TIC TAC TIC TAC

Non, aucune horloge dans cette pièce,  pourtant dieu que j'aimerais bien, le silence est tellement profond et angoissant,  comme si une tornade de sentiments et d'émotions nous englobait.
Lucas est plongé dans la lecture de la feuille d'écriture, ça fait cinq minutes, cinq fucking minutes,  300 secondes.

Je l'observe en attendant, oh wow. Lucas à une beauté inhumaine,  un naturel immortel, quelque chose qui le rend unique, il paraît si calme,  si sage,  pas mon type de mec du tout,  enfin ça ne l'aurait pas été avant.

Maintenant peut être.

Non impossible je ne sais même pas ce qu'il s'est passé et comment je suis arrivé ici, je ne peux pas avoir changé.

Ça fait un moment que j'ai pas fumé...

Depuis que je suis enfermée je n'ai retouché à aucune cigarette, clopes, rien, de toute façon, j'ai rien à ma disposition.

Mais depuis quand suis-Je là?

À vrai dire j'en sait rien, aucune fenêtre, rien, je ne peux pas déterminer les jours,  aucune montre,  horloge, rien,  je ne peux savoir l'heure.
Sommes nous l'après midi?  Le matin peut être? Ou le soir? Et si c'était la nuit?
Je pourrais compter, mais c'est trop long et je finirais par me perdre.

Et dehors, que font ils en ce moment?  Maman est elle en arrêt de travail depuis que j'ai disparu? Papa est il revenu à la maison ?  Sonya est elle entrain d'appeler une énième fois sur mon téléphone éteint?  Laura est elle en train de faire des cookies tout en écoutant son vieux poste pour savoir si il y a des nouvelles sur ma disparition?

Pourtant,  Lucas ne ressemble pas à un criminel. .

-Qu'as - tu répondu à Laura?

Lucas me sort de ma rêverie en un léger sursaut et je reporte mon attention sur lui, le temps que ses mots prennent un sens dans ma tête et que je me rappelle la réponse.

-Ou..Oui..

-Et que lui as-tu répondu?

Souvient toi Louise, souviens toi...

-Aehm... je ne me sentais pas, enfin. ..je n'arrivais pas à lui mentir,  elle dégageait quelque chose qui m'en empêchait, j'ai tout d'abord hausser les épaules mais elle tenait tête,  je ne pouvais lui mentir alors je lui ai parler,  du départ de mon père,  de....ma mère absente, de Sonya, d'un peu tout ce qui me traversait,  mais j'ai pas réussi à lui parler de mon mauvais rêve, qui était à l'origine de ça...

-Qu'a-t-elle répondu? 

Il me regarde avec ses prunelles intéressées,  aussi profondes que des ravins, que des tourbières profondes d'Ecosses, néanmoins ces reflets caramel, ces reflets d'ambre sont comme des rayons de se soleil à travers la nuit.

Comme des feuilles d'automnes, des feuilles d'or.

Je mords ma lèvre nerveusement tentant de me rappeler, les yeux fermés,  sourcils froncés, les images me viennent, doucement,  au début  embrumés, les souvenirs s'éclaircissent doucement.

-On était dans son salon toujours....elle m'a prise dans ses bras, je tremblais comme une feuille, je me souviens qu'elle pleurait, c'est là que je me suis rendue compte à quel point elle était sensible, et aussi pleine de charme.
Elle m'a promis au creux de l'oreille qu'elle m'aiderait..je me rappelle encore ses mots, son souffle contre ma peau.
"Tu sais Louise,  je n'ai peut être jamais connue cela, je ne l'ai peut être jamais ressenti,  on se connaît certainement très peu, mais je te promet de t'aider, d'effacer ces marques, d'essuyer tes larmes, j'aimerais apprendre à mieux te connaître,  à t'aider,  tu sais.....je tiens à toi"
On était resté comme ça un moment, et pour la première fois, j'avais pleuré devant quelqun. Laura avait été présence d'esprit, cette gentillesse, quiconque la découvrait tombait sous son charme.
Le four avait ensuite sonné la fin de la cuisson de ses gâteaux,  et à mon grand malheur elle s'était écarté puis diriger vers la cuisine, je ne me sentait pas la force de la suivre, quand elle est revenue, elle portait un plat remplit de muffins, elle le posa et m'en proposa un, à vraie dire je n'avais pas très faim, mais son regard était bienveillant et j'en attrapai un d'une main timide. Elle me regarda, insistante,  attendant que j'en mange pour manger le sien, je l'avais donc porté à mes lèvres, c'était chaud, ça m'a réchauffé le coeur, un arôme de vanille et de sucre était si agréable,  avec un goût léger de guimauve,  puis le chocolat fondant et chaud avait empli ma bouche réparant tout sur son passage, c'était la première fois depuis longtemps depuis longtemps que j'appréciais manger, la suite de l'après midi, nous avions fait plus amplement connaissance, on avait même fait nos devoirs ensemble.
Laura, cette petite boule d'énergie,  elle était plus douce qu'un ourson à la guimauve,  si douce, elle me prenait sous son aile, comme si j'étais un oisillon blessé après être tombé du lit.
Je me souviens que par moment, elle me prenait dans ses bras dans aucune raison et nous riions juste après ses étreintes avaient quelque chose de réconfortant, on s'y sentait tellement bien, a l'abris,  protégée,  dans ses bras je ne pleurais pas de tristesse mais de joie, de rire, elle était magicienne et arrivait à me faire oublier en un sourire.

Je finis ma tirade les yeux dans le vide.

-Et lorsque tu es rentrée chez toi?

-Quand je suis rentrée, je me suis sentie.....vide je dirais, c'était comme si il me manquait quelque chose, c'était bizarre, froid mais quand je repensais à cette après-midi je souriais et mon coeur se réchauffait immédiatement,  Laura m'avait envoûté,  jeté un sort,  je ne sais pas, ce soir je pris même le temps de me faire à manger.

Je finis ma phrase laissant le silence s'installer entre nous, moi attendant une autre question, Lucas attendant peut-être que je continue, mais je n'arrive pas a plus me rappeler.

Lucas se lève doucement, et je relève la tête, je le sais qu'il va partir, et ça me fait toujours mal..

Juste avant qu'il ne passe la porte je décide de l'interpeller

-Lucas..?

Il se retourne doucemen me regardant de ses yeux insondables.

-Oui?

-Euh...quand est ce que je saurai que je me serai rappeler? Quand est ce que je pourrai partir?

Il sourit de manière protectrice se vient se poster devant moi, il attrape mes joues me forçant à le regarder.

-Tout dépend de toi Louise,  mais lorsque tu sera prête tu le saura,  et tu partira, en attendant, rappelle toi bien et toi ce que tu peux.

Il s'approche à je crois pendant une seconde qu'il va m'embrasser, je ferme les yeux et en effet il m'embrasse ...

Mais sur le front, puis je l'entends se relever, je ne veux le voir partir, je le devine passer la porte et me jeter un dernier regard.

Mes yeus sont humides..

Il me semble l'entendre murmurer

"Bonne chance Louise, même si le temps est compté"

Ça doit être mon imagination..

Je le devine refermer la porte dans un silence profond, tandis qu'une larme roule sur ma joue

Pourtant quelque chose me manque j'en suis sûre, quelque chose ne concorde pas...un bruit, un objet....quelque chose j'en suis sûre...

Mais quoi?