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Chapitre 12


Regigigas détestait sa ville. Sa position ne lui convenait pas, quand bien même elle regorgeait de richesses. Charbourg possédait des exploitations minières impressionnantes et approvisionnait en divers minerais toute la région de Sinnoh, ainsi qu'une large partie du monde. La cité tournait autour de cette activité depuis toujours et cela aurait dû lui convenir. N'était-il pas le dieu des continents, celui qui avait aidé Arceus à donner son apparence au monde, grâce à la force de ses bras ?

Pourtant, ce n'était pas le cas. Charbourg se trouvait à l'ombre du Mont Couronné, le domaine du dieu des dieux et cela déplaisait à Regigigas de vivre dans l'ombre de son créateur. Il avait l'impression qu'on lui avait donné ce lieu par dépit, comme on donne un os à ronger à un caninos. Rien que d'y penser, la rage prenait possession de lui, alors qu'il n'affichait aucune émotion. C'était sa condition de golem qui l'avait conduit à cette neutralité émotionnelle : Arceus l'avait fait ainsi. Regigigas se demandait si ce que le Créateur avait fait, quelqu'un pouvait le défaire.

Dans tout Sinnoh, une ville attirait son attention. Il s'agissait de Frimapic, bien loin au nord. Le dieu des continents s'y était rendu un jour et il avait tout de suite aimé cette forêt glacée, cette atmosphère calme, le grand lac paisible et surtout, le fait d'être loin du Mont Couronné. Oh, on pouvait toujours l'apercevoir au loin, mais il suffisait d'un blizzard pour le masquer. Regigigas souhaitait s'y installer mais hélas, on avait confié les lieux à la déesse Créhelf, sans possibilité de négocier. Qu'importe, le légendaire et maire de Charbourg savait se montrer patient. Un jour, il trouverait le moyen de faire cette cité de glace sienne et au diable l'exploitation minière.

Dans sa propre demeure au nord-est de la ville, le légendaire patientait. D'un geste négligeant, il replaça ses longs cheveux blonds en arrière, si lisses qu'on pouvait presque voir son reflet dedans. Son apparence humaine lui importait peu mais il avait toujours l'air soigné, malgré ses traits tirés et son air froid, n'affichant absolument aucune expression. Personne ne pouvait savoir ce qui se tramait derrière les yeux verts de ce visage sec. Personne. Son apparence fine tranchait avec la puissance que sa forme légendaire lui donnait, à croire qu'Arceus possédait une certaine notion d'ironie. Il prenait peu cette apparence puissante, peu pratique dans son quotidien au demeurant.

« Bon, ils ne devraient pas tarder. »

Cette pensée l'aida à s'ancrer de nouveau dans la réalité, sans plus laisser le flot de ses pensées l'entraîner dans l'errance spirituelle. Sans s'en rendre compte, Regigigas pouvait passer des heures à réfléchir sans aucun but particulier. Auprès des habitants de Charbourg, cela lui donnait un air autant mystérieux que sage. Rien d'étonnant que personne n'ait revendiqué la place de maire avec un être aussi réfléchi, ne prenant aucune décision sur un coup de tête. Du moins, en apparence. Dans les faits, le dieu des continents pouvait parfois se montrer impulsif, même si cela arrivait rarement. Avec les événements qui se tramaient dans l'ombre, il ne pourrait pas rester indécis bien longtemps.

Ce jour-là, Regigigas attendait ses subordonnés. Officiellement, il n'y avait pas de lien de subordination entre les divinités. Chacune possédait sa propre importance et son propre champ d'action, en plus de sa propre zone géographique. Cependant, outre l'affiliation à Arceus, certains liens s'étaient forgés tous seuls, par exemple entre Ho-oh et les chiens légendaires de Johto ou encore Lugia avec les oiseaux légendaires de Kanto. Regigigas possédait une telle relation avec le trio des golems d'Hoenn. Chacun représentait un élément, une époque liée à l'évolution de l'homme alors qu'il symbolisait les continents, mais leur ressemblance physique en tant que pokémon suffisait à les lier.

Le premier qui se présenta à Charbourg fut bien évidemment Registeel. Le maire d'Algatia ne manquait jamais une occasion d'être à l'heure. Tout comme son supérieur, il portait une large toge noire, masquant son corps, en bonne condition physique pour un humain. Il semblait plus costaud que Regigigas, apparence trompeuse. Il avait noué ses longs cheveux bruns afin qu'ils ne viennent pas gêner ses yeux d'un brun classique. Tout comme son maître, Registeel semblait particulièrement calme, une qualité que le chef des golems appréciait. Les dieux se saluèrent avec respect, l'un descendant un peu plus bas en s'inclinant afin de marquer leur rang.

« - Maître, cela faisait longtemps.

- Merci d'avoir répondu à mon appel, Registeel.

- Je suis le premier à ce que je vois, constata-t-il.

- Comme toujours. Attendons un peu, tes confrères ne devraient pas trop tarder. »

Effectivement, moins d'une demi-heure plus tard se montra le maire d'Autequia, le fier Regirock. Des trois formes humaines présentes, il était le plus musclé, arborant fièrement des bras solides, comme son torse. Sous ses courts cheveux noirs, seulement interrompus par une discrète mèche blanche, on trouvait un visage bienveillant et plus expressif que ses confrères. Ses yeux bleus ne parvenaient pas à faire oublier la brûlure qui gâchait son visage. Le dieu de la roche eut un bref mouvement de main pour son frère du métal avant de saluer comme il se doit son maître de Sinnoh.

« - Maître, je suis venu aussi vite que j'ai pu.

- Merci, Regirock. Toi et Registeel, vous avez su être rapide.

- C'est normal. Cela veut dont dire qu'il manque...

- Oui, soupira le maire d'Algatia. Notre chère déesse glacée.

- Je ne l'ai pas croisé sur la route, souffla Regirock.

- Patience, déclara Regigigas. Je suppose qu'elle traînera un humain derrière elle. »

Il s'écoula deux heures avant que dame Regice, la déesse de la glace, ne daigne apparaître. Régnant sur la belle cité de Nénucrique, elle détestait sa forme légendaire et demeurait aussi souvent que possible en tant qu'humaine. Contrairement aux autres, elle n'arborait pas une simple toge mais une robe complexe, portant de multiples broderies. Comme si cela ne suffisait pas, elle s'arrangeait toujours pour coiffer sa longue chevelure bleu ciel de manière extravagante. Surplombée par des yeux violets, sa moue dédaigneuse ne manquait jamais d'apparaître, en haut d'un long corps élancé. Rien à voir avec le bloc de glace de sa forme divine, apparence dont la déesse se serait bien passée si on lui avait laissé le choix. Et en plus, elle n'était pas seule.

Contrairement aux trois autres, elle n'était pas le maire de sa ville. Regice aurait pu occuper la fonction de mairesse sans aucun problème, mais elle ne supportait pas les responsabilités et toute la paperasse qui allait avec. Ainsi, elle avait refilé le poste à un humain qui ne cessait de la suivre, même dans des réunions comme celle-ci. Avec des cheveux blond clair coiffés avec une mèche défiant la gravité, Shiro essayait d'en imposer, habillé avec le même raffinement que son légendaire. Ses yeux bleus semblaient observer le monde avec insistance, retenant la moindre information. Afin de se donner de l'importance, il était suivi d'un immense galeking, lui donnant un sentiment de sécurité dans la cour des dieux. Regigigas le tolérait uniquement pour ne pas froisser Regice. Elle était pénible quand elle se mettait à faire la tête et ce petit humain pourrait peut-être se rendre utile un jour.

« - Maître, s'inclina la déesse. Me voici, comme demandée.

- Tu as pris ton temps, grinça Regirock.

- Il n'y avait pas d'heure précisée, riposta Regice.

- L'important, c'est que tu sois là, interrompit Regigigas. Merci d'être venu. Bienvenue à toi, Shiro.

- Merci, ô grand dieu des continents. »

L'humain se montrait particulièrement cérémonieux, soucieux de mériter sa place ici. Regigigas s'en moquait mais intérieurement, cela l'amusait de voir toutes les courbettes que le maire effectuait pour rester dans les bonnes grâces des divinités. Plusieurs fois, le maître des golems avait suggéré à Regice de le supprimer et de prendre sa place, ce qu'elle avait toujours refusé avec véhémence. Y avait-il des sentiments dans leur relation ? Regigigas espérait que non. Leur petit groupe symbolisait l'absence d'émotions et chaque membre contribuait plutôt bien à porter cette tradition. La déesse ne devait pas gâcher cela, son supérieur y veillerait personnellement.

« Maître, intervint Registeel. Pourquoi nous avez-vous réunis ? »

La question arrivait enfin. Le dieu des continents se demandait si quelqu'un allait enfin la poser. Lui-même avait seulement convoqué ses subordonnés sans leur faire part du sujet de la réunion. Regigigas espérait qu'ils le devineraient mais ce n'était pour le moment pas le cas. Peut-être avaient-ils des idées intérieurement ou des suspicions mais personne ne les exprimait à voix haute. Le maire de Charbourg laissa le silence et le suspense durer un instant, jusqu'à ce que cela devienne insoutenable. Regice toussa légèrement, signe qu'il était temps de libérer l'information.

« Comme vous le savez, le monde est actuellement troublé par le retour de Giratina. Je sais que vous en avez entendu parler, inutile de le nier. Je voulais faire un point avec vous sur cette situation. Et surtout, vous exposez mon point de vue... Vous dire dans quel camp nous serons. »

Un nouveau silence s'abattit sur le groupe, plus attentif que jamais. Regigigas était satisfait et guettait les réactions de chacun, prenant son temps pour parler. Plus qu'un point sur la situation, c'était ici un choix de camp qu'il ne leur laisserait pas. Les golems devraient se plier à la volonté de leur chef et rejoindre le camp de son choix, sans avoir leur mort à dire. L'un d'entre eux avait-il des convictions différentes ? Quelqu'un oserait-il s'opposer au dieu des continents ? De nombreuses révélations allaient survenir dans les prochaines minutes et Regigigas attendait les réactions avec impatience, espérant que ses subordonnés resteraient fidèles sans avoir besoin d'utiliser de la force.

« Voici donc mon opinion... »

Dans l'ombre du Mont Couronné, les nuages s'amoncelaient dans le ciel.

La Ville Noire était réputée pour être la deuxième plus grande cité d'Unys, juste après la tentaculaire Volucité. Certains répliquaient que c'était Méanville avec son parc d'attraction, d'autres qu'il s'agissait de Janusia ou encore de Port Yoneuve. Certains parlaient même de Vaguelone qui accueillait beaucoup de monde durant l'été, alors que les plages se remplissaient d'humains en quête de chaleur. En vérité, cela importait peu, mais la Ville Noire était effectivement un lieu immense et fourmillant de vie comme d'activités. D'autant plus que la ville proprement dite, avec ses bâtiments toujours plus hauts, n'était pas le seul espace dont disposaient les habitants des lieux, oh non.

Juste à côté, on retrouvait la Forêt Blanche, un lieu de nature qui attirait naturellement les curieux et ceux qui se lassaient d'un univers trop urbain. Immense et emplie de pokémons, la sylve apportait de nombreux avantages et de nombreuses ressources à Ville Noire. Alors que la forêt se trouvait au sud, le nord de la ville abritait également une zone magnifique qu'on appelait très justement l'Autel d'Abondance. On y trouvait beaucoup de cultures, ainsi qu'une haute colline surplombée par un temple ancien, lequel était le lieu de prière et de fête le plus prisé des environs.

Ce temple, c'était la maison de Démétéros, le dieu de la fertilité. Même s'il n'était pas le dieu des naissances comme Mew de Kanto, il recevait beaucoup d'offrandes autant pour la moisson que de la part de femmes désirant un enfant. Il se positionnait comme un dieu apprécié et pour lequel on n'hésitait pas à organiser de somptueuses fêtes. Démétéros représentait le bon, celui qui veille sur les humains et les protègent des intempéries, leur permettant autant de manger à leur faim que d'assurer leur descendance. Personne ne voulait fâcher une divinité faisant preuve d'une telle bonté.

« Quelle bande de lâches. »

Démétéros ne se considérait pas comme un dieu bienfaisant. Maître de la Ville Noire, il agissait poussé par un intérêt : le sien. Tout ce qu'il faisait pouvait bien faire plaisir aux autres, il s'en moquait, du moment que cela allait dans son sens. Ses pensées dérivèrent vers une personne sublime, le désir ardent de ses nuits les plus obscurs et la colère s'empara de lui. Pourquoi refusait-elle d'être sienne ? Comment pouvait-elle détourner le dos à un dieu si puissant ? Tournant dans son temple avec rage, il reprit sa forme humaine, plus adaptée à un espace aussi confiné.

Sa peau basanée donnait l'impression qu'il passait beaucoup de temps dehors et c'était vrai. Le soleil avait donné une belle couleur à sa peau, qui se rapprochait chaque jour de la couleur noire de ses longs cheveux sauvages. En les recoiffant d'un geste ample de la main, Démétéros croisa ses yeux orange dans un miroir, une couleur inhabituelle qui mettait les humains mal à l'aise, autant que sa cicatrice lui barrant une tempe. Le dieu de la fertilité vérifia l'entretient de sa courte barbe, toujours soigneusement rasée et un sourire illumina ses traits anguleux. Il aimait l'image que le reflet lui renvoyait, il aimait se regarder et se trouvait particulièrement séduisant.

« Maître... »

L'humain qui venait de l'interrompre tremblait, autant de la voix que du corps, et il avait raison d'avoir peur. Démétéros détestait qu'on l'interrompe pendant qu'il se refaisait une beauté, plus encore lorsqu'il avait été en colère peu avant. D'un mouvement furieux de sa toge brune et orange, il s'élança vers le serviteur, prêt à lui faire passer le pire moment de sa vie. Cependant, un souvenir lui revint en mémoire et il se calma aussitôt. Pour l'humain, ce n'était pas moins terrifiant et il n'arrivait plus à parler. Soupirant intérieurement, le dieu essaya de se montrer plus avenant.

« - Pourquoi me déranges-tu ? soupira-t-il sur un ton presque sans agressivité.

- Maître Démétéros, vos invités sont arrivés.

- Hum, c'est ce que je pensais. Fais-les attendre dans le salon, j'arrive. »

L'humaine déguerpit sans demander son reste après avoir bredouillé quelques mots de politesse. Démétéros songea qu'il avait deviné juste, c'était ce qui avait calmé sa colère. Après tout, il avait demandé qu'on le prévienne aussitôt que ses visiteurs seraient arrivés, il ne pouvait pas aller jusqu'à blâmer quelqu'un pour les ordres qu'il avait lui-même donné... Sans doute. Dans le fond, cela lui importait bien peu. La divinité se recoiffa, vérifia la bonne tenue de sa toge, puis se mit quelques colliers et autres bracelets. Son attachement à son apparence aurait pu lui octroyer le titre de dieu de la beauté mais Diancie occupait déjà cette place à merveille pour son malheur. Après avoir placé une ferronnière sur sa tête, Démétéros décida enfin d'aller rejoindre ses invités qui patientaient depuis un moment déjà dans le salon.

Avec un sourire mauvais, le dieu de la fertilité accueillit ses deux subordonnés de toujours, Boréas et Fulguris, respectivement déesse de l'aurore boréale et déesse de l'orage, ainsi que leurs maires. Se désintéressant des humains pour le moment, Démétéros commença par dévisager Boréas. La déesse de Parsemilles possédait sous sa forme humaine une incroyable crinière rousse entièrement frisée que le dieu de Ville Noire comparait à des flammes. Cela se mariait parfaitement avec le bleu de ses yeux, ainsi que ses vêtements verts toujours très soignés. Malgré sa petite taille, de la malice brillait dans son regard et il ne fallait pas la sous-estimer. Avec sa consœur, elle pouvait créer une tempête et semer la pagaille n'importe où. Heureusement, elle était aux ordres de son maître.

Un poil plus sage, mais vraiment uniquement d'un poil, Fulguris dévisageait le monde de ses yeux marron quelconques, pourtant inquisiteurs. Sa chevelure verte mi-longue lui donnait un peu plus d'originalité, apparemment en désordre mais en réalité coiffée. Pour mettre en valeur la pâleur de sa peau, elle portait un violet délicat qui se mariait bien avec ses cheveux. Démétéros appréciait que ses deux subordonnées s'habillent bien, cela donnait une meilleure image de leur maître. Fulguris et Boréas échangèrent un regard de connivence, telles deux sœurs.

L'attention du dieu de la fertilité se reporta sur les deux humains. Ces derniers ne faisaient pas beaucoup de bruits, sachant pertinemment qu'on les oublierait et que leur avis ne compterait pas. Au moins, ils savaient déjà où était leur place. Toutefois, Démétéros se méfiait d'eux. Il lisait une intelligence dans le regard de l'une et une force dans le regard de l'autre qui ne lui plaisaient pas. Pour le dieu, les humains devaient simplement être de petits créatures faibles et serviles, comme ses serviteurs dont il ignorait le nom. A moins qu'il ne l'ait oublié tout simplement...

Liée à Fulguris, Sarah n'était autre que la mairesse de la cité d'Arpentières, un lieu isolé et difficile d'accès. Il fallait un sacré caractère, de la débrouillardise et une bonne dose de ténacité pour survivre là-bas. Voilà pourquoi Démétéros tendait à se méfier de cette humaine à la longue chevelure blonde possédant des reflets bruns étonnants. Quelles pensées se cachaient derrières ses grands yeux bleus et ce nez retroussé ? D'où venaient la force de ses bras et ce manque de sourire constant ? Elle semblait en savoir plus qu'elle n'aurait dû et si Fulguris ne l'avait pas apprécié, Démétéros se serait arrangé pour placer quelqu'un d'autre à ce poste. Il n'aimait pas qu'on lui résiste.

Ce n'était guère mieux avec Dicken, le maire de Parsemilles et donc compagnon de Boréas. La cité se développait admirablement dans ses échanges avec l'étranger, notamment grâce au concours des pokémons oiseaux. Pour soutenir ce projet, il y avait un homme jeune à la belle musculature, aux cheveux verts comme la pelouse et à l'œil bleu. Un seul œil oui, puisque le deuxième était barré d'une cicatrice qui lui donnait l'air d'un fier guerrier. L'épée à son côté ne paraissait pas démentir cette affirmation. Il lui arrivait de répondre au dieu de la fertilité et il ne devait sa vie sauve qu'à l'amitié naïve que Boréas lui portait. La chance guidait ses pas selon toute certitude.

Les deux maires portaient des vêtements beaucoup plus pratiques et moins chatoyants que leurs déesses. Cela attristait un peu Démétéros de voir un tel manque de goût, mais il ne pouvait rien attendre de la part des humains. De toute façon, comment auraient-il pu oser s'habiller comme des dieux ? La divinité de la fertilité pouvait afficher des raisonnements contradictoires dans son esprit mais il s'en moquait. Arceus l'avait créé parfait, ses défauts n'étaient que la faute du Créateur lui-même. Voyant que ses invités le saluaient avec respect et dévouement même, Démétéros consentit à agir de même, au moins pour ses adorables subordonnées qui le méritaient.

« - Mesdemoiselles, c'est un plaisir de vous voir en beauté. Je suis positivement ravi.

- Quel charmeur, gloussa Boréas, sincèrement contente.

- Le plus beau ici, c'est vous, souffla Fulguris d'une voix suave.

- Ne perdons pas plus de temps, poursuivit le dieu, oubliant volontairement les humains qui ne s'en formalisèrent pas. Je vous ai fait venir pour une raison bien particulière.

- Le retour de Giratina, déclara la déesse de l'orage.

- La guerre qui arrive, poursuivit la déesse de l'aurore boréale.

- Décidément, vous êtes bien perspicaces. Mais assez de fausses flatteries. Je me dois de vous résumer la situation afin que nous soyons sur la même longueur d'onde. »

Pendant que Démétéros exposait les événements, il observait la réaction des humains. Celle de ses subordonnées l'intéressait moins, le dieu savait pertinemment qu'elles ne pourraient pas aller à son encontre. Depuis toujours, Boréas et Fulguris le suivaient, liées à lui par un attachement beaucoup trop fort mais qu'il nourrissait de son mieux. En revanche, la réaction des humains l'intéressait davantage. Quel était leur avis sur le sujet ? Hélas, Démétéros fut déçu car ni l'un ni l'autre n'affichèrent ses sentiments. Dicken regardait droit devant lui, tandis que Sarah fixait son légendaire en demeurant neutre. Il y aurait bien des questions plus tard. Ils finiraient par avouer. Après avoir terminé son résumé de la situation, le dieu se prit le luxe de prendre quelques secondes de pause.

« - Giratina va revenir, réalisa Fulguris. Le dieu de l'autre-monde va se libérer.

- Il doit être si puissant ! s'exclama Boréas. Et nous, nous serons de quel côté ?

- C'est évident, lâcha Démétéros avec un sourire carnassier. Nous nous battrons pour Giratina. »

Alors que les deux déesses ouvraient de grands yeux d'excitation, les humains eurent enfin une réaction, fugaces mais néanmoins visibles. Les lèvres de Dicken se serrèrent de déplaisir. Sarah baissa les yeux en signe de désespoir. Alors, ils étaient bien contre Giratina. Le dieu de la fertilité s'en doutait mais cela confirmait la chose. Maintenant, restait à savoir s'il s'agissait ou non d'une tendance générale chez les humains. Et puis, même si ces deux-là n'étaient pas d'accord, ils suivraient peut-être leurs déesses. Peut-être que connaître davantage le dieu de l'autre-monde leur ouvrirait l'esprit.

« - Maître, pourquoi doit-on le suivre ? questionna Fulguris.

- Parce qu'il m'a promis de m'offrir ce dont je rêve depuis bien trop longtemps. »

Son esprit s'emballa et il ne put empêcher un bref éclat de rire de franchir la barrière de ses lèvres. Si Giratina tenait parole, ce serait merveilleux, et Démétéros ne voyait pas pourquoi il ne le ferait pas. L'avenir s'annonçait plein de rebondissements et le monde allait changer, ce qui lui plaisait bien. Après des années d'immobilité, cela ne ferait pas de mal de revenir sur le devant de la scène et de rappeler le sens du mot légendaire.

Dans l'est de Kalos, on trouvait une ville tranquille et reculée nommée Mozheim. La cité était connue pour ses cascades et son réseau fluvial, un lieu idéal pour un séjour touristique. Cependant, on trouvait bien peu de visiteurs ici et même le commerce n'avait pas été tellement développé. La ville vivait en auto-suffisance grâce à ses nombreuses plantations et sa pêche de bargantua. Les habitants voulaient simplement vivre en paix et la raison venait d'une particularité naturelle toute proche : la grotte Coda, un endroit mystérieux et sombre, recelant un grand secret.

La grotte Coda abritait le légendaire de la ville, rien de moins. Justement, le maire lui rendait visite ce jour-là. C'était un homme de peu de mots baptisé Xanto, à la longue chevelure noire d'une finesse impressionnante. Ses yeux verts avaient la couleur des feuilles d'arbres au printemps, ressortant sur sa peau pâle comme la neige. Il portait une tenue de guerrier et une dague à la ceinture qui n'était pas là uniquement pour la décoration. Sur sa main droite, on pouvait voir une cicatrice qui témoignait de ses nombreux entraînements mais aussi de ses combats pour défendre sa ville.

Xanto se rendait sans peur au cœur de la grotte. Le légendaire des lieux avait beau être solitaire et préférer vivre reclus, il restait tout à fait aimable si on le traitait avec respect. Toutefois, à part le maire, bien peu de monde lui rendait visite car la caverne pouvait créer l'effroi et il fallait réussir à retrouver son chemin jusqu'au fond. En arrivant là-bas, Xanto fut content d'avoir allumé sa torche. Ainsi, il vit immédiatement le dieu de l'équilibre. Ce dernier l'aperçut aussi et des torches s'allumèrent sur les murs tandis qu'il passait de sa forme légendaire à sa forme humaine.

« - Bonjour Xanto. C'est un plaisir de recevoir ta visite.

- Bonjour, Zygarde. J'espère ne pas te déranger. »

Le légendaire fit non de la tête, secouant sa belle crinière de cheveux gris coiffés en catogan. Puis, il dévisagea le maire de ses yeux bleus purs, lui donnant un certain charme malgré son apparente froideur. Xanto était élancé et grand mais ce n'était rien en comparaison de Zygarde. Ce dernier avait beau vivre dans une grotte, il portait des vêtements dignes du roi de Kalos, rouge et blanc. Le dieu de l'équilibre soignait son apparence car selon les rumeurs, il lui arrivait de recevoir des visites du grand Arceus en personne. Xanto n'en savait rien, n'ayant jamais vu le Créateur à Mozheim. Il croyait les histoires qui prétendaient que Zygarde protégeait l'équilibre du monde. Mais de quelle manière ? Le dieu de Kalos demeurait secret sur le sujet et ne répondait pas aux questions.

« - Qu'est-ce qui t'a conduit ici, mon brave Xanto ?

- Je me pose des questions sur la situation du monde à vrai dire.

- Vraiment ? Pourtant, tu ne devrais pas. Cela ne nous regarde pas.

- Si le dieu Giratina revient... Je crains qu'une grande guerre éclate.

- Cela arrivera sûrement, mais ce ne sera pas notre problème. Nous ne devons pas nous mêler des problèmes des autres et continuer à vivre de notre mieux. C'est le plus sage.

- Mais certains ont des familles ailleurs ! Et si les combats viennent jusqu'ici... Cette guerre ne menacera-t-elle pas l'équilibre du monde ? Ne devrions-nous pas agir ? »

Xanto avait presque crié les mots, lui qui ne parlait pourtant jamais fort, mais il n'en pouvait plus de passer ses nuits à ruminer autant de questions. D'habitude, il se moquait de ce qui se passait à l'extérieur de Mozheim, mais cette fois, cela paraissait important. Si une guerre globale se déclarait entre Giratina et Rayquaza, il ne voulait pas laisser son peuple subir. Xanto voulait savoir quoi faire et dans quel camp se ranger. De plus, Zygarde n'était-il pas supposé veiller sur l'équilibre du monde ? Le dieu demeurait silencieux, laissant la respiration du maire se calmer. Leurs yeux se plongèrent l'un dans l'autre, afin de sonder les pensées, le cœur même de l'autre.

« - Tu as peur qu'il arrive du mal à notre ville, Xanto ?

- Oui... Toutes ces histoires que les étrangers colportent... Cela m'effraie.

- Je comprends. C'est normal après tout. Giratina n'est pas n'importe quel dieu.

- On dit qu'il a été banni par Arceus en personne, c'est vrai ?

- Oui, mais c'est une autre histoire qui ne te regarde pas. Sache que... Giratina est venu me voir récemment, avoua finalement Zygarde.

- Quoi ? Mais comment ? Pourquoi ?

- Ce n'était qu'une partie de son âme... Une ombre de lui-même, mais c'était lui. »

La voix de Zygarde se brisa un peu. Cela faisait trois jours que l'événement s'était produit et le dieu en avait été bouleversé, ne sachant s'il devait en parler à quiconque. C'était un soir ordinaire, alors qu'il méditait en harmonie avec la terre sous sa forme humaine. Soudain, les torches s'étaient éteintes en partie, comme soufflées par un vent violent. Aussitôt, Zygarde avait repris sa forme légendaire, celle d'un serpent géant à l'aspect impressionnant. Puis, là où il restait quelques torches, une ombre était apparue, avec des yeux jaunes comme les étoiles. Aussitôt, il avait su : c'était Giratina, le dieu de l'autre-monde. Personne d'autre ne pouvait apparaître ainsi.

« - Bonsoir Zygarde. J'espère que ma visite ne t'importune pas ?

- Giratina. Que veux-tu ?

- Inutile de te mentir : je te veux dans mon camp. »

Alors, il avait essayé de convaincre le dieu de l'équilibre de le rejoindre, en lui faisant miroiter les avantages qu'il pourrait obtenir en le rejoignant. Bien sûr, cela nécessitait d'aller à l'encontre du grand Arceus mais Giratina déclarait que ce ne serait pas embêtant le moins du monde. Il avait besoin de toute l'aide possible pour lutter contre Rayquaza et se réincarner. Si Zygarde n'avait pas l'intention de le rejoindre, il n'avait pas l'intention de lui mettre des bâtons dans les roues non plus.

« Je suis le dieu de l'équilibre. La neutralité. Je ne rejoindrai ni toi, ni Rayquaza. »

Alors, les techniques de négociation du dieu de l'autre-monde changèrent et il déclara que si Zygarde promettait de ne jamais l'agresser, lui-même ne ferait rien à sa ville. La divinité de Mozheim déclara que si Giratina ne faisait rien mettant en danger l'ordre du monde, Zygarde pouvait lui promettre de ne rien tenter contre lui. Cela parut convenir à l'être banni. Toutefois, alors que le dieu de l'équilibre croyait que la discussion était terminée, une nouvelle conversation s'engagea. Giratina avait de toute évidence d'autres choses à demander à son confrère de Kalos.

« As-tu entendu de parler de la prophétie d'Arceus ? »

C'était une question rhétorique, puisqu'il était impossible qu'un légendaire comme lui n'en ait pas entendu parler. Il n'existait en réalité qu'une seule prophétie, ainsi que sa variante. Zygarde connaissait les deux, se tenant toujours au courant de ce genre d'informations. Cela pouvait modifier l'équilibre du monde, cela le concernait donc. Zygarde en connaissait les enjeux mais il ne voyait pas vraiment pourquoi Giratina tenait tellement à lui poser des questions sur le sujet. Même s'il parlait avec Arceus, le dieu de l'équilibre n'en savait probablement pas plus que lui.

« Sais-tu qui es l'enfant de la prophétie alors ? »

Le dieu de l'autre-monde se montra extrêmement insistant avec cette question à laquelle son confrère dieu n'avait de toute façon aucune réponse à lui offrir. Il connaissait les prophéties mais n'avait jamais essayé de les résoudre. Ce n'était pas son travail ni même celui de quiconque en vérité. Seul le destin finirait par décider comment la prophétie se résoudrait. Que Giratina recherche l'enfant, cela laissait penser qu'il en savait plus ou bien s'identifiait à un morceau de la prédiction. Comprenant qu'il n'aurait aucune réponse, le banni finit par prendre congé de son hôte involontaire.

« Peu importe, j'ai déjà mes propres pistes pour trouver son identité. Merci de ta coopération, Zygarde. Il est temps pour moi de me remettre en chasse si je veux le trouver. »

Et il disparut comme il était apparu, comme soufflé. Les dernières torches s'éteignirent et le dieu de l'équilibre resta un moment dans le noir, pensif. Raconter cette histoire à Xanto n'était peut-être pas une bonne idée, mais il ne pouvait plus lui cacher cela maintenant. Zygarde savait qu'il devrait en parler à Arceus également, mais cela attendrait un peu. Des éléments lui manquaient afin d'apporter la connaissance au dieu des dieux. Le maire de Mozheim semblait choqué que tout ceci se soit passé sous son nez sans qu'il n'en ait conscience. Pourtant, il cachait ses émotions de son mieux.

« - Que devons-nous faire maintenant ? demanda Xanto.

- Attendre la visite de Rayquaza. Car il viendra ou enverra un émissaire, c'est certain.

- Alors, nous rejoindrons son camp et lutterons contre Giratina ?

- Non. Nous resterons neutres, Xanto. Je déclinerai son offre à ce moment-là.

- Mais... Pourquoi attendre sa venue ? Ne devrions-nous pas...

- J'irai parler avec Arceus de la situation. Lui seul pourra me dire ce qui est juste ou non.

- Et en attendant... Tu crois vraiment que nous devons continuer à vivre normalement avec cette menace de guerre qui plane au-dessus de notre tête ?

- Exactement, Xanto. La vie doit continuer normalement. »

Le maire le regardait en masquant au maximum ses émotions, mais Zygarde ne s'y trompait pas. L'humain n'était pas du tout en accord avec sa décision, lui pourtant si sage et si calme. Ce n'était pas étonnant, il craignait pour la sécurité de son village. Le dieu de l'équilibre savait qu'il le suivrait au moins au départ, le temps qu'il aille parler à Arceus. Et ensuite ? Si la réponse n'arrivait pas assez vite, c'était certain, Xanto choisirait son camp. Zygarde ne pourrait pas l'en empêcher, seulement retarder l'échéance. Le dieu se promit de veiller sur tous les humains dont il avait la charge et de garder Mozheim neutre aussi longtemps que possible, peut-être toujours. Même la divinité savait que ce dernier vœu n'était qu'une prière illusoire.

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