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Dix ans plus tard

Dix ans sont passés. Nous avons été placée dans un foyer par les services sociaux, de mes douze ans à mes quatorze ans. Ce furent les deux années les plus dures de ma vie. Aujourd'hui, tout est différent. Les premiers temps on été très durs. J'avais l'impression d'avoir perdu une partie de moi-même. C'est ce que l'on ressent quand on perd une mère. J'en ai perdu deux le même jour. Au foyer, il y avait de tout, mais Faustine et moi avions de loin l'histoire la plus incroyable. Tout le monde la connaissait sans avoir eu besoin de nous le demander. Nous avons eu beaucoup de questions indiscrètes et de regards curieux, qui étaient difficilement supportables au début. Nous étions l'attraction du coin. Les "survivantes de la folie d'Alexandre Emery", mon père, qui est devenu une cible de la presse et des médecins les plus compétents. Les théories sur sa double-personnalité restent vagues. C'est apparemment un cas complexe. Certains médecins pensent qu'il comblait l'absence de mère pour ses enfants en se faisant passer pour elle, d'autres estiment que c'est le remord qui l'a poussé au déni, puis à la folie. Papa a été transféré en hôpital psychiatrique. On lui a diagnostiqué une schizophrénie avancée, mais il y a autre chose que les médecins ne trouvent pas. Lui-même n'avait pas conscience de ce qu'il faisait. Nous lui rendons visite une fois par mois. C'était si dur au début. Mais il ne fait pas de crise devant nous. Je crois que notre présence l'apaise. J'ai l'espoir qu'un jour, il se remettra. Je suis prête à lui pardonner, pour ma part. Ce n'est pas notre père qui a tué Olga. C'est sa pathologie.

Vivre sans notre famille fut la plus grande épreuve de ma vie. Nous étions malheureuses, au foyer, mais nous devions survivre et attendre d'avoir la possibilité d'être autonome. Dès qu'elle a eu dix-huit ans, Faustine a fait une demande afin de devenir mon responsable légal.  Cela a pris du temps mais nous sommes devenues autonomes. Nous avons eu des aides, un accès aux économies de papa, mais cela ne suffisait pas. Nous avons été contraintes de vendre la maison de notre enfance et l'appartement, ce qui nous a permis d'avoir des économies que Faustine a utilisé avec soin pour nos études. Faustine, malgré son quotidien pénible, a étudié le journalisme, mais travaillait en tant que serveuse en parallèle de ses études, ce qui était très pénible. Je m'occupais de tout dans notre petit appartement, où elle rentrait tard le soir pour travailler encore et encore. Je la voyais s'épuiser, c'était insupportable.

Mais aujourd'hui, tout a changé. Faustine a obtenu un poste de rédactrice en chef dans une revue nationale. Elle s'est mariée l'année dernière et est enceinte de deux mois. Je vais être tante, j'ose tout juste y croire. Comme le dirait Olga: Faustine a toujours une longueur d'avance. Je me demande encore s'il existe une personne plus intelligente qu'elle. J'ai beaucoup attendu avant de demander à Faustine ce qu'il s'était passé cette nuit-là avant qu'elles ne me réveillent. Je ne connais personne d'autre qui aurait tout compris si vite. Faustine nous a sauvé la vie, même si Olga a sacrifié la sienne. 

Quant à moi, j'avance plus doucement mais je crois que je me débrouille bien. Ce qu'on a vécu nous a marquées pour la vie, mais cela nous a rendu fortes. Nous nous sommes reconstruites petit à petit. La fin du collège a été quelque peu chaotique pour moi. Je manquais des cours et ne travaillais pas. Je n'arrivais pas à avancer. J'ai redoublé la troisième. Mais, avec le temps, et l'aide de Faustine, qui a été extraordinaire, je me suis reprise. Le lycée s'est passé sans problème. J'y ai même trouvé ma voie. Je suis en troisième année d'études de médecine à Lyon. J'ai trouvé ce qui me plaisait et j'en suis heureuse. Je veux aider les personnes malades. M'engager pour les autres comme Olga le faisait pour nous. Faustine, elle, est restée sur Grenoble. Nous voir est plus difficile qu'avant, mais nous prenons toujours un week-end dans le mois et passons toutes nos vacances ensemble.

Olga serait si fière de nous voir aujourd'hui. Elle nous a protégées jusqu'au bout, et je ne veux pas décevoir sa mémoire.

Aujourd'hui, nous nous recueillons sur le tombeau familial. Je regarde Faustine. Nous nous tenons la main. Nous sommes si différentes d'auparavant, et si ressemblantes à la fois. Les portraits des trois femmes que nous avons le plus aimé se trouvent devant nous. Lou a gauche, tante Elena à droite, et ma mère au centre. Je caresse le ventre de Faustine.

- Ton enfant vivra un rêve éveillé, et apprendra à connaitre ces femmes même si elles ne sont plus là.

- Oui, dit-elle. Je sais que tu seras géniale avec lui, et que nous serons heureux. Mais je ne lui mentirai jamais. Le mensonge nous a déjà trop coûté, et a eu ses conséquences.

- J'aimerais qu'on retourne dans notre maison, dans les bois, dis-je avec nostalgie. Je n'en retiens que les bons souvenirs.

- Peut-être, un jour? dit-elle.

Nous contemplons le tombeau. Des pervenches, symboles de notre famille, sont parsemées sur sa surface, pour honorer le passé et ce que ces fleurs représentent. L'amitié, la loyauté, la sincérité, et le passé.

- "La famille, celle que nous avons, ou celle nous choisissons, est un soleil qui nous protège et réchauffe nos cœurs", dit Faustine.

- Celle-là, je ne l'avais jamais entendue, dis-je. Victor Hugo?

- Non, dit-elle en souriant. Faustine Emery.

Je lui souris. Le crépuscule expose son dessin flamboyant. Le vent souffle sur mon cou. Je regarde Faustine une fois de plus, puis les trois portraits. Tout va bien, à présent. L'avenir sera merveilleux.







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