Voici le point de vue du père de Claire, écrit par mabaga79.

J'espère qu'il vous plaira comme il m'a plus.

Mon portable sonne. Je décroche en soupirant.

-Chérie, tu sais que j'ai beaucoup de travail aujourd'hui.

-Il faut que je te parle de toute urgence ! Je suis au collège, il est arrivé... Claire est morte.

-Qu'est-ce que ? Quoi ? Mais comment ?

Ma femme m'explique la situation, je crois d'abord à une mauvaise blague mais ses sanglots de l'autre bout du fil confirment ce que mon cerveau refuse d'imprimer.

Je raccroche, je suis perdu, je ne sais pas quoi faire.
Instinctivement, mon poing vient s'abattre sur le mur en face de moi.
Je ne comprends pas, je suis en colère. Et tout d'un coup, je m'effondre comme une grosse m*rde impuissante. Mon bébé ! Ils ont pris mon bébé ! Ce qui est arrivé est de leur faute. J'ai perdu mon bébé, je n'ai pas pu la protéger. Ma toute petite...

L'image du jour de la naissance de Claire vient me narguer. Cette toute petite fille emmaillotée, m'attrapant vigoureusement les doigts. Je me sentais vivant, mais fragile face à ce petit être que je devais dorénavant protéger. Je n'ai pas su y arriver, j'ai échoué...

Pourquoi n'est-elle pas venue nous en parler ? Cette question me trotte dans la tête depuis les obsèques. Je ne dors plus, je ne mange plus, je suis l'ombre de moi-même. Ce n'est pas la logique des choses, des parents ne doivent pas avoir à enterrer leur enfant.

Ma femme essaye de me faire sortir du mutisme dans lequel je suis plongé depuis que c'est arrivé. Cela fait des mois maintenant, mais je n'arrive toujours pas à en parler. Nous vivons l'un à côté de l'autre, dans le silence. Aucun de nous ne réussit à sortir l'autre de ce cauchemar. Nous tenons debout pour les enfants mais je me sens détruit de l'intérieur, quelque chose en moi a été irrémédiablement détruit le jour où Claire est partie. Je ne pense pas pouvoir un jour le réparer.

Il est hors de question que cela se produise à nouveau alors tous les jours j'oblige les enfants à me parler sans détours de tout ce qui se passe dans leurs vies. Si seulement j'avais pu le faire avec Claire, si seulement je n'avais pas fermé les yeux, si seulement j'avais pu être un meilleur père pour elle.

Si seulement les enfants n'étaient pas si méchants entre eux. Mais nous, les adultes, sommes-nous meilleurs ?

Voilà le travail qu'elle a réalisé.
Il vous plait ?