19. Jeudi 3 janvier - 21h59
La soirée était insupportable.
William n'avait pas pu détacher son regard d'Evan de toute la soirée. Le jeune homme riait, buvait avec ses amis sans jamais sembler regretter quoi que ce soit. Le petit blond avait la haine.
Evan avait fini par tourner son regard vers lui, lui adressant un regard hautain avec un sourire suffisant qui avait figé William. Le meilleur ami d'Edgar l'avait toujours méprisé, le pire c'est qu'il ne savait même pas pourquoi. Cela faisait plusieurs minutes que le brun avait disparu mais William ne quittait pas du regard l'endroit où il s'était tenu une bonne partie de la soirée.
Evan s'était acharné sur lui dès la rentrée. Tout avait commencé par le cours de foot à la section ou le brun avait failli lui casser la cheville. Il y avait eu tellement de problèmes ensuite. Evan qui le faisait tomber dans les escaliers, qui volait ses affaires, qui l'humiliait devant tout le monde.
Des images envahirent William mais il les chassa en détournant le regard. La seule question qu'il avait était : pourquoi ? Les deux jeunes hommes avaient très peu d'amis en commun, le petit blond n'éclipsait certainement pas sa personne, il était bien trop timide pour le faire. William ne se souvenait pas avoir fait un jour quelque chose qui justifierait tout ce harcèlement. A présent, il avait peur d'aller en cours, il devenait anxieux à chaque fois qu'il était seul. Rien que croiser le regard d'Evan lui donnait la nausée.
Une main se glissa sur sa nuque, le faisant frissonner et interrompant sa réflexion. Une bouche se posa sur la sienne et William répondit avec douceur au baisé de Valentine. La rousse se détacha de lui et se laissa tomber sur le canapé.
- Ça va ?
William acquiesça.
- Oui, bien sûr.
La jeune femme arqua un sourcil et lui lança son regard le moins convaincu.
- C'est juste que je m'ennuie et que je suis fatigué, se justifia-t-il.
- T'as bu ?
- Un peu...
Il avisa son verre encore plein sur la table. Il n'avait pas la tête à boire et faire la fête. Il était là uniquement parce que Maxime et Valentine l'avaient forcé. Sa petite amie le regardait avec inquiétude. Il ne lui avait jamais rien dit, il faisait de son mieux pour le lui cacher. William avait fait jurer à tous ceux au courant, en particulier à Maxime, de ne jamais rien lui dire. Il avait peur de sa réaction. Aurait-elle honte de lui ?
D'autres images apparurent dans son esprit. Comment réagirait-elle si elle apprenait qu'elle n'était pas la seule à l'avoir touché depuis ces deniers mois ? Le jeune homme n'arrivait plus à être rationnel, il ne s'imaginait même pas une seconde qu'elle puisse ne pas lui en vouloir et le soutenir, il ne pensait plus qu'aux possibilités les moins probables mais les plus terrifiantes. Le dégoût, les moqueries, le rejet.
Un sursaut le traversa quand Valentine glissa sa main dans ses cheveux.
- William, parle-moi, s'il te plaît.
Le jeune homme se blotti dans ses bras sans rien dire. Valentine le regardait avec tristesse, blessée mais surtout inquiète par son comportement. Cela la tuait de l'admettre mais elle ne le connaissait pas encore très bien, ils ne se fréquentaient que depuis quatre mois... Elle avait encore du mal à décrypter ses manières d'agir.
Le silence restait épais, même quand elle allait voir Maxime pour des explications. Ce dernier esquivait toujours habilement le sujet pour la lancer sur une autre discussion. La rousse vida son verre et le reposa sur la table en observant les adolescents danser. Élie et Sarah étaient en pleine valse et Valentine sourit, amusée et attendrit. Du coin de l'œil, elle aperçut Edgar et Romain monter les escaliers en s'embrassant avec de plus en plus d'intensité. Anthony changea soudain de musique et la jeune femme leva les yeux au ciel quand du rap envahis la pièce. William se redressa et jeta un coup d'œil au verre vide de sa petite amie.
- Tu en veux un autre ?
- Oui s'il te plaît.
Les deux adolescents se levèrent et Lisa sorti de la masse des danseurs pour attirer Valentine à l'intérieur. William parti chercher un verre à sa petite amie dans la cuisine. Il slaloma entre les élèves et aperçut du coin de l'œil Arthur et Élie se disputer. Les deux amis se retenaient de hurler pour garder leur conversation un minimum discrète. Élie tourna la tête vers le blond et William se dépêcha de détourner le regard et d'atteindre la cuisine.
- Tu veux que je te conseille de quoi boire ? Plaisanta Maxime quand il le vit arriver.
William rempli presque à ras bord d'ice tea le verre de sa petite amie.
- Nan merci c'est pour Valentine.
- Je pense que tu devrais te bourrer, ça ira mieux après, commenta Maxime.
Tout en pivotant vers lui, le footballeur regarda les alcools posés sur la table.
- J'ai pas trop la tête à ça... Tu sais que Schwand veut que j'intègre un centre de formation ?
- C'est génial !
- J'ai refusé.
Maxime le regarda, estomaqué.
- Quoi ?!
- Je crois que j'ai pas le niveau...
- Bien sûr que si ! T'es le meilleur de la section et des clubs de la région.
Oui mais... Il avait des centaines de oui mais en réserve mais la plus importante était qu'il n'avait plus confiance en lui. L'ombre d'Evan planait sur ses décisions et ses actions. Il avait essayé de se faire petit, de s'aplatir comme un paillasson mais cela ne suffisait jamais pour le meilleur ami d'Edgar.
- Réfléchis-y s'il te plaît, gâche pas ton avenir à cause d'Evan.
Maxime avait parfaitement saisi les enjeux et quitta la pièce pour laisser son meilleur ami réfléchir. William soupira et passa sa main dans ses cheveux. Il ne savait vraiment pas quoi faire. Ses yeux se posèrent sur le verre de sa petite amie et le sien et il décida d'aller la rejoindre. Au fond Maxime avait peut-être raison, il devait bien s'amuser. Quand il se retourna, le contenu des verres fit un vol plané sur son pull. William leva les yeux vers Evan qui lui souriait.
- Ah dommage, c'est tâché...
- La faute à qui ? Grogna le petit blond.
Le brun poussa William contre le bar américain et coinça ses bras entre ses mains.
- Je t'avais dit ne pas venir à cette soirée non ? Donc maintenant tu assume.
- Lâche moi.
Evan se pencha vers William en le plaquant davantage contre le meuble.
- Oh que non. Dis-moi, pourquoi tu as toujours tout ce que tu veux alors que tu ne mérites rien ? Regarde-toi ! T'as rien pour toi ! T'es qu'une victime !
- Lâche-moi !
Le brun maîtrisa sans problèmes le footballeur prodige et s'appuya davantage contre lui.
- Non, j'ai envie de savoir comment tu t'en sors sans ta babysitteur. Dis-moi, tu penses que ta petite amie réagirait bien si j'allais lui dire tout ce que je t'ai fait ?
Evan glissa son genou contre l'entre jambe de William qui frissonna de terreur, sous le sourire sadique et équivoque du brun.
- Je crois qu'elle sera très énervée, surtout contre toi.
- Arrête, souffla faiblement William.
Le brun glissa ses mains sur les joues de William et colla son visage au sien.
- J'ai pas très envie tu vois...
Evan embrassa le petit blond qui le repoussa violement.
- Lâche-moi ! T'es qu'un connard !
William voulut s'éloigner mais le brun revint à la charge. Il lui tira les cheveux et le petit blond fut obligé de suivre les mouvements de sa main.
- Je crois que je vais vraiment tout dire à Valentine.
Une main glissa sur les fesses de William qui se débattit. Il gémit de douleur quand Evan tira davantage sur ses cheveux. Le petit blond sentait la peur s'emparer de lui. Ce n'était pas la première fois qu'Evan avait ce genre de gestes mais c'était la première fois qu'il voyait cette lueur dans ses yeux. Le brun le harcelait, essayait de le blesser et lui faisait subir des attouchements. Tout dans son comportement envers lui était fait pour lui faire du mal.
Il leva la tête vers le regard affamé d'Evan et sa peur se transforma en terreur. La main du brun se glissa sous son pull et William frissonna de dégoût.
- T'aime pas, William ?
- Lâche-moi, supplia encore une fois le blond.
- J'étais tellement jaloux de toi, chuchota Evan en soufflant dans le cou du footballeur.
Il colla William contre le mur, agrippant désormais sa gorge à la place de ses cheveux. Le brun scrutait le regard terrifié de l'adolescent en face de lui. Il lui rappelait tout ce qu'il n'était pas et tout ce qu'il ne serait jamais.
William était lumineux, gentil, innocent, talentueux. Lui était devenu sombre, rongé par la colère et la culpabilité. Ce fossé entre eux, Evan s'évertuait de le creuser toujours plus abyssale. Il haïssait le jeune homme du plus profond de son cœur en même temps qu'il l'aimait, d'un amour certes pervers et tordu, mais il l'aimait. Ce constat le rendait fou. Il prenait plaisir à lui faire du mal mais il rêvait tout de même de l'amour de William.
Au début, il s'était contenté de l'intimider, de le pousser, se moquer, le frapper parfois. Puis tout était parti en vrille. Evan avait commencé à ressentir des sentiments pour lui, quelque chose d'autre que sa haine et sa jalousie. Il l'avait obligé à l'embrasser, il l'avait touché et il en voulait toujours plus. Le jeune homme le détruisait, sa lumière lui brûlait les yeux, il se devait de le détruire en retour. A force de le haïr, il ne savait même plus pourquoi il lui souhaitait autant de mal, un peu comme une vieille querelle familiale où personne ne sait plus pourquoi et comment elle a commencé.
Le brun était jaloux de William et de son talent. Il avait surpris la conversation entre le blond et Maxime. Encore une fois le jeune homme était meilleur que lui. Evan voulait être comme lui mais n'y arrivait tout simplement pas. La jalousie avait entraîné la rancœur qui avait conduit à la colère. Le cercle ne s'arrêtait jamais et Evan n'avait plus envie de le briser. Il se complaisait dans sa haine.
Evan griffa avec force le torse de William qui hoqueta. Le brun ouvrit les yeux et vit la terreur sur le visage pâle du blond. Il serrait beaucoup trop fort son cou, le jeune homme était en train de suffoquer. La sensation grisante s'empara de lui et Evan creusa plus profond le fossé entre eux. Il n'avait pas envie de lui faire du mal, il en avait besoin.
- Si t'avais pas été aussi parfait j'aurais vraiment pu t'aimer...
Evan força William à répondre à son baisé et relâcha la pression autour de son cou. Le petit blond toussa et se laissa glisser au sol. Le brun était déjà reparti et l'adolescent passa ses manches sur son visage en s'adossant contre le mur.
Qu'est-ce qu'il allait faire si Evan racontait tout ce qu'il s'était passé depuis la rentrée ? Tout le monde allait le juger et se moquer de lui. Evan avait fait de sa vie un enfer, William devait faire quelque chose pour que ça change.
Il se leva quelques minutes plus tard et rempli deux verres, un pour sa petite amie et un autre pour lui. Il avait besoin d'oublier les dernières minutes. Il sentait encore les lèvres d'Evan sur les siennes, sa main autour de sa gorge et la douleur de la griffure.
À peine sorti, il tomba nez à nez avec Valentine et lui tendit son verre. Il l'entraîna sur les canapés avant qu'elle n'ait le temps de lui poser des questions sur ses yeux rougis et il trinqua avec elle.
- Bonne année Valentine.
- Bonne année Willy !
William aperçu Evan essuyer des traces de larmes sur ses joues il eut un maigre sourire, on était en 2019 maintenant, les choses pouvaient encore tournés en sa faveur. Il leva la tête vers Evan et il vida son verre avec une seule promesse en tête : plus jamais comme l'année dernière.
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