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Chapitre 6


Genesect regardait l'étendue d'eau qui s'étendait loin devant lui, la mer et le réseau de petites îles encore vierges de civilisation. Cet instant hors du temps lui plaisait particulièrement, alors qu'il avait pris sa forme humaine. Ses longs cheveux blancs s'agitaient faiblement avec le vent, l'obligeant à remettre certaines mèches en ordre. Son statut de légendaire ne lui offrait pas tous les pouvoirs. Sur sa peau mate offrant un joli bronzage, ses yeux dorés ressortaient merveilleusement. Fin et élancé, le corps du dieu de la peur n'effrayait absolument personne. Sa version divine impressionnait nettement plus et c'était pour cela qu'il gardait son corps humanoïde. Genesect n'aimait pas effrayer les humains.

« Ce sont mes amis... Je ne veux pas qu'ils me craignent. »

Le légendaire profita encore un peu du paysage, sachant qu'il devrait bientôt retourner voir les siens. Le village de Renouet l'attendait, juste en bas de la colline où il se trouvait. Le lieu ne présentait rien d'extraordinaire, mais cela faisait tout son charme selon Genesect. Le dieu de la peur n'avait jamais voulu avoir une grande cité et ne souhaitait pas une énorme renommée. Sa situation actuelle le satisfaisait parfaitement, même si ses pensées l'emmenaient parfois ailleurs.

« Hey, encore dans la lune ? »

La voix jeune et énergique le fit se retourner en soupirant, avec toutefois un sourire tendre. Il s'agissait du maire de Renouet, un homme dans la vingtaine du nom de Lance, qui avait endossé cette responsabilité à la mort de son père avec courage. Du point de vue du dieu, l'humain n'avait rien d'extraordinaire, avec ses yeux marron, ses courts cheveux bruns en bataille, son cou allongé, sa taille moyenne et son éternelle joie de vivre collée à son visage. Lance était sportif, mais il n'en fallait pas moins pour diriger un village, même aussi petit que Renouet.

« - Lance, je comptais revenir bientôt, pas la peine de venir me chercher.

- Tu me manquais déjà, rit l'humain, mi-sincère mi-moqueur.

- Vraiment ? Je devrais être le dieu des pots de colle plutôt que celui de la peur alors.

- Oh, ne t'emballe pas non plus, Gen ! Tu avais l'air perdu dans tes pensées... Encore Mewtwo ?

- Ce n'est pas parce que je l'admire que j'y pense tout le temps ! »

Le dieu râla et l'humain laissa échapper un petit rire. Genesect ne pourrait jamais lui en vouloir, il aimait beaucoup trop Lance pour cela. Sans doute un peu trop. Le maire savait qu'il admirait beaucoup le dieu des humains, Mewtwo. Ce dernier était tellement puissant, tellement mystérieux, cela forçait l'admiration du légendaire de Renouet. Chaque fois qu'il le croisait, Genesect perdait très rapidement ses moyens ainsi que l'usage de la parole. Pourtant, ce n'était pas le dieu de Cramois'ile qui occupait l'esprit du légendaire ce soir mais un tout autre sujet, beaucoup plus sérieux.

« - Cette fois, ce n'est pas lui qui occupe mon esprit.

- Alors, laisse-moi deviner... L'invitation pour la fête du printemps !

- Tu es trop perspicace pour ton propre bien, Lance.

- Hé hé, je sais. Alors, est-ce qu'on va enfin y aller, cette année ?

- Tu connais mon point de vue sur la question. N'est-ce pas ?

- Oh... Tu trouves toujours que c'est trop dangereux ?

- Exact, approuva Genesect. Inutile que nous allions nous frotter à des problèmes qui nous dépassent et ne nous concernent pas.

- On dirait que tu as peur de certains autres légendaires.

- C'est le cas. Ils ne sont pas tous aussi gentils que moi avec les humains, tu sais.

- Alors, vous nous considérez vraiment comme des êtres inférieurs ? »

La question de Lance vibra dans l'air tandis qu'il semblait découvrir Genesect pour la première fois. De la peur se lisait dans ses yeux et le légendaire détesta cette sensation. Sous sa forme humaine, il faisait facilement une tête de plus que le maire, ce qui n'arrangeait rien. Certains se plaisaient de cette relation de domination, mais le protecteur de Renouet ne voulait pas d'un tel lien.

« - Certains oui, admit-il. Mais moi, c'est différent. Lance, tu es mon ami, nous sommes pareils. Des enfants d'Arceus. Tu me fais confiance ?

- Oui, pardon d'avoir douté, c'était stupide.

- C'est important d'exercer son esprit critique, tu as raison de douter.

- Pourtant, je te connais depuis toujours, Gen. Tu as toujours défendu les intérêts de Renouet, alors j'ai confiance en toi. Et puis nous sommes amis !

- Oui, sourit le légendaire avec douceur. C'est vrai.

- Maintenant, est-ce que tu veux revenir au village ?

- Quel est le problème ? Tu veux apprendre une nouvelle compétence à ton scalproie ?

- Peut-être plus tard ! Je me demandais juste si on devrait construire un port...

- Un port ?

- Oui ! Et on pourrait s'installer sur les petites îles comme des avants postes !

- Je vois que tu as des rêves de grandeur.

- Alors tu trouves que c'est une mauvaise idée ? soupira Lance.

- Non, je pense qu'on peut juste y réfléchir un peu plus longtemps. »

Le maire manqua de sauter de joie et commença à parler avec enthousiasme de son projet, provoquant le sourire du dieu. Genesect appréciait particulièrement cet humain et avec les années, il s'attachait chaque jour un peu plus à lui. Il savait que ce n'était pas la relation habituelle entre un dieu et un simple mortel, que d'autres légendaires le verraient d'un très mauvais œil. Voilà pourquoi Genesect ne voulait pas se rendre à la fête du printemps. Il avait peur de voir les rêves de Lance se briser face à ses propres congénères. C'était mieux de vivre ainsi, sans se soucier des autres.

Pourtant, Genesect le sentait, il ne pourrait plus rester cacher très longtemps. Une énergie se répandait sur le monde, un engrenage avait été enclenché. L'univers connaissait des changements, seul Arceus savait ce qui allait suivre. Le dieu de la peur s'était promis de défendre ses humains quoi qu'il puisse se passer. Lance et les siens pouvaient dormir tranquilles, Genesect veillerait sur eux.

Cipher profitait avec délice de la vie à Bonville. Etant donné qu'il était bien vu par le maître des lieux, Giratina, dieu de l'autre monde, les humains avaient bien voulu le loger. Sa maison était très bien équipée, confortable et il ne manquait de rien. Nourri, logé, blanchi, il appréciait sa nouvelle condition et jouissait du moindre avantage. Pour le moment, il n'avait pas donné trop d'ordres aux habitants de Bonville, attendant d'être davantage dans les bonnes grâces de leur divinité pour asseoir son autorité sur cette vermine de populace. La vie était merveilleuse et cela lui faisait plaisir de penser cela pour une fois. Cipher savait que ce n'était que temporaire, mais il en profitait.

Bien vite, il découvrit que Giratina ne pouvait pas sortir du temple. Il n'était qu'une forme spectrale, un fantôme de ce qu'il était jadis. Le reste de sa personne était coincée dans le monde distorsion pour le moment, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir déjà du pouvoir dans cette dimension. Comment allait-il se libérer ? Giratina avait parlé à Cipher d'un plan, sans entrer dans les détails. Il avait l'air de savoir ce qu'il faisait, cela suffisait. Son nouveau serviteur admirait la personne qu'il voyait se dessiner dans l'ombre, à la fois pour sa beauté et sa puissance, une fascination qui virait à l'obsession progressivement.

« Idiot. »

Il savait que c'était stupide d'avoir de l'attirance pour quelqu'un, encore plus pour le fantôme d'un dieu, mais Cipher ne pouvait pas s'en empêcher. Giratina était si parfait. De son côté, le dieu prisonnier ne demandait pas grand-chose à son servant, sinon de venir discuter avec lui de temps à autre. Son identité l'intéressait moyennement mais il savait user de tous ses charmes pour maintenir l'intérêt du nouveau venu. Cipher lui avait expliqué qu'il ne se souvenait pas de son passé mais les pouvoirs qu'il possédait intéressaient grandement Giratina qui l'avait choisi pour devenir sa voix à travers le monde. Un poste fantastique qui promettait beaucoup d'action.

« Ainsi, je pourrais me venger. »

Le dieu de l'autre-monde n'avait jamais été très clair, mais il souhaitait avoir sa revanche sur ceux qui l'avaient enfermé dans cette prison, sans raison valable selon sa version des faits. Cipher doutait de son histoire mais il s'en moquait. Giratina respirait la puissance à plein nez et son serviteur s'enivrait de son charisme, jour après jour. Les humains ne disaient rien mais ils devaient probablement juger une telle relation. Cipher s'en moquait éperdument.

Après un certain temps passé à Bonville, sans action particulière, l'homme commença à se lasser. Il avait envie de reprendre la route, de repartir à la recherche de son passé qui l'obsédait tant. Aider ce bel éphèbe à sortir de sa prison, c'était une chose, mais cela prenait bien trop de temps. L'attirance ne suffisait plus à le retenir, il n'était pas un papillusion ébloui par la lumière d'un feu. Cependant, alors qu'il sentait son envie de partir plus forte, Cipher fut convoqué dans le temple par le grand prêtre pour une entrevue privée avec le dieu. Que voulait Giratina ?

Quand il arriva, la forme spectrale du dieu tournait autour de sa propre statue. Cette dernière représentait-elle en partie sa forme pokémon ? Cipher n'avait jamais vu que la partie humaine, déjà bien plaisante. A son approche, Giratina se figea et ramena son corps fantomatique vers le visiteur. Comme un nuage ayant pris vie, ses cheveux s'agitaient au rythme d'un vent inexistant. Le légendaire était si beau et Cipher se garda bien de l'avouer à voix haute. Ses yeux le trahissaient assez.

« - La vie à Bonville te parait longue, n'est-ce pas ?

- Je ne vais pas le cacher puisque tu l'as deviné aussi facilement. Lis-tu dans mon esprit ?

- Non, tes yeux parlent d'eux-mêmes. Mon physique ne suffit plus à te retenir. »

Cipher allait sortir une réplique cinglante mais il s'en révéla incapable. Giratina semblait voir à travers lui, deviner la moindre de ses pensées sans effort. Comment s'y prenait-il ? Être un dieu n'était pas une réponse suffisante de toute évidence. Même enfermé, il possédait des pouvoirs terrifiants, ce n'était pas un adversaire à prendre à la légère. Alors, Cipher le fixa droit dans les yeux, afin que le légendaire puisse lire davantage d'informations s'il en avait le pouvoir.

« - Qu'importe, je veux te proposer un peu d'action à mon service, si tu le veux bien.

- Ma foi, c'est une proposition alléchante... mais qu'est-ce que j'y gagne en retour ?

- Je pourrais t'offrir ce que tu veux... T'aider à retrouver ta mémoire et d'autres choses...

- Hum, c'est tentant... Mais comment être certain que tu tiendras parole ? Que tu puisses vraiment m'aider ? grinça-t-il avec méfiance.

- Regarde-moi dans les yeux et doute encore une fois de ma puissance. »

S'exécutant, Cipher se sentit happé par un tourbillon d'énergie. Il ne savait pas comment expliquer mais il eut l'impression que l'univers tout entier le tenait dans la paume de sa main. Peut-être que Giratina avait été enfermé parce qu'il était trop puissant ? Cela semblait tout à fait plausible. Aucun autre dieu n'avait subi le même traitement à sa connaissance, celui de l'autre-monde devait être spécial. Son pouvoir se ressentait physiquement, comme un courant d'air augmentant la gravité. Cipher n'appréciait pas la sensation et pourtant, elle le rassurait, l'ancrait dans la réalité. Aucun doute, Giratina le tenait sous son charme.

« - Très bien, admettons. Quelle sera donc mon utilité ?

- Je te l'ai dit, tu seras ma voix. Tu dois apporter ma parole là où je ne peux me rendre, mais aussi m'aider à rassembler mes alliés. J'en ai encore dans ce monde.

- Des alliés... Des dieux ?

- Exactement. En voyageant jusqu'à eux, tu pourras également enquêter sur ton passé. Tu me rends service durant ta propre quête ainsi.

- Je me sens tout de même particulièrement exploité, mais je crois que je vais accepter.

- Parfait, minauda le spectre de Giratina, un sourire mutin aux lèvres. Quelques humains de Bonville aideront aussi. Ils savent faire autre chose que m'aduler heureusement.

- Bien... Et qui sont ses fameux alliés ? »

Tout allait trop vite, de même que sa faculté à accepter sans discuter les ordres de Giratina. Cipher se demanda si cela faisait partie de son pouvoir, mais il arrêta bien vite de se poser la question. Au moins, servir ce dieu obscur lui donnait une autre raison d'avancer en ce monde, cela l'occuperait. De longs jours d'amusement en perspective. Giratina se rapprocha de lui, prêt à dresser sa liste.

« - Nous allons procéder par région pour que je n'oublie personne. Tu connais les régions ?

- Approximativement oui, cela devrait suffire j'imagine.

- Commençons par Johto. J'y aurais probablement peu d'alliés, à cause de l'influence d'Ho-oh, mais certains humains seront probablement corruptibles. Ce sera le plus difficile, j'en ai peur.

- Ne pas commencer par-là alors.

- Non, en effet. Kanto ne sera guère mieux, même si je sais que certaines villes humaines là-bas pourraient aisément tomber sous mon influence. Peut-être y trouverais-je un allié mais ce sera rude.

- Le nombre d'alliés me parait bien faible pour le moment.

- Tais-toi, Cipher, le meilleur arrive. Hoenn est gardé par ce caninos de Rayquaza mais je suis certain que les trois golems voudront me suivre. Peut-être même Groudon si la chance est là.

- Du beau monde, souffla le servant, connaissant mal les légendaires sans oser l'avouer.

- Le maître des golems de Sinnoh devrait être facile à convaincre. Dans notre magnifique région, j'ai quelques alliés, dont une que je convaincrai moi-même. Nous avons un long passé commun.

- Qui donc ?

- Petit curieux, tu le sauras en temps voulu. Connais-tu Unys ?

- Bien sûr, je viens peut-être du château en ruines du désert Délassant.

- Intéressant. Il y a du beau monde dans cette région, à commencer par l'ardent Démétéros. J'ai des arguments qui le pousseront à nous rejoindre et ce n'est pas le seul. L'idéal et la réalité peuvent aisément se joindre à nous.

- Hum, d'accord, s'inclina Cipher, guère certain de comprendre.

- Pour Kalos, nous irons éveiller des vieux amis, dont ce cher Yveltal. Il me manque. La région fourmille d'humains aux idées révolutionnaires, il faudra les faire chauffer.

- Je vois très bien.

- Et enfin, pour Alola, j'ai quelques idées, mais il faudra se montrer subtile.

- Cela me parait bien peu face au reste du monde.

- Ne t'en fais pas pour ça, nous avons l'effet de surprise. Et puis, je veux que tu te rendes au festival du printemps, Cipher, pour qu'ils apprennent à me craindre à nouveau.

- Ne serait-ce pas risqué dans votre état ?

Non, car tu vas leur dévoiler une prophétie qui les fera trembler jusqu'aux tréfonds de leur immortalité. Je vais te donner les derniers détails plus tard. Avant... »

Giratina s'interrompit lui-même et se rapprocha lentement de Cipher. Ce dernier ne bougea pas, ne sachant pas à quoi s'attendre. Alors, le dieu de l'autre-monde l'enlaça dans un câlin spectral. L'homme n'aurait rien dû ressentir et pourtant, une chaleur l'envahit. C'était agréable et terrifiant à la fois, mais il choisit de ne retenir que les sensations positives. Giratina souriait suavement.

« Je pourrais t'offrir beaucoup mieux si je récupère mon corps. »

C'était une promesse avec une récompense tangible sur laquelle Cipher pouvait compter, la première depuis le début de cette conversation. Le serviteur avait encore de nombreuses choses à apprendre auprès du dieu avant de démarrer la mission et il ne savait pas où tout ceci allait le mener. Néanmoins, cela apportait un peu d'action dans sa vie et il n'était absolument pas contre. Le destin du monde allait changer et Cipher serait aux premières loges pour y assister, peut-même participant de ce spectacle incroyable. Il tremblait de hâte à cette idée.

« Allons foutre le bordel ! »

Le soleil se levait sur Romant-sous-bois dans la région de Kalos et ses rayons peinaient à traverser les nombreuses branches des arbres pour venir caresser la merveilleuse ville, petit bijou d'artisanat. Toutefois, ils atteignirent le balcon le plus haut, frappant de plein fouet le joyau que portait la déesse des environs. Diancie aimait sentir cette chaleur matinale sur son corps de légendaire, cela lui donnait l'énergie dont elle avait besoin pour démarrer sa journée. Même en tant qu'être divin, elle appréciait certains plaisirs simples de la vie, comme celui-ci. Cela contribuait à la rendre plus sympathique auprès des habitants, même si une distance s'était naturellement créée entre eux et la déesse de la beauté.

Prendre sa forme légendaire l'aidait à se sentir plus confiante, à se sentir mieux dans sa position. Diancie n'avait pas pour réputation d'être particulièrement puissante parmi les siens. On la respectait, on l'aimait même en ce qui concernait une certaine personne, mais cela s'arrêtait là. Après tout, elle n'était que la déesse de la beauté, cela n'effrayait personne. Ce titre lui semblait bien dérisoire, trop futile. Diancie aurait aimé avoir un élément important comme la mer, le soleil ou le vent. Le choix du grand Arceus lui semblait bien cruel, même après toutes ces années.

Heureusement, elle appréciait le charme de Romant-sous-bois, la magie naturelle qui émanait de cette ville. Sa saison préférée, c'était l'automne, alors que la forêt prenait une couleur orangée. Alors, toute la beauté de la ville s'éveillait. Là, c'était la fin de l'hiver mais déjà, les feuilles commençaient à revenir, un peu en avance dans la région de Kalos. Quelques passerouges picoraient déjà les bourgeons et Diancie ne pouvait s'empêcher de sourire en voyant ce spectacle. Cela faisait partie des petits plaisirs de la vie, des moments simples qui rendaient le monde meilleur.

« Il voulait me voir. »

Cette pensée soudaine la ramena à la réalité. Adieu, moment de poésie profond. Quittant la terrasse à regret, Diancie se dirigea vers l'étage inférieur de la demeure. Là se trouvait le bureau du maire de la ville, un jeune homme à l'histoire singulière, mais ce n'était pas bien d'y repenser. En pénétrant dans la pièce, la déesse reprit aussitôt forme humaine, sachant qu'il serait plus à l'aise. Ainsi, elle possédait de longs cheveux bruns frisant légèrement, juste ce qu'il fallait selon bien des observateurs. Son regard sombre n'entachait en rien sa beauté naturelle. Sous cette apparence, Diancie était particulièrement grande et fine. Ses attributs la rendaient d'autant plus désirable, une malédiction à son sens. La déesse préférait sa forme légendaire mais elle pouvait faire un effort pour le maire.

Ce dernier l'attendait justement, regardant par la fenêtre du bureau avec nostalgie. Ses yeux bleus-gris semblaient toujours en train de regarder par-delà les apparences, si bien que Diancie se demandait parfois si l'homme n'était pas plus âgé. Pourtant, elle savait parfaitement que non. Sa coiffure blonde de cheveux en bataille ainsi que son corps musclé de taille moyenne rappelaient sa jeunesse presque insolente. Il était pâle, comme toujours en proie à une maladie qui le rendait triste. Ses sourires étaient rares et la déesse se demandait pourquoi la vie l'avait façonné ainsi. En entendant la légendaire, le maire tourna aussitôt la tête et la flamme de l'intérêt s'alluma dans ses yeux.

« - Merci d'être venue me voir, Diancie.

- Je t'en prie, Lyon. Pardon, je crois bien que j'ai pris mon temps.

- Ce n'est rien, ma demande n'était pas urgente à ce point. »

Il y avait toujours une retenue entre eux, une politesse un peu froide alors qu'ils se connaissaient depuis des années. En vérité, Diancie connaissait Lyon depuis sa naissance. Il venait d'une ville extérieure à Romant-sous-bois et elle avait accepté de le prendre sous son aile alors que ses parents ne pouvaient pas s'en occuper. C'était un étrange concours de circonstance. Ensuite, la déesse l'avait confié au maire de la ville, alors sans enfant, et la suite n'offrait aucune surprise. Lyon possédait une bonne réputation et il donnait le meilleur de lui-même, la confiance des habitants lui était acquise depuis bien longtemps désormais. La déesse en éprouvait de la fierté.

« - De quoi voulais-tu me parler ? Un problème avec la ville ?

- Non, tout va très bien de ce côté-là. Notre production de plantes médicinales avance mieux que prévu, ainsi que nos nouvelles plantations céréalières.

- Ce sont de très bonnes nouvelles, félicitations.

- Le mérite revient aux agriculteurs, je n'ai fait que donner mon accord.

- Cela compte tout de même. Alors ?

- Je sais que tu as reçu l'invitation pour le festival du printemps. Je l'ai vue. »

Évidemment. Diancie aurait dû s'en douter, le scénario se reproduisait tous les ans. Pourtant, cette fois, il y avait une légère différence, dont elle ne pouvait même pas lui parler. Cela impliquerait d'exposer à Lyon des noirs secrets et de l'embarquer dans une affaire qui le dépassait. Non, la déesse ne pouvait pas lui imposer cette situation. Silencieuse, elle attendit qu'il formule la question, tout en sachant pertinemment ce qu'il allait demander. Comment pouvait-il en être autrement ?

« - Tu sais ce que je vais demander, déclara-t-il.

- Dis-le, souffla-t-elle avec résignation.

- Est-ce que cette année, je peux venir ?

- Tu sais déjà que je ne le souhaites pas, Lyon.

- Qu'est-ce qui m'en empêche ? Je suis un adulte et le maire. Si je veux y aller, que ferais-tu pour me retenir ? Tu m'enchaînerais ? Tu m'enfermerais ?

- Non. Mais j'ai fait une promesse à tes parents : celle de te garder en sécurité.

- Mes parents... Mes vrais parents... Tu ne m'as jamais beaucoup parlé d'eux.

- C'est parce que je ne les connaissais pas très bien. »

Encore un mensonge, mais la déesse n'y pouvait rien. Elle était liée par une promesse qui revêtait beaucoup d'importance pour elle. Diancie n'espérait pas que Lyon comprenne. Comment le pourrait-il, sans savoir toute l'histoire ? Seulement, elle devait lui apporter davantage d'éléments pour gagner sa confiance et atteindre sa raison. Pendant un instant, elle reprit sa forme de légendaire, puis se métamorphosa à nouveau. Parfois, il demeurait difficile de rester humain pour elle.

« - Les légendaires sont imprévisibles. Dans un tel rassemblement, nulle ne sait...

- Je sais, tu me le répètes chaque année, répliqua-t-il. Mais je sais me défendre ! Je suis fort ! J'ai mon Rexilius pour me défendre. J'ai toi. Que veux-tu de plus ?

- Cette année, j'ai un mauvais pressentiment, admit-elle. Et... Je ne suis pas si forte que ça, Lyon.

- Diancie... Qu'est-ce que tu veux dire par-là ?

- Je le ressens dans l'air, une force s'éveille. Le monde change et j'ignore pourquoi. Je dois me rendre au festival du printemps pour comprendre, mais toi... Je ne veux pas te mettre en danger.

- C'est... c'est vraiment lié à une promesse que tu as faite à mes parents ?

- Oui... Je voudrais pouvoir tout te dire, ne rien te cacher mais ce secret ne dépend pas de moi. Je ne suis qu'une gardienne. Pardonne-moi.

- Non, je... Je te connais et... Je crois que je comprends.

- Lyon, murmura la déesse, presque des larmes aux yeux.

- C'est juste que j'ai très envie de bouger, de voir le monde... mais j'ai des responsabilités ici. Alors, je les tiendrai et je tâcherai de me montrer digne, pour qu'un jour tu m'emmènes à Rosalia.

- Dès que ce sera possible, je te promets de le faire.

- Si c'est une promesse, je sais que tu la tiendras. »

Lyon montra alors un de ses sourires rares mais si doux qu'il pourrait faire fondre toute la neige d'une montagne. Diancie appréciait l'intelligence et la compréhension dont il pouvait faire preuve. Elle n'était pas dupe toutefois : le maire ne resterait pas toujours à Romant-sous-bois, sous prétexte de cette promesse. Un jour, Lyon voudrait vraiment voir le vaste monde et elle ne pourrait plus l'en empêcher. Tout ce que la déesse devait faire, c'était s'assurer que le monde devienne un endroit sûr pour lui, afin de réaliser ce que les parents du jeune homme lui avaient demandé.

« S'il te plaît, protège notre enfant. »

Même après toutes ces années, la déesse de la beauté n'avait pas oublié son serment, qu'elle tiendrait jusqu'au bout. Deux prophéties se mélangeaient dans sa tête ainsi que d'innombrables discussions qu'elle avait eu ces dernières années. En regardant Lyon dans les yeux, elle eut envie de lui dévoiler toute la vérité, de hurler l'identité de ses parents et de le laisser partir vivre sa vie. Seulement, Diancie était incapable d'exploser ainsi. Elle voulait le protéger.

« Il ne peut pas être l'enfant de la prophétie... C'est impossible... »

Deux prophéties avaient été créées, une par Arceus, l'autre par une entité bien plus sombre. Impossible pourtant de dire que la seconde était totalement fausse, ni qu'elle venait réellement de ce dieu de malheur. Peut-être que les deux prophéties venaient du Créateur en personne. Cette idée faisait tourner la tête de Diancie mais elle tint bon. Peu importe ce qu'il se passerait, elle irait à ce festival et tâcherait d'en savoir un peu plus sur les changements de ce monde. Puis, l'année suivante, elle ferait la surprise à Lyon de l'y emmener car le monde serait devenu plus sûr.

« Ce n'est pas lui, répétait-elle. Il n'est pas l'enfant de deux camps mais d'un seul. »

Malgré toute la certitude que Diancie plaçait dans cette affirmation, elle ne pouvait empêcher un doute d'obscurcir ses pensées. Le destin la menait sur un chemin bien sombre et la déesse de la beauté comptait bien le suivre jusqu'au bout. Les rayons du soleil finirent par réchauffer la pièce et un sentiment de plénitude infini l'envahit. Tout irait bien, elle en faisait le serment.

Sur Kanto, Céladopole était une ville à part. Déjà, elle ne possédait pas de légendaire propre et c'était la seule de toute la région, en tant que grande cité. Cela lui donnait une relation très particulière à la religion du grand Arceus. Officiellement, la ville était soumise comme toutes les autres au Créateur, mais dans les faits, ses habitants ne le vénéraient pas vraiment. Ils vivaient leur vie sans se soucier de cet aspect des choses. Peut-être bien qu'une grande puissance les avait créés mais ce n'était pas elle qui allait leur donner à manger mais bien leur propre travail.

Petros, le maire de la cité, partageait absolument cette vision des choses. Cet homme qui approchait de la cinquantaine avait déjà bien vécu et dirigeait Céladopole d'une main de fer, secondé par son fidèle dracolosse de trois mètres. Le colossal pokémon dragon servait son maître sans se poser de question, preuve de la puissance de ce dernier. Il n'existait aucun amour entre eux, simplement une relation de dominant et de dominé. Le tyran et l'esclave.

Décrire le maire était aisé. Son physique grand et musclé impressionnait même les pokémons. Sa moustache brune, de la même couleur que ses cheveux coupés très courts, intimidait presque autant que ses yeux sombres. Ses traits durs le rendaient très sévères et ce n'était pas qu'une impression. Le fait d'exercer le pouvoir semblait l'avoir aigri et il paraissait difficile de dire que tout ce qu'il faisait ne servait qu'au bonheur de ses concitoyens. En vérité, l'objectif s'avérait plutôt de posséder une ville puissante et une force de frappe mobilisable rapidement. A croire que Petros se préparait à la guerre, alors qu'aucun conflit ne faisait trembler le monde.

« Pour le moment. »

Le maire sentait au plus profond de lui que tous ses efforts prendraient sens bien plus tôt qu'il ne l'imaginait. Son instinct guerrier le trompait rarement. En attendant ce jour inéluctable, il s'entraînait et préparait sa cité. Chacun recevait un entraînement sportif sous couvert d'entretenir la santé des habitants. La plupart l'acceptait très bien, surtout parce qu'une grande partie partageait secrètement son idéologie. Ainsi, Petros pouvait également transformer sa colère en énergie, il en avait bien besoin car sa rage ne connaissait aucune limite, aucune fin depuis cette époque.

« Garce ! Comment as-tu pu me trahir ainsi ? »

Autrefois, Petros avait une petite sœur, la charmante Jessica. Elle ne lui ressemblait absolument pas, rouquine espiègle qu'elle était, mais il l'aimait de tout son cœur et l'aurait défendu contre tous les dangers. Seulement, il avait fallu un jour qu'elle donne naissance à un enfant, sans qu'on sache qui en était le père. Cela n'aurait pas dû prendre de telles proportions. Au pire, les voisins auraient jasé un peu mais avec le temps, tout serait rentré dans l'ordre. Mais non. Il avait fallu que Jessica lui fasse le plus terrible de tous les aveux, changeant sa vie pour toujours.

« Son père... Son père n'est pas un être humain. »

Petros bouillonnait de colère chaque fois qu'il repensait à cette scène. Peu de temps auparavant, le maire avait appris l'existence d'une prophétie qu'il prenait très au sérieux. Pourquoi ces mots avaient-ils pu pénétrer dans les recoins les plus secrets de son âme alors que les paroles d'Arceus n'y étaient pas parvenus ? Cela représentait un mystère de la vie. Toujours fut-il que cette prophétie devint le mantra de Petros, une véritable ligne de conduite dans son existence.

« L'enfant qui séparera hommes et dieux

Celui qui se dressera contre le Créateur des cieux

Naîtra une nuit au ciel étoilé au cœur de l'hiver

Le froid extrême sera une preuve du chaos supplémentaire

Fils des deux camps, un mélange interdit

Si personne ne l'arrête, tout sera fini. »

L'interprétation qu'en fit Petros n'avait aucun sens. Lui qui détestait Arceus aurait dû se réjouir de la venue de cet enfant, mais il décida que ce petit serait maudit. Le maire n'eut donc aucune compassion pour sa sœur. Ni les larmes ni les supplications ne purent l'arrêter. Jessica s'enfuit dans la forêt profonde et quand on la retrouva, elle était morte, l'enfant disparu. Petros reporta toute sa rage sur ce petit être sans défense qui avait pris la vie de sa sœur. Ce n'était pas sa faute s'il avait dû tuer Jessica, c'était celle du petit. C'était tout ce qui animait Petros désormais, cette haine sans fin pour un bébé.

Avec un peu de réflexion, peut-être aurait-il pu comprendre que son jugement était erroné mais le maire s'embourbait dans ses erreurs. Il était contre Arceus et contre l'enfant. Sa ville rejoignait son mode de pensées inconsciemment, tel un troupeau de lainergies en vadrouille.

Le chaos s'avançait sur le monde et ceci n'en était qu'une marque supplémentaire. Petros ne réalisait même pas qu'il était déjà un million de fois plus nocif que son pauvre neveu. Triste monde.

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