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Chapitre 28 : Au cœur de la magie

Pour la première fois de sa vie, Drago avait peur. Pas pour lui, pour elle.

Il avait déjà ressenti l'inquiétude, l'angoisse ou encore la panique, mais jamais la peur, la vraie ; celle qui vous glace les entrailles, vous étouffe le cœur et vous rend incapable de réfléchir à quoi que ce soit si ce n'est l'image de l'autre en danger. La voir ainsi prisonnière de cette créature sans pouvoir intervenir, au risque de la perdre, l'empêchait de respirer correctement et Drago dût se faire violence pour se reprendre, chose chaque fois très difficile lorsqu'il s'agissait d'elle.

- Pose ta baguette ! répéta le vampire d'une voix givrée.

Les yeux exorbités de Hermione l'intimaient à obéir mais Drago ne put se résoudre à risquer de se retrouver désarmé face à cette situation qu'il ne supporterait pas longtemps. En effet, la colère remplaçait peu à peu la peur et son assurance revint également, la haine agita ses yeux qui ne cessèrent d'alterner entre Hermione et les mains grisâtres qui l'emprisonnaient.

- Pour la dernière fois, s'impatienta le vampire, lâche ta b...

- Hors de question ! cracha Drago.

Il vit le regard de l'ancienne Gryffondor lui lancer des éclairs mais l'ignora et se concentra sur le vampire qui allongea lentement sa mâchoire vers le cou de la jeune femme.

- Drago ! supplia alors Hermione d'une voix aigue.

Le vampire se figea soudainement. Il planta ses yeux rouges dans ceux du jeune homme et ses traits de chasseur perdirent toute trace de menace :

- Drago Malefoy ? murmura-t-il.

Celui-ci se redressa de toute sa hauteur et approuva d'un signe de tête. En l'espace d'une seconde, la créature avait disparue dans la nuit noire et sa proie s'effondra au sol, évanouie.

La sensation de deux pointes tranchantes effleurant son cou finit enfin par s'estomper, et une voix au timbre mélodieux lui parvint de loin. La fraîcheur de la nuit lui agrippa la peau et Hermione ouvrit les yeux. Deux perles grises la toisaient et un sourire incroyablement craquant accueillit son retour à la réalité. Par reflex, la jeune femme se redressa d'un coup mais avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit une poigne puissante lui avait saisit les avant bras.

- Calme-toi Hermione, il n'y a plus de danger.

Malgré ses paroles rassurantes, elle jeta des coups d'œil autour d'elle et ses mains tâtonnèrent ses poches à la recherche de sa baguette. Face à la sérénité du jeune blond, Hermione finit par se calmer et respira un grand coup, se sentant idiote de paniquer ainsi alors qu'elle était censée représenter une auror entraînée, nouvel espoir de la guerre. Toutefois elle fut reconnaissante à Drago pour sa patience, il attendit sans un mot qu'elle ait fini sa crise. Mais soudain sa prise d'otage lui revint en tête, la réaction inexistante de Drago face aux menaces et tout sentiment de gratitude disparût pour laisser place aux reproches :

- Tu n'as pas posé ta baguette ! s'écria-t-elle alors sans pourtant réussir à être fâchée.

- Tu as repris tous tes esprits on dirait, constata Drago en se levant du sol humide.

Hermione l'imita avec moins de délicatesse et fronça ses sourcils, attendant une réponse.

- J'ai fait ce qu'il fallait, se défendit Drago en prenant le chemin du retour. Et si c'était à refaire, je referais.

- Mais il allait me tuer ! s'indigna-t-elle en le suivant d'un pas rageur.

- Une seconde de plus et il était réduit en cendres, je visais sa tête et tu n'aurais pas été touchée crois-moi. Si je n'ai pas posé ma baguette, c'est parce qu'on se serait retrouvés tous les deux désarmés face à un vampire qu'on a interrompu en pleine chasse par un piège. Tu n'imaginais même pas son humeur, il nous aurait tué.

Hermione se sentit bête de nouveau. Drago était bien plus doué qu'elle, il avait vu le vampire, pas elle, il les connaissait mieux pour savoir qu'il était encore plus dangereux pendant la chasse et il savait clairement ce qu'il faisait. Sa propre peur l'avait mise en colère contre elle-même mais elle l'avait exprimée contre lui. D'ailleurs, elle aurait parié qu'il le savait. Néanmoins elle ne s'excusa pas, il était difficile d'évacuer la peur ressentie un peu plus tôt, et tant que son cœur cognerait aussi fort, la tension ne diminuerait pas.

Hermione souffla de fatigue lorsqu'ils arrivèrent enfin devant l'immense échelle à grimper.

- On va transplaner, annonça Drago en lui tendant la main.

- Tu es fou c'est trop haut.

- Tu es exténuée, ajouta-t-il.

- Je peux monter je t'assure.

- J'ai grimpé cette échelle suffisamment de fois pour évaluer la hauteur et la taille de la plateforme, ce sera facile. Tu ne me fais pas confiance ?

Hum, elle n'aimait pas du tout cette question. Bien sûr qu'elle avait confiance en ses capacités magiques et s'il affirmait pouvoir les transporter là-haut, c'est que c'était le cas. Mais même si cette question paraissait à première vue inoffensive et dénuée de toute ironie, Hermione perçue pourtant un fond d'espérance, de supplication, comme si la réponse qu'elle allait lui donner était d'une importance capitale. Malheureusement, elle-même n'avait pas la réponse. Elle aurait volontiers assuré qu'elle avait confiance en lui et son amour, qu'elle était persuadée à présent qu'il n'avait jamais rejoins Voldemort et qu'elle mettrait sa vie entre ses mains s'il le fallait. Seulement la partie raisonnable d'elle-même lui glissait discrètement l'évidence qu'elle tentait de se cacher ; elle l'aimait tellement qu'il était tout à fait possible que son amour pour lui l'aveugle sur la vérité, et lui cache chaque comportement suspect et chaque trou noir de son passé qui laisserait supposer son appartenance au mal.

Aussi, elle ne répondit pas et se contenta d'accepter la main qu'il lui tendait. Il l'attira aussitôt vers lui et l'encercla de ses deux bras pour plus de sécurité.

- Prête ?

Elle hocha doucement la tête, retenant sa respiration pour ne pas succomber à son parfum exquis qui lui aurait valu un second évanouissement. Elle ferma les yeux et sentit Drago se décoller d'elle. Hermione s'apprêta à lui demander ce qui n'allait pas mais fut surprise de constater qu'elle se trouvait à vingt mètres au dessus du sol ; elle n'avait rien senti pendant le transplanage.

Elle le suivit à l'intérieur de la cabane et alors que son envie première fut de s'affaler sur le lit, elle se souvint qu'il n'y en avait qu'un seul. La jeune femme allait protester, refusant de dormir avec lui une nuit de plus, mais Drago s'était déjà installé sur le vieux canapé usé. En une seconde, la bouffée de culpabilité qui s'était emparée d'elle lui intima de lui proposer son lit, elle ferait avec. Mais elle parvint à maîtriser sa bonne conscience pour éviter que la douleur de son bras, qui jusque là se contentait de la picoter, ne devienne une véritable brûlure qui attirerait l'attention du jeune homme. De plus, si un nouveau cauchemar surgissait cette nuit, elle serait heureuse de ne pas se retrouver en larme contre lui.

Hermione partit donc se coucher, le cœur un peu plus léger.

- Laisse la porte ouverte, s'éleva sa voix grave dans le salon.

Réticente à l'idée d'être entendue si elle cauchemardait, elle obéit cependant, consciente que c'était une fois de plus une question de sécurité. Elle se coucha dans les draps gelés du grand lit de bois et un sourire naquit de ses lèvres. Elle était heureuse de savoir son âme sœur tout près d'elle, présent pour la protéger, non pas par devoir, mais par amour. Elle repoussa sans hésitation les visages de Richard et de Harry, puis ferma les yeux, s'autorisant à savourer cet instant. Demain elle enverrait une lettre à son petit ami et contacterait Harry par la cheminée pour lui expliquer la situation, mais pour le moment, elle laissa le visage d'un ange blond inonder son esprit et lâcha un souffle de satisfaction.

- Merci d'être là...

La résonance de ses propres paroles l'étonna. Avait-elle pensé trop fort ? La réponse vint d'elle-même lorsque, après un rire bref, il lui intima de dormir.

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Comme elle l'avait pressenti avant même d'y pénétrer, le salon était vide. Des toasts et un thé reposaient sur la table centrale, la petite fenêtre était ouverte et un courant d'air frais valsait dans la pièce, agréable. En effet, la température était remontée en flèche une fois la nuit disparue, et la chaleur devenait vite pesante à supporter.

Hermione engloutit rapidement le petit déjeuner et profita de l'absence de son partenaire pour contacter son meilleur ami. Elle préféra ne pas trop penser à la raison pour laquelle Drago n'était pas là ce matin, au risque de se faire des idées qui lui ôteraient sa bonne humeur. Elle s'empara de son sac et sortit une petite sacoche contenant le peu de poudre de cheminette qui lui restait, et entreprit de déblayer rapidement les cendre encore chaudes de la veille avant de se pencher à l'intérieur. Quelques secondes plus tard, elle se faisait entraîner dans un tourbillon vert émeraude, et une brise tiède lui fit tourner la tête. La vitesse s'arrêta peu à peu et une odeur de rôti lui chatouilla les narines.

Au début, Hermione ne distingua absolument rien dans l'obscurité. Elle se rappela ensuite que ce devait être la nuit ici à cause du décalage horaire ; s'étant levée aux alentours de neuf heures, Harry devait être en train de manger à la cuisine à cette heure-ci. Soudain, la lumière s'alluma et la grande pièce du salon apparut alors. Hermione entendit des bruits secs contre le carrelage qu'elle reconnut aussitôt comme les talons de Ginny. Elle l'appela de toutes ses forces malgré la sensation d'étouffement que provoquait la séparation de sa tête et son corps. Une jolie tête rousse ne tarda pas à se pencher vers elle et un immense sourire illumina son visage :

- Hermione !

- Bonsoir Gin' !

- Comme je suis contente de te voir ! Pourquoi n'étais-tu pas chez Richard ? Quelle est cette mission dont le journal n'arrête pas de parler ? Où es-tu exactement ?

- Attends je vais t'expliquer, Harry est là ?

Ginny approuva et s'absenta quelques secondes avant de revenir avec son fiancé. Hermione fit un effort pour masquer sa grimace ; son ami semblait aussi vivant qu'un zombie. Le teint blanc, les yeux cernés par la fatigue, le sourire difficile, les cheveux mal soignés et la démarche lourde comme s'il portait un énorme fardeau sur le dos, Harry Potter était détruit. Elle ne parvint pas à retrouver un brin joyeux de l'ancien camarade qu'elle connaissait à Poudlard, même sa voix sonnait plus grave lorsqu'il s'adressa à elle, comme s'il avait perdu l'habitude de parler depuis trop longtemps :

- Bonsoir Hermione, je ne m'attendais plus à ta visite.

- Bonsoir Harry, sourit-elle. Je voulais te contacter avant, mais les derniers jours ont été assez mouvementés et chargés de surprises.

- Je connais la chanson, maugréa-t-il.

Hermione vit Ginny lui donner discrètement un coup de coude. Il était vrai que ce n'était pas la première fois qu'elle lui servait ce genre d'excuses pour justifier son manque de visites, mais Hermione ne pouvait faire autrement ; il était devenu trop dur pour elle de venir le voir, de lui parler comme si de rien était alors qu'elle assistait, impuissante, à son déclin vers une dépression de plus en plus noire.

- C'est la vérité, assura Hermione, cette fois déterminée à le faire réagir avec des nouvelles qui ne pourraient le laisser indifférent.

C'est pourquoi elle rentra dans le vif du sujet sans préparer le terrain, le temps lui manquait.

- Je suis actuellement en Nouvelle-Zélande, cachée dans une cabane de bois avec Drago Malefoy.

- Quoi !

Sa voix cassée l'avait empêché de crier fort mais l'expression de son visage laissait grandement supposer sa colère naissante.

- Ne t'énerve pas, lui murmura Ginny en posant sa main sur son bras. Laisse Hermione nous expliquer.

Cette dernière la remercia d'un mouvement de tête et poursuivit en essayant de rester impassible au regard de celui qu'elle considérait comme son frère.

- J'ai été chargée d'une mission par le ministère. On a repéré des venues fréquentes de Mangemorts en Nouvelle-Zélande, près d'un repère de vampires.

A l'énonciation de la créature, l'expression de Ginny ne fut guère différente de la sienne quelques jours plus tôt. Quant à Harry, il demeura de marbre, sûrement plus intéressé par le pourquoi de la présence d'un certain blond à ses côtés.

- Apparemment les vampires détiennent une arme, expliqua-t-elle. On ne sait pas ce que c'est mais c'est vital pour Voldemort, et le ministère m'a justement envoyée découvrir la nature de l'objet. Seulement...le danger de la mission n'était pas à ignorer et le ministère a cru bon de confier ma protection à Malefoy.

- Mais c'est Mangemort ! explosa alors Harry. Il a été innocenté mais je mettrais ma main à couper qu'il ne s'est pas repenti comme il le prétend !

- Je sais bien mais je n'ai pas le choix !

- Tu es en danger Hermione ! s'emporta-t-il malgré les paroles de Ginny pour le calmer. Tu es à des milliers de kilomètres d'ici coincée avec un Mangemort en liberté et toi tu l'ignores complètement !

- Comment peux-tu croire une seule seconde que j'accorde mon entière confiance à Malefoy après un an d'absence ! s'énerva-t-elle.

- Surtout n'oses pas me dire que tu ne ressens plus rien pour lui quand on sait ce qui vous uni...lâcha-t-il avec un sourire mauvais.

- Je n'ai pas dis ça, avoua-t-elle le cœur serré. Tu sais combien je l'aime, mais tu sais aussi combien j'ai souffert à cause de ma détermination à le sortir de ma vie. Après tant d'efforts, crois-moi quand je te dis que je garde mes distances avec lui.

- Vous êtes des âmes sœur Hermione, murmura Harry avec sérieux. Bas-toi autant que tu voudras contre tes sentiments et ta sois disante bonne conscience, mais ne me fais pas croire que tu t'en sors parfaitement bien toute seule. Non seulement ta vie est en danger par ton fichu secret que tu risques de révéler à force d'être avec lui tout le temps, mais en plus il est le bras droit de Voldemort et a probablement un plan en tête !

- Si tu comprends aussi bien le lien qui nous uni Drago et moi, rétorqua Hermione d'un air sombre, alors tu devrais savoir qu'il préfèrerait mourir plutôt que de me faire du mal.

- Qui te dis que tu es la cible Hermione ? Pourquoi n'envisages-tu pas qu'il vise l'humanité à travers toi, et plus précisément...moi ? C'est vrai quoi, ouvre les yeux ! Je devine parfaitement le long discours sur son amour qu'il a dû te préparer, t'assurant qu'il n'avait pas rejoins le Lord, que tu l'avais transformé et tout le baratin !

Hermione fut surprise qu'il eut aussi bien deviné la scène et cela l'inquiéta fortement ; était-elle si aveuglée qu'elle n'avait pas trouvé cela évident que Drago lui raconte cette histoire ? Après tout, il n'allait pas lui annoncer son appartenance au mal avec un sourire naturel et sincère !

- Un Malefoy le reste toute sa vie ! continua Harry. Je veux bien croire qu'il ne te fera aucun mal, mais je reste quelqu'un qu'il méprise, qui plus est l'ennemi numéro un de son maître ! Il est tout à fait capable de t'utiliser pour m'atteindre, tu le connais mieux que moi et les seuls instants où il est humain, c'est-à-dire lorsqu'il ressent culpabilité ou compassion, c'est lorsqu'il est avec toi ! Le reste du temps, il est Drago Malefoy, égoïste et ambitieux, mais cet homme là tu l'as oublié depuis longtemps, n'est-ce pas ?

Hermione en voulait terriblement à Harry de lui dévoiler ainsi ce qu'elle ne voulait pas voir, avec autant de facilité tandis qu'elle-même luttait pour comprendre ce qui se passait dans sa propre tête.

- Cesse de me reprocher mes erreurs et concentre-toi plutôt sur les tiennes, lâcha Hermione.

Elle regretta aussitôt ses paroles. Elle n'avait pas pour principe l'attaque comme meilleure défense, mais son amour pour Drago était un sujet sensible. Maintenant qu'elle avait abordé ce que Harry redoutait probablement, autant lui dire ce qu'elle avait sur le cœur, à son tour :

- Harry on a tous besoin de toi...

- Ne recommence pas Hermione, dit-il en serrant les mâchoires.

- Désolée mais cette fois je n'abandonnerai pas ! J'en ai plus qu'assez de ton comportement et de tes caprices ! Oui tu as bien entendu, des caprices !

Elle ignora Ginny qui lui fit signe d'arrêter avant que son fiancé n'explose, mais à sa grande surprise il ne répliqua pas, et Hermione renchérit :

- On dirait un enfant ! Un enfant capricieux qui ne se remet pas d'une punition et qui se cache derrière cet argument pour ne pas affronter l'extérieur ! Je sais à quel point tu souffres Harry ! Je ressens le même chagrin mais j'y fais face ! Je ne le laisse pas me détruire ! J'en ai eu l'occasion tu sais, après le départ de Drago je n'ai pas commencé une nouvelle vie le lendemain, j'ai eu besoin de temps, tout comme toi ! Mais à peine m'étais-je fais une raison que j'ai dû subir la perte de Ronald aussitôt après ! Alors cesse de t'apitoyer sur ton sort en disant que tu ne peux survivre, car moi j'ai réussi ! Et sans personne pour me soutenir, tandis que toi tu as une future femme qui t'aime et qui a besoin de toi ! En te renfermant tu la rends malheureuse ainsi que tout ton entourage ! Bouge-toi d'ici et va te battre ! Pour tous ceux qui fondent leurs espoirs en toi, pour Ron ! Que dirait-il s'il te voyait Harry...

Les yeux de ce dernier fixaient le vide, comme abandonnés dans les souvenirs. Un long silence s'installa pendant lequel les deux jeunes femmes redoutèrent sa réaction, mais elles crurent rêver en distinguant son petit sourire :

- Il me traiterait d'imbécile et me botterait les fesses...lâcha-t-il dans un murmure.

Il leva ensuite les yeux vers sa fiancé et lui prit les mains sous le regard attendrie de sa meilleure amie.

- Excuse-moi d'avoir été si distant, mais tu me rappelais tellement ton frère que ta présence n'atténuait pas ma souffrance. Je me rends compte à présent que ton absence m'aurait été fatale. Je t'aime Ginny.

Il l'embrassa brièvement et s'adressa à Hermione qui se sentait de plus en plus engourdie.

- Merci Hermione. Que ferais-je sans toi ?

Elle s'apprêtait à répondre que sans elle il serait encore avec cette idiote de Cho Chang, mais des bruits de pas qui ne venaient pas de chez Harry résonnèrent à ses oreilles. La peur crispa son visage et elle ne répondit pas aux interrogations paniquées de ses deux amies.

- Quelqu'un vient ! dit-elle à toute vitesse. Il faut que je parte !

- Hermione attend ! Qui est-ce !

Mais elle sentit deux mains la tirer brutalement en arrière et les questions affolées de Harry se transformèrent en murmures lointains tandis qu'elle traversait à nouveau le tourbillon de couleurs.

A peine eut-elle le temps de se remettre du voyage que quelqu'un lui souleva les poignets et la remit debout.

- Où est ta baguette !

Hermione souffla de soulagement, c'était Drago.

- Où est ta baguette Hermione ! répéta-t-il en lui hurlant au visage.

- Dans...dans mon sac, bredouilla-t-elle, secouée.

Il lui lâcha enfin les poignets et se précipita dans la chambre. Hermione regarda autour d'elle dans l'espoir de comprendre son agitation mais ne vit rien d'anormal ou d'inquiétant. Drago revint une fraction de seconde plus tard et lui lança son sac qu'elle attrapa au vol.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en s'emparant de sa baguette.

- Il faut qu'on transplane loin d'ici, tout de suite.

- Mais enfin que...

- Je t'avais dit que les moyens de communication étaient surveillés Hermione ! s'exclama-t-il alors, furieux. Je t'avais prévenu qu'ils contrôlaient chaque courrier comme chaque transport, d'habitude ce n'est pas le genre de chose que tu oublies pourtant !

- Oh Merlin qu'ai-je fais...murmura Hermione, horrifiée. Je suis désolée, tellement désolée ! Partons vite !

Immobile, le regard ailleurs, Drago leva la main pour la faire taire.

- Trop tard, annonça-t-il. Ils arrivent.

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Avant même qu'Hermione n'ait eu le temps de réaliser ses paroles, deux Mangemorts apparurent dans le salon, baguette tendue. Malgré la capuche noire rabattue sur leur tête, elle reconnut aussitôt ceux qui l'avaient attaqué l'autre nuit, parmi eux, Yaxley. Elle se souvint que le troisième avait été tué par l'une de ces étranges lueurs rouges, et espéra de tout cœur qu'elles lui reviennent en aide ce matin.

Drago se plaça aussitôt devant elle et défia les ennemis du regard, avant d'être le premier à prendre la parole :

- C'est une visite bien matinale les gars, contrairement à la dernière fois. Vous ne pourriez pas choisir un moment plus idéal pour jouer les héros ?

- Je vois que tu as retrouvé ton sens de l'humour Drago, ricana Yaxley. Tu étais au bord de la mort la dernière fois que je t'ai vu, c'est ta Sang-de-Bourbe qui t'as remis sur pied je devine ?

- Fais attention à ce que tu dis, menaça Drago sans aucune trace d'amusement. Il ne te reste que quelques secondes à vivre alors je te conseille de ne pas les gâcher en me provoquant.

C'est alors que le second Mangemort, dont Hermione ignorait toujours l'identité et qui jusque là s'était contenté d'observer, rigola d'une façon qui déplut fortement à Drago vu la vitesse à laquelle il détourna la tête vers lui.

- L'approche de ta mort te fait rire Dexter ? lança-t-il.

Dexter ? Ce nom lui disait quelque chose, et Hermione fouilla sa mémoire à la recherche de quoi que ce soit qui pourrait lui rappeler où elle l'avait déjà entendu. Mais elle n'eut pas besoin de chercher plus longtemps, car il releva sa capuche en arrière et découvrit ainsi un sourire froid et cruel qu'elle ne pourrait jamais oublier : William Dexter, ancien Serpentard qui s'était opposé à son couple jusqu'à vouloir les éliminer. Pensait-il comme son confrère qu'elle appartenait à une race qui devait disparaître pour que règne le bien ? Quelque chose lui disait qu'il utilisait seulement ce prétexte pour accompagner Yaxley dans sa tâche de la tuer.

- Ce n'est pas la mienne qui me fait rire, répondit-il en s'avançant, mais celle de ta protégée...

- Fais encore un pas et je t'assure que tu n'auras plus jamais l'occasion de rire ! lança aussitôt Drago. Vous savez parfaitement de quoi je suis capable, vous n'êtes pas assez de deux pour que je prenne la peine de me battre, alors qu'est-ce que vous espérez exactement ?

- Simplement que tu réfléchisses à notre proposition, dit Yaxley d'un air sérieux.

- Je préfère te tuer maintenant.

- Rien ne t'en empêche effectivement, mais ce serait dommage de tuer le seul lien qui rattache la vie aux trois personnes que chérit ta compagne, tu ne crois pas ?

Contrairement à Drago, Hermione comprit aussitôt où il voulait en venir, et la haine emplit rapidement ses yeux d'une envie meurtrière.

- Si vous avez osé touché ne serait-ce qu'un seul de leurs cheveux...commença-t-elle en faisant un pas vers eux.

Drago sembla enfin saisir le sens de leurs paroles et barra la poitrine de la jeune femme d'un bras ferme.

- Fascinant, commenta Yaxley dans un murmure. Elle pourrait presque paraître courageuse, mais cela relèverait plus de l'idiotie de menacer un Mangemort qui détient des moldus chers à son cœur.

- Parle-moi en face espèce de...

- Hermione arrête ! siffla Drago entre ses dents avant de la ramener en arrière.

- Fascinant ! répéta le Mangemort avec enthousiasme.

- Ta proposition, quelle est-elle ? demanda le jeune blond qui jetait fréquemment des coups d'œil à William.

- Donne-là nous, et je lui jure la vie de ses proches.

- Non.

- Je me doutais bien que ces stupides moldus ne t'intéressaient guère. Mais ce que pense ta protégée, ça t'importe, je me trompe ?

Il tira un sourire mauvais devant le silence du jeune homme. Ce dernier n'osait pas se retourner vers Hermione, redoutant de croiser son regard, devinant ce qu'elle avait en tête. En effet, elle ne réfléchit pas plus de dix secondes avant de l'implorer à l'oreille d'accepter le marché.

- Non ! trancha-t-il.

Hermione fronça les sourcils, décidée à ne pas rester passive au danger que sa famille courait. Il était évident que Drago ne la laisserait jamais s'en aller avec les deux Mangemorts, surtout contre trois vies qui ne représentaient rien à ses yeux. Mais comme l'avait souligné Yaxley, cette décision lui revenait et l'espoir de s'en sortir malgré tout l'aidait à accepter son sort.

- Je veux la preuve qu'ils sont en vie ! dit-elle alors en avançant malgré la poigne du jeune homme.

Ce fut le pas de trop. William, qui jusque là semblait guetter la moindre occasion d'attaquer, bondit sur Hermione et l'arracha de Drago, les propulsant tous deux contre le mur. Yaxley profita de l'effet de surprise pour aussitôt désarmer son adversaire qui dût se résoudre à utiliser les mains. Il saisit William par les deux épaules et le souleva de la jeune femme avec une vitesse impressionnante, avant de pivoter sur lui-même. Comme il l'avait prévu, le sortilège de Yaxley atteignit son compagnon qui leur servit de bouclier et Drago ne perdit pas une seconde, il fallait réfléchir et agir vite. Il lâcha le corps inerte du Mangemort et chopa les pieds de la lourde table de bois avant de la renverser en avant, de façon à les protéger l'espace de quelques secondes suffisantes pour récupérer sa baguette. Mais celle-ci avait volé quelque part dans la cabane et, n'ayant pas le temps de la chercher, voulut s'emparer de celle de Hermione, mais il n'en eut pas le temps.

La table explosa une fraction de secondes plus tard ; Drago ne réfléchit pas et se jeta sur le Mangemort dont le sort lui effleura l'oreille avant de dévier contre la cabane qui commençait à bouger de façon inquiétante.

Hermione, impuissante, regardait Drago mettre un violent coup de poing à Yaxley qui se remit très vite, et alors que son adversaire allait frapper de nouveau, il l'envoya voltiger avec sa baguette contre le mur où Hermione était recroquevillée. Le Mangemort leva sa baguette et la jeune femme sentit son cœur lâcher, pétrifiée, tandis que Drago roulait aussitôt sur elle, prêt à se sacrifier sans peur aucune si ce n'est celle de ne plus pouvoir la protéger après son départ.

Toute la scène s'était déroulée en quelques secondes à peine, et le cerveau de Hermione avait tout bonnement déconnecté, incapable de réfléchir à quelques moyens de secours que ce soit, pour la raison que Drago l'avait simplement écartée du combat, la poussant et la repoussant chaque fois qu'elle avait tenté de se relever pour lui venir en aide. Et maintenant, ils allaient mourir, il allait mourir...Alors que la jeune femme s'apprêtait à prononcer les deux mots qu'elle s'était promis de ne jamais lui dire, la fenêtre au dessus du canapé explosa en mille morceaux et trois lueurs rouges fusèrent à l'intérieur de la cabane. Yaxley poussa un cri et se protégea le visage de ses deux mains, mais cela n'empêcha rien à la vivacité et à la férocité des lumières. Une fois de plus, Hermione assista aux attaques tranchantes des trois lames qui lacérèrent le visage de leur victime, émettant un son étrangement aigu.

Yaxley lança un « protego » et les trois lueurs furent éjectées l'espace de quelques instants avant de replonger sur lui. Mais il avait eut le temps de se jeter sur son compagnon resté inconscient, allongé aux pieds de Hermione, et transplana sans attendre. Les lumières rougeoyantes, bien que beaucoup moins étincelantes que l'autre nuit, restèrent sur place quelques secondes à peine avant de s'enfuir et de disparaître au loin.

- Tu vas bien ? lui souffla Drago, son visage quelques centimètres au dessus du sien.

Hermione approuva d'un signe de tête, et le jeune homme se dégagea avant de l'aider à se relever. Elle avait une tonne de questions en tête, mais Drago paraissait encore plus préoccupé et elle attendit patiemment qu'il défronce les sourcils. Lorsqu'il posa les yeux sur elle, la jeune femme eut l'impression de fondre devant tant de colère.

- Viens avec moi, ordonna-t-il sèchement sans possibilité apparente de contester.

A peine remise du choc, Hermione le suivit à l'extérieur, évitant soigneusement de jeter un œil à la cabane dévastée qui menaçait de tomber en ruine d'un instant à l'autre. Une fois en bas, il l'emmena sans un mot en plein milieu de la plaine déserte, à l'exception de leur grand chêne.

- Reste là, lui dit-il avant de s'éloigner de quelques pas vers l'est.

Ses mâchoires contractées n'annonçaient rien de bon et Hermione restait bêtement plantée où il le lui avait indiqué, se préparant à elle ne savait quoi si ce n'est un Malefoy en pétard. Elle le vit sortir sa baguette, et fit instantanément de même. Soudain, un Mangemort apparût en face d'elle. Heureusement qu'elle avait aperçu le mouvement de baguette de l'ancien Serpentard sinon elle l'aurait pris pour vrai tant l'illusion était appliquée.

Alors qu'elle allait demander à Drago où il voulait en venir, un éclair vert l'aveugla et une petite décharge électrique parcourut son corps, pas douloureuse mais extrêmement désagréable.

- Mauvaise nouvelle Granger, annonça Drago. Tu es morte !

- Je n'ai pas eu le temps de me préparer ! rétorqua-t-elle avant d'envoyer valser le Mangemort quelques mètres plus loin.

- Oh excuse-moi ! ironisa-t-il. J'aurais dû dire au Mangemort de te proposer le thé avant d'attaquer !

- Mais qu'est-ce qu'il t'arrive !

- Tu as failli te faire tuer, voilà ce qu'il m'arrive ! s'écria-t-il. Tu es restée sans bouger face à un Mangemort qui brandissait sa baguette sur toi !

- Quoi ! explosa-t-elle à son tour, ahurie. Tu m'as carrément empêchée de faire le moindre mouvement !

- Parce que tu n'étais pas prête ! défendit Drago avec plus de souffrance dans la voix que de réelle colère. Tu étais pétrifiée Hermione ! Incapable de bouger, tes quelques tentatives d'agir étaient irréfléchies et tu n'avais aucune confiance en toi, ta peur a failli te perdre...

Hermione regarda ailleurs et foudroya du regard l'arbre un peu plus loin. Drago ne passait jamais par quatre chemins lorsqu'il s'agissait de lui reprocher ses erreurs, et elle aurait donné n'importe quoi pour pourvoir lui renvoyer la balle. Mais voilà, il avait été parfait. Drago leur avait sauvé la vie grâce à sa vivacité et son instinct, tandis qu'elle s'était contentée de regarder.

Il s'approcha d'elle et son visage semblait avoir les traits moins durs :

- Je m'acharne à te garder en vie, dit-il. Aide-moi un minimum. Si je veux tant que tu saches te battre Hermione, c'est parce qu'il m'est trop difficile de me concentrer en combat si je ne suis pas certain que tu t'en sortes. J'ai besoin de te savoir forte, tu comprends ?

Hermione hocha tristement la tête.

- On reprend, annonça-t-il avant de s'éloigner.

- Leurs vies t'importent donc si peu ? murmura Hermione, les sourcils froncés.

- De qui parles-tu ?

- De Richard ! s'écria-t-elle. Et de Charlie et Jaffrey ! Ils sont retenus on ne sait où et toi tu crois sérieusement que je vais rester ici sans rien faire ?

- Ils vont bien, répondit Drago d'un ton posé. Tous les trois.

- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes, tu n'as pas compris leurs menaces ?

- Ils mentaient Hermione, c'était pour eux un simple moyen de te faire chanter, une tentative tout à fait idiote de leur part.

- Comment...

- Je me suis chargée de leur protection avant de partir, la coupa-t-il d'un ton impatient. Ils ne craignent absolument rien. Je savais qu'ils étaient cibles de chantage, et crois-moi il est impossible qu'on s'en prenne à eux, où alors j'en serais averti aussitôt. C'est bon, tu es rassurée ?

- Oui, souffla-t-elle de soulagement. Merci, merci beaucoup Malefoy. Heureusement que tu es là, bien plus prévoyant que moi...

- C'est une question d'habitude. Bon, on y va ?

Un nouveau Mangemort apparut, et Hermione repoussa sa première attaque.

- C'est toi qui aurait du attaquer la première ! entendit-elle Drago crier.

Elle n'y prêta pas attention et se concentra sur son adversaire. Le sort de paralysie qu'elle lui lança disparut en fumée avant qu'il ne contre-attaque aussitôt avec le sortilège impardonnable qui lui valut une nouvelle décharge.

- Morte ! commenta Drago avec un air de reproche avant de faire apparaître un nouveau Mangemort.

Cette fois, Hermione ne lui laissa pas le temps d'apparaître et envoya sur lui un jet d'acide qui arracha un cri de douleur à son ennemi. Satisfaite, son sourire disparût néanmoins lorsqu'elle entendit Drago annoncer « morte », avant même qu'elle n'ait eut le temps de comprendre. En effet, deux secondes plus tard, un nouvel éclair vert l'atteignit de plein fouet, sous les ricanements de son coach :

- Le temps que tu perdais à crier victoire, lui, il l'a utilisé pour attaquer !

Humiliée, la jeune femme ferma les yeux avec insistance pour s'empêcher d'aller étrangler l'autre abruti de Malefoy. Bien qu'elle n'avait que l'envie de partir, elle se résolue à lui prouver qu'elle était capable de se battre contre un fichu Mangemort.

Drago en fit apparaître un autre, inlassable. S'enchaînèrent ainsi pendant une bonne heure de nombreux « morte » et des « la ferme » qui furent les seuls échanges d'un combat acharné où l'un s'obstinait pendant que l'autre désespérait. Si Hermione sentait son corps commencer à souffrir du nombre incroyable de décharges qu'elle reçut, elle ne s'en plaignit pas une seule fois, refusant de donner l'occasion de rire à son adorable coach.

- Morte ! cria Drago pour la centième fois.

- Je le sais merci ! riposta-t-elle, piquée au vif. Il me semble savoir mieux que toi quand je me fais touchée !

- N'en sois pas si sûr ! Je peux t'affirmer deviner avant toi l'instant où tu te feras avoir ! Tu es si prévisible ! J'espère que tu prends cet entraînement au sérieux, je ne me fatigue pas à dire « morte » pour rien figure-toi, c'est réellement ta vie dont il est question !

- Par Merlin Malefoy comment veux-tu que je progresse en un jour seulement ? dit-elle en se laissant tomber contre l'arbre derrière elle. Ta grande expérience, tu l'as acquise tout au long de ta vie ! Tu es baignée dans la magie et les duels depuis petit, et tu me demandes d'être une combattante redoutable en quelques heures ?

- Oui, répondit-il simplement. Hermione tu es une personne extrêmement talentueuse ! La magie à moi, on me l'a apprise, te concernant il n'est pas difficile de deviner que la magie fait entièrement partie de toi. Tu es très douée depuis toute jeune déjà, et quoi que tu dises, si n'importe qui d'autre s'était autant que toi passionné pour les livres, l'exécution des sortilèges serait restée trop complexe pour un enfant. Tu apprends à une vitesse impressionnante, fait preuve d'une agilité et d'une intelligence incomparable. Tu as tous les talents qu'il faut pour être gagnante de chaque combat, mais tu manques de confiance en toi, et tu es beaucoup trop sensible à la peur. Elle te fais perdre tous tes moyens et diminue tes réflexes, tu penses trop aux attaques que tu entreprends mais pas assez à celles de ton adversaire.

Hermione était heureuse d'entendre de telles choses, mais n'arrivait pas se ôter l'idée qu'il disait cela uniquement dans le but de l'encourager à prendre confiance en elle. Quoi qu'il dise, elle n'arriverait jamais à la cheville des vrais aurors comme Harry, et elle ne parlait même pas de Drago. Pourtant il paraissait sincère, mais de toutes façons il était dur de ne pas voir que des qualités merveilleuses en son âme sœur, et Hermione redoutait que chacun de ses compliments ne soit que le fruit de son amour pour elle.

Drago fit apparaître un nouveau Mangemort, au plus grand regret de la jeune femme.

- Comment ais-je fais pour survivre à toutes les attaques de Mangemorts cet été ? murmura tristement Hermione. Comment ais-je réussi à en capturer autant ?

- Les Mangemorts que Voldemort envoie ne sont que de simples sorciers qui se sont récemment lié à lui, préférant le mal à la mort, voilà pourquoi ils sont si nombreux. Mais les véritables Mangemorts qui le servent depuis des années sont confiés de missions bien plus importantes et restent à ses cotés pour une protection permanente, bien que je doute qu'il en ait besoin. Ce sont ces adeptes-là les plus dangereux dont il faut se méfier, ceux-là contre qui on aura à se battre. Allez on reprend.

- D'accord, souffla-t-elle. Mais cesse de m'informer de ma mort et donne-moi plutôt des conseils.

- J'attendais que tu me le réclames, sourit-il. Si je l'avais fait d'office tu m'aurais ordonné de me taire, je me trompe ?

- La ferme.

Drago rigola et Hermione, à bout de souffle, se concentra à nouveau sur la forme noire encagoulée qui levait sa baguette. Elle tenta de le désarmer et le sort réussit, seulement lui-même avait eut le temps de lancer le sortilège Doloris juste avant. La jeune femme pinça les lèvres sous la douleur cette fois, bien qu'elle ne dura que quelques secondes.

- Il faut que tu sois mobile, dit alors Drago d'une voix sérieuse, indiquant que le vrai entraînement commençait. Depuis que tu te bas, je ne t'ai pas vu une seule fois bouger de ta place. Le déplacement permanent perturbe l'adversaire et te donne une chance de plus d'éviter un sort, occasion qui n'est pas à négliger pendant le duel.

Hermione approuva et se déraidit aussitôt, adoptant une position plus souple face à son nouvel et trentième adversaire, prête à bouger. Elle repoussa son premier sort avec sonprotego et envoya à nouveau le jet d'acide. Mais le Mangemort avait prévu son attaque et l'évita sans mal, avant de lancer le sortilège de mort. Hermione avait retenue la leçon et se jeta sur le côté, évitant ainsi la décharge si désagréable. Mais cette dernière vint pourtant l'électrocuter l'instant d'après.

- Non Hermione ! râla le jeune homme en s'avançant vers elle.

- J'ai évité le sortilège ! se défendit-elle aussitôt.

- Oui mais pas le second !

- Je n'ai pas eu de chance, maugra-t-elle.

- Ce n'est pas une question de chance mais de technique, tu devrais le savoir. Tu laisses beaucoup trop de temps entre chacune de tes attaques, le Mangemort est vif lui ! A peine t'as-t-il attaqué qu'il recommence jusqu'à ce que tu tombes ! Et même lorsqu'il est touché il ne prend pas le temps de le réaliser et enchaîne tout de suite !

- Je crois que je commence à comprendre, dit-elle alors en se repassant chacun de ses combats.

Il était vrai que son adversaire était rapide, mais n'était-elle pas trop lente également ?

- Comme tu l'as vu, expliqua-t-il, les duels avec ce type de Mangemorts, j'entends par là les adeptes entraînés, les duels ne durent que quelques secondes, car à la moindre inattention de l'autre, le coup porté est fatal. C'est pour que ça que ce matin dans la cabane, je ne perdais pas une seconde à agir, je l'occupais le plus longtemps possible pour éviter que se présente à lui l'occasion de te tuer.

Hermione ne cessait de hocher la tête pour approuver. Il était temps pour elle de ravaler sa fierté et d'essayer vraiment de progresser. Mais un problème s'imposa à elle :

- J'ai compris, je dois enchaîner les sortilèges pour survivre, c'est lui ou moi. Mais mes connaissances magiques s'arrêtent à la magie blanche enseignée à l'école et dans les livres, je n'ai aucune chance contre leur magie quand je te vois combattre...

- Prends confiance en toi Hermione, s'il te plaît. Ne sous-estimes pas ta magie, rappelles-toi que c'est celle qui vous a sauvé tant de fois toi et tes amis, lorsque vous avez franchis chaque piège pour atteindre la pierre philosophale en première année. Vous n'aviez alors que onze ans, et avez bravé des étapes où de grands sorciers auraient échoué. Ne néglige pas les pouvoirs de ta baguette, même avec de simples sortilèges, tu peux gagner, il suffit de le vouloir...

Les propos de l'ancien Serpentard commençaient enfin à prendre forme dans sa tête. Noire ou blanche, la magie restait la magie, il n'était pas question de l'une plus forte que l'autre, mais de la façon dont on en faisait usage...

Drago fit apparaître un Mangemort. A peine eut-il le temps de se former qu'elle l'avait déjà propulsé au loin. Sans perdre de temps, elle le désarma, puis le fit léviter avant de l'envoyer s'assommer contre le chêne.

- Avada Kedavra, prononça-t-elle.

Et le Mangemort disparût en fumée. Hermione, encore étonnée de sa propre performance, se tourna impatiemment vers Drago. Alors qu'elle s'attendait à ce qu'il lui crie sa joie admirative, elle n'eut pour récompense qu'un sourire et un hochement de tête satisfait. Alors, elle se contenta de sourire à son tour au lieu de narguer son exploit. Quelque chose dans son regard lui disait qu'il agissait comme on le lui avait appris à lui, et devinait clairement que Lucius n'était pas le genre de père à féliciter chaque réussite de son fils. Elle ne pouvait lui en vouloir, car bien qu'il ait changé de façon remarquable, il était impossible d'effacer totalement une éducation et une façon d'être. C'est pourquoi il restait Drago Malefoy, différent de tous les autres hommes, et elle l'aimait pour celui qu'il était. Elle se plaignait souvent du Malefoy prétentieux et insolent de Poudlard, mais l'aurait-elle autant aimé s'il n'avait pas été ce garçon ? Rien n'aurait été pareil. Il était la deuxième partie d'elle, le deuxième morceau de son cœur, son côté arrogant et sûr de lui la complétait autant que sa bonté et sa modestie le complétaient lui. Il ne formaient qu'un, mais ne pourrait jamais être unis.

Une bouffée de chagrin lui monta à la gorge, et Hermione dût aussitôt la dissimuler dans sa détermination :

- Un autre Mangemort, vite.

Drago ne se le fit pas dire de fois et un nouvel adversaire se présenta à la lionne. Quelque chose lui disait que répéter le même stratagème fonctionnerait, mais ne serait pas bénéfique à l'entraînement. Les paroles de son coach lui revinrent en tête : « même avec de simples sortilèges, tu peux gagner, il suffit de le vouloir... ».

- Rictusempra ! lança-t-elle.

Le Mangemort se mit alors à éclater de rire, bientôt transformé en un fou rire incontrôlable qui le fit se plier en deux. Hermione se savait déjà vainqueur et acheva l'ennemi, incapable de se défendre. Une fois de plus, elle se tourna vers Drago, fière :

- Ça devient facile, sourit-elle.

- Je t'avais dit, que tu apprenais à une vitesse incroyable. Quand me feras-tu confiance ?

Hermione ne cacha pas sa surprise devant cette nouvelle question qui lui tordait l'estomac. Comme la veille, elle n'y répondit pas. Drago dût le remarquer car il ne s'y attarda pas, mais la déception traversa son visage pendant une seconde qui n'échappa pas à la jeune femme.

- Puisque tu progresses aussi vite, passons au niveau deux.

- Au niveau deux ? répéta-t-elle sans comprendre.

Drago fit apparaître quatre Mangemorts.

- A toi de jouer championne, railla-t-il en s'éloignant de nouveau.

Hermione grogna. Ça lui apprendra à crier victoire trop tôt. Quatre éclairs vert fusèrent droit sur elle, mais écoutant les conseils de Drago, elle eut le réflexe de se jeter à nouveau sur le côté, évitant ainsi quatre décharges dont elle devinait parfaitement la douleur que ça lui aurait valu. Les Mangemorts attaquèrent encore sans perdre de temps, mais Hermione s'était préparée cette fois et s'écria :

- Impedimenta !

Le sortilège d'entrave qui ralentit l'action lui laissa amplement le temps d'éviter les sorts, et elle profita de la surprise de ses adversaire pour lancer sur deux d'entre eux le sortilège d'aveuglement. Elle évita les sorts des deux autres qui s'y remettaient déjà et les désarma sans difficulté. Les quatre combattants sans défense et à sa merci tombèrent un à un.

Bien que Drago tentait de cacher sa joie, Hermione la devinait aisément. Elle tua toutes les illusions qui suivirent avec la même adresse et en prenant de moins en moins de temps. Elle se sentait progresser bien plus en une seule journée que sur ses sept années à Poudlard. Drago les faisait apparaître par dizaines à présent, mais le nombre ne dérangeait plus la jeune femme, seule la technique et la vitesse lui assuraient de gagner.

Mais lorsqu'elle acheva le dernier Mangemort par le sortilègeincendio, et qu'elle assista à la mort de celui-ci en train de brûler vif, la jeune femme fut prise d'un vertige et demanda à s'arrêter pour aujourd'hui. Loin d'ignorer ce qui la tourmentait, Drago s'approcha de Hermione qui s'était adossée contre l'arbre.

- Non tu n'es pas en train de prendre goût à la magie noire Hermione, lui souffla-t-il avec un sourire. Tu prends goût à la victoire, c'est différent.

Hermione le regarda intensément. Merlin comment pouvait-il lire en elle avec tant de facilité ! Cet homme venait de deviner ses réflexions alors qu'elle avait simplement prétendu être fatiguée. Elle n'arrivait pas à le lui cacher de toute façon, alors autant en discuter :

- Je me sentais si puissante, avoua-t-elle. L'envie de les tuer et de les vaincre en est presque devenu un jeu au lieu d'un devoir ! Tu te rends compte ? Je me suis amusée à...tuer.

- C'est normal, tu découvres la magie noire et son pouvoir t'affecte comme n'importe quelle autre personne. Il est très difficile de résister à la puissance que cette magie nous donne, au sentiment d'invincibilité qu'elle entraîne et j'aurais été surpris que tu ne sois pas attirée. Beaucoup y ont succombé en la découvrant, et sont à présent du côté du mal, consumés par cette drogue qui leur donne la toute puissance.

- Alors, déglutit-elle, je vais devenir mauvaise c'est ça ?

- Ta question ne vaut même pas la peine que j'y réponde Hermione, se fâcha-t-il.

- Tu as vu comment j'ai tué le dernier ? Merlin je l'ai fais brûlé ! Ça ne me ressemble pas du tout ! Et si j'étais déjà différente ?

- La seule différence, c'est ton niveau de magie qui progresse. Tu es la dernière personne sur Terre dont je m'inquièterais du pouvoir de la magie noire ! Oui elle fait effet sur toi en te rendant plus forte, mais elle n'affecte pas ta personnalité qui est plus marquée que beaucoup d'autres.

- Tu savais les risques qu'ils y avaient, murmura-t-elle avec colère.

- Quoi ?

- Tu savais parfaitement que la magie noire était capable de prendre le contrôle sur les sorciers et tu me l'as fais essayée !

- Parce que je savais qu'elle n'agirait pas sur toi ! Enfin Hermione, de quoi tu m'accuses là exactement ? D'avoir voulu te faire passer du côté du mal ?

Oui. En effet, cette hypothèse lui avait traversé l'esprit, et elle n'en était pas très fière. Se souvenant que, même si Drago était un Mangemort - possibilité qu'elle ne parvenait pas, malgré tous ses efforts, à écarter - , il ne lui nuirait jamais à elle, aux autres peut-être, mais pas à elle. Avec son amour, c'était la seule chose dont elle était vraiment certaine le concernant.

- Excuse-moi, finit-elle par dire. Tu as raison, la peur, quelle qu'elle soit, me fait perdre la raison et j'ai dit n'importe quoi.

- Tu vois, sourit-il, que tu es parfaitement capable de la dominer ?

- Quoi donc ?

- La magie noire. C'est elle qui t'a fait entrer dans cet état de colère, elle tente de prendre possession de ton âme mais elle est tombée sur une adversaire bien trop pure pour y parvenir. Je ne m'attendais pas à ce que tu reprennes ton sang-froid aussi vite je dois dire. Mais même si je suis sûre qu'elle est impuissante face aux bons sorciers, mieux vaut quand même éviter de la pratiquer trop souvent, sers-en toi uniquement en entraînement et en vrais combats, pour le reste, fais comme d'habitude.

- Oui, oui bien sûr.

Les yeux de la jeune femme fixaient le vide. Elle découvrait une particularité de la magie noire qu'elle n'aurait jamais soupçonnée. Ainsi cette magie avait un pouvoir d'influence ? Bien que cela ne justifiait pas le choix des mauvais sorciers, ça l'aidait tout de même à mieux comprendre.

- On passe au niveau trois ? suggéra Drago avec un sourire.

Hermione haussa les sourcils. Qu'y avait-il de plus puissant qu'une horde de Mangemorts ? La réponse lui vint lorsque Drago Malefoy se posta face à elle, en tant qu'adversaire.

- Evidemment, dit-elle en tirant un petit sourire.

Elle se leva et, même en étant consciente de n'avoir aucune chance, le défi lui plaisait.

- Bonne chance Granger, sourit-il tel un gamin, levant sa baguette devant lui.

- Ce n'est pas une question de chance mais de technique mon cher Malefoy.

- Ce doit être un homme très sage qui t'a enseigné ça, s'amusa-t-il.

- Je pencherais pour le côté amateur...

Elle eut le temps de voir son sourire dévoiler ses dents blanches avant qu'un éclair rouge l'oblige à se déplacer. Elle repoussa le second, le troisième et les suivants, mais ses attaques étaient si rapides qu'elle ne trouvait pas le temps de riposter.

- Tu fatigues ma petite lionne ? ricana-t-il.

- Pour ça il faudrait que tu commences à attaquer ! Allons, c'est tout ce que tu as ? Des stupefix ?

- Je m'en voudrais de te faire mal...

Hermione tentait de maintenir son rythme pour éviter ou repousser chacune de ses attaques, mais elle ne tiendrait pas éternellement et devait absolument trouver le moyen de lancer un sort à son tour.

Elle ne sut si Drago le fit exprès ou non, mais il parût relâcher son attention l'espace d'un instant, et Hermione en profita pour lui lancer le sortilège de paralysie qui fut repoussé avec facilité.

- Tu veux voir de la vraie magie ? lança alors Drago, le sourire jusqu'au oreilles.

Joignant le geste à la parole, sa baguette effectua un drôle de mouvement et de gigantesques glaces apparurent tout autour de la jeune femme. La tête blonde se reflétait sur chacun d'entre eux et Hermione sentit son cœur s'accélérer, perdue dans un labyrinthe de miroirs. Elle voulut courir mais chaque chemin empruntés menait à une impasse, et la panique prit le dessus.

- Malefoy arrête ça ! ordonna-t-elle avec un fond de supplication.

Le labyrinthe disparût aussitôt. C'est alors qu'elle eut froid, très froid. Elle fit un pas mais le sol craquela sous ses pieds, et Hermione découvrit avec horreur qu'elle se trouvait en plein milieu d'un lac gelé. Elle releva la tête et retint une exclamation devant le paysage qui n'avait rien à voir avec les plaines vertes, mais dont la couche de neige recouvrant les arbres dessinait un affreux tableau hivernal. Pétrifiée, la jeune femme n'osait pas bouger au risque de briser la glace et tomber dans une eau gelée.

- L'illusion est l'un des sorts les plus noirs, résonna de nul part la voix de l'ancien Serpentard. Je peux te faire croire ce que je veux et même te faire ressentir les choses que je désire...

- Ma...Malefoy, je t'en prie...

Le sol sous ses pieds redevint vert ainsi que le paysage, tandis que son corps retrouva sa chaleur. Drago se tenait là, devant elle. Hermione n'arrivait pas à articuler un seul mot, folle de rage et de peur.

- Tu n'est qu'un frimeur, finit-elle par lâcher avec un regard noir.

Drago s'esclaffa sans prendre la peine de s'excuser.

- Tu n'imagines pas de quoi est capable la magie noire, reprit-il de nouveau. Je veux te la montrer pour que tu saches y faire face lorsque tu te retrouveras dans cette situation.

- Je ne suis pas sûre que les Mangemorts, aussi doués soient-ils, utilisent ce sortilège en combat.

- Peut-être pas, dit-il d'un air mystérieux. Mais ce sont des sorts tout aussi efficaces. Ils peuvent par exemple...t'empêcher de bouger tout en restant consciente.

Aussitôt, Hermione sentit son corps se raidir et le moindre geste lui devint impossible.

- Ou ils peuvent encore...t'ôter la vue.

Soudain, le paysage disparût de nouveau pour laisser place au noir complet. Hermione ne distinguait plus rien, complètement aveugle. Si elle ne voyait plus, elle pouvait encore entendre et sentir, et elle l'entendit se rapprocher, sentit son odeur de plus en plus près.

- Malefoy ne fais pas ça, supplia Hermione entre deux souffles.

- Ils peuvent également...t'empêcher de parler...

Muette, la jeune femme ne put lui crier de reculer. Il était tout près à présent, elle pouvait sentir son souffle chaud caresser sa joue et son parfum l'envoûter tout entière.

Alors, avec une lenteur frustrante et une douceur irréelle, Hermione sentit des lèvres se poser sur les siennes. Tous les sorts dont elle était victime auraient tout aussi bien pu s'annuler qu'elle n'aurait pas bougé, savourant le premier contact avec son âme sœur depuis plus d'un an...

Les lèvres du jeune homme se firent plus pressantes, et Hermione ressentait le désir la traverser comme de l'électricité, la posséder sans contrôle. Elle savait qu'en ce moment, ils n'y avaient pas deux cœurs qui battaient à tout rompre, mais un seul pour deux...

Bien pire qu'un film qui se finit, pire qu'un été qui s'achève, plus horrible que la fin des soldes...Drago mit un terme au baiser. Hermione ouvrit les yeux et redécouvrit la lumière, tandis que son corps retrouvait sa mobilité. Deux yeux d'un bleu azur sublime la contemplaient avec amour...

Il cligna des paupières une fraction de seconde et elle vit avec regret le gris reprendre sa place. Elle aussi devait revenir à la réalité blessante, elle aussi devait s'échapper à cet instant de bonheur pour remettre son masque qui semblait lui peser de plus en plus lourd chaque jour.

« Tu me le paieras Malefoy». Oui, c'étaient là des mots assez forts, et le ton aurait produit un bel impact, bien qu'il aurait sûrement rigolé comme d'habitude. Oui, tels auraient été les mots prononcés avec conviction si elle avait été capable de parler...

- Tu ne m'en veux pas j'espère ? sourit-il. Je préfère savourer le silence qui suit un beau moment, plutôt que des cris hystériques et indignés d'une lionne aux joues toutes rouges et au cœur affolé.

« C'est dû à la colère Malefoy ! Et à rien d'autre ! ». Mais aucun son ne sortit. Drago prit le chemin du retour les yeux clos et le sourire aux lèvres, ignorant les gesticulations de la jeune femme qui mimait des hurlements, en vain.

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L'après-midi s'achevait lentement pour faire place aux premiers nuages du soir. Tandis que Drago était occupé à renforcer les sortilèges de protections qui n'avaient apparemment pas été assez efficaces contre les Mangemorts, Hermione finissait de remettre de l'ordre à ce champ de bataille. Un tas de questions lui trottaient dans la tête, dont l'une importante datant de la veille, mais elle n'avait pas vraiment trouvé le temps pour la poser à Drago. Même si ça avait été le cas, elle aurait mis tout aussi longtemps à se décider à lui en parler. En effet, bien que sa question fût normale à poser et dénuée de tous pièges, Hermione repoussait chaque fois l'occasion de lui en parler, redoutant sa réaction alors qu'il n'y avait aucune raison qu'il s'énerve. Et pourtant, rien que le fait d'aborder le sujet la mettait mal à l'aise.

- Malefoy ?

Il ne répondit pas, continuant de jeter des sorts par-ci par-là, mais elle savait qu'il l'écoutait.

- Hier soir, commença-t-elle. Le...vampire, était prêt à me tuer et...il est parti, comme ça. Il a su qui tu étais, puis il s'est enfui. Pourquoi ?

Drago s'était immobilisé, lui tournant toujours le dos. Elle avait visé juste ; cette question le dérangeait.

- Je n'en sais rien, finit-il par dire d'une voix qui se voulait convaincante.

Il mentait, une fois de plus. Mais pourquoi ? Qu'avait-il à lui cacher ? Pourquoi s'obstinait-il à lui mentir au lieu de lui faire confiance ? Hermione ignora la voix qui lui assurait que ses questions là s'adressaient également à elle, et insista, déterminée à vouloir une explication au risque de l'énerver.

- Je me souviens, j'ai entendu sa voix tout près de mon oreille qui prononçait ton nom avec étonnement, et ses doigts gelés me relâcher lentement. A-t-il eu peur ?

- Je t'ai dis que je n'en savais rien ! s'écria alors Drago.

La jeune femme sursauta devant cet excès de colère soudain. Ce qu'elle redoutait venait de se passer, c'est qu'il lui cachait bien quelque chose. Elle décida de ne pas abandonner aussi facilement et répliqua :

- Et alors cela ne t'intrigue pas ? Si tu n'es au courant de rien Malefoy, pourquoi ne cherches-tu pas avec moi les raisons de sa fuite !

- Parce que ça ne nous mènerait à rien, répondit-il plus calmement.

- Qu'est-ce que tu en sais ?

- Qu'est-ce que ça t'apporterait Hermione franchement ? Nous avons une mission bien assez compliquée comme ça et je ne trouve aucun intérêt à perdre du temps sur ce genre de détails ! Tu sais ce que je pense ? Que ce vampire a tout simplement eu peur parce que mon père a longtemps répandu la terreur autour de lui. C'est mon père que Voldemort envoyait souvent pour négocier avec les créatures comme les géants ou les vampires, et ses méthodes n'étaient pas des plus courtoises si tu vois ce que je veux dire. Je ne suis pas seul à faire la célébrité de mon nom...

Hermione devait se l'avouer, si tout ça était un mensonge, Drago avait de formidables talents d'acteur, car elle fut convaincue et n'insista plus.

- D'accord, d'accord. J'ai une autre question.

Elle l'entendit souffler mais il ne protesta pas :

- Hier soir encore, à peine as-tu vu le vampire que tu l'as définis de « Sang Pur ». Je ne savais pas qu'il existait ce genre d'idiotie chez les vampires, qu'est-ce que ça veut dire pour eux ?

- La même chose que pour nous, expliqua-t-il en s'effondrant sur le canapé qui lui servait de lit, tandis que Hermione prenait l'unique fauteuil. Eux aussi ont établi toute une hiérarchie, et ont donc des classes plus ou moins élevées.

- C'est ridicule, ne put s'empêcher de commenter Hermione.

- La différence, poursuivit-il, c'est que cette distinction du rang tient beaucoup plus d'importance dans leur façon de diriger, je dirais même qu'elle est capitale car les Sangs Sales, c'est ainsi qu'ils nomment ceux qui serait pour nous des Sang-de-Bourbe, sont beaucoup moins puissants que les Sangs Purs et ne peuvent donc se révolter. De toute façon l'idée ne leur viendrait même pas, ils ne conçoivent pas une autre façon de vivre.

- Quelle est la différence entre les deux ? demanda Hermione, prise d'intérêt pour ces créatures qui l'effrayaient tant.

- C'est simple, un Sang Pur est un sorcier mordu qui se transforme ensuite en vampire, la magie coule encore dans ses veines et le rend bien plus fort et plus rapide qu'un Sang Sale. Ce dernier est un moldu qui se fait mordre, et une fois devenu vampire, il reste faible et a souvent besoin de se nourrir. Les Sangs Purs sont rares car les ils évitent de mordre les sorciers dont ils ont peur, et font généralement partis de la famille royale, tandis que les Sangs Sales constituent l'armée.

- L'armée ? répéta-t-elle en s'empêchant d'imaginer la scène d'un pauvre humain se faire vider de son sang.

- Oui, une armée de soldats vampires qui est chargée de chasser la nourriture pour la famille royale, et de combattre en cas de guerre. Hier, la rapidité avec laquelle le vampire a disparu à peine pris au piège, m'a tout de suite informé sur sa nature, et il est vraiment étrange de voir un Sang Pur chasser, la nourriture doit cruellement manquer.

Hermione intégrait lentement toutes ces informations qui l'aideraient sûrement à comprendre leur comportement. Elle se souvint alors des propos de Bernard sur les vampires, et interrogea Drago à nouveau :

- Quelle est la place des femmes dans tout ça ?

- Au sommet. Du moins pour la tribu que nous rencontrerons ce soir, car chaque clan a ses modes de vie et ses propres règles, exceptées celles que je t'ai cité hier qui sont universelles. La femelle vampire est beaucoup plus forte que le mâle, mais il existe des tribus où elles sont honorées de servir et non de diriger.

- Comment connais-tu tant de choses ? demanda Hermione, fascinée.

Drago tira son petit sourire en coin :

- Disons que ma mère ne me racontait pas les mêmes histoires que la tienne avant de dormir...

Hermione n'insista pas, se maudissant d'aborder chaque fois un sujet qui la mettait étrangement plus mal à l'aise que lui.

- Tu as d'autres questions ? demanda-t-il en indiquant clairement du regard ce qu'il fallait répondre.

- A vrai dire, oui.

Drago laissa tomber sa tête dans le coussin miteux qu'il utilisait en tant qu'oreiller, et grogna quelque chose qu'Hermione ne comprit pas.

- Comment va-t-on trouver les vampires cette nuit ? Je doute qu'ils se laissent surprendre par le même stratagème cette fois.

Drago se retourna sur le dos et contempla les lattes du plafond fissuré pendant un instant, avant de répondre :

- On fera une petite balade nocturne...

Hermione haussa les sourcils.

- L'incident d'hier, le fait qu'on ait pas attrapé le vampire a pour conséquence la mise au courant de toute la tribu, et je ne serais pas étonné qu'ils soient plusieurs à guetter les environs ce soir.

- Si j'ai bien compris, déglutit Hermione en tentant de sortir du fauteuil si mou qu'elle s'était enfoncée dedans, cette fois ce ne sera pas la panthère qui servira d'appât, mais nous...

- Rectification, tu serviras d'appât...

Le bruit sourd qui résonna contre le parquet interpella Drago qui tourna la tête : Hermione s'était tout simplement effondrée à terre sous le coup de la nouvelle, alors qu'elle luttait pour se dégager du fauteuil.

- Quoi ! s'étrangla-t-elle, le front écrasé contre le sol poussiéreux.

Elle n'obtint qu'en réponse un éclat de rire qui eut le don de l'énerver plus qu'elle ne l'était déjà.

- Refais-moi la scène Granger, j'ai tout raté ! s'esclaffa Drago.

- Crétin, murmura-t-elle entre ses dents.

Pendant cet échange, Hermione eut l'impression de revenir à l'époque de Poudlard, et c'est cet imbécile de Malefoy qu'elle revit en train de rire sur le canapé, il n'aurait manqué que Pansy, Crabb et Goyle à ses côtés pour que le tableau soit complet. Oui, décidément ce Drago là faisait bel et bien parti de sa personnalité et elle craignait de ne jamais s'y habituer.

S'y habituer ? Hermione réalisa qu'elle raisonnait comme si elle allait passer sa vie auprès de lui, et la douloureuse vérité lui rappela aussitôt ses obligations et le départ proche et définitif de l'homme qu'elle aimait. Ces pensées dissipèrent aussitôt toute trace de colère, et l'amertume se chargea de prendre le relais. Drago dût remarquer son changement soudain d'humeur car il se leva pour s'approcher d'elle avec cet air inquiet sur le visage qu'elle commençait à lui connaître, bien que ce ne fut jamais pour ce qu'il croyait :

- Eh, souffla-t-il en lui relevant délicatement le menton. Je ne serais pas loin, je te le jure.

Cette phrase lui rappela le sujet initial et Hermione grimaça.

- S'ils me voient à tes côtés, ils ne se montreront pas tout de suite, expliqua-t-il. Mais je serai là, suivant chacun de tes pas, tu n'as pas à t'inquiéter.

Hermione hocha la tête pour signaler qu'elle obéirait, ébahie par la malchance qui accompagnait sa vie.

Elle leva les yeux vers Drago, mais il ne la regardait pas ; son regard était fixé un peu plus bas, dans son cou. Hermione sut aussitôt ce qui attirait son attention et porta instinctivement sa main au pendentif, rompant ainsi l'hypnotisme dont Drago semblait victime.

- Tu...tu l'as toujours ? murmura Drago dont les yeux ne quittaient pas le petit cœur violet.

Quelle idiote ! Merlin quelle idiote ! N'aurait-elle pas pu penser à l'enlever l'espace de quelques malheureux jours ? Non il avait fallu qu'elle trouve normal de porter une telle preuve d'amour sur elle, exposée au yeux de sa moitié. Heureusement, Drago ne connaissait pas sa réelle valeur, mais celle qu'il lui attribuait, autrement dit le symbole de son amour pour elle, était suffisante pour qu'il mérite une explication. Explication qu'il lui fut impossible de donner, tant le stress lui nouait la gorge.

- C'est-à-dire que je...heu, bafouilla-t-elle en se sentant rougir.

- Je pensais ne jamais le revoir, dit-il d'une voix absente. Pourtant Merlin sait que j'y ai pensé à ce cœur pendant ma...dépression. Je ne sais pas pourquoi il m'obsédait à ce point, j'avais l'impression qu'il m'appartenait autant qu'à toi, mais je ne pensais pas que tu l'aurais encore.

- Drago écoute je...

Hermione s'interrompit en réalisant qu'elle venait de prononcer son prénom, comme chaque fois qu'elle perdait le contrôle de ses émotions. Il fallait qu'elle se reprenne et trouve un mensonge au plus vite pour se sortir de ce pétrin, mais à sa grande surprise, Drago s'en chargea à sa place :

- Ne t'inquiète pas je sais pourquoi tu l'as conservé, je comprends.

- Tu...tu sais ? répéta Hermione dont les battements de cœurs prenaient de la vitesse.

- Oui. C'est une sorte de...trophée, en fait. Tu l'as gardé en souvenir de ta vengeance, pour te rappeler la victoire de...

- Tais-toi, souffla Hermione les yeux clos, ne supportant plus d'entendre autant de bêtises.

- Ne t'en fais pas j'ai bien compris que tu regrettais tes actes, ce n'est plus qu'un vulgaire collier pour toi je devine ?

Un vulgaire collier. Hermione manqua de tomber une deuxième fois. Ce vulgaire collier était toute sa vie, ce qui l'avait empêché d'oublier ce pour quoi elle avait sacrifiée sa vie à un malheur éternel, l'unique chose qui la rattachait encore à son âme sœur, la preuve d'un amour indestructible et le coffre regorgeant de souvenirs heureux...

- C'est pourquoi...reprit Drago d'un ton mal assuré, je voudrais te demander une faveur. Donne-le moi. Je pense qu'il ne représente plus rien pour toi si ce n'est le souvenir d'une époque que tu aimerais oublier, je me trompe ?

Hermione le regarda d'un air effaré. Il aurait pu lui demander n'importe quoi qui lui appartint, elle le lui aurait donné de bon cœur, elle avait déjà donné sa vie à Voldemort pour la sienne. Mais Drago lui désirait la seule et unique chose dont Hermione refusât toujours de se séparer et cela ne changerait jamais, même pour lui...

- Non Malefoy, répondit Hermione d'une voix tremblante. Excuse-moi, mais je ne te le donnerai pas.

Les yeux de Drago se détachèrent du collier pour venir croiser ceux de la lionne avec une colère non dissimulée. On aurait dit qu'il venait de se faire trahir de façon incompréhensible, mais Hermione le comprenait : elle ne lui accordait pas la seule chose qu'il pensait lui revenir de droit et qu'elle était en mesure de lui offrir sans remords.

- Non ? répéta-t-il en la dévisageant.

Hermione ne savait quoi lui répondre, trop mal à l'aise devant ce regard de totale incompréhension ; mais son avis restait définitif et Drago dût le lire dans ses yeux car il n'insista pas. Il reporta son attention sur le pendentif et Hermione le vit lentement approcher sa main de façon hésitante, et alors que ses doigts n'étaient séparés que de quelques centimètres du petit cœur qui prit une couleur rouge vif, ce dernier, comme aimanté, se colla instantanément à sa peau.

Se produisit alors comme une décharge. Hermione ferma les yeux sous le choc ; les pulsations de son cœur ne battirent jamais aussi vite qu'en cet instant, ses lèvres devinrent rouges de désir, ses mains se mirent à trembler, ses oreilles bourdonnèrent, ses yeux s'agrandirent et sa respiration devint très irrégulière, comme essoufflée.

Son corps perdit soudain tout contrôle.

Elle se jeta littéralement sur Drago qui se trouvait exactement dans le même état qu'elle, et tous deux s'écroulèrent sur le canapé, dévorés par une frénésie animale. Leurs bouches entamèrent une danse enflammée avec violence, comme si elles cherchaient à posséder l'autre tout entier, jamais rassasiées de ce désir incontrôlable. Leur respiration saccadée rythmait leurs mouvements rapides et maladroits, tandis que chacun attirait l'autre vers lui avec une force maladive, comme pour ne faire qu'un. Hermione sentit sa peau devenir aussi brûlante que la braise, ses pensées s'entrechoquaient dans tous les sens, elle était incapable de réfléchir à quoi que ce soit, seule l'image de Drago inondait sa tête et elle retrouva les sensations de leur premier baiser ; le sentiment de ne plus vivre que pour cet instant, l'impression d'une mort atroce et douloureuse qui s'ensuivrait si le contact se rompait. Incapable de contrôler son corps, ce dernier effectuait des gestes fiévreux, possédé par un désir charnel.

Ceux de Drago étaient tout aussi imprécis et rapides, il paraissait animé par la même excitation et, de sa vie, jamais ses yeux ne furent aussi bleus. Il embrassait l'ancienne Gryffondor avec passion, son cœur cognait contre sa poitrine jusqu'à lui faire mal. Il eut le sentiment de ne jamais avoir été aussi heureux qu'en cet instant...

Pressés par le désir, leurs mouvements étaient d'une telle maladresse que Drago, en retirant le haut de la jeune femme, se prit la main dans le collier qui avait atteint une chaleur et une couleur rouge hors norme, et l'arracha dans son élan.

Les petits maillons de la chaîne se brisèrent, tandis que le pendentif était éjecté en l'air, retombant au sol avec un bruit dur comme de la pierre.

L'attraction mutuelle des deux âmes sœurs était rompue.

Entrelacés dans le canapé, les deux corps se figèrent. Allongée sur le dos, Hermione sentait le corps du jeune homme contre le sien, dont les muscles s'étaient crispés. La respiration saccadée, sa poitrine se gonflait et se dégonflait encore très rapidement, frôlant le tors quelques centimètres au dessus qui lui, respiration sûrement retenue, restait immobile. Leurs yeux se transperçaient l'un l'autre, leurs regards étaient fixes mais affolés, réalisant leur attitude et renforçant le moment de gêne intense.

Drago serrait les mâchoires si fort que deux creux se dessinèrent sur ses joues, et ses avant-bras, de chaque côté du corps de la jeune femme, étaient contractés sous l'effort pour ne pas l'écraser.

Sans la quitter des yeux, le jeune homme se dégagea lentement de l'étreinte et sortit du canapé. Il semblait complètement perdu, le regard vague et les gestes lents. Hermione le vit remettre sa chemise et prendre son manteau, avant de disparaître à l'extérieur de la cabane.

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