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Chapitre 29 : Drago




Bonjour !

J'espère que vous allez bien  ^^

On se retrouve pour un nouveau chapitre, juste après le procès. Normalement vous devriez être un peu soulagés. Un peu x)

*******

Je sors de la salle d'audience dans un état second. C'est vraiment  terminé ? J'ai du mal à y croire. Hermione sort de son sac une barre  chocolatée de chez Weasley Frères et me force à l'avaler. J'obéis sans  discuter. C'est difficile. Je mâche péniblement. J'ai du mal à avaler.

— On dirait que tu vas t'évanouir d'une minute à l'autre ! Franchement, on devrait les poursuivre pour...

Je n'ai plus de forces. Je me laisse glisser contre le mur du  couloir. Les jurés passent devant nous pour rejoindre leurs bureaux. Je  sens leur regard et j'entends les murmures, mais je n'ai clairement plus  assez d'énergie pour donner le change. Je suis épuisé. Moralement et  physiquement.

— Mange, ça te fera du bien, insiste Hermione en s'accroupissant face à moi.

Je hoche la tête, me force à terminer. C'est trop sucré, ça m'écœure.  Mais elle a raison, il faut que je mange. Et que je boive. Elle le  devine et sort immédiatement une gourde de son sac.

Je ne comprends pas pourquoi elle s'inquiète, pourquoi elle s'occupe  de moi. Le procès est terminé, elle a gagné et je lui en serai redevable  toute ma vie mais... pourquoi elle reste ? On n'est même pas amis. Enfin,  je suis venu à l'anniversaire de son mari, mais c'est tout. Harry me  déteste. Elle m'avait prévenu en plus. Qu'il ne pardonnerait jamais  l'abandon. En toute logique, elle devrait plutôt m'en vouloir ?

— Dès que tu peux te relever, je t'emmène à Sainte Mangouste.

Non. Ça suffit. Pas Sainte Mangouste. Pas encore des sorciers et des sorcières qui veulent me voir mort ou emprisonné.

— Je veux juste rentrer chez moi. J'irais à l'hôpital à Paris, soufflé-je entre deux gorgées.

Elle reste silencieuse un instant et se relève. Elle lisse les plis de sa robe avec ses mains.

— Je comprends. Je... je peux aller chercher ta baguette pour toi et te trouver un Portoloin. Enfin si ça te va ?

J'aime cette idée. Mais nous sommes interrompus par l'arrivée de Weasley.

— Pas la peine, je viens d'aller la récupérer. Tiens Malefoy.

Je relève la tête. Ils sont tous les deux face à moi. Weasley s'est  un peu baissé pour me tendre ma baguette. Je le dévisage. Pourquoi ils  sont tous les deux aussi attentionnés ? C'est un piège ? Je n'ose pas  faire un geste pour récupérer ma baguette. Ils cachent quelque chose. Je  ne sais pas quoi, mais leur attitude est suspecte. Peut-être que tout  ça n'était qu'une mise en scène ? Une mascarade pour me piéger ?  Peut-être qu'ils me surveillent et que si je reprends ma baguette, ils  me renverront à Azkaban ?

Je ne veux pas y retourner. Non, pas encore. Pitié, ne me faites pas y  retourner. Je ferais tout ce qu'ils veulent. Qu'ils brisent ma  baguette, ça m'est égal ! Mais ne me renvoyez pas là-bas !

Weasley et Hermione m'observent avec de grands yeux ronds. C'est quoi  leur problème ? Qu'est-ce qu'ils me veulent ? Ils veulent se venger,  c'est ça ? Ils font semblant d'être gentils avec moi pour mieux pouvoir  l'humilier ? Mais je ne marche pas ! Je ne tomberai pas dans le piège !

— Bon bah... écoute, je vais la poser à côté de toi, hein ?

Weasley se baisse. Je me colle le plus possible au mur et remonte  instinctivement le bras pour me protéger. Qu'est-ce qu'il va me faire ?  Mais il ne fait que poser ma baguette près de moi. Elle roule sur  quelques centimètres avant de s'arrêter. Je ne dois pas la prendre.  C'est un test.

— Drago !

Sa voix. Je la reconnaitrais entre mille. Il apparaît entre ses amis.  Harry. Qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi il me regarde avec ces yeux  là ? Comme si... comme s'il se souciait de moi. C'est incompréhensible. Il  me hait. Tous les trois, ils me détestent. Je suis leur ennemi. Je leur  ai fait du mal. Ils veulent sans doute me punir en retour. Se venger.  J'ai peur. Ils se parlent entre eux. Je n'entends pas. Mes mains  tremblent. Qu'est-ce qu'ils vont me faire ? Je suis à leur merci. Je  pourrais faire un geste pour récupérer ma baguette et me défendre, mais  qui me dit qu'ils ne l'ont pas piégé ? C'est peut-être un leurre. Ce  n'est pas ma vraie baguette.

Harry s'accroupit à mon niveau. Il tend la main vers moi, je me  recroqueville et ferme les yeux, attendant le coup. Mais sa main se pose  sur mon bras avec douceur. Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il se  passe ?

— Drago, c'est moi... regarde-moi. Tu me reconnais ?

Bien sûr que je le reconnais. Comment pourrais-je oublier Harry  Potter ? Il me déteste. Et moi je l'aime. Je ne veux pas le regarder. Si  je le regarde dans les yeux, il saura. Il saura que je l'aime. Je ne  veux pas qu'il sache.

— Drago, tu es au Ministère de la Magie. On vient de sortir de ton  procès, tu te souviens ? Tu as blessé accidentellement une moldue après  notre dispute. Tu étais venu me voir parce que tu avais lu dans le  journal que je sortais avec Oscar, ton cousin.

Qu'est-ce qu'il raconte ? Je ne comprends pas.

— Tu as été emprisonné pendant dix jours. Maintenant c'est fini. Ils  ont reconnu que c'était un accident. Tu as été libéré et tu as le droit  de récupérer ta baguette. Tout va bien. Tu vas pouvoir rentrer chez toi à  Paris.

Je rouvre les yeux. Son regard vert me transperce. Sa main sur la  mienne. Il glisse ma baguette entre mes doigts. Mon cœur bat des records  de vitesse.

Ça y est. Je me souviens.

Le procès. L'accident. Harry et Oscar.

Azkaban.

Le verdict. Hermione.

Je retrouve mes esprits petit à petit.

Inspire. Expire.

Ça va aller. Je suis en sécurité. Tout va bien. Je ne retournerai pas  à Azkaban. Ce n'est pas un piège. C'est seulement dans ma tête.  Personne ne m'en veut. Enfin si, mais pas comme ça.

Je ne quitte pas Harry des yeux. Je me souviens. Les lettres. Ses  baisers. Sa colère. Son mépris. Ça, j'aurais préféré l'oublier. Mais  c'est comme ça.

Je vais m'en sortir. Je vais me remettre. J'ai pris dix jours à  Azkaban, mais je les ai déjà fait. Ils ne vont pas m'y renvoyer. C'est  fini.

Je vais pouvoir rentrer chez moi.

Salazar, ça ne m'était pas arrivé depuis des années.

Je serre ma baguette entre mes doigts.

— Bois encore un peu d'eau.

C'est vrai que j'ai une gourde dans la main. Je bois. Harry a raison, ça me fait du bien.

Je prends conscience que nous sommes seuls dans le couloir. Weasley  et Hermione se sont un peu écartés pour nous laisser tous les deux. Je  suis mal à l'aise. Notre dernière conversation s'est plutôt mal  terminée. Je repense au souvenir qui a été montré pendant le procès.  Harry l'a forcément vu. Je dois lui faire pitié. Et peut-être qu'il se  sent responsable de mon emprisonnement. C'est bien son genre. Toujours à  porter le poids du monde sur ses épaules et à se sentir responsable des  erreurs des autres.

— Je suis désolé, murmure-t-il en relâchant enfin sa prise sur mon bras.

— Ce n'est pas ta faute, réponds-je en baissant les yeux.

Mon cœur se serre. C'est dur d'être en sa présence. Dur de sentir son  parfum et de percevoir son corps si proche. Ça me rappelle ce que j'ai  perdu. Son amitié, son respect et... et nous deux. Notre histoire.  Terminée avant même d'avoir pu commencer. Et c'est entièrement ma faute.

Je décide de me relever. Je vacille, Harry me donne son bras pour  m'aider. J'ai toujours mal à la tête, mais c'est supportable. Je réalise  que je suis mort de faim. Et fatigué. J'ai juste envie de rentrer chez  moi, de manger et de dormir dans mon lit. Oublier tout le reste. Harry,  le procès, Azkaban.

— Je ne te comprends pas Drago, déclare soudainement Harry. Pourquoi  tu... pourquoi tu étais à ce point... perturbé en apprenant que j'étais avec  Oscar ? OK, c'est ton cousin mais enfin... ta réaction est complètement  disproportionnée.

Je me sens rougir. Pourquoi faut-il qu'il ramène cette histoire sur  la table ? N'ai-je pas été assez humilié ? N'a-t-il donc pas compris que  je l'aimais et qu'il m'a brisé le cœur ? Pour quelle autre raison me  serais-je mis à pleurer de cette manière ?

— Je... C'est ma faute, je... je n'avais pas compris que si tu ne  répondais pas, c'était parce que... parce que la réponse était non. Je  sais que c'est stupide et que j'aurais dû m'en douter, mais jusqu'à ce  que je te vois dans le journal avec Oscar, j'ai cru que... Enfin, je  n'avais pas compris, c'est tout.

Chaque mot est une épreuve. Je n'ose pas le regarder dans les yeux.  J'ai tellement honte. Il va se moquer de moi, c'est sûr. À sa place,  j'éclaterai de rire.

— Ma réponse ? Comment ça ?

Merlin, ça ne finira donc jamais ? A-t-il déjà oublié ? Ça fait mal.  Ma déclaration était donc à ce point oubliable ? Ou n'a-t-il même pas  pris la peine de la lire jusqu'au bout ? Les larmes me piquent les yeux.  Je m'appuie sur le mur derrière moi pour ne pas m'effondrer à nouveau.  Je bégaye comme un adolescent. Je suis ridicule. Pathétique.

— À la fin de ma lettre, je te disais que j'attendrais ta réponse le  temps qu'il faudrait... Enfin, peut-être que je n'ai pas été assez  explicite, je n'avais pas vraiment l'esprit très clair à ce moment-là.  Mais ce n'est pas grave. Maintenant au moins, je sais ce qu'il en est.

— Quelle lettre ?

Cette fois, je relève la tête. L'étonnement se lit sur son visage.  Ses sourcils froncés, son regard perdu et les rides sur son front.

Soudain, je comprends. Il ne l'a jamais eue. Ma lettre. Il ne m'a pas  répondu parce qu'il ne l'ai jamais lue. Tout simplement. Et c'est pour  ça qu'il répète constamment que je l'ai abandonné. Je pense qu'il disait  ça parce que j'étais parti avant son réveil.

J'ignore ce qu'il s'est passé, comment ce parchemin a pu disparaître,  mais... étrangement, je ne suis ni en colère, ni triste. Plutôt soulagé.  C'est certainement mieux ainsi. Sans doute est-ce un signe du destin.  Nous deux, ça aurait été un désastre.

— Rien, oublie ça, réponds-je avec un sourire. Ça n'a plus  d'importance. Tu es avec Oscar et tu es heureux avec lui, n'est-ce pas ?

Il ne répond pas. Il me dévisage, comme s'il cherchait à lire dans  mes pensées. Je suis étonnamment calme. Oui, c'est mieux comme ça. Je  détaille son visage, pour imprimer dans ma mémoire le moindre de ses  traits. Son regard, son sourire, la forme de son nez, sa fossette au  menton. Sa cicatrice. Je veux me souvenir de chaque détail. Je l'aime  tellement. C'est peut-être la dernière fois que je le vois. Je vais  sortir de sa vie. Définitivement. Et pour la première fois, je n'éprouve  pas de regrets.

— Merci de... d'avoir témoigné.

— C'est normal.

— On va quand même éviter d'en faire une habitude.

J'essaye de plaisanter, mais il reste impassible. Je fais durer  l'instant. Je sais que je devrais m'arrêter là et simplement partir,  suivre Hermione à l'office des Portoloins. Mais je n'arrive pas à me  résoudre à le quitter. C'est trop dur.

— Tu m'as vraiment envoyé une lettre ?

Il y a tellement de douleur dans sa voix. Ça me fait mal. Je n'aurais  jamais dû mentionner cette lettre. Mais je ne pouvais pas savoir. Je ne  résiste pas. Je le prends dans mes bras.

Je l'enlace maladroitement. Mon menton sur son épaule. Sa main se  pose dans mon dos, l'autre sur mon crâne presque nu. Je sens sa chaleur à  travers les quelques millimètres de cheveux qu'il me reste. On se serre  l'un contre l'autre. Enfin, surtout lui, parce que moi je n'ai plus de  force. Je respire son odeur.

— Ne rends pas les choses encore plus difficiles. S'il te plaît...

Pas de réponse. J'enroule mes bras autour de son cou et inspire une  dernière fois dans ses cheveux avant de le repousser doucement. On se  détache l'un de l'autre. J'ai le cœur au bord des lèvres. Mais il vaut  mieux que je me taise, encore une fois. Il faut que je le laisse. Pour  de bon. Je ne suis plus qu'un fantôme de son passé. C'est terminé.

Je contiens mes larmes et verrouille mes sentiments. Je commence à  avoir l'habitude. Il faut que je parte. Que je rentre chez moi. Tourner  la page. Enfin. Je n'ai plus rien qui me retient ici.

— Au revoir, murmuré-je en me détournant.

Je fais un pas en avant. Puis un deuxième. Sans me retourner. Jusqu'à arriver face à Hermione.

— Allons me trouver un Portoloin.

— Drago, tu es sûr que...

— S'il te plaît. Je veux rentrer chez moi.

Je la vois tourner la tête vers là où j'ai laissé Harry. Son regard  va de lui à moi, puis de moi à lui. Je reste le visage tourné vers la  sortie. Ne pas se retourner. Ne pas tourner la tête. Ne pas craquer.  Voyant qu'elle hésite encore, je décide de prendre les devants. Je me  dirige vers l'ascenseur. Elle me rattrape juste avant que la porte ne se  referme. Même là, je ne me retourne pas. Je reste les yeux rivés vers  le fond de l'ascenseur, la porte dans le dos.

Lorsque la grille se referme enfin derrière moi, je me détends enfin.  C'est bon. C'est terminé. Le plus dur est fait. Quelques larmes  m'échappent, je les essuie d'un revers de main. Je renifle un peu  bruyamment.

— Pourquoi tu... pourquoi tu fais ça, Drago ? Je sais que ce ne sont pas mes affaires mais... vous pourriez au moins essayer.

— En effet, ce ne sont pas tes affaires, répliqué-je avec une hargne incontrôlée.

J'évite son regard. Je sens qu'elle me juge. Mais ça suffit. Je jette  l'éponge. J'ai assez donné. Notre dernière dispute m'a conduit à  Azkaban. C'est allé beaucoup trop loin. Je veux que ça s'arrête. J'ai  trop souffert et trop espéré. Je n'en peux plus. Et je ne supporterai  pas une déception de plus. Mon cœur est déjà en mille morceaux. Stop.  J'ai besoin de me protéger.

Il est avec Oscar. Ils sont bien ensemble, il me l'a dit. J'espère  qu'ils réussiront à s'aimer et à construire quelque chose. Je veux  qu'Harry soit heureux. C'est ce que j'ai toujours voulu, depuis le  début.

— Ça va aller avec ton chef ? Le fait que tu aies été incarcéré et puis pour le temps d'absence ?

Je tourne la tête vers Hermione, les sourcils froncés. Pourquoi me  demande-t-elle ça ? Elle n'est donc pas au courant ? Ou cherche-t-elle  volontairement à remuer le couteau dans la plaie ?

— J'ai été viré il y a deux mois.

Cette fois, c'est à elle de s'étonner. Elle ouvre la bouche un  instant, muette, avant de trouver quoi répondre à cette annonce. Elle ne  savait donc pas.

— Pardon je... je l'ignorais. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Si ce n'est  pas indiscret. Je croyais qu'ils étaient contents de ton travail.

Nous arrivons au 6e, l'étage du département des transports magiques.  Je lâche avant de sortir de l'ascenseur, en regardant droit devant moi :

— Il se passe qu'un p*** au Ministère des affaires magiques, ça fait mauvais genre.

Hermione me suit d'un pas pressé. Sans surprise, elle se scandalise.

— Mais enfin, c'est... c'est de la discrimination !

— Il n'y a pas de loi qui l'interdise en France. En monde sorcier en tout cas, lui rappelé-je.

Je m'arrête pour me tourner vers elle. Je la dépasse d'une bonne  tête. J'essaye de rassembler mes idées avant de reprendre la parole. Je  ne veux pas faire d'impair.

— Et ce n'est pas contre toi, vraiment, mais je n'ai pas envie d'en  parler. Je te remercie pour tout ce que tu as fait, pour m'avoir sorti  d'Azkaban, pour la révision de mon dossier, pour tout. Tu as été  incroyable. Je te serais éternellement redevable et si un jour, je peux  faire quoi que ce soit pour te rendre au moins un peu la pareille, ma  baguette est à ton service, mais... ça suffit. Je ne veux pas poursuivre  le bureau des Aurors, ni le Ministère britannique, ni le Ministère  français, ni personne. Je veux juste rentrer chez moi.

Elle hoche la tête. Cette fois, elle a compris. Elle pointe du doigt  le chemin de l'office des Portoloins. Nous nous mettons immédiatement en  route, alors que je me sens déjà attirer tous les regards. Je doute  qu'on me reconnaisse avec les cheveux rasés, mais je pense que j'ai  clairement l'air de ce que je suis : à savoir un sorcier qui sort tout  juste de prison.

******


Voilà, maintenant Harry est au courant pour la lettre. Pas  besoin de vous dire la première chose qu'il va faire en rentrant chez  lui...

A mardi !

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