Chapitre 3
"Tu m'accompagnes voir Gabriel et M. Herrigan pour qu'on puisse essayer de trouver des solutions concernant la sécurité de l'école."
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Ce que Rosalie venait de me dire me fit l'effet d'un coup de massue. Athanatos avait donc succombé après l'utilisation de ce sortilège car il n'avait pas la pleine maîtrise de sa magie. De plus, comme il ne savait pas utiliser sa magie correctement, il avait tué sans le vouloir une vingtaine de personnes.
Si cela m'arrivait, l'école serait détruite et ce serait pas moins de trois cents de personnes qui allaient mourir. Je comprenais pourquoi Rosalie était sortie terrorisée de la bibliothèque car moi aussi, à présent, j'avais peur de mes propres pouvoirs, j'avais peur de moi-même.
- Ce qui est étrange dans tout ça, ajouta Andrew, c'est qu'aucun livre ou légende urbaine ne parle d'Athanatos ou de ce mage maléfique, comme si tout ça ne s'était jamais passé. Pourtant, d'après Rosalie, le journal est réel et en fonction de l'encre déposée sur les pages, il a bien été tenu pendant près d'un millénaire. Ce qui pousse à croire que ce journal dit la vérité. Cependant, je ne comprends pas pourquoi je ne trouve aucune trace de ces événements dans l'histoire de la magie, comme s'ils avaient été oubliés ou volontairement cachés.
Mon esprit commençait à devenir confus. Qu'est-ce que c'était encore cette histoire ? S'il y avait eu un tel événement dans le passé, il y aurait du y avoir énormément d'écrits, ou au moins une histoire orale qui se transmettait de génération en génération. Ça avait l'air d'être un aussi grand événement que lorsque Nicolas s'était attaqué aux parents de mes amis. C'était impossible qu'il n'y en ait plus aucune trace.
J'étais du même avis qu'Andrew, tout ça était louche. Mais cela signifiait aussi qu'Apollon ne s'était lié à personne d'autre de la mort d'Athanatos à ma naissance. Il n'y avait eu que deux personnes qui avaient porté mon pouvoir, tout comme celui de Nicolas probablement.
- D'ailleurs Alyssia, comment as-tu fait pour réussir à déchiffrer la première page ? me demanda Rosalie.
- C'est ma magie qui l'a fait d'elle-même. Lorsque je me suis réveillée, j'avais une brûlure atroce au niveau de mon tatouage, comme ça m'est déjà arrivée, et le livre était illuminé. Lorsque je l'ai ouvert à la première page, les lettres ont commencé à bouger d'elles-mêmes et à s'assembler de façon à ce que je comprenne ce qu'il y avait écrit.
Andrew passa sa main sur son menton l'air absorbé dans une profonde réflexion. Toutes ces informations étaient dures à assimiler d'un seul coup, surtout avec tout ce qu'il se passait autour de nous en ce moment. Les choses n'allaient pas en s'arrangeant, bien au contraire.
Le destin prenait visiblement un malin plaisir à nous tourmenter. Les problèmes ne cessaient de s'accumuler en montagne alors qu'aucun d'eux n'était décidé à se résoudre. Il y avait trop de choses à gérer en même temps.
Il fallait qu'on continue de surveiller l'école au cas où Nicolas déciderait de pénétrer à nouveau l'enceinte de l'établissement, qu'on forme les élèves pour qu'ils soient près à se défendre contre une possible attaque de mon géniteur, qu'on trouve la taupe qui informe Nicolas si nous voulions que notre plan de défense fonctionne correctement, qu'on soigne Carter et Armande, que j'apprenne à maîtriser mes deux pouvoirs pour éviter de causer des dégâts à l'école et que je m'entraîne avec Naïa pour voir cette fameuse puissance de magie combinée à une sorcière. Décidément, c'était beaucoup trop. J'avais l'impression d'être dépassée par les événements.
- Alyssia, j'espère que tu as saisi la gravité et l'urgence de la situation.
J'avais envie de lui répondre de façon ironique mais je hochai la tête à la place, ce n'était pas le moment de plaisanter.
- Rosalie, peux-tu appeler M. Herrigan et lui demander de me rejoindre chez Gabriel ? demanda Andrew. J'aurai bien aimé avoir l'aide de Carter.
Mon coeur loupa un battement. Andrew venait-il réellement de dire cette phrase ? En ce moment, les noms de Carter et Armande étaient des sujets sensibles et on évitait le plus souvent de les employer pour éviter de blesser les autres en leur rappelant leur terrible sort, malgré le fait que tout le monde pensait à eux chaque jour. Andrew n'aurait pas fait cette gaffe tout de même.
Rosalie hocha la tête, pas le moins du monde étonnée par ce que venait de dire Andrew.
- Carter ? demandais-je.
Andrew me fixa en fronçant les sourcils, comme s'il ne comprenait pas ce que je disais.
- Tu as dit que tu aurais aimé l'aide de Carter ? répétais-je.
- Je n'ai rien dit de tel, s'étonna Andrew.
Je fronçai les sourcils à mon tour. Avais-je imaginé cette phrase ? Cela expliquerait pourquoi Rosalie ne semblait pas perturbée. Je devais devenir folle, mon cerveau me jouait des tours. Voilà qu'à présent j'entendais des voix. Ça n'allait vraiment pas en s'améliorant.
Ça devait être le signe que Carter me manquait terriblement, malgré le fait que je puisse lui parler, sa présence me manquait. Tout du moins, j'essayais de me convaincre que c'était pour cette raison que j'avais entendu cette phrase sortir de la bouche d'Andrew. Armande me manquait aussi. Je devais les guérir rapidement mais je n'avais toujours pas trouvé de solution à ce problème.
- Tu m'accompagnes voir Gabriel et M. Herrigan pour qu'on puisse essayer de trouver des solutions concernant la sécurité de l'école ?
Je hochai vivement la tête. Si je pouvais être d'une quelconque aide, j'étais partante. Je n'aimais pas rester en retrait lorsqu'il s'agissait de la protection de mes amis, surtout si cela était de ma faute s'ils étaient en danger.
Je suivais Andrew à travers la forêt pour rejoindre la maison du jardinier de l'établissement. Lorsqu'on arriva, Gabriel semblait nous attendre. M. Herrigan nous rejoignit quelques minutes plus tard, le temps qu'on se soit installés autour de la table et d'énumérer les problèmes à régler.
- Il y a trois points essentiels que nous devons traiter aujourd'hui, commença Andrew. Tout d'abord, la protection de l'école. Alyssia, tu reconstruiras un dôme sans aucune ouverture cette fois-ci étant donné que mes soupçons ont déjà vérifié.
... Ensuite, il va falloir continuer à entraîner les élèves pour qu'ils apprennent à utiliser correctement leurs pouvoirs, si jamais Nicolas venait à attaquer l'école pour de bon, ce que je n'espère pas, mais il faut se préparer à cette éventualité.
... Et enfin, pour ce qui est du traître, je restreins le savoir de tout ce qui se passe à l'intérieur de ce groupe. Tout ce qui est dit ici ne doit pas en sortir. Si les informations fuitent, nous aurons de gros problèmes. La confiance ne doit pas s'établir au-delà de nous quatre, est-ce compris ?
On hocha tous la tête, l'air grave. Je me sentais honorée d'être inclue dans une affaire aussi importante, même si je ne devais pas prendre ça à la légère. Andrew avait raison de se méfier et je lui faisais entièrement confiance pour régler cette situation.
M. Herrigan et Gabriel semblaient être des amis proches de longues dates d'Andrew, ça devait être pour ça qu'il leur faisait confiance. Je me demandais depuis combien de temps ils se connaissaient. Peut-être que cela faisait déjà plusieurs siècles. Mais je me reconcentrai rapidement sur la discussion.
On discuta pendant toute l'après-midi des améliorations qui pouvaient être faites sur l'enceinte de l'école pour assurer la protection de tous les élèves. J'allais construire ce fameux dôme et les rondes du soir allaient continuer. À chaque tentative d'entrée de ce dôme, une alarme se déclenchera dans la chambre d'Andrew et de M. Herrigan car il y avait toujours la possibilité que la personne qui soit une taupe laisse entrer Nicolas sans enclencher la boule-alarme.
Les cours de la journée allaient continuer d'être dispensés comme ils l'étaient : dans l'apprentissage de notre magie que ce soit dans l'utilisation mais aussi dans le contrôle et dans les relations qui pouvaient être établies entre deux mages pour pouvoir potentialiser nos magies. Par exemple, si Tegan et Aymeric se joignaient pour lancer des sortilèges ensemble, étant l'eau et la glace, le pouvoir pourrait être décuplé.
Il nous fallait correctement s'approprier notre magie et la connaître parfaitement. Il fallait aussi essayer de les faire communiquer avec leur Dieu. Le risque serait que le traître apprenne comment faire et le dise à Nicolas, ce qui nous ferait perdre notre avantage. C'était donc quelque chose que nous allions devoir développer en dernier, une fois que ce problème aura été éliminé de la liste.
Pour ce qui était de la taupe, nous n'avions pas pu viser un suspect en particulier. Cela pouvait aussi bien être un élève qu'un enseignant. Tout le monde était suspect et nous devions nous méfier de tout le monde. Je n'aimais pas ça mais je devais le faire. Je ne devais prendre aucun risque et je devais pas décevoir la confiance qu'Andrew portait en moi en m'incluant à cette réunion.
Ce qui était sûr c'était que ça ne pouvait être ni Armande ni Carter car ils étaient dans un très mauvais état et n'étaient pas au courant pour le dôme et n'auraient donc pas pu prévenir Nicolas. Si j'arrivais à les guérir, ils pourraient devenir de précieux alliés en qui on pourrait avoir confiance.
Mon ventre gargouilla, coupant la parole à Gabriel qui était revenu sur le sujet de la protection des élèves. Tous les regards se retournèrent vers moi et je me sentis soudain mal à l'aise. Évidemment, c'était à ce moment-là qu'il décidait de se manifester. Il aurait pas pu attendre la fin de la conversation. Mais il fallait dire que je n'avais pas mangé de la journée et le soleil avait déjà cédé sa place à la Lune. Cela allait faire presque vingt-heures qu'elle était à jeun.
- On devrait s'arrêter là pour aujourd'hui, annonça Andrew. Nous n'avons pas mangé ce midi et le soleil est déjà couché, il faut que nous rejoignons le réfectoire au moins pour le dîner.
On hocha tous la tête, ce n'était pas moi qui allait le contredire. Cela faisait plusieurs heures que je mourrai de faim mais je n'avais pas osé les interrompre. Ces propos eurent don de me soulager. Tout le monde était d'accord pour dire que nous avions bien travaillé aujourd'hui et qu'il était inutile de nous affamer pour continuer nos réflexions que nous pourrions reprendre plus tard.
Andrew, M. Herrigan et moi regagnions le bâtiment principal alors que Gabriel restait chez lui. Une fois arrivés, je laissais le directeur et le professeur rejoindre le réfectoire alors que je me dirigeai vers les toilettes.
Mon ventre n'était pas le seul à faire des siennes et à réclamer son dû. Ma vessie était littéralement sur le point d'exploser. Finalement, je remercie mon ventre d'avoir interrompu la réunion. C'était comme s'il s'était manifesté au nom de tout mon corps car même mon cerveau était en bouilli après ces heures de réflexion intenses.
Lorsque je fus assise dans une des cabines, je réfléchissais à une façon de soigner Carter et Armande. Je n'avais pas encore utilisé la carte de Tezcatlipoca mais je sentais que même avec ça, ça n'allait pas fonctionner.
Si je le faisais, j'avais la certitude que leur corps me rejetera, de la même façon que la dernière fois, lorsqu'Armande avait convulsé. Il manquait une pièce au puzzle de leur guérison et je ne savais pas ce que c'était, ce qui en était frustrant. Je continuais de me remuer les méninges tant bien que mal, espérant trouver ce qu'il me manquait en me lavant les mains.
Je sortis des toilettes, perdue dans mes pensées lorsque je fonçai dans quelqu'un. Je relevai les yeux pour voir de qui il s'agissait.
- Kachi ? Je suis désolée, j'étais ailleurs.
- Tout va bien ? me demanda-t-il devant mon air préoccupé.
C'était alors qu'une idée me traversait l'esprit. Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Je venais de trouver la pièce manquante du fameux puzzle qui allait me permettre de les guérir. Voilà ce qu'il me manquait ! J'étais certaine de réussir cette fois-ci. J'allais guérir Carter et Armande ce soir.
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