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Chapitre 16


Lugia ne parvenait pas à décolérer depuis son retour du festival de Rosalia. La chanson de son frère tournait en boucle dans sa tête et elle savait pertinemment qu'elle lui était adressée. Cela l'énervait à un tel point, parce qu'elle avait l'impression que son cœur réagissait à cette preuve d'amour sincère. Cela la dégoutait. Ho-oh l'avait trahie, il cherchait simplement à retrouver ses bonnes grâces, juste pour la vendre à nouveau. Elle se mordit la lèvre pour ne pas hurler. De la fenêtre, quelqu'un l'entendrait et elle ne voulait pas qu'on la questionne sur sa mauvaise humeur permanente. Même Artikodin n'avait pas pu venir la voir depuis quelques temps, parce qu'elle le repoussait.

« Tu as peur, murmurait la petite voix dans sa tête. Peur d'aimer Ho-oh. »

Son poing vola droit dans le mur et de la sueur coula le long de sa nuque. Elle craignait de ressentir encore cet amour fraternel qui datait du temps de sa jeunesse et l'humiliation qu'il en découlerait. Lugia avait promis de ne plus jamais aimer Ho-oh, elle tiendrait parole jusqu'à la fin des temps. La déesse de la nuit ne changeait pas d'avis aussi aisément. Elle savait se montrer bornée et solitaire, si bien qu'elle avait peu de contacts avec les autres légendaires, si on excluait les oiseaux de Kanto. De même, la divinité d'Acajou ne se mêlait pas à cette histoire de guerre et de prophétie. Le sombre Giratina pouvait bien revenir d'une autre dimension, cela ne la concernait absolument pas.

« Excusez-moi, dame Lugia. »

Le maire se tenait dans l'embrasure de la porte et elle ignorait depuis combien de temps il se trouvait là. Avait-il aperçu sa colère ? Lugia commença à s'énerver toute seule, en plongeant son regard dans les yeux gris de l'homme. Son instinct lui souffla alors qu'il venait d'arriver et n'avait rien fait de mal. Cet homme à la chevelure blonde et aux nombreuses cicatrices s'était révélé digne de confiance au fur et à mesure des années. Elle pouvait au moins lui laisser le bénéfice du doute pour cette fois. La déesse se retourna, la tête haute, essayant de se grandir de son mieux.

« - Qu'est-ce qu'il y a Filly ?

- Je suis navrée de vous déranger mais... Hum, nous avons un visiteur.

- Un visiteur ? Je croyais avoir dit à Artikodin et aux deux autres que je ne voulais pas les voir.

- Ce n'est pas... pas un dieu de Kanto.

- Vraiment ? Ne me dis pas que c'est mon frère !

- Non plus... En vérité...

- Laisse-moi m'introduire personnellement, misérable humain. »

La voix fit frissonner Lugia car elle la reconnut aussitôt. Cela faisait des années qu'elle ne l'avait pas vu mais impossible de l'oublier. Impossible. Filly disparut et retourna sans doute à ses tâches quotidiennes. Une discussion entre dieux ne le concernait en rien, même si la déesse aurait apprécié conserver son soutien. Un homme entra dans la pièce, sa crinière noire s'agitant autour de sa tête avec délice. Son regard orange la dévisageait avec férocité. Ce n'était certainement pas un humain, même s'il portait une toge noire et brune tout à fait ordinaire. Lugia lui lança un regard froid et se plaça dans une position de défense naturelle. Il savait de toute façon qu'il n'était pas en territoire ami.

« - Je suis ravi de te revoir, Lugia.

- Le ravissement n'est pas partagé... Dégage de ma ville !

- Oh, allons, tu ne chasserais tout de même pas un vieil ami aussi impoliment.

- Sauf que tu n'as jamais été mon ami, Démétéros. »

Le dieu de la fertilité se mit à rire et elle gronda légèrement, dévoilant ses dents. Il n'avait pas changé après toutes ces années, toujours aussi imbu de lui-même. Démétéros essaya encore de s'approcher d'elle mais Lugia fit apparaître des petits cristaux de glace dans sa main, afin de montrer qu'elle ne jouait pas. Cela parut le calmer mais la déesse ne cessait pas de se méfier pour autant. Cet homme avait le don d'endormir votre méfiance d'un sourire. Démétéros s'installa sur un fauteuil non loin, exactement comme s'il se trouvait chez lui. De son côté, Lugia resta debout, proche de la fenêtre. Elle ne commettrait pas l'erreur de le sous-estimer.

« - Lugia, je dois avouer que tu es toujours aussi belle. Un véritable joyau.

- Et tu me dégoûtes toujours autant. Disparais !

- Allons, j'ai pris la peine de faire tout ce chemin depuis Unys pour te parler. Tu peux bien me laisser te poser quelques questions non ?

- Pose-les et vas t'en après, concéda-t-elle de très mauvaise grâce.

- Je voulais savoir dans quel camp tu te trouvais. Ce bon vieux Ray t'a-t-il déjà démarché ou as-tu embrassé la cause de notre mystérieux Giratina ?

- Ni l'un ni l'autre. Je me moque de tout ça.

- Oh, une rebelle. J'aime cela, tu le sais.

- Inutile de te demander dans quel camp tu te trouves, j'imagine. »

Démétéros sourit avec une lueur mauvaise dans le regard. Lugia aurait pu le parier : son némésis se trouvait dans le camp de Giratina. Après tout, il n'y avait jamais rien eu de bon en lui, il ne fallait pas s'attendre à grand-chose d'autre de sa part. Le dieu de la fertilité entama un petit discours sur les bienfaits du règne du dieu de l'autre-monde, ce qui ne manquerait pas d'arriver selon lui. La déesse de la nuit l'écouta sans grand intérêt. Était-il venu uniquement pour sa propagande ? Lugia n'allait certainement pas tarder à l'apprendre, lorsqu'il arrêta ses palabres sur le banni.

« - Enfin, je ne suis pas venu que pour te parler du noble Giratina. N'est-ce pas ?

- Abrège, grinça-t-elle. Ma patience atteint ses limites.

- Tu peux rester neutre, cela ne me dérange pas. Mais quand toute cette guerre sera terminée, tu seras mienne. Giratina me l'a promis.

- Salaud ! Je ne t'ai pas refusé il y a plus de cent ans pour te dire oui aujourd'hui !

- Oh, mais tu n'auras pas le choix ! Quel meilleur parti pourrais-tu trouver dans ce monde ?

- Tais-toi ! rugit-elle, à bout.

- Je regrette que ton frère n'ait pas réussi à te vendre à moi. Quelle brillante idée, Ho-oh savait où ton avenir devait se diriger. Il le savait mieux que toi. »

Lugia ne supporta pas d'en entendre davantage. Ses pouvoirs se libérèrent et des éclats de glace tombèrent sur le dieu de la fertilité. Le fauteuil ne survécut pas à l'assaut, mais Démétéros esquiva tout tranquillement. Il se trouvait désormais tout près de la déesse, juste à côté de la fenêtre. Le sourire de défi qu'il affichait menaçait de la rendre folle. Il tendit une main vers elle mais la divinité locale recula subitement. Démétéros parut se résigner à son échec.

« Tu peux me repousser aujourd'hui... mais ce ne sera pas toujours le cas. Je suis plus fort que toi, Lugia. Je peux te vaincre quand cela me chante. Ne l'oublie pas. »

Puis, après avoir prononcé ces terribles menaces, il sauta par la fenêtre, suivi par une terrible salve psychique. Evidemment, il esquiva l'attaque et quitta la ville, heureux de son action. Maintenant, Démétéros allait retourner sur Unys, parce qu'il avait de nombreuses tâches à accomplir, à commencer par annoncer sa prise de position à Ville noire. La cité n'aurait d'autres choix que de la suivre. Il saurait les convaincre. Le dieu de la fertilité se mit à siffloter, extrêmement satisfait par tout ce qui se passait autour de lui. Le règne de Giratina n'était plus qu'une question de temps.

« Bientôt, tu seras mienne, que tu le veuilles ou non. »

Pendant ce temps, Lugia s'effondra en larmes dans son bureau. La déesse ne prit même pas le temps de s'asseoir et eut juste le réflexe de refermer la fenêtre avant de tomber à genoux. Elle se sentait terriblement faible. Démétéros avait probablement raison : il était plus puissant qu'elle, jamais elle ne pourrait le vaincre. Devrait-elle envisager de participer à cette guerre, afin de vaincre Giratina ? Pour l'instant, cette question attendrait. Sa priorité restait de pleurer, de laisser toutes les émotions quitter son corps jusqu'à ce qu'elle soit à sec. Alors, tout irait beaucoup mieux.

Suicune savait que ce n'était absolument pas le moment. Pourtant, elle avait décidé de conserver le festival d'Ebenelle. Ainsi, la déesse célébrait avec toutes les personnes de sa ville les jours les plus longs de l'année. A ce moment-là, le froid paraissait diminuer un peu et si la déesse du blizzard aurait dû le regretter, la glace étant son élément, mais voir le sourire revenir sur le visage des humains, voilà qui lui plaisait tout autant. Il s'agissait d'une autre forme d'énergie.

« - Dame Suicune, je crois que tout est prêt.

- Parfait, Drake. J'arrive bientôt. »

Le maire s'inclina respectueusement et quitta la demeure de la déesse. La légendaire se regarda une dernière fois dans le miroir. Elle avait revêtu son plus beau kimono pour l'occasion, mélangeant du bleu, du blanc et du violet. Cela lui donnait une allure élancée qu'elle appréciait. Sous sa forme humaine, Suicune recoiffa ses courts cheveux sombres et replaça le nœud qui s'y trouvait. Son maquillage était impeccable, mais pour le reste, il n'y aurait pas d'autres ornements. La déesse sortit de ses quartiers pour rejoindre la place principale.

Cela ressemblait au festival de Rosalia mais en plus petit. On y trouvait de nombreux buffets avec des spécialités locales, comme les célèbres queues de Ramoloss, préparées principalement dans la région de Johto. Des boissons pour tous les goûts coulaient à flot à chaque coin d'Ebenelle. Des marchands locaux essayaient d'afficher davantage leurs produits, comme cet homme qui proposait des fleurs de montagne séchées ou cette dame qui proposait des peintures de la faune et de la flore de Johto. Une belle animation régnait sur la ville et Suicune ne put s'empêcher de sourire.

Quand elle sortit de sa demeure, un silence poli s'installa parmi les habitants. Tout le monde l'observait, se rappelant qu'elle était une déesse magnifique. Suicune les salua et tout le monde s'inclina devant elle. Une relation bienveillante existait entre eux. Toutefois, jamais ils n'oubliaient qui possédait les pouvoirs et qui pouvait les anéantir d'un claquement de doigts. La divinité locale se fondit parmi la foule et les festivités reprirent. Des musiciens entamèrent des airs classiques, ces derniers s'élevant dans les airs pour contribuer à la joie des habitants d'Ebenelle.

« S'ils sont heureux, je dois l'être aussi. »

Hors de question qu'elle leur transmette ses angoisses. Ils n'avaient pas à supporter la charge qui pesait sur ses épaules depuis de nombreuses années à présent. La prophétie, cela ne devait pas les concerner, même s'ils prendraient certainement le sentier de la guerre tôt ou tard. Suicune profitait de sa localisation excentrée pour ne pas répondre tout de suite à l'appel d'Ho-oh, lui-même lié à Rayquaza. Cela viendrait bien assez vite à son goût. Son esprit ne parvenait pas à oublier toutes les responsabilités qui lui incombaient et par conséquent à profiter du moment présent.

Drake se rapprochait d'elle, comme à son habitude. Le maire représentait son bras droit en quelque sorte et on les voyait souvent ensemble à Ebenelle. Suicune l'appréciait particulièrement pour son efficacité et le respect qu'il montrait envers elle. Jamais l'homme n'outrepassait ses droits, il lui laissait toujours l'intimité dont la déesse avait besoin. Qu'est-ce qui le motivait dans le fond ? Probablement une loyauté sans faille, une volonté de bien faire, mais certainement pas la cupidité ou l'attrait du pouvoir. Drake s'y montrait étonnement insensible, pour le bonheur de tous.

Aux côtés du maire se tenait son fils, Haru. Les deux hommes portaient des kimonos noirs et blancs très chics, ainsi que des armes de cérémonie. Tout le monde les saluait. Ebenelle n'était pas très grande alors la plupart des habitants se connaissaient tous entre eux. Suicune reporta son attention sur Haru. Le jeune humain n'avait pas son fidèle cerfrouss pour cette fois, mais il la dévisageait avec un sourire sans équivoque. Quand finirait-il par comprendre ? La déesse ne serait jamais quelqu'un pour lui. Elle l'appréciait, mais cela n'irait jamais plus loin entre eux. Jamais. Pourtant, il ne semblait pas se rendre à l'évidence et continuait de la fixer intensément du regard.

« - Drake, Haru. Je crois que ce sera un beau festival.

- L'organisation est parfaite, approuva le maire. Nous avons bien travaillé !

- Avec la présence d'une telle déesse, le festival ne peut être que parfait ! »

Encore une remarque. Suicune ne savait pas comme le lui dire. Haru n'y pouvait rien, il ne faisait qu'écouter ses sentiments. Comment lui expliquer sans lui briser le cœur ? La divinité du vent du nord ne voyait aucune issue. Son regard croisa celui de Drake et l'espace de quelques secondes, elle parvint à lui transmettre son message. Peut-être qu'un père pourrait trouver les mots justes. Suicune inclina la tête secrètement et le maire fit de même. Une compréhension existait entre eux, qui allait au-delà des mots. Des années à se côtoyer jouaient certainement dans leur relation.

Le festival battit son plein toute la journée et une bonne partie de la soirée. Tout le monde s'y amusait et une ambiance incroyable régnait dans Ebenelle. Alors que la guerre se répandait dans les régions, doucement mais sûrement, il restait encore des endroits dans lesquels la vie demeurait belle. Les danses se poursuivirent jusqu'au cœur de la nuit, à la lueur des feux. Suicune y participait, se montrant proche des habitants de sa ville pour cette fois. Haru ne la quitta que rarement et la colla avec l'énergie du désespoir. Il semblait ne pas voir la gêne se dessiner sur le visage de la déesse à chaque fois qu'il la frôlait. Drake décida donc de l'attirer à part, en secret, afin d'avoir une discussion avec lui. Ils se retrouvèrent juste derrière leur maison, à l'abri des oreilles indiscrètes.

« - Haru, je suis désolé, mais je dois t'en parler.

- Hum ? Mais de quoi est-ce que tu parles ?

- Tu dois faire une croix sur Suicune. C'est une déesse et tu es un être humain. De plus, elle est déjà avec un autre dieu. Tu comprends ?

- Mais je le sais tout cela ! Inutile d'enfoncer le couteau dans la plaie.

- Ce n'était pas mon but, Haru. Je...

- J'ai le droit de l'aimer, papa. Même si je n'ai aucune chance. »

Sans attendre de réponse, le jeune homme retourna au festival. Cette fois, pourtant, il prit garde à rester loin de la légendaire. Peut-être que l'information avait fait son chemin dans son esprit. Drake observa son enfant de loin et soupira avec tristesse. Il aurait aimé que Haru puisse grandir et s'attacher à s'attacher à un humain plutôt qu'à un dieu. Hélas, la vie ne lui offrait pas la voie simple et son cœur se verrait affligé de grands tourments. Voilà pourquoi Suicune refusait qu'il vienne aux événements étrangers, parce que la déesse ne voulait pas qu'il la voir avec Enteï. Cela le ferait bien trop souffrir. Justement, la divinité du vent du nord s'approchait du maire, le regard interrogateur.

« - A-t-il compris le message ? murmura-t-elle.

- Je crois que oui... Mais d'un côté, je doute que ce soit le cas. Ses sentiments sont sincères et naïfs, il ne les contrôle pas, je le crains.

- Le cœur n'écoute rien. J'essaierai de lui en parler moi-même. Mais pas ce soir. »

Ce soir, Suicune n'avait pas envie de faire face à ses problèmes. Même si elle restait une divinité, elle portait beaucoup de fardeaux sur ses épaules en ce moment et ne concevait donc pas de s'en rajouter. Plus tard, la légendaire discuterait à cœur ouvert avec Haru, afin de mettre leur relation au clair. Cependant, ce serait probablement le moment où elle devrait briser son cœur et il était difficile d'avoir envie de blesser le jeune homme. Cette étape douloureuse pouvait bien attendre. En attendant, la déesse retourna sur la piste de danse et se vida la tête.

Créfadet se posait de nombreuses questions sur la situation actuelle. Il avait pu en parler avec Créfollet, l'élue de son cœur, mais ce n'était pas possible de tout lui dire. Le dieu de la volonté ne souhaitait pas que ses propres peurs ne troublent sa chère et tendre. Créfollet se montrait toujours douce et empathique, prête à l'écouter des heures durant, mais il ne voulait pas le blesser ni la tourmenter d'aucune sorte. Ce serait une tâche difficile en temps de guerre, mais Créfadet ne comptait pas se laisser démoraliser par la première difficulté venue. Il serait fort.

« Pourquoi il doit toujours neiger même au printemps ici ? »

La divinité de Verchamps trembla de froid, n'étant pas habitué aux températures du nord de Sinnoh. Son sud lui manquait déjà mais il ne pouvait pas se permettre de ralentir. Créfadet savait que sa belle Créfollet se trouvait tout comme lui du côté de Rayquaza. Pour le couple divin, ce choix paraissait l'évidence même, sans aucune autre possibilité. Cependant, il avait un doute concernant le troisième membre de leur trio, à savoir Créhelf. Voilà pourquoi le dieu de la volonté avait accompli toute la route depuis sa ville pour se retrouver perdu à l'entrée de la grande Frimapic.

« Allez, c'est juste une petite visite. Tu arrives, tu dis bonjour, tu poses la question et tu t'en vas. »

Cela paraissait tellement facile, mais Créfadet savait que ce ne serait pas si aisé. La déesse du savoir se montrait distante, secrète même, et la sociabilité ne représentait pas son point fort. Elle gardait souvent les yeux fermés, quelle que soit sa forme. Difficile de savoir ce qui traversait son cerveau. Son collègue espérait que Créhelf se montrerait raisonnable. Le dieu de la volonté traversa rapidement la ville, conservant sa forme humaine afin de ne pas attirer l'attention. Il se rendit au temple, la demeure de la divinité locale. Avec un peu de chance, il n'aurait pas besoin de la chercher trop longtemps. Le froid s'immisçait dans chaque fibre de son être avec insistance.

« Tiens le coup, mon vieux. Tiens le coup. T'es le dieu de la volonté oui ou non ? »

Cela lui redonna du courage, de même que la vision de Créfollet dans ses pensées. Finalement, le dieu trouva le bureau de sa consœur et par chance, celle-ci s'y trouvait. Créhelf avait revêtu sa forme humaine et ses cheveux châtains avec des reflets noisettes scintillaient. Sans doute en prenait-elle soin régulièrement. Ses yeux fermés choquaient mais Créfadet en avait l'habitude. Ce n'était jamais bon signe de voir le gris de ses pupilles car cela signifiait en général qu'elle éveillait ses pouvoirs terrifiants. La déesse ressemblait à Créfollet au niveau de sa petite taille et de son aspect frêle, bien différent de leur confrère. Cependant, la divinité locale n'était pas seule.

A côté de son légendaire se trouvait Oana, la mairesse de Frimapic. Ses longs cheveux violets droits pendaient le long de son visage, sans mouvement, encadrant un visage pâle comme la neige. Créfadet songea qu'elle aurait pu passer inaperçu mal sa couleur capillaire. L'humaine le dévisageait de son regard sombre qui semblait lire en lui bien plus loin que ce qu'il aurait voulu. Oana paraissait assez grand mais comme elle se trouvait assise, cela s'avérait difficile à évaluer. La mairesse n'était qu'une inconnue pour le dieu de la volonté, il ne l'avait jamais beaucoup vue, et toujours de loin.

« - Créfadet, le reconnut Créhelf, sans même ouvrir les yeux.

- Bonjour, ma sœur, salua-t-il, essayant de se montrer aussi amical que possible. Comment vas-tu ?

- Comme toujours, répliqua-t-elle, la voix vide d'émotions. Et toi ?

- Cela pourrait aller mieux, mais je n'ai pas à me plaindre. Bonjour, madame.

- Enchanté, dieu de la volonté, s'inclina Oana avec un respect profond.

- Je vois que tu as de nombreuses questions dans ta tête. Mon frère, dis-moi.

- La situation du monde est compliqué, avoua Créfadet, rassuré par le ton doux qu'elle utilisait. Je suppose que vous avez entendu parler de cette terrible guerre.

- Nous sommes loin de tout. Raconte-nous » ordonna la déesse du savoir.

Il ne se fit pas prier de lui résumer la situation. Créhelf parut découvrir de nombreuses informations, réagissant calmement afin de ne pas interrompre le récit. Toutefois, Oana ne sembla pas surprise, à aucun moment. Comment la mairesse pouvait-elle être au courant d'éléments que la déesse ignorait ? Créfadet essaya de se concentrer sur son histoire, il aurait le temps de poser ses questions après. Le dieu n'omit aucun détail et aborda également ses discussions avec Créfollet. Après tout, sa chère et tendre faisait partie de leur trio, ils ne devaient rien se cacher.

« - Hum, je l'avais ressenti... Mais Giratina va donc réellement revenir.

- En effet, Créhelf. C'est terrifiant à imaginer, j'en ai conscience.

- Terrifiant, murmura Oana, le regard dans le vide.

- Merci pour tes informations, Créfadet. Mais quelle est ta question alors ?

- Je voulais savoir dans quel camp tu es. Créfollet et moi nous rangeons naturellement derrière Rayquaza. Je voulais savoir si toi aussi tu nous rejoignais. »

Rassuré par la situation qu'il sentait plus chaleureuse, Créfadet s'attendait à une réponse immédiate. Toutefois, il fut déçu. Créhelf se mura dans un silence total et son visage pencha vers le sol, comme si elle n'osait pas lui répondre. Oana regardait au loin. L'humaine savait quelque chose, indéniablement, mais quoi ? Le rythme cardiaque de Créfadet augmenta sans qu'il ne s'en rende compte. Quelque chose n'allait pas. Aurait-il dû venir avec Créfollet ? Peut-être qu'elle aurait su trouver les bons mots. Peut-être qu'il s'était montré trop direct ou l'avait vexée ? Une parole malheureuse pouvait arriver si vite et cela commençait à vraiment l'inquiéter. Le silence durait depuis trop longtemps.

« - Est-ce que j'ai dit quelque chose de mal ?

- Non, pas du tout, Créfadet. Je suis juste... pensive.

- Oh... Tu ne peux pas me dire dans quel camp tu te ranges alors ?

- Ce n'est pas aussi simple, laissa tomber la mairesse avec froideur.

- Mon frère... Tu viens juste de nous apprendre les informations. Il va nous falloir du temps pour traiter tout cela. Peut-être que cela te semble évident, mais ce n'est absolument pas le cas pour nous.

- Je comprends, approuva le dieu. Le temps de réflexion...

- C'est ça, le coupa Créhelf. Maintenant, laisse-nous. Notre réponse te parviendra bientôt. »

En quittant les lieux, Créfadet aurait aimé se sentir bien. Après tout, il venait de livrer toutes les informations à sa consoeur qui avait promis de les prendre en compte avant de rendre son verdict. Alors pourquoi trouvait-il que quelque chose ne tournait pas rond ? Pourquoi ce manque de réaction de Créhelf ? Pour cette attitude froide de la mairesse ? Non, les éléments ne lui plaisaient pas vraiment, mais il ne lui restait pas d'autre choix que d'attendre. Créfadet essaya de se réjouir de son mieux.

« Au moins, maintenant, je vais pouvoir retrouver la chaleur. »

Dans sa demeure à Frimapic, Créhelf gardait les yeux fermés mais ses pensées tourbillonnaient. Elle aurait aimé répondre à son frère, lui dire qu'elle le suivrait jusqu'au bout. Pourtant, elle en avait été incapable. La solution ne lui paraissait pas aussi évidente. Certes, Giratina avait été banni autrefois par Arceus, mais cela faisait-il de lui quelqu'un de mauvais ? Oana avait son propre avis sur la question.

« Nous ne devons pas le rejeter sans le connaître. Peut-être que son camp est le bon, insista l'humaine. Peut-être que votre frère se trompe. Ce ne serait pas la première fois. »

Un pincement au cœur saisit Créhelf. Il arrivait à son frère de se tromper, comme à n'importe quel dieu qui n'était pas Arceus en vérité. Cependant, ce n'était pas ce qui la chagrinait. Elle visualisait Créfadet et Créfollet ensemble, heureux alors qu'elle se trouvait coincée dans les neiges du nord. Est-ce que c'était un sentiment de jalousie qui la prenait à la gorge et l'empêchait de totalement embrasser la cause du dieu de la volonté ? Créhelf se sentait seule mais elle ne parvenait pas à le formuler et cette sensation lui pesait de plus en plus lourdement sur la conscience.

Latios attendait, sur une plage non loin de Lavandia. Il avait fait le chemin depuis Myokora en silence, avec la plus grande discrétion possible. Le dieu présentait toujours sa forme légendaire, se servant de ses compétences pour paraître invisible. Translucide correspondait plus à la réalité. Il flottait, invisible, au-dessus des vagues et du sable, volant en rond alors qu'il patientait. Une lueur ténue apparut à l'horizon et un sourire s'afficha aussitôt sur son visage. Latios savait que c'était elle, d'autant plus lorsque la déesse apparut à ses côtés, tout aussi transparente.

« - Latias, murmura-t-il. Te voilà enfin !

- Je suis désolée, j'ai quitté Cimetronnelle plus tard que prévu.

- Ce n'est pas grave. L'important, c'est que tu sois là.

- Tu es toujours si gentil avec moi. »

Les deux légendaires posèrent leurs fronts l'un contre l'autre, partageant ainsi leur chaleur et leur amour. Les dieux messagers s'appréciaient énormément, comme des âmes-sœurs en réalité. Qu'ils aient été créés avec une forme similaire, cela leur semblait un signe irréfutable de cette théorie. Quel dommage qu'ils vivent chacun à un bout de la région d'Hoenn. Heureusement que leur rapidité mythique leur permettait de se retrouver. Le duo choisissait souvent un terrain neutre à mi-chemin, comme cette plage toute proche de Lavandia mais suffisamment isolée pour ne pas attirer trop d'humains. Mieux valait que personne ne soit au courant de leurs petites escapades. Latios et Latias se séparèrent finalement à regret, ils devaient débattre d'un sujet important.

« - Latios, cette guerre qui arrive me terrifie de plus en plus.

- Moi aussi, mais je crois que nous n'y pouvons rien. Le retour de Giratina arrivera, puisque Rayquaza attend un mouvement de son adversaire avant de bouger lui-même.

- J'ai entendu dire que certaines régions subissaient déjà des batailles.

- Vraiment ? Latias, c'est horrible... Tu crois que nous devrions... ?

- C'est bien pour ça que nous sommes réunis non ? Je veux dire, tu es d'accord pour que nous allions voir Arceus afin de lui demander quoi faire ? »

Le dieu de Myokora hoca la tête et ils surent qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Leur rôle de messager leur permettait d'aller voir régulièrement le Créateur. Il serait donc utile de lui demander conseil sur la situation actuelle. Sans attendre davantage, les deux légendaires s'élancèrent vers le ciel, comme deux étoiles filantes. Ils montèrent très haut, dépassant les nuages. Alors qu'ils arrivaient à la limite de la planète et s'apprêtaient à pénétrer dans l'espace, une faille lumineuse s'ouvrit, semblable à une étoile. Sans réfléchir, ils s'engouffrèrent dedans, ayant l'habitude.

Ce passage connu de bien peu d'autres dieux menait à la demeure du Créateur. Il s'agissait d'une grande pièce très sombre, éclairée par la lueur de nombreuses étoiles. On y trouvait un large escalier de six marches de pierre noire, ainsi qu'un trône fabriqué dans la même matière. Des rideaux pendaient sur les murs et on apercevait l'espace par de sobres fenêtres. La pièce semblait se poursuivre, mais Latios et Latias n'avaient jamais pu pénétrer plus loin. Du domaine d'Arceus, ils ne connaissaient que l'entrée. La curiosité les tiraillait, surtout lorsqu'ils apercevaient la lueur qui passait une porte derrière le trône, mais il s'agissait d'une limite à ne pas franchir.

Justement, le Créateur sortait de ses appartements. Aussitôt, les deux messagers s'inclinèrent avec le plus grand respect. Arceus pouvait revêtir de nombreuses formes à ce que disait la légende, mais il n'avait jamais montré que deux apparences pour Latios et Latias. La plus impressionnante était sa forme légendaire, celle d'une créature quadrupède au regard puissant, d'une blancheur de neige et possédant une excroissance rappelant une arche. Toutefois, il avait choisi de se présenter à ses séides sous son apparence humaine ce jour-là, beaucoup plus banale.

Ainsi, Arceus ressemblait à un homme d'une quarantaine d'années, même si Latias trouvait difficile de lui donner un âge. Sa peau basanée ne collait pas avec le manque de soleil des lieux. Sa chevelure blonde était plaquée en arrière, tombant jusqu'à son cou. Il entretenait une barbe d'un mois avec un grand soin, ce qui laissait penser qu'il s'agissait d'une grande fierté. Outre son corps musculeux et l'armure noire qu'il portait, les messagers ne pouvaient s'empêcher de plonger leur regard dans ses yeux saphir. Là, on pouvait réaliser qu'il était un dieu, derrière ces pupilles qui semblaient connaître toute l'histoire de l'univers et juger quiconque passait dans leur champ de vision.

« - Grand créateur, soufflèrent Latios et Latias, toujours impressionnés.

- Je vois que mes messagers divins ont décidé de me rendre visite. Quelles sont les nouvelles ?

- Guère bonnes, je le crains, avoua Latios en plissant les yeux.

- Vraiment ? s'étonna Arceus, les dévisageant avec intérêt.

- Nous devons vous expliquer la situation du monde. »

Le Créateur ne répondit rien mais s'installa sur le trône et attendit. A deux, les messagers lui racontèrent donc le retour de Giratina, ainsi que la guerre qui s'annonçait. Ils ne possédaient pas tous les détails, mais ils avaient assisté au festival de Rosalia. Un éclair passa dans le regard du dieu des dieux lorsqu'il entendit le nom de Cipher, mais l'impression mourut aussitôt. Jamais Arceus ne les interrompit avant qu'ils aient terminé, se contentant d'hocher la tête de temps à autre. Latios et Latias alternèrent dans leur temps de parole afin de montrer qu'ils connaissaient tous deux l'histoire.

« - Et voilà pourquoi nous vous demandons conseils, conclut le dieu de Myokora.

- Je vois. C'était donc de cela dont vous vouliez me parler. Eh bien, je dois seulement vous dire une chose. Nous devons laisser les événements continuer dans ce sens.

- Comment ? s'étonna Latias. Mais vous aviez banni Giratina !

- En effet. Ma prophétie annonçait également son retour.

- A ce propos, quelle prophétie est bonne ? demanda Latios.

- Que devons-nous faire contre le dieu de l'autre-monde ? s'inquiéta la déesse.

- C'est gentil de me prévenir, mais tout va bien. La prophétie, le retour de Giratina, la guerre... Cela devait arriver dans ce monde. Merci de me tenir au courant, mais je ne peux rien vous conseiller, ni rien vous révéler de plus. Les événements doivent se produire, c'est tout.

- Oh... très bien, souffla le dieu messager.

- Continuez de me tenir au courant, mais pour le moment, la situation peut continuer à évoluer. Si besoin je me tiendrai prêt à agir, ne vous en faites pas.

- Merci beaucoup, ô noble Créateur » s'inclina Latias, suivie par son duo.

Alors que les messagers repartaient vers leur planète, le dieu des dieux retourna dans ses appartements. Il franchit la porte derrière son trône et longea un immense couloir. Ce dernier n'était toutefois pas vide. On y trouvait de nombreux portraits, peints par Arceus en personne. Qui représentaient-ils ? Seul le Créateur le savait. Il s'arrêta devant l'un d'entre eux, représentant une jeune femme souriante et soupira en la fixant droit dans les yeux.

« Bientôt, le rôle que tu as joué pour ce monde prendra un sens. »

Le portrait parut sourire davantage à cette parole mais Arceus savait que c'était impossible. Il n'avait doté aucun de ses tableaux de parole. Ce serait bien trop embêtant et il ne tenait pas à briser le silence de sa retraite. Il s'arrêta plus loin devant un autre tableau, puis poursuivit son chemin. Latios et Latias ignoraient, tout comme les autres légendaires, que le Créateur ne gérait pas uniquement un seul monde. Leur planète symbolisait une belle réussite parmi ses créations, mais elle était loin d'être la seule, une parmi des millions en vérité. Cette pensée seule suffisait à donner le vertige. Cependant, Arceus ne regrettait pas ce qu'il avait accompli avec l'univers.

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