Chapitre 6 : Deux mondes différents
Comme elle le pensait, Drago n'était pas en cours, mais affalé sur le fauteuil de leur salle commune. A peine avait-elle fait quelques pas que Drago, sans un regard, lui lança :
-Je rêve ou tu es train de sécher Granger ?
-Je devais te parler...
-Je suis flatté d'être plus important que ton cours.
-Il n'y a pas de quoi, j'avais potion.
Drago sourit. Il n'avait pas l'air fâché ou énervé, et cela encouragea Hermione à s'approcher un peu.
-Je suis désolée pour hier, finit-elle par lâcher.
Il ne répondit pas. Elle inspira un grand coup lui posa la question qui lui brûlait les lèvres :
-Qu'est ce qu'il t'ont dit ?
-Qui ? demanda-t-il innocemment.
-Tu sais bien, Dumbledore et tout ça. Comment as-tu expliquer ta dispute avec Harry?
-Ne prononce pas ce nom pour la centième fois, il me donne la gerbe.
-Répond-moi.
-Ne me donne pas d'ordre.
-Très bien, dit Hermione agacée, je suppose que tu n'as pas envie de parler.
-Bonne déduction.
Hermione allait monter à l'étage mais elle fit rapidement demi-tour.
-Eh bien moi j'ai envi de parler ! annonça-t-elle. Je ne vais pas tout le temps me soumettre à tes humeurs ! Ce qui s'est passé hier me concerne également, alors je te prie de...
-En quoi ce qu'ils m'ont dit te concerne ? C'est mon problème à présent, pas le tien !
-Mais je me sens responsable !
Dans son élan, elle avait une fois de plus révélé sa pensée, ce manque de contrôle l'énervait sérieusement.
-Non, le seul responsable, en dehors de Potty, c'est moi...
Hermione ne dit rien. Sa dernière phrase était vraiment bizarre venant de sa part.
-Ces derniers temps, poursuivit-il en se levant, je me suis, disons, égaré du droit chemin. Depuis que je te vois fréquemment j'agis différemment. Et je n'aime pas ça du tout. En temps normal, hier je ne t'aurais jamais aidé, bien au contraire. Je ne sais pas ce qui m'a prit mais je ne veux plus que ça recommence.
-Justement, je venais te parler de ça. Mes amis me trouvent différente également. Je crois que toi et moi n'aurions jamais du nous lancer dans un truc pareil. On est différents, même opposés ! Nous ne sommes pas fait pour être complice ou quoi que ce soit ; c'est la nature, l'ordre des choses, le destin, tout ce que tu veux, mais il y a vraiment quelque chose qui nous empêche d'être ensemble. Nous appartenons à deux mondes différents séparés par une barrière, et mieux vaut ne pas essayer de la franchir.
Drago n'en revenait pas. Il n'aimait pas le fait qu'elle ait pris les devants. C'est lui qui disait ce genre de chose d'habitude, c'est lui qui aurait du mettre un terme à leur défi, pas elle ! Contrairement à lui, cette fille mettait tout le monde dans un même panier, ne faisait aucune différence entre les faibles et les forts ! Mais lui, Drago Malefoy, elle le mettait à part...
Se sentant malgré lui humilié, il ne trouva que l'attaque comme meilleure défense :
-Tu as raison nous n'avons absolument rien en commun ! J'ai essayé de m'adoucir comme tu me l'avais conseillé, et regarde où cela m'a mené ! Même quand j'ai voulu faire une bonne action hier personne ne m'a cru capable de t'aider !
-Ne pousses pas trop loin Malefoy ! Sur ce sujet tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. C'est toi et toi seul qui t'ais forgé cette image de dure à cuire que personne n'approche, toi qui martyrise les premiers années, et encore toi qui fait preuve de méchanceté gratuite envers les gens que tu considère comme inférieur !
-Alors les gens comme ça ne peuvent pas essayer de changer ?
-Je n'ai pas dit ça ! Seulement comment veut-tu après tant d'années que les gens ne se posent pas de questions quand tu agis de la sorte ?
-J'en ai assez cette conversation qui vire au ridicule ! dit-il avant de monter les escaliers.
-Tu fui Malefoy !
-Oui je fui ! Je fui tes bonnes paroles qui te donne l'impression d'être une sainte ! Mais tu n'en es pas une Granger ! Redescend sur terre, toi et moi on est pas si différent en fin de compte, réfléchi bien ! Nous sommes tout deux différents des autres et tu le sais !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
Drago s'arrêta devant la porte de sa chambre et se retourna :
- Tu peux bien me considérer comme le diable et te considérer comme l'ange, mais une chose nous réunit : on est à part.
- Mais je ne suis pas à part ! protesta Hermione.
- Ah oui ? Comme tu es aveugle...
Drago descendit les escaliers et se dirigea vers le portrait. Au passage, il lui saisit la main et l'emmena au dehors :
- Mais qu'est-ce qui te prend enfin ! lâche-moi Malefoy !
- Il faut que je te montre quelque chose, dit-il toujours en la traînant de force.
- Ca suffit ! s'écria-t-elle en se dégageant, non sans peine, de la puissante poigne du jeune homme.
Surpris, ce dernier s'arrêta net et la regarda. Elle semblait vraiment très en colère, qu'avait-il encore fait de si grave ?
- Malefoy tu-ne-dois-pas-forcer-les-gens-à-ta-volonté ! dit-elle les dents serrées.
- Mais...
- Tu as déjà vu quelqu'un faire comme toi ? NON ! Je sais que le défi est terminé et que te rendre poli n'était pas directement dans le contrat, mais je ne supporte plus ton comportement ! Tu agis sans te soucier de ce que pense l'autre ! Tu veux que je te suive ? Très bien, mais n'utilise pas la force, d'accord !
Drago en resta bouche bée. Jamais personne n'avait osé lui parler de cette façon, et encore mois lui apprendre comment se comporter ! Cette fille avait un culot incroyable, et c'est probablement ce qui la sauvait en permanence car, il ne saurait dire pourquoi, ce serait une autre, il l'aurait tué depuis longtemps...
- C'est bon t'as fini ? dit-il simplement.
- Oui, j'ai fini, répondit-elle en lâchant un soupir avant de recoiffer quelques mèches qui étaient tombées devant ses yeux lors de sa tirade.
Drago lui fit descendre plusieurs escaliers et prendre un nombre incalculable de couloirs, avant d'arriver enfin devant la porte du cours de sortilèges. Les Griffondors et les Serdaigles attendaient patiemment la venue du professeur pour leur prochain cours. Elle aperçut Harry et Ron qui semblaient vraiment inquiets, probablement au sujet de son absence. Donovan, le Serdaigle qu'elle aimait beaucoup, était là également, entouré d'un groupe de fille qui le dévorait des yeux.
- Reste là, lui souffla Drago.
Et avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit, il partit en direction du groupe de Serdaigle. Il s'adressa à une grande fille brune, au sourire démesuré, qui bavardait avec ses amies :
- Salut ça va ?
La fille parût interloquée par la soudaine venue du jeune homme, mais elle s'en remit très vite et fit de grands yeux à ses copines, l'air de dire : " ça y est je suis sa nouvelle cible ! Depuis le temps que j'en rêvais !".
- Salut ! dit-elle surexcitée, dévoilant ses grandes dents blanches.
- Dis-moi, tu sais qui est Hermione Granger n'est-ce pas ?
Son sourire s'effaça aussitôt et elle lança :
- Ouais et alors ?
- C'est une fille plutôt cool non ?
- J'en sais rien je la connais pas moi ! Mais une chose est sûre c'est pas le genre de fille avec laquelle tu t'éclates !
Ses copines ricanèrent bêtement, et l'une d'elle s'avança :
- Cette fille est trop coincée ! Je parie qu'elle préfère ses bouquins à sa propre mère !
Elles rigolèrent à nouveau.
- Mais vous ne la connaissez pas ? renchérit-il.
- Pas besoin de la connaître ni d'être voyante pour savoir qu'elle finira vieille fille !
Hermione sentit la colère monter en elle et se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de hurler sa haine. Drago s'éloigna des Serdaigles mais n'avait pas l'air d'en avoir fini pour autant. En effet, il alla voir les Griffondors cette fois. Il interrogea Lavande et Parvati qui étaient un peu à l'écart :
- Salut vous deux...
- Malefoy ? s'étonna Lavande. Heu c'est pas le moment là, après ce cours je te rejoins si tu veux mais pas dans le placard cette fois ! La dernière f...
- C'est pas à propos de ça Brown ! la coupa-t-il sèchement. Hermione est ton amie non ?
- Quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle vient faire là elle ?
- Tu n'as pas l'air de beaucoup l'amer on dirait ?
- Je ne la déteste pas mais elle est vraiment spéciale comme fille !
- Tu l'as vu la dernière fois avec son jus d'orange à la main !? ajouta Parvati en riant.
- Elle est toujours là à lever la main jusqu'à avoir une crampe : moi ! moi !
Et Lavande imita Hermione en levant son doigt bien haut avec une petite grimace. Hermione fut submergée par une vague de chagrin et elle ne put retenir ses larmes. Elle en avait assez entendu. Elle partit en courant, ne pouvant plus arrêter ses pleurs qui lui brouillaient la vue. Elle traversa le hall, monta les escaliers avant de franchir le portrait de la salle commune. Arrivée dans sa chambre, elle ferma la porte à clefs et s'étala sur son lit, la tête dans l'oreiller pour étouffer ses sanglots.
Hermione ouvrit les paupières. La nuit était tombée. Elle avait du s'assoupir un bon moment puisque son horloge indiquait bientôt neuf heures. Elle s'étira en baillant avant de se laisser retomber sur son lit. Ce qui s'était passé quelques heures plus tôt lui revint en mémoire et elle s'empêcha de fondre à nouveau en larmes. Pourquoi Drago lui avait-il montré de telles horreurs à son sujet ? Généralement elle n'en avait que faire de ce que pensaient les autres, mais les entendre parler ainsi d'elle, avec une telle légèreté...Elle se sentait profondément vexée mais surtout très seule. Elle décida d'aller prendre une douche, espérant ainsi se changer les idées l'espace d'un court instant. Après elle se replongerait dans la réalité et, comme d'habitude, afficherait devant les autres une attitude détachée pour masquer sa solitude.
Comme si elle n'avait pas assez de soucis, la porte de la salle de bain était fermée, Malefoy était à l'intérieur ; elle pouvait entendre l'eau couler abondamment. Mais il avait du l'entendre essayer d'ouvrir la porte parce que la douche s'arrêta aussitôt. Elle entendit des bruits de pas lourds qui se précipitaient vers la porte. Celle-ci s'ouvrit une fraction de secondes plus tard, laissant apparaître Malefoy torse nu, tenant une petite serviette verte nouée autour de sa taille. Il était trempé et ses cheveux blonds, même mouillés, ne perdaient pas de leur éclat. Hermione s'insulta intérieurement pour avoir l'espace d'un instant, osé penser aller confirmer à Ginny que cet homme était un bâti comme un Dieu. Rougissante, elle déclara :
- Je pouvais attendre pour la douche Malefoy, ce n'était pas la peine de te presser comme ça.
- Tu crois vraiment que je me presse pour te laisser la place ? dit-il en la dévisageant. Les Griffondors ont vraiment de drôles d'idées parfois.
- Alors qu'est-ce que tu veux ? lança-t-elle plus méchamment qu'elle ne le souhaitait.
- Pourquoi tu es parti tout à l'heure ?
- A ton avis ! Les Serpentards sont vraiment idiot parfois.
- Bien renvoyé, avoua-t-il. Ecoute, je ne voulais pas te vexer, je...
- Ah oui vraiment ? Alors là faut que tu m'expliques parce qu'à part me faire souffrir je ne voyais vraiment pas l'utilité de me faire ça !
- Je voulais t'ouvrir les yeux Granger ! Te prouver que je ne suis pas le seul à être à part. Tu me dis que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même d'avoir cette image d'intouchable qui me suit partout. Mais en y réfléchissant, tu t'es formé une image également : celle de "miss je-sais-tout" qui passe sa vie dans les livres. Les gens te jugent par ce que tu leur laisse voir de toi. Mais ils ne te connaissent pas vraiment au fond...
- Pourquoi me dire tout ça ? demanda tristement Hermione.
- Parce que depuis sept ans tu n'arrête pas de me juger...Tu ne t'es jamais posé la question de savoir si j'étais réellement comme je le laissais voir.
- Et...tu n'es pas comme tu le laisses voir ? demanda Hermione pleine d'espoir.
- Bien sûr que si ! répliqua aussitôt Drago. Là heu...je parle pour toi évidemment, moi ça ne me concerne en rien, c'est un exemple.
Drago toussota et se passa la main dans les cheveux. Hermione ajouta :
- Je ne m'étais jamais rendu compte que j'étais si différentes des autres filles. Pourtant j'aurais du le voir ! Je ne fais pas la fête, j'aime étudier et lire, je ne bois pas, ne fume pas, par rapport aux autres filles je suis...
- Mieux.
- Je suis...Quoi ? s'interrompit Hermione.
- Vieux ! corrigea Drago d'une voix plus forte. Pardon vieille je veux dire, enfin...c'est les vieux qui lisent et tout ça quoi...tu me comprends !
- Malheureusement oui...
- Bon je vais finir ma douche, annonça-t-il.
- Heu, d'accord, je vais attendre.
Aussitôt la porte fermée, Drago porta ses mains aux joues et enfonça ses ongles dans la peau. "Bodel Drago qu'est-ce qui t'as pris ! Mieux ! Non mais je rêve j'ai dit « mieux » !"
Drago se regarda dans le miroir au dessus de l'évier. Il s'inspecta longuement et pour la première fois de sa vie ce n'était pas pour contempler son physique parfait mais plutôt pour se remettre en question. Il filait un mauvais coton. Drago rigola intérieurement de sa vieille expression moldue et commença à se brosser les dents, lorsque la voix d'Hermione retentit derrière la porte :
- Malefoy ! Tu n'es pas obligé de répondre tout de suite, et tu n'es pas obligé de dire oui, mais...Pourrait-on reprendre notre pacte ?
Drago faillit s'étouffer avec le dentifrice.
- Je sais que ça paraît absurde, reprit-elle, mais contrairement à toi, je désire vraiment changer. Je veux apprendre à m'amuser. Mais je comprendrais que tu dises non !
Drago était différent ces temps-ci, cette histoire de pacte lui était monté à la tête. Il savait qu'il devait refuser, accepter était contraire à un sang pur, à un serpentard, à un Malefoy...S'il ouvrait la porte, il repartait dans ce jeu infernal qui changeait son comportement. S'il refusait, tout redeviendrait comme avant, et les habituelles tirades entre lui et Granger recommenceraient. A ce souvenir, son coeur se serra : cette époque lui paraissait si lointaine déjà, si enfantine, comme si en l'espace de quelques jours il avait mûri de plusieurs années. Drago souffla longuement. Il devait refuser, il le savait...
Hermione, malgré son petit espoir, ne fut pas surprise du silence du jeune homme. Déçue, elle s'éloigna vers sa chambre. C'est alors qu'elle entendit une serrure se déverrouiller, puis une porte s'ouvrir. Elle se retourna, débordante de joie...
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