Nous montons dans une voiture. J'obéis aux policiers qui nous informent que nous prenons la direction l'hôpital. Olga a perdu connaissance.  Je demande :

- Olga va s'en sortir ?

Faustine me sourit, puis me prend dans ses bras. Je comprends qu'elle non plus n'en a aucune idée. Les policiers nous informent qu'ils nous emmènent à l'hôpital, et que nous devrons nous arrêter au commissariat avant de rentrer à la maison. Mais avons-nous encore une maison ?

L'attente à l'hôpital est terrible. Même si Faustine essaie de me remonter le moral, je lui demande des explications.

- Papa est malade, Gaëlle, me dit-elle. Il a commis des crimes. Mais c'est à cause de sa maladie mentale, d'accord ?

Je comprends de quoi elle veut parler. La disparition de tante Elena, et maman...

- Que va-t-il lui arriver ?

- On ne sait pas encore.

- Et Olga ?

Faustine craque. Sa tête tombe sur mon épaule.

- Je suis désolée... Je.. Je ne voulais pas pleurer devant toi.. C'est juste que..

- Je sais... Notre vie va changer, dis-je. Mais pour le moment, on doit être fortes pour Olga.

Faustine se relève. Mais l'arrivée du médecin quelques heures plus tard n'augure pas de bonnes nouvelles.

- Mesdemoiselles Emery ?

J'attrape la main de Faustine. Je crains si fort ce qu'il va dire.

- Nous avons fait tout notre possible. Mais Olga a perdu beaucoup de sang. Le trajet a été long et pénible. Son organisme n'a pas supporté. Je suis vraiment désolé. Votre sœur va mourir dans les heures qui viennent. Nous allons l'anesthésier afin qu'elle ne souffre pas, mais vous pouvez lui parler juste avant.

- Non...

Je n'arrive pas à y croire.. Olga... Faustine se pince les lèvres. Je n'arrive pas à me rendre compte que c'est bientôt terminé.

✽

Nous suivons le médecin jusqu'à la chambre. Olga se repose dans son lit. Elle paraît si.. calme.. si sereine. Son visage s'illumine en nous voyant. Mais je sais que ce sont les derniers mots que nous allons échanger. Je me précipite à son chevet. Comme si je pouvais faire quelque chose. Comme si mon amour pouvait la sauver.

- Olga...

- Ma chérie... Viens.

Je l'embrasse sur la joue. Elle m'attire vers elle et me serre dans ses bras. Je voudrais que ce moment ne s'arrête jamais. Je sens ses cheveux. Je veux me rappeler de son odeur.

- Viens, Faustine.

Faustine se joint à nous. Je me sens si heureuse un moment.

- Je vous aime, les filles. Cet amour est immortel, d'accord ?

Je pleure toutes les larmes de mon corps contre son épaule.

- Tu vas rejoindre maman et tata, dis-je.

- Je les embrasserai pour vous.

- Faustine... Tu as tout compris avant tout le monde.. J'aurais du t'écouter tout de suite dit-elle. Sans toi, on serait mortes. Gaëlle.. Ma chérie.. Tu.. Tu prendras soin de ta sœur, d'accord ?

- D..D'accord..

J'aimerais lui dire que je ne peux pas vivre sans elle. Que je veux mourir avec elle, s'il le faut. Mais je ne veux pas rendre nos adieux plus difficiles.

- Je vous aimes, mes pervenches. De tout mon cœur. Et je serai toujours là pour vous. Vous sentirez ma présence..

Olga gémit. Le médecin se rapproche, et dit se préparer à la sédater.

J'ai envie de hurler et de lui retirer sa seringue. Mais nous devons la laisser partir. Afin qu'elle ne souffre plus. Je lui souris une dernière fois, tandis qu'elle s'endort pour de bon. La pièce s'inonde de silence. J'éclate en sanglots. Faustine me serre dans ses bras.

- J-Je.. Je veux Olga, Faustine.. Je veux Olga...