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Effleurement (One shot AU sans tuerie)

La rue est silencieuse. Seule, une voiture isolée passe de temps à autre sous la lumière des réverbères. Je regarde l'heure sur l'horloge de la cuisine. Deux heures du matin, déjà… et je viens à peine de finir de remplir la pile de papiers entassée sur mon bureau. Pour un de fini, il y en a dix nouveaux à remplir. Tomyris va m'enguirlander, encore. Mais ce n'est pas ma faute. Les pages blanches sont traîtres, elles laissent plein d'espace vide, une pellicule vierge où défilent tous les visages que j'ai vus pendant la journée. Femmes, ou personnes perçues comme telles, yeux secs ou débordants de larmes, voix tremblantes ou calmes, des lèvres gercées ou parfaitement recouvertes d'une couche de rouge à lèvres, ou bien défoncées, éclatées, bleuies par des poings auxquels elles ont échappé, parfois de justesse. La plupart du temps, je supporte ces récits. Je suis dans l'écoute, compatissante sans pour autant verser dans le pathos. Mais parfois, ils s'empilent, ces visages, tous ensemble, comme des calques multiples tachés de rouge, de bleu, de violet, et fusionnent pour n'en former plus qu'un. Un visage que je connais par cœur, et que pourtant je déteste revoir. Celui de la petite Salimeh, un bandage sali recouvrant toute la partie gauche de son visage, son œil rescapé cherchant des réponses dans le mien. 

Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Est-ce que je le méritais ?

Des questions auxquelles j'aurais su répondre si n'importe qui d'autre me les avait posées. Mais je rencontre cet œil désarmant, le mien, et je perds mes mots. Prononcer des discours devant des milliers de gens, mais incapable de rassurer la petite fille en moi. 

Oui, certaines nuits, c'est mon visage que je vois sur ma paperasse, comme c'est le cas aujourd'hui. 

Alors j'ai fini par laisser tomber pour ce soir. Je suis parti.e me faire une tisane – pas du café, je n'ai pas le droit au café après vingt-et-une heures, ordre de mes partenaires – et me suis assise sur le rebord intérieur de la fenêtre. J'essaie de me concentrer sur les lumières de la rue, et pas sur mon reflet, qui me renvoie une vision encore amère, empreinte d'une sourde mélancolie. 

Un mouvement attire mon attention, et m'arrache à mes pensées. Je baisse les yeux. Noor est assise à mes pieds, sa queue fouettant l'air dans l'attente de quelque chose… De quoi, bonne question. Sa gamelle est remplie, alors la faim n'est pas le problème. Je descends de mon perchoir pour lui caresser le cou, mais elle se dérobe et vient se planter dans le couloir. Allons bon. Je pousse un soupir, en me massant la tempe. Il est trop tard – trop tôt – pour jouer, mais je dois bien admettre que ça m'intrigue.

– Qu'est-ce que tu cherches à me montrer, ma belle ?

Comme si elle m'avait comprise, elle trottine le long du couloir, jusqu'à arriver devant une porte close, mais laissant échapper un fin rai de lumière par en-dessous.

C'est vrai, ça ne fait pas si longtemps que je vis avec plusieurs personnes. Et si Noor a l'habitude de me voir debout à des heures peu recommandables, ce n'est pas encore le cas pour mes partenaires. Le moindre de signe de vie passé une heure du matin l'inquiète. 

C'est pour ça qu'elle m'a amenée devant la chambre de Sharon. Qui doit encore être en train de travailler… seigneur. Elle est encore pire que moi, elle va se ruiner la santé… 

J'entrouvre la porte avec toutes les précautions dont je suis capable. Bingo. La voilà, assise à son bureau, le dos courbé, à demi enterrée sous une pile de bouquins et de feuilles. Elle va m'entendre. 

Je claque des doigts, elle sursaute et se retourne. Ses grands yeux sombres sont écarquillés derrière ses lunettes, et cerclés de cernes d'un violet sombre. C'est moi où elles ont encore grandi depuis la dernière fois ? 

– Sharon, tu as vu l'heure ? Pose-moi ce stylo immédiatement.

– Mais, j'en suis à la dernière question-

– Sharon Al-Rashid.

Ma voix se fait plus ferme. J'ai l'habitude de devoir faire la maman.

– Lâche. Ce. Stylo. Ou je viens te le prendre. 

Elle finit par m'obéir à contrecœur, se relève. Chancelle. La bouteille sur son bureau est encore remplie. Évidemment qu'elle n'en a pas bu une goutte… 

Je m'approche pour la soutenir, plus inquiète qu'en colère. Elle s'appuie un peu sur moi, et après un petit instant d'hésitation, repose son front contre mon épaule. Tiens, c'est nouveau. Je sens une petite étincelle de joie me réchauffer le cœur. Les contacts ne sont pas faciles pour Sharon, et malgré notre attirance mutuelle, elle n'a jamais maintenu un contact aussi prolongé avec moi auparavant. Je ne sais pas si c'est la preuve qu'elle se sent en confiance ou si c'est juste la fatigue, mais ça me rend tout de même un peu heureuse.

– Sharon… Tu veux bien boire un peu et manger quelque chose ? Il est tard, tu devrais déjà dormir.

Je n'ose pas poser ma main dans ses cheveux, même si j'en ai très envie. Je ne veux pas la faire fuir.

– Toi aussi, tu es encore debout… réplique-t-elle dans un murmure.

Elle a raison, évidemment. C'est idiot de ma part d'appliquer ce genre de doubles standards. Mais son état m'inquiète.

– Écoute… Si tu n'arrives vraiment pas à dormir, on peut aller se poser devant une série avec quelque chose à grignoter. Ça te ferait manger un peu, et on pourra se détendre, à défaut de dormir.

Je m'écarte pour guetter sa réaction. Elle semble hésiter, ses yeux évitent les miens, mais elle finit par hocher la tête.

– D'accord… Je te laisse choisir le film ou la série ? souffle-t-elle, avec sur les lèvres son petit sourire timide qui me fait fondre à chaque fois.

J'acquiesce, et me dirige vers la cuisine pour préparer une assiette de cookies et une carafe d'eau, alors que Sharon s'installe dans le canapé, suivie de Noor qui fait un petit tour avant de se coucher à ses pieds. La scène a de quoi faire sourire.

Je m'assois à ses côtés, la télécommande en main, sans oser m'approcher de trop près. Je choisis une série au hasard, une sitcom quelconque, à deux heures du matin je ne suis pas spécialement regardante sur la qualité.

Le premier épisode se lance, et nous restons assises l'une à côté de l'autre dans un silence rompu seulement par un grignotage occasionnel de cookie. On met des miettes partout, mais je m'en soucierai plus tard.

Au début du troisième épisode, je sens soudain des cheveux me chatouiller le cou. Sharon est appuyée contre moi, les yeux à demi clos, le visage un peu rouge. Ses doigts effleurent les miens, et je sens une douce chaleur se répandre dans ma main, jusqu'à atteindre mon visage. Mes pensées noires se sont envolées par la fenêtre, comme autant de papillons de nuit.

Elle murmure quelque chose. Bonne nuit, Salimeh. 

J'hésite un peu. Mais le moment est propice, et… j'ai un bon pressentiment.

Alors je prends sa main, avec toute la douceur dont je suis capable, et dépose un baiser timide sur le haut de son crâne. J'attends quelques secondes, le cœur battant. Un fin sourire naît sur ses lèvres. Elle ne s'est pas écartée. 

– Bonne nuit, Sharon… Je t'aime, je murmure contre son crâne.

Et de sa voix ensommeillée, elle me souffle sa réponse. Deux mots. C'est tout ce dont mon cœur a besoin pour exploser comme un feu d'artifice.

– Moi aussi.

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