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Chapitre 75

Hyunjin était allongé dans les bras de Chan. Eunseo était profondément endormie après avoir bien mangé et Hyunjin en avait profité pour la laisser un peu tranquille, il avait aussi besoin d’un peu d’espace de temps en temps même s’il appréciait plus que tout être proche de sa fille. Il avait profité de son sommeil pour prendre une douche et manger et désormais, il pouvait accorder un peu de temps à son lié.

— Il y a quelque chose dont il faut que je te parle, dit Chan après l’avoir embrassé tendrement.

Hyunjin se redressa aussitôt et l'observa d'un air suspicieux.

— Oula, je dois m'inquiéter ?

Chan lui prit les mains et le força à se blottir contre lui. Son lié se laissa faire mais il était néanmoins curieux de ce dont il avait à lui parler.

— L'alpha que Jeongin a ramené, apparemment c'est le frère de la mère d'Eunseo.

Hyunjin se figea dans ses bras, il n'avait pas intérêt à apprendre qu'il avait pour intention de récupérer la petite, c'était tout bonnement hors de question.

— Et ?

— Et rien, apparemment il veut simplement savoir comment elle va. Je crois que Jeongin est en train de l'interroger sur tout ça.

— Tu ne crois pas qu'il pourrait avoir envie de la récupérer et de la ramener là-bas ?

Chan haussa les épaules.

— J'en sais rien, mais je ne pense pas. Et puis quand bien même, je ne le laisserai pas faire.

Il invita Hyunjin à relever la tête pour le regarder puis il pressa ses lèvres contre les siennes. Son lié se sentit aussitôt rassuré, si son alpha était prêt à tout pour défendre leur petite famille alors il n'avait pas de soucis à se faire. Pourtant, autre chose lui troublait l'esprit. Si cet inconnu était bien l'oncle d'Eunseo, alors il devait avoir pleins de choses à lui dire sur la petite louve mais aussi sur sa mère. Hyunjin trouvait que c'était important qu'il en sache le plus possible sur sa fille adoptive et le prisonnier était le seul à pouvoir lui apporter des réponses. Si Chan l'y autorisait, il irait certainement lui poser quelques questions dès qu'il en aurait l'occasion.

— Je sais que Jeongin n'aurait pas dû le ramener ici, murmura Hyunjin, mais cet alpha pourrait s'avérer utile finalement.

— Hum, Jeongin a l'air de lui accorder sa confiance, je ne comprends pas pourquoi. Et en même temps, du peu que je l'ai vu, je n'ai pas eu la sensation qu'il représentait une menace.

— Vu l'état dans lequel on a trouvé sa sœur, il ne cautionne peut-être pas les agissements des membres de sa meute, si c'est vraiment eux qui en sont responsables.

— Oui, peut-être. J'espère que Jeongin arrivera à lui soutirer des informations, que sa capture n'ait pas servi à rien.

Hyunjin se redressa sur un coude.

— Et tu crois qu'après il pourra rentrer tranquillement chez lui ?

Chan roula sur le dos et soupira.

— Je n'ai pas réfléchi jusque là, je suis encore en train de réfléchir à quel genre de punition je peux trouver pour Jeongin pour avoir pris une décision pareille sans mon accord.

— C'est Jeongin, tu sais bien qu'il n'en fait qu'à sa tête. Et si tu le brusques trop, il partira sans demander son reste.

Chan lui jeta un regard surpris.

— Tu prends sa défense ?

— Il est comme il est, j'ai mon opinion sur lui, mais peu importe, il est un élément utile, voire nécessaire au bon fonctionnement de notre meute. J'ai beau ne pas apprécier l'attirance que tu as pu avoir pour lui, il est fort, courageux et je dois avouer me sentir en sécurité quand il est responsable des rondes ou d'autres tâches qui servent à nous protéger. Alors oui, ça m'embêterait qu'il parte. Surtout que, de ce que je sais, on a aucun argument valable pour le retenir s'il décidait de nous quitter.

— Donc selon toi je devrais tout laisser passer ?

— Non, bien sûr que non. Mais le braquer ne me paraît pas être là solution non plus. Je suis sûr que tu trouveras quelque chose.

Chan soupira de nouveau. Il devait avouer que son lié n'avait pas tort. Jeongin était une bonne recrue, il était utile à la meute et devoir se passer de lui serait un trop gros sacrifice. Chan allait devoir y réfléchir sérieusement car malgré tout, il devait réussir à garder son autorité de chef de meute intacte, il ne pouvait pas tout laisser passer non plus.

— Tu devrais retourner le voir, ajouta Hyunjin, il en a peut-être appris plus sur cet alpha et il me semble qu’en tant que chef de meute tu devrais être le premier informé de tout ça.

— Je ne suis pas certain qu’il accepte de me parler.

— Tu es le chef de meute Chan, c’est toi qui donne les ordres ici.

Chan papillonna des yeux, son lié avait raison mais il n’empêchait néanmoins qu’il craignait toujours les réactions de Jeongin mais s’il voulait garder son rôle de leader, il allait bien falloir qu’il s’impose.

***

Jeongin était resté au chevet de Beomgyu, les informations que celui-ci avait bien voulu partager avec lui l’avaient beaucoup fait réfléchir, et maintenant qu’il avait les réponses à ses questions, il allait pouvoir les partager avec le reste de la meute, il ne pouvait pas garder tout cela pour lui, surtout quand la sécurité de tous était en jeu.

La porte de la petite dépendance s’ouvrit et Chan entra, il avait apporté avec lui de quoi boire et manger afin de mettre tout le monde à l’aise. Il s’installa non loin de Jeongin après avoir partagé ce qu’il avait amené.

— Tu lui fais confiance ? demanda-t-il au cadet.

Celui-ci prit quelques secondes avant de répondre, il acquiesça d’un hochement de tête.

— Étrangement oui, il n’est pas une menace pour nous, contrairement au reste de sa meute.

Beomgyu se permit d’intervenir.

— Je ne cautionne pas ce que les miens ont pu faire et de toute façon, je ne pourrais jamais retourner là-bas.

— Ils te tueraient ? devina Chan de but en blanc.

— Oui, ils n’auraient aucun scrupule à le faire, ils se débarasseraient de moi après avoir obtenu les informations qui les intéressent.

— Et tu leur donnerais ?

— Je n’ai pas l’intention de retourner parmi eux, je tiens un minimum à la vie.

— Et qu’est-ce que tu comptes faire alors ?

Beomgyu se mit en boule dans sa couverture après avoir haussé les épaules.

— Je ne sais pas, je trouverai bien un endroit où aller.

Jeongin sauta sur l’occasion.

— Chan, et s’il restait avec nous ?

Le chef de meute manqua de s’étouffer en avalant son thé de travers.

— Excuse-moi ?

— Il veut s’opposer à sa meute, il est de notre côté et il est hors de question qu’il retourne là-bas, on ne peut quand même pas le laisser errer sans but dans la forêt !

— Jeongin, je crois que ça n’est pas à toi de prendre cette décision qui en plus me paraît bien précipitée.

— Mais on-

— Pour l’instant, il est notre prisonnier, c’est tout. Et d’ailleurs, dit-il en se tournant vers Beomgyu, j’aurais des questions à te poser.

— Et j’y répondrai, vous n’avez rien à craindre de moi.

Chan arqua un sourcil après avoir détaillé le visage de Jeongin.

— À part des coups de griffes ?

— Ça n’a rien à voir, le défendit Jeongin, on s’est battu dans la forêt quand je l’y ai trouvé, il s’est simplement défendu !

Chan fut surpris de voir l’alpha défendre de façon aussi intensive un parfait inconnu, mais ce qui importait pour le moment, c’était bien d’obtenir des réponses de la part de Beomgyu concernant les agissements de sa meute.

— Qu’est-ce que tu as à me dire sur les derniers événements ?

Beomgyu échangea un regard avec Jeongin, comme s’il attendait son aval pour prononcer la moindre parole. Chan fronça les sourcils et prit une posture un peu plus imposante.

— Le chef de meute ici c’est moi.

— Vas-y, murmura Jeongin, il faut bien qu’il sache de toute manière.

Beomgyu se redressa sans pour autant regarder Chan dans les yeux.

— Depuis que votre meute à accueilli des omégas, c’est devenu tendu chez nous. Notre chef n’a pas compris pourquoi vous avez été choisis et pas nous.

— De la jalousie ?

— C’est un peu ça oui. Il s’est mis dans la tête de capturer des omégas, nous n’avons que des alphas dans notre meute et peu de femelles alors la reproduction s’avère difficile. Je sais que c’est ce que veut justement le gouvernement actuel mais ça n’était pas quelque chose que nous étions prêts à accepter. Ma soeur… Siyeon, elle était l’une des seules femelles de la meute et, elle subissait tellement de choses.

Il remit correctement sa couverture sur ses épaules, les yeux rivés sur le sol.

— Quand elle a accouché et que notre chef a su que c’était une fille, il jubilait. Ça faisait une femelle de plus dans la meute et Siyeon n’a pas apprécié qu’il voit en elle une reproductrice alors qu’elle n’avait que quelques heures de vie. Elle ne voulait pas qu’elle subisse les mêmes choses qu’elle.

— C’est pour ça qu’elle a fui ? devina Chan.

— Hum, elle s’est dit que c’était la meilleure solution, elle est partie du jour au lendemain sans que personne ne le sache, mais quelqu’un l’a vue et l’a attaquée pendant sa fuite. Elle a réussi à le semer mais, d’après ce que m’a dit Jeongin, ses blessures étaient trop graves.

— C’est là que Jeongin l’a trouvée alors ? Et toi, pourquoi tu n’es pas parti à sa recherche ? Tu avais l’air de beaucoup tenir à ta sœur.

— Parce qu’ils ont cru que je l’avais aidé à s’enfuir.

— Et c’était le cas ?

Beomgyu secoua la tête.

— Elle m’avait vaguement parlé de ça, mais pas comme si elle allait vraiment le faire, c’était plutôt comme un rêve. Mais quand j’ai su qu’elle était partie, les autres ont cru que je l’avais aidée à fuir. J’ai été… interrogé pendant un moment pas de la plus tendre des manières… Jusqu’à ce qu’ils comprennent que je n’y étais pour rien.

Chan l’avait écouté attentivement. Même s’il ne pouvait pas immédiatement accorder sa confiance à Beomgyu, il comprenait qu’il avait vécu des choses horribles et qu’il vouait une haine certaine pour les membres de sa meute. Nul doute que s’il retournait là-bas, Chan ne donnait pas cher de sa peau. Mais autre chose le tracassait, si Siyeon était morte, ça n’était pas le cas de Eunseo, alors que ferait-il si les autres décidaient de partir à sa recherche ? Chan n’était pas prêt à ce qu’une guerre éclate entre sa meute et la meute voisine, il n’était pas prêt à mettre les siens en danger.

— Tu crois qu’il viendrait pour Eunseo ? demanda-t-il après de longues minutes de silence.

— Je ne sais pas, ils savent que Siyeon est morte, ils doivent penser que c’est le cas pour sa fille également.

— Et qu’est-ce qu’ils veulent de nous ?

Cette fois Beomgyu osa croiser son regard.

— Les omégas.

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