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Trois sœurs

Nous sommes sœurs. Toutes les trois. Nous avons des liens incorruptibles. Chacune envers une autre a une forme d'amour différente. Et c'est la puissance même de cette force qui nous suffit à nous-mêmes. Nous n'avons besoin d'aucun autre pour être comblées.

Nous vivons avec notre père depuis dix ans, j'en ai dix-sept. Notre père est aussi bien, voire mieux encore, que ce qu'un homme peut être avec ses enfants. Il nous encourage, nous gâte, nous affectionne, prend soin de nous, et a toujours tout mis en œuvre pour nous assurer un haut niveau de vie, parfois même jusqu'à l'épuisement. Pourtant, même s'il a été plus qu'exemplaire, extraordinaire, et toujours présent pour nous, nous avons fait front ensemble, toutes les trois, d'un bloc solide, face aux aléas de la vie.

 Ces épreuves qu'on a traversées nous ont unies de liens indescriptibles. Même Faustine, ma sœur cadette, ne parvient pas, malgré sa finesse d'esprit et son amour des lettres, à décrire ce qui nous attache, ensemble.

Et pourtant, ces liens sont bien présents, on les ressent, toutes les trois.




Durant la période scolaire, on vit à Grenoble, au centre-ville, n'attendant qu'une chose: retourner dans notre paradis secret pour les vacances. Mes parents avaient acquis cette propriété quand j'avais un an, pour l'arrivée de Faustine. Après quelques aménagements, cette résidence d'été est devenue le vrai foyer de la famille Emery. Il reflétait la personnalité de mes parents, tout comme il nous ressemble aujourd'hui. Une sorte d'Éden où on se sent heureuses, euphoriques, libres, loin de l'agitation de la ville.  Nous y sommes presque nées, au milieu de ces bois, de la rivière, des sentiers, du jardin. Au milieu de cette forêt isolée, Papa nous décrit souvent comme des muses de l'époque contemporaine. 

J'avais sept ans quand elle est partie. 

Et ce fut la plus grande épreuve de ma vie. Mais Faustine était là. Si j'avais été seule avec papa, je n'aurais peut-être pas surmonté l'abandon de ma mère. Je me souviens pourtant qu'on était heureux, tous les cinq. Néanmoins, j'ai toujours mis cette absence maternelle d'un côté, je suis trop heureuse aujourd'hui pour gâcher mon bonheur par les fantômes du passé. Quand bien même, il y a une chose que je sais : c'est que je ne pardonnerais jamais à ma mère. Elle a installé en moi une absence qui s'est transformée en haine.

Elle nous a abandonné alors que Gaëlle, ma sœur benjamine, était en train de grandir. Deux ans. Elle avait deux ans. Et je sais que, si Faustine et moi, on se comprenait parce qu'on ressentait la même chose, Gaëlle a été seule, d'une certaine façon. Aucun enfant si jeune ne devrait être privé de son lien maternel. Il lui arrive souvent de nous parler de maman aujourd'hui. Je crois qu'elle est encore perdue, et j'espère que ce sentiment la quittera. Mais elle cherche à comprendre, c'est normal. Faustine et moi, on essaie de lui montrer que maman était super, qu'elle était belle, douce, et gentille... Mais qu'elle nous a abandonnées.




C'est cette fissure dans le miroir qui nous a unies, d'une certaine façon. On était obligées de se soutenir, sans quoi il aurait volé en éclats. Faustine et moi, on a essayé d'aider papa à élever Gaëlle, comme une mère l'aurait fait. C'est sans aucun doute pour ça que je l'aime comme si elle était mon enfant. Et Faustine comme une sœur.

On vit heureux, tous les quatre, plus que la plupart des familles, j'imagine. Mon père prend ses congés pendant les vacances scolaires et reste avec nous le plus possible, mais il redescend très souvent pour son travail d'ingénieur informaticien. Il nous fait confiance et sait que nous sommes autonomes, comme il sait qu'on connait cet endroit comme notre poche, et que nous ne risquons rien. Parfois, il arrive à négocier du télétravail, et peut donc rester avec nous, comme pour cette première semaine de juillet. 

Avec mes sœurs,  je me dispute très rarement, à part avec Faustine, mais c'est notre façon à nous de montrer qu'on s'aime. Pourtant, elle et moi sommes diamétralement opposées. Gaëlle, même si elle n'a que douze ans, semble être le parfait équilibre entre mon audace et sa pureté. Mon père nous dit toujours qu'on se complète avec Faustine. Quand il nous préparait des énigmes, elle trouvait toujours la réponse avant moi. Quand on faisait la course, je la dépassais à chaque fois. Pourtant contraires en tout point, on s'est toujours comprises en un regard. Nous nous connaissons trop. C'est parfois un problème, mais souvent une nécessité.




Un soir, quand j'avais quatorze ans, j'ai vu mon père pleurer près de la cheminée. Il tenait dans sa main une photo de lui, et de maman. Il a souffert autant que nous de son départ. Cette vision m'a incitée à me rendre compte qu'on ne mesurait pas, derrière ses grands sourires, à quel point il souffrait. Maman avait fracturé quelque chose de profond en chacun de nous. Quelque chose d'incurable. De puissant. De terrible. Pourtant on était presque toujours heureux, sauf dans les moments où on se retrouvait seul. C'est pour cela qu'on ne se séparait plus. Personnellement, c'était dans mon lit, le soir, que j'étais le plus triste. Faustine m'a confiée que c'était quand elle écoutait de la musique ou lisait des poèmes. On discute souvent, toutes les deux, de choses plus sérieuses que notre quotidien. On arrive à se comprendre et on finit presque toujours d'accord. Un jour, je me suis risquée à lui dire que j'aurais préférée que maman soit morte. Qu'on fasse notre deuil.

- Je ne suis pas d'accord, avait-elle répondu. Même si ce serait moins pénible que de la savoir en vie, et qu'on l'oublierait plus vite... Je préfère qu'elle vive, et qu'elle assume ce qu'elle a fait. Que sa conscience ne soit pas tranquille. Qu'elle vive avec la culpabilité d'avoir abandonné trois enfants et son mari.

Elle était comme ça, Faustine. Toujours un coup d'avance sur ma propre réflexion. C'est aussi parce qu'elle réfléchit beaucoup, et qu'elle a beaucoup lu, qu'elle est plus mature que moi. J'aime lire aussi, mais je suis moins rapide et moins attentive, je retiens moins de choses. J'apprécie surtout les romans policiers, ou d'horreur. Mais Faustine s'intéresse à tout, et, si elle a moins d'expérience que moi, elle sait plus de choses et prend plus de recul sur les évènements. D'une certaine façon, c'est elle l'aînée.

La première semaine des grandes vacances est arrivée. Se retrouver dans le bois est si agréable. Je me sens revivre à chaque fois. Pourtant, notre vie à Grenoble est loin d'être pénible. Mais ici, chaque année, nous passons un été meilleur encore que le précédent, et nous  nous rapprochons toujours plus. Quand, trois jours après notre arrivée, Faustine me fait part de ses préoccupations, puis me montre la photographie, toute ma plénitude et ma sérénité s'évanouissent. Mon cœur se serre.

Les ennuis arrivent.  

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