Et voici le dernier chapitre... Enfin il reste encore l'épilogue après, mais il sera assez court.

Savourez donc ce dernier chapitre !

Bonne lecture !

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— Harry —

Le week-end est passé beaucoup trop vite. J'aurais aimé que Drago reste plus longtemps, mais je comprends qu'il ait besoin de rentrer chez lui. D'autant plus qu'il a rendez-vous avec son psy cet après-midi. Et moi avec la mienne demain. L'un comme l'autre avons beaucoup à débriefer. L'anniversaire, Victoire, le poste à Gringotts, le sexe.

— Tu veux que je vienne ce week-end ? je demande à un Drago au visage modifié par le chapeau Change-De-Tête.

Je sais que le but est qu'il soit méconnaissable, mais je n'aime pas du tout les cheveux bruns sur lui. Et ne parlons pas de ce nez épaté qui jure complètement avec le reste de son visage. Mais au moins, ses yeux sont intacts, aussi je concentre mon regard sur eux.

— Si tu veux, mais je croyais que tu avais une dédicace ?

— Samedi après-midi, mais je peux prendre un Portoloin en début de soirée.

— Ça me va.

Autour de nous, les sorciers vont et viennent. Le lundi matin, le terminal de transfert est toujours bondé. Je sais que deux ou trois m'ont déjà reconnu malgré la capuche que j'ai rabattue de façon à dissimuler mon visage. J'aurais pu utiliser un Change-De-Tête moi aussi, mais ces derniers temps j'essaye au maximum de m'en passer. Après des années à ne pas mettre un pied dehors sans, j'apprends à me réapproprier mon apparence et surtout mon image publique. Je suis Harry Potter et cela n'est pas prêt de changer. Je ne peux pas passer ma vie à me cacher. D'ailleurs, je n'en ai pas envie. Je n'en ai plus envie.

Il y a eu un article dans la Gazette avant-hier, suite à l'arrivée de Drago. Avec une photo volée de nous deux, main dans la main, marchant à toute vitesse à travers les couloirs du Ministère. Heureusement, pas je ne sais quel miracle, Drago n'a pas été reconnu. Mais cela n'empêche pas le journaliste d'émettre l'hypothèse d'un « nouveau petit ami ». Et il a parfaitement raison. Bien que Drago ne soit pas du tout « nouveau » dans ma vie. Au contraire.

J'imagine que demain matin, il y en aura un nouveau. « Harry Potter et son mystérieux petit ami français », car je ne doute pas qu'ils réussiront au moins à connaître sa destination. Je croise juste les doigts pour que l'agent de la douane tienne sa langue. Il y est normalement tenu légalement, mais... on parle de Drago Malefoy.

Étonnamment, Drago n'a pas l'air stressé. Il l'était un peu avant de partir, mais il semble s'être calmé depuis. Peut-être que le fait de savoir qu'il sera bientôt rentré chez lui l'aide à supporter la pression. Il reste néanmoins à bonne distance de moi, évitant de me toucher.

— Bon eh bien... je vais y aller, déclare-t-il en lançant un regard vers la file d'attente.

— Ouais.

C'est bizarre. D'habitude quand il m'accompagne pour prendre mon Portoloin, il n'hésite ni à me prendre dans ses bras, ni à m'embrasser. Pas très sûr de moi, je fais un geste pour lui prendre la main, suffisamment lentement pour qu'il ait le temps de m'arrêter. Mais il se laisse faire et me lance un regard inquiet.

— Tout le monde est déjà au courant que j'ai un nouveau mec, j'explique en haussant les épaules.

Même si une nouvelle photo fuite dans la presse, ça ne changera pas grand chose. Tant que Drago ne risque rien, ça ne me gêne pas. Ou du moins, j'essaye de travailler dessus.

— Comme tu veux.

Son pouce caresse le dos de ma main. Je lui souris, me concentrant pour visualiser son vrai visage.

— J'ai passé un très bon week-end, Harry. Merci.

— C'est à moi de te dire merci. Le fait que tu viennes, c'est... c'est super. Tu peux être fier de toi. J'espère que tu pourras revenir.

Et que tu postuleras à Gringotts, je complète pour moi-même. Mais ça, je ne peux pas le lui dire. Je n'ai pas le droit de le pousser à prendre une telle décision. Venir vivre en Angleterre avec moi. Je l'ai déjà encouragé à postuler ce matin quand il m'a parlé de la proposition de Bill et il m'a entendu. Le reste doit venir de lui. Mais j'espère, oui j'espère qu'il finira par accepter de déménager. Dans le cas contraire... Teddy ira à Poudlard dans deux ans. À ce moment-là, peut-être pourrais-je envisager de le rejoindre en France ? Après tout, cela ne m'empêchera pas de rendre visite à mes amis le week-end. Et il faut admettre que vivre en France serait beaucoup plus facile pour moi. J'y serai presque anonyme. Et on n'aurait pas à se soucier des paparazzis comme aujourd'hui.

Est-ce que Drago est prêt à m'attendre aussi longtemps ? Deux ans, c'est peut-être beaucoup demander... Et en même temps, je ne me vois pas déménager dans un autre pays alors que je commence enfin construire la relation dont je rêvais avec Teddy.

— Je vais tout faire pour.

Je sens au ton de sa voix qu'il est sincère. Ça me rend heureux. Je serre sa main un peu plus fort dans la mienne. Il me sourit.

— Est-ce que je peux t'embrasser ? murmure-t-il en jetant des regards à gauche et à droite.

J'ai un temps d'arrêt. Ici ? Devant tout le monde ? Je prends un instant pour parcourir le terminal du regard. La plupart des sorciers sont occupés par leur propre vie et ne nous prêtent aucune attention. Je ne repère qu'un petit groupe de trois sorcières qui me dévisagent avec intensité, et détournent brusquement la tête après avoir croisé mon regard.

— Laisse tomber, c'était une idée stupide, se reprend Drago.

— Non, non... j'assure. Bien sûr que tu peux.

— Et si quelqu'un prend une photo ?

— Ça sera pas la première fois qu'on me voit rouler une pelle à un mec.

Je repense à cette photo d'Oscar et moi en grimaçant. Non, ça ne peut pas être pire. Drago ne semble pas apprécier ce rappel de ma relation avec son cousin. Son cousin éloigné, mais son cousin quand même. Merde, j'aurais quand même pu éviter de taper dans sa famille... J'ai un peu honte, même si je ne peux pas regretter. Je regrette de ne pas avoir trouvé la lettre de Drago, bien sûr, mais pas d'avoir essayé de passer à autre chose. J'ai fait ce que j'ai pu avec les informations dont je disposais sur le moment.

Drago fait un pas vers moi, pose ses mains sur mes hanches. J'essaye de faire abstraction, mais c'est vraiment étrange que ça ne soit pas vraiment lui. Malgré moi, j'ai un mouvement de recul.

— Harry ?

— Désolé, c'est juste que... c'est bizarre avec le Change-De-Tête. Mais je vais fermer les yeux. Désolé.

Je m'exécute sans attente. Voilà, c'est mieux. Ainsi, je peux visualiser Drago. Ses cheveux blonds qui ont maintenant retrouvés leur longueur, son petit nez retroussé, son front parfaitement proportionné par rapport à l'ovale de son visage... Et j'attends. J'attends un baiser qui ne vient pas.

À la place, je sens la main droite de Drago quitter ma taille, puis entends le froissement d'un tissu.

— C'est mieux comme ça ?

Je rouvre les yeux.

Une cascade de cheveux blonds.

C'est la première chose qui me frappe. Les cheveux blonds sur la cape bleu nuit. Ils ondulent gracieusement, libres et éclatants. J'ai vraiment bien réussi mon sortilège.

Drago me fait face. Le vrai Drago. Son chapeau ensorcelé maintenant à la main. Je prends une profonde inspiration. Mes doigts se crispent sur les pans de sa cape.

Son regard gris est inquiet, sa respiration un peu hachée et ses joues rouges, mais il garde la tête haute et ne me quitte pas des yeux. Et moi non plus.

D'une main tremblante, j'attrape ma capuche pour la repousser dans mon dos, révélant moi aussi mon visage.

Ni l'un ni l'autre n'osons regarder autour de nous. Est-ce qu'on nous a remarqué ? Peut-être. Je ne veux pas le savoir.

C'est sans doute une énorme erreur. Une pulsion stupide que nous allons tous les deux regretter d'ici même pas dix minutes. Mais sur le moment... c'est un immense poids qui se lève de mes épaules. Une vague de soulagement me laisse le cœur battant et les jambes tremblantes.

On aurait sans doute dû en parler avant, mais pour ma défense, je ne pensais pas que cette occasion se présenterait sitôt. J'espère simplement que Drago a pleinement conscience de ce qu'il vient de faire. Qu'est-ce que je raconte ? Bien sûr qu'il a réfléchi son geste. C'est Drago. Il ne fait rien par hasard. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de demander tout bas :

— Tu es sûr ?

— Si c'est pas le cas, c'est un peu tard maintenant.

C'est vrai. Quelqu'un nous a forcément vu. Harry Potter et Drago Malefoy ? Impossible de passer inaperçu. Je sais que nous sommes observés sans avoir besoin de vérifier. Quelqu'un est peut-être même en train de chercher frénétiquement son appareil photo dans son sac.

— Et toi ? m'interroge Drago.

— Si ça te va, ça me va.

Il hoche la tête. Nous avons instinctivement remis une distance respectable entre nous. Mes bras ont retrouvé leur place le long de mon corps et Drago a mis ses mains dans ses poches. Être vus l'un avec l'autre est une chose, mais delà à afficher notre relation... Il est peut-être mieux de procéder par étape, même si en cet instant, tout ce dont j'ai envie, c'est de me jeter sur ses lèvres. Parce que je l'aime et parce que je suis heureux. Tellement, tellement heureux.

Par ce simple geste, mon avenir s'est éclairé. Notre avenir.

Un jour, oui un jour, nous serons ensemble. Un jour, nous vivrons dans le même pays. Un jour, nous n'aurons plus à nous cacher. Un jour, nous serons un couple. Un couple un peu différent, mal assorti et hors norme, car nous ne serons jamais comme les autres, mais un couple quand même. Et cet avenir-là, je le veux de toutes mes forces. J'en ai tellement rêvé. Je me battrais pour lui.

— Il faut que les gens s'habituent à nous voir ensemble, déclare Drago, toujours un peu fébrile.

— Oui, on peut y aller petit à petit. Montrer qu'on est amis. J'expliquerai que tu es venu à l'anniversaire de Teddy. C'est ton petit cousin après tout.

— Oui...

Ça n'empêchera pas les rumeurs, mais on peut bien faire semblant encore quelques semaines, quelques mois. Le temps de nous préparer. Mais je doute que tout le monde soit dupe. Le dernier procès de Drago a fait grand bruit et les théories sont allées bon train. Car même si Hermione avait réussi à obtenir un huis-clos, ça n'a pas empêché les sorciers présents de raconter ce qu'ils avaient vus. Et mes souvenirs étaient... évocateurs, pourrait-on dire.

— Tu crois qu'on va réussi à surmonter ça ? murmure Drago en baissant les yeux.

— « Ça » quoi ? La presse ?

Il hoche la tête. Je résiste à l'envie de le prendre dans mes bras pour le rassurer et me contente de répondre calmement :

— Je crois qu'on n'a pas le choix, Drago. Ou alors il faut qu'on déménage à l'autre bout de la planète.

— Il paraît que l'Australie est un très beau pays, me répond-il avec un sourire forcé.

— Avec les serpents venimeux, les araignées grosses comme des caniches et les crocodiles dans les rivières ? je m'étouffe.

Cette réplique a le mérite d'arracher un rire à Drago.

— En plus il fait au moins 50 degrés l'été, c'est mort. Qu'est-ce que tu penses du Canada ?

— Pourquoi pas...

Je sais que ce n'est absolument pas une conversation sérieuse, mais ça me fait du bien de m'imaginer fuir sur un autre continent avec Drago. Rien que tous les deux. Recommencer à zéro. Comme deux sorciers anonymes. C'est presque tentant.

— Il faut que j'y aille, je vais rater le départ, me rappelle Drago.

— Oui, bien sûr.

Mais il ne bouge pas. Et moi non plus. On reste plantés l'un en face de l'autre à nous regarder.

J'ai du mal à respirer. Les regards me brûlent. Heureusement les murmures et commérages sont étouffés par le bourdonnement de mes oreilles. Je voudrais disparaître. Je pourrais. Il me suffirait de transplaner.

— J'ai envie de t'embrasser...

Je manque de ne pas entendre ce murmure. Mes yeux s'écarquillent. Drago tend la main... et attrape le bas de ma manche. Ses doigts fins se resserrent sur le tissu. Ses joues prennent rapidement une couleur rosée. En me concentrant, j'entends son souffle saccadé. S'il n'y avait pas autant de bruit autour de nous, je suis sûr que je pourrais entendre son coeur battre à tout rompre.

— Tu... tu es sûr ?

Je vois Drago ouvrir la bouche, mais avant qu'il ait pu me répondre, nous sommes surpris par un flash.

Mes mains retrouvent instantanément celles de Drago. Ce n'est pas un geste réfléchi, au contraire. C'est un réflexe. J'ai besoin de m'accrocher à quelque chose. Et à la façon dont Drago me serre les doigts au point où ça en devient douloureux, je comprends qu'il est dans le même état. Il est ma bouée, je suis son ancre.

Nouveau flash.

C'est fait.

Notre secret n'en est plus un.

On pourrait toujours nier, personne ne nous croirait.

C'est fini.

Foutu pour foutu, j'arrête de réfléchir.

Ses bras s'enroulent autour de ma taille, mes mains plongent au milieu de ses si longs cheveux. Ignorant mon cœur affolé et l'angoisse nouée dans mon ventre, je presse mes lèvres sur les siennes.

Je les entends. Les flashs, les hoquets de surprise, les commentaires.

Les émotions affluent. Toutes en même temps. Et je suis capable de les identifier une par une. J'ai peur et je suis inquiet, bien sûr. Je me sens vulnérable et un peu mal à l'aise. Agacé aussi, de ne pas pouvoir embrasser l'homme que j'aime sans attirer l'attention. Impuissant, parce que je sais que je ne peux rien y faire. Mais aussi amusé, heureux, et excité. Optimiste. Et libre. Tellement libre.

Je suis Harry Potter et j'embrasse Drago Malefoy. D'ici la fin de la journée, le monde entier sera au courant que le Sauveur du Monde Sorcier est tombé dans les griffes d'un ex-Mangemort et détenu. Mais je n'ai pas honte. Au contraire. Je suis fier.

Parce que je l'aime. Pour de vrai.

Pas d'un amour fantasmé rongé par les remords, la honte et la haine de soi. Pas d'un amour vengeur. Pas d'un amour nourri de violence et de colère.

Un amour sincère et lumineux. Je le mérite. Et Drago le mérite tout autant.

J'ignore où il nous emmènera, mais c'est un voyage pour lequel je m'engage avec certitude et confiance. C'est ce que je veux. La vie que je veux.

Et envers et contre tout, je la construirai avec Drago.

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Et voilà ! A un moment j'ai pensé faire une 5e partie dédiée à la gestion de leur image publique, les journalistes, le scandale people. Mais je crois que je suis trop fatigué de cette fic pour ça ^^' ça fait presque 3 ans que je suis dessus, il est temps pour moi de la clore ! Mais je trouve que ce chapitre était un bon compromis pour montrer qu'ils allaient avoir de nouvelles épreuves, mais qu'en même temps ils sont prêts à se soutenir l'un l'autre.