XIX-LA NUIT DES RETROUVAILLES (Suite)
Matthew me tient toujours blottie contre lui, possessivement. Ses mains enserrant mes avant-bras, il effleure ma peau avec ses pouces, dans une douce caresse. Je ferme les yeux, l'esprit engourdi par son odeur, sa chaleur qui enivrent tous mes sens. Je me sens chavirer sous ses attentions et le cœur gonflé de bonheur, je presse ma tempe contre sa joue. Mon geste semble l'émouvoir ... Il me serre un peu plus contre lui et enfouit son visage dans mon cou.
- I've missed you Anna ...
Mais ses mots murmurés à mon oreille me font l'effet d'une décharge électrique. Involontairement, je me raidis contre lui. Troublé à son tour, Matt s'éloigne de moi et m'observe. Quelque chose me dit que je dois me ressaisir ; tout ça va trop loin, je dois lui dire que nous n'avons pas le droit de nous autoriser ces gestes, ces mots ...
Ses magnifiques yeux azuréens me fixent silencieusement. Je réalise alors que mes mises en garde sont inutiles. Bien sûr, il sait tout ça comme moi, je le lis dans son regard. Cependant, une autre chose me fascine en le dévisageant. Une chose qu'il semble assumer complètement tandis que je me bats constamment avec mon sentiment de culpabilité : son affection à mon égard. Cette flamme brille en ce moment même au fond de ses prunelles et m'hypnotise. Comme tout en lui, ses lèvres, son aura, son corps tout proche ... Mon dieu, il est un véritable appel à la tentation ...
Désemparée par ces considérations contradictoires, je garde le silence. Matthew se décide à réagir; il enveloppe mes mains dans les siennes puis plonge son regard dans le mien.
- Qu'est-ce qui te chagrine Anna ?
- Oh, rien du tout ...
- S'il te plait, dis-moi... Tu t'es assombrie tout à coup ...
- Ah bon ? c'est le ... la fatigue, sans doute.
- La fatigue ? Je ne crois pas non ... C'est mon comportement qui te dérange ?
Devant mon silence, il pousse un grand soupir.
- Anna, il faut vraiment qu'on parle. Tu sais comme moi qu'il y a quelque chose ... de spécial ... entre nous. You know ?
Il hésite, puis poursuit :
- Yeah, you know ... Nos rendez-vous rien que tous les deux, tous ces messages qu'on s'est envoyés, ces élans de tendresse ... et puis l'autre soir ... ce baiser ...
Je suis stupéfaite. Je ne m'attendais pas à de tels aveux, juste ce soir, pour nos retrouvailles. Mais à quoi pouvais-je m'attendre d'autre, à vrai dire ... Mon ami - ou amoureux ? Ou amant ?- me regarde avec un mélange d'embarras et de douceur, ses mains enserrant toujours les miennes. Il semble à court de mots et implore des yeux un signe de ma part. Veut-il que je me confie à lui ? Pourquoi me demande-t-il cela maintenant ? Le voir s'ouvrir à moi m'effraye. Je réalise que je ne suis pas prête à lui avouer mes sentiments ... Paniquée, je me réfugie derrière un silence distant. Il reprend avec un sourire contrit :
- Tu te fermes, je vois ... Tu préfères ne pas en parler, c'est ça ?
- Je ne vois pas du tout ce que tu veux dire.
Je lâche ces mots d'un ton sec, et retire brusquement mes mains des siennes. Il fronce les sourcils et semble contrarié, à présent. Je réalise trop tard que je l'ai blessé. Il laisse retomber ses mains sur le lit et me fixe tristement. Soudain, un sentiment de culpabilité me tenaille ; comment puis-je être aussi lâche ? Il a trouvé la force de parler de notre relation, alors que je n'ai pas le courage de m'en parler à moi-même ... Il a confiance en moi au point de se confier sur ses sentiments ... Et je trahis cette confiance en affichant une attitude méprisante.
Face à mon silence, Matthew capitule d'un ton amer :
- Tu as raison, mieux vaut cesser cette mascarade en effet ...
Le visage fermé, il se détourne, prêt à se lever. Les pensées défilent dans ma tête à toute vitesse. Il s'éloigne de moi. Il va me dire de quitter la chambre. Il va sans doute ne plus vouloir me revoir ... Non , je ne veux pas ça ... Non, je ne voulais pas te faire du mal, Matthew ...
Impulsivement, je lui prend le bras pour l'arrêter :
- Matt, attends ! Reste près de moi ... S'il te plait ...
Il se retourne vers moi, surpris. Et soulagé aussi semble-t-il ... Il a peut-être saisi la détresse dans ma voix, car il m'entoure de ses bras et me serre fort contre lui maintenant. Il embrasse mon front, ma tempe. Enveloppée dans sa chaleur, je ressasse les mêmes mots sans pouvoir m'arrêter, comme une litanie.
- Pardon Matt ... Ne pars pas, j'ai besoin de toi ... Ne pars pas ...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro