Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

17. Réminiscences au fond d'une crypte (1/2)

La Flèche ravale une guirlande de jurons. Après leur avoir débité une vision poussiéreuse digne d'un caveau croulant, la pucelle effarouchée vient tout bonnement de s'enfoncer dans le mur. L'asticot qui lui sert de prince charmant s'empare d'une des torches et disparaît à sa suite avec un gloussement ridicule.

La voilà débarrassée des deux gamins encombrants ! Ou bien...

Son attention revient vers la solide porte de chêne cloutée. Au même instant, une lame plus vorace que les autres traverse une jointure dans un craquement. Toute la structure couine comme un porc qu'on égorge. De l'autre côté de l'huis, les exhortations redoublent d'ardeur.

Elle recule, indécise, et s'humecte les lèvres. Le moment idéal pour faire un choix. Doit-elle se ranger aux côtés des gardes en avançant quelque bobard, ou tirer sa révérence en jouant les passe-murailles ? Son regard glisse vers le cadavre encore chaud. Pas certain que le seigneur apprécie le traitement réservé au soudard, ni le massacre de sa toile, ni le léger désordre semé dans la recherche infructueuse de la Torah. Il avait l'air de tenir diablement à son passe-temps.

Le gringalet a parlé d'envoûtement et, sur ce point, elle n'est pas loin de le croire. Elle n'arrive pas à renouer quel raisonnement a pu la pousser, non seulement à créer le golem, mais à en céder le commandement à Blaise Fayet. Toute sa semaine au château crépite sous une bulle haineuse sans qu'elle en comprenne les fondements. Quand la peinture s'est renversée, elle a cru que son crâne allait exploser. Une gifle de réalité en pleine trogne ! Encore maintenant, elle peine à recoller les morceaux. Sa soif de vengeance n'a pas faibli – l'assassin de ses parents paiera –, mais un repli stratégique permettrait de poser les idées au clair. Il ne faut pas abuser de l'hospitalité des bonnes gens. Elle pourra toujours, à l'occasion, revenir pour un entretien plus privé avec le seigneur de Candé.

Son choix arrêté, elle pivote sur les talons, et se retrouve nez à nez avec un mur. Un mur aux pierres parfaitement équarries, tout ce qu'il y a de plus mur. Un mur très muré, en quelque sorte. Ses yeux l'affirment, le picotement de ses doigts le confirme, sa logique le serine en boucle. Ses sourcils se concertent devant cette matérialité. Comment est-elle censée franchir l'obstacle ? Elle n'est pas encore acculée au point de se taper la tête contre une pile de pierres, qu'elles soient moussues ou maçonnées !

— La Flèche ! appelle un fantôme de voix venu d'un espace impossible. Ferme les yeux, ce sera plus facile.

Fermer les yeux ? Elle grince des dents. Et puis quoi encore, marcher sur la tête ?

Au même moment, trois lames perforent son dernier rempart dans un bel ensemble. Une planche arrachée s'abat sous la clameur d'un cri de victoire. Très bien, puisque l'univers se ligue contre elle, elle abaisse les paupières sur sa propre stupidité.

Des doigts grêles se referment sur son poignet ; elle tressaille.

— Ne crains rien ! Viens.

Peur, elle ? Qu'est-ce qu'il imagine, le foutriquet ? Sous la traction insistante, elle avance d'un pas, persuadée de se prendre un gnon en pleine poire. Rien. Le mur devait être un tout petit peu plus loin. Elle allonge le pied. Toujours rien. Une enjambée de plus et elle sent un rebord irrégulier sous ses bottes. Ses paupières bondissent au plafond.

Elle oscille au ras de degrés plus étriqués que le cul d'un mangeur de crucifix et tout aussi ténébreux. Des pierres piquetées d'infiltrations crachent des coulures colorées. La torche tenue par le garçon lèche la voûte épaisse d'une fumée noirâtre. De l'autre main, il n'a pas lâché son poignet.

Elle se désengage d'un geste abrupt.

— C'est bon, l'asticot ! On va pas au bal ensemble, que je sache.

Il s'excuse d'une grimace qui lui donne envie d'aboyer de plus belle. Le capon n'ose même pas regimber !

Derrière, une explosion de bois s'accompagne de vivats victorieux. Une écume de piétaille déferle dans le réduit. Elle se retourne d'un bloc, la lame tendue en rempart d'une peau qu'elle tient à conserver sur ses os.

La porte éventrée vomit un torrent de soldats. Ils s'écoulent à moins de deux toises sans leur jeter un regard et poursuivent leurs beuglements sous l'arche menant à l'atelier. Les cris redoublent de fureur à la découverte du cadavre.

— Les monstres ne nous voient pas, murmure la noblionne transformée en devineresse. L'illusion nous protège.

Le sérieux du ton soulève un doute. Monstres ? Parle-t-elle littéralement ? La Flèche la dévisage de plus près. Difficile d'être certaine sous l'éclairage orangé de la torche, mais son teint semble avoir retrouvé une carnation plus naturelle et l'éclat fiévreux s'est estompé. Malgré elle, en digne fille de Salomon, elle en éprouve un pincement de satisfaction. Si elle peut écarter toute idée de rechute, doit-elle croire les mots prononcés depuis le seuil d'une porte qui n'existe pas ?

— Le roi Eochu connaît certainement ce passage, c'est son repaire ! Ne restons pas ici, trépigne le gribouilleur de toiles.

Appuyé sur la branche tordue qui lui sert de canne, il s'engage dans les marches, de son dandinement bancal, sans plus d'explications. Sa protégée soulève les pans volumineux de sa robe et lui emboîte le pas, dans le mariage incongru du tissu velouté contre les aspérités poussiéreuses.

La Flèche tiraille sa natte. Quel roi ? Une nouvelle énigme s'ajoute sur un plateau déjà bien lesté. Pas le temps de la soupeser ! Elle se contente de hausser les épaules. Elle a vu une volée de corneilles obéir en meute bien dressée, elle a insufflé la vie à un corps de glaise, elle vient de traverser un mur. Autant admettre l'existence d'un roi sorcier et de monstres soldats. Elle n'est plus à une impossibilité près.

La Flèche contemple le boyau. La langue de feu lèche une voûte bien trop basse à son goût. Un inconfort lui serre le bide ; les souterrains ne l'inspirent guère. Déjà plusieurs marches plus bas, les deux gamins s'enfoncent dans ce gosier caverneux avec leur bulle de lumière. Seraient-ils plus intrépides qu'une mercenaire ? Sur un soupir, La Flèche repousse la porte vétuste et s'engouffre à son tour dans les entrailles de la terre. Un claquement de dents se referme dans son dos.

Elle échange son épée contre sa dague, bien plus maniable dans l'espace réduit. Ses doigts épousent le cuir patiné rassurant de la poignée, prêts à embrocher le premier spadassin qui se présente. En fait, elle souhaiterait presque un tel affrontement pour écluser la tension qui s'accumule à chaque marche. Le poids du château au-dessus de sa tête lui martèle les nerfs. L'air vicié lui serre la gorge. Elle lorgne d'un œil suspicieux l'armée de moellons, habités du raclement du cuir, du froissement de tissu et d'une haleine épaisse comme la lente respiration d'un géant endormi.

Une éternité plus bas, les marches plongent au travers d'une arche fissurée et se diluent dans une buée de néant. Les deux gamins franchissent ce seuil instable sans même rompre leur trottinement. Leur torche s'avive sur le souffle d'une cavité plus vaste. La Flèche lorgne les arêtes de soutènement éboulées et se glisse sous cette épée de Damoclès, la nuque hérissée d'appréhension.

Elle émerge dans un caveau courbé sur quatre pilastres tordus, tel un vieillard cacochyme oublié au fond de son taudis. Une fine couche de poussière nappe les dalles irrégulières et s'élève en soupir sous les pas. La voûte a semé, çà et là, des larmes pétrifiées dont l'absence creuse autant de bouches noires au plafond. Le mur en face, semi-éboulé, laisse entrevoir les carrés délavés d'une mosaïque. Quatre gisants sur leur catafalque de pierre jaune honorent de leur garde immuable cette œuvre d'un autre temps, contemplant l'immobilité du dôme depuis leur linceul d'éternité.

— Ce doit être la crypte mortuaire des seigneurs de Candé, murmure Léonore en se penchant sur une effigie austère.

Elle souffle sur l'écusson gravé et déchiffre le message confié à la ronde des siècles.

Hic in pace requiescit Guilhemus pius qui animas nostras custodivit. Ici repose en paix Guilhem le pieux, qui veilla sur nos âmes. Il y a des chiffres romains à côté : 453-491. Ces tombes sont vieilles de plus d'un millénaire !

— Grand bien leur fasse, je leur laisse la place avec tous mes compliments ! grince La Flèche sans partager son enthousiasme. Par où on sort ?

La question se perd quelque part sur le trajet des oreilles de la donzelle. Fascinée par cette découverte de fossiles nobiliaires, elle entreprend le tour des présentations funèbres.

— Et là se trouve sûrement son fils, Yvain le sage, la plume à la main, puis Achéric le preux représenté en tenue d'armes et enfin Eudes le jeune. Les dates sont proches. Quatre générations sont enterrées ici.

Pendant que la pucelle batifole d'un Macchabée de pierre à l'autre comme si elle se choisissait un époux, le puceau examine les murs de plus près.

— Cette partie du château est bâtie à flanc de falaise, regardez !

La graine d'architecte désigne un pan de roche irrégulier qui tranche la maçonnerie au ras du sol. Il se redresse, passe une main au milieu du fouillis de boucles qui lui tient lieu de coiffure et médite à voix haute :

— Vu les marches que nous avons descendues, nous ne devons pas être très loin de la rivière.

— Et donc, répète La Flèche dans un grognement, par où on sort ?

La patience lui coule entre les doigts plus vite qu'un pichet de vin au fond d'un gosier de soûlard, et la vision de la dernière goutte lui irrite tout autant les nerfs. L'admirateur de vieilles pierres regarde autour de lui, comme si la question percolait enfin au travers de son crâne obtus. Il pointe l'amoncellement de moellons, gravats et poussière de mortier fatigué.

— Autrefois, par-là, je suppose, admet-il d'un mordillement de lèvres.

Par égard pour les oreilles chastes, La Flèche retient la bordée de jurons qui lui remonte des tripes. Elle réprime également le geste plus agressif qui l'accompagne. Fracasser la tête du garçon une seconde fois ne changera rien à la situation. Ils sont enterrés vivants au fond d'un trou à rats ; une troupe de gardes furibonds va dévaler les marches d'un instant à l'autre, dès que ce maudit roi, seigneur, enchanteur, ou tout ce que vous voudrez aura compris par où ont filé sa future épouse, son peintre personnel et sa dresseuse de golem.

Elle jette un œil méfiant vers les arches effritées et s'avance de quelques pas dans la pièce, la tête rentrée dans les épaules au cas où le plafond mijote un coup en traître. Derrière le dernier pilier, au ras de l'éboulis, un éclat plus intéressant que des arêtes rocheuses bariolées ou une collection d'effigies dévotes attire son regard, un reflet qui parle à son instinct de mercenaire.

Elle s'accroupit et dégage les contours de l'objet : un long couteau piqueté de rouille, tout juste bon à découper une viande un peu nerveuse, mais aussi le témoin d'une présence humaine. Ses doigts poursuivent leur exploration jusqu'à une couverture de laine imbibée d'une humidité moisie, couverte de poussière au point de s'en confondre avec la couche de la crypte. Des queues de chandelles éparses délimitent le cercle d'un campement de fortune. Ces restes datent de plusieurs années, à l'évidence, mais pas de siècles écoulés. Au moins une personne est descendue jusqu'ici avant eux. Est-elle ressortie ?

Le pas boiteux de l'apprenti s'approche avec leur source de lumière, entraînant la valse des ombres.

La jouvencelle pousse une exclamation de surprise :

— Florimond, la mosaïque, regardez !

La Flèche relève le nez vers les carreaux affadis repeints de l'orangé de la torche. Un visage pâle lui adresse un rictus arrogant, parfaitement reconnaissable malgré les quelques pièces manquantes. En revanche, le détail exotique des cuisses puissantes et des jarrets poilus diffère quelque peu de l'élégant haut-de-chausses à crevés du seigneur de Candé. L'artiste a représenté la créature satanique au cœur d'une forêt touffue, enchaînée à une croix de pierre. L'effet d'origine est toutefois gâché par l'effondrement qui a emporté l'autre moitié des entraves.

La pucelle avance d'un pas médusé. Elle fixe cette représentation du démon avec un mélange de fascination et d'horreur, comme si ses yeux asymétriques ne parvenaient pas à s'accorder sur ses sentiments. Ses lèvres frémissent sur un nom :

— Eochu.

Son chevalier servant s'approche en soutien, un pas respectueux en arrière. Il hausse la torche pour mieux révéler les détails de ce portrait sordide.

— Il y a une inscription, en bas !

La donzelle s'accroupit, son joli nez au ras de la poudre de roche.

Bestiam maleficiaque te cave, déchiffre-t-elle. Garde-toi de la bête et de ses maléfices.

Elle se signe avec application et La Flèche raidit l'échine sur un frisson malvenu. Ce n'est qu'un hasard malencontreux si cette créature imaginée un millénaire plus tôt par un colleur de céramique en mal d'inspiration possède les traits du seigneur actuel... n'est-ce pas ?

L'exclamation enfiévrée d'un autre artiste l'arrache à ses spéculations.

— Là-haut !

Le barbouilleur de couleurs se précipite vers la montagne de gravats et entreprend une varappe osée pour un gringalet affublé d'un brandon enflammé, d'une branche noueuse et d'une jambe trop courte. Ses galoches dérapent dans un nuage qui sature un peu plus l'atmosphère confinée. Il joue du coude et des genoux et se hisse au ras des arêtes de la voûte. Satisfait de son ascension, il se retourne vers eux, les yeux brillants d'une excitation quelque peu prématurée.

— Un passage ! On doit pouvoir franchir la zone effondrée.

La Flèche lui renvoie une grimace torve. Un passage ? Ce n'est pas l'appellation qu'elle aurait employée pour désigner un trou à rat instable à peine assez large pour une paire de bottes. Elle n'a pas le temps de lui exprimer sa façon de penser. Loin au-dessus, dans un pays où le ciel ne menace pas de vous inonder sous un déluge de moellons, une porte violentée rend gorge. Ce coup de semonce est suivi d'un torrent de grognements qui évoque plus un troupeau de porcs en rut qu'une troupe de gardes disciplinés.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro