Les Évènements s'enchainent
Nous nous mîmes à courir aussi vite que possible pour pouvoir continuer de leur échapper. Malheureusement, en arrivant à l'orée d'un petit bois, les épines d'un buisson de ronces se plantèrent dans mes chevilles. L'amas de plantes sembla se resserrer autour de mes jambes. J'eus le réflexe de lâcher la main d'Asphodèle et de serrer Hazel dans mes bras pour l'empêcher de se blesser, quittes à ce que mes aiguilles se plantent dans ma paume. Je poussais un petit cri de douleur en heurtant le sol, mon visage tout comme mes bras étant griffés par les épines des ronces. Je devais faire mal à Hazel. Je lui demandais de s'accrocher à moi tandis que je me relevais au mieux.
-Ça va, s'inquiéta Asphodèle ?!
Je ne sais pas pourquoi, mais le fait de le voir changer de comportement envers nous, de se montrer concerner là où, auparavant, il n'aurait fait preuve que d'indifférence, me semblait plus important que le reste de la situation.
Une fois debout, je répondis en souriant :
-Rien de cassé, rassures-toi.
-En plus d'être ringarde, t'es imprudente. Comment t'as fait pour survivre jusqu'à maintenant ?
Il n'a pas tant évolué que ça, finalement...
Je sortis des ronces, Asphodèle me tendant la main pour m'aider. L'autre me faisait mal, à cause des aiguilles et du poids de mon petit frère, mais peu importait. L'important était qu'il aille bien.
En saisissant la main d'Asphodèle, je me rendis compte avec effroi que les silhouettes s'étaient suffisamment rapprochées pour que je puisse les voir de façon à peu près nette, dans le clair de lune.
Ils étaient trois, à nous faire face. Je reconnus la femme à l'œil-montre qui avait frappé à ma fenêtre, et elle était accompagnée d'une autre femme, aux longs cheveux blancs bouclés au visage tout aussi pâle, les yeux cerclés de noir et aux extrémités de la bouche cousues, trainant un énorme marteau derrière elle, ainsi qu'un garçon, aux cheveux brun clair lui arrivant juste aux dessus des épaules, aux yeux verts et au visage couvert de cicatrices.
Hazel poussa un petit cri effrayé, et se cacha un peu plus dans mes bras alors que je sentis la main d'Asphodèle se serrer dans la mienne. Je déposais doucement mon frère au sol après lui avoir murmuré :
-Prend Asphodèle avec toi et courrez, je vais les retenir.
Pour arriver à les vaincre tous les 3, j'allais devoir jeter une aiguille au sol pour créer un impact qui les déstabiliseraient. Le seul hic était que l'onde de choc m'atteindrait aussi, et, par conséquent, mes frères. Je regardais le nombre d'aiguilles qui étaient encore plantées dans ma paumes. Il en restait 2. Je pourrais m'en sortir avec un aussi petit nombre sans problèmes, mais il fallait que mes frères s'en aillent.
Au moment où ils commencèrent à courir, la fille aux cheveux blancs essaya de leur courir après, levant son arme pour la poser sur son épaule. Je me déplaçais pour lui faire face, faisant mine de l'attaquer, et au moment où tenta de m'atteindre avec son arme je me déplaçais sur le côté la laissant frapper le sol. Je jetais un coup d'œil à Asphodèle et Hazel, qui courraient aussi vite possible compte tenu du fait qu'ils avaient de petites jambes. J'estimais qu'ils étaient suffisamment loin pour ne pas subir l'effet secondaire de l'onde de choc que j'allais créer.
Et puis, de toutes manières, ce n'est pas comme si j'avais le choix.
Je lançais mon aiguille au sol, frappant de toutes mes forces. Nous tombâmes tous en poussant des cris plus ou moins forts, et lorsque j'atteignis le sol, je tentais de me relever le plus vite possible, pour pouvoir continuer ma course. Je ne sais par quel miracle je réussis mon coup, mais toujours est-il que je finis par courir dans la même direction que mes frères, leur criant que j'arrivais.
Quelque chose m'arrêta dans ma progression. Une douleur cuisante, qui transperçait l'arrière de ma cuisse, me faisant chuter en poussant un cri aiguë. Je me retournais pour constater que c'était la femme à l'œil de montre qui avait lancé son couteau sur moi, avec, qui plus est, une certaine précision. Elle et les deux autres se rapprochèrent, aussi je rampais pour essayer de leur échapper.
Je n'étais malheureusement pas assez rapide. J'entendis leurs rires sadiques approcher, et mon cœur battre à tout rompre, l'adrénaline me poussant à ramper plus rapidement. Ma vue commençait à se brouiller légèrement. La douleur ralentissait ma progression. Je n'osais pas me relever à cause d'elle. Tentant le tout pour le tout, je finis par me retourner et lançais une aiguille qui ne toucha personne, atterrissant au sol juste derrière eux et les projetant en avant.
Je me demandais si mon action n'avait pas précipité ma chute, mais peu importait. Je continuais de ramper jusqu'à atteindre l'écorce d'un arbre pour me permettre de me redresser. Un coup de pied dans le dos me fit m'étaler au sol en poussant un cri, la douleur irradiant le reste de mon corps.
Une main enleva le couteau qui était planté dans ma cuisse. Je geignis de douleur et tentais de me retourner.
-Tu la finis, Clockwork, demanda la femme aux cheveux blancs en gloussant ?
-À toi l'honneur, répondit-elle en se décalant avec un rictus diabolique.
L'autre prit sa place en ricanant, levant son arme le plus haut possible. J'étais incapable de réagir. Tout ce que je voyais, à travers cette femme, c'était la perspective de ma propre mort, les yeux dans les yeux. Je n'avais jusqu'à lors fuit que ce qui ressemblait à une ombre, une impression de mort. Là, j'avais l'impression de la voir en face.
J'en avais le souffle coupé. Je sentais le martèlement de mon cœur dans ma poitrine, fort, rapide, puissant, douloureux, presque autant que mon dos et ma plaie. Je tremblais. Je pleurais. Je me savais perdue. Je savais que ma vie allait s'arrêter ici.
Je fermais les yeux. Une seconde s'écoula. Puis deux.
Un coup. Lourd. Puissant. Douloureux. Sur ma jambe déjà blessée. Je poussais un cri qui me fit mal à la gorge, les yeux ouverts à cause du choc. Je sanglotais à cause de la souffrance. J'observais ma jambe, sanguinolente, écrasée, et mon cri redoubla, la souffrance se transformant en une terreur indicible.
-LÂCHEZ MA SŒUR BANDE DE BÂTARDS !!!
C'était Asphodèle que je venais d'entendre crier, n'est-ce-pas ?!
Je tournais la tête, horrifiée à l'idée qu'il ait pu revenir pour moi au lieu de sauver sa vie.
Il était bien là, accompagné d'un homme que je ne connaissais pas, armé archaïquement d'un arc et de flèches. Il tira sur la femme aux cheveux blancs qui poussa un cri aiguë au moment où une flèche atteignit son bras. Il tira une nouvelle fois, mais je n'y fis plus attention.
Asphodèle s'était penché sur moi et tentait de me porter au mieux, m'attrapant par la taille et me chargeant sur sa petite épaule de CM2. Il cria :
-Hé !! Kassian !! Elle est trop lourde pour moi !!
-Je ne suis pas disponible, traine-là à l'écart, se contenta-t-il de répondre !!
Asphodèle commença à me trainer au mieux, et j'essayais de l'aider malgré la douleur et mes tremblements, avec ma jambe valide. Il marmonna :
-T'es lourde ma ringarde ! T'aurais pas pu faire un régime ?
Je ne répondis pas, me contentant de m'accrocher à lui et finis par lâcher, au bout de quelques secondes :
-C'est risqué de venir me chercher As...
-T'es ma grande sœur et t'as fait de ton mieux pour nous sortir de cette situation jusqu'à présent, je serais quel genre d'imbécile pour te laisser toute seule ?
-Le genre que je veux voir survivre...
-Oui, bien sûr... Je pourrais pas vivre en sachant que tu te serais sacrifiée pour nous. Hazel non plus.
-Où est Hazel ?!
-En sûreté, ne t'en fais pas.
-Et c'est qui ce type ?
-C'est Kassian, un ami des parents. Il t'expliquera tout quand il viendra nous aider.
Je le laissais me trainer, et finis par répliquer :
-J't'aime espèce d'imbécile.
-Moi aussi, ma ringarde.
Je lui ébouriffais les cheveux en tentant un léger sourire.
Nous fûmes interrompus par l'arrivée de l'homme, aux longs cheveux en bataille dont je ne distinguais ni les traits du visage, ni la couleur des cheveux. Je devinais le sourire qu'il devait arborer au ton de sa voix :
-Célestia, je suppose ? Je suis Kassian, un ami de tes parents. Tu acceptes de me laisser te porter ?
-Dépêche, elle est lourde, répondit Asphodèle à ma place !!
Le nouveau venu rit doucement et me porta, se dirigeant plus profondément dans la forêt dans laquelle nous nous enfoncions.
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