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Encore un matin (Partie 3)

Tous les matins, c'est pareil. 

Je me lève, péniblement mais je me lève – si tant est que je me suis couchée la veille – et je vais dans la salle de bain. Mon hijab pas encore mis.

Et chaque fois, je m'attire le regard amusé, presque goguenard, de Tomyris, ma chère et tendre qui a l'air de trouver marrant que je ressemble à une araignée géante avec mes cheveux en bordel. On dirait que je me suis fait électrocuter, je sais bien. En même temps, c'est facile de rigoler quand on a le crâne aussi luisant qu'un galet et pas un poil sur le caillou. Moi, je dois passer une heure tous les matins à laver mes boucles, les coiffer, les attacher juste pour qu'elles tiennent sous le hijab. Et il y a toujours au moins une mèche qui s'échappe. 

Je vois son regard, et je ne peux m'empêcher de l'appeler monsieur propre. Ce à quoi elle répond qu'elle va me mettre en pot, et qu'on pourra me confondre avec un cactus.

Je n'ai jamais été aussi offensée par quelque chose que je ne peux qu'admettre vrai.

Mais en vérité, ça me fait presque plaisir qu'elle se moque comme ça. Ce n'est jamais méchant, et ça veut dire qu'elle se sent assez en confiance en ma présence pour se comporter ainsi. Parce que ce n'est pas toujours facile pour elle de se décoincer, de rire un peu. Ça s'arrange, mais c'est pas facile de déconstruire cette espèce de raideur, de distance inculquée depuis l'enfance.

Je l'observe souvent, plus qu'elle ne le croit. Son petit air concentré quand elle brosse les cheveux de Jennifer, les petits sourires qui lui échappent devant une série débile, qu'elle essaie de dissimuler avec une moue sérieuse. Son visage détendu quand elle est sur le point de s'endormir. Les petites attentions, les post-its collés sur le frigo pour rappeler qu'il faut racheter du lait, sa manière de faire attention à tout le monde dans la maisonnée.

Le premier qui me sort que c'est juste une brute sans cœur ou une bigote qui ferait n'importe quoi au nom de Dieu, je lui fais manger ses dents. 

Parce qu'elle est tout sauf ça. Elle est tellement plus. C'est la femme que j'aime, et c'est quelqu'un de foncièrement bon. Dieu n'a rien à voir là-dedans.

Et une brute ? La boîte à chaussures remplie de lettres d'amour, de post-its et de photos que je garde sous mon lit témoigne du contraire. Et je compte bien passer chaque seconde de ma vie à lui retourner toute cette affection, livrée par petits bouts, qui ne suffisent pas à en exprimer l'étendue réelle.

Je sors un post-it et un stylo. Je griffonne rapidement quelques mots dessus. Pour moi-même.

Penser à aller voir Ruben.

Je vais avoir besoin de ses services, bientôt.

****

J'ai pas dormi. Encore.

Du coup il est six heures du matin. Le ciel passe de noir à gris clair, et je suis crevé, mais impossible de m'endormir. Vraiment tous les autres arrivent à dormir normalement, mais moi mon cerveau il est là en "ouin ouin j'arrive pas à m'arrêter de penser".

Je me sens seul. Ça doit être ça, le problème.

Salimeh a dormi avec Sharon, cette nuit. Je vais pas la blâmer, au contraire. Elles se sont rapprochées ces derniers temps, et c'est tant mieux. 

J'aurais sûrement été jaloux, six mois plus tôt. J'aurais fait la tête, et gardé mes remarques acerbes pour moi. Ou essayé, du moins.

Mais aujourd'hui, je n'en ai pas besoin. Je ne suis pas jaloux, juste… seul. 

J'ai envie d'appeler Anastasia.

Mais à cette heure-ci, elle doit déjà être en train de chasser. J'ai pas envie de la déranger. Même si elle refuse jamais un appel, j'ai l'impression de lui bouffer son temps, et ça me plaît pas. Elle a autre chose à faire que de gérer un petit merdeux pas foutu de s'endormir tout seul.

Je sais qu'elle m'aime bien. Peut-être plus que comme un ami. Je veux dire, quand je lui dis que j'aimerais bien travailler avec du poisson sauvage ou de la viande de gibier, deux jours plus tard elle m'appelle en me disant qu'elle en a chassé. Je suis pas con au point de penser que c'est une coïncidence. Et ça me fait plaisir, en vrai. Quelqu'un qui se lève à quatre heures du mat pour empaler un poisson rien que pour toi ? Ça claque, quand même. Et ça a le don de me faire sourire.

Je prends mon téléphone, parce que je suis un être faible. Je devrais lui envoyer un message avant de l'appeler. Qu'est-ce que je dis ?

Ça fait un moment que je veux l'inviter ici. Au manoir. Mais bon, c'est toujours très animé, un peu trop même, je sais pas si ça lui plairait. Et puis bon, c'est pas sûr qu'elle ait assez d'espace pour chasser si elle en a envie. Chier, je fais quoi du coup ?

Au pire je demande à Salimeh si Ana peut s'installer là. Elle arrête pas de me poser des questions sur elle. Genre c'est pas ma copine, c'est ma mère.

Mauvaise idée. Mon cerveau après une nuit blanche c'est pas trop ça.

Ana voudrait pas. Pourquoi elle voudrait. 

Mes doigts écrivent quelque chose dans la barre d'envoi. Pas grand chose. Deux mots. Tous simples. Ils ont l'air simple, comme ça, à l'écrit. Ils sont agréables à lire.

Mais non. Je les efface. J'efface tout, et je pose mon téléphone éteint contre ma poitrine. Je lui dirai une autre fois. Demain, peut-être.

Je préfère me dire que je suis un procrastinateur, plutôt qu'un trouillard.

****

Les néerlandais ont vraiment des goûts de chiottes en matière de noms, sérieux. 

Je relis son nom sur la carte qu'elle m'a donnée, et c'est le premier truc qui m'est venu en tête.

Inge Koelkeberg. Ultime Reporter.

Déjà, Inge, c'est quoi ça ? C'est une syllabe, pas un prénom, sérieux. Et Koelkeberg, on dirait un nom de bière bon marché. Moins classe, tu meurs.

C'est pas la seule, après, hein. Emerens, on dirait l'appellation latine d'un phoque marin. Et "Van Heel"... Un van avec des talons ? Je me fais rire toute seule tiens.

Mais bref. Elle m'a donné sa carte, Inge. Avec son numéro dessus. Je suis censée faire quoi avec ça ? Des maths ? Parce que c'est hors de question que je l'appelle en premier, hein. J'ai des standards.

Mais j'ai envie de la revoir.

Mais hors de question que je l'appelle en premier. Ça fait désespérée.

Mais je lui ai pas donné mon numéro.

Bah tant pis. On l'ignore, on lui parle plus jamais, on continue notre vie, emballé c'est pesé.

Ouais mais ça fait chier. 

Et pourquoi ça fait chier ?

Bah parce que j'ai envie de la revoir, voilà, parce qu'elle a l'air intéressante, que j'ai envie de discuter avec elle, qu'elle me rebute pas comme les autres, et pour une fois c'est pas parce que j'ai envie de me la faire.

Parce que si je l'appelle pas, je risque de passer à côté d'une occasion en or de plus être seule à m'embourber dans ma misère.

Mon téléphone sonne.

Je décroche, sans réfléchir.

– Hellooo Ema !

J'ai le cœur qui s'accélère. C'est sa voix. Comment elle a fait ? Je lui ai pas donné mon-

Débile. C'est l'ultime reporter, elle a pas besoin que je lui donne mon numéro pour le trouver, l'enfoirée.

Enfin, ça sert à rien de l'insulter mentalement, il faut que j'arrête de me voiler la face.

Je sais bien que je souris comme une idiote.

****

Je crois que j'ai fait une nouvelle crise. 

Je commence à reconnaître les symptômes, maintenant. Une panique intense, des palpitations, une envie urgente, vitale même, de s'enfuir. Mais le corps qui se paralyse. Des cris. Des flashs. Du rouge. Beaucoup de rouge. Une douleur, au visage, à la nuque, comme un éclair, puis le trou noir. 

Je connais les sensations qui annoncent une crise. Je connais celles qui la suivent. Mais la crise en elle-même ? Je ne sais pas ce que c'est. Je peux le déduire, mais je ne m'en souviens jamais.

Je me doute que ces crises s'accompagnent de hurlements de ma part, car je suis incapable de parler ensuite, tant ma gorge est sèche. Parfois, ça s'accompagne d'un goût de sang. En général, je tombe par terre. Les nombreux bleus sur mes coudes et mes genoux en sont témoins. Je me crispe, me tétanise. Comme le prouvent mes membres engourdis, et mes paupières collées à mes yeux.

Je me réveille doucement. Mon dos repose contre une surface moins dure que le sol, ma tête sur… Un oreiller, je crois. Quelque chose d'humide est posé sur mon front. J'ai encore ce goût métallique dans la bouche, mais je sens que mon cœur bat normalement, au moins. Ma vision est légèrement floue, mes oreilles sifflent, mais je commence à distinguer des visages inquiets penchés au-dessus de moi et des voix, étouffées, mais de plus en plus nettes.

– … Hibari ?

Si je sais une autre chose à propos de ces crises, c'est qu'elles sont terrifiantes.

Elles doivent l'être.

Parce que les yeux de Stefan et Eugénie contiennent la même peur, à chaque fois, une peur qui se retranscrit sur leur visages livides. 

Mes crises leur font peur.

Je leur fais peur.

Stefan serre ma main dans la sienne. J'exerce une pression en retour pour lui signaler que je suis réveillé, mais il ne me lâche pas pour autant. 

…. Ah, c'est ça que je déteste. Cette façon qu'il a de s'agripper à moi, comme si j'étais en cristal, comme si du jour au lendemain j'allais m'effondrer comme un château de cartes et lui filer entre les doigts.

Ça n'est pas censé se passer comme ça.

J'aurais voulu être quelqu'un sur qui ils auraient pu s'appuyer, chercher du soutien. Je ne veux pas être celui qu'on doit protéger et pour lequel on s'inquiète en permanence.

Mais le couperet est tombé, quelques semaines plus tôt. La psychiatre a pris toutes les précautions possibles, mais j'ai quand même eu l'impression qu'on me plantait un couteau dans le ventre.

Syndrome de stress post-traumatique accompagné d'amnésie dissociative.

Oh, et apparemment je suis aussi dysgraphique, mais c'est le cadet de mes soucis. Elle a probablement mentionné autre chose, mais j'étais trop occupé à concentrer mon attention sur le bol de madeleines posé sur la table basse pour éviter de craquer. C'est une expression qu'Eugénie m'a apprise, pleurer comme une madeleine. Je me demande toujours d'où ça vient.

Les madeleines dans ce bureau étaient déjà complètement sèches. Mes yeux aussi.

Je suis sorti du bureau comme un somnambule. Je suis rentré. Me suis assis sur le canapé. Stefan est venu me prendre dans ses bras, Eugénie a suivi. Je n'ai pas parlé, pas bougé. Dégoûté de moi-même. De ne pas être capable d'être fort pour eux. 

Et c'est encore le cas en cet instant. Je sais bien que me morfondre est inutile, qu'il n'y a que la thérapie qui peut m'aider à faire bouger les choses, à aller mieux. Je me demande si c'est comme ça qu'Eugénie se sentait, lorsqu'on l'a convaincue d'y aller. 

Mes yeux me brûlent, mais les larmes ne sortent pas, comme d'habitude. Je me redresse en position assise, balbutie quelque chose, un croassement, une excuse. Mais je n'ai pas la force de leur dire que je vais bien.

De nouveau, je sens leurs bras m'entourer. Me dire que ça va aller, que ça va finir par s'arranger. J'ai envie de les croire, 

Je ferme les yeux. Je me laisse aller entre leurs bras. 

Et j'attends que la tempête passe. 

****

Ma mère m'a dit beaucoup de conneries pendant mon enfance. Du genre "tu me remercieras plus tard" ou "je fais ça pour ton bien", et autres trucs sympathiques.

Par contre, "tu verras que ça te sera utile d'apprendre le vieux russe du 19ème", c'était pas des craques, parce que du coup je suis le seul random de tout Hope's peak à pouvoir parler avec Jaako, ultime prêtre suomonesko de son état. Même si ça ressemble à une mauvaise blague, lae nain.e intello face à un géant de deux mètres au crâne rasé et un début de barbe, qu'on pourrait prendre pour Jon Snow reconverti en hitman. 

Au début, c'est-à-dire un mois plus tôt, j'étais pas ravi.e de devoir me le coltiner sans arrêt, et d'être son traducteur personnel. Ils auraient pu demander à Hayat, mais bon. C'est la polyglotte, je suis l'interprète, tant pis pour ma gueule.

Mais ouais je veux dire, Jaako pourrait m'écraser le crâne comme un œuf avec une seule main. 

Spoiler alert, il l'a pas fait.

C'est assez dingue de rencontrer un type aussi imposant, et pourtant aussi mal à l'aise. Si je parlais pas sa langue, il serait sûrement resté dans un coin de la cour, recroquevillé sur lui-même.

Je m'attendais à un rustre, en bon.ne occidental.e , alors je suis tombé des nues quand j'ai réussi à tenir une conversation avec lui. Il déborde d'une intelligence incroyable, juste… Pas de la même façon que d'autres. Il me parle et ça me suffit à me faire sentir con. Parce que je suis pas habitué à entendre des mots comme les siens, aussi… naturels, sans toutes les fioritures qu'on y met pour que ça soit accepté d'autrui. J'en profite. J'espère que le fait de vivre au milieu d'un monde hypocrite ne changera pas ses mots, ni son esprit.

Il progresse vite en anglais, vraiment vite. Il se montre encore timide et gauche, mais ça vient, d'autant plus que les autres sont acceptants. 

Et moi qui était si ennuyé par son arrivée au début, je me surprends à attendre avec impatience les petits moments où il me parle de ce qu'il a vu, où il me pose des questions, car il en a tellement, des questions.

Ça me fait du bien. Avec lui, je n'ai pas simplement à traduire.

Je peux tout simplement échanger. Ça a l'air de pas grand-chose, mais c'est déjà énorme.

****

Elle est belle. Je dirais presque "objectivement" si je n'étais pas consciente que l'objectivité, ça n'existe pas.

Je la trouve belle. C'est une formulation plus correcte. Est-ce qu'elle se trouve belle ? Je n'en sais rien. Peut-être pas. Il existe peu de gens totalement satisfaits de leur physique. 

J'espère qu'elle se trouve belle, parce que le contraire serait du gâchis. Tous ces gens qui l'entourent, j'espère qu'ils sont conscients de cette beauté. Et qu'ils la lui rappellent chaque jour qui passe. 

Elle est tellement entourée, je trouve ça incroyable. Je n'irai pas jusqu'à utiliser une comparaison telle que "le soleil autour duquel gravitent les planètes", ce n'est pas mon idée. Je ne suis pas douée pour les métaphores. 

J'en ai parlé à Sora, plus douée en ce qui concerne l'amour et les mots qui vont avec. Elle a su trouver les mots qu'il fallait, encore une fois.

Chaque personne est une étoile à sa façon, mais en fonction de là où on est, certaines étoiles brille plus fort. Et pour toi, Héloïse est l'une de ces étoiles.

C'est joliment dit, et en plus, ça me parle. 

Seulement, après m'avoir dit ça, Sora m'a poussée jusqu'à la table de jeu où celle que j'observe depuis un moment est assise, entourée de ses amis et partenaires. Elle a cessé de rire, pour me regarder, alors que Sora, ce traître, s'enfuit en courant. Dès qu'il s'agit d'histoire de cœurs, il ne prend plus en compte mon âme d'introverti.

– Bonjour…? Noelle, c'est ça ?

Je remercie mon corps de restreindre l'afflux de sang qui se débat pour monter vers mes joues. En revanche, je transpire dans la nuque. J'espère que ça ne se voit pas.

– … C'est ça. Bonjour.

Je balaie rapidement la table de jeu du regard. Il y a elle. Grisou. Delaporte. Carson. Asin-Orduna. San Field. Et… Van Heel. Pour ne rien arranger.

Je connais tous leurs noms, parfait. Ça m'évitera un embarrassement social. Je me redresse un peu, prend mon courage à deux mains.

– Je voulais savoir si vous m'accepteriez à votre table de jeu. Je n'ai jamais joué, mais j'ai envie d'essayer. 

Héloïse me sourit, mon muscle cardiaque s'affole. Calme. Respire.

– Bien sûr, on fera ta fiche en cours de route ! Là, tu peux t'installer à côté de-

C'est là que Van Heel se lève d'un coup, et va s'asseoir à la gauche d'Asin-Orduna, un immense sourire aux lèvres. Il n'a littéralement qu'une fesse sur le banc.

– Voilà, je t'ai fait de la place, Noelle !

… À côté d'Héloïse. Évidemment qu'il a deviné. Évidemment. Je soupire intérieurement.

La partie promet d'être longue.

****

Le soleil matinal pénètre dans la chambre au travers des rideaux, tranquillement. C'est un de ces matins paresseux, où on ne sort pas du lit avant midi.

J'ai le dos calé contre les oreillers, le bras de Masayuki entourant mes épaules, son autre main posée sur mon ventre, qu'il caresse avec douceur, un grand sourire béat aux lèvres.

Ce n'est qu'un renflement, pour l'instant. Comme si j'avais trop bouffé. Mais la peau commence à se faire plus tendue sous mes doigts. J'en suis à bientôt trois mois, maintenant… Le temps passe abominablement lentement, ça me frustre. Grouille toi, cycle éternel, histoire de la vie.

Lorsque Masa a appris que j'étais enceinte, il était une heure du matin, il rentrait d'une soirée chez Teiji, et je l'attendais dans le salon, le test serré dans ma main. Il a eu peur, au début, que quelqu'un soit mort, au vu de ma tête. Non, j'étais juste terrifiée, et exaltée à la fois.

Lui a surtout été exalté. Le premier choc passé, il s'est mis à crier, à sauter partout dans l'appartement, m'a serrée dans ses bras en pleurant de joie et en hurlant des "JE T'AIME RUKA" si fort qu'il a bien dû réveiller tout l'immeuble. Après ça, il s'est empressé de me demander s'il pourrait faire des dad jokes - ce à quoi j'ai poliment répondu que si je voyais ne serait-ce que l'ombre d'un "hello fatigué, je suis papa" j'allais le balancer par la fenêtre. Il s'est ensuite jeté sur le téléphone pour appeler Hibari en criant "TU VAS AVOIR UN PETIT ADELPHE". J'imaginais d'ici la tête du pauvre loulou, qu'on appelle à une heure du matin pour annoncer ça sans aucun contexte. 

On a quand même pu discuter sérieusement, mais la réception de la nouvelle s'est surtout faite dans les trente minutes suivant son annonce, la suite a été plutôt détendue. 

Maintenant, mon imbécile de copain a quatorze onglets de sites de déco ouverts sur son navigateur, il passe son temps à faire des recherches, a mis toutes les bouteilles d'alcool au placard pour me soutenir en s'abstenant lui aussi, et ajoute chaque jour une nouvelle idée de prénom sur une feuille A4 qu'il a accroché au frigo.

Je m'engueule avec lui pour rire sur les prénoms, sur le nom que le bébé prendra. Nagamine-Vilhelmsen-Ono, c'est un peu long. Badass, mais long. On s'engueule aussi sur la couleur des murs de la chambre, de qui on choisira comme parrain et marraine symboliques. Michiru pour la marraine, probablement, mais je vois bien qu'il hésite entre Hibari et Teiji pour le parrain. C'est pas grave, il finira par trouver.

Je n'aurais pas pensé arriver aussi loin dans ma vie. Avec ce copain stupide, mais que j'aime de tout mon cœur, et ce petit être, pour l'instant juste un amas de cellules dans mon utérus, mais que j'aime déjà, tout aussi fort. Des amis pour me soutenir, un travail stable, malgré un futur encore incertain et des doutes qui ne sont jamais vraiment partis.

Ça ne sera pas tout rose, mais tant pis. 

Je crois aux miracles, et en ce matin d'hiver, je profite du plus beau de tous.

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