin de son immense chambre.
Il ne répondît pas, son regard rivé sur son jouet. D'un mouvement rapide, elle le lui vola, l'obligeant à enfin la contempler avec des yeux agacés.
« Junie, rends-moi ça. » grogna-t-il.
« Non. Tu sens horriblement mauvais, ta chambre n'a jamais été aussi mal rangée et je ne parle même pas de Ayla qui a un mal fou à se contrôler vu que tu ne lui parles plus depuis des jours parce que tu es terré ici comme une ermite. »
« Je... » Il soupira avec un air triste. « Dis-lui que je suis désolé, d'accord ? Ce n'est vraiment pas la semaine... »
La rousse fronça les sourcils et vint s'installer près de lui. Le matelas grinça légèrement sous son poids, elle passa une main dans ses cheveux bruns.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Son regard était à la fois vide et larmoyant, il lui faisait penser à un enfant incapable de gérer ses émotions. Félix n'avait jamais eu personne pour l'aider, elle seule parvenait de temps à autres à le faire sortir un peu de sa carapace froide. Son pouce effleura son front, il papillonnai doucement des yeux.
« Aujourd'hui, nous sommes le 6 novembre. Il y a très exactement dix ans, la femme la plus... » Il pinça durement les lèvres, une larme solitaire roulant le long de sa pommette bronzée. « ...extraordinaire au monde que j'ai jamais connu de toute ma vie, s'est faite tuée par mes grands-parents. »
« Oh... » June lui prit doucement la main. « Qui était-ce ? »
« Anya. Elle s'occupait de moi quand j'étais enfant, c'était une humaine tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Mais elle était dotée d'une patience et d'une douceur à toute épreuve. »
Son bras vint essuyer ses joues à présent trempées. Depuis qu'elle le connaissait, la jeune fille n'avait jamais entendu de récit aussi personnel concernant son transformateur. Elle sentait son cœur se serrer douloureusement à la pensée qu'il était totalement seul pour gérer le décès d'une personne aussi proche de lui à l'époque, comme elle l'avait été à la mort de celui qu'elle croyait être son père.
« Elle était une sorte de maman pour moi, même si elle était bien trop jeune pour l'être. J'avais huit ans et elle en avait vingt. Elle était absolument tout pour moi. C'était elle mon encrage lorsque j'étais trop petit pour comprendre ce que cela signifiait réellement. Elle n'avait pas peur de moi contrairement aux autres domestiques. Anya c'était... J-je disais que c'était ma fiancée. » admit-il dans un rire chevrotant.
Il posa doucement ses paumes sur les hanches de June pour l'attirer contre lui, la faisant passer par-dessus son corps allongé et tremblant de sanglots. Elle l'encercla de ses bras, dans une étreinte qui se voulait aussi compatissante que triste. Son nez se nichant progressivement dans le cou parfumé de la rouquine, il murmura :
« Et un jour, mes grand parents en manque considérable de sang son entrés dans le manoir et l'ont mordue d'un simple coup de dents. C'est ce jour-là que je suis devenu Malfaisant. »
La jeune fille laissa courir ses doigts dans ses mèches brunes, dans un mouvement protecteur.
« Je suis désolée pour ce qui lui est arrivé. » déclara-t-elle avec un air désolé.
« Tu vas me trouver bizarre de dire ça étant donné que j'étais amoureux de toi mais... Je trouve que tu lui ressembles. »
« Vraiment ? »
« Oui. T-tu es la seule à me faire entièrement confiance, tu n'as pas peur de moi Junie. »
« Ne dis pas ça ; tu as Ayla aussi. »
« Oui, mais Anya... Elle était rousse. » Il enroula une mèche orangée de sa chevelure autour de son index. « Comme toi. »
Elle lui sourit.
« Ce n'est pas bizarre, ne t'inquiète pas de ça. » Elle mordilla distraitement sa lèvre inférieure. « Mais je ne pense pas être autant à la hauteur qu'elle l'était. »
« Oh si tu l'es. Anya t'adorerait. Elle aimait lire, à chacun de mes anniversaires elle m'offrait un livre. »
June laissa un sourire se former sur ses lèvres, les étirant vers le haut. Dès qu'elle souhaitait se plonger dans un bon roman, elle allait toujours voir Félix, Brett et ses entraînements incessants ne l'aidant pas à se concentrer. Ils lisaient ensemble l'un de ses nombreux romans policiers, et cela se finissait toujours en bataille d'oreillers à cause des raisonnements incessants du Vampire.
« Elle me manque Junie... » murmura-t-il d'une voix suppliante. « Elle me manque tellement. »
« Je sais Félix, je sais ce que ça fait. »
Il avait l'air tellement démuni. Le décès de cette dénommée Anya remontait à une décennie à présent, mais son cœur semblait toujours en miettes après ça. Cette date était une véritable épreuve pour lui, elle ne parvenait même pas à imaginer ce que ça avait dû lui faire de voir ses propres grands-parents assassiner la seule personne qui avait jamais compté à ses yeux. Patiemment, elle attendit qu'il s'apaise. Elle savait ce que va faisait.
Elle n'avait pas connu plus grande douleur au monde.
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