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Chapitre 15


Victiny n'aimait pas la fumée qu'il voyait envahir le ciel au loin. La plupart des humains de l'Île Liberté ne possédaient pas une vision suffisamment perçante pour s'en rendre compte, mais le dieu ne pouvait ignorer que le sud-est de la région se trouvait en proie à des flammes. Il n'osait aller voir mais se demandait tout de même ce qui se passait à Renouet. Pourtant, cette petite bourgade se montrait toujours paisible, sous la protection du sage Genesect. Victiny ne supportait pas d'être en proie au doute et il avait décidé de parler à Marco, le maire de la ville. Ce dernier demeurait songeur derrière ses lunettes, son guériaigle posé à ses côtés.

« - Cela expliquerait les nombreux vols de poichigeons qui viennent de cette direction.

- C'est vrai. Je devrais probablement aller voir ce qu'il se passe là-bas ?

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, j'ai... J'ai peur qu'il t'arrive quelque chose. »

Les yeux bleus du maire se mirent à luire et il passa distraitement une main dans le peu de cheveux blonds qui lui restaient sur le dessus du crâne. De toute évidence, Marco détestait mettre Victiny en danger, même pour une simple mission de reconnaissance. Entre l'humain et le dieu existait une amitié solide que les années avaient su construire. Le légendaire aurait dû endosser ce rôle de grand frère, mais c'était le maire qui ne pouvait s'empêcher de le protéger.

« - Je ne risquerai rien, j'irai juste voir ce qui se passe et prendre des nouvelles de Genesect.

- Hum, je ne sais pas... Tu es le dieu du courage et je crains que d'autres essaient de s'emparer de toi.

- Mais justement, je suis un dieu et je sais me défendre. Je sais que tu dis ça pour mon bien, Marco, mais je ne suis pas un gamin. Je... Je suis responsable.

- Il grandit si vite, se moqua le maire, avec un petit rire. Bon, j'exagère peut-être un peu, en effet. Mais tu me promets d'être prudent ?

- Sinon... Je peux simplement rendre visite à Meloetta à Ogoesse pour avoir son avis ? La fumée ne vient pas de sa direction, mais elle est plus proche.

- Cela me paraît une meilleure idée, oui. »

Parfois, Victiny se demandait si Marco n'allait pas se transformer en un légendaire à son tour. Après tout, physiquement, ils se ressemblaient sous forme humaine, avec leur blondeur et la blancheur de leur peau. Le dieu du courage avait même fini par se faire tatouer le même triangle que le maire sur le torse, afin de rendre leur lien davantage tangible. Le duo semblait prêt à mourir si cela permettait à l'autre de survivre, même si cela paraissait une situation bien extrême.

Le dieu du courage prit sa forme légendaire, petite et vive. Marco l'observa un moment avec ce sourire fraternelle caractéristique. Finalement, l'homme soupira et lui fit signe qu'il pouvait s'en aller avec sa bénédiction. Un légendaire n'aurait pas dû avoir besoin du consentement d'un simple humain mais pour Victiny, c'était un point important de la relation qu'il avait bâti avec Marco. Ce dernier le regarda s'envoler loin de l'Île Liberté, filant dans les cieux comme une étoile. L'inquiétude le prit, comme à chaque fois que le dieu quittait la ville. Jamais il ne s'habituerait à cette sensation.

« Reviens-nous vite, s'il te plaît. »

Frôlant les nuages, la divinité profitait de la sensation grisante de liberté qui s'offrait à elle. Quel bonheur de pouvoir voler si haut dans le ciel, quel bonheur de toucher les nuages et de sentir le vent vous porter ! Les humains ne connaîtraient jamais une telle sensation, malheureusement pour eux. Victiny pointa droit vers Ogoesse, se faisant aussi discret que possible. Cela semblait bien mal partie mais il volait en se cachant dans les nuages, ce qui lui permettait de jouir d'une certaine invisibilité. Seul le groupe de lackmécygnes qu'il croisa aurait pu le dénoncer. Aucun autre légendaire ne se montra à l'horizon, ce qui lui convenait parfaitement. Sa sociabilité ne l'empêchait pas d'apprécier la solitude, ce qu'il ressentait rarement, surtout au cœur de l'Île Liberté.

La fumée venait réellement de Renouet. Sa vision précise lui permit d'observer la situation de loin et d'obtenir davantage de données, par rapport à ses estimations lointaines. Les feux paraissaient venir de camps éloignés ainsi que de désolations. La végétation semblait dépérir tandis que les pokémons s'échappaient peu à peu. De grands groupes d'humains se rassemblaient et formaient de grandes colonnes. Pourquoi ? Et que faisait Genesect ? Il régnait normalement sur la région, il aurait dû régler le problème. Plus le dieu du courage y pensait, moins cela lui plaisait.

Finalement, il pénétra dans la charmante ville d'Ogoesse. Les lieux l'enchantaient et possédaient un charme incroyable. On y trouvait des maisons de chaume avec des jardins très bien entretenus, de nombreux musiciens ainsi qu'un café qui se vantait d'offrir les meilleurs rafraîchissements d'Unys. Victiny ne savait pas si c'était vrai mais en tout cas, ils savaient faire leur publicité. Des chansons flottaient au-dessus des bâtiments sans discontinuer et le dieu du courage en aurait presque oublié la terrifiante fumée qui lui avait donné envie de venir ici. Presque.

Discret comme une ombre et rapide comme le vent, le légendaire se faufila jusqu'à un endroit très populaire de la ville, là où se trouvait Meloetta. Il s'agissait d'une zone en construction qui s'appelait très justement le Rêve. Victiny ne se souvenait plus de l'histoire exacte mais il savait qu'il s'agissait d'un projet que la déesse du chant poursuivait avec son maire. Cela intéressait peu le dieu du courage, même s'il ne refuserait pas une explication. Il adorait la déesse des lieux, une amie de longue date. Connaître ses aspirations semblait un point important de leur relation.

Justement, la déesse se trouvait-là, en train de réaliser de délicieuses vocalises sous sa forme humaine. Sa longue chevelure rougeâtre semblait flotter autour d'elle et une beauté indicible émanait d'elle alors que les notes s'élevaient dans le ciel. Victiny resta un instant à la regarder, les yeux brillants. Cette consœur lui semblait incroyable. Toutefois, malgré sa discrétion, il ne put échapper à la vigilance du maire Keith. Ce dernier chantonnait aussi en jouant d'un violon, ses cheveux colorés rassemblés en tresse pour ne pas le gêner. L'humain eut un mouvement de surprise et cessa de jouer.

« - Eh, qui es-tu ? Montre-toi !

- N'ayez pas peur, ce n'est que moi, s'exclama Victiny en reprenant sa forme humaine.

- Oh, Vic, c'est toi ! Ne t'en fais pas, Keith, c'est le dieu du courage !

- Ah, j'ai cru que c'était encore un pokémon sauvage venu nous embêter. »

Aussitôt, l'homme rangea son instrument, malgré le regard déçu de Meloetta. La présence de Victiny lui coupait l'envie de jouer probablement. La déesse vint donner une accolade à son ami qui la lui rendit. Ils ne s'étaient pas revus depuis Rosalia, cela ne faisait pas si longtemps, mais tout de même. Il n'y avait pas besoin d'être séparés longtemps pour se manquer. Un sourire envahit le visage du dieu du courage et il faillit oublier la raison de sa venue, encore une fois. Heureusement, la mémoire lui revint bien vite alors qu'un effluve de roussie se porta à la rencontre de son nez.

« - Je suis désolé de te déranger, Melo, mais je voulais te poser des questions.

- Ah ? fit-elle en haussant un sourcil.

- Est-ce que tu sais à quoi est due la fumée qui vient de Renouet ?

- La fumée... Oh, ce ne doit pas être si important. »

Un léger blanc s'installa alors. Victiny ne s'attendait pas à une telle réaction de la part de la déesse du chant. Cela prouvait plusieurs éléments. Meloetta n'avait absolument aucune idée de ce qui se passait dans le Sud et il ignorait s'il devait prendre cela comme un manque de curiosité ou une volonté de lui cacher quelque chose. Ce dernier point ne ressemblait pas du tout au légendaire d'Ogoesse. Également, la divinité locale ne semblait pas du tout alarmée par le phénomène, même s'il y avait lieu de s'inquiéter grandement. Que devait-il en déduire ? Le manque de réaction du maire ne l'aidait pas plus à se positionner. Peu importe, Victiny devait continuer cette conversation.

« - J'ai aperçu la fumée depuis l'Île Liberté. Du ciel, j'ai vu des hommes se rassembler plus loin. Le paysage est dévasté, les pokémons fuient... Je doute que ce soit sans importance.

- En effet, c'est troublant, déclara Keith, sérieux.

- Est-ce que vous avez des nouvelles de Genesect ? reprit Victiny. C'est lui qui gère Renouet et ses alentours, il a dû vous contacter.

- Je n'ai pas eu la moindre nouvelle, déclara Meloetta. Mais nous ne nous entendons pas tellement avec le dieu de la peur, alors cela n'a rien d'étonnant.

- Quand même... Tu n'es pas un peu inquiète ? Tu ne veux pas savoir ce qu'il se passe ?

- Une histoire d'hommes, qui ne me concerne nullement répliqua Meloetta sèchement.

- Mais imagine qu'ils te veulent du mal ! C'est peut-être grave !

- Victiny, je sais que tu es une bonne personne, mais je suis certaine que tu t'inquiètes pour rien.

- Peut-être que nous devrions l'écouter attentivement, hasarda Keith.

- Il n'y a aucun problème, reprit la déesse avec une voix confiante. Vous voulez que je vous dise pourquoi ? Parce que je n'ai aucun ennemi ! »

C'était sa défense imparable et en vérité, elle réglait bon nombre de ses problèmes ainsi. Meloetta s'avérait populaire en tant que déesse des chants, si bien que beaucoup l'appréciait et n'hésitait pas à l'inviter. Chaleureuse et sociable, elle devenait le rayon de soleil de n'importe qui en un rien de temps. Victiny ne pouvait nier qu'il adorait la divinité d'Ogoesse de cette manière et rien que la voir lui donnait le sourire. Cependant, il ne pouvait pas se contenter de cette parade. Après tout, ne risquait-elle pas sa vie, avec les humains qui se dirigeaient vers sa ville ? Le dieu du courage ignorait tout de leurs motivations, mais il ne comptait pas aller leur demander. Marco en ferait un infarctus. Il préférait penser qu'ils avaient de mauvaises intentions et au pire des cas se tromper.

« - Je pense que tu devrais faire attention, reprit-il avant de se faire interrompre.

- Victiny... Est-ce que je t'ai déjà parlé de mon rêve ? De notre rêve ? ajouta-t-elle en regardant son maire, un sourire fleurissant sur son magnifique visage.

- Euh... Non. Je sais qu'il se construit ici mais sinon... »

Alors, Meloetta reprit sa forme de légendaire et Keith ressortit son violon. Elle attendit un peu qu'il commence à en jouer, puis sa voix s'éleva dans l'air, pure comme le cristal. Peu à peu, la déesse y ajouta des pas de danses qui la firent tourbillonner. Victiny aurait aimé lui dire que ce n'était pas le moment, qu'il y avait plus important que s'amuser et qu'elle était ridicule de se voiler ainsi la face devant ses problèmes. Il en fut parfaitement incapable.

Les mouvements de Meloetta se révélaient tout simplement parfaits et créaient chez lui une émotion intense. Victiny se sentait apaisé comme jamais il ne l'avait été. Toute la pression semblait le quitter alors qu'il se concentrait sur les paroles de la chanson. Un monde serein s'ouvrait à lui. Lorsque le violon joua ses dernières notes et que la voix mourut, emportée par une brise légère, le dieu du courage subit un violent retour à la réalité. C'était comme se réveiller après un rêve merveilleux. Un rêve. Quel était donc le rêve de Meloetta ? Patiemment, il attendit la réponse.

« - Un jour, cet endroit deviendra un repaire de musiciens et de chanteurs, souffla Keith.

- Ce Rêve ici présent sera aussi celui d'autres gens, continua Meloetta. Je veux qu'Ogoesse devienne la ville de la musique et du bien-être, un lieu où tout le monde voudra venir.

- C'est un merveilleux rêve, admit Victiny.

- N'est-ce pas ? Et ne t'en fais pas. Personne ne viendra me faire de mal. Pourquoi quiconque le ferait ? Je n'ai jamais offensé personne. Tout ira bien. »

Elle recommença à chanter et Keith reprit son violon. Victiny comprit alors qu'il ne parviendrait jamais à la convaincre, surtout pas sans preuves tangibles. Le légendaire voulut insister mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Alors, quittant sa forme humaine, il décida de repartir vers l'Île Liberté, espérant ne pas le regretter. Après tout, Meloetta avait raison, personne ne la détestait donc en théorie, personne ne pouvait lui vouloir du mal. Des pensées contradictoires tournaient dans sa tête tandis qu'il entendait les paroles de la chanson de la déesse s'envoler au-dessus du Rêve.

« You could have been dancing with me, under these lights, my feelings on fire. »

Relifac-Le-Haut portait un nom bien pompeux, de l'avis de son légendaire. Certes, la ville donnait sur la mer et possédait des plages sublimes en contrebas de falaises. Cela valait le coup de venir pour profiter d'un séjour serein. Les hôtels et cafés n'étaient pas en reste, de même que la météo. Il faisait beau la plupart de l'année, en tout cas, par rapport à d'autres cités de Kalos. Le seul problème, c'était que Relifac se trouvait dans un coin perdu et qu'elle n'avait rien d'immense. De plus, au niveau des ressources, rien ne se démarquait particulièrement de ses voisines.

Hoopa soupira encore une fois, affichant sa déception. Pourquoi le grand Arceus lui avait-il refilé une telle ville, sans aucun attrait ? La seule personne qui présentait un peu d'attrait ici n'était autre que la mairesse Salomé mais il n'avait même pas envie d'aller la voir actuellement. Flottant sous sa forme légendaire, la divinité de la sagesse trouva son rôle bien ennuyant. Le monde tournait encore et encore, sans que rien ne se produise de nouveau. Quelqu'un ne voulait-il pas venir donner un coup de pied dans la fourmilière et ajouter un peu de piquant au destin ?

Blasé, le légendaire reprit finalement sa forme humaine dans son propre bureau. Tout était assorti chez lui : ses cheveux mi-longs fins, ses yeux étroits, sa grande toge, tout arborait un gris-violet qui lui seyait à merveille. Cela lui donnait une touche de mystère qu'il ne détestait pas, contrairement à sa peau pâle comme la mort qui n'avait probablement jamais vu un rayon de soleil. Ses traits tout en finesse lui donnaient un air fragile, démenti légèrement par son visage froid. Hoopa ne se montrait pas expressif, sauf dans certaines situations spécifiques. Montrer ses émotions, cela le gonflait.

« Tu ne ressembles pas vraiment à un dieu. »

Quelqu'un lui avait dit cela et il ne se rappelait même pas qui. Cependant, il détestait cette insinuation. Qui pouvait prétendre dire à quoi un dieu devait ressembler ? Peut-être le noble Arceus, mais le noble Arceus ne repassait pas tous les quatre matins voir le monde pour lequel il s'était bien cassé le cul il y a fort longtemps. Hoopa essayait de se montrer plus poli avec le Créateur mais ses pensées ne pouvaient certainement pas lui vouloir du bien. Le dieu de la sagesse se sentait coincé dans son corps et dans cet univers, sans aucune possibilité d'évolution. Cela lui donnait presque envie de pleurer.

« Est-ce qu'il y a quelque chose pour moi dans ce monde ? »

Quelques jours seulement après l'apparition de cette pensée, le changement dont il avait besoin arriva dans sa vie tel un ouragan. Comme à son habitude, Hoopa errait dans ses appartements comme une âme en peine, s'ennuyant à mourir. Il jouait avec les pans de sa cape du jour, assortie à sa chevelure. Le légendaire avait pris le temps de se coiffer, ce qui lui donnait un certain charme et contrebalançait avec le vide intersidéral qui habitait ses yeux. Finalement, il s'assit à son bureau en poussant un soupire et commença à griffonner des papiers sans aucun autre but que celui d'occuper ses mains.

Alors, il apparut.

Au départ, ce n'était qu'une ombre dans un coin de la pièce, à laquelle il ne prêta pas attention. Petit à petit, l'ombre se glissa de l'autre côté du bureau et se matérialisa. Hoopa ressentit son énergie seulement à ce moment-là et se figea. Ses propres pouvoirs entrèrent en éveil mais il resta encore en observation. L'ombre devint Giratina, un mélange entre une forme humaine et celle de légendaire, un être imparfait qui ne pouvait pas exister pleinement dans ce monde. Toutefois, il possédait assez d'énergie pour se rendre dans une autre région pour prêcher la bonne parole à ses confrères. Cette constatation fit rire intérieurement le dieu de la sagesse.

« - Noble Hoopa, gronda une voix d'outre-tombe. Je te dérange ?

- Comme si j'avais le choix. Et laisse tomber le noble, c'est vraiment pas la peine.

- Très bien. Je suppose que tu sais qui je suis.

- Si un légendaire est incapable de reconnaître Giratina, je veux bien devenir moine.

- Tu serais surpris, ne fais pas de promesses trop hâtives. »

La divinité de l'autre-monde se moqua mais Hoopa n'eut aucune réaction. Des idiots, il y en avait partout, même parmi les dieux. Giratina reporta pleinement son attention sur son hôte du jour. Ce dernier le fixait, les bras croisés, ne voulant pas montrer qu'il était intimidé. Au moins, sa journée serait nettement moins ennuyeuse que la précédente. Restait à savoir ce qu'il allait tirer de cette entrevue, car la sagesse incarnée ne comptait pas le laisser repartir sans un présent.

« - Bon, abrégeons les formalités. Pourquoi es-tu venu ?

- Impatient à ce que je vois. Pour être honnête, je te veux dans mon camp.

- Pourquoi moi en particulier ?

- Il me faut le plus d'alliés possibles. Cela me paraît clair.

- Pas faux. Mais je ne suis qu'un petit légendaire sans grand talent...

- On raconte pourtant que tu maîtrises tes pouvoirs à la perfection. Ces anneaux me semblent plutôt redoutables si on y prête attention.

- Je vois que tu as travaillé ton cours. Ecoute, je crois que ma mairesse penche pour ton côté dans la guerre, mais j'avais l'intention de rester neutre. Me battre, ça me gonfle.

- Oh ? Mais... Cela ne t'ennuie pas plus de rester ici ? »

Bingo. Giratina avait réussi à frapper droit dans le mille. Ce n'était peut-être qu'un hasard mais Hoopa eut la désagréable impression que l'autre dieu pouvait lire en lui comme un livre ouvert. Aucune divinité ne possédait ce pouvoir, pas même Arceus, en tout cas jusqu'à preuve du contraire. Cependant, le dieu de Relifac ne pouvait nier qu'il était terriblement tenté. Cependant, il ne comptait pas se laisser convaincre aussi facilement. Hoopa avait envie qu'on le supplie, qu'on se traîne dans la boue pour lui. Giratina pourrait-il aller jusqu'à cette extrémité ?

« - Peut-être bien, oui. On dirait que tu me connais.

- Je connaissais bien les autres légendaires à l'époque. La plupart n'ont pas changé.

- Pourtant, il y a eu des petits nouveaux, j'imagine.

- Si peu. Tu sais, Yveltal va probablement se joindre à moi. C'est un ami non ?

- Je dirais qu'on s'entend à peu près bien oui, réfléchit Hoopa, usant de son jeu d'acteur. On dirait vraiment que je devrais rejoindre ton camp mais... pour quelle mission ?

- Quelle mission ? répéta Giratina, attentif.

- Eh bien, tu ne me recrutes uniquement pour que je me battes je présume.

- Oh, j'y suis. As-tu déjà entendu parler de la prophétie d'Arceus ? »

En vérité, Hoopa en avait déjà entendu parler mais il ne se souvenait plus exactement de quoi il en retournait. Giratina prit un grand plaisir à lui rafraichir la mémoire avec ce poème du Créateur. Honnêtement, le dieu de la sagesse ne trouvait pas cela extraordinaire mais il écouta silencieusement. Le but de Giratina semblait tourner autour de ce mystérieux gamin, un être mi-légendaire mi-humain. Rien que cela attirait l'intérêt du maître de Relifac. Donc, Hoopa allait travailler sur cette prophétie, soit. Maintenant, il voulait savoir quel serait son but exact.

« - Alors ? demanda-t-il, les bras croisés.

- Ton objectif sera simple. J'ai des pistes sur l'identité de l'enfant.

- Vraiment ? Voilà qui semble intéressant.

- Il se trouve que mon candidat potentiel est dans la région, murmura Giratina avec délice. Je souhaiterais fortement que tu le retrouves et que tu l'achèves.

- Cela semble facile... Mais ne sera-t-il pas protégé ?

- Très probablement. C'est pourquoi tu auras d'autres soutiens. Je te donnerai l'ordre de l'assaut.

- Une question quand-même. Tu es certain que c'est bien l'enfant ?

- Peut-être. Peut-être pas. Au pire, cela fera simplement un humain de moins. »

Impossible pour le dieu de la sagesse de retenir son sourire. Cela faisait bien longtemps qu'un projet ne l'avait pas enthousiasmé à ce point. Quel bonheur de savoir que le futur allait bouger un peu. En s'inclinant, il accepta la proposition de Giratina. Semer un peu le bordel parmi les humains, cela lui convenait très bien. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre le bon moment et surtout, à obtenir l'identité du gosse en question. Hoopa se demanda s'il le connaissait et si cela rendrait les choses plus difficiles. Au fond de son âme, il s'en fichait en réalité éperdument.

Quelque part au loin, Suicune observait le ciel avec attention. Elle avait réussi à répandre sa fausse rumeur, celle qui accusait un autre enfant que Diamant d'être la source tous les maux de la prophétie. Toutefois, la déesse du vent du nord s'en voulait, car elle savait qu'elle avait mal choisi. Son élu provenait de deux dieux et non pas d'un seul. Si quelqu'un dans le camp de Giratina s'en rendait compte, cela pouvait réduire tous ses plans à néant. Tout ce qu'elle pouvait faire désormais, c'était prier, espérer que tout irait bien, même si cela impliquait la mort d'un innocent. Parfois, pour gagner une guerre, il fallaitt faire des sacrifices.

Déesse de l'amour, Tokopisco ne se sentait pas du tout à l'aise sur le sujet. Oh, quand cela concernait les autres, il n'y avait aucun problème bien sûr. Elle adorait aider les humains et même les légendaires à y voir plus clair sur leurs sentiments. D'ailleurs, il faudrait qu'elle ait une discussion avec son chef Tokorico. Les regards que lui lançaient sans cesse la mairesse Rey ne pouvaient avoir d'autre sens à son avis. Certes, elle était humaine, mais il devait en avoir conscience. Peut-être même qu'il partageait ses sentiments ? Ce serait merveilleux, malgré l'interdit qui pesait sur eux.

« Ah, ma vieille. Pourquoi avec les autres, c'est si facile, mais pas avec toi. »

Hélas, elle ne comprenait pas. Dès qu'il s'agissait des émotions tapis au fond de son cœur, Tokopisco se recroquevillait comme un crustabri. Autour d'elle, la déesse avait créé une haute barrière qu'elle n'abaissait pratiquement jamais. Même les autres tokos ne savaient pas ce qui se passait dans sa tête. Pouvait-elle dire qu'elle les connaissait bien ? Depuis la dernière réunion, Tokorico et Tokotoro ne se parlaient absolument plus. Désespérée, la divinité en avait touché un mot à son maire Minel mais ce dernier ne possédait aucune solution toute faite à lui proposer.

« Laissons faire le temps, ils finirons par s'apprécier à nouveau. »

Cela semblait facile mais sage comme solution. Au moins, les deux dieux acceptaient toujours de lui parler, séparément certes, mais elle n'avait perdu le contact avec aucun. Tokopisco pouvait également s'entretenir avec Tokopiyon, surtout que cette dernière rencontrait des soucis avec son maire. Ce dernier essayait de lui imposer un point de vue qu'elle ne supportait pas. La déesse de l'amour espérait que cette situation conflictuelle s'achèverait bientôt pour tout le monde. Entre la brèche et la guerre mondiale qui se profilait à l'horizon, la tension dans l'air rendait l'atmosphère insupportable.

Dans ces moments-là, Tokopisco prenait sur elle et se rendait sur l'île d'Akala, bien loin de sa Poni-poni habituelle. Ce n'était pourtant pas Tokopiyon de Konikoni qu'elle souhaitait voir ni même le mystérieux Marshadow d'Ho'ohale. Non, elle partait pour une partie plus au nord de l'île et plus en contact avec la nature, un lieu qu'elle aimait particulièrement. C'était là qu'elle le retrouvait, dans le beau village d'Ohana. Là que se trouvait celui qui avait ravi son cœur sans qu'elle puisse l'avouer. Le savait-il ? Parfois, la déesse se le demandait. Après tout, ils n'avaient jamais mis leurs sentiments au clair. Peut-être n'étaient-ils que deux bons amis dans le fond ? Cette pensée l'effrayait.

« Ne sois pas stupide. Il t'aime ! C'est écrit sur son visage ! »

En pénétrant à Ohana, elle prit sa forme humaine. Pour l'occasion, elle avait placé une fleur de tiaré dans ses cheveux et mit le plus bel ensemble qu'elle possédait, aux couleurs de la mer. Cela serait du plus bel effet. Dans le village, quelques humains la saluèrent, sans doute parce qu'elle venait souvent. Ils ne devaient pas savoir qu'elle était une déesse, du moins sauf s'ils se montraient particulièrement attentifs ou qu'ils voyageaient régulièrement au Village Flottant. Alors qu'elle avançait dans la place centrale, le dieu de la loyauté apparut sous ses yeux, en forme humaine.

Zeraora était vraiment sublime, elle ne pouvait le nier. Ses cheveux bruns qui tombaient juste au-dessus de ses larges épaules, ses yeux bleus qui se confondaient avec le ciel, sa musculature travaillée, sa grande taille, même son nez un peu large, Tokopisco aimait tout de lui. Naturellement, elle se précipita vers lui et le serra dans ses bras. Il lui rendit son geste mais elle le trouva un peu froid. Avait-elle mis trop d'entrain dans sa démonstration ? Des questions revirent hanter la déesse de l'amour sur sa relation mais le sourire du dieu acheva de la rassurer pour le moment.

« - Tokopisco, quelle surprise !

- Je passais par hasard dans le coin, je n'ai pas pu résister.

- Ah, je te reconnais bien là. N'as-tu pas mille choses à faire sur ton île ?

- N'es-tu pas un peu heureux de me voir ?

- Si, mais... Je... »

Il ne termina pas sa phrase et se prit la tête dans les mains. La douleur marqua ses traits et Tokopisco s'inquiéta. Les dieux n'étaient pas supposés souffrir de maux aussi triviaux que de migraines. Devait-elle appeler Tokotoro ? Heureusement, la divinité d'Ohana se reprit bien vite et il ne resta de cet incident qu'une trace de fatigue sur son beau visage. Zeraora tenta de faire bonne figure mais il était trop tard, son amante s'inquiétait déjà pour son bien-être. Il aurait préféré qu'elle n'assiste pas à cette scène mais malheureusement, impossible de faire machine arrière.

« - Ce n'est rien, un petit mal de tête de rien du tout.

- Les dieux ne sont pas supposés souffrir ainsi.

- Cela peut nous arriver. Je reconnais que c'est assez fréquent en ce moment mais...

- Fréquent ? Zera, tu devrais consulter Tokotoro.

- Détends-toi, Pisco. Je te dis que tout va bien. Regarde, je vais... je vais... mieux.

- Hum, tu as l'air terriblement fatigué quand-même.

- C'est vrai. Avec les nouvelles du monde actuel, tout le monde est un peu sur les nerfs. Ce retour de Giratina... Je vais aller me reposer.

- Bonne idée. Veux-tu que je vienne avec toi ?

- En vérité... non. J'aurais préféré que tu ne me vois pas ainsi. »

Elle comprenait parfaitement ce qu'il voulait dire et chaque mot prenait sens dans son esprit. Hélas, Tokopisco ne put s'empêcher de se sentir rejetée. Il ne voulait pas d'elle alors qu'il allait mal. Ses insécurités se mirent à ressurgir et elle tâcha de les calmer de son mieux. Zeraora parut ne se rendre compte de rien. Le dieu de la loyauté la serra dans ses bras, pas très longtemps ni très chaleureusement, avant de la planter là, oubliant presque de dire au revoir. Il n'allait pas bien, mais il n'avait pas besoin d'elle. Le constat la tétanisait sur place.

En réalité, Zeraora se sentait très mal depuis quelques semaines. Il ne savait pas d'où provenait cette sensation, mais elle persistait, encore et encore. Ce mal de tête venait puis s'en allait puis revenait, sans discontinuer. Il n'en connaissait pas la cause et devait s'allonger de plus en plus souvent. Parfois, le dieu avait l'impression d'être quelqu'un d'autre. En s'allongeant sur un lit de paille, il se morigéna intérieurement de ne pas s'être montré plus doux avec Tokopisco. Elle ne méritait pas un tel traitement mais il n'arrivait pas non plus à être naturel avec elle, surtout pas en ce moment.

« - Alors, on a déçu sa petite amie ? murmura une voix toute proche.

- Eïna ! L'intimité, c'est un concept qui te parle ? »

La mairesse d'Ohana haussa les épaules et fit voler sa longue chevelure rousse d'un geste de la main. Ses yeux verts se plongèrent dans ceux du légendaire avec une certaine sévérité, accentuée par sa grande taille, d'autant plus qu'il était allongé. En tout cas, on ne pouvait douter qu'elle était la cheffe ici, tant tout dans son être respirait la force et l'autorité. Zeraora aimait bien se chamailler avec elle, mais il sentait son mal de tête revenir et ferma les yeux. Dans le noir au moins, personne ne l'embêtait. Personne ne lui disait ce qu'il devait penser ou faire.

« - Tu crois qu'elle va rester longtemps avec toi si tu la traites ainsi ?

- Cela ne te concerne pas, grommela le dieu.

- Bien sûr que ça ne me concerne pas, mais je te préviens, histoire que tu sois pas surpris.

- J'y peux rien si j'ai mal à la tête...

- Eh bien, fais-toi soigner alors. Les gars, je vous jure ! »

Peut-être qu'elle n'avait pas tort. Peut-être qu'il devrait vraiment rendre visite à Tokotoro pour lui demander d'examiner sa tête ou lui prescrire une thérapie pour ses problèmes de colère. Zeraora avait juste envie de dormir pour l'heure, afin que la douleur cesse pour de bon. Ses paupières lourdes ne tardèrent pas à l'entraîner au royaume des songes. Là, la douleur n'existait plus. Là, le dieu de la loyauté essayait de nier l'existence de la petite voix dans sa tête.

« Rejoins-moi... Nous sommes pareils ! »

Pendant ce temps, la déesse de l'amour se trouvait sur une crique cachée d'Akala, attristée de la tournure des événements. Peut-être qu'elle devrait en parler à un ami, mais qui ? Les tokos ? Non, après la dernière réunion, Tokopisco ne voulait pas se confier à eux, même pas à sa chère Tokpiyon. Ils avaient tous suffisamment à gérer. Peut-être Celebi ? La déesse de l'amour s'entendait bien avec le dieu de la paix. Il pourrait peut-être la conseiller, ou au moins lui permettre de passer un agréable moment. La divinité du Village Flottant songea qu'elle pourrait aussi avoir d'autres nouvelles du monde avec lui.

« Je vais essayer de discuter avec lui bientôt. »

Cette pensée l'encouragea à reprendre le chemin de son île. Zeraora avait raison : elle ne manquait pas de travail et sa récréation s'achevait. Maintenant, elle devait se reprendre en main, même si ce n'étais pas toujours facile. Elle y arriverait bien, la déesse de l'amour ne s'avouerait jamais vaincue.

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