Après le parc, Annabeth était allée chez Piper avec Hazel et Thalia. 

- Les filles, ça vous dirait de venir dans la résidence secondaire de mon père ? demanda la Cherokee au bout de quelques minutes passées à observer le four, dans lequel gonflaient des muffins à la myrtille.

- Laquelle ? fit Hazel, à moitié sérieuse.

- J'hésite entre celle à Miami et celle de Sydney...

- Sydney, ben voyons... Miami c'est bien.

- C'est cliché, surtout, intervint Thalia. Mais je déteste l'accent australien, alors va pour Miami.

- Annabeth ? 

Les trois jeunes femmes se tournèrent vers la blonde, qui fixait le four sans rien dire. Pour tout dire elle réfléchissait encore à l'apparition de Luke dans le parc, quelques heures plus tôt. Que pouvait-il bien trafiquer ? En tous cas il était sûr que quelque chose allait arriver, c'était une certitude qu'elle avait depuis que son regard avait croisé ces yeux remplis d'une malice hypocrite dont elle connaissait les capacités de destruction. Luke était un danger, et l'entourage d'Annabeth allait subir ses plans complètement fous; par sa faute à elle.

Soudain elle sentit une main se poser doucement sur son épaule et le souffle de quelqu'un contre son oreille.

- Ne t'inquiète pas pour lui, chuchota Thalia. Il ne risque pas de pouvoir nous suivre, si on part en vacances comme l'a proposé Piper.

- Mais si il le fait... On connait l'étendue de sa folie perverse, il en serait parfaitement capable, insista Annabeth, dont les mains tremblaient.

La brune aux yeux bleus ne répondit pas; depuis le temps, elle avait compris qu'Annabeth ne pouvait être détournée de ses pensées quand l'angoisse apparaissait. Elle finit donc par presser l'épaule de la blonde, avant de retirer sa main et de se tourner vers Hazel et Piper pour calmer leur discussion enflammée. 

Annabeth resta encore un peu dans ses réflexions. Luke était capable d'absolument tout, quand il s'agissait d'atteindre un objectif personnel - de toutes façons il n'avait d'objectifs que pour lui-même, c'était les autres qui le suivaient et pas l'inverse. Il serait assez fou pour se réjouir du mal-être qu'elle ressentait en pensant à lui.

Justement, se dit-elle. Elle devait arrêter de songer à lui pour le priver de cette satisfaction malsaine.

Elle ferma les yeux, respira un grand coup, ce qui la fit revenir à l'instant présent lorsqu'une odeur de calcinée parvint à ses narines. Au même instant, la jolie voix de Piper raisonna dans la pièce d'à côté.

- Les filles, on a oublié les muffins !

***

La jeune Cherokee insista pour que ses amies restent dormir chez-elle.

- Mon père n'est jamais là, argumenta-t-elle avec une moue suppliante, ses yeux multicolores ouverts en grand. Un peu de présence humaine dans cette maison me ferait du bien... Et si on invitait les autres personnes qui partiront à Miami avec nous ? Ça serait idéal pour le leur annoncer !

Les trois filles ne pouvaient lui tenir tête bien longtemps, aussi cédèrent-elles finalement. Quelques heures après, Frank, Léo, Percy et Jason débarquaient dans la maison de Tristan McLean avec autant de discrétion que le cortège de Dionysos après la tournée des bars - ou son équivalant de la Grèce Antique, à voir.

- Les gars !!! hurla Léo à l'oreille de Jason. On part à Miami ! MIAMI !!!

- On avait compris, mais merci du rappel, grimaça le blond en se frottant l'oreille contre l'épaule. Pourquoi ça sent le cramé, ici ?  

- Pour rien. Qu'est-ce que vous avez fait avant de venir ? dit Piper. Léo est encore plus excité que d'habitude, et je ne parle pas de l'annonce du départ en vacances.

En effet, le latino ne tenait plus du tout en place, à monter et descendre les escaliers  et passer d'une pièce à l'autre sous les regards perplexes de ses amis. 

Finalement, Percy se passa une main dans les cheveux, l'air un peu penaud:

- Eh bien... Il est possible qu'on l'ait laissé seul dans la cuisine de ma mère alors que le frigo contenait deux packs de boisson énergétique, et qu'il en ait ouvert un. Le temps qu'on arrive, il avait déjà descendu une bouteille et demi.

Silence. Tout le monde savait qu'il ne fallait jamais, au grand jamais, laisser Léo en présence de n'importe quelle nourriture plus énergisante que nécessaire.

À présent, tous contemplaient les dégâts sur l'hyperactif le plus agité de tous. Enfin, Thalia brisa l'ambiance d'enterrement, prise d'un fou-rire incontrôlable. 

La joyeuse bande passa la soirée à préparer le voyage - Non Léo, on n'achètera pas de château gonflable -, et une fois les billets réservés pour la semaine suivante s'affairèrent pour les uns à faire le repas, pour d'autres à un programme hautement productif, consistant en débloquer des niveaux dans la multitude de jeux-vidéos proposés sur l'immense télévision de la salle de jeux. 

À un moment, Annabeth et Percy se retrouvèrent seuls dans la cuisine. Tandis que le brun préparait des cookies façon Sally, sa petite amie entreprenait de dénicher du colorant bleu; élément essentiel au bon déroulement de la préparation, d'après Percy.

La blonde finit par trouver le flacon de colorant alimentaire, et se plaça à côté de Percy devant le plan de travail dont le prix dépassait sûrement celui d'un appartement dans Manhattan. Elle était tellement perdue dans ses pensées qu'elle n'entendit pas le jeune homme lui demander d'ajouter le liquide bleu dans la pâte. Ce dernier employa les grands moyens pour la faire redescendre sur terre parmi les mortels.

- Annabeth, je te quitte.

- Hein ? Quoi ? marmonna-t-elle, les yeux dans le vague.

Percy soupira, abandonna sa mixture et prit Annabeth par les épaules pour qu'elle se trouvât face à lui. Elle revint à elle en croisant les yeux d'océan du jeune homme, emplis d'inquiétude.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? fit Percy avec le maximum de sérieux dont il pouvait faire preuve. Ne réponds pas "rien", ça se voit parfaitement que tu n'es pas bien.

Annabeth allait lui demander ce qui lui pouvait lui faire dire ça, mais il répondit par lui-même:

- Tu es complètement dans les nuages alors que d'habitude tu es constamment aux aguets, et tu n'as réagi quand je t'ai adressé la parole que la fois où j'ai prononcé ton prénom. J'en conclus facilement que quelque chose te tracasse, ou plus.

Elle le regarda, sidérée. Voyant son air stupéfait, Percy sourit un peu malgré la situation; une fossette se creusa sur sa joue.

- Après ces quelques mois passés ensemble, c'est normal que je te connaisse un minimum, non ? dit-il en serrant doucement Annabeth contre lui. Alors s'il te plaît, mon Puits de Sagesse, dis-moi ce qu'il se passe pour que tu sois dans cet état. Je ne peux pas te voir comme ça sans rien faire.

La blonde sentit sa gorge se nouer, autant d'émotion face aux paroles de Percy que par appréhension de la suite. Elle ne pouvait tout bonnement pas lui avouer pour Luke, qui sait si il se méprendrait ? Et d'un autre côté, elle ne voulait pas lui mentir alors qu'il avait énormément confiance en elle; même par principe, elle ne se permettrait pas de lui cacher des choses. 

Annabeth prit une inspiration tremblante:

- J'ai juste entraperçu une ancienne connaissance, qui n'a pas vraiment laissé dans ma mémoire d'enfant des traces agréables, loin de là. Alors forcément je suis troublée, et en plus de ça je ressasse des souvenirs... Désolée si je t'ai causé du souci.

Après tout elle ne mentait pas, simplement elle n'entrait pas dans les détails.

Ne te trouve pas d'excuse aussi minable, se sermonna-t-elle. Tu contournes la réalité, ce qui n'est pas mieux.

La jeune fille sursauta en sentant les mains de Percy se poser sur ses joues; elle n'avait pas réalisé que les larmes d'angoisse qu'elle retenait depuis cette effroyable rencontre avec son passé - littéralement - avaient inévitablement fini par couler. Le brun la regardait sans trace de jugement dans ses magnifiques yeux verts, juste de la compréhension et de l'amour. Annabeth comprit qu'il serait là quoiqu'il arrive.

Ils prirent leur élan en même temps. Leurs lèvres se collèrent doucement, pour finalement s'entrouvrir au bout d'une minute. Ou plus ? Annabeth ne savait pas et s'en fichait considérablement. Cervelle d'Algues... Son ventre la brûlait tandis que Percy descendait ses mains dans son dos, de plus en plus bas. Elle plongea ses mains dans les mèches de jais indomptables du garçon, absorbée dans leur baiser enfiévré mais si doux.

Enfin ils se séparèrent lentement, au bout d'un moment qui avait semblé durer une milliseconde et en même temps un siècle à Annabeth. Elle réalisa que Percy l'avait déposée sur le plan de travail pour qu'elle soit à sa hauteur. Un rire enfla dans sa gorge.

J'ai embrassé mon copain dans la cuisine d'un acteur hollywoodien. 

Hey les bookworms !

Je suis ressortie de mon silence sur cette fanfiction, voici le vingtième chapitre. J'espère qu'il vous a plu, je travaille dès à présent sur la suite et sur mes deux autres fictions. Pardon pour avoir délaissé cette histoire, je commence simplement à la trouver impersonnelle et très peu travaillée; j'ai souvent peur d'abandonner des projets, avec l'écriture je ne le faisais plus mais voilà que ça recommence...

Tout ce que je souhaite, c'est de finir Trois Petits Mots un jour, peu importe le temps que cela prendra. Merci beaucoup à ceux qui me lisent depuis le départ, ça fait vraiment chaud au cœur !

J'espère que votre confinement se passe bien ? Quoiqu'il en soit, je souhaite un bon début de vacances à la zone A, une bonne continuation à la B et une bonne "rentrée" à la C. Courage tout le monde !

La bise (de loin) à vous,

Imaginart.