Hellyssia se précipita hors de ses quartiers, et couru aussi vite que possible à travers les couloirs de la base.

« Mademoiselle, vous êtes en retard ! cria un des agents.

- Oups, désolé ! Je me suis endormie !

- Vous savez que ce genre d'erreur peut couter la vie à toute la zone de confinement !?

- Oui, je sais. Désolé, ça ne recommencera plus.

- Dépêchez-vous maintenant. Ne soyez pas plus en retard que vous ne l'êtes déjà... »

Elle arriva devant l'entrée du couloir quelques minutes plus tard.

Sa course l'avait fatigué. C'était un mauvais début pour un combat contre Abel : elle devrait en finir le plus vite possible, sans tenter d'assauts inconscients.

« 76-2 est déjà dans le couloir. Il a l'air en pétard...

- Oh... C'est ma faute désolé. Je l'ai un peu cherché la dernière fois...

- Bon... Faites attention en rentrant dans le couloir.

- Dac' ! »

Elle ouvrit la porte et pénétra dans sa zone de combat. Refermant l'entrée à toute vitesse derrière elle.

« Salut mon pote ! T'es revenu jouer avec moi ?

- Je ne suis pas d'humeur à m'amuser, gamine.

- Oh, je t'en prie, fait comme tout le monde : appelle-moi Hell. Ce n'est pas la première fois que je te le demande pourtant.

- Effectivement. Mais je trouve que « gamine » te va beaucoup mieux. Tu es toujours aussi minuscule.

- C'est toi qui es beaucoup trop grand, ramolli du cerveau.

- Mais voyons, inutile d'être aussi polie avec ton vieil ami. ricana l'entité.

- Mais bien sûr ! Tu veux peut-être que je t'apporte un joli petit pique-nique et que nous discutions calmement, assis sur une toile rouge ?

- Pourquoi pas ? J'adorerais déguster un bon steak de gamine insolente... »

Sur ces mots, il dégaina une de ses lames, et s'élança vers la jeune fille.

Celle-ci esquiva l'attaque, et réussi à porter un coup à son adversaire.

Mais très vite, Abel pris le dessus : fatiguée, Hellyssia n'étais pas aussi réactive que d'habitude, et s'adaptait légèrement moins vite.

« Eh bien ? Déjà fatiguée ?

- Disons que j'ai eu une journée difficile. »

Abel parvint à la désarmer, et elle tenta de se saisir des poignards dans ses manches.

Mais elle constata avec effroi que celles-ci étaient vides : partie en urgence, elle avait oublié de s'armer correctement !

Tout en reculant vers la porte du couloir, elle essaya de fouiller ses poches et ses bottes, mais aucune arme de rechange ne s'y trouvait, et Abel avançait sournoisement vers elle.

« Oups... »

Pendant un court instant, le SCP la regarda avec un sourire meurtrier.

Hellyssia se trouva retranchée contre la vitre de sécurité. Abel se trouvait à quelques centimètres d'elle, et elle fit tous les efforts du monde pour ne pas rougir.

Le visage de l'entité la regarda avec une expression hautaine, et ses yeux remplis de mépris plantèrent leur regard tout droit dans celui d'Hellyssia.

Avant même qu'elle ne sorte de sa brève torpeur, l'arme de son adversaire transperça ses côtes droites, la traversant complètement, et pénétrant comme dans du beurre dans la vitre pare-balles qui se trouvait derrière elle.

La violence du coup et la douleur la ramenèrent brusquement à la réalité.

Tremblante, ses mains encerclèrent la lame, sans pour autant s'en approcher.

Abel lâcha le manche de son arme, qui se désintégra presque immédiatement. Hellyssia tomba à genoux, sonnée par la douleur. Elle eut tout de même le temps de poser sa main opposée sur la blessure, se servant de l'autre pour ne pas s'affaler en avant sur le sol.

La regardant, Abel enjamba la brune, et passa la porte.

Les deux hommes en poste avaient fui vers l'armurerie, espérant avoir le temps de s'équiper avant l'arrivée de l'entité.

Il marcha lentement dans les couloirs, savourant sa victoire contre cette petite insolente.

De son côté, la petite francophone rassembla ses dernières forces, s'aidant du canon de l'une des deux énormes machines, pour tenter de se relever.

Respirer lui était atrocement difficile et douloureux, mais elle ne voulait pas finir de la sorte : étalée sur le sol comme un vulgaire déchet.

Qui plus est, elle avait au moins une dernière volonté à réaliser avant d'y passer.

Elle se leva et quitta le couloir, se servant de sa main droite pour s'agripper au mur et ne pas s'effondrer au sol.

Elle ne fit que peu de chemin avant de voir Abel. Mais incapable d'aller plus loin, elle l'interpella.

« A... Attend...

- Tu n'es pas déjà morte ? demanda-t-il en se retournant.

- Je suis du genre tenace. »

Sa main droite était devenue si faible qu'elle dû s'appuyer contre la paroi avec son épaule.

« Tu voudrais que je t'achève plus vite, c'est ça ?

- En vérité... J'ai pensé... Qu'en tant que divertissement réussi... J'aurais le droit de ne pas mourir par terre... »

Un sourire mesquin apparu sur le visage du SCP. S'approchant d'Hellyssia, il la saisi par les cheveux et lui redressa la tête, de sorte qu'il puisse la regarder dans les yeux.

« D'accord, puisque c'est ce que tu veux, je vais te regarder mourir. »

Se mettant à genoux, il força la jeune femme à s'allonger, la tête sur ses jambes.

« De toute façon, tu sais qu'une fois que tu ne seras plus de ce monde, je m'occuperais des autres.

- Et tu sais que je n'en ai rien à faire.

- Alors pourquoi réclames-tu ma présence ?

- ... Parce que je suis une idiote.

- Bien sûr que non ! Tu as bien combattu, mais j'ai été plus fort que toi ce coup-ci, et je t'ai vaincu.

- C'est flatteur merci... Mais ce n'est pas de ça que je parle.

- Et de quoi d'autre peux-tu parler alors ?

- J'ai été idiote de laisser mes sentiments me jouer des tours. Si je n'avais pas baissé ma garde à cause de mes bêtises, j'aurai pu me défendre plus rapidement... »

Abel eut un grand éclat de rire, qu'il laissa passer avant de reprendre la parole.

« Une humaine... m'aimer ? Tu as raison, tu es vraiment une idiote.

- La vie est parfois cruelle. Tu ne pourras jamais comprendre ce sentiment-là. Et moi, je suis bêtement tombée dans tes bras...

- Le meilleur de cette histoire, c'est que personne ne va pleurer ta mort.

- Faux...

- Ah oui ? Et qui se soucierait de ta misérable vie passée dans l'ombre ?

- Toi ?

- Ne prends pas tes désirs pour des réalités.

- Je ne me fais pas d'illusions, mais... Tu ne vas pas t'ennuyer sans moi ? »

Le visage du SCP se crispa.

« Ça doit faire... 7 ans... que je t'accueil comme il se doit chaque fois que tu pointes ton nez. Et cette fois tu m'as vaincu. Bravo, et maintenant ? Qu'est-ce que tu vas faire sans moi ?

- Tu as été une très bonne adversaire...

- Tu penses qu'ils vont en trouver d'autres comme moi ? Tu n'y avais pas réfléchi. Hein ? Sans moi, tu vas bien t'ennuyer ! »

Après ces mots, plus aucun d'eux ne put dire quoi que ce soit.

Au bout d'un moment, Hellyssia murmura :

« Abel ?

- Oui ?

- Je vais mourir... Je crois... Enfin... Je veux dire... Je vais mourir...

- Oui.

- J'ai été heureuse d'avoir trouvé un adversaire à ma hauteur...

- Je serais heureux de pouvoir la garder. déclara-t-il en prenant la jeune femme dans ses bras.

- Qu'est-ce que...tu fais... ?

- Je te sauve la vie. Tu es contente ? »

Abel se releva avec Hellyssia dans les bras.

Celle-ci était totalement abasourdie par les derniers mots de l'entité.

Le SCP se dirigea un peu au hasard, jusqu'à trouver l'un des membres de l'équipe sur place, prêt à faire face à l'anomalie.

Hellyssia avait perdu connaissance pendant le trajet, et son pouls était devenu très faible.

« Il faut la soigner ! » s'écria le SCP en regardant l'homme en face de lui.

Un peu étonné, le militaire conduisit rapidement Abel jusqu'à l'infirmerie.

Sur place, il n'y avait personne.

L'entité déposa Hellyssia sur un lit vide, et se retourna vers le militaire, qui demandait des renforts ainsi qu'un médecin de toute urgence.

Nerveux, Abel agrippa les épaules de l'homme.

« Il faut qu'elle vive. Il faut qu'elle reste en vie ! répétait-il. Il faut que vous la sauviez ! Il le faut ! »

Lorsque cinq hommes arrivèrent et essayèrent de le raccompagner vers la Zone de Confinement Primaire, celui-ci opposa une résistance, criant :

« Il faut qu'elle reste en vie !!!!! »

Les hommes ne parvenant pas à le contrôler à cause de leur nombre insuffisant, ils décidèrent de l'abattre sur place, afin de ne pas prendre plus de risques inutiles.

Les blessures d'Hellyssia étaient extrêmement graves, et le matériel disponible insuffisant. Elle reçut les premiers soins, avant d'être remontée à la surface, pour être acheminée vers un hôpital en urgence.