Encore une toile, juste une toile de plus et il sera sur la Tour, il n'aura plus qu'à grimper jusqu'au sommet et enfin trouver l'homme qu'il veut tant rejoindre.

Spider-Man parvient à actionner son lance-toile sous ses doigts engourdis, cette dernière s'étire et se fixe sur la paroi vitrée de la Tour Stark.

Le héros en costume moulant se balance jusqu'à destination, tremblant et misérable, il s'accroche de ses mains collantes et monte jusqu'au dernier étage.

Karen lui parle mais il est si perturbé qu'il ne comprend pas un mot de ce qu'elle lui dit. Son cœur s'emballe et ses oreilles sifflent douloureusement. Ses poumons peinent à fonctionner correctement. Il est à la limite de la crise de panique.

Comment ? Comment a-t-il pu laisser ceci arriver ? Ça fait si mal. Il sent le coin de ses yeux piquer et le goût amer de la défaite et du désarroi brûler sa gorge.

Le vent gelé de février n'arrange rien, c'est comme si tout voulait lui rappeler le froid qui règne dans son âme.

Il parvient finalement là ou le mène l'envie irrémédiable de trouver le seul homme qui semble être une figure paternelle.

-"Ka-Karen ?" Bégaye-t-il souffrant et proche de la nausée.

Il n'a pas à lui demander ce qu'il souhaite, elle fait ce qu'il faut.

Un clic se fait entendre quand la fenêtre, qui donne sur le salon du Penthouse de Monsieur Stark, s'ouvre enfin et que le jeune héros trébuche dans la pièce.

La chaleur qui l'englobe à cet instant est un mélange de bien-être et de réconfort. Quand un soupir de soulagement franchit ses lèvres, il sort tel un sanglot étranglé.

Comment peut-il s'autoriser à souffler de contentement après cette soirée ? Il est si égoïste.

L'homme travaille dans son laboratoire, le son d'AC/DC gronde à travers le plafond. Il est assis sur son tabouret fétiche et bricole sur un des gantelets de l'armure d'Iron Man.

Son fer à souder fume doucement quand il le décolle du minuscule composé qui améliorera sa défense.

Il repose l'outil sur son support et retire ses lunettes de protection quand la voix de l'intelligence artificielle du génie se fait entendre.

-"Spider-Man est actuellement sur la terrasse et semble être en détresse, Boss."

FRIDAY n'a pas fini sa phrase que Tony est déjà en train de courir à travers le couloir jusqu'à l'ascenseur le menant chez lui.

En détresse. Ces mots coulent comme de l'acide dans le corps du milliardaire, son angoisse grandissante, il interroge son invention.

-"Est-ce que le petit est blessé ?" Lui demande l'homme alors qu'il croit qu'il va craquer.

-"Je ne détecte aucune blessure physique. Spider-Man semble être sous le choc." Répond FRIDAY.

Tony fronce les sourcils d'inquiétude, pourquoi le gamin est encore dehors alors que son couvre-feu est dépassé et qu'est-il arrivé pour qu'il soit choqué ?

Les portes s'ouvrent sous le bruit léger d'un ding et l'ascenseur libère enfin le héros à l'armure rouge et or, qui se presse de rejoindre son jeune protégé.

L'homme se présente au coin du mur du salon à l'instant même où le jeune héros retire son masque d'un geste tremblant et mal assuré.

-"Peter ?" Demande Tony inquiet.

Et il y a de quoi. Quand le visage du jeune homme est libéré de sa protection, la pâleur de sa peau et le brillant de ses yeux sont suffisamment clairs pour que Tony se précipite.

Il tend ses bras et réceptionne le gamin juste avant que ses rotules ne rencontrent le marbre blanc sur le sol.

Avec précaution il les dirige tous les deux à genoux, veillant à ne pas trop bousculer le plus jeune.

-"Gamin ?" Demande le milliardaire d'une voix douce et mal assurée. La peur se faufilant dans ses veines. "Que s'est-il passé ?"

Quand Tony serre le jeune homme dans ses bras alors que Peter tombe en avant et laisse sa tête se poser contre l'épaule de son mentor, ce dernier ressent les tremblements, trop nombreux, secouer le corps de son jeune protégé.

Il ne comprend pas ce qui arrive à Peter, il est terrifié mais ne le montre pas, il faut qu'il l'aide, alors sa propre angoisse peut bien attendre.

-"J-Je..." Mais ce simple mot se fait entendre comme un souffle de détresse.

L'homme lui saisit les épaules et le redresse doucement. Il veut savoir, il doit savoir. Quand Peter se retrouve assis sur ses talons, face à Tony, c'est l'effroi.

Le génie pense que son cœur veut fuir son corps tant il tape fort à travers sa cage thoracique. L'inquiétude qu'il a ressentie jusque-là n'est rien comparée à l'horreur qui se tient devant lui.

La totalité du costume de Spider-Man est couvert de sang, des taches sombres de liquide pourpre souillent le tissu.

Cette couleur atroce semble être accrochée un peu partout sur Peter, sur le haut, les gants, l'araignée qui trône sur sa poitrine, les jambes et jusqu'aux bottes. C'est tout simplement horrible.

-"Merde Peter, tu es blessé ?" Continue de paniquer Tony alors que ses doigts se serrent autour des biceps du jeune homme. Il secoue juste un peu le petit afin de le faire réagir. "Peter parle-moi." S'énerve Tony à cran.

-"Je n'ai pa-pas ré-réussi à la sauver Monsieur Stark." Répond finalement Peter alors qu'il s'effondre en larmes, son corps secoué de sanglots déchirant qui meurtrient le cœur du milliardaire.

Plusieurs heures plus tard, l'homme passe une fois de plus ses doigts dans les cheveux du jeune homme. Ce dernier, épuisé s'est endormi sur le canapé du salon. Tony l'a couvert de sa plus douce couverture.

L'homme se sent mal pour son jeune protégé, il sait comme c'est difficile de faire face à la perte d'une victime, sans compter qu'il sait pertinemment que Peter est bien trop bon et incroyablement sensible à ces choses là.

Il l'avait aidé à retirer son costume couvert de sang avant de passer un gant sur ses doigts légèrement tachés et de nettoyer avec précaution son visage à laide d'une serviette propre.

Le jeune homme ne cessait de répéter qu'il avait du sang sur ses mains et ne pouvait s'arrêter de se balancer d'avant en arrière, assis sur le sol froid de la salle de bain de Tony, sa tête posée sur ses bras, croisés sur ses genoux, tout son corps frissonnant durement.

Il l'avait habillé de ses propres vêtements, essayant de trouver les plus confortables. Il avait mis la main sur un bas de survêtement en coton et le pull du MIT, gris, que Peter aimait tant.

Ce n'est qu'après tout ceci que le jeune héros, éreinté, s'était endormi devant la télévision contre le flanc de Monsieur Stark.

-"Tout va s'arranger gamin." Dit-il alors qu'il passe ses doigts une fois encore dans les boucles brunes du jeune homme. "Tu verras... tout va s'arranger."