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1. Crainte

Lisa

Greyfield, février 2018

La tête déportée vers la droite, je laisse mon regard se perdre dans le vide et les ténèbres. Secoué sans une once de pitié, mon corps accueille cet intrus en lui alors que le froid me mord la peau. Le sol dur de la ruelle plongée dans l'obscurité me fait grimacer et un autre flux incontrôlé de larmes envahit mes yeux : l'espoir que ça s'arrête déserte lentement mon cœur.

Je ferme les paupières en serrant les dents quand je l'entends râler juste avant qu'il n'étouffe ses bruits ignobles en mordant la peau de mon cou. Il déverse sa semence en moi en grognant des mots qui atteignent un peu plus ma dignité déjà bien écrasée par son acte, comme je le suis présentement sous le poids de son corps. Lorsqu'il se calme et se redresse, je n'ose pas le regarder, de peur d'avoir cette image gravée dans la mémoire pendant longtemps. Il se relève, remet de l'ordre dans sa tenue avant de s'éloigner en me promettant qu'il ne risque pas de s'arrêter là...

Qu'il reviendra pour moi.

- Non ! Non, arrête ! Je ne dirai rien, je t'en sup...
- Eh, réveille-toi, Lisa ! Réveille-toi, c'est moi !

Je me redressai en sursaut, le rythme cardiaque effréné et le corps trempé de sueur. Quelques-unes de mes mèches me collaient le front et, penchée vers moi, les cheveux blonds de Cindy me frôlaient le bras alors que ses yeux bleus trahissaient son inquiétude.

- Encore ? demanda-t-elle prudemment.
- Oui, soupirai-je en passant une main sur mon visage.

Deux ans et toujours le même cauchemar. Souvent, certains détails changeaient, pourtant, tout ça représentait une seule chose pour moi: des souvenirs que je souhaitais oublier en un claquement de doigts. Cindy passa sa main sur mon front avant de me serrer contre elle. Elle avait beau avoir huit ans de moins que moi, elle restait un véritable pilier dans mes moments de détresse.

- C'est trop dur, Cindy, pleurai-je faiblement. Je... je ne vais jamais vaincre ça...
- Eh..., murmura-t-elle en essuyant mes larmes. Tu as vu tous les efforts que tu as faits dernièrement ? Ne néglige pas tes progrès, maman serait tellement fière de toi !

Je mêlai un rire sincère à mes larmes en acquiesçant de la tête. Une fois de plus, elle avait raison.

- C'est une excellente journée qui s'annonce, me dit-elle en souriant. N'y pense plus, je t'en prie.

La tendresse que dégageait son regard bleuté me toucha en plein cœur et je sentis lentement s'estomper les relents de mon cauchemar. À nouveau, je la serrai contre moi en la remerciant doucement d'être là pour moi.

- Ne me remercie pas, dit-elle. En revanche, accompagne-moi au lycée, s'il te plaît. Je ne veux pas y aller avec papa.
- D'accord, acquiesçai-je.

Depuis le décès de maman, les relations entre notre père et nous n'étaient plus au beau fixe. Il s'efforçait d'afficher une carapace qui se voulait rassurante et faisait comme s'il allait bien. Pourtant, il crevait de l'intérieur, mais n'extériorisait pas ses émotions. Je le savais, puisque je l'avais déjà surpris, maintes fois, les larmes aux yeux dans son bureau avec une photo de maman en main.

Notre famille s'était peu à peu désunie. Chacun faisait son deuil à sa manière, même si ma sœur et moi avions décidé de rester soudées quoi qu'il arrive.

- Je te laisse t'apprêter. Je t'attends en bas.
- D'accord, j'arrive.

Elle s'éclipsa en affichant un air satisfait. Lorsqu'elle ferma la porte derrière elle, mon sourire disparut lentement. Un vieux réflexe me poussa à scruter minutieusement les recoins sombres de ma chambre, les lèvres pincées. La pénombre me narguait, elle semblait dissimuler une menace dont je ne me demandais même plus la nature : c'était lui. Il revenait sûrement achever ce qu'il avait commencé.

À cette pensée, mon cœur entama une course folle dans ma cage thoracique, ma respiration se fit plus laborieuse et, instinctivement, mes doigts se refermèrent durement sur mon drap. Fixant les zones obscures de ma chambre, la peur au ventre, je m'intimai silencieusement de me calmer, me rassurant en répétant doucement que cette forme dans le coin n'était que mon manteau, pas un homme. Cependant, j'avais l'impression de voir les objets s'animer autour de moi : le manteau devenu homme se rapprochait, sa silhouette prenait l'aspect du corps ancré dans mes souvenirs, ce gabarit qui hantait mes nuits, ce visage qui sortait de la pénombre... Il revenait me faire du mal. Encore une fois.

- Lisa ?

Un cri beaucoup trop fort et aigu m'échappa en même temps que je bondis hors de mon lit pour appuyer sur l'interrupteur qui commandait toutes les lumières de la chambre. La pièce fut subitement éclairée, me poussant à me cacher les yeux. Je ne pouvais donc pas voir autour de moi et la panique me gagna davantage quand j'imaginai ses mains se poser sur moi. Je reculai vivement en entendant les pas se rapprocher, mais la voix de Cathy résonna alors dans la chambre :

- Du calme, mon enfant ! Ce n'est que moi, me rassura-t-elle.

Je fis l'effort d'ouvrir les yeux et allai m'asseoir sur le lit en me massant le front, soupirant intérieurement de mon idiotie : il ne pouvait pas revenir maintenant, il m'avait déjà oubliée. On avait déménagé, j'avais un garde du corps, rien ne pouvait m'arriver.

Évitant soigneusement de commenter cet épisode d'hystérie, Cathy m'embrassa sur le sommet de la tête et se chargea silencieusement d'emporter mon linge sale avant de refermer la porte.

J'allai tirer les rideaux avant de me diriger nerveusement vers ma douche et me regardai un instant dans le miroir. Mes cheveux en bataille et mes yeux marron quelque peu cernés, traduisant à merveille mon manque de sommeil, me firent grimacer. Je me mouillai rapidement le visage en rageant intérieurement contre ce foutu cauchemar et mes réactions à chaque fois que je me réveillais après l'avoir fait.

Mais... De quoi avais-je peur ? Je n'avais vraiment pas à me mettre dans cet état : il m'avait oubliée. Deux ans sans tenir sa promesse, c'était suffisant pour m'effacer de sa mémoire. Peut-être même était-il mort, et cette éventualité n'était d'ailleurs pas pour me déplaire.

Je me regardai à nouveau dans le miroir en tapotant mes joues. D'habitude, on me traitait de « fausse blonde » parce que, d'après la plupart des gens, les blondes aux yeux marron, ça n'existe pas vraiment. Je le vivais assez mal au début, mais je ne m'en occupais plus à présent. Plus depuis que j'avais appris qu'au cours d'une vie, on peut expérimenter des choses bien plus cruelles que des paroles blessantes sur le physique.

Soupirant contre les tristes événements qui caractérisaient mon existence, j'ôtai rapidement ma chemise de nuit et me rendis sous le jet d'eau afin de me détendre et oublier ce dur réveil. Je grognai d'insatisfaction, regrettant la baignoire que papa avait préféré me retirer depuis la fois où, dans un sursaut de désespoir, j'avais tenté de m'y noyer. Je m'attelai néanmoins à me laver sans laisser mes pensées divaguer.

Après avoir pris une douche chaude, je me séchai et me vêtis de mon ensemble bleu veste-pantalon préféré. Je décidai de boucler les pointes de mes cheveux, mais j'étais si plongée dans mes pensées qu'au bout d'un moment, en maniant le fer, je me brûlai légèrement le majeur gauche. Je laissai échapper un petit cri de douleur en déposant vivement mon outil de malheur.

-Mais c'est quoi, cette matinée de merde, mon Dieu? grognai-je en me suçant le doigt pour apaiser mon mal.

Je mis un temps fou avant de ne ressentir que de petits élancements au lieu de la vive douleur du début. Je finis par rassembler mes cheveux en chignon, oubliant d'emblée l'idée de faire un effort sur le maquillage ce jour-là. Je sortis mon agenda et allai m'asseoir sur le fauteuil en face de mon bureau, lui-même en face de la baie coulissante de ma chambre qui offrait une vue magnifique sur les nuages d'un blanc pur.

Je consultai mon planning qui ne me promettait d'ailleurs pas une journée aussi chargée que d'habitude. Un bon point. Je notai rapidement quelques tâches qu'il me fallait assigner aux responsables des départements que j'allais rencontrer ce jour-là. En tant que planneur stratégique de la McKinnon Industries, je me devais de toujours suivre l'évolution des autres équipes sur le processus de la mise en place d'un produit sur le marché.

Positionner de nouvelles marques n'était pas de tout repos, mais ça me plaisait : plus je travaillais, moins je pensais. Je n'allais, certes, pas échapper éternellement à mes tristes souvenirs, mais bosser était un moyen efficace de dépenser de l'énergie jusqu'à ne plus en avoir à consacrer à mes idées noires.

Une fois mon programme établi, je saisis mon sac et mes clés de voiture avant de sortir pour verrouiller ma chambre. En descendant les escaliers qui menaient à un des salons, je remarquai l'agitation du personnel chargé du ménage. Avisant la gouvernante avec un carnet en main, je me rapprochai d'elle.

-Qu'est-ce qui se passe, Cathy? On fête quelque chose aujourd'hui ?
- Non, chérie, on ne fête rien. Quoique, si... Enfin, en quelque sorte. En fait, ton père a repris contact avec un de ses amis d'enfance et il compte le recevoir d'ici demain. Il exige la perfection, tu le connais, dit-elle en riant.
- En effet, acquiesçai-je en la dépassant.

Je me rendis dans la salle à manger où papa et Cindy prenaient leur petit déjeuner en silence, dans une ambiance très... froide.

- Bonjour, dis-je faiblement en prenant place.
- Bonjour, Lisa, répondit mon père en déposant son quotidien. Tu as dû apprendre que je m'apprête à recevoir un vieil ami demain. Eh bien, il s'agit de Walkers et, tu le sais, notre collaboration fera certainement grimper notre chiffre d'affaires. Il regorge de ressources et c'est un atout majeur dans le monde du marketing.
- Je vois, murmurai-je.

J'observai d'un œil absent les œufs, le bacon et toutes ces viennoiseries que j'aurais aimé déguster si mon cauchemar ne m'avait pas coupé l'appétit.

- D'ailleurs, quel est ton planning d'aujourd'hui ? demanda papa après avoir pris une gorgée de son café au lait.
- Réunion à onze heures avec le département création. Nous devons décider des paramètres les plus valorisants pour Happy Food et réfléchir à une manière de valoriser et de moderniser la marque en elle-même, l'informai-je.
- Très bien, n'oublie pas tes virées afin de « humer les tendances du marché », me rappela-t-il.

Ces virées étaient des enquêtes marketing: observer les consommateurs, se renseigner auprès des spécialistes et des patrons de sociétés déjà connues, être créative... Le rôle de planneur stratégique exigeait beaucoup de compétences, surtout quand on était sous la responsabilité d'un Evann McKinnon des plus stricts.

- Je sais, dis-je.

Il acquiesça de la tête et prit une autre gorgée de son café d'un geste magistralement calculé avant de se remettre à la lecture de son journal.

Toujours soucieux de son apparence, mon père ne laissait jamais rien au hasard. Cheveux grisonnants implacablement rangés près de la nuque, il gardait constamment cette allure de l'homme qui a le contrôle sur tout. Blond aux yeux bleus, physique d'un ancien athlète - typiquement le gars qui brisait des cœurs dans sa jeunesse -, mon père était un exemple pour moi, et ce, malgré nos différends familiaux. Après un parcours scolaire et universitaire impeccable, il avait créé une société de communication globale dernièrement classée no 2 en termes de plus gros chiffres d'affaires du pays.
Je finis par sortir de mes pensées quand, se sentant observé, mon père me jeta un regard interrogateur. Je secouai la tête pour lui signifier que ce n'était rien et m'efforçai de me servir des œufs que je mangeai avec peu d'entrain, en évitant toutefois de toucher mon majeur gauche qui me faisait encore légèrement mal.

***

Une main sur le volant, je faisais l'effort d'écouter ce que me racontait ma petite sœur tout en retenant un gémissement ennuyé.

- ... et finalement j'ai séché le cours d'histoire parce qu'après ma dispute avec Maxime, je ne prêtais plus attention à ce que le professeur déblatérait. Tu te rends compte de ce qu'il m'a dit ? C'est affreux, non ? me demanda-t-elle.
- Euh... Oui, certainement, acquiesçai-je sans grande conviction.
- T'es sérieuse, là ? Défends-le tant qu'on y est, se vexa-t-elle.

Cette fois, je soupirai hautement. Ma petite sœur avait toujours été amoureuse de Maxime, un Français, pas mal dans son genre. Pourtant, avec son beau regard bleu, son magnifique sourire et son corps d'adolescente en plein développement, elle pouvait en faire tomber plus d'un.

- Écoute, Cindy, tu devrais te concentrer sur tes cours et ton avenir, Maxime ne s'éloignera pas bien loin de toi, tu sais, essayai-
je.
- Vas-y, laisse tomber et concentrons-nous plutôt sur les infos, soupira-t-elle en allumant la radio.

... panique liée au nombre d'enlèvements qui ne cesse d'augmenter, se concentrant toujours dans la ville de Boone City. Le commissaire Marlon Collins, chargé de l'affaire, a révélé que certains des corps inertes des disparus ont été retrouvés dans des endroits publics. La police continue d'enquêter. Nous recommandons donc aux habitants de ne pas sortir seuls de nuit et de faire attention. N'hésitez pas à contacter les forces de l'ordre si jamais...

- C'est horrible ! Comment des gens peuvent-ils disparaître comme ça et réapparaître morts ? C'est vraiment horrible, articula Cindy avec pitié.
- Les flics ont peut-être affaire à un tueur en série ou un psychopathe, supposai-je en prenant un tournant.
- Les flics et les habitants de Boone City, corrigea ma sœur. Espérons qu'il ne s'aventure pas ici, à Greyfield.
- Oui, espérons-le.

Quelques instants plus tard, je me garai en face du lycée et fis un bisou sur le front de Cindy. Je la regardai descendre de la voiture et s'éloigner vers un de ses amis qui l'attendait devant le portail, un certain Ben. C'était leur habitude : le premier arrivé attendait toujours l'autre. Il me fit un geste de la main et je lui répondis en souriant avant de démarrer vers le centre-ville pour rejoindre la société de mon père.

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📸 Instagram : Nothin_moreauteure.

Love,
Esther.

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