Chapitre 29
Ho-oh volait à la limite la plus haute de la stratosphère, ou peu importe comme se nommait cette zone. L'oxygène s'y faisait rare et même pour un dieu, c'était compliqué. Pourtant, il ne ralentissait pas, il n'en avait pas le droit. Il ignorait combien de temps il lui restait mais il devait faire vite pour sauver sa fille. Xerneas comptait sur lui. Il avait senti son existence s'éteindre là-bas sur Kalos et il essayait d'ignorer son cœur qui se brisait peu à peu. Il avait une mission importante à accomplir et cela impliquait qu'il se rende au plus vite à Rosalia. Il n'était pas à son maximum d'énergie, ces derniers jours avaient été rudes, mais le dieu de la journée tenait le coup.
« Presque, j'y suis presque. »
Il ne regardait pas vraiment ce qui se passait en-dessous des régions où il passait ni même si d'autres légendaires passaient non loin de lui. Peut-être aurait-il pu percevoir l'agitation à venir sur Kalos qu'il venait de quitter si cela avait été le cas. Il aurait peut-être aperçu Sulfura volant à basse altitude avec Raikou et Entei. Eux non plus ne le remarquèrent pas, il volait trop haut, invisible depuis les cieux. Ho-oh fonçait, se concentrant uniquement sur sa destination. Lorsqu'il se trouva juste au-dessus, ce qu'il savait grâce à son sens de l'orientation aiguisé, il descendit en piqué.
« Faites qu'il ne soit pas trop tard s'il vous plaît ! »
Alors qu'il fondait sur Rosalia, il remarqua un attroupement sur la place principale juste devant sa tour. En quelques instants, ses yeux décryptèrent la scène. De nombreuses personnes s'affairaient autour de ce qui ressemblait à un bûcher, qui commençait déjà à brûler de manière très menaçante. Au milieu, il y avait une personne qui n'en avait sans doute plus pour longtemps. Même avec l'épaisse fumée, Ho-oh reconnut aisément Fira. Son cœur fit un bond dans sa poitrine et une colère qu'il avait rarement ressenti l'envahie, comme un brasier ravageant sa raison.
« Ça suffit ! »
Sous sa forme légendaire plus brillante que jamais, il atterrit au milieu de la foule, séparant les gens qui eurent des réactions étonnées. Le battement de ses grandes ailes parvint à souffler le feu aussi aisément qu'une bougie d'anniversaire. Il y eut un léger vent de panique parmi les humains mais Ho-oh restait leur dieu qu'il vénérait et ils étaient contents de son retour. Lui en revanche n'était pas ravi et son regard foudroyait toute personne dans la foule. Reprenant sa forme humaine, il alla délivrer Fira qui avait été attachée au milieu du bucher. Elle était inconsciente mais elle respirait encore. Juste à temps. Après l'avoir mise en sureté, le dieu de la journée se tourna vers les autres habitants. Il était disposé à les écouter mais ils avaient intérêt à avoir une excellente explication.
« - Je peux savoir ce que vous avez tenté de faire exactement ?
- Maître Ho-oh, nous pensions que vous n'étiez plus... Nous voulions simplement...
- De mon point de vue, j'appelle ça un meurtre.
- Vous ne comprenez pas, c'est Giratina ! s'exclama quelqu'un.
- Il n'y avait personne pour nous défendre, nous ne sommes que des humains !
- Giratina nous avait promis la vie sauve si on faisait ce qu'il demandait.
- Non, c'est un ordre d'Yveltal, le dieu de la mort !
- Mais non, c'est Hoopa le dieu de la magie !
- Mais pas du tout, c'est...
- Peu importe, les coupa le légendaire, agacé par leur attitude. Dites moi ce qu'on vous a demandé de faire. C'est tout ce que je veux savoir.
- On nous a demandé de tuer la mairesse de manière visible.
- Et vous alliez obéir ? Alors qu'elle a toujours veillé sur vous, qu'elle vous a défendu ?
- Si on ne le faisait pas, on allait tous mourir. Et vous n'étiez pas là. »
Voilà l'excuse qui allait revenir encore et encore, à laquelle il ne pourrait pas leur donner tort. Les humains de Rosalia n'étaient pas très braves quand leur divinité n'était pas dans le coin, il n'avait jamais voulu l'admettre, mais il fallait bien se rendre à l'évidence. Mais de là à les penser capable d'assassiner Fira de sang froid et d'une manière aussi cruelle. Décidément, les mouvements de foule pouvaient faire commettre des actes terribles aux gens. Le dieu essaya de ne pas laisser sa colère le submerger. Il devait leur faire comprendre leur erreur.
« Eh bien, je suis là, désormais. Et sachez que même si vous ne me voyez pas, je suis toujours là, prêt à vous défendre. Le prochain qui posera la main sur Fira, je l'achèverai moi-même. Et pourtant, je continuerai à vous protéger car je suis votre légendaire, alors n'oubliez pas mes paroles. »
Un grand silence s'installa subitement. De nombreuses personnes choisirent de s'incliner pour s'excuser et montrer leur allégeance renouvelée au dieu de la journée. Ce dernier s'approcha à nouveau de sa fille. Elle venait de reprendre confiance, toussant à cause de la fumée qu'elle avait dû avaler. Sinon, à part quelques blessures légères, elle semblait intacte. Ho-oh eut terriblement envie de la prendre dans ses bras mais il se contenta de s'approcher. Il ne savait pas si le secret sur les origines de Fira s'était ébruité mais il ne voulait pas en prendre le risque.
« - Fira... Arceus soit loué tu vas bien...
- Ho-oh... Le monde est devenu fou... Je...
- Tout va bien maintenant. Ce n'était qu'un mauvais rêve, tu es en sécurité. »
Le dieu aurait aimé comprendre ce qui se passait dans la région. Où se trouvait actuellement le trio des légendaires de Johto ? Sa ville semblait globalement intacte mais est-ce que le reste avait subi des dégâts ? Et en même temps, il ne voulait pas laisser Fira toute seule après les événements sans doute traumatisants qu'elle venait de vivre. Un homme portant un noarfang sur son épaule s'approcha de lui en courant. Enfin quelqu'un pour lui donner des nouvelles !
« - Seigneur Ho-oh, je viens de recevoir des nouvelles d'Ebenelle !
- Vas-y, je t'écoute, le pressa-t-il.
- Yevelta le dieu de la mort les a attaqué et il a enlevé Suicune.
- Quoi ?
- Et a priori, Enteï, Raikou et un autre dieu seraient partis pour la sauver.
- Oh non... Je dois repartir...
- Ho-oh, qu'est-ce qui se passe ? demanda Fira.
- Je suis navré, je n'ai pas le temps de rester, je dois aller sauver Suicune.
- Mais comment... tu viens à peine de rentrer...
- J'en suis le premier navré. Tiens, prends ceci.
- Mais c'est... C'est une plume de...
- Oui, c'est une de mes plumes. Si jamais tu as un problème, tu peux l'utiliser et je viendrai te voir. Et si tu n'en as pas besoin... Tu pourras la transmettre à la génération suivante.
- Pourquoi tu parles comme si tu allais ne jamais revenir ?
- C'est un risque, Fira. Je vais affronter le dieu de la mort. Mais je te promets de revenir car il y a quelque chose que je dois te dire.
- Quelque chose... Qu'est-ce que c'est ?
- Tu le sauras quand je reviendrai. Je fais vite, je te le promet, Fira. »
Alors, Ho-oh reprit sa forme divine et s'envola vers le ciel en direction de Kalos. A peine arrivé, il devait déjà refaire le chemin en sens inverse. Depuis Rosalia, Fira le regardait partir avec inquiétude, serrant très fort la plume qu'il lui avait donné. Elle avait hâte de le voir revenir, elle avait tant de questions à lui poser, notamment sur son absence prolongée. Mais aussi, que voulait-il lui dire de si important ? Il lui tardait vraiment que le dieu de la journée revienne saint et sauf.
Pendant que Regigigas réglait ses dernières affaires à Kanto, il avait renvoyé ses trois subordonnés à Hoenn pour une mission spéciale. Le dieu des continents ne semblait pas particulièrement dans son assiette et devant sa morosité, le trio avait été content d'être affecté ailleurs. On leur avait demandé de se rendre au cœur du désert de la région et de retrouver la déesse Deoxys. Selon un témoignage, il était probable qu'elle cache la déesse de la chance, Jirachi. Giratina avait demandé à l'avoir dans son camp car elle pourrait se révéler bien utile dans la guerre.
Hélas, les trois régis n'avaient pas vraiment eu de chance avec leur tâche. En arrivant dans la ville du désert, il avait trouvé l'endroit absolument. Registeel avait fouillé les environs mais il n'avait trouvé aucune trace de vie. Il n'y avait même pas d'humains, seulement quelques pokémons sauvages venus inspectés les lieux déserts. La zone aride recelait probablement un secret mais aucun des trois ne parvint à la découvrir. Cela les agaçait, surtout Regice qui n'avait aucune patience.
« - Mais bordel, ils sont forcément quelque part !
- Ils ont dû savoir qu'on venait, déclara Registeel. Comment, je ne sais pas, mais ils étaient prêts.
- Ils ont pu se cacher n'importe où. La région est tellement vaste, poursuivit Regirock.
- Et on va vraiment les laisser s'en sortir comme ça ? Maudite Deoxys ! Elle cache quelque chose !
- Calme-toi, Regice, ça ne sert à rien de...
- Mais je suis calme, Regirock ! Et je le serai encore plus quand j'aurais foutu un poing dans la gueule de cette charmante déesse du destin !
- Nous pouvons quand-même laisser un souvenir de notre passage » déclara Registeel.
Ils ne purent jamais retrouver Deoxys ni même les humains de sa ville, mais ils fracassèrent la tour qui surplombait les lieux. Cela leur permit de se défouler et leur offrit ce petit moment dont ils avaient bien besoin. Les regis n'avaient pas une très bonne réputation en tant que légendaires et parfois, ils en souffraient. On les considérait comme des êtres sans émotions, notamment à cause de leur chef. Pourtant, ils étaient loin d'être incapable de ressentir les sentiments les plus variés et il en fallait parfois peu pour révéler une émotion sur leur visage sous forme humaine. En revanche, leur forme légendaire brisait leur effort pour montrer qu'ils possédaient bel et bien une âme.
En réalité, Deoxys avait bien eu vent de leur arrivée. Ses éclaireurs l'avaient prévenu mais elle avait senti leur présence à des kilomètres. Les idiots n'avaient absolument pas pensé à masquer leur venue et ils espéraient quand même avoir l'effet de surprise. Cela avait fait rire la déesse du destin, de voir qu'ils la connaissaient si peu qu'ils commettaient l'erreur de la sous-estimer. Cela lui avait laissé le temps d'évacuer sa ville et de les cacher dans leurs galeries sous le sable. Il s'agissait d'un endroit connu d'eux seuls et tellement caché que les régis n'auraient jamais l'idée de les chercher dans un tel lieu. Avec les événements, elle découvrit qu'elle ne s'était pas trompée.
« - Dis, on va rester longtemps là-dessous ? demanda Jirachi.
- Juste le temps que les trois idiots soient partis.
- Deoxys... Tu as réussi à sauver tout le monde, c'est incroyable.
- Mon but est que les humains qui me font confiance ne souffrent pas de mes choix. J'ai beau avoir un statut divin, je n'ai aucun droit sur leur vie.
- J'aimerais que plus de légendaires aient le même discours que toi.
- C'est sans doute parce que nous n'avons pas le même parcours.
- J'ai... J'ai entendu des rumeurs comme quoi tu viendrais de l'espace !
- Et elles sont fondées, Jirachi. J'étais sur une autre planète avant.
- Vraiment ? Et Arceus t'a conduit ici ?
- Oui. Il a décidé que j'avais un rôle à jouer ici. Et je suis contente d'être arrivée là.
- C'était comment sur l'autre planète ? Si ce n'est pas indiscret...
- Il n'y avait pas grand-chose à faire là-bas. Honnêtement, personne n'aurait aimé s'y rendre. »
S'asseyant à côté de Jirachi dans cette galerie sous les sables, elle commença à lui raconter comment c'était avant qu'elle ne rejoigne ce monde. Pendant ce temps, les régis s'en donnaient à cœur joie pour détruire la ville du désert. Cela importait peu, ils pourraient toujours vivre sous le sable un temps et reconstruire ensuite leur chez eux. Ils avaient toujours été nomades, s'en aller ailleurs ne leur posait pas non plus de problèmes. Pour la première fois depuis qu'elle avait dû laisser sa ville, Jirachi se sentit en sécurité et comprit l'intérêt d'avoir accepté la proposition de Deoxys. La déesse de la chance réalisait à quel point il était important qu'elle soit hors de portée de cette guerre et surtout du camp de Giratina qui ne manquerait pas de l'utiliser.
« Tu finiras par revenir vers moi. Tu le sais. »
Elle avait essayé de résister. Elle avait essayé d'écouter les voix autour d'elle qui lui disaient que c'était une erreur, qu'il ne fallait pas agir ainsi et qu'elle ferait mieux de réfléchir. La déesse comprenait tous les arguments. Elle savait que même ceux qui avaient entendu sa version de l'histoire doutaient encore, tout en étant persuadé de savoir de quel côté se trouvait le camp des gentils. Cela, elle l'admettait sans aucun problème. Mais de son côté, elle doutait.
« Peut-être que tu devrais attendre avant d'aller le voir ? Peut-être qu'il va finir par se calmer et que toute cette histoire prendra fin ? Je... Je ne veux plus voir de morts. »
Les phrases de Heatran tournaient dans sa tête, comme un dernier rempart contre sa résolution. Pourtant, Palkia avait fini par faire son choix. Elle avait quitté Vestigion discrètement sans en parler à personne, ni à son maire, ni à son ami le dieu des volcans, ni à personne d'autre. Elle n'avait même pas pris le temps de contacter Dialga, alors que la sagesse aurait suggéré qu'elle le consulte avant de prendre une telle décision. La déesse de l'espace avait décidé d'agir de son plein gré et de suivre son instinct, sans chercher à savoir si c'était une bonne chose ou non.
La suite de l'histoire le dirait bien assez vite.
Sa route la conduisait à Bonville. Elle y arriva sous sa forme humaine, sans être annoncée. Pourtant, personne ne tenta de l'empêcher de passer. On aurait presque dit qu'elle était attendue. Avait-il prévu qu'elle viendrait ? C'était probable. Il savait très bien l'effet qu'il produisait sur elle et les regrets qu'elle éprouvait. Il ne lui avait pas rendu visite régulièrement sans raison. Giratina faisait rarement quelque chose sans que ce soit réfléchi. Il pouvait laisser certains éléments au hasard, mais il y avait selon toute vraisemblance un plan, un dessein qu'il souhaitait réaliser.
Un homme l'attendait vers la place centrale de la ville et il s'inclina devant elle avec politesse. Qu'avait pu raconter Giratina sur son compte pour avoir un tel traitement ? Ensuite, l'homme la conduisit dans un temple sombre qui se trouvait dans le cœur d'une falaise. Quelques torches éclairaient les couloirs intérieurs mais il faisait très sombre. Comment pouvait-on vivre là-dedans ? Palkia se rappela ensuite qu'il n'avait pas le choix et qu'il était piégé dans une autre dimension. Cette pensée étreignit son cœur et elle se concentra sur sa respiration pour se calmer.
« Alors, finalement, tu es venue. »
A peine était-elle entrée dans la grande pièce avec la statue du dieu de l'autre-monde que l'âme de celui-ci apparut, un spectre aux couleurs d'un coucher de soleil. Sa voix avait toujours cet accent envoutant et il avait pris sa forme humaine, si séduisante et charmante. L'homme, sans doute un prête, s'inclina profondément puis quitta prestement les lieux. Giratina n'eut aucun regard pour lui, pas même un petit mot. Il n'avait d'intérêt que pour Palkia. Il vient tourner autour de la déesse et elle resta un moment immobile, comme si elle réalisa où elle se trouvait.
« - J'espérais que tu viendrais... Mais tu as vaincu tous mes espoirs pour la vitesse. Je suis franchement impressionné, Palkia. Cela me touche profondément.
- C'était la seule solution. Je devais venir te voir.
- Tu sais pourquoi je t'attends j'imagine ? Tu le sais.
- Giratina... Tu veux que je te libère. Car seul quelqu'un qui a participé au sceau peut le briser.
- Exact. Et comme je doute qu'Arceus ou Dialga souhaitent m'aider, tu es mon seul espoir.
- Je suis venue parce que je crois qu'il y a du bon en toi. J'ai envie de croire que tu ne vas pas laisser la vengeance guider tes pas et que tu peux stopper cette stupide guerre.
- On dirait que tu m'en demandes beaucoup, ma chère.
- Je comprends que tu sois en colère, mais la vengeance n'a aucun sens.
- Tu as sans doute raison, soupira-t-il. Mais tu sais, tout ce temps passé dans un monde qui n'a pas de temps, dans la solitude la plus absolue... C'était difficile. »
Elle sentit ce trémollo de faiblesse dans sa voix qui lui rappela la gentillesse dont il avait toujours fait preuve à son égard dans le passé. Elle eut envie de le croire et de l'aider. Sur le mur, juste au milieu de la statue, il y avait le sceau qui luisait d'une faible lueur. Il avait déjà perdu en force mais cela ne suffisait pas pour libérer son captif. Arceus avait bien fait son travail mais Palkia devinait comment le défaire. Elle posa ses mains dessus et laissa sa force finir le travail. La déesse de l'espace possédait une puissance immense et toute la caverne fut éclairée d'un vif éclat.
Puis le sceau se rompit.
Une fissure apparut dans la statue, un large passage noir et elle vit derrière un autre monde qui semblait n'avoir aucun sens. Surtout, elle vit une silhouette noire apparaître. La forme spectrale avait disparu. Alors, sous sa forma humaine, Giratina se retrouva face à elle, aussi beau qu'à l'ère divine. Palkia en eut le souffle coupé et des larmes lui montèrent aux yeux. Il était là. Il était vraiment revenu. L'émotion la gagna si bien qu'elle se mit à trembler de tous ses membres. Il se rapprocha d'elle et lui sourit, usant de son ancien charme qui fonctionnaire toujours avec une efficacité étonnante. Il n'avait pas changé du tout, c'était toujours le même dieu.
« - Merci ma chère Palkia. Ton aide est inestimable.
- Giratina... Oh Giratina, c'est vraiment toi...
- Bien sûr. Je suis toujours le même et je vais te le prouver. »
Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras avec une tendresse divine. Palkia se laissa faire, se remémorant tous les bons souvenirs. Elle sentait une flamme se rallumer en elle et même la vie lorsqu'il entreprit de l'embrasser. La sensation était tellement agréable et la déesse voyait qu'il appréciait également le plaisir de retrouver un contact physique. Le bonheur semblait être revenu dans sa vie. Toutefois, elle eut une étrange sensation dans la nuque et elle sentit avec horreur sa conscience sombrer lentement dans le néant, alors que Giratina s'éloignait d'elle.
« - Que... Non, qu'est-ce que tu fais...
- Je suis désolé, Palkia. Mais maintenant, j'ai des choses à accomplir.
- Giratina... S'il te plaît... Ne fais pas...
- Un jour, tu comprendras. Je dois rendre une petite visite à un de nos amis. Si j'ai pu croire à ton repentir, lui, il mérite de souffrir. Tu vois de qui je parle ?
- C'est... Dia... Dia... lga... Non...
- Tu as toujours eu un esprit vif, ma chère déesse. »
Alors qu'elle perdait connaissance, il déposait son corps dans un endroit à l'abri. Il faudrait qu'il s'assure d'avoir un contrôle complet sur elle, mais cela pouvait attendre un peu. Pour le moment, il avait quelques vengeances à accomplir. Son projet était d'aller voir le dieu du temps en premier, mais peut-être qu'il trouverait quelqu'un d'autre à visiter avant. Les vengeances, ce n'était pas ce qui manquait sur sa liste de choses à accomplir après son grand retour.
« Même toi, Arceus. Attends-moi, j'arrive ! »
Et il savoura quelques instants le fait d'être revenu dans le monde normal.
« Je dois retourner à Unys mais je reviendrai bientôt, promis ! »
Diamant avait fait la moue mais Keldeo lui avait promis qu'il reviendrait au plus vite. Il avait absolument besoin de savoir si ses maîtres allaient bien. Et puis, cela pouvait permettre de détourner l'attention. Mewtwo avait validé cette solution et le fait qu'il reste avec l'élu rendait la séparation plus facile. Même pour le dieu de l'espoir, cela lui brisait le cœur de quitter celui qu'il aimait mais il avait la certitude qu'ils se reverraient. Ensemble, leur destin était de vaincre Giratina.
La route fut assez longue pour retourner jusqu'à Unys, mais comme il était seul, le jeune dieu allait beaucoup plus vite. Il se montra aussi secret que possible, esquivant tous les conflits avec la vitesse du vent. Si des personnes le virent, elles ne purent pas forcément donner son identité et c'était dans des zones suffisamment éloignées de Kanto. Diamant restait sain et sauf. Il se précipita aussitôt en direction de sa ville, Vaguelone. Que s'était-il passé durant son absence ?
« Pas de destruction, s'il vous plaît. Pas de disparus. »
Il eut l'agréable surprise de découvrir que sa ville bien-aimée n'avait pas changé. Rien ne semblait détruit, il ne vit aucune trace de combat en tout cas. En revanche, l'ambiance lui parut différente, beaucoup plus pesante et cela l'alarma aussitôt. Pourquoi tout le monde semblait-il si morose ? Les gens le saluaient avec une joie réelle mais personne n'avait envie de lui raconter quoi que ce soit. Finalement, il trouva son maire, Shin, au bord de la plage, regardant vers le large. Il semblait avoir pris vingt ans et son regard triste s'illumina légèrement en voyant la divinité.
« - Oh, Keldeo, quel plaisir de te revoir après tout ce temps.
- Bonjour Shin ! Désolé, j'ai été très occupé ailleurs. Comment vas-tu ? Tout le monde a l'air si triste. Pourtant, il n'y a eu aucun combat ici !
- Non pas ici mais... Nous avons dû aller nous battre vers le nord.
- Vraiment ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
- C'est... C'est Papeloa qui a été attaqué. »
Le sang du dieu ne fit qu'un tour. Cette ville, c'était celle de Jade, la femme que Shin aimait tant. Il s'agissait d'un endroit difficile à attaquer à cause de ses nombreuses zones humides. Pourquoi avait-elle été attaqué ? Elle n'avait rien d'un point stratégique pourtant. A moins que... De nombreuses théories se créaient dans sa tête mais il n'oubliait pas qu'il y avait forcément eu un événement triste. Keldeo craignait le pire à présent et il essayait de garder espoir, ce qui lui paraissait bien ironique. Shin regardait à nouveau dans le lointain.
« - Ce sont les maires de Port Yoneuve et Maillard qui ont attaqué. Ils essayaient de prendre du terrain sur Unys et pour eux, c'était plus facile de s'attaquer à un lieu qui ne possédait aucun dieu.
- Effectivement, cela se tient. Et ensuite ?
- Nous avons reçu l'alerte et j'ai envoyé un détachement de Vaguelone aussi vite que possible. J'étais avec mon tranchodon et nous avons fait de notre mieux. Ce n'était pas assez...
- Tu veux dire que...
- Oh, ne t'en fais. Les maires de Port Yoneuve et Maillard sont morts maintenant. Ils ont payé.
- Mais... Jade, elle... Elle est...
- J'ai simplement pu sauver notre enfant mais elle... Elle n'a pas survécu. »
Il fut incapable de parler davantage et sa voix se brisa. Keldeo resta un moment à ses côtés pour le soutenir mais ne put retenir ses larmes. Pourquoi fallait-il que le monde soit aussi cruel ? Cette guerre n'avait-elle donc aucune limite. Il s'en voulait de n'avoir rien pu faire pour aider Shin, mais sa mission était toute aussi importante. Et il ne pouvait pas rester, même s'il le voulait. Le monde l'attendait ailleurs. Après avoir promis de revenir une fois qu'il aurait mis fin à la guerre, il prit congés du maire de Vaguelone. Ce dernier comprenait, même s'il était plutôt triste.
Maintenant, l'objectif de Keldeo était de se mettre en quête de ses maitres mousquetaires. Il devait leur demande s'ils avaient un plan d'attaque et d'autres conseils. Il faudrait également qu'il aille voir Kyurem pour prendre de ses nouvelles. A cet instant, lorsqu'il se lança dans sa quête, le dieu de l'espoir ignorait que Virindium et Terrakium avaient déjà perdu. Dans le fond, c'était une bonne chose qu'il ait décidé instinctivement de chercher Cobaltium en premier.
Cette décision est peut-être ce qui sauva le monde plus tard.
Sulfura avait traversé une longue distance avec Enteï et Raikou sur son dos. Heureusement, ils avaient leur forme humaine sinon, cela l'aurait bien ralenti. Il volait aussi vite que possible en direction de Kalos, volant à hauteur de la première couche de nuage afin de pouvoir se cacher dedans à volonté. Aucun n'est trois ne remarqua le moment où Ho-oh passa juste au-dessus d'eux. Le dieu de la journée était bien trop haut et bien trop rapide.
Après un long voyage, ils arrivèrent à Cromlach, la ville dirigée par Yveltal. Sulfura atterrit un peu avant et ils continuèrent d'avancer discrètement sous leur forme humaine. Ils ignoraient l'accueil qui leur serait réservé, mais ce ne serait certainement pas une partie de plaisir. Ils se drapèrent dans de grandes capes de voyage avec de larges capuches, essayant d'avoir l'air de voyageurs autant que possible. Ce ne serait jamais parfait, mais ils n'avaient aucun autre plan sous la main.
La ville paraissait extrêmement calme et peu peuplée, comme si la majorité de la population était partie. Peut-être qu'ils étaient allés livrer une guerre plus loin. L'explication semblait de plus en plus plausible. Le trio divin se mit en tête de la tanière du dieu de la mort afin de récupérer Suicune. Ils trouvèrent finalement un lieu qui ressemblait à un petit temple et pénétrèrent dedans vivement. Cependant, ils ne trouvèrent personne à l'intérieur, sinon une décoration bien sombre digne d'Yveltal ainsi qu'une servante qui ne semblait pas impressionné par leur apparition.
« Vous cherchez le seigneur ? Il doit être au champ des monolithes. »
Après l'avoir remercié, ils s'étaient mis en quête du fameux champ qui se trouvait légèrement au sud de la ville. La surprise avait été de taille car il s'agissait d'un lieu unique qu'ils atteignirent à la nuit tombée, à peine éclairé par la lune et les étoiles. Des grandes pierres étaient comme plantées dans le sol, selon un alignement parfait. Cela ressemblait à un cimetière mais en beaucoup plus grand et beaucoup moins sombre. Que signifiait ces rochers plantés ainsi ? Le trio demeura discret en s'avançant et soudain, ils se cachèrent, apercevant le maître des lieux un peu plus loin. Suicune était également avec lui. Sous sa forme humaine, la pauvre déesse était accrochée à une pierre et elle paraissait à peine en vie. Le sang d'Enteï ne fit qu'un tour tandis que les deux autres devinaient qu'il s'agissait en réalité de pierres de sacrifice.
« - Tu n'as toujours aucune réponse pour moi, Suicune ? Pas de nom pour l'élu ?
- Toujours aucune, articula faiblement la déesse.
- C'est dommage. Je n'aime pas tuer aussi facilement mais... Je n'ai pas le choix.
- Tu ne vas tuer personne ! »
Enteï surgit au milieu des pierres, prenant aussitôt sa forme légendaire. Raikou et Sulfura ne tardèrent pas à le suivre, l'imitant pour la transformation. Leur effet de surprise était total mais pourtant, cela ne sembla pas choqué outre mesure Yveltal. Ce dernier revêtit à son tour sa forme légendaire et son aura mortelle parut se répandre dans l'intégralité du champ. Son regard paraissait vide de toute émotion et il aurait terrifié n'importe quel humain. En ce instant plus que jamais, il portait à merveille son nom de dieu de la mort. Le trio lui faisait face avec courage, même si dans le fond, ils n'en menaient pas large. Individuellement, aucun n'était à son niveau.
« - Yveltal, tu vas relâcher Suicune immédiatement, ordonna Enteï avec force.
- C'est prévu mon ami. Une fois qu'elle aura répondu à ma toute petite question. Rien de compliqué comme vous pouvez le voir, je demande simplement un nom pour Giratina.
- Pourquoi sers-tu un tel maître ? osa demander Sulfura.
- Parce que s'il y a quelqu'un qui peut comprendre le rejet, c'est bien lui. Vous ignorez tout du fardeau que je porte. Dieu de la mort, ce n'est pas un cadeau d'Arceus.
- Peut-être que nous pouvons trouver un autre arrangement, tenta Raikou. Peut-être que nous pouvons t'aider et que tu peux nous rendre Suicune. Donnant-donnant.
- Je regrette mais si vous la voulez, il faudra la prendre par la force. Pas d'autre choix. »
A ces moments, Yveltal poussa un cri perçant déchirant les tympans de toutes le créatures présentes à au moins un kilomètre à la ronde. Les deux fauves et l'oiseau légendaires surent qu'il faudrait se battre, il n'y avait pas de solution alternative. Enteï rugit avec force, faisant trembler la terre tandis que Raikou fit crépiter des éclairs. Enfin, Sulfura fit flamber ses ailes davantage et après cette phase d'intimidation, les dieux commencèrent une terrible lutte.
Les habitants des villages alentours entendirent le combat à des kilomètres à la ronde tant il faisait de bruit. La violence des chocs était incroyable. Toutefois, malgré son infériorité numérique, tout pointait vers la victoire d'Yveltal qui écrasait littéralement ses adversaires avec son pouvoir. Il était fort et il ne commettait pas l'erreur de sous-estimer le trio. Ces derniers étaient portés par la colère, mais cela ne suffisait pas contre la divinité de la mort. Tout espoir semblait perdu.
« Vous avez vraiment commis une erreur de débutant ! »
Le trio se trouvait bête aussi d'avoir décidé d'affronter le dieu de la mort alors qu'il faisait nuit et qu'il était dans son élément. Yveltal se servait de la pénombre pour se cacher et pour accroître la puissance de ses attaques. Le trio lui résistait bien mais il était beaucoup plus fort. Chacun de ses coups faisait mouche et il esquivait la plupart des attaques. Sulfura ne parvenait pas à prendre l'avantage aérien et les deux dieux de Johto n'arrivaient à rien non plus. Chaque attaque semblait donnée dans le vide. Suicune souffrait sur sa pierre et ils ne pouvaient absolument rien faire. Dans le fond, ils étaient exténués par tous les événements récents et la nuit ne les aidait pas, seule la rage leur permettait encore de tenir le choc.
Alors qu'ils semblaient sur le point de perdre, le soleil commença à se lever.
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