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7. Jeu d'esprit, jeu de lit (1/2)

La Flèche réajuste le foulard avec un juron. L'imbécile a-t-il vu son visage ? L'a-t-il reconnue ? Elle s'agenouille près du corps flasque, tâtonne. Un liquide plus poisseux que la pluie enduit les pavés. Il s'est ouvert le crâne. Mort ? Il y a un moyen simple d'obtenir une certitude. Le poignard s'extrait du fourreau avec un léger chuintement. La lame se pose sur la gorge.

Un rayon de lune échappé des nuages court entre les boucles indisciplinées et repeint le visage anguleux d'une blancheur cadavérique. La vision se superpose au sourire naïf d'une soirée à la taverne, d'un verre de vin partagé autour des ragots de la vie au château, d'une promesse qu'elle n'a jamais eu l'intention de tenir.

Quelle poisse de tomber sur lui ! Il devait se trouver à Bléré. Elle l'a vu partir, elle a guetté toute la journée avant de donner le feu vert pour l'opération. Pourquoi revient-il à la nuit ? Pourquoi leur sauter dessus au lieu de s'aplatir sur sa bourrique comme n'importe qui avec deux sous de jugeote ?

Depuis le coin de la rue, les deux autres s'impatientent.

— Cornes de bouc et coquefredouille !

Jurer évacue une partie de sa tension. Ce n'est qu'un gamin trop crédule. La lame replonge au fourreau, sa soif inassouvie.

Elle se redresse, évalue la situation d'un coup d'œil à la ronde. Les riverains n'ont pas entendu les beuglements de l'idiot, ou ont sagement choisi de les ignorer. La mule poursuit son bonhomme de chemin vers son bercail, sans s'émouvoir de l'absence du cavalier. Sur le panier, la lanterne renversée vacille sous la pisse du ciel, puis s'éteint. Le graillement d'une corneille s'élève dans la nuit. Où est passé La Saucisse ? Il ne l'a pas suivie. Tant pis, il se débrouillera. Pas la peine de s'attarder plus que nécessaire.

Elle vérifie la présence des feuillets abrités sous son gambison. Tout est en ordre.

La Flèche dévale la pente jusqu'aux deux spadassins.

— Qu'est-ce que tu trafiquais, La Flèche ? s'agace Collar avec son air de petit chef teigneux. T'attendais que le coin grouille de gaffes ?

Elle repousse ses invectives d'un haussement d'épaules.

— Le sotard a son compte, ne traînons pas ici.

Ils descendent jusqu'à l'Amasse d'un pas vif. Leur attitude se relâche à mesure qu'ils s'éloignent du château. Les honnêtes bourgeois comme les péquenots se terrent chez eux par ce temps à ne pas mettre un chien galeux dehors. Même les gaupes, qui ne sont d'habitude pas les dernières à battre le pavé en quête de chaland, ont remballé leur marchandise au chaud. Ces preux messieurs du guet doivent s'en féliciter autour d'un verre de vin, le derche bien au sec. Tout est calme, braves gens, dormez !

Le reste de leur balade nocturne se déroule sans anicroche. Ils atteignent les quartiers plus populaires d'une Amboise de besogneux et gagne-petit, et poussent la porte d'une bâtisse miteuse d'où filtrent des bribes de chants éméchés. Un remugle de graisse de porc, de vieille vinasse et de sueur humaine les accueille sur le seuil en hôtesse empressée. Dans la pièce basse de plafond aux poutres noircies de suie, une population rustique claque ses sabots sur le parquet usé, roule les dés à grands éclats de rire et descend les pichets en rude concurrence du crachin nocturne.

La Flèche s'ébroue sur le seuil, essore sa natte et profite du picotement de chaleur sur ses doigts transis. Collar joue des épaules dans la marée chaotique de bancs, de tables et de va-et-vient. Petit Jean se faufile sur ses traces, son museau de fouine en l'air. Elle s'engouffre dans leur sillage jusqu'à une tablée en position stratégique entre la cheminée et le comptoir. Les occupants se serrent sur la planche dans un cliquetis de ferraille et un raclement de bottes pour ménager une place aux trois arrivants. Leur installation humide s'accompagne de quelques quolibets.

Le colosse trônant en bout de desserte se renverse sur sa chaise et les détaille d'un regard d'aigle.

— Tout s'est bien passé ?

Achéric, chef autoritaire mais incontesté de la petite bande de mercenaires, adresse la question à son bras droit ; La Flèche le devance pour répondre.

— Impeccable, j'ai le colis.

Collar lui jette un œil noir tout en tendant la main vers un gobelet. Il avale une grande goulée et s'essuie la moustache d'un revers de manche.

— Au moment où on se faisait la malle, y a un morveux qu'a tenté de nous barrer le passage. Il s'est frotté à La Flèche.

Deux prunelles fondent sur elle, toutes serres dehors.

— Il t'a vue ?

Elle secoue la tête avec assurance.

— Il faisait plus noir que le cul d'un démon, j'avais mon foulard sur la pomme et, dans l'état où je l'ai laissé, il n'est pas près de jacter.

Les yeux s'attardent le temps d'une appréciation. Le spadassin frotte son collier de barbe brune, puis hoche la tête.

— Bien. Fais voir.

Elle déboutonne son gambison, peut-être un poil plus que nécessaire, et repêche, entre deux mamelons suggestifs, la liasse de feuillets tant convoitée par leur commanditaire. Quelques-uns des briscards jouent du coude avec des clins d'œil égrillards. Un petit malin émet un léger sifflement. Achéric reste aussi impavide qu'une des statues austères de ce brave curé.

Elle pose sur la table, au milieu des taches de graisse et des pots de vinasse, une pile de croquis, dessins et notes en tout genre, tracés d'une main d'artiste. Le chef se penche sur les annotations minutieuses ; ses gros doigts, calleux de l'épée, tournent les pages avec une délicatesse dont elle ne les aurait pas crus capables. Au bout de cet examen, ses épais sourcils se concertent au-dessus de son nez droit comme un dard.

— Qu'est-ce que c'est que ce charabia ?

Piquée par l'exclamation contrariée, La Flèche s'intéresse de plus près au recueil que l'apprenti affublait du titre pompeux de Codex Atlanticus. Les croquis des chars palissadés, des arbalètes géantes et autres balistes improbables s'interprètent d'eux-mêmes. Les lettres harmonieuses notées en légende, en revanche, surprennent l'œil et l'esprit. Leur familiarité étrangère l'interpelle. Elle reste interloquée avant de remarquer le broc en fer posé juste à côté. Elle comprend alors. Une esquisse de satisfaction arque le coin de ses lèvres. Cette énigme lui offre l'opportunité idéale pour approcher son propre objectif.

Elle hausse une épaule en toute nonchalance.

— De l'italien.

Achéric relève un regard agacé.

— Je sais reconnaître de l'italien, et ça n'en est pas.

Sans se départir de son flegme, elle s'empare du pichet, se sert un godet et repose le fer patiné par des centaines de pochards au ras des feuillets. Dans l'arrondi métallique, le reflet du texte oscille au rythme dansant du foyer. Elle tapote le récipient du bout de l'ongle pour appuyer sa déclaration.

— De l'italien, écrit à l'envers.

Puis elle trempe ses lèvres dans le vin pour dissimuler son sourire. Un sacré matois, ce Leonardo da Vinci ! Le spadassin branle du chef entre le pot et les inscriptions. Bien que floue, l'image miroir devient miraculeusement lisible. Les autres aigrefins renchérissent de leurs commentaires amusés, comme s'ils savouraient la finasserie. La moitié d'entre eux ne sait sans doute même pas lire ! Seul Collar lui dédie un regard assassin. Celui-là a compris son petit jeu et craint pour sa place. Elle serait bien avisée de surveiller ses arrières. Il serait capable de lui planter un baiser de fer dans les reins au détour d'une ruelle.

Lorsqu'Achéric relève la tête, le coup d'œil qu'il lui adresse a changé de registre. Elle n'est plus simplement la dernière recrue en date, chargée de la corvée de planton. Il rassemble les pages du Codex Atlanticus et les coince sous sa jaque matelassée.

— Le dab sera content.

Lui-même affiche une risette satisfaite. Ses yeux glissent un peu plus bas que nécessaire, vers des boutons qu'elle a négligé de rattacher, vers une invitation univoque. Une étincelle affamée traverse son regard. Finalement, il n'a peut-être pas raté le spectacle de tantôt.

Elle lui renvoie son observation sans ciller et en profite pour suivre le contour de ses bras saillants. Il n'est pas désagréable à regarder et dégage le charisme confiant d'un chef de guerre. Un homme capable de rallier une débâcle pour renverser le cours d'une bataille. Quel âge a-t-il ? Le même que Roland, peut-être. Elle mettrait sa main à couper qu'il n'a même pas trente ans. La barbe le vieillit et assied son ascendant sur ses hommes, mais ne la trompe pas.

Il se lève dans un raclement de chaise et jette une poignée de pièces sur la table.

— Tournée générale, à ma santé !

Les mercenaires haussent leur chopine dans un chœur appréciateur.

Il s'approche, la frôle et incline la tête en direction de l'escalier bancal au fond de la salle.

— Viens avec moi.

Elle n'attendait que cela. Le voilà ferré !

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