Chapitre 89
Si la neige était un terrain de jeu incroyable, elle devenait une véritable plaie quand il était question de travailler ou de faire des rondes dans la forêt. Jeongin avait pris la tête du petit groupe, Jinyoung suivait d'un peu plus loin, il avait la gentillesse de garder le même rythme que Beomgyu afin que celui-ci ne se retrouve pas à la traîne.
Ils évitèrent certaines zones qui étaient devenues impraticables avec le gel, ils ne voulaient pas risquer un accident. Ils étaient surtout là pour s'assurer que personne ne s'amusait à traîner sur leur territoire.
Beomgyu craignait que sa présence dans la nature alerte son ancienne meute, mais il essayait de chasser ses inquiétudes de sa tête et de profiter de pouvoir gambader librement en pleine nature. Il n'avait plus à s'en faire, sa nouvelle famille avait l'air de se soucier de son bien-être et elle le protégerait de l’ancienne si celle-ci venait à se manifester.
Il n’y avait pas l’air d’y avoir de traces d’intrus, ils avaient peut-être été découragés par la météo et par l’épais manteau blanc qui recouvrait le sol. Bien que motivé par cette ronde, Beomgyu manquait cruellement d'endurance. Jeongin allait bien plus vite que lui et il sortait parfois de son champ de vision. Il réapparaissait quelques instants plus tard lorsqu'il réalisait qu'il risquait de semer les deux autres. Beomgyu culpabilisait, il n'avait pas envie d'être un fardeau, mais à sa grande surprise, Jeongin vint le rassurer. Il galopa jusqu'à lui et lui lécha le cou et l'arrière des oreilles comme pour essayer de lui donner du courage. Agréablement surpris par cette marque d'affection, Beomgyu agita la queue. Jinyoung leur jeta un coup d'œil curieux avant de décider de prendre la tête du groupe. Jeongin resta à côté de son amant en adoptant un rythme plus lent. Ils marchèrent longtemps et Beomgyu commença à fatiguer. Il stoppa les autres et leur indiqua qu'il valait peut-être mieux pour lui rebrousser chemin tant qu'il avait encore assez de force pour le faire. Les deux autres alphas échangèrent un regard, ils n'avaient pas terminé leur circuit et s'ils devaient faire demi-tour tout de suite et reprendre plus tard, alors ils perdraient un temps précieux. Il valait peut-être mieux que l'un d'eux termine seul pendant que le second raccompagnait Beomgyu à la maison. Jinyoung observa les alentours, il connaissait parfaitement cette partie du territoire. Il pouvait se débrouiller seul. Il fit signe à Jeongin de rentrer avec Beomgyu. Le cadet de la meute émit quelques réserves, mais finit par céder en voyant l'état de fatigue dans lequel se trouvait son amant. Il signala à Jinyoung qu'il pourrait le rejoindre plus tard, mais l'aîné lui indiqua qu'il rentrerait seul une fois qu'il en aurait terminé avec sa ronde. Il s'en sortirait, il n'y avait pas de souci à se faire pour lui. Jeongin obtempéra et rebroussa chemin avec Beomgyu. Celui-ci s'en voulait terriblement de leur causer autant de soucis et il ne manquerait pas de présenter ses plus plates excuses à Jinyoung à son retour.
***
— Quel temps ! rala Jihyo en remettant du bois dans l'âtre.
— J'en ai ma claque de l'hiver, renchérit Jisung, vivement le printemps.
Les oméga observaient les alphas se plaindre de la saison et de la météo. Eux appréciaient plutôt bien l'hiver. C'était l'occasion de rester au chaud, de faire des nids et de rester tous ensemble. Mais ça, c'était valable lorsqu'ils vivaient à la réserve et n'avaient rien à faire en extérieur. Maintenant qu'ils faisaient partie d'une meute, ils devaient mettre la main à la pâte et de ce fait, l'hiver rendait les tâches bien plus difficiles.
Felix était en boule dans le canapé, coincé entre Seungmin et Chaeyoung. Les trois omégas sirotaient, un thé bien chaud. Pendant ce temps-là, Hyunjin faisait prendre un bain à Eunseo En compagnie de Chan. Celui-ci était si concentré sur sa vie de famille ces derniers temps qu'il se préoccupait beaucoup moins des affaires de la meute. Heureusement que rien de particulier ne se passait car il lui aurait fallu un certain temps pour se remettre en mode chef et gérer une situation de crise.
— Où est Jinyoung ? demanda Jihyo en voyant Jeongin et Beomgyu rentrer sans lui.
— Beomgyu était trop fatigué pour continuer la ronde, lui répondit Jeongin. Jinyoung a proposé de terminer seul et de rentrer quand il aura fini. J'ai proposé de le rejoindre une fois Beomgyu ici, mais il a refusé.
— Est-ce que ça n'est pas un peu risqué de rester seul dehors par les temps qui courent ? fit remarquer Seungmin.
Wonpil essaya de se montrer rassurant.
— Jinyoung connaît bien le territoire et s'il a accepté de rester seul, je suppose que c'est parce qu'il n'a pas senti de présence étrangère.
Jeongin acquiesça d'un hochement de tête.
— Aucune trace d'un quelconque intrus. Et ça n'est pas la neige qui masque quoi que ce soit. Personne n'a mis les pattes chez nous depuis un moment.
— Bonne nouvelle dans ce cas, et espérons que ça reste ainsi pour un moment.
Alors qu'ils se dirigeaient vers la chambre de Jeongin pour se reposer, Beomgyu lui attrapa le bras.
— Tu es sûr que Jinyoung ne court aucun risque ? C'est ma faute si on a dû le laisser seul.
Jeongin lui tapota affectueusement la tête.
— Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Et n'importe qui aurait fait la même chose pour n'importe lequel d'entre nous.
Félix haussa un sourcil et Wonpil ne manqua pas de le remarquer.
— Quelque chose ne va pas, Félix ?
— C'est juste que je n'avais pas remarqué jusqu'à présent, mais Jeongin et Beomgyu ont l'air très proches.
Changbin se mêla aussitôt de la conversation.
— Ça me surprend aussi que Beomgyu ait réussi à accorder sa confiance aussi vite à quelqu'un qu'il connaît depuis si peu de temps, avec un passif aussi lourd que le sien.
— Comment ça, qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Ça n'est pas à moi d'en parler, mais il semble qu'il n'a pas eu la vie facile de là où il vient.
Il jeta à Félix un regard entendu. S'il y avait bien quelqu'un parmi eux, particulièrement à même de comprendre par quoi Beomgyu était passé, c'était bien Félix. Mais ça ne regardait personne d'autre qu'eux. L'oméga était perplexe, si le nouvel arrivant avait vécu le même genre de traumatisme que lui, il avait du mal à comprendre comment il avait si vite réussi à tisser des liens visiblement intimes avec Jeongin, un alpha qu'il avait rencontré si peu de temps auparavant. Il n'en demanda pas plus à Changbin, même si cette conversation risquait de le faire cogiter pendant un bon moment.
***
— Ça va Lix ? Tu as l’air pensif depuis tout à l’heure.
Félix était resté avec Seungmin et Wonpil dans la chambre de ce dernier, les deux omégas étaient occupés à tricoter ou rapiécer des vêtements. Cela faisait plusieurs fois que Félix se trompait dans sa tâche, il râlait puis recommençait, ça n’était pas dans ses habitudes, ce qui n’avait pas manqué d'interpeller Seungmin.
— C’est rien, j’ai la tête ailleurs c’est tout.
— C’est à cause de ce qu’a dit Changbin tout à l’heure ? devina Wonpil.
L’oméga jeta son ouvrage sur le matelas et leva les yeux au ciel.
— Je suis si facile à déchiffrer que ça ?
— Non mais c’est ce qui me semble le plus logique. Tu veux en parler ?
Félix observa ses deux amis l’un après l’autre, il était peut-être temps qu’il arrête de tout garder pour lui.
— Je me demande simplement comment il fait pour réussir à faire confiance à un alpha qu’il connaît depuis si peu de temps s’il a vraiment vécu des choses comme moi.
— Tu as bien réussi à le faire avec moi, remarqua Wonpil.
— Pas en si peu de temps.
— Pourquoi ça te gêne tant que ça ? demanda Seungmin. Moi ça ne me choque pas ? Je suppose que c’est chacun à son rythme, il n’y a pas de règle.
— Il a peut-être trouvé en Jeongin quelque chose qui lui plait, ou peut-être que d’avoir trouvé quelqu’un qui veut l’aider et prendre soin de lui l’aide à se sentir mieux.
— J’ai quand même du mal à comprendre…
— Tu n’as qu’à essayer, plaisanta Seungmin, peut-être que tu auras une révélation.
Félix écarquilla les yeux, il ne savait pas s’il devait rire ou être outré par la réflexion de son ami. Wonpil sembla capter son dilemme intérieur et tenta de détendre l’atmosphère.
— Pourquoi pas, mais tu peux aussi prendre ton temps et aller à ton propre rythme. Il n’y a personne qui te force à quoi que ce soit Félix.
Ce dernier esquissa un sourire, lui qui pensait qu’en parler pourrait l’aider, voilà qu’il était encore plus confus…
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