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XXVIII-CE QUI NOUS LIE

- Comment vas-tu, ma chérie ?

- Je vais bien maman. Je suis bientôt en vacances, on va avoir un grand weekend pour l'Ascension, c'est cool ! Dis maman, quand est-ce que tu rentres ?

Je suis au téléphone avec ma fille Alice. Le cœur lourd, je me remémore son visage en fermant les yeux. Etre séparée d'elle pendant de si longues périodes est difficile à vivre. Pour toutes les deux ... Avec mes obligations professionnelles, je ne lui offre pas la vie dont rêverait une enfant, c'est certain.

- Bientôt, mon ange.

Pourquoi se sent-on toujours obligé de déformer la vérité auprès de son enfant ? On veut la rendre plus douce à ses yeux, le protéger ... Mais la réalité n'est-elle pas plus amère encore quand les espoirs sont déçus ... En réalité, nous devons tourner encore plusieurs semaines avant que je ne rentre en France pour la seconde pause du Tour. Mais je n'ai pas le courage de lui annoncer cela maintenant ... Je me sens déjà tellement coupable d'être loin d'elle si souvent.

Alice est bien plus courageuse que moi, elle me l'a déjà prouvé. Depuis l'année dernière, on lui a diagnostiqué une maladie chronique, très rare chez les enfants de son âge ... une forme de sclérose en plaque. A cette époque, j'avais consulté mon médecin pour Alice à plusieurs reprises, suite à des engourdissements musculaires répétés dans ses membres ... Il a vite eu des soupçons et après une batterie d'examen, le diagnostic définitif est tombé. J'étais anéantie. Mais contrairement à moi, Alice a pris la nouvelle avec un courage extraordinaire ... Les enfants ont vraiment une force, une confiance dans la vie étonnante parfois. Une confiance qui nous manque souvent à nous, adultes. Peut-être est-elle altérée progressivement par nos diverses expériences au cours de la vie ... Mais Alice est restée la joyeuse petite fille pleine de vie qu'elle a toujours été, et c'est même elle qui m'a aidé à reprendre espoir ... Je suis tellement fière d'elle.

A son âge, la maladie agit par « poussées »,  qui durent plusieurs semaines, et pendant lesquelles les symptômes se manifestent et la handicape fortement. Un traitement permet d'atténuer la progression de la maladie, ce qui a permis à Alice d'être scolarisée comme tous les autres enfants, et d'avoir une vie « presque » normale. Mais qu'en sera-t-il dans cinq ou dix ans?  Les médecins m'ont expliqué que la progression de cette maladie est imprévisible, et peut laisser un relatif répit pendant plusieurs années, puis entamer une évolution rapide vers une forme beaucoup plus invalidante ...

Depuis un an, Alice et moi avons appris à vivre avec cette épée de Damoclès sur la tête. L'optimisme de la petite fille est resté intact jusqu'ici, et j'essaie de suivre son exemple, mais j'avoue qu'il m'arrive souvent de pleurer le soir en cachette, en songeant à l'avenir ...

Je me retourne vers la grande scène du Royal Arena où sera donné le concert de ce soir. Matt accorde une de ses guitares, assis sur le bord de la scène et il me fait un petit signe en m'adressant une regard débordant d'affection. Mon cœur se gonfle. Après quelques échanges joyeux avec ma fille et de tendres 'je t'aime', je remet mon téléphone en poche et le rejoins.

- Comment va la famille ? me demande-t-il avec un grand sourire.

- Tout le monde va bien.

Jusqu'ici je ne lui ai jamais parlé de la maladie de ma fille. En général, je ne m'épanche guère sur le sujet, car je préfère éviter les paroles compatissantes qui suivent ce genre d'annonces. Je ne trouve aucun réconfort dans ces attentions et je ne veux pas que ma fille suscite de la pitié autour d'elle. Je tiens à ce qu'Alice se considère toujours comme une enfant normale.

Cependant, je ressens le besoin de me confier à Matt à présent ... Je me sens tellement lasse par moment de devoir supporter ces difficultés toute seule ; et le père d'Alice ne m'est hélas d'aucun secours ; Depuis que je lui ai annoncé la nouvelle l'année dernière, ses contacts avec sa fille qui étaient déjà peu fréquents, se sont encore espacés. On rejette ce qu'on ne connait pas et qui nous fait peur, dit-on ... Le comportement de Cédric en est malheureusement la parfaite illustration.

Aujourd'hui, j'aimerais tant pouvoir partager mes propres peurs avec Matthew et trouver en lui ce soutien qui me manque ... Mais je m'attache et attends trop de lui, je le crains. Je vois qu'il m'observe, intrigué, lisant sans doute dans mon regard de l'hésitation. Toutefois, je ne dis rien. Même si nous avons atteint un nouveau stade d'intimité depuis hier matin, je ne me sens pas le droit de partager ce genre de préoccupations avec lui. Nous avons fait l'amour, mais est-ce que pour autant nous formons un couple, tous les deux ? Non. Je ne sais même pas ce que je suis pour lui, désormais. Un coup d'un soir - ou d'un matin, en l'occurrence- ? Sa maîtresse ? Ce doit être quelque chose comme ça, oui. Je me sens honteuse en y songeant.

Suite à 'l'incident', nous avons tous été bien occupés avec les préparatifs pour le concert. Matthew et moi n'avons pas encore eu l'occasion de nous isoler et de parler de tout ça. Je redoute un peu cette discussion à vrai dire. Et surtout de ce que qui pourrait en découler ...

- Tu es belle quand tu es perdue dans tes pensées ...

Surprise, je lève les yeux vers Matthew. Il me dévore du regard ... Il est irrésistible quand il me fait ses yeux là ... Ou plutôt, 'encore plus' irrésistible, si c'est possible toutefois.

- Oh ! Merci ... Je souris, gênée.

- J'aimerais bien savoir à quoi tu songeais, à l'instant.

- Bah, rien d'important ...

Matt se renfrogne un peu. Il parait contrarié par ma réponse.

- Je ne suis pas d'accord. Tout ce qui te concerne est important pour moi.

Je le considère un instant, ne sachant que dire.

- Heu ... je ne suis pas sûre, Matt.

-Tu ne me crois pas ?

- Je n'ai pas dit ça. Je veux dire que notre ... heu ...situation ne nous permet pas de tout partager, je veux dire par là nos vies, nos problèmes ...

J'hésite un instant, jette un coup d'oeil alentour pour vérifier que personne ne puisse nous entendre, puis je me décide à lui avouer ce qui me tracasse.

- En dépit de ce qu'on a fait hier matin, on ne peut pas se considérer comme étant ensemble, Matt. Nous ne partageons pas nos vies comme le ferait un couple. Nous ne sommes plus des amis non plus, avec ce qui s'est passé. Je ... Je ne sais plus vraiment qui nous sommes et ce qui nous lie l'un à l'autre, à vrai dire.

Il m'observe en silence, une expression impénétrable sur son beau visage. Soudain pris d'une impulsion, il se lève.

- Alors, il faut vérifier ça tout de suite. Viens avec moi.

- Quoi ?

Matthew laisse sa guitare de côté, s'approche de moi et me prend par le bras. Puis il m'entraine d'un pas décidé loin de la scène, vers le couloir qui mène aux loges des artistes.

- Suis-moi Anna ...

- Mais ... où va-t-on ? Et les répétitions ?

- En coulisse. Les répétitions attendront un peu.

- Attends Matt, et que vont dire les autres ...

Je me retourne et j'aperçois de l'autre côté de la scène que Chris et Dom, affairés à régler le matériel sur scène, nous suivent du regard, interloqués.

- Matt, s'il te plait ! Je reprend à voix basse, Tout le monde va se poser des questions si on disparait tous les deux comme ça ...

Il lance un regard imperturbable par-dessus son épaule, tandis qu'il continue à m'emmener dans le couloir.

- Eh bien tant pis, qu'ils se posent des questions. J'ai quelque chose de plus urgent à faire, tout de suite ...

- Mais ... Qu'est-ce qui peut bien être plus urgent ?

Nous atteignons enfin la dernière loge tout au fond, celle qui avait été désignée un peu plus tôt pour accueillir les trois musiciens, et Matthew me pousse à l'intérieur.

- Vérifier ce qui nous lie vraiment, toi et moi.

Puis après avoir verrouillé la porte de la loge, il me prend dans ses bras vigoureusement et sans que je puisse réagir, m'embrasse avec fougue, en me guidant à reculons vers le canapé au fond de la pièce.

Et je dois admettre a posteriori que pendant le laps de temps qui suivit, il mit effectivement tout en œuvre et déploya tous ses talents pour lier nos corps et nos âmes ... Tant et si bien que tout le reste, nos vies à chacun, nos mondes, perdit son importance. Il n'y avait plus que lui, moi et la passion qui nous unissait tous les deux.

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