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Chapitre 24


« - Toujours aucune information à me donner sur mon passé ?

- Toujours aucune. Tu n'as pas non plus beaucoup d'indices à me donner.

- Je n'avais pas prévu de perdre la mémoire.

- C'est bien commode... tout comme ton pouvoir de résurrection. »

Cipher souffla légèrement. Il avait beau avoir l'esprit libre, il n'était pas assez stupide pour contrarier le grand Giratina. Même s'il n'était pas totalement libéré, le dieu était assez fort pour le tuer. Certes, la mort semblait n'avoir aucune prise sur l'étrange humain mais il pouvait tout de même ressentir la souffrance et cela ne l'enchantait pas. Giratina imaginerait sûrement les pires tortures à son égard. Leur relation semblait plus distante ces derniers temps et cela ne plaisait pas à Cipher. Comment avait-il laissé cette force de la nature lui glisser entre les doigts aussi aisément ?

« - J'ai toujours eu ce pouvoir qui n'a aucun sens. Peut-être que je suis le fils d'un dieu.

- Peut-être, murmura Giratina alors que ses yeux s'agrandissaient, brillants dans les ténèbres du temple de Bonville. Peut-être que tu es l'élu de la prophétie même !

- Moi, l'élu ? Vous seriez au courant... Non ?

- Voilà une raison pour laquelle j'aime te garder à mes côtés. Je n'accorde pas ma confiance facilement, comme tu as pu le voir.

- Vous n'accordez jamais votre confiance. Tout comme moi. »

Le dieu de l'autre-monde sourit et sa forme spectrale tournoya dans la pièce. Il avait réalisé de nombreuses interventions dans d'autres villes, permettant à de nombreux légendaires de les rejoindre ou en tout cas de songer fortement à opter pour ce camp plutôt que pour celui de Rayquaza qui ne faisait strictement rien. Giratina forçait aussi les humains à le craindre et cela produisait des réactions intéressantes. Toutefois, cela fatiguait aussi le peu d'énergie qu'il possédait. Quand il pourrait se libérer, tout serait évidemment bien différent.

Cipher avait fini par comprendre que si cette belle créature le gardait à ses côtés, c'était pour sa potentiel origine. Si l'immortel se révélait être l'élu, il suffirait au dieu de l'autre-monde de l'enfermer. Le tuer n'était hélas pas une option, l'avoir à ses côtés simplifiait donc grandement sa tâche. Cela avait contrarié l'amnésique qui s'en voulait de ressentir encore cette attirance pour Giratina. Il ne pouvait oublier le charme du personnage et ne pouvait se défaire de ses émotions, malheureusement. La déception, voilà comment il résumait son état d'esprit actuel.

Savoir qu'il était potentiellement le fils d'un dieu n'aidait pas tellement à faire de la lumière sur le passé de Cipher. En effet, parmi les dieux auxquels il s'était présenté, aucun ne l'avait reconnu. Cela ne voulait rien dire, il pouvait être le fruit d'une nuit fugace, d'un amour court et interdit. Le grand Arceus pourrait certainement apporter des réponses à ses questions, si seulement il était accessible. Le Créateur se cachait au-delà des limites du ciel et il ne semblait pas décidé à interagir avec son monde. Même Giratina ignorait que son bannisseur faisait actuellement.

« - J'ai cru qu'il reviendrait me chercher un jour, se rendant compte de son erreur. Désormais, je pense qu'il m'a simplement oublié. Il ne sait même plus que j'existe.

- Pourquoi Arceus a-t-il banni une de ses propres créations ?

- Cela ne te concerne pas. Comme je le disais, c'était une erreur. »

Chaque fois qu'il évoquait l'erreur d'Arceus, Giratina emplissait son regard de haine et maudissait le Créateur pendant de longues minutes. Toutefois, Cipher avait déjà vu une autre émotion dans son regard. Pendant une fraction de seconde, il avait cru voir de la tristesse. Ce qui s'était passé à cette époque lui avait fait beaucoup de mal. En même temps, qui souhaiterait être banni par le dieu suprême dans un lieu sans temps ni lois de la physique ? Aucun doute, cet enfermement et surtout cette solitude avaient achevé de rendre fou le dieu de l'autre-monde. D'ailleurs, avait-il une autre appellation auparavant ? Cela laissait l'étrange humain songeur.

« - Au moins, vous avez de plus en plus d'alliés. Qui aurait cru que même quelqu'un comme Marshadow finirait par demander ta protection ?

- Oh, le destin m'a aidé. Son archipel est victime d'autres ennemis qui l'ont poussé de mon côté.

- Et cela peut nous nuire ?

- Pas pour le moment. Nous nous occuperons de toute cela après.

- Je vois. Chaque ennemi en son temps. Et il y a aussi la déesse des cauchemars.

- Elle, c'était facile. Sa solitude, ses doutes, cela en fait une proie facile pour moi.

- J'ai cru comprendre que vous aviez des vus sur la déesse de l'espace. »

Le dieu ne répondit pas à cette dernière phrase. Ses lèvres spectrales s'étirèrent en un radieux sourire qui le rendaient incroyablement beau, même sous sa forme légendaire. D'ailleurs, sans raison, son apparence redevint humaine. Cipher sentit ses joues chauffer subitement et il retint ses commentaires. La jalousie lui crevait le cœur et il regretta d'avoir abordé le sujet. Cela se voyait que Giratina en pinçait pour cette greluche du nord. L'homme n'arrivait même pas à garder sa neutralité dans ses pensées. Pour faire simple, il la détestait de tout son être.

« - Elle sera bientôt à mes côtés, comme elle aurait dû toujours l'être. Ce n'est qu'une question de temps. Elle m'aidera à me libérer de cette maudite prison.

- Vous vous connaissez depuis longtemps tous les deux ?

- Oh oui. Depuis le commencement des temps. »

Il aurait voulu étouffer ses sentiments, les verrouiller à double tour dans une boîte et les jeter à la mer, la clé avec. Hélas, Cipher n'arrivait pas à se défaire de cette charge et il était déçu de voir que Giratina aimait quelqu'un d'autre bien plus que lui. Peu importe, les accidents pouvaient toujours arriver et le destin lui avait montré que même les dieux peuvent mourir. Cette maudit Palkia connaîtrait sa colère un jour et même s'il n'avait aucune puissance, il trouverait un moyen de lui faire du mal. Une partie de lui-même trouvait cela vain mais il ne pouvait pas arrêter son cœur.

Sur l'archipel d'Alola, la crise menaçait de submerger les îles. Les apparitions d'ultra-brèches étaient toujours plus fréquentes et des créatures étranges, baptisées les ultras-chimères, ne cessaient d'attaquer les pokémons, les humains ou même les dieux. Solgaleo et Lunaala luttaient de leur mieux contre ce fléau mais à deux, ils ne pouvaient couvrir parfaitement toute la région. De nombreux accidents survenaient, entraînant parfois des morts tragiques comme la mairesse de Ho'ohale. Cela ne pouvait plus durer et le roi de la région décida de réunir tout le monde afin d'aborder les problématiques qui les touchaient tous. La guerre contre Giratina avait aussi son importance, même si elle paraissait plus lointaine que ces maudites brèches.

Léo avait organisé cette rencontre dans sa propre ville, la belle Mallié sur l'île d'Ula-Ula. Qu'il soit l'organisateur d'un tel événement possédait du sens car on le considérait comme le maître d'Alola. A chaque époque, les îles élisaient un roi et c'était tombé sur cet homme charismatique. Plus grand que la moyenne, son charisme ne venait pas de ses courts cheveux bruns ni de ses yeux marron banals mais plutôt de cette cicatrice qui barrait son visage. On racontait qu'elle venait de son affrontement avec un pokémon sauvage mais personne ne connaissait la vérité. En tout cas, il savait se battre à l'épée et les habitants d'Alola n'avaient pas à regretter leur choix.

A ses côtés, Léo voyait la radieuse déesse Magearna, présidant à la mécanique et toute construction humaine sophistiquée. Sous sa forme humaine, son apparence étonnait, notamment avec ses longs cheveux verts dont les pointes comportaient une touche violette douce. Ses yeux sombres et sa peau pâle donnaient l'impression qu'elle n'était pas quelqu'un d'amicale mais c'était entièrement faux. Il suffisait de la voir avec la déesse de la lune pour comprendre qu'elle était abordable.

Parmi leurs invités se trouvaient de nombreuses personnes de la région, avec également quelques divinités. Depuis Mele-Mele, Ickor le maire d'Ekaeka et Rey la mairesse de Lili'i s'étaient présentés, de même que le dieu du combat Tokorico. Tous les dieux présents avaient choisi de revêtir leur apparence humaine en ce jour. Depuis Akala, seuls s'étaient présentés le maire de Konikoni Geralt et la déesse Tokopiyon. Marshadow n'avait donné aucun signe de vie depuis le décès soudain de sa mairesse et on racontait que c'était en partie sa faute. Le mairesse d'Ohana Eina et son dieu Zeraora avaient promis de venir mais ils étaient apparemment en retard.

Sur Ula-Ula, Lunaala et Inej, la mairesse de Kokohio, s'étaient présentées. En revanche, Tokotoro et Yassim, le maire du village Toko, avaient décliné l'invitation, déclarant qu'ils avaient mieux à faire. Léo ne les avait pas forcé mais cela ne le rassurait pas tellement de savoir qu'un de ses voisins ne se préoccupait pas du sort de la région. Enfin, depuis Poni-poni, la déesse Tokopisco et le maire du village flottant, Minel, avaient fait le déplacement, de même que le dieu Solgaleo. Mina, la déesse du Grand Arbre, avait fait l'effort de venir mais on sentait que cela lui coûtait. Finalement, presque toute la région s'étaient présentée, ce qui représentait déjà un accomplissement soit.

Quelques bavardages animèrent le début de la réunion, chacun parlant de la situation de sa propre ville. Cela concernait des sujets assez sérieux, comme l'agriculture ou bien plus triviaux, comme une dispute entre deux commerçants pour savoir qui vendait les meilleurs kokiyas de l'archipel. Ce prélude permit d'instaurer une ambiance plus détendue et de laisser à chacun un temps de parole. C'était une bonne chose, compte tenu des thématiques plus sérieuses qui allaient suivre.

« - Peut-être pourrions-nous recentrer nos discussions sur les sujets à l'ordre du jour ? proposa Léo alors qu'un blanc venait d'apparaître dans les échanges.

- Allons-y, sourit Minel du Village Flottant avec bienveillance.

- Nous allons commencer par aborder le sujet des brèches. N'étant pas un expert de la question, je souhaite laisser la parole aux dieux qui nous en protègent, Solgaleo et Lunaala.

- Qui nous en protègent, c'est vite dit, intervint Mina avec sarcasme. Dois-je vous rappeler que la mairesse Einhéria est morte la semaine dernière ?

- Nous ne pouvons malheureusement pas être présents sur toute la région, déclara Solgaleo. Nous faisons de notre mieux pour défendre Alola mais deux, c'est bien peu nombreux.

- Peut-être pourrions-nous vous aider ? suggéra Tokorico.

- C'est très aimable, dieu du combat, mais hélas, Solgaleo et moi sommes les seuls capables de détecter l'ouverture des brèches, expliqua Lunaala. Nous sommes les seuls à pouvoirs les franchir.

- Alors il n'y a aucune solution ? soupira le maire Geralt.

- Non, vous déformez mes propos, le reprit la déesse de la lune. Les dieux peuvent défendre leurs villes, vous ne pouvez simplement pas nous aider à en faire la chasse. J'invite chacun à redoubler de prudence. Les créatures des brèches sont très dangereuses.

- Quel dommage que le Grand Radieux ne soit plus ici, soupira Ickor. Lui aussi il nous défendrait.

- Nous pouvons vous transmettre quelques informations sur nos assaillants. »

Solgaleo, avec l'aide de sa consoeur lunaire, entreprit d'expliquer quels types de créatures provenaient des brèches et les manières dont on pouvait s'en défendre. Si la majorité prenait l'information avec grand intérêt, certains comme la mairesse du Grand Arbre semblaient peu s'en soucier. Pourtant, il s'agissait d'une information capitale pour défendre la population d'Alola. La discussion sur les brèches dura encore deux bonnes heures et son utilité se révéla fondée.

« - D'ailleurs, Eina et Zeraora ne sont toujours pas arrivés, nota Tokopiyon.

- C'est vrai, approuva Tokopisco. Quelqu'un aurait-il eu des nouvelles ?

- Ils avaient promis de venir, voilà tout ce que nous savons, déclara Magearna, soucieuse.

- Peut-être que le dieu de la loyauté a fini comme le dieu de l'hiver, souffla Geralt.

- Que veux-tu dire ? demanda Inej en haussant un sourcil.

- On sait tous ce qu'il s'est passé non ? s'exclama le maire de Konikoni. On parle de brèches mais la réalité, c'est que Marshadow a perdu la tête et il est passé du côté de Giratina.

- C'est une accusation très grave, lui répondit Rey avec fermeté. As-tu des preuves ?

- Je n'habite pas loin. Je sais que le dieu de l'autre-monde est venu lui faire une proposition.

- Probablement ce qu'il a fait aussi avec le dieu de la loyauté, sourit Mina.

- Zeraora et Eina sont simplement en retard » gronda Solgaleo, avec un regard noir pour sa mairesse.

Depuis combien de temps ne se supportaient-ils plus ? Cela paraissait bien trop long. L'humaine tenait tête au dieu du soleil et s'il savait la remettre à sa place par moment, il se laissait bien trop faire. Léo n'aimait pas les rumeurs qui commençaient à circuler concernant Marshadow. Toutefois, ce que Geralt avait dit pouvait être vrai. Giratina était venu proposer son alliance à de nombreux dieux de l'archipel, Marshadow représentait un candidat puissant. Mais Zeraora ne semblait pas correspondre aux critères. Tokopisco regardait de tous les côtés comme si elle espérait voir le dieu surgir d'un instant à l'autre. Soudain, un humain et son lougaroc entrèrent en courant dans la grande salle, brisant le silence qui venait de s'installer.

« - Votre Majesté, l'heure est très grave !

- Que se passe-t-il ? demanda Léo, les yeux froncés.

- Nous venons de recevoir des nouvelles d'Akala. Une terrible nouvelle...

- Oh non, murmura Tokopisco tandis que son cœur se serrait.

- Parle immédiatement ! ordonna le roi d'Alola.

- Je n'ai pas exactement les faits mais Eina, la mairesse d'Ohana, est décédée. Et on raconte que ce serait Zeraora qui aurait perdu l'esprit.

- Tous les mêmes » souffla avec satisfaction Mina, mais pas trop fort.

Un lourd silence s'installa dans l'assemblée. En moins de deux semaines, voilà une autre mairesse qui disparaissait de l'archipel et pour la deuxième fois, un dieu était soupçonné. Pourtant, cela pouvait tout de même être une ultra brèche, comme pour Einhéria. Toutefois, le pouvoir des rumeurs pouvait vaincre même la vérité la plus évidente et dans la région, l'histoire de la folie des dieux se répandit comme une trainée de poudre, gangrénant la confiance des humains.

« Nous ne devons pas laisser la guerre entraver la joie de nos vies. »

Bonaugure était une magnifique petite ville cachée toute proche du lac Vérité. Elle ne disposait pas de grandes ressources mais sa force militaire n'était pas à sous-estimer. A sa tête, sa mairesse Jeanne, une femme puissante et qui se révélait capable de toujours prendre les bonnes décisions, même au cœur de la plus difficile des situations. Tous les habitants sous sa protection l'admiraient, tous les enfants voulaient devenir comme elle lorsqu'ils seraient plus grands. Cela ne déplaisait pas aux parents car elle était un modèle de réussite et de vertue.

Actuellement, la jeune femme préparait une grande malle d'affaires en chantonnant. Ses cheveux blonds mi-longs étaient impeccablement coiffés et elle portait même une tenue moins pratique pour le combat. Ses yeux bleus brillaient d'un grand éclat tandis qu'elle empilait ses vêtements. Son galopa d'un bleu azur se rapprocha d'elle en hennissant et elle lui gratta le museau en réponse. Oui, c'était bientôt le grand jour, elle n'arrivait pas à y croire et pourtant, c'était là.

« Alors tu es décidée ? Tu vas vraiment y aller ? »

Jeanne se retourna pour découvrir la déesse Créfollet, maîtresse des émotions, sous sa forme humaine. Les deux femmes s'entendaient très bien malgré leurs origines différentes. Leurs cheveux possédaient la même coupe et la même couleur, mais les yeux dorés de la divinité ne permettaient pas de douter. Toutefois, comme la mairesse était plus grande, elle semblait être la grande sœur. Leurs tenues s'accordaient plutôt bien, avec des tons blancs et ors, ce qui était assez rare pour être souligné. Jamais Créfollet ne portait de tenue de combat ou d'armure.

« - Nous y avons bien réfléchi et nous ne voulons pas laisser la guerre nous empêcher d'être heureux.

- Je comprends... La route risque d'être dangereuse, avec Giratina dans la région.

- Je ne pars pas seule. Une partie de l'armée vient avec moi pour m'accompagner. Mais je ne crois pas que nous aurons quelque chose à craindre sur la route.

- J'aurais aimé t'accompagner... Mais actuellement, je préfère veiller sur le lac Vérité. Les léviators semblaient particulièrement agités récemment, j'ignore pourquoi.

- Je comprends, ne t'en fais pas. J'ai du mal à y croire mais ça y est.

- Tu vas enfin épouser le maire d'Unionpolis. Depuis toutes ces années que vous vous tournez autour, je commençais à ne plus y croire !

- Oh, tu exagères, cela ne fait que... Bon d'accord, j'admets que nous avons été patients. »

Les deux femmes se mirent à rire et le galopa souffla de contentement car leur joie était communicative. Cela faisait des années qu'elles se connaissaient et elles partageaient leurs victoires ensemble depuis bien longtemps. Jeanne était prête à partir, ainsi que le reste de la troupe qui devait l'accompagner. Tout le monde se réunit à l'entrée de Bonaugure et les autres habitants vinrent donner leur bénédiction à la mairesse, lui souhaitant tout le bonheur du monde.

« Soyez tranquille, je reviendrais bientôt avec mon mari ! »

Créfollet s'était mêlée à la foule, si discrète que personne ne la remarquait, ce qui lui allait très bien. Elle put dire aussi au revoir à Jeanne et quand elle la regarda partir, son cœur se serra. La déesse n'aimait pas ce genre de pressentiment, comme si c'était la dernière fois qu'elle revoyait l'humaine. Cela n'avait probablement aucun sens. Le contexte de la guerre rendait extrêmement méfiant. La gardienne du lac Vérité se détendit et pria pour que le voyage de son amie se passe bien. Il n'y avait aucune raison que les événements tournent mal.

Effectivement, le périple commença de très belle manière, avec un temps absolument somptueux. Jeanne avait décidé d'éviter les grands axes et ne passa pas par Litorrella, même si elle appréciait la mairesse des lieux. Le groupe poursuivit donc à travers la forêt et les plaines de l'est de Sinnoh, sans rencontrer âme qui vive, sinon les pokémons sauvages. Du haut de son galopa, la mairesse de Bonaugure souriait en songeant à son promis. Elle essayait d'imaginer sa tête et cela la faisait rire à chaque fois. Aucun doute, Francis serait ému de leurs retrouvailles et elle aussi.

Le temps se rafraichit un peu lorsqu'ils arrivèrent au niveau d'une petite chaîne de montagnes adjacente au mont couronné, plutôt des grandes collines en réalité. Par chance, la partie qu'ils devaient traverser était peu large et elle possédait un réseau de tunnels très bien entretenus. Quelques pokémons veillaient farouchement sur les lieux mais la plupart s'enfuyaient en voyant la grande cohorte qui arrivait. La route était bien praticable et ils arrivèrent sans peine de l'autre côté. Le temps était gris mais leur périple avançait bien.

Maintenant, il leur restait à franchir la ville de Charbourg, traverser une partie de la chaîne du mont couronné et ensuite, peu après, ils trouveraient enfin la belle ville d'Unionpolis qui les attendrait. Le plus difficile dans ce qui les attendait serait le passage de la cité minière. Charbourg était la seule ville qu'elle était obligée de franchir sur son périple et elle savait que c'était la demeure du dieu Regigigas. Dans quel camp était-il, elle n'en était pas certaine, mais elle espérait qu'il les laisserait passer. Dans le cas contraire, elle ne craignait pas d'affronter un légendaire.

Quand la troupe franchit la ville, ils trouvèrent les lieux étonnement silencieux. On aurait presque dit une ville fantôme. Où étaient donc passés les habitants ? Jeanne demanda à ses hommes de se montrer davantage vigilant. Derrière certaines portes, ils apercevaient des silhouettes, mais personne ne venait ni les saluer ni les chasser. Cela n'augurait rien de bon. Alors qu'ils arrivaient à la moitié de la ville, ils découvrirent une immense troupe et la mairesse fut surprise de voir que ce n'était pas le dieu des continents à sa tête mais un homme qu'elle connaissait bien. Il s'agissait du maire de Parmanie, Mohn, un ami de Francis. Il était monté sur un galopa flamboyant.

« - Mohn, bonjour, le salua-t-elle. Que fais-tu ici, si loin de Kanto ?

- Jeanne, cela faisait longtemps. Vois-tu, Regigigas avait des affaires dans ma région alors en échange de bons procédés, je garde sa ville.

- Des affaires, murmura-t-elle, guère rassurée. Nous ne faisons que passer alors... Au plaisir de te revoir une prochaine fois !

- Je regrette mais le dieu a été formel. Personne ne doit traverser sa propriété. Surtout quelqu'un qui n'est pas dans notre camp. N'est-ce pas ?

- Et dans quel camp es-tu ?

- Très simple. Dans celui du vainqueur. »

Lorsqu'il sortit l'épée de son fourreau, Jeanne fit de même et un grand calme l'envahit malgré la situation. Ainsi, même Mohn était passé du côté de l'ennemi. Quelques flocons de neige se mirent à tomber des cieux mais même un blizzard n'aurait pu cacher le terrible combat qui eut lieu.

« Attention, d'autres arrivent ! »

Le petit camp était en effervescence. Depuis quelques jours, ils recevaient des assauts de plus en plus importants de la part de Voilaroc au Nord. Pourtant, la cité s'était montrée plutôt neutre jusque-là. On racontait que leur déesse avait assassiné froidement le maire, un homme sage et ancien, avant de se tourner vers Giratina. Manaphy ne connaissait pas très bien Darkrai mais cela lui semblait difficile à croire. Pourtant, il était forcé de constater que la violence avait connu une montée fulgurante et que le camp de la mairesse Mana devait résister de son mieux.

Dans ces moments dangereux, le dieu de la pureté masquait plus que jamais son identité et se tenait à l'écart des zones d'assaut. Sa jeunesse physique était un prétexte parfait. Il ne voulait pas risquer de révéler ses pouvoirs et de prouver à Mana qu'elle avait raison, que les dieux étaient gentils uniquement par intérêt. Ce n'était pas le cas de Manaphy mais c'était certainement ce qu'elle penserait. Mieux valait éviter une telle scène et resté caché.

De loin, le légendaire regardait les humains et les pokémons se battre avec ardeur. La guerre n'avait toujours aucun sens à ses yeux mais il ne pouvait s'empêcher de leur trouver un certain courage, surtout en ce qui concernait la mairesse. Elle était toujours au front, guidant ses camarades et affrontant le danger sans jamais reculer. Elle veillait sur chacun de ses hommes comme un ange gardien et si les batailles tournaient toujours à leur avantage, cela tenait de la volonté de cette femme. Manaphy se demandait si quelqu'un veillait sur elle également.

« - Est-ce que ça va, petite tête ? cria-t-elle alors que la troupe se repliait après une attaque lourde d'un pokémon adverse, évitant ainsi les répercussions.

- Bien sûr. Je ne risque rien ici !

- Tant mieux alors ! Observe cette contre-offensive, on va les avoir ! »

D'un bond, elle repartit en avant avec son cri de guerre, son luxray à ses côtés. Tous les guerriers la suivaient comme un seul homme, hurlant à leur tour pour se donner du courage. Manaphy se sentait galvaniser et il se retenait de justesse d'aller courir avec eux. C'était sans doute stupide mais il avait envie d'être un humain en cet instant. Pourquoi Arceus l'avait affublé de la divinité ? Pouvait-il s'en défaire ? Voilà des questions qui n'étaient absolument pas adaptées à la situation.

Soudain, une explosion eut lieu sur le champ de bataille et Manaphy se reconcentra. Un énorme Rhinastoc venait d'apparaître et même si le campement prenait l'avantage, l'énorme pokémon venait poser un sérieux problème. D'un seul coup de son énorme poing, il avait envoyé valdinguer le luxray de Mana qui se trouvait maintenant assommé plus loin. Seule restait la mairesse pour affronter le monstre et malgré toute sa rage, elle restait bien frêle face à un tel adversaire.

Manaphy réalisé à ce moment-là qu'elle pouvait mourir.

Après tout, elle avait beau être incroyable, forte, combative et toutes les qualités qu'il lui trouvait, elle demeurait humaine. Les dieux aussi peuvent mourir mais beaucoup moins facilement, tandis que les humains n'ont pas besoin de grand-chose. Et c'était ce qui allait arriver à Mana, perdre la vie face à ce stupide Rhinastoc, tout ça parce que le destin en avait décidé ainsi. La colère monta en Manaphy et il ne put se résigner à regarder. C'était trop pour lui.

« Non ! »

Tout ce que les hommes alentours virent, ce fut ce jeune garçon qui s'élançait au milieu du champ de bataille alors qu'il n'avait aucune chance. Puis, ils virent une lumière jaillir de sa main et repousser la Rhinastoc. Une aura l'entoura tandis qu'il se rapprochait du pokémon ennemi. Salement blessé, ce dernier eut un dernier regard pour son adversaire puis s'enfuit, tremblant littéralement de peur. Tous ses alliés firent de même, n'ayant pas prévu d'affronter un légendaire.

« Mana ? »

Le dieu de la pureté revint à la réalité et réalisa qu'il ne pourrait pas revenir en arrière. Quand il se retourna vers Mana, elle le regardait avec des grands yeux, se trouvant à genoux au sol. Tout ce qu'elle attendant, c'était une explication, une réponse à cette question qu'elle n'osait pas formuler. Alors, Manaphy quitta sa forme humaine et redevint la divinité qu'il n'avait jamais cessé d'être, une créature petite mais possédant une partie de la puissance des océans. Les humains furent tous abasourdis parce qu'ils voyaient et leur mairesse réalisait progressivement ce que cela voulait dire. Des larmes apparurent dans les coins de ses yeux. Plus rien ne serait comme avant.

« - Tu es un... Tu es un...

- J'aurais dû te le dire plus tôt mais je n'ai pas pu.

- Disparais. »

Le mot était simple mais il venait du fond du cœur, comme un réflexe. Manaphy comprit qu'en un instant, parce qu'il avait utilisé ses pouvoirs pour lui sauver la vie, il venait d'être rejeté, repoussé pour toujours de l'existence de cette femme qu'il admirait tant. Il la regarda une dernière fois avec une profonde tristesse puis s'enfuit. Le légendaire fila se cacher dans une caverne, là où personne ne le retrouverait et se mit à pleurer. La vie n'était pas juste. Pourquoi n'avait-il pas le droit d'être heureux ? Pourquoi Arceus lui refusait-il le bonheur ?

« Parfois, j'aimerais mieux être mort. »

De son côté, Mana accusait le coup. Ce jeune garçon était en fait un dieu, il lui avait menti depuis le début. Ses yeux étaient humides mais elle refusait de pleurer. Un homme tenta de l'aider à se relever mais elle le repoussa et se mit debout toute seule. La mairesse eut à peine la présence d'esprit de vérifier que son luxray et toute son équipe étaient indemnes, puis elle fila dans sa tente. Un mélange d'émotions menaçait de la faire vriller à n'importe quel moment.

« Il m'a menti... Il m'a menti... C'était un dieu. »

Dans le secret de sa tente, elle se mit à pleurer, comme elle l'avait rarement fait. Contrairement à ce qu'elle pensait, ce n'étaient pas des pleurs de colère. Ce petit gars qui avait le même nom qu'elle, la mairesse l'avait apprécié, bien plus que ce qu'elle croyait.

« Parfois, je me demande comme j'ai pu aimer quelqu'un qui m'a autant trahi. »

Viridium se leva avec des larmes dans les yeux, comme de nombreux matins depuis le début de cette guerre. Elle n'avait pas bien dormi et ses rêves avaient été hantés de cauchemars. Dans les plus récurrents, elle voyait bien sûr le monde sombrer dans le chaos, Arceus qui disparaissait dans l'ombre de Giratina et ses collègues du trio des mousquetaires qui mourraient dans d'atroces souffrances. Et pourtant, c'était un événement réel qui la faisait particulièrement souffrir.

En se levant, elle essaya de se préparer de son mieux. En ce jour, elle devait réaliser un discours devant tout Méanville, elle devait donc soigner sa présentation. Elle attacha ses cheveux rouges et les releva au mieux, préférant sa forme humaine pour l'occasion, et y ajouté quelques perles. La déesse se mit un peu de maquillage pour habiller ses yeux noisette. Sa robe verte rappelait sa forme légendaire et surtout, elle adoucissait ses traits durs, la rendant plus accessible. Cela serait très utile pour renouer avec les habitants de sa ville et surtout la mairesse.

Lyanna se montrait de plus en plus distante depuis la fête du printemps de Johto. Viridium pensait que l'apparition de Cipher l'avait peut-être effrayé, réveillant des traumatismes de son passé. La divinité avait laissé le temps à l'humaine de remettre ses idées en place, mais cela n'avait servi à rien. Peu à peu, Lyanna semblait changer totalement. Elle qui possédait une grande garde-robe s'habillait maintenant uniquement dans des tons sombres et des tenues de combat. Sans maquillage, ses yeux bleus paraissaient glacés et elle attachait toujours sa crinière auburn en une tresse, ne la laissant plus libre. Son sourire s'effaçait aussi au fil des jours et la communication devenait compliquée.

« - Tu ne veux pas me dire ce qu'il se passe ?

- Ce serait plutôt à toi de me le dire, déesse du printemps.

- Lyanna... Je croyais qu'on avait passé ces formules de politesse.

- Je le croyais aussi... Mais il faut croire que les dieux ne sont pas parfaits.

- Que veux-tu dire ?

- Ce Giratina... Tu sais pourquoi il a été enfermé ?

- C'est une vieille histoire. C'était une décision d'Arceus...

- Alors comment peux-tu savoir que c'est quelqu'un de mauvais ? »

Qui avait mis toutes ces idées dans la tête de Lyanna ? Viridium l'ignorait mais elle n'arrivait pas à la faire changer de sujet. Cela l'attristait car elle aimait tendrement l'humaine depuis de nombreuses années. Comment des doutes avaient-il pu faire disparaître cette relation aussi facilement ? La mairesse refusait même de croiser son légendaire à présent et elle s'évitait. La tension était palpable à Méanville et la déesse essayait de passer outre tandis qu'elle se rendait sur la grande place de la ville. C'était le moment où jamais de nouer le lien avec les humains locaux.

Lorsqu'elle arriva sur les lieux, une grande foule était déjà présente. Cela n'aurait pas dû la marquer, mais elle vit que certains humains étaient armés. Lyanna n'était visible nulle part et il n'y avait aucun inconnu. Les habitants de la ville semblaient en proie à une profonde dispute et ceux qui possédaient un pokémon n'avaient pas manqué de les sortir. Ce moment de communion devenait un lieu pour régler ses différends de manière violente et cela attristait la déesse. Fendant la foule, elle se poste sur l'estrade au centre de la place, d'où tout le monde pouvait la voir.

« Chers habitants de Méanville, pourquoi tant de haine ? »

Une cacophonie ambiante répondit à sa demande et elle ne comprit qu'en captant certains mots. La guerre s'était répandue dans leurs cœurs et chacun défendait son camp. Rayquaza contre Giratina, voilà ce qui ressortait chez les humains. Comment allait-elle s'en sortir ? Viridium cherchait les mots qui pourraient l'aider à s'en sortir, même si elle devrait forcément avouer de quel côté elle penchait. Soudain, au milieu de la foule, la déesse aperçut Lyanna, plus sombre que jamais. Elle tenait quelque chose dans sa main mais il y avait trop de personnes autour pour qu'elle puisse voir de quoi il s'agissait. La mairesse semblait fermée et dans ses yeux grondait une colère sourde.

« - Habitants de Méanville, levons-nous contre notre véritable ennemi !

- Lyanna... Est-ce que tu...

- Nous sommes libres... Nous ne devons pas écouter les dieux ! »

Alors, dans sa main apparut un arc puissant. Viridium le connaissait bien, elle l'avait offert en personne à la mairesse quelques années plus tôt. Le tir lui plaisait tellement et elle était douée. La déesse se souvenait de son sourire à cette époque et cela lui faisait d'autant plus mal quand elle comprenait ce qui allait se passer. Elle n'eut pas le temps de réagir. La flèche fila sans qu'elle ne puisse l'esquiver et alors que le trait pénétrait sa chaire, la plongeant dans les ténèbres obscures, une dernière pensée l'envahit, marquant son esprit avant qu'il ne s'éteigne.

« Je t'ai tant aimé... et je t'ai laissé me tuer... »

Puis, plus rien.

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