La fuite
Les nouvelles sont trop fraîches pour que je comprenne et intègre vraiment les révélations de Faustine. Mais je sais une chose : nous devons rentrer le plus vite possible et protéger Gaëlle de mon père.
- Vite !
Faustine ramasse la lampe. Nous courrons le plus rapidement possible, bien plus vite qu'à l'allée. J'espère qu'il ne s'est rien passé. Gaëlle... Nous ne nous arrêtons pas jusqu'à ce qu'on rejoigne le chemin, puis le petit sentier, avant de voir au loin la maison, où aucune lumière n'est allumée.
- Éteins la lampe !
Faustine s'exécute. Je prends le temps de réfléchir. Il faut agir de façon intelligente, et sans céder à la précipitation, chose particulièrement difficile pour moi. Je crois que j'ai une idée.
- Faustine, écoute-moi bien et fais exactement ce que je te dis, ok ?
Elle hoche la tête.
- Tu vas rentrer dans le salon par la porte latérale. Mon téléphone est sur la table du salon. Prends-le et éloigne-toi de la maison, puis cache-toi. Ensuite, tu appelles la police, et leur explique qu'un homme dangereux en a après nous, d'accord ?
- D'accord. Et toi, tu vas faire quoi ?
- Je vais chercher Gaëlle.
On marche sans bruit dans l'allée. Je vois Faustine passer de l'autre côté. J'espère que tout ira bien pour elle. J'ouvre la porte sans bruit et me glisse à l'intérieur. La chambre de Gaëlle est au bout du couloir. Je le traverse à pas de loups, mais le parquet grince.. J'entre. J'entends Gaëlle respirer. Comment la réveiller sans lui faire peur ? Tant pis, je n'ai pas le choix. Je me mets à côté d'elle, tire les rideaux pour attirer la lumière, et lui chuchote :
- Gaëlle, réveille-toi.
Je la secoue un peu. Elle gémit, se réveille petit à petit. Je mets ma main sur sa bouche. Désolée, Gaëlle. Je ne peux pas prendre le risque que tu crie. Elle s'agite subitement.
- C'est moi.
Elle se détend.
- Viens avec moi, et ne fais pas de bruit, d'accord ?
Elle hoche la tête. Heureusement, elle ne pose pas mille questions, et comprend que ce qu'il se passe est important. Elle se lève, le lit grince un peu. J'attrape un gilet dans son armoire et lui enfile. En quelques secondes, on se retrouve dans le couloir. Alors qu'on le traverse, j'entends une porte s'ouvrir derrière nous. Gaëlle s'arrête, mais je la pousse à sortir, ce que nous faisons, tandis que des pas accélèrent derrière nous. Papa. Je l'entends courir. Nous faisons de même. Quand on se retrouve dehors, je claque la porte et nous courrons toutes les deux vers le bois. Faustine nous rejoint. Nous n'entendons plus papa.
- Partons, maintenant.
- Mais je comprends pas..
- Papa est dangereux, Gaëlle. On doit partir.
- Si on prenait la voiture ?
- Les clés sont à l'intérieur, et papa est réveillé. On s'en va, maintenant, direction la rivière.
Quand on se met à courir, on entend un juron derrière nous. Papa nous suit. Faustine se retourne.
- Olga.. Il est à une vingtaine de mètres, dit-elle sans s'arrêter de courir. Il a.. Il a quelque chose dans la main..
Je me retourne et l'observe. Il tient en effet quelque chose.. De long.. Et de métallique..
- Une hache, dis-je à haute voix sans le vouloir.
Gaëlle pousse un cri. La pauvre ne comprend pas ce qui est en train de se passer. Moi non plus, d'ailleurs.
- Continuez de courir! On arrive bientôt dans le bois. Montez !
Nous grimpons à un arbre avec le plus de silence possible. Gaëlle passe la première et est rapide. Faustine a plus de mal, mais monte vite, probablement grâce à l'adrénaline. Je les suis au coude à coude. Je m'assois sur une branche. Faustine s'assoit en face, plus près du tronc. Je fais signe à Gaëlle, qui est plus haut, de venir avec moi. Je la veux près de moi. Je mets mon index sur ma bouche. Les filles comprennent et ne bougent plus. J'entends mon père arriver. Ses pas lourds m'alertent. J'ai si peur... Cette nuit est réelle?
- Où êtes-vous, mes filles?! Venez, maman est là !
Gaëlle me lance un regard rempli d'effroi. Je lui souris pour la rassurer, mais je sens des sueurs froides dans mon dos. Mon père est juste en-dessous.
- Oh-ho.. Vous êtes là-haut, hein ?
Nous sommes toutes les trois pétrifiées. Nos regards se croisent. Un bruit sourd résonne dans mes oreilles. Mes cuisses vibrent. Je regarde en contre-bas. Mon père donne de vifs coups de hache contre l'arbre.
- Accrochez-vous ! hurle-t-il.
Je ne peux pas le laisser couper l'arbre. Il va nous blesser, ou pire, nous tuer. Et, quand nous serons tombées, il nous achèvera. Je prends mon courage à deux mains, et me lève. J'atteins une autre branche, en silence, puis encore une autre, juste au-dessus de lui. Je respire un bon coup pour me calmer, ce qui est inefficace.
Je me laisse tomber.
Une douleur vive me broie les côtes quand j'atterris sur lui. Mais je dois protéger mes sœurs. Je vois mon père se relever. Je me jette sur lui et attrape la hache, puis le frappe de toutes mes forces, encore et encore. Je hurle. Je n'aime pas le frapper. Mais il est plus fort et finit par me repousser.
- Salope...
Il jure, puis donne de vifs coups de haches dans ma direction.
- OLGA ! hurle Gaëlle.
Faustine comprend ce qu'elle doit faire, et, tandis que j'attire mon père à l'écart, elle descend de l'arbre avec Gaëlle. Par miracle, mon père ne me touche pas. Je le frappe au visage, puis profite de l'occasion pour lui arracher sa hache des mains. Elle est trop lourde. Je la jette le plus loin possible et court vers la rivière. Je rattrape mes sœurs. Gaëlle est à bout de souffle. Je lui demande de monter sur mon dos. Nous nous enfonçons toujours plus dans le bois. J'entends mon père hurler. Il nous rattrape. Cela décuple mes forces mais il est toujours là. Alors qu'on traverse la rivière, je m'écroule vers l'arrière. Gaëlle est tombée. Je hurle. Mon père a attrapé Gaëlle et enfonce sa tête dans l'eau. Cette vision m'enrage. Je le frappe de toutes mes forces.
- LACHE-LA!!
Mais il ne lâche pas Gaëlle. Il la noie. Faustine me prête main forte et retire les mains de papa du cou de Gaëlle, qui s'échappe, essoufflée. Alors qu'on s'écarte, il court vers nous. Je n'ai pas le choix. Nous sommes trop lentes. Je crie :
- PARTEZ !!
Je fonce sur mon père et le frappe encore et encore. Mais il est plus fort et me rends mes coups. Du sang coule de mon visage tandis que la douleur se multiplie.
- P-Papa...
J'entends les filles hurler. Mon corps se plie en deux, je m'écroule. Mon père ne s'arrête plus. Sous les poings de mon père, j'entends des personnes crier. Les coups s'arrêtent. Je vois des inconnus au-dessus de moi, mais je me sens partir. Tout s'évanouit autour de moi.
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