Le jour est levé maintenant, et les désagréments qui vont avec ne font qu'accentuer le stress de Tony. La circulation est dense, trop au goût du milliardaire, il voit Peter assis sur le siège passager tressaillir à chaque coup de klaxon. Le jeune homme est recroquevillé sur lui-même, les mains plaquées sur le casque toujours posé sur ses oreilles, ses yeux sont étroitement fermés, les larmes glissant sur ses joues blanches, l'adolescent se berce d'avant en arrière, sa respiration est erratique. Il souffre le martyre, ses os, ses muscles et sa peau, tout son corps lui fait mal, il voudrait pourvoir mourir, que tout s'arrête. Il ne veut plus lutter, il ne veut plus continuer, vivre c'est souffrir, pas que physiquement, mais aussi et surtout psychologiquement.

Pourquoi lui ? Qu'a-t-il fait de mal ? Tout se mélange dans son esprit, la mort de ses parents, la mort de son oncle, la mort de sa tante, l'éloignement de Monsieur Stark, l'abandon des autres, et sa propre mort qu'il a vécue et vit encore dans ses cauchemars, comme un tatouage indélébile encré dans sa peau, dans ses cellules, il ne devrait même pas s'en souvenir mais ses pouvoirs l'ont forcé à se remémorer tout sans exception. 

-"Monsieur Stark..." Souffle-t-il "Pitié...Aidez....aidez-moi!" Les sanglots étouffant sa voix dans la tourmente.

Peter se déteste d'être si faible, mais il a tellement mal qu'il en oublie même de haïr l'homme qui conduit.

Tony de son côté est désemparé, il pensait que le casque et les lunettes suffiraient mais il n'en est rien, bien au contraire, l'état du jeune homme semble se dégrader chaque minute. Il est impuissant et c'est bien ce qui le chagrine le plus, aucune armure, aucun Avengers ne peut rien face à la détresse de Peter. Il roule plus vite sur la route dégagée qui conduit à sa destination, il se hâte de conduire l'enfant à l'abri et de l'aider. Il entend les dents du jeune garçon à ses côtés grincer sous la douleur. J'espère que Bruce à toujours les analgésiques et le sédatif qu'il avait fabriqué  pour lui. Pense-t-il. 

Lorsque Tony pénètre dans le sous-sol, il voit Peter trembler, son corps pris de frissons incontrôlable. Le milliardaire se gare à la va-vite et s'empresse de sortie du véhicule pour ouvrir la portière côté passager. L'enfant n'est plus vraiment conscient comme dans un autre monde, tellement souffrant qu'il ne ressent plus que ça. L'homme attrape l'avant-bras du jeune homme mais son toucher aussi léger soit-il fait hurler Peter sa peau chauffé à blanc.

-"Il faut que tu te lèves Peter, je ne peux rien pour toi ici." Chuchote le millionnaire, il est conscient que l'enfant l'entend.

Avec un effort surhumain Peter se lève et sort de la voiture, trébuchant sur ses pieds et chancelant dangereusement sur ses jambes. Malgré la souffrance de Peter, Tony passe un bras sous les épaules de l'adolescent pour le conduire directement à l'ascenseur. Ils montent tous les deux au dernier étage. Tony sait qu'il est très tôt mais tout ça n'a pas d'importance, il réveillera Bruce pour de l'aide, il ne laissera plus rien ni personne le séparer de cet enfant. Il se le promet.

Quand les portes s'ouvrent tout est trop vif pour les yeux de Peter et il grogne en plaquant sa main sur ses yeux et il entend Tony.

-"FRIDAY! protocole Spider-Man 010-696 s'il te plaît!" 

-"Tout de suite patron." Répond l'I.A

Puis tout va très vite, les stores se baissent, les lumières n'éclairent plus qu'à cinq pour cent, les portes se ferment hermétiquement et tout devient calme. Tony conduit de suite Peter dans sa chambre, la libre en face de celle de sa fille. Avant d'arriver au lit les jambes de Peter flanchent et il tombe. Tony n'écoute pas les protestations de son dos et de ses vieux muscles, il soulève le jeune homme et le couche sur l'édredon. Aussitôt l'adolescent se détend un tout petit peu, mais il souffre encore tellement, il se replis sur lui-même et attrape sa tête dans ses mains. Doucement l'homme retire le casque et les lunettes pour permettre au jeune homme de se coucher sur le coussin et abandonne l'enfant le temps d'aller réveiller Bruce.

Quelques secondes plus tard le milliardaire tambourine à la porte du docteur Banner et demande à FRIDAY de le réveiller.

Quand ce dernier ouvre enfin la porte de sa chambre, c'est un Tony stressé et tendu qui se tient devant lui et aussi tôt, Bruce s'inquiète

-"Tony ? Est-ce-que tout va bien ?" Demande-t-il en mettant ses lunettes sur son nez, lisant l'angoisse sur les traits tirés de fatigue du milliardaire .

-"Bruce j'ai besoin de toi." Dit-il. "As-tu toujours les médicaments qu'on a fabriqué pour Peter avant mon départ ?" Demande-t-il avec empressement.

-"Oui, j'en ai fabriqué plus encore pour le cas où on finirait par le retrouver." Répond le scientifique

-"Et bien c'est aujourd'hui." Dit-il. "Peter est dans sa chambre, je l'ai retrouvé à l'aube, il souffre le martyre." Tony se retourne et commence à avancer, Bruce sur ses talons."Passe au labo et rejoins-moi. Il faut l'aider." S'empresse de demander le milliardaire.

Les deux compères se séparent, l'un partant en courant s'occuper comme il peut du petit et l'autre s'engouffrant dans le laboratoire et cherchant les analgésiques et le sédatif pour Spider-Man. 

Quand Tony retrouve Peter, il a l'air un peu plus calme, ses bras recouvrent son visage, il est allongé sur le côté mais ses traits le trahissent, l'homme peut voir qu'il en bave grandement.

Sa respiration n'est pas stable, et sa poitrine se soulève trop irrégulièrement. 

-"Tiens bon Gamin, Bruce va t'aider." Tony ne peut s'empêcher de passer une main dans les cheveux mi-longs et de brosser doucement la frange du jeune homme dans un geste qu'il veut affectif et rassurant. Il espère vraiment que Peter l'écoutera et lui pardonnera, si ce n'est pas le cas, il ne sait pas ce qu'il fera. 

A cet instant, Bruce arrive et hésite une demi-seconde avant de rentrer quand il voit l'état de détresse du jeune homme et la main du milliardaire toujours dans ses cheveux, le scientifique sait que Tony aime cet enfant au moins autant que sa fille, il sait que la séparation leur a fait mal à tous les deux, mais il se reprend très vite. 

-"Pousse-toi un peu que je puisse lui administrer tout ça et qu'enfin il se calme et se repose." Bruce se presse, mais il voit Tony se tendre un instant. "Ne t'inquiète pas, tu pourras rester à ses côtés mais il faut qu'on l'aide avant tout." Dit l'alter égo de Hulk en posant une main rassurante sur l'épaule du héros. L'homme se pousse finalement et laisse Bruce enfoncer la première seringue dans le bras du jeune garçon.

-"La première injection c'est les analgésiques qui vont calmer la douleur et calmer ses maux, avec un super métabolisme comme le sien et sa capacité de guérison rapide, les autres médicaments n'ont aucun effet." Explique-t-il même si Tony sait déjà tout ça, c'est juste une habitude pour calmer le stress ambiant dans la chambre. "La deuxième injection..." Dit-il en joignant le geste à la parole."...est le sédatif, avec ça, il va dormir et son corps se reposera suffisamment pour guérir et se détendre." Finit-il par dire.

Instantanément Peter se détend, sa respiration est plus fluide, les muscles de ses épaules se relâchent, son visage se décrispe, enfin, il dort paisiblement et Tony pousse un soupir de soulagement, il est rassuré, sa tête tourne un instant,  il est éreinté. Cette nuit blanche et cette matinée l'ont complètement anéanti. Il se rapproche doucement du lit, retire la doudoune, le pull et les chaussures de Peter et replie la couette moelleuse sur le corps enfin détendu du jeune garçon. Il ne peut empêcher un sourire d'étirer ses lèvres, les yeux brillant de joie. 

Les deux adultes quittent la chambre en refermant la porte derrière eux, le protocole Spider-Man toujours enclenché. 

-"FRIDAY, tu le surveilles et tu me préviens au moindre signe, peu importe l'heure."

-"Bien patron."

-"Merci." Répond Tony, il claque une main dans le dos du scientifique et l'accompagne jusqu'à la cuisine. "Café ?" Demande-t-il.

-"Après un tel réveille j'espère au moins que tu vas aussi m'offrir des croissants au beurre." Plaisante le docteur Banner. Et tous deux s'assoient pour profiter d'un bon petit déjeuné.