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Chapitre 1 ~ Maé

Aucun nuage ne tache l'azur et même si le soleil est au zénith, la lumière reste froide. Je relève le col de ma veste pour me protéger du vent et m'assieds sur la capot turquoise de la vieille Chevrolet Bel-Air, qu'on croirait sortie d'une rue de La Havane. Depuis le belvédère où Solal a garé la voiture ce matin, la vue sur la plage en contrebas de la falaise est imprenable. La main en visière sur le front, j'observe une mouette posée à la surface de l'eau, qui se laisse dériver au gré du courant.

Légèrement courbaturée, je lève les bras haut au-dessus de ma tête pour détendre les muscles endoloris de mon dos et inspire longuement. C'est l'heure de rentrer sur Paris et de transformer cette nuit magique en bon souvenir.

Solal dort encore, sur le siège conducteur incliné au maximum, enroulé dans sa parka comme s'il s'agissait d'une couverture.

Même s'il m'avait envoyé plusieurs photos de lui lors de nos échanges sur Whatsapp, aucun cliché ne révèle réellement un visage dans toutes ses dimensions. Pendant la soirée, j'ai plusieurs fois eu envie de passer une main sur sa joue pour sentir le grain de sa peau et vérifier qu'il était bien réel. Mais c'est trop tard à présent pour m'en assurer, nous devons rentrer et nous isoler. Le confinement... Pas besoin d'inventer d'excuse bidon ou de laisser ses messages sans réponses, je n'aurais pu imaginer meilleur scénario pour disparaître de sa vie aussi vite qu'il est entré dans la mienne.

Mon téléphone se réveille au fond de ma poche.

Johane : Ça va, Cendrillon ? Tu es rentrée chez toi avant les douze coups de midi ?

Je règle la luminosité de l'écran pour mieux lire et fais craquer mes pouces avant de répondre.

Maé : Pas encore, je me suis accordé un petit rab...

La réponse ne se fait pas attendre.

Johane : Tu es chez un mec ? Ça ne te ressemble pas de jouer les prolongations avec les coups d'un soir !

Par réflexe quand j'ai mon téléphone entre les mains, j'ouvre ma boîte mail professionnelle. Je laisse mariner mon amie quelques instants pour consulter les rares messages reçus depuis 8 heures. J'imagine qu'en ce premier jour de lockdown, personne n'a trop la tête à travailler. Sauf ma boss... Elle me confirme qu'on passe tous en télétravail, mais que la réunion du comité de pilotage de jeudi est maintenue. Elle s'arrange avec son assistant pour la monter en visioconférence et elle compte sur moi pour finaliser la présentation notre nouveau projet de dématérialisation de la facturation interne. Je réponds rapidement : « Aucun problème, tout est prêt de mon côté ! » ou presque...

Johane : Tu comptes attendre la fin du confinement pour m'en dire plus ?

Elle a dû me maudire, seule devant son portable, de laisser notre conversation en suspens pendant de longues minutes. Pourtant, elle va devoir encore patienter, je n'ai pas envie de tout lui raconter maintenant.

Maé : Ne t'inquiète pas, je t'appelle dès que je rentre !

Johane : Grouille-toi ! Et je ne dis pas ça parce que je crève d'envie de savoir pourquoi tu es avec un mec à midi passé, mais parce que je regarde la télé et les flics verbalisent tous ceux qui sont encore dehors. Tu seras chez toi dans combien de temps ?

Avec elle, l'agacement ne dure jamais très longtemps.

Je balaie le paysage d'un regard et me sens tellement loin, physiquement et mentalement, d'un reportage de BFM. Une vague plus grosse que les autres oblige la mouette solitaire à s'envoler. Elle plane en cercle en poussant un cri perçant contre le vent.

Maé : D'ici deux ou trois heures, je pense.

Johane : Mais il habite au-delà du Mur ? Tu as batifolé avec un Corbeau de la Garde de nuit ou un Sauvageon sur une peau de bête ?

Maé : Très amusant tes références à Games of throne...

Johane : Non, mais sans blague que fais-tu hors de Paris ? Tu n'as pas trouvé plus près comme dernier plan cul avant le début du confinement ?

Je souris à sa remarque. Coucher avec Solal n'était même pas ce que je recherchai en acceptant de rencontrer Solal hier soir.

Maé : Solal m'a proposé d'aller voir la mer... J'ai trouvé l'idée sympa.

Johane : La mer ? À cause du choc, j'ai gueulé des insanités devant mon chat que je vais éviter de répéter pour épargner tes jolies oreilles de lutin. Tu parles de Solal ? LE Solal avec qui tu échanges cinquante messages par jour à propos de la pluie et du beau temps depuis cinq mois ? Vous avez enfin décidé de vous rencontrer et n'avez pas trouvé de meilleur moment ? Tu me fais une blague, c'est ça ?

Je me retourne et vérifie qu'il dort toujours, comme si j'avais peur que l'hystérie de Jo ne le réveille et qu'il surprenne notre conversation digitale. La lumière qui inonde l'habitacle ne semble pas le déranger. Sa main repose sur le siège passager où je n'ai pas réussi à m'endormir. L'inconfort des fauteuils des années 50, la peur d'être surpris par des badauds et peut-être un peu d'appréhension à propos de ce que nous réserve l'avenir.

Maé : Qui peut dire « non » à une balade sur la plage au petit matin ? La proposition était suffisamment déjantée pour que je mette de côté quelques réserves...

Johane : Moi je ne suis pas sortie depuis l'annonce du confinement jeudi dernier et j'ai passé le week-end à regarder en boucle les chaînes d'info. Toi, tu pars en vadrouille avec un mec que tu viens de rencontrer ! On n'a pas avoir la même lecture des événements actuels !

On est amies depuis assez longtemps pour que je sente l'inquiétude derrière ses reproches. Je ne suis pas étonnée par son attitude, Jo n'a pas le même besoin vital de s'amuser que moi. Elle s'épanouit dans l'ordre et la morale, quand je suis une épicurienne, adepte du Carpe diem.

Maé : Rassure-toi, j'ai pleinement conscience de l'état du monde. Je voulais juste m'amuser un petit peu avant d'être contrainte à la vie d'ascète à cause d'un maudit virus !

Johane : Oui, laissons les histoires moroses de côté. Alors il est comment ? Aussi hot que ses photos le laissaient présager ?

Maé : Il est pas mal.

Euphémisme...

Johane : Vous l'avez fait combien de fois ? Dans les toilettes d'un bar ? Dans la voiture ? Sur la plage ?

Mon imagination suit celle de Jo et mes joues s'empourprent comme si j'avais quinze ans. Du grand n'importe quoi !

Maé : On avait dit que je te racontais tout en rentrant !

Johane : J'ai pas la patience d'attendre... Tu vas me dire comment était cette rencontre ?

Trop belle pour être vrai...

Maé : Sympa, sans plus.

- Bien dormi ? demande Solal derrière moi en sortant de la voiture.

Je sursaute et pousse un cri plus strident que celui de la mouette avec l'impression d'être prise en flagrant délit de mensonge. Je ramasse mon portable qui m'a échappé des mains et le fourre dans ma poche de peur que Solal découvre ma conversation avec Jo.

Je n'avouerai jamais ni à l'un ni à l'autre que j'ai passé un moment merveilleux. Les paillettes d'un premier rendez-vous ne sont que de la poudre aux yeux. J'ai passé l'âge de me laisser envoûter en une nuit par un type au sourire charmeur et à l'humour aussi affligeant que le mien.

Solal bâille sur son poing serré, puis écarte les bras en soupirant. Il passe la main sur ses cheveux courts, presque ras.

- Il fait plus frais que je ne le pensais, dit-il en attrapant la parka laissée sur son siège.

Ses yeux bleus brillent d'une incroyable intensité à la lumière du jour. Je reste à le regarder alors qu'il s'assied à côté de moi face à la mer.

- Au moins si c'est la fin du monde, on aura vu la mer une dernière fois.

- Ne dis pas n'importe quoi, m'insurgé-je.

- J'aurais bien aimé coucher avec toi aussi avant l'apocalypse, mais l'océan c'est mieux que rien !

Je ne peux m'empêcher de rire devant un aplomb si désarmant. Il a cette facilité à dire ce qu'il pense comme ce qu'il ne pense pas, juste pour me déstabiliser. Il le faisait déjà lorsque nous échangions par SMS. C'est comme si je le connaissais depuis toujours alors que je l'ai réellement rencontré il y a moins de vingt-quatre heures.

Je détaille son visage, sa mâchoire piquée d'une barbe naissante, la base de son nez légèrement aplati, ses sourcils fins et ses cils bruns qui bordent ses incroyables yeux bleus.

Il se tourne alors vers moi.

- Mon meilleur profil est de l'autre côté, tu sais ?

- Quel arrogant ! Je trouvais juste que tu avais l'air un peu bouffi au réveil.

Il explose d'un rire sonore et me tend son poing pour un check.

- Toi et moi, on sait que passés trente ans, il est plus difficile de masquer certains excès !

Solal est un ami sans en être un. S'il le faut, il m'a raconté n'importe quoi sur lui. Comme je l'ai fait... Embarrassée en repensant à une partie de mes mensonges, j'ai envie d'en finir au plus vite.

- On y va ? On a déjà dépassé l'heure du couvre-feu...

- Tu veux qu'on s'arrête en route pour manger un truc ? Les boulangeries doivent être restées ouvertes.

Je secoue la tête. Cette mascarade doit finir. J'ai déjà le sentiment que nos discussions à n'en plus finir en regardant Top Chef, chacun devant sa télé, vont me manquer. J'aurais peut-être dû refuser de le rencontrer et conserver notre non-relation comme elle était...

- Alors en voiture, Simone ! Je te ramène à Paris.

Trop tard pour regretter, demain est un autre jour. J'emporte avec moi une dernière image de cette plage que nous avons arpentée au lever du jour, trempant le bout de nos orteils dans l'eau gelée ou criant comme des mômes à la vue d'un crabe entre deux rochers.

La vraie vie doit reprendre.

Je m'installe sur le siège passager et attache ma ceinture.

Solal actionne la clé dans un sens, dans l'autre. Une fois, deux fois, mais rien. Le moteur reste silencieux.

- Désolé du cliché, Maé, on dirait que c'est le coup de la panne.

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