Annabeth tomba dans les bras de Morphée le sourire aux lèvres, la tête pleine de bons souvenirs et le bruit agréable du ressac des vagues dansant dans ses oreilles. 

Just because I'm losing
Doesn't mean I'm lost!
Doesn't mean I'll stop
Doesn't mea...

La jeune femme jura aussi fort que lui permettaient ses cordes vocales au réveil ; elle avait oublié le rappel qu'elle s'était mise pour combattre le décalage horaire... Elle prit alors conscience avec un sourire de la chanson qui résonnait maintenant dans sa tête. C'était celle que chantonnait Percy la première fois qu'elle l'avait croisé dans New York. Elle avait été surprise de constater qu'il allait au même lycée qu'elle, avant qu'il ne lui avoue plus tard qu'il l'avait longtemps évitée par appréhension. Cela lui semblait si lointain, et la niaiserie de la situation la rattrapa en même temps que le bonheur de leur relation.

Je n'aurais jamais cru à ma chance il y a quelques mois, songea-t-elle tout en se levant, de bonne humeur.

Tous ses amis étant encore au lit, elle prit un rapide petit-déjeuner seule dans la cuisine, admirant l'aube par la fenêtre sans regarder son bol de céréales, captivée par les nuances de rose corail propres au ciel du levant. Annabeth retourna ensuite dans sa chambre pour se préparer et réfléchir aux activités du jour: Piper avait décrété la veille que ce début de séjour n'était pas forcément à passer en groupe, alors pendant que certains se reposeraient les autres pourraient faire ce qu'ils voulaient individuellement. C'est pourquoi elle passa plusieurs minutes à scruter divers plans de Miami, bien décidée à se faire des repères dans la ville et ses monuments.

Vers dix heures, elle allait sortir de chambre pour saluer ses amis réveillés quand on toqua à sa porte. C'était Percy, qui, les yeux bouffis de sommeil, prit Annabeth dans ses bras en guise de bonjour.

- Hey...

- Hey ! Quoi de prévu aujourd'hui ? fit Annabeth avec entrain. Moi je vais en ville, si tu veux m'accompagner...

- Mmh parle pas si fort... Je vais rester ici je crois, marmonna le brun en retenant un bâillement.  Mais Hazel compte y aller.

Annabeth ne s'offusqua pas de son refus ; elle adorait Hazel et Percy avait l'air aussi fatigué que s'il était sur le point de se coucher et non d''entamer sa journée. Elle l'embrassa sur la joue et le précéda pour descendre au séjour, où ils tombèrent nez-à-nez avec une Hazel pressée de découvrir Miami.

Un peu plus tard, les deux adolescentes gambadaient en ville. Elles avaient fini par ne plus s'en tenir au plan, tournant aux coins des rues au gré de leurs envies... et achats. Les yeux dorés d'Hazel s'étaient éclairés quand elles avaient déniché une adorable boutique de matériel d'art, et Annabeth avait craqué pour un poster dans un magasin touristique. En somme, le reste de la journée s'annonçait génial - si l'on oubliait la taille de leur porte-monnaie qui diminuait au fil des heures, et elles eurent vite fait de constater qu'il n'avait aucune poche secrète contenant quelque billet salvateur.

Un peu après midi, alors qu'elles avaient trouvé un coin d'ombre pour manger leur sandwich, vint le moment crucial où elles réalisèrent qu'aucun taxi ni bus ne les ramèneraient à la villa pour deux dollars.

- C'est pas toi, Hazel, qui disait qu'on pouvait faire le tour du monde avec un dollars ? 

L'interpellée ne répondit pas, trop occupée à bombarder Piper de messages de détresse.

- Elle a oublié de louer une voiture en arrivant, maugréa-t-elle enfin en lâchant son portable. Son père ne laisse aucun véhicule dans cette maison-là, uniquement celle-là. Sa collection est à celle de Sydney... Rappelle-moi qui de nous tous a voté pour Miami ?

- Tu en faisais partie, je crois, ricana Annabeth.

En fait, elle était plus amusée par la situation qu'autre chose. La journée avait trop bien commencé pour que ça ne finisse pas par tourner au vinaigre... et puis elle était de toute façon de trop bonne humeur pour que l'évènement lui gâche le moral.

- Au pire, fit-elle, guillerette, en passant un bras autour des épaules de son amie, une bonne dizaine de kilomètres à pied ne peut pas nous faire de mal ! Si ?

- Ta bonne humeur commence à me faire peur, marmonna Hazel. On croirait entendre Léo, les pitreries en moins. 

- D'habitude c'est toi l'optimiste, il faut bien que je tienne le rôle le temps que tu te reprennes.

Hazel finit par sourire, sincèrement amusée.

- D'acc. C'est vrai après tout, deux à trois heures de marche au bord d'une route, quoi de plus drôle ?

- C'est un début, grimaça Annabeth devant le ton pince-sans-rire de la brune.

- Désolée, la chaleur me sape déjà ma volonté en temps normal, alors là j'étouffe. Je donnerais tout pour être dans l'eau.

Les deux amies soupirèrent au souvenir de la fraicheur de l'océan. 

- Alors pour y être le plus tôt possible, avança la blonde en se redressant, je propose qu'on se mette en route tout de suite !

***

Annabeth avait pensé à prendre une enceinte dans son sac à dos. Elle et Hazel se retrouvèrent donc à marcher d'un pas sautillant, le cœur léger, dans Miami puis au bord de la route quasi-déserte qu'elles avaient empruntée à l'allée, au rythme des morceaux qui passaient aléatoirement. De Boulevard of Broken Dreams à Sweater Weather, en passant par Tiny Dancer, elles étaient bien décidées à épuiser le répertoire d'Annabeth jusqu'à la dernière mélodie.

Et elles marchèrent, la route aussi interminable que leur énergie ou que la playlist d'Annabeth.

Sa queue de cheval ne ressemblait plus à rien depuis longtemps, son débardeur était plaqué contre ses omoplates par la transpiration, et l'engourdissement avait pris possession de ses jambes, tandis que la gravité mettait ses pieds à mal. Mais elle se sentait plus vivante que jamais, bien, les commissures des lèvres douloureuses tant elle riait sans raison et la voix usée au fil des chansons. Hazel à ses côtés était dans le même état. Un sourire était plaqué sur sa bouche, ses boucles d'ébènes plus décoiffées que jamais, auréolés de reflets d'or ; or comme ses yeux, qui pétillaient malgré la fatigue.

Elle rendit sa bouteille d'eau à Annabeth :

- On en a assez pour finir le trajet vivantes. Si c'est pas merveilleux !

C'était peut-être bien ça, le bonheur : une personne chère à notre cœur, des chansons massacrées à tue-tête, une route éternelle ondulant sous le soleil et un ciel clair d'azur immaculé. Annabeth savait qu'elle garderait un puissant souvenir de cette journée, surtout de cette marche imprévue en fait. Elle savait que, dorénavant, à chaque fois qu'elle verrait des vaguelettes sur l'asphalte, qu'elle entendrait la mélodie d'une des chansons écoutées lors de ce périple ou encore qu'elle sentirait une odeur de terre sèche, elle repenserait à ce moment. Quand le ciel serait d'un bleu pur dépourvu de tout nuage, elle s'attendrait en baissant le regard à poser ses yeux sur cette route de Floride. Et, inévitablement, une palette d'émotions positives s'accorderaient à la mémoire de ses sens, celles qu'elle éprouvait maintenant en mêlant son rire à celui d'Hazel.

- Qu'est-ce que tu as, à sourire comme ça ? fit Hazel en penchant la tête.

- Tu en fais autant ! Je pensais juste que...

Une vieille voiture, à la carrosserie visiblement malmenée par le temps, était apparue en face d'elles dans un bruit de moteur assourdissant, empêchant la blonde de finir sa phrase. A leur grand étonnement, le véhicule ralentit et s'arrêta à côté d'elles, en plein milieu de la route. La vitre teintée du côté conducteur, qui était à moitié baissée, s'ouvrit entièrement et un homme portant des lunettes de soleil se pencha par l'ouverture. Il leur sourit, et le coeur d'Annabeth rata un battement. Voir plusieurs.

- Salut les filles ! Vous allez quelque part ?

Hazel entama la conversation avec lui, tout à fait méfiante mais pas au point de refuser de parler.

Non. Non, non, non.

- Annabeth, tu as froid ? s'enquit-elle, et le jeune homme tourna la tête dans la direction de la concernée.

En réalité, ses frissons n'avaient pas vraiment à voir avec la température. Ils s'arrêtèrent, son organisme tout entier lui sembla retenir son souffle quand elle croisa le regard bleu du conducteur. Ce dernier lui souriait, d'un sourire qu'elle pensait avoir oublié depuis des années, un sourire qui ne parvenait à effacer la froideur dans ses yeux. 

- Je peux vous déposer quelque part ? lança Luke en souriant de plus belle face à l'expression abasourdie qu'Annabeth affichait sans aucun doute.

***

Bonjour tout le monde ! Vous allez bien ?

Eeeh oui, je suis toujours vivante. Incroyable. 

Ce chapitre (encore) un peu guimauve s'est fini, je l'espère, assez bien pour vous :) 

Vous en faites pas, je ne compte pas vous laisser sur votre faim aussi longtemps que je l'ai fait sur ces derniers chapitres, là ça serait trop de sadisme x)

Quelques petites infos:

Ca fait deux ans et deux petites semaines que je suis sur Wattpad, et un peu moins de temps peut-être que j'ai commencé cette fanfiction. C'est fou, hein ? Merci d'être là depuis le début, ou d'avoir rejoint l'aventure en cours de route, vraiment ❤ 

Et maintenant, la star de la journée: BoubouOwlChouette, ce chapitre t'est dédié ! Je compte sur vous pour aller lui souhaiter un bon anniversaire, elle a bien mérité ça après avoir bossé son brevet blanc comme une dingue... Joyeux anniversaire petite chevêche, de la part de ton araignée préférée - c'est pas comme si tu en aimais beaucoup, aussi 🙃💙

A très bientôt les amis !

PS : Le prochain chapitre sera du point de vue de Percy, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas suivi notre Cervelle d'Algues nationale - que dis-je ? Universelle.