— Est-ce que je veux vraiment mon fils ?

— Margarita, je vous l'ai dit. Votre fils est mort.

— Je le sais. Mais je le veux. Où est-il ?

— Vous l'avez déterré. Ils ont lynché son assassin.

— Vous-même l'avez brûlé vif.

— Vous savez ce que je vous demande.

— Magos, vous avez maintenant un... Don.

— Vous pouvez retrouver ce qui est perdu, ramener ce qui a été égaré. Aidez les autres.

— Je veux mon fils.

— Margarita, votre fils est mort.

Elle le regarda.

Inutile de répéter et répéter encore.

Elle attendrait ici, jusqu'à ce que le Maître cède.

— Le Don de retrouver les choses perdues vous a coûté votre vie.

— Si vous voulez que votre fils revienne... Imaginez...

— Je donnerais mon âme pour le récupérer.

— Non, señora... Par pitié...

— Qu'avez-vous fait... ?

Miaou.

Margarita se tourna vers la fenêtre.

Elle se leva d'un bond et s'approcha.

Le Maître la suivit immédiatement.

Le chat.

Seul.

Il la fixait.

Miaou.

Ce n'était pas lui.

Un autre chat avait miaulé.

Margarita, déconcertée, chercha autour d'elle.

Là, sur le mur d'en face, assise sur le rebord d'une fenêtre, une chatte blanche l'observait.

Puis, sortant des buissons, un silence absolu l'enveloppant, un chat tigré apparut.

Il s'avança lentement, s'assit près du chat rouge.

Le Maître porta la main à son front, accablé.

Un bruit dans l'arbre voisin les fit sursauter.

Un troisième chat sauta dans leur direction.

Le Maître tourna les yeux vers Margarita.

— Il y a un ordre naturel dans toute chose. Vous ne pouvez pas... vous n'auriez jamais dû...

— Est-ce que je pourrai le revoir ?

Sa voix était brisée.

— Oui, Margarita.

— Mais cela vous coûtera tout.

Elle hocha la tête.

— Margarita, vous devez comprendre ceci : il y a toujours un prix à payer.

— Lorsque quelque chose est perdu, un Ordre préétabli régit l'Entrelacement Universel.

— Pour retrouver ce qui est perdu, pour le ramener, un prix doit être payé.

— Quelque chose doit disparaître en échange.

— Les choses retrouvées sont souvent un prix exorbitant.

— Et quelqu'un d'autre devra perdre ce que vous retrouvez.

— Je veux voir mon fils.

— Le retrouver.

— Vous l'avez déjà fait.

— Et vous avez déjà payé d'avance.

— Sachez simplement qu'une autre personne, quelque part, perdra un fils ou une fille.

— Qu'il en soit ainsi, Maître.

Il allait ajouter quelque chose, mais un bruit étrange retentit à l'extérieur.

Un grondement sourd.

Ils tournèrent instinctivement la tête vers la fenêtre.

Des centaines de chats les observaient.

MIAOU.

Tous miaulèrent à l'unisson.

Saisis de terreur, Margarita et le Maître reculèrent d'un pas.

Le chat rouge les fixa intensément.

Ses yeux se plissèrent.

Puis, il siffla, dévoilant ses crocs acérés.

Aussitôt, tous les chats détalèrent.

Le silence retomba.

Alors, dans le bureau du Maître, une voix résonna.

— Maman, je veux rentrer à la maison.

C'était Luis.