Chapitre 92
Les alphas s'en sortaient plutôt bien, leurs blessures étaient superficielles même si elles nécessitaient des soins afin de ne pas s'aggraver. Irene s'occupait de Beomgyu tandis que Changbin faisait de son mieux pour se faire un pansement lui-même en attendant.
Wonpil avait préféré se laver afin de se débarrasser de toutes les traces salivaires que ses adversaires avaient pu laisser sur lui. Personne n'osait aborder le sujet de ce qui venait de se passer, chacun préférait d'abord cogiter dans son coin avant d'en parler avec le reste de la meute. Ils se demandaient également comment les autres alphas allaient réagir lorsqu'ils apprendraient cette nouvelle à leur retour.
— Tout est de ma faute, dit Beomgyu d'une petite voix.
Irène lui tapota gentiment l'épaule.
— Non, tu as dit toi-même que ce qui les intéressait, c'était les omégas. Et nous avions aussi accueilli Eunseo avant que tu arrives, alors il y a d'autres choses qui auraient pu les attirer ici.
— Mais quand même…
— Et on te l'a déjà dit, tu fais partie des nôtres, alors arrête de te prendre la tête avec tout ça.
Beomgyu fit la moue mais finit par acquiescer. Rien ne servait de se morfondre, ça n'allait pas aider les autres, bien au contraire, ça ne ferait que leur ajouter des soucis supplémentaires.
— Tu as raison, je vais aller aider les omégas à nettoyer les dégâts.
Irène lui pressa affectueusement le bras.
— Je préfère ça. Allez, je t'accompagne.
Ils se dirigèrent vers la porte et s’arrêtèrent net en tombant sur Félix qui allait justement entrer dans la salle de bain. Face à l'air étonné de la jeune femme, l’oméga s’empressa de se justifier.
— Je ne suis pas très à l'aise à l'idée de rester dans la grande pièce après ce qui vient d'arriver, alors je me suis dit que je pourrais peut-être me montrer utile ici à la place.
Les deux alphas échangèrent un regard, il ne restait plus que Wonpil et Changbin à l'intérieur, mais pas certain que l'oméga apprécie la présence du second.
— Tu es certain de…
— Ça va aller, la coupa Félix.
Il laissa la voie libre aux sortants et entra avant de fermer la porte derrière lui. Wonpil venait de sortir de la douche et il se dépêchait de se sécher afin de ne pas attraper froid. La friction de la serviette sur son corps lui servait également à éliminer les dernières traces de lutte qu'il pouvait encore porter. Il se sentait sale, mais surtout en colère. Certes, il s'était battu comme les autres et avait remporté son combat, mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aurait pu et dû pressentir l'arrivée de ces intrus bien avant qu'ils n'accèdent à l'intérieur de la maison.
— Tu n'y es pour rien, lui dit Changbin, et si tu te sens coupable de quelque chose, dis toi qu'on aurait tous dû réagir avant.
Il avait bien senti le mal-être de Wonpil par le biais de leur lien de meute. D'ailleurs, Chan et les autres avaient dû être prévenus eux aussi. Mais ils semblaient tous occupés à autre chose.
— Félix ?
Wonpil venait de remarquer sa présence. Changbin était assis près d'un lavabo, il terminait de nettoyer ses plaies et il eut un mouvement de recul dû à la surprise lorsque l'oméga s'approcha de lui.
— Qu'est-ce que tu…
— Tu as des plaies dans le dos, expliqua l'oméga d'un air absent, tu ne vas pas pouvoir les atteindre tout seul.
Il s'assit derrière le dominant et attrapa un linge humide pour s'en occuper. Changbin n'osait pas bouger, il avait peur que le moindre mouvement fasse prendre peur à Felix et c'était bien la dernière chose dont il avait envie. Wonpil croisa le regard de l'autre alpha dans le miroir, ils étaient tous les deux dans la même incompréhension et Wonpil préférait faire profil bas afin de ne pas venir interrompre ce moment. Changbin observait avec grande attention le reflet de Félix et pour la première fois depuis leur rencontre, son visage n'affichait ni peur, ni douleur, ni aucune autre expression désagréable. Félix ne semblait pas non plus euphorique, mais cette neutralité était déjà le signe qu'il ne subissait pas cette proximité avec l'alpha.
Félix s'appliquait à nettoyer le sang séché. Ses doigts entraient parfois malencontreusement en contact avec la peau de Changbin lorsque la compresse roulait ou se pliait, mais il ne cillait pas.
— Tu n'es pas obligé de faire ça, dit soudain l'alpha d'une petite voix. Wonpil peut s'en charger, tu devrais…
— Tu m'as sauvé la vie, le coupa aussitôt Félix, je peux bien faire ça pour te remercier.
— Oh.
Le loup de Changbin se sentit soudain extrêmement fier, il avait su remplir son rôle de protecteur à merveille. L'alpha s'éclaircit la gorge.
— Tu n'as pas besoin de me remercier pour ça, c'est tout naturel.
Il avait envie d'ajouter qu'il aurait fait la même chose pour n'importe quel membre de la meute, mais il craignait que Félix puisse mal le prendre alors il s'arrêta là.
— Felix, appela soudain Wonpil, tu préfères que je reste ici ou je peux rejoindre les autres ?
— Tu peux y aller, ça va aller.
— Tu en es sûr ? Sinon je peux…
— Ça va aller.
— Oh, bon et bien d'accord.
Bien que dubitatif Wonpil n'osa pas insister, il termina de s'habiller et fit signe à Changbin de l'appeler si besoin. Une fois seul dans la salle de bain avec Félix, Changbin préféra ne pas parler. Il n'avait aucune envie de faire peur à l'oméga et préférait attendre qu'il soit celui qui initierait la conversation s'il le voulait.
— Merci.
Changbin se redressa d'un bond.
— De ?
— De t’être interposé quand cet alpha s'est jeté sur moi.
— Mais c'est normal. Et puis pour être honnête avec toi, je pense avoir agi d'instinct plutôt que d'y avoir réellement réfléchi.
— Mais même, j'étais figé par la peur et tu as été le premier à réagir, alors merci.
Il avait peut-être enfin eu la preuve que Changbin n'était pas quelqu'un dont il devait avoir peur, bien au contraire. Et peut-être allait-il même devenir quelqu'un envers qui il pourrait avoir entièrement confiance.
— Je te l'avais dit, non ?
Félix leva les yeux pour croiser le regard de l'alpha dans le miroir. Devant son air dubitatif, il préféra expliciter sa pensée.
— Que je ferai tout pour te protéger.
Cette fois, le rythme cardiaque de Félix accéléra, mais pas de crainte, bien au contraire. Il baissa les yeux et pinça les lèvres. D'un délicat mouvement, il essuya la dernière plaie restante à l'aide d'un linge, puis sa main libre alla se poser sur l'omoplate gauche de l'alpha qui frissonna. La chaleur de sa peau rencontra la fraîcheur du bout des doigts de Félix et il tressaillit à son tour.
— Désolé, s'excusa-il aussitôt.
— Non, ne t'excuse pas.
Leurs yeux se rencontrèrent une dernière fois plus longtemps que de raison et ce fut presque tendre. Mais soudain, Félix détourna le regard, il se débarrassa du linge en le jetant dans une bassine après s'être succinctement nettoyé les mains, puis se dirigea vers la porte.
— J'ai terminé, tu peux te débrouiller pour le reste.
Pris au dépourvu, Changbin ne pu qu'acquiescer et il laissa l'oméga partir sans un mot. Chaeyoung entra au moment où il sortait. Elle avait été plus qu’étonnée lorsque Wonpil lui avait fait part de la visite inattendue de Félix et elle avait préféré venir prendre le relais. Ça n'était pas par jalousie, elle savait qu'elle pouvait avoir confiance en les sentiments que Changbin éprouvait pour elle. Elle tenait simplement à s'assurer que tout allait bien.
— Tout va bien ? Et Lix ?
Changbin terminait de s'habiller.
— Il voulait m'aider pour me remercier de l'avoir sauvé.
— Waouh, eh ben…
— Je lui ai dit que c'était normal, mais il avait l'air d'y tenir, alors je l'ai laissé faire.
Chaeyoung s'installa à ses côtés et afficha un sourire taquin.
— Et je suppose que c'est loin de t'avoir dérangé.
Changbin n'osa pas la contredire. Il ne savait pas vraiment comment verbaliser ce qu'il avait sur le cœur. Heureusement pour lui, l'oméga semblait bien plus loquace sur ce point.
— Tu as toujours ressenti quelque chose pour Félix, non ?
L'alpha se contenta d'un son de gorge, il n'avait visiblement plus rien de secret pour sa bien-aimée.
— Ça se voit, tu sais, reprit-elle. Personne n'est dupe.
— C'est bien ce que j'ai cru comprendre, oui, mais ce n'est pas comme si c'était quelque chose que je pouvais contrôler.
Chaeyoung esquissa un sourire tandis qu'elle se plaçait dans le dos de Changbin et qu'elle drapait ses bras autour de ses larges épaules. Elle savait qu'il pouvait être courant pour un alpha d'avoir plusieurs omégas, alors elle n'était pas inquiète pour elle. Alors qu'il se tournait pour l'embrasser, la porte s'ouvrit dans un fracas.
— Ils sont rentrés ! s’exclama Seungmin le souffle court. Et Jinyoung va très mal.
Changin se leva d'un bond et se précipita vers le salon, les deux omégas sur ses talons. Il y trouva le reste de la meute. Chan et Jeongin étaient en train d'installer le corps immobile de Jinyoung sur la grande table en bois. Jihyo faisait déjà le tour afin de faire le point sur son état. Irène apporta le matériel médical dont ils disposaient, tandis que les omégas apportaient des vêtements chauds afin que les alphas puissent se vêtir.
— Qu'est-ce qu'il a ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Changbin en s’approchant du groupe.
Dans la cohue, ce fut Minho qui lui répondit.
— On en sait rien. On l'a trouvé comme ça, inconscient dans la neige. On dirait qu'il a dévalé une butte. Mais à savoir s'il a glissé ou si on l'y a poussé, aucune idée.
— Il n'y avait pas d'autres traces à part les siennes et on n'a rien senti, mais on ne sait jamais, expliqua Jisung.
— Eh bien, pendant que vous étiez partis, on a eu de la visite nous aussi.
Chan s'arrêta de bouger et chercha soudain son lié du regard. Il le repéra près du feu. Il s'était éloigné avec Eunseo pour ne pas gêner les autres.
— Est-ce qu'il y a des blessés ?
— Rien de grave, le rassura Irène, pour le moment l'urgence, c'est Jinyoung.
— Je crois qu'il est dans le coma, dit Jihyo d'une voix qu'elle s'efforçait de garder calme. On ne peut rien faire pour lui ici.
Younghyun observa l'horloge au-dessus de la cheminée.
— Avec cette neige, il va nous falloir des heures pour sortir de la forêt et atteindre la clinique.
— On n'a pas le choix, si on le garde ici, il va mourir.
La remarque de la jeune femme jeta un froid et un silence pesant se fit. Un coup d'œil à Irène leur confirma qu'elle était du même avis et que le temps pressait. Chan fut le premier à réagir.
— Younghyun va préparer la voiture, toi Irène et Jihyo vous partez le plus vite possible avec Jinyoung. Tant pis s'il vous faut cinq heures pour atteindre la clinique, il faut tout faire pour le sauver.
— J'y vais aussi, intervint Jisung, je vais préparer la voiture avec Younghyun.
— Et moi de quoi tenir sur la route, dit Irène en quittant la pièce.
Les omégas les aidèrent à s'habiller et à rassembler des couvertures pour réchauffer et garder le corps de Jinyoung au chaud pendant le trajet. Grâce à la participation de tous, le gros pick-up s'élança à travers les bois au bout d’à peine vingt minutes.
Assise sur la banquette arrière, Jinyoung inconscient, calé entre elle et Irène, Jihyo se laissa enfin aller. Des larmes chaudes et salées dévalèrent ses joues tandis qu'elle prenait le visage de son petit ami en coupe entre ses mains tremblantes.
— Je t'en supplie, Jin, ne me laisse pas.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro