"Alyssia, tu es en grand danger."

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Je sortis de l'infirmerie, déterminée à trouver un moyen pour soigner mes amis. Cela faisait bien trop longtemps qu'ils souffraient seuls. J'avais de puissants pouvoirs mais j'étais incapable de les utiliser pour les soigner.

Il devait forcément y avoir une solution. S'il y avait un poison, alors il y avait un antidote, tout problème avait sa solution et celui-ci n'allait pas faire exception. Il fallait juste que je la trouve et cette tâche s'annonçait beaucoup plus compliquée que prévue mais je ne renonçais pas. 

J'irai lire tous les bouquins de la bibliothèque, même si cela me prenait des années, s'il le fallait. Je les soignerai, coûte que coûte.

Il était déjà tard et toute l'école dormait déjà alors je regagnai ma chambre en silence. J'avais plusieurs objectifs en tête : rechercher toutes les informations sur Nicolas pour pouvoir mieux me préparer en cas d'attaque, trouver comment soigner mes amis et déchiffrer le journal d'Athanatos. 

Mais pour l'instant, je devais me reposer car on ne peut travailler efficacement qu'à tête reposée. Et si la nuit portait conseil, je la priais de bien vouloir m'aider.

Je m'allongeai sur mon lit et je fixai le plafond en repensant aux derniers événements. Il y avait une taupe au sein de notre établissement et Nicolas nous avait déclaré la guerre. Les problèmes ne cessaient de s'accumuler sans qu'aucun de ne se résolve. C'en était déprimant. Je m'endormis sans pouvoir réfléchir plus, bien trop épuisée par cette journée.

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J'ouvris les yeux et je me réveillai au même endroit que la veille : dans une plaine avec le soleil au zénith et le doux chant des oiseaux autour de moi. Hannah se trouvait en face de moi, mais beaucoup plus proche que la dernière fois.

Elle était normale, comme je l'avais toujours vu, elle n'avait pas les marques de sa mort comme Zara ou ma mère avaient lorsqu'elles me rendaient visite. Elle me sourit. Je fis de même et tout ce qui se trouvait autour de moi disparut de la même façon que la nuit dernière.

Je me réveillai au milieu de ma chambre. Le soleil était déjà levé. Je n'avais pas besoin de regarder l'heure pour savoir que j'avais manqué le petit-déjeuner. Je fronçai les sourcils en repensant à mon rêve, intriguée par ce qu'il s'était produit. 

C'était la première fois que les morts ne me laissaient pas de message durant mon sommeil. D'habitude, ils venaient, délivraient leur message énigmatique puis disparaissaient. Seulement, cette fois, Hannah n'avait pas prononcé un seul mot, elle m'avait simplement souri. 

Qu'est-ce que ça signifiait ? Je ne savais pas si je devais m'inquiéter ou bien me réjouir. Il y avait forcément une raison à sa présence dans mes songes, mais quelle était-elle ?

Je sautai sur le journal pour voir si de nouvelles pages avaient été traduites mais cet espoir fut de courte durée lorsque je vis l'alphabet différent du nôtre remplir les pages du carnet. J'étais dans une impasse. Peut-être que je devrais à nouveau demander l'aide de Rosalie. Maintenant que le début était déchiffré, ce serait peut-être plus simple pour elle de décoder le reste des pages.

Je me levai précipitamment pour courir jusqu'à la bibliothèque. L'heure était déjà bien avancée dans la matinée et j'avais raté l'heure du petit-déjeuner alors la bibliothèque devait être ouverte.

Je dévalai les escaliers et je manquais une marche mais je réussis à me rattraper de justesse à la rambarde et à continuer ma descente. Je traversai le couloir au pas de course et je pénétrai bruyamment dans la pièce sous le regard mauvais des étudiants qui travaillaient ici et qui demandaient un silence de mort pour pouvoir étudier..

- Rosalie ! J'ai besoin de ton aide ! hurlai-je au comptoir pour qu'elle vienne le plus rapidement possible, sans que je n'aie à l'attendre.

Elle sortit de la petite salle située derrière le comptoir où seule elle pouvait entrer, l'air contrariée.

- Alyssia, ce n'est pas une conduite à tenir dans une bibliothèque ! Tu ne peux pas crier ici ! hurla-t-elle à son tour, mais prenant tout de même la peine de chuchoter, pour ne pas déranger plus les étudiants studieux que je ne l'avais déjà fait.

- Désolée mais c'est urgent. Une page du journal d'Athanatos a été déchiffré, je voulais savoir si tu pouvais décoder la suite.

- J'ai déjà essayé, je n'ai pas réussi je te rappelle.

Je l'implorai du regard pour qu'elle essaie une nouvelle fois et elle céda finalement. Elle n'avait rien à perdre en tentant à nouveau, et moi non plus. Je lui tendis le carnet, pleine d'espoir, qu'elle ouvrit pour lire la première page. 

Elle tourna les pages une par une, comme la dernière fois mais je vis à ses expressions faciales que cette fois-ci elle était terrifiée et non pas dans l'incompréhension. Elle arrivait à lire et à comprendre ce qui était écrit ! Un immense soulagement me submergea. J'allais enfin avoir des réponses à certaines de mes questions.

Plus les pages se tournaient et plus la peur s'agrandissait sur son visage. Qu'avait-elle bien pu lire ? Je fis un effort énorme pour ne pas l'interroger directement et attendre qu'elle ait fini de feuilleter le journal. Les minutes semblaient s'allonger pour devenir des heures. C'était comme si le temps s'était arrêté l'espace d'un instant.

Puis Rosalie referma brusquement le carnet, signalant qu'elle avait fini son décryptage, et me lança un regard terrorisé. Je la regardais étrangement. Elle se comportait vraiment bizarrement.

- Alyssia, tu es en grand danger.

Elle posa le journal d'Athanatos sur le comptoir et s'enfuit à grandes enjambées de la bibliothèque. Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle avait déjà disparu. Elle n'avait jamais laissé la bibliothèque sans surveillance depuis que j'étais arrivée dans cette école. 

Qu'avait-elle bien pu lire ? N'aurait-elle pas pu m'expliquer plutôt que de me laisser cette phrase toute aussi énigmatique que celles que les morts me laissaient ? Où avait-elle bien pu aller ?

Je saisis le carnet rapidement et je l'ouvris pour tenter de voir ce qu'elle avait bien pu lire mais les pages étaient toujours écrites en langage codé. Je n'étais pas plus avancée que la veille, malgré le fait que Rosalie semblait savoir ce qui était écrit sur ces pages. 

Je devais la retrouver et lui faire cracher le morceau. Je devais savoir ce qu'il y avait écrit dans ce carnet. Peut-être qu'il expliquait sur une page comment soigner tous les maux, et je ne pouvais pas passer à côté de l'opportunité de pouvoir soigner mes deux amis.

Je sortis de la pièce, le nez dans ce foutu journal qui ne voulait pas me délivrer ses secrets. Il fallait aussi que j'aille voir Andrew pour savoir comment il allait s'organiser face à cette menace qu'était la taupe au sein de notre établissement étant donné que je n'avais pas assisté à son discours ce matin, bien trop occupée à récupérer des événements.

Je me dirigeai donc vers son bureau et je toquai avant d'entrer. Rosalie était en face de lui en train de lui parler en gesticulant ses mains. Son débit de paroles était rapide et ses gestes grands et brusques. J'en conclus donc que ce qu'elle avait lu l'avait réellement traumatisé, ce qui attisa encore plus ma curiosité.

Andrew leva les yeux et son regard croisa le mien. Il ne fut pas surpris de me voir. Il avait même l'air de s'attendre à ce que je débarque d'une seconde à l'autre.

- Alyssia, justement, on parlait de toi, viens t'asseoir s'il te plaît.

J'obéis et je m'assis sur le fauteuil disposé à côté de celui de Rosalie, face à Andrew, en restant silencieuse. Je me demandais bien ce que j'allais apprendre cette fois-ci. Décidément, je n'aimais plus du tout les surprises.

- Rosalie, explique à Alyssia ce que tu as découvert.

Elle tourna son corps vers moi et commença à expliquer ce qu'elle avait décrypté dans le journal.

- Comme tu l'avais supposé, le fait que la première page ait été décodé m'a permis de comprendre et mieux déchiffrer les pages qui suivent. Au début, il n'y a pas grand chose d'intéressant, il raconte sa vie avec ses pouvoirs, comment il utilise sa magie à bon escient, par exemple pour mieux faire pousser les plantes de ses champs ou pour soigner ses proches lorsqu'ils étaient malades et comment il est devenu le plus grand guérisseur de la cité. 

... Il raconte ensuite les guerres qu'il a vécu, la guerre de Péloponnèse avec la défaite d'Athènes, la guerre de Corinthe, etc. Il explique alors que sur les champs de bataille il a rencontré d'autres personnes qui possédaient aussi des pouvoirs et qui pouvaient communiquer avec leurs Dieux. Il décrit comment tous ceux qui avaient eu ce don se sont regroupés, un peu comme nous le sommes actuellement à travers cette école.

J'écoutai attentivement ce que Rosalie disait en essayant de trouver des informations qui pourraient m'aider à contrôler mes pouvoirs ou soigner mes amis mais pour l'instant, rien ne le permettait. De plus, rien ne semblait terrifiant au point d'être terrorisée comme elle l'était. J'étais pressée d'entendre la suite, bien que je savais pertinemment que cela ne me plairait pas.

- Les années ont passé, les mages avaient eu de l'aide de la part des sorcières pour les aider à correctement maîtriser leur magie. Mais ils n'avaient pas prévu qu'un mage et une sorcière allaient s'allier pour commettre des actes atroces. 

... Lorsqu'un mage fait équipe avec une sorcière, ses pouvoirs sont décuplés car la sorcière permet de concentrer la magie du mage afin qu'elle ne se dissipe pas à d'autres endroits inutilement, ce qui rend l'attaque beaucoup plus puissante que si le mage était seul. On a dû perdre cette information au cours du temps car nous pensions qu'ils n'existaient plus de sorcières dans ce monde.

J'intégrai l'information que Rosalie venait de me donner. Donc si je m'alliais avec Naïa, il nous serait alors beaucoup plus facile de détruire Nicolas. C'était bon à savoir, ça mettait plus de chance de notre côté. Mais il allait falloir travailler ça car, comme l'avait dit Rosalie, aucun écrit n'expliquait comment il fallait s'y prendre. 

Nous allions tout redécouvrir du début et j'espérai que ça ne prendrait pas trop de temps sinon Nicolas nous aurait déjà détruit à ce moment-là. L'univers de la magie recelait encore de nombreux secrets perdus au fil des siècles.

- Ce mage maléfique était lié au pouvoir d'Hadès, tout comme Nicolas, ça devait être au sixième siècle après Jésus-Christ d'après la date qui apparaissaient sur le journal. Athanatos n'écrivait que les gros événements qui se déroulaient dans sa vie, ce n'était pas vraiment un journal intime qu'il tenait. Il a dit que plusieurs mages ont essayé de l'arrêter, en vain. 

... Tout le monde mettait leur espoir en Athanatos car il avait la magie opposée et aussi puissante que ce mage. Il a donc commencé à réellement utiliser sa magie pour se battre et nous plus pour se faciliter la vie ou soigner ses proches. 

... Lorsque la cité était en guerre, il y assistait seulement pour guérir et non pas se battre. C'est à ce moment-là que sa magie a commencé à devenir incontrôlable et à grandir de plus en plus, comme c'est ton cas actuellement. Utiliser le pouvoir de guérison dans le but de se battre, de faire du mal à autrui le submergeait.

- Et ensuite, que s'est-il passé ? Comment a-t-il fait pour contrôler sa magie et tuer le mage maléfique ? demandai-je impatiente de savoir la suite.

- Il n'a pas réussi à contrôler sa magie. Elle ne cessait de s'accroître sans qu'il puisse la maîtriser. Une fois, pendant qu'il essayait de soigner un citoyen, sa magie a soudainement pris le contrôle et un sortilège s'est enclenché sans qu'il ne le demande, ce qui a décimé tout un pâté de maisons, avec les habitants qui s'y trouvaient. Il a tué une vingtaine de personnes sans le vouloir. 

... Il n'arrivait pas à contrôler sa magie et il savait que sa fin était proche : ses pouvoirs devenaient de plus en plus incontrôlables, il n'avait presque plus aucune prise sur eux. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne fasse tout exploser autour de lui, lui compris. Ce n'était plus qu'une bombe à retardement qu'on ne pouvait pas désamorcer. Il a alors décidé que son dernier sortilège sera celui qui vaincra le représentant d'Hadès. 

... Il est donc aller à sa rencontre et a utilisé le sort le plus puissant qu'il connaissait, malgré la mise en garde des sorcières qui lui avaient expliqué quelques siècles plus tôt que ce sortilège réduirait pour sûr à néant son ennemi mais que lui aussi risquerait sa vie s'il n'avait pas la pleine maîtrise de ses pouvoirs. 

... Il était hésitant au début, essayait de chercher comment contrôler ses pouvoirs mais il n'a pas réussi, alors il s'est résigné à mourir. En attendant, le mage maléfique continuait de décimer des villages, il s'était débarrassé de toutes les sorcières qui existaient sauf celle qui lui était alliée, pour que lui seul puisse avoir ce pouvoir au-en plus par rapport aux autres.

Je restai abasourdie devant ces révélations. Athanatos n'avait pas pu contrôler sa magie alors qu'il avait vécu beaucoup plus longtemps que moi et avait donc pu chercher pendant plusieurs siècles la façon dont il pourrait se contrôler. Et ce mage maléfique se comportait exactement comme Nicolas le faisait. Est-ce que l'histoire du passé était-elle en train de se reproduire, plus d'un millénaire et demi plus tard ?

Il fallait que j'empêche l'histoire de se répéter coûte que coûte. Si je venais à disparaître, le monde n'aurait plus aucun espoir, la guerre qui a tué la majorité des parents de mes amis se répèteraient sauf que ce seront mes amis qui mourront et je refusais que cela se produise. Il devait bien y avoir un moyen. Je devais trouver un moyen.

- Athanatos a alors décidé d'utiliser ce sortilège et c'est la dernière phrase qu'il a écrite.