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Chapitre 39 : Drago

Bonjour !
Voici un nouveau chapitre ! Je suis décidé à terminer la partie 4 de cette fic dans les semaines à venir, souhaitez-moi bonne chance !
Bonne lecture ^^

— Drago —

Il pleut. Il a plu toute la journée et nous n'avons pas mis un pied dehors. Pas envie, pas besoin. Et c'était un bon prétexte pour passer la journée enfermés. Plus précisément au lit. Ce n'est pas quelque chose que je fais souvent, au contraire. Malgré le chômage, je me force à me lever tous les matins avant 9h et à m'habiller. Mais quand Harry est là... c'est différent. Quand Harry est là, je profite. Parce que je sais qu'il ne reste jamais longtemps. Et que demain, il rentrera à Londres.

J'ai souvent envie qu'il reste. Mais je ne lui demande jamais. Je sais qu'il a des choses à faire. Ses livres à écrire – il n'arrive pas à travailler s'il n'est pas à son bureau –, son éditeur à rencontrer, ses amis à voir, son filleul à aller chercher à l'école, des dédicaces à signer. Il a une vie en dehors de moi. En dehors de nous. Parfois j'en suis jaloux. Parce que moi, je n'en ai plus. Et ça me manque. J'aimais mon travail et j'aimerais en retrouver un.

Mais mes recherches ne donnent rien. Je réalise la chance que j'ai eue de trouver un travail aussi facilement après mon diplôme. Les postes de maître des sortilèges ne courent pas les rues. Et quand il y en a, ils sont monopolisés par des sorciers plus âgés et de bonne famille (car le nom Malefoy n'est plus un laisser-passer aujourd'hui), et ils ne sont pas prêts de laisser leur place. Pour les rares postes accessibles : soit je suis sur-qualifié et sur-diplômé, soit trop jeune avec pas assez d'expérience en management. Et quand j'ai le bon profil, c'est mon casier judiciaire qui les refroidit, et à raison. Ou le fait que je sois ouvertement gay, mais ça, ils ne le disent jamais donc difficile d'en être certain.

Harry a posé sa tête sur mon épaule, ses cheveux me chatouillent le cou lorsqu'il bouge. L'une de ses mains dessine de petits cercles sur mon torse. J'aime l'avoir tout contre moi. Sans aucun vêtement pour nous séparer. Il a été compliqué de retrouver cette intimité, mais en ayant l'assurance que je n'initierai rien de plus, Harry s'est beaucoup détendu. Et aujourd'hui, je peux savourer le plaisir et le réconfort de sa peau brûlante contre la mienne. Il a toujours le corps chaud, alors que j'ai constamment froid. Parfois, il me reproche en riant de n'être avec lui que parce qu'il peut me servir de bouillotte. Parfois, je ris aussi.

— Et si tu te mettais à ton compte ? me demande Harry.

— Je n'arrive déjà pas à trouver un seul employeur, alors plusieurs clients ?

— Dis comme ça...

Il ne me relance pas. Tant mieux. Je n'ai pas envie d'en parler.

Les premiers mois de recherche d'emploi n'étaient pas si terribles. Je trouvais des choses à faire et c'était l'occasion de me reposer. Mais ça fait six mois maintenant et je commence à trouver le temps long...

Les caresses d'Harry ont repris. Plus appuyées. Je ferme les yeux et essaye de me détendre. Ses doigts s'attardent sur mes épaules, mes côtes et bien sûr mes cicatrices. Je me demande ce qu'il peut bien penser quand il les regarde. Se sent-il encore coupable ? Est-il dégoûté ? Effrayé ? Gêné ?

— T'es beau.

— Ou alors tu as juste un faible pour les repris de justice ? répond-je avec sarcasme.

— Peut-être... surtout quand ils sont blonds.

— J'ai de la chance que mon père soit jamais sorti de prison...

Ça le fait rire. Je souris. Il se blottit un peu plus contre moi et je passe mon bras autour de ses épaules. J'aime l'avoir dans mes bras comme ça. L'envie de l'emprisonner et de ne jamais le laisser partir me traverse l'esprit. Si seulement je pouvais l'avoir tout pour moi, uniquement pour moi. Mais peut-être qu'on s'ennuyait à force ? Sûrement. Ou on en viendrait à se détester. Il y a eu une époque où nous nous voyons tous les jours et on ne peut pas dire que ce fut une réussite.

— T'es beau, Drago, répète-t-il à voix basse.

J'ai envie de croire qu'il le pense vraiment. Que Harry Potter peut réellement trouver beau un homme couvert de cicatrices et avec la Marque des Ténèbres. Et qu'il n'a pas des flash-backs de la guerre à chaque fois qu'il me regarde.

— Elles te font encore mal ?

Ce n'est pas la première fois qu'on me pose cette question. J'ai répondu « non » à chacune de ces occasions. Parce que je savais que c'était la réponse attendue. Les gens ne veulent jamais vraiment savoir si mes cicatrices faisaient mal. Leur question sous-jacente est surtout : qu'est-ce qu'il s'est passé ? Certains ne s'embarrassent même pas des convenances, posant la question fatidique de but en blanc. Souvent, je réponds simplement « magie noire ». Je ne raconte pas que le Sauveur du Monde Sorcier m'a tailladé les membres et le buste dans les toilettes de l'école avec un sort interdit. Ni que c'est arrivé parce qu'il me soupçonnait d'être un Mangemort. Et qu'il avait raison. Je ne raconte pas non plus avoir été torturé pendant des mois par le plus grand mage noir du siècle. Je leur épargne les détails. Ou je les cache.

Avec Harry, c'est différent. Parce qu'il est responsable de la plupart de ces cicatrices. Et je sais qu'il veut vraiment savoir si elles sont douloureuses ou non, presque dix ans après. Il ne m'a encore jamais posé la question, quand bien même lui brûlait-elle les lèvres depuis tout ce temps.

— Ça dépend des jours. Surtout quand je fais trop d'efforts. Mais j'ai des potions pour ça.

— Je sais que je te l'ai déjà dit, mais je suis désolé.

— Elles ne sont pas toutes à toi, lui rappelé-je pour le taquiner.

Harry relève la tête pour me regarder dans les yeux.

— Mais j'aurais peut-être pu t'éviter les autres si...

— Arrête, Harry. Arrête avec les si.

Avec des si, on mettrait Poudlard en bouteille. Certains ont essayé et ont eu quelques problèmes.

— Si tu pouvais les faire effacer, tu le ferais ?

— Peut-être. Difficile de savoir. Je ne vois pas à quoi ça sert de l'imaginer alors que je sais pertinemment que ça n'arrivera pas.

Je glisse mes doigts dans ses cheveux. Ils sont tellement épais. Pas étonnant qu'il ait du mal à les coiffer.

— Et toi ? Elle te fait mal ?

Disant cela, j'effleure la peau boursoufflée de sa cicatrice. Avec le temps, j'ai appris à connaître ses creux et ses bosses. Sa couleur, sa texture.

— Non. Elle a arrêté de me faire mal quand il est mort, explique Harry.

— Comme la Marque ?

— Comme la Marque.

Elle est totalement inerte maintenant, comme un simple tatouage moldu. Elle est aussi beaucoup plus pâle qu'avant. Je pensais qu'elle disparaîtrait totalement, je l'espérais même. Après tout, celle de mon père avait disparu la première fois. Mais non. Pas cette fois.

Les gouttes de pluie tapent contre la vitre à un rythme apaisant. Ce son me rappelle Poudlard. Le dortoir de Serpentard était situé sous le lac, on entendait constamment le bruit de l'eau. Et il y faisait plus humide que n'importe où dans le château. Plus frais aussi.

— Je suis allé au Manoir Potter avec Ron dimanche dernier.

Je ne dis rien. Ce n'est pas la première fois qu'Harry y retourne depuis notre première visite. Je ne dirais pas qu'il y va souvent, mais il explore les pièces petit à petit, essayant de retracer l'histoire de sa famille comme on ferait un puzzle.

— Sirius avait une chambre au deuxième étage.

Sirius. Celui dont on ne doit pas prononcer le nom. C'est toujours Harry qui amène le sujet sur la table. Je sais à quel point c'est difficile pour lui. La guerre est un sujet dont nous parlons tous les deux. Pas forcément facilement, mais nous faisons de notre mieux. Mais Sirius est un cas à part et je l'ai appris à mes dépends. Sa mort est un trop grand traumatisme. Non pas que cet événement soit le « pire » dans la liste de tout ceux qu'Harry a vécus, mais c'est l'un de ceux qui a eu le plus d'impact. Peut-être parce qu'il est arrivé au moment où il était le plus fragile. Isolé, traité de menteur par le monde sorcier, insulté dans la presse, harcelé par... moi, et d'autres. Tout ça au moment où il apprenait que l'avenir de notre monde dépendait de lui. C'était trop pour un adolescent déjà fragile et traumatisé.

On dit parfois que ce qui ne nous tue pas non rend plus fort. C'est faux. Les traumatismes nous fragilisent tous. Et on traînera certains toute notre vie. Ou à défaut, on devra se battre pour ne pas se laisser dévorer par eux.

— Il a emménagé avec Remus après Poudlard, donc il n'y avait pas toutes ses affaires, mais il y a quand même des trucs qui sont restés au manoir. Des livres de cours, son matériel de Quidditch....

— Tu as récupéré certains objets ?

— Non, répond immédiatement Harry. Enfin si, se reprend-il.

Je fronce les sourcils. Il s'est un peu détaché de moi de façon à s'allonger sur le dos, la tête sur l'oreiller. À mon tour de me mettre sur le côté pour le regarder.

— J'ai... j'ai pris ses lettres. Enfin, celles qu'il avait reçues. D'Andromeda, de Remus, de Peter, de son frère aussi.

Je fais tout de suite le lien.

— Entre ça et la correspondance de Lupin que ma tante t'a passée, tu vas pouvoir reconstituer pas mal de choses, non ?

— C'est un peu le but. J'ai aussi celle de Regulus, que j'avais récupérée au Square Grimmaud. Et je pense que celle de mon père doit être dans sa chambre. Ou en tout cas, les lettres de l'époque de Poudlard.

— Si ils ont pensé à dater leurs lettres, tu vas pouvoir tout remettre dans l'ordre !

— C'est l'idée...

Contrairement à ce que j'avais imaginé, Harry n'a pas l'air très enthousiaste. C'est pourtant une bonne nouvelle, n'est-ce pas ? C'était ce qu'il voulait : en savoir plus sur l'histoire de sa famille, de son parrain, de Lupin.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu n'es pas heureux d'avoir retrouvé tout ça ?

Il pousse un profond soupir, les yeux toujours rivés au plafond.

— Si, si... c'est cool, mais... ça me tue de penser que j'aurais pu simplement leur poser plus de questions à l'époque où ils étaient encore en vie.

— Ce n'est pas comme si tu avais eu énormément d'occasions non plus...

— C'est vrai.

C'était la guerre. Personne n'avait le temps pour se poser autour d'un thé pour discuter du passé. Surtout pas les adultes. Et nous, nous avons Poudlard. Et Harry avait Voldemort sur le dos. C'était compliqué.

— Je crois que je lui en veux, lâche Harry après une minute de silence.

— À qui ?

— À Sirius.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il aurait dû me raconter tout ça lui-même ! Ou au moins me dire « eh Harry, ça te dirait d'avoir les lettres de ton père et de ta mère ? Et au fait, tes grands-parents avaient un manoir, peut-être que tu devrais y faire un tour ? » Merde, c'est pas comme s'il avait pas eu le temps ! Il avait que ça à foutre au Square Grimmaud, et j'y ai passé toutes mes vacances en cinquième année !

Je le laisse cracher sa colère, mais me décolle de lui. Il ne se rend pas compte... Ce qu'à vécu mon cousin est... C'est normal qu'il lui en veuille, je sais. Et oui, peut-être a-t-il raison : Sirius aurait dû lui raconter davantage de choses. De façon générale, les adultes autour de lui auraient dû s'occuper de lui. Et lui parler. Mais Sirius... Sirius avait au moins une bonne excuse. C'est peut-être même celui qui a fait tout son possible. Du mieux qu'il pouvait. Même si ce n'était pas beaucoup.

— Pourquoi tu fais la gueule ?

Je suis moins doué pour dissimuler mes émotions que je le pensais. Ou peut-être Harry a-t-il enfin appris à me décrypter.

— Rien, laisse tomber.

— Non bah si t'as un problème, dis-le ! Dis ce que tu penses !

Maintenant, c'est contre moi qu'il s'énerve. Moi qui n'ai rien fait, rien demandé. Je me redresse dans le lit, faisant fi de ma nudité.

— Je ne te permets pas de me parler comme ça.

— Et toi t'as pas à me juger ! Merde j'ai le droit d'être en colère !

— Et moi j'ai le droit de trouver que t'es gonflé de reprocher à un homme qui a passé douze ans à Askaban d'avoir quelques difficultés à communiquer !

Voilà, c'est dit.

Harry accuse le coup. Il me dévisage en silence et je ne peux m'empêcher de baisser les yeux. Je n'aurais peut-être pas dû dire ça. Et certainement pas de façon aussi abrupte. Harry se redresse sur ses coudes et se rassoit le dos contre la tête de lit.

— Excuse-moi, finit-il par dire.

— C'est rien, c'est juste que... Harry, il avait toutes les raisons du monde d'avoir du mal à parler de tout ça. De tes parents, de son couple qui a été enterré le soir-même où il a été arrêté, de sa vie d'avant. Je sais qu'il était Animagus mais... douze ans, Harry.

Il sait que j'ai raison. Il s'en rend compte maintenant. De toute évidence, il avait besoin que quelqu'un le lui rappelle. Moi, c'est la première chose à laquelle je pense lorsque j'entends le prénom de mon cousin : douze ans à Azkaban. Quatorze ans pour ma tante et mon oncle. Sept ans pour mon père. Un seul pour moi.

— Non mais... t'as raison. Pardon. Je voulais pas...

— Je sais que c'était pas ton intention, mais tu as un peu trop tendance à oublier ce que ton parrain a vécu.

Et ce que toute la génération de nos parents a vécu. Je ne m'en rends compte qu'aujourd'hui, parce que quand j'étais enfant, je ne réfléchissais pas à ce genre de choses. Mais ma mère a vu sa famille s'éteindre sous ses yeux. Ses parents morts pendant la guerre, une sœur en prison, une sœur reniée, un cousin porté disparu, un cousin en prison. C'est un peu comme si elle s'était retrouvée soudainement dernière des Blacks. Elle était seule comme si c'était le cas. Je sais ce que c'est. Moi, le dernier des Malefoys.

— La prison détruit les gens, Harry. Et à l'époque des Détraqueurs c'était encore plus vrai. Les seules personnes qui ont réussi à survivre autant d'années sont celles qui étaient les plus... tenaces. Obsédées et dévouées à quelque chose qui dépassait la seule envie d'être libre et le simple instinct de survie.

Sirius, c'est sans doute le besoin de se venger ses amis qui l'a fait tenir. Pour ma tante, c'était le désir de retrouver son maître. Seuls les plus fanatiques ont survécu. Les autres sont morts derrière les barreaux au bout de deux ou trois ans.

— Et quand tu sors... tu n'es plus la même personne. Honnêtement, s'il n'y avait pas eu ma mère pour s'occuper de moi, je ne pense pas que j'aurais réussi à m'en remettre. Mon cousin... il a été en cavale pendant, quoi ? Deux ans ? Tout seul, avec les Détraqueurs au trousse, la peur de retourner en prison... Je ne sais pas comment il a fait, comment il a réussi à survivre. Et pourtant, il l'a fait. Et malgré tout ça, il a réussi à être un peu là pour toi. Pas assez, c'est sûr, mais il a fait de son mieux.

Ma tirade laisse Harry muet. Il joue avec le drap et évite mon regard. J'espère qu'il a un peu honte. J'ai envie qu'il comprenne. Ou qu'il essaye. Parce que Azkaban, moi je sais ce que c'est. J'y ai survécu. Et je n'aurais jamais tenu douze ans. Je sais que ce n'est pas une compétition, mais... En un sens, je me sens proche de Sirius sur ce point. Je ne devrais pas en avoir le droit, parce que lui était innocent et moi coupable, mais c'est plus fort que moi. Rien que d'imaginer passer tout ce temps là-bas, à la merci du vent glacial et des Détraqueurs, mon sang se glace.

Quelque chose m'effleure le dos de la main. Je sursaute. Ce n'est que la main d'Harry. Je soupire de soulagement, il m'a pris par surprise. Je le laisse glisser ses doigts entre les miens. Il me regarde avec ses grands yeux verts et mon cœur fond.

— Tu veux... tu veux en parler ?

Je savais que si je mentionnais mon année en prison, Harry me poserait cette question. Etrangement, je ne suis ni gêné, ni en colère. Au contraire. Je suis presque soulagé.

— Il n'y a pas grand chose à raconter. On était constamment enfermés, les Détraqueurs nous rendaient visite plusieurs fois par jour, mais même quand ils n'étaient pas devant ma cellule, je les sentais de loin. Il faisait froid, humide et on était à peine nourris. Les premiers mois, j'ai eu la chance d'être à côté de mon père, donc quand on était tous les deux lucides, on pouvait se parler. Ça n'arrivait pas très souvent, mais ça m'aidait à tenir. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de nos conversations, mais je crois qu'on essayait surtout de se rappeler de souvenirs heureux, de mon enfance principalement. Ou parfois il s'excusait pendant des heures pour... tout et rien. Ce n'était jamais très cohérent.

Pardon Drago, pardon. Tout est ma faute. C'est ma faute. Tout est ma faute. Tu devrais être dehors avec ta mère. Ta mère, elle a besoin de toi. Ta mère... elle ne me pardonnera jamais. De toute manière, je ne mérite pas son pardon. Ta mère, Drago. Où est Narcissa ? Narcissa... Drago, Drago, Drago... Ecoute-moi !

Je repousse ces souvenirs. Pas maintenant.

— Après ils m'ont changé de cellule et mis à côté d'un des loup de Greyback. Il pouvait passer des heures à m'expliquer comme il s'y prendrait pour me mordre, me violer et me tuer. Donc j'ai passé le reste de l'année à faire des cauchemars. Quand je suis sorti, j'étais tellement faible que je n'arrivais plus à marcher et j'avais perdu 20 kg. Fin de l'histoire.

Je débite tout ça avec une indifférence feinte. C'est plus facile de raconter les faits de façon brute, sans rentrer dans les détails.

J'ai un moment d'absence. Quelques secondes, une minute ? Ce que je sais, c'est que l'instant d'après, je me retrouve dans les bras d'Harry. Il me serre contre lui et caresse mes cheveux.

— Je suis tellement désolé que tu aies dû vivre ça... et soulagé qu'on ait réussi à les chasser d'Azkaban.

Chasser qui ? Oh. Les Détraqueurs. C'est vrai. Il y avait les Détraqueurs. Mais était-ce vraiment ce qu'il y avait de pire à Azkaban ? Je ne saurais dire. Et les dix jours que j'y ai passé cette année m'ont bien prouvé que même sans Détraqueurs, cette prison n'est pas moins un enfer.

— Parfois, je me demande à quoi ça sert... murmuré-je.

— De quoi ?

— La prison.

Harry ne répond pas. Mon visage dans son cou, impossible d'étudier son expression et de deviner ce qu'il pense. Je regrette presque d'avoir émis une telle pensée à voix haute.

— Je comprends qu'il faille punir les sorciers qui... enfreignent la loi, font du mal aux autres. Et que c'est un moyen pour les victimes d'obtenir justice, mais... Azkaban, encore aujourd'hui, tu en ressors pire qu'avant. Je ne crois pas que cette prison aide qui que ce soit à réfléchir à ses actions et que le système encourage à mieux se comporter à la sortie. Et à ne pas recommencer.

— Pourtant tu...

Il ne termine pas sa phrase, mais je comprends ce qu'il sous-entend « ça a bien marché sur toi ». Je le recadre immédiatement :

— Je ne croyais déjà plus à l'idéologie de Voldemort avant d'y entrer. Et j'avais déjà compris que j'avais fait les mauvais choix. Ce n'est pas Azkaban qui a fait de moi une meilleure personne, c'est... je ne sais pas, voir de mes propres yeux le malheur et la guerre autour de moi. Réfléchir, écouter, lire. Si on m'avait arrêté et envoyé à Azkaban à la fin de ma sixième année, je serais peut-être devenu comme ma tante.

Le plus fidèle des Mangemorts. Oui, c'est possible. J'aurais tellement eu la rage que la prison m'aurait poussé sur le mauvais chemin. Et j'aurais été heureux de m'y engager.

— Alors peut-être qu'on s'en fiche de créer des personnes encore plus violentes et plus extrémistes quand on parle de condamnés à la prison à vie, parce qu'on suppose qu'elles ne sortiront jamais. Mais ce n'est pas la majorité des détendus. Je suis désolé, mais je pense qu'on ferait mieux de faire en sorte que les sorciers n'aient plus envie de recommencer ou reviennent sur le droit chemin, appelle ça comme tu veux. Et qu'on ait la possibilité de se réintégrer à la société. Si je n'avais pas pu immigrer en France, qu'est-ce que j'aurais fait ? Personne ne voulait m'embaucher, personne ne voulait avoir affaire à moi. J'aurais fini dans l'Allée des Embrumes et j'aurais continué dans la Magie Noire. Parce que ça aurait été le seul endroit où je me serais senti à ma place.

J'ai tellement de choses à dire. Trop de pensées qui affluent. Les conditions de détention, la réintégration, le suivi psychologique. Le baiser du Détraqueur. Cette abomination qui est toujours en vigueur. Car oui, même si les Détraqueurs ne sont plus gardiens d'Azkaban, il n'empêche que le Ministère ne se prive pas d'avoir appel à eux de temps en temps. Et les autres pays ne sont pas forcément des exemples. Utiliser des créatures maléfiques et cruelles est monnaie courante.

— Je n'ai jamais vraiment réfléchi à tout ça, confesse Harry. Enfin, pas depuis que j'ai milité pour le retrait des Détraqueurs d'Azkaban.

— C'était un début, c'est sûr. Mais il y a encore tellement à faire.

— Tu devrais faire de la politique.

Cette fois, je lâche un petit rire. Moi, de la politique ? Personne ne veut d'un ancien Mangemort en politique. Surtout pas moi. Ce serait malvenu. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir des idées.

— Je t'aime, déclare Harry en caressant ma nuque.

— Moi aussi.

— Et je pense que tu as raison. Envoyer les gens en prison pour qu'ils en ressortent sans aucune intention d'être de meilleures personnes est contre-productif.

Ça me fait du bien qu'il soit d'accord avec moi. Lui, le Sauveur du Monde Sorcier. Le Défenseur de la Veuve et de l'Orphelin.

— Qu'est-ce qu'on devrait faire, selon toi ?

Je me détache d'Harry, les membres un peu engourdis d'avoir été recroquevillé contre lui.

— Tu veux vraiment savoir ?

— Bien sûr.

Il a l'air sincère. Heureusement qu'il a du temps devant lui et rien d'autre à faire, parce que j'ai beaucoup d'idées.

*****


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