Sans avoir forcément lu la totalité de l'histoire, il est à mon avis nécessaire de connaître les personnages de Tant Qu'il Le Faudra pour lire cette fanfic. Concrètement, j'avais pas envie de perdre mon temps à redécrire chaque personnage. Et puis ce qui est rigolo, c'est surtout de voir l'adaptation des relations par rapport à celles dans TQLF. Pour le contexte, on peut placer ça environ 3 ans après la Bataille de Poudlard. La majorité des personnages ont donc 3/4 ans de moins que la génération de Harry Potter.

Je vous préviens, c'est pas super bien écrit x) J'ai un peu honte, c'est fondamentalement mauvais, mais c'est plus pour la blague que pour le style, j'espère que vous comprendrez ^^'

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Harry est clairement en retard pour le petit-déjeuner. Dans le dortoir des garçons de septième année, il se dépêche d'enfiler son uniforme. Ces derniers temps, il a du mal à dormir, sans compter qu'il se couche tard pour réviser les ASPIC blancs. Il fourre sa cravate rouge et or dans la poche de sa robe de sorcier, attrape son sac de cours et quitte enfin la tour Gryffondor.

Lorsqu'il arrive enfin à la table de sa maison, il est essoufflé et il n'y a plus grand chose à manger. Heureusement, David lui a gardé une place et des muffins à la citrouille.

— T'aurais pu me réveiller, grogne le jeune homme en s'installant sur le banc.

— Euh au cas où t'aurais oublié, c'est toi qui met un sort sur tes rideaux pour qu'on puisse pas les ouvrir.

C'est vrai que Harry fait ça. Qu'on ne s'y méprenne pas, il est très heureux d'avoir pu être transféré dans le dortoir des garçons, après six longues années chez les filles, mais il n'a pas totalement confiance en ses compagnons de chambre, même après trois mois. Oh, ils ne sont pas méchants bien sûr, mais ils pourraient avoir la mauvaise idée de vouloir lui faire une « blague » en le réveillant au milieu de la nuit, en le tirant du lit sans prévenir, bref ce genre de choses. Or la nuit, Harry ne dort évidemment pas avec sa brassière enchantée qui, grâce à une magnifique illusion, permet de dissimuler les formes qui le dérangent au quotidien. Ce n'est pas tellement qu'il ne veut pas qu'on les voit, mais plutôt qu'il craint que le regard des autres garçons changent. Bref, toute une histoire.

— T'as fait tes devoirs de potion ? demande David en terminant son café.

— Pourquoi t'as pris potion pour les ASPIC si t'aimes pas ça, lui fait remarquer Harry. Je te signale qu'à l'examen, tu pourras pas copier sur moi.

— S'il te plaît, gémit le jeune homme en papillonnant des cils.

Harry se sent rougir, détourne le regard. Il déteste quand il fait ça. Des fois, il se demande si David n'est pas parfaitement au courant de ses sentiments et qu'il n'en profite pas pour le faire tourner en bourrique. Non sans un soupir, Harry sort le parchemin en question de son sac. Il faudrait qu'il apprenne à lui dire non, un jour.

— Merci, je savais que je pouvais compter sur toi.

David déroule rapidement le parchemin et commence à recopier les réponses à toute vitesse. Il ferait bien de s'activer, les cours commencent dans dix minutes. Pendant ce temps, Harry jette un œil à la table des Pouffsouffles. Il croise le regard de Min-Jae qui lui fait un signe de la main. Il a l'air en forme. Tant mieux parce qu'ils ont 4h de potion ensemble ce matin et que Harry compte bien décrocher un Optimal.

— Harry ? Tu peux me passer le thé ?

Il se tourne en direction de la voix et repère Romane de l'autre côté de la table qui désigne la théière posée devant lui.

— Bah alors, t'es une sorcière ou pas ?

D'un coup de baguette magique, il fait léviter la théière en question vers la jeune fille qui lui lance un regard noir. C'est tendu entre eux en ce moment. On ne dirait pas qu'ils ont été comme les doigts de la main pendant six ans. Lui était né-moldu, elle sang-mêlée. Elle lui a appris les fondamentaux de la culture sorcière. Ils étaient les meilleurs amis du monde. Ou plutôt les meilleures amies. Quand Harry a transitionné, tout a changé. Pourtant, elle a bien accueilli la nouvelle, au début, elle l'a même encouragé. Mais depuis le début de l'année, il sent que ce n'est plus pareil. Romane a commencé par l'ignorer, comme si elle boudait, sauf qu'il ne voyait pas ce qu'il avait fait de mal. De fil en aiguilles, elle est devenue très passive-agressive et Harry n'est pas en reste. Il ne sait pas pourquoi il lui fait la gueule, mais c'est comme ça. Et il est hors de question qu'il fasse le premier pas pour arranger les choses. C'est elle qui a commencé.

— Merci, mec. J'te revaudrais ça, déclare David en lui rendant son devoir.

Harry écope d'une tape dans le dos, bien virile. Il sourit. Qui aurait cru qu'il deviendrait ami avec David ? Lui n'aurait pas parié dessus il y a quelques années. En première et deuxième années, ils étaient comme chiens et chats. David se moquait d'Harry et s'amusait à soulever ses robes, il la traitait de garçon manqué, ce genre de choses. Harry lui rendait la pareille avec un acharnement méthodique, en volant ses devoirs, en cachant son balai, en lui faisant boire des potions marrantes. Une fois en quatrième année, il l'a transformé en canari. C'était très drôle et David a craché des plumes pendant une semaine.

Et puis, ils ont grandi. David a fait son coming-out, Harry aussi. Et il a été celui qui l'a aidé à se faire une place dans le dortoir des garçons. Leurs autres camarades n'étaient pas très à l'aise avec l'arrivée d'Harry. Avec son leadership et son charme habituel, David a réussi à calmer le jeu. En agissant normalement et en traitant Harry comme l'un des leurs, il a montré l'exemple. Il n'en fallait pas plus pour que Harry tombe amoureux. Évidemment, il trouve lui-même ça ridicule. Bien sûr, il sait se défendre tout seul et il n'a pas besoin d'un preux chevalier. Mais David est plus gentil qu'il le croyait, David est drôle et David est vraiment très séduisant.

Il est l'heure d'aller en cours. David et Harry se lèvent de table et sont rejoint par Min-Jae.

— Oh et vous savez la nouvelle ? s'exclame David alors qu'ils empruntent les escaliers vers les cachots.

— Non mais tu vas nous le dire, soupire Harry.

— Il paraît que Ravel et sa copine, la préfète de sixième année à Serdaigle un peu coincée, ont rompu !

Harry échange un regard avec Min-Jae. Le Poufsouffle baisse les yeux. Harry est l'une des seules personnes de Poudlard au courant de la liaison entre Min-Jae et le préfet-en-chef, accessoirement fils de Mangemort mais passons. Ça dure depuis le début de l'année et Harry n'est au courant que parce qu'il les a surpris un soir dans une salle vide. Il a promis à Min-Jae de ne le dire à personne et il a tenu sa langue jusqu'à présent.

— Et en quoi c'est intéressant ? se demande Harry.

— Bah la petite l'a quitté pour sortir avec une meuf.

— T'es sérieux ? On parle bien de Prudence, la rouquine ?

— Oui, confirme Min-Jae. Et la meuf en question, c'est Gwen.

Gwen, septième année à Poufsouffle. Très douée en Métamorphose.

— Ça faisait quelques semaines qu'elles se tournaient autour, explique le Poufsouffle. Et en fait Prudence est lesbienne, bref voilà vous savez tout.

Il est agacé, ça s'entend au son de sa voix. Harry ne fait pas de commentaire mais se doute de la cause de sa mauvaise humeur.

— Incroyable, s'enthousiasme David. J'aurais jamais pensé ! Par contre, j'aimerais pas être à la place de Ravel. Surtout que ça faisait quoi, deux ans ? Trois ans qu'ils étaient ensemble ? Moi, j'pensais sérieusement qu'ils allaient se marier à la sortie de Poudlard. Franchement, c'est tout un mythe qui s'effondre. Ils ont été le goal couple pendant des années et maintenant piouf, plus rien.

— Ouais, c'est sûr qu'on s'y attendait pas, déclare Harry pour la forme.

Heureusement, les voilà arrivés dans les cachots et le début du cours de Potions met fin à cette conversation gênante. Harry surprend un regard lourd de sens entre Min-Jae et Galahad.

— Vous allez faire quoi ? lui demande-t-il à voix basse.

— Il m'a dit que ça changeait rien, donc on change rien.

Harry se tourne discrètement pour observer le Serdaigle. Il n'a jamais aimé ce type. Déjà c'est un Sang-Pur, donc ça partait mal. Et puis il vient d'une famille de Mangemorts. Pourtant, ça ne l'a pas empêché d'hériter de l'insigne de préfet-en-chef en début d'année. Il faut dire que c'est aussi un élève modèle. Modèle dans le genre coincé et intello. Absolument insupportable. En tout cas, Harry remarque que ce matin, Galahad attire tous les regards. La nouvelle a déjà dû circuler. Harry n'aimerait pas être à sa place, sa rupture et le coming-out de son ex vont être au cœur des conversations pendant au moins quinze jours.

— Bon, on commence ?

Min-Jae semble vouloir passer à autre chose. En plus, ils ont une Goutte du Mort Vivant a préparer et ça va vraiment pas être de la tarte.

***

— Dis, tu sais s'il est de notre bord, Léo ?

Harry manque d'avaler de travers. Il lève les yeux sur David, assis en face de lui. Ce soir, Min-Jae est venu dîner avec eux à la table des Gryffondors. Normalement, ça ne se fait pas trop, mais les jaune et noir sont plutôt appréciés et personne n'oserait venir emmerder un septième année.

— Qui ? tousse Harry en se frappant la poitrine pour essayer de faire passer le morceau de pain qui est resté coincé.

— Léo, à Poufsouffle. Le préfet de sixième année. Il est cute. Et j'ai l'impression que j'ai un ticket.

— Il est sorti avec une meuf à la dernière sortie à Pré-au-Lard mais ça rien donné. Et l'an dernier il était avec un mec, répond Min-Jae en désignant à Harry le Poufsouffle en question. Donc on peut en conclure qu'il joue dans les deux camps.

Harry ne manque pas de dévisager le dit-Léo qui n'a rien demandé à personne. Il n'est même pas spécialement beau avec ses lunettes qui lui mangent la moitié de son visage.

— Mouais... Franchement, tu peux trouver mieux, bougonne le Gryffondor.

— Euh pardon, mais il est grave canon, s'indigne David. Hein, Min-Jae ? D'ailleurs ça m'étonne que tu aies jamais rien tenté avec lui.

Le Poufsouffle hausse les épaules.

— Oui, il est mignon. Mais pas trop mon genre.

— C'est vrai que tu les préfères blonds et hautains, ricane David avec un regard vers la table des Serdaigles.

Min-Jae se force à sourire. L'année dernière, ce n'était un secret pour personne qu'il craquait pour Galahad. Il a passé des mois à lui faire des avances lourdingues qui amusaient beaucoup la galerie. Le préfet-en-chef restait imperturbable en public, mais Harry sait ce qu'il s'est passé derrière les portes closes.

— D'ailleurs, t'as lâché l'affaire d'un coup, j'ai jamais compris pourquoi.

Harry lance un regard à son camarade rouge et or, espérant lui faire comprendre qu'il ferait mieux de se taire. Peine perdu.

— Non enfin, je pensais pas que t'arriverais à te le faire, mais t'étais tellement à fond sur lui et du jour au lendemain, on en entend plus parler. T'as rencontré un autre mec dont tu nous as pas parlé ?

— Ouais, je vois quelqu'un, admet le Poufsouffle.

Harry ne s'attendait pas à ça. Surtout que connaissant David, il va insister jusqu'à connaître l'identité de son mec. Ce n'était sans doute pas le meilleur calcul de la part de Min-Jae que de lui révéler une telle information.

— T'ES SERIEUX ?! Mais c'est qui ?

— Je peux pas te le dire, il est pas out.

— Oh.

Ça suffit à calmer David. Bien vu. Ou peut-être pas.

— On en parlera dans un coin tranquille alors, déclare le Gryffondor avec un clin d'œil.

Des éclats de rire attirent alors l'attention de Harry qui a laissé son regard vagabonder sur les tables voisines. Mais qu'est-ce que Romane fait chez les Serpentards ?! Et elle se marre en plus ! Elle est assise entre deux filles de septième année, Jade et Ina. Harry ne les a jamais aimées. De toute manière, on ne peut pas faire confiance aux gens dans cette maison. Mais depuis quand Romane est amies avec ces sales serpents ?

Durant toute la fin du repas, Harry ronge son frein. Il attend que Romane se lève de table pour partir à sa suite et la coincer dans les escaliers sur le chemin de la Tour Gryffondor.

— Qu'est-ce que tu fous ?

— De quoi ? s'étonne la jeune femme en s'arrêtant au milieu des escaliers.

— Qu'est-ce que tu fous avec les Serpentards ?

— Euh, premièrement, je ne vois pas en quoi ça te regarde. Deuxièmement, y a aucune règle qui dit qu'on a pas le droit d'être ami avec les élèves d'autres maisons. Troisièmement, parce qu'elles sont super cool, tout simplement. Je te permets pas de dire quoi que ce soit sur elles, tu ne les connais même pas !

— Pas besoin de les connaître, c'est des Serpentards !

— T'es sérieux Harry ? Vraiment ? Tu me fais le coup de la haine Gryffondor/Serpentard ? Mais réveille-toi, la guerre est finie. D'ailleurs je te signale que Serpentard ne veut pas forcément dire Mangemort. Y en a eu chez les Gryffondors, les Poufsouffles et les Serdaigles !

— Mais c'est quoi ton problème, par Morgane ? Qu'est-ce qui te prend ces derniers temps ? Tu me fais la gueule, tu t'éloignes de tout le monde et maintenant tu traînes avec des serpents !

Le ton monte entre les deux Gryffondors. Ils commencent à attirer l'attention, mais sont à des années-lumières de s'en soucier.

— Mon problème ? Tu crois vraiment que c'est moi qui ai un problème ?! s'exclame Romane.

— C'est parce que je suis trans, c'est ça ? T'as un problème avec ça et maintenant tu veux plus me parler, tu veux pas qu'on me voit avec toi ?!

Cette fois, Romane a un mouvement de recul. Elle porte la main à sa poitrine, comme si elle était blessée. Face à elle, Harry fulmine, les poings serrés. David les a rattrapé et pose une main apaisante sur ses épaules.

— Comment tu peux dire ça ? Comment tu peux penser ça alors que je t'ai toujours soutenu !

— Bah j'sais pas, c'est l'impression que tu donnes.

— Mais c'est toi qui m'a laissé tomber, Harry ! Depuis que c'est bon, t'es dans le dortoir des garçons, tu me calcules même plus ! Et oui, je t'en veux d'être parti et de m'avoir laissé avec les deux gourdes homophobes de notre dortoir ! Et tu peux pas me reprocher de l'avoir un peu mauvaise, parce que au moins avant c'était elles contre nous, et maintenant je suis toute seule !

Harry accuse le coup. Les larmes lui montent aux yeux. Mais Romane n'en a pas terminé et semble décidée à vider son sac.

— Godric, t'es même devenu pote avec ce crétin, rage la jeune femme avec un geste vers David. J'sais pas, t'as oublié comment il nous a fait chier quand on est arrivés à Poudlard ? Je sais que c'est difficile pour toi et que tu as envie de te faire accepter, mais t'étais vraiment obligé d'intégrer le boys club et de renier six ans d'amitié ?

Évidemment, il fallait que ça soit pile le moment où Galahad se décide à intervenir en sa qualité de préfet-en-chef. Les deux Gryffondors avaient fini par boucher les escaliers.

— C'est pas fini cette scène de théâtre ? Circulez et regagnez vos maisons ou je vous colle en retenue.

— Va te faire foutre, Ravel, répond Harry en le bousculant pour monter les escaliers quatre à quatre et fuir loin de Romane qui a éclaté en sanglots.

Le Serdaigle ouvre la bouche, prêt à faire tomber la sanction, mais Min-Jae lui attrape le bras.

— Laisse-le, s'il te plaît.

L'échange ne dure que quelques secondes et les deux jeunes hommes se séparent presque aussitôt, mais c'est suffisant pour que David ait tout d'un coup une illumination. Il rattrape Harry en courant, ne résistant pas à l'envie de lui faire part de sa découverte.

— Mec, tu vas pas me croire. Je viens de voir Min-Jae et Ravel, et-

— Oui, ils couchent ensemble, je sais. Ça fait trois mois, réveille-toi un peu David. Pourquoi tu crois que Min-Jae a arrêté de lui courir après hein ?

Parce qu'il n'en avait plus besoin. Il avait atteint son objectif.

— Mais c'est OUF !

Harry n'est vraiment pas d'humeur à discuter de ça avec David. Il décide de le laisser parler tout seul, en espérant qu'il finisse par s'en remettre. Sa conversation avec Romane lui a remué les entrailles. Est-ce qu'il a vraiment été con à ce point ? Est-ce qu'il l'a abandonnée sans s'en rendre compte ?

Il repense à ce qu'elle lui a dit sur le dortoir. C'est vrai que July et Mélusine sont des connes et ils savaient tous les deux qu'elles parlaient dans leur dos. Mais à ce moment-là, ils pouvaient se moquer aussi d'elles. Ils étaient deux contre deux. Sauf que maintenant, Romane est toute seule. Il n'a même pas pensé aux conséquences qu'auraient son changement de dortoir. Il était tellement heureux d'avoir enfin l'autorisation pour intégrer celui des garçons qu'il n'a même pas pensé à Romane. Évidemment, il n'allait pas rester chez les filles pour lui faire plaisir, mais il aurait pu au moins faire plus attention... Et s'assurer qu'elle allait bien. Nom d'un Scroutt à Pétard, il a vraiment tout fait foirer.

***

Le lendemain au petit-déjeuner, Harry n'est pas au mieux de sa forme. Il a remarqué que Romane est retournée à la table des Serpentards et semble bien décidée à l'éviter au maximum. Il ignore comment lui parler et si c'est encore possible de rattraper les choses.

— Bon, comment tu vas faire ? demande David à Min-Jae.

— Je vais rien faire du tout.

— Mais si, tu dois le convaincre de s'afficher publiquement avec toi ! Et moi, je t'aide. Et comme ça après, tu m'aides à pécho Léo et on est quittes.

— T'as pas besoin de moi pour draguer Léo, vas y tout seul comme un grand. Invite-le à la prochaine sortie à Pré-au-Lard et on en parle plus.

— Moi je dis, tu devrais genre, lui envoyer des fleurs. Ou des chocolats ? Je sais pas, fais un truc romantique ! Vois les choses en grand.

Harry ne comprend vraiment pas pourquoi son ami est aussi à fond dans cette histoire. Depuis hier soir, il est en boucle sur cette relation supposée secrète.

— Je vais pas le outer, David.

— Bah signe pas. Personne saura que c'est toi, mais lui si.

— Ecoute, on est même pas vraiment en couple. On couche ensemble une fois par semaine, mais c'est tout.

— Raison de plus pour lui demander officiellement d'être avec toi.

— Il a raison, déclare une voix féminine.

La jeune fille de cinquième année assise à côté d'Harry, elle aussi à Gryffondor, vient de prendre la parole alors que personne ne lui demandait son avis. Avec ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus, difficile de ne pas faire le rapprochement. C'est Victorine, la petite sœur de Galahad. Elle devait écouter attentivement depuis le début.

— Si tu le vois autrement que comme un... plan cul et j'en reviens pas de parler comme ça de mon propre frère, mais bref. Si tu veux plus, faut lui dire parce qu'il va pas deviner tout seul. Et en effet, il fera pas son coming-out s'il a pas une bonne raison de le faire.

— Mais comment t'es au courant de ça, toi ? chuchote Min-Jae par-dessus la table. Il t'en a parlé ?

— Je sais tout.

— Donc tu penses que je dois faire un move ?

— Ça dépend, t'es amoureux de lui ou pas ?

Min-Jae ne répond pas et se cache derrière sa tasse de thé. Ça veut tout dire. Harry lâche un petit rire. Finalement, c'est drôle cette histoire. Et il a bien envie de voir comment Min-Jae va s'y prendre pour faire tomber le Serdaigle dans ses bras.

— Bon, je dois vous laisser, moi j'ai Divination, déclare soudainement David en se levant de table.

Harry hausse les sourcils. Divination quoi. Quelle matière de merde. Resté seul avec Min-Jae, Harry se décale sur le banc afin de se rapprocher du Poufsouffle.

— Ça te gêne pas qu'il soit le fils d'un Mangemort ?

— Dit le mec qui a choisi le même prénom que le Sauveur du Monde Sorcier.

— Mais ça n'a aucun rapport, lui fait remarquer Harry en fronçant les sourcils. Et puis je te signale que c'était ton idée.

— C'était pour rire, t'étais pas supposé me prendre au sérieux, répond Min-Jae du tac-au-tac.

— Ok t'as réussi à détourner la conversation, bien joué, admet le Gryffondor avec un soupir.

— Sinon, plutôt que de parler de ma vie amoureuse qui, au moins, existe contrairement à la tienne. Quand est-ce que tu parles à David ? Parce que là, il est décidé à mettre le grappin sur Léo. Alors je vais pas l'aider, rassure-toi, mais ça m'étonnerait pas qu'il parvienne à ses fins tout seul et après faudra pas que tu viennes pleurer.

Harry rougit jusqu'aux oreilles.

— Je vais rien faire du tout. J'ai rien à lui dire de toute manière.

— Ouais c'est ça.

— Je l'intéresse pas, marmonne le Gryffondor.

— T'en sais rien, assure Min-Jae.

— Mais si, je sais. Les mecs comme lui, ça sort pas avec les mecs comme moi.

— Comme toi, c'est à dire ?

— Mais tu sais très bien, grogne Harry.

C'est gênant. Min-Jae n'insiste pas, comprenant qu'il a peut-être touché un sujet un peu trop sensible. D'ailleurs, le Gryffondor préfère prendre la fuite, prétextant avoir besoin de vérifier quelque chose à la bibliothèque avant le cours de Sortilèges.

***

— T'es sûr que tu veux pas lui envoyer des fleurs ? Ça serait trop marrant, insiste David alors qu'ils sortent de la Grande Salle après le petit-déjeuner.

— Le but, c'est pas de le mettre mal à l'aise, soupire Min-Jae. Au moins, les lettres c'est discret, il peut les lire quand il veut et ça attire pas l'attention de toute sa table.

Harry reste un peu en retrait, mais continue d'écouter la conversation de ses deux amis.

— En tout cas, compte sur moi pour mettre une raclée à Serdaigle demain. Moi j'te dis qu'il aura bien besoin d'être consolé !

— C'est pas pour casser ta joie, mais votre attrapeur cet année est vraiment naze.

— Certes, mais nous avons une équipe de Poursuiveurs extraordinaires - dont ma propre personne - et leur gardienne n'est qu'une troisième année. T'inquiètes que quand Galahad va attraper le Vif, on aura plus de 150 points d'avance !

L'enthousiasme de David fait plaisir à voir. Il est dans l'équipe de Gryffondor depuis quatre ans déjà, dont trois en tant que titulaire. Il a été nommé capitaine en début d'année, ce qui n'était une surprise pour personne. Il sait mener un groupe. Gryffondor a battu Poufsouffle lors de leur premier match, Min-Jae a fait la gueule pendant une semaine.

Harry ne joue pas au Quidditch. Enfin, ça lui arrive de voler, c'est sympa, mais il n'est pas un sportif. Sans compter qu'il aurait refusé de fréquenter David lors des entraînements à l'époque où ils se détestaient cordialement. Maintenant, il va parfois se poser dans les gradins.

Officiellement pour encourager les joueurs, officieusement pour mater et rêver du jour où il aura le courage de se déclarer. Jour qui n'est pas prêt d'arriver.

— Je demande à voir, conclut Min-Jae.

— Oh attendez-moi cinq minutes ! lance soudainement David en retournant sur ses pas.

Les deux septième année suivent le Gryffondor des yeux, qui semble s'être décidé pour aborder Léo, le Poufsouffle. Harry serre les dents. Il observe David arborer son sourire le plus charmeur et faire rougir le préfet de sixième année.

— Qu'est-ce qu'il lui trouve à ce gamin ? marmonne-t-il à l'intention de Min-Jae.

— T'as qu'un an de plus que lui, j'te signale.

— Il a l'air d'avoir 14 ans.

— Dis le mec qui mue en ce moment, se moque Min-Jae.

Cette fois, Harry lui accorde un regard noir. Le Poufsouffle bégaye des excuses. En temps normal, Harry n'aura pas été vexé et aurait même plutôt ris de cette plaisanterie sur sa transition, mais là, c'est vraiment pas le bon moment.

David revient vers eux en trottinant, Harry tente de retrouver une attitude neutre.

— Je l'ai invité à Pré-au-Lard dimanche prochain, annonce-t-il avec un grand sourire.

Harry se force à sourire, mais ne rêve que de lui coller son poing dans la figure.

— La vieille McGo va être contente ! Je participe activement au rapprochement entre les maisons. Tu devrais faire pareil Harry, et te trouver une petite Serdaigle.

— Je le verrai plutôt avec une Poufsouffle, je sais pas pourquoi. Sans doute parce qu'on est la meilleure maison, se gargarise Min-Jae.

— Mouais, je me contenterai largement d'un Gryffondor, grogne le concerné.

David fronce les sourcils.

— Un ? Depuis quand t'aimes les mecs, toi ?

— Euh... Depuis toujours ?

Les deux Gryffondors se dévisagent, Min-Jae laisse échapper un petit rire gêné.

— Pourquoi tu me l'as jamais dit ?

— Mais je sais pas, je pensais que tu savais ! se défend Harry en rougissant à vue d'œil.

— Et comment j'aurais pu savoir ? T'as toujours été avec des filles et avant tu gueulais à qui voulait l'entendre que t'étais lesbienne.

Certes. C'est vrai que Harry disait ce genre de choses. Mais en vérité, c'était surtout pour décourager les mecs relous qui faisaient des commentaires dégueulasses. Et puis, il est quand même très sélectif sur les garçons. Ils sont tous tellement cons, ça l'exaspère 90% du temps.

— Oui bah... en fait j'aime bien les deux, voilà. On va pas en faire toute une histoire.

— T'aurais pu me le dire quand même. J'en reviens pas que tu m'aies caché ça.

— Je t'ai rien caché du tout ! Je te signale que tu m'as jamais posé la question !

— Hé calmez-vous les mecs. Vous allez quand même pas vous disputer pour ça, intervient Min-Jae.

— Ouais et puis moi, j'ai Etudes des Runes, déclare David en tournant les talons. A plus tard.

Le Gryffondor plante sur place ses deux amis, laissant un Harry passablement énervé. Min-Jae lève les yeux au ciel.

— T'es vraiment un gros boulet, fait-il remarquer à Harry.

— Non mais il est sérieux ? Genre il... Enfin j'sais pas, toi t'étais au courant ! Effectivement, je l'ai jamais vraiment formulé, mais je pensais que c'était évident !

— C'est évident quand on sait que t'es amoureux de lui, oui. Mais du coup, lui il le sait pas.

— Je suis pas..., se défend Harry, rouge comme sa cravate.

— Fais pas genre !

— Ouais, bah retourne envoyer des petits mots doux à ton Préfet-en-Chef, toi !

— Moi au moins ce soir, j'ai un date dans la Salle de Bain des Préfets.

— La salle de b- ?

Le clin d'œil de Min-Jae éclaircit soudainement la teneur de ce rendez-vous et le choix du lieu, provoquant une grimace d'Harry.

— Mais je veux pas savoir !

La gêne d'Harry provoque l'hilarité de Min-Jae. Ils se font réprimander par le professeur Flitwick, pas vraiment ravi de trouver deux septièmes années dans les couloirs alors qu'ils devraient profiter de cette heure de libre pour réviser les examens blancs.

***

Harry n'en revient pas. David est réellement en train de lui faire la gueule ? Pas ouvertement, mais il sent bien qu'il y a un truc bizarre. David l'évite, c'est évident. Quand Harry essaye de lui parler, il bafouille et trouve une excuse pour se casser. Harry est à bout de nerfs.

C'est jeudi soir, la salle commune des rouge et or est très calme. Nombreux sont les Gryffondors à être déjà dans leurs dortoirs. Harry retarde au maximum le moment où il va monter, blasé par l'attitude de son ami. Et il observe du coin de l'œil Romane qui lit près de la cheminée. Peut-être que c'est l'occasion pour lui parler ? Elle aussi doit éviter ses camarades de chambre. Avant que Harry soit transféré chez les garçons, ils restaient souvent ensemble dans la salle commune, pour discuter jusqu'à pas d'heure alors que les deux cruches qu'ils étaient obligés de fréquenter occupaient le dortoir.

Le jeune homme a réfléchi aux reproches de Romane et il se rend bien compte qu'il a peut-être un peu merdé. Oh, il n'a pas tous les torts, mais disons que c'est partagé. Romane aurait pu lui faire part de ses sentiments, mais il aurait aussi pu s'intéresser un peu plus à elle. Ils ont été amis pendant six ans. Ça compte. C'est important.

En voyant que le quatrième année assis dans le fauteuil voisin de Romane monte se coucher, Harry décide de tenter sa chance. Après tout, il est un Gryffondor. Alors même s'il a la boule au ventre, il s'assoit à la place restée libre. Romane lève les yeux sur lui un instant avant de se replonger dans sa lecture.

— Tu révises la Défense Contre les Forces du Mal ? demande Harry d'une voix tremblante en désignant le manuel.

— Comme tu peux le constater, déclare sèchement la jeune femme sans un regard.

Le feu crépite dans la cheminée. Harry pousse un profond soupir. Il faut qu'il fasse le premier pas.

— Je suis désolé. J'aurais pas dû... J'ai jamais voulu te laisser tomber. Je pensais pas que tu le vivrais comme ça.

Romane referme son livre d'un geste assuré. Elle relève la tête, cherchant le regard d'Harry. Elle n'a vraiment pas l'air contente, avec ses lèvres pincées et ses sourcils froncés.

— On passe six ans ensemble et toi, tu... Tu m'énerves. Mais j'accepte tes excuses parce que pour moi, notre amitié avait du sens.

— Elle en a pour moi aussi, elle en a toujours. Je comprenais pas pourquoi tu me faisais la gueule alors... Bah je t'ai fait la gueule aussi. Et puis je me disais que peut-être finalement t'aimais pas que je transitionne. Je suis désolé d'avoir pensé ça de toi, mais en même temps, y a tellement de gens qui parlent dans mon dos que...

— Je comprends que ça ait été compliqué pour toi. Et j'imagine que peut-être mon comportement pouvait prêter à confusion, mais... Merde, Harry, j'ai toujours été de ton côté.

— Je sais, je suis vraiment, vraiment désolé. Je comprendrais si tu veux plus être mon amie... souffle Harry en baissant les yeux.

— Sois pas stupide, bien sûr que je veux qu'on soit amis. T'es con, mais je t'aime quand même.

Ils se sourient enfin. Harry joue avec ses doigts, Romane se tortille dans son fauteuil.

— C'est vrai si horrible que ça avec les deux autres ? s'inquiète Harry.

— Comme on pouvait s'y attendre. Mais bon, je vais plus dans notre dortoir que pour dormir donc ça limite les interactions, explique la jeune femme. Et toi ? Ça va ?

— Ouais bah... David a été vraiment cool. Et les autres mecs l'écoutent vachement du coup... au début c'était un peu bizarre, mais maintenant c'est presque comme si j'étais là depuis des années.

— Tant mieux. Qui aurait cru que David était sympa en fait ? se demande Romane, toujours suspicieuse.

Harry sent ses joues le brûler. Il fixe le plafond en espérant que ça ne se remarque pas trop.

— Il est... Bah je pense qu'il a surtout grandi.

— Tu rougis, Harry.

— Bah il fait chaud et... bégaye le Gryffondor en essayant de se sortir de cette situation.

— Non mais je rêve ? Toi et... ?

— Non, non ! Y a rien entre nous ! se défend Harry.

Il pousse un profond soupir et tombe la tête dans ses mains. Il n'a jamais été très fort pour cacher des choses à Romane. Elle le connaît trop bien.

— Mais... enfin ça me dérangerait pas s'il y avait quelque chose, admet-il d'une petite voix.

— Godric, je m'attendais pas à ça.

— Moi non plus, en vrai, gémit Harry, toujours caché derrière ses mains.

Romane a un petit rire. Il veut bien admettre que c'est ridicule comme situation. Lui aussi, il le rirait si ça ne le concernait pas directement. Harry reprend une position normale, il s'enfonce dans le fauteuil en soupirant.

— Et tu sais si tu lui plais ?

— Je pense pas. De toute manière, il va à Pré-au-Lard avec l'autre blaireau, là... Léo, grince Harry.

— Le préfet de sixième année ?

— Mouais.

— Mais tu comptes tenter un truc quand même ou pas ? demande Romane, très intéressée par la tournure de la conversation.

— Pfff, c'est pas la peine. Si c'est pour me faire jeter et ensuite que ça soit bizarre entre nous... Franchement autant fermer ma gueule.

— Je vais me renseigner.

— Sur quoi ?

— Pour savoir si t'as tes chances.

Harry n'ose pas lui dire non. Parce qu'au fond de lui, il espère quand même un peu. On sait jamais, n'est-ce pas ?

— Et toi ? Les Serpentards, hein ?

— Elles s'appellent Jade et Ina, précise Romane. Et ça fait plus de six ans qu'on est dans la même classe donc tu devrais avoir retenu leurs prénoms.

Harry fait la moue. Il n'a jamais voulu faire ami-ami avec ces serpents. Moins il les voit, mieux il se porte. Enfin, il avait quand même repéré Jade, parce que c'est difficile de ne pas la remarquer. Les nana en fauteuil roulant ne courent pas les couloirs de Poudlard. C'est d'ailleurs une experte en lévitation. Elle est bien obligée, avec tous ces foutus escaliers.

— Je crois que j'ai une chance avec Jade, mais on verra.

— Cool.

Harry repense à ce que David a dit sur le rapprochement inter-maisons. Il paraît que c'est une bonne chose. Les deux Gryffondors terminent par échanger quelques banalités avant de se décider à aller se coucher. Lorsqu'il rentre dans son dortoir, Harry remarque que les rideaux du lit de David sont déjà tirés. C'est pas plus mal. Il a eu suffisamment d'émotions pour ce soir.

***

Galahad et Min-Jae se sont roulés une grosse pelle dans le Hall, juste avant que le Serdaigle parte s'échauffer en vue du match. Harry a trouvé cette scène absolument répugnante. Les lettres d'amour ont fini par porter leurs fruits, mais il maintient que c'est une méthode absolument ridicule.

Au final, Serdaigle a perdu, comme l'avait prédit David, même si le Préfet-en-Chef a sauvé l'honneur de sa maison en attrapant le Vif. 200-180, c'est un coup dur. Malheureusement, la nouvelle gardienne de Serdaigle n'est pas encore au point. Il lui faudra sans doute encore quelques mois avant de se roder. Les bleu et bronze ne gagneront certainement pas la Coupe de Quidditch cette année.

Et comme l'avait également imaginé David, Min-Jae s'est fait un plaisir d'aller consoler son nouveau petit ami officiel. Finalement, il n'est peut-être pas si mauvais en Divination. Une petite fête a été organisée dans la salle commune des Gryffondors, ils ont même trouvé le moyen de faire passer de la Bièraubeurre. Harry s'est posé dans un coin avec une bouteille, de façon à pouvoir observer David. Le capitaine de l'équipe a l'air content, il trinque avec ses coéquipiers et ne manque pas de refaire le match minute par minute. Harry ne peut retenir un sourire. Dans le fond, il aimerait bien aller le féliciter, mais il ne sait pas comment faire. En plus, ils sont un peu en froid.

Un peu fatigué par la foule et le bruit, Harry finit par se retirer dans son dortoir. Les autres garçons sont encore en train de faire la fête. Il se cale contre la fenêtre pour observer le parc. Il y a vraiment une belle vue. Ok, c'est chiant quand t'as oublié un bouquin dans ton dortoir de devoir remonter tous les escaliers, mais il y a aussi des avantages. Au moins, il ne fait pas humide comme chez les Serpentards.

— Ça va pas ?

La voix de David fait sursauter Harry. Son cœur s'emballe. Quelle merde. Harry préfère ne pas se retourner.

— Si, si. Je voulais juste être un peu au calme.

— J'peux rester avec toi ?

Harry aimerait avoir le courage de lui demander pourquoi il fait ça ? Ça fait des années qu'il se demande ce qu'il peut bien foutre à Gryffondor. Force, ok admettons. Mais courage ? C'est vite dit. Ça dépend des moments. Harry hausse les épaules, comme si ça lui était égal. David vient s'assoir avec lui, à même le sol, près de la fenêtre.

— J'ai géré, hein ? demande le jeune homme avec un grand sourire.

— Ouais, t'as géré, confirme Harry.

Un silence s'installe. C'est un peu étrange, Harry est mal à l'aise, mais il ne sait pas quoi dire. Il a peur de dire un truc stupide. Ou de faire quelque chose qu'il pourrait regretter.

— J'ai annulé avec Léo, lâche tout à coup David.

— Pourquoi ?

— Je... En fait... En fait, y a quelqu'un d'autre qui me plait. Genre, vraiment beaucoup. Jusqu'à présent je pensais que j'avais zéro chance, alors je me disais... Bah je voulais essayer de passer à autre chose, tu vois ?

Harry accuse le coup. Ça fait encore plus mal d'entendre ça. Il y a encore un autre mec ? En plus de Léo ? Le jeune homme se mord les lèvres pour se retenir de faire un commentaire salé.

— Tu veux pas savoir qui c'est ? demande David d'une voix tremblante.

— Non, j'veux pas savoir.

C'est dur de garder la face, de ne pas éclater en sanglots. Harry a toujours plus ou moins su que ses sentiments pour David étaient voués à l'échec, mais en avoir la confirmation n'est pas une partie de plaisir. Il aimerait juste que son ami s'en aille et le laisse tranquille avec son chagrin.

— Pourtant, ça te concerne un peu...

David lui a pris la main. Et Harry a arrêté de respirer quelques secondes. Qu'est-ce que... ? Il relève les yeux, s'attendant presque à trouver de la moquerie dans les yeux de David, mais il n'en est rien. Harry reste figé. Est-ce que David est réellement en train de sous-entendre que c'est de lui dont il s'agit ?

— Tu sais... l'année dernière, avant que tu fasses ton coming-out, j'en étais venu à me demander si j'étais vraiment gay, déclare le jeune homme avec un rire gêné.

Harry ouvre la bouche, ahuri. Il ne s'attendait certainement pas à ça. Il n'était tellement pas prêt pour une telle déclaration qu'il n'arrive pas à réagir. David relâche sa main à regrets. Il poursuit, dans un élan de bravoure.

— Je comprendrais si tu me disais que t'es pas intéressé ou que tu préfères quelqu'un d'autre, mais du coup, je... Je voulais quand même tenter le coup parce que tu... Enfin, tu me plais beaucoup.

— Moi ? parvient enfin à souffler Harry.

— Bah oui, toi, grogne David en se cachant partiellement derrière sa main.

— Je te plais ?

— Ouais...

— Tu te fous de ma gueule ?

— Ecoute, si tu veux pas, dis juste que t'es pas intéressé. C'est pas la peine de m'enfoncer comme ça, se vexe David en initiant un mouvement pour se relever.

Harry le retient en attrapant son pull aux couleurs de leur maison. Il ne trouve pas les mots, aussi choisit-il une autre option. À savoir embrasser David. Pour lui faire comprendre que oui, il est très intéressé.

C'est d'abord un baiser maladroit, deux paires de lèvres qui se pressent l'une contre l'autre, pas vraiment bien en face l'une de l'autre. Et puis David comprend. Et il attire Harry à lui. Harry se laisse entraîner, il s'accroche aux larges épaules de son ami. Sa langue est douce. Le baiser se fait tendre, puis plus passionné. Ils oublient qu'ils sont dans un dortoir, que leurs camarades pourraient entrer à tout moment. Ils veulent seulement s'embrasser, encore et encore. Et se toucher.

— Merlin, je t'aime tellement, murmure David tout contre ses lèvres.

Harry s'enflamme. Il n'a jamais ressenti un truc pareil. Il aimerait que David soit plus près de lui encore, sentir mieux son corps contre le sien. Et qu'il lui dise encore qu'il l'aime. Il ne pensait pas que c'était possible.

Quelqu'un se racle la gorge. Les deux garçons s'immobilisent. Un rapide coup d'œil leur permettent de découvrir leurs trois camarades de chambre dans l'encadrement de la porte.

Harry repousse David brutalement, s'essuie la bouche, rouge jusqu'aux oreilles.

— On voudrait pas vous déranger, mais c'est aussi notre dortoir.

Les rires résonnent, mais ce n'est pas méchant. David lance une vanne avant d'entraîner Harry hors du dortoir. Il le prend par la main. Harry se laisse faire, heureux d'échapper aux remarques de leurs camarades.

Le château est immense, ils trouveront bien un endroit discret et tranquille pour s'embrasser. Et peut-être parler, aussi. Mais là tout de suite, Harry a surtout envie de l'embrasser. Il faudrait aussi qu'il lui dise qu'il l'aime aussi. Parce qu'il l'aime pour de vrai. Et qu'il n'a jamais été aussi heureux.

*****

Et voilà !

J'espère que cet OS vous a amusé ! C'est pas de la grande littérature, mais c'était marrant à écrire ! Et puis c'était l'occasion de faire un peu de Harry/David ^^

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