Pour toutes ces fois, ces moments où je me suis demandé pourquoi vous m'admiriez tout les trois... C'est flatteur certes, et je ne peux le nier ; d'autant plus que vous, vous savez comment je suis réellement. Mais dans les instants comme celui-ci, je me questionne uniquement. Pourquoi suis-je le seul à viser un idéal non-utopique et à vouloir sans cesse donner le meilleur de moi-même, pour moi justement ? Il y a des jours comme aujourd'hui, où j'ai seulement envie d'être ailleurs, dans un monde dépeuplé où il n'y aurait que des couettes chaleureuses dans lesquelles je pourrais m'envelopper, oublier tout le reste, juste un peu.

Je me sens isolé dans cette façon d'être que j'adopte chaque jour. Je sais qu'il y a moult de gens déterminés, mais pourquoi donc je n'en vois aucun ici ? Après tout, c'est bien qu'entouré qu'on peut se sentir seul... Si j'exprimais ma pensée, que je la hurlerais au monde juste pour me décharger, je blesserais à coup sûr. Ce n'est pas dans ma façon de faire, pas dans mes gènes.

Quand j'affiche ma fatigue spirituelle devant l'une de ces trois personnes, elles me demandent toujours ce qui ne va pas. Il n'y a rien qui aille mal. Je crois que la seule chose qui pourrait me pousser à perpétuer mes efforts de tout instant, ce serait de voir ne serait-ce qu'une personne dans la même situation – quelqu'un qui ne me dit pas que je suis homme parfait et un modèle de vie, mais quelqu'un qui, sans m'avoir rencontré, se dévoue à viser le meilleur de lui-même.

Même si je suis fatigué intérieurement et que je me plains ici, je me pousse à persévérer pour devenir une meilleure personne. Je ne peux me satisfaire de la réussite nonchalante.

Il y a toutefois une personne que je sais être parfaitement elle, viser la meilleure version d'elle-même pour son authenticité : Zacharia. Et c'est pour cela que ma première lettre lui est adressée.

* * *

Timéo GLAS

Entre 2 panaches de vapeur

00000 BLANCHE-LOURDE

[email protected]

01/01/0001

Zacharia METELLUS

15 rue de la Lumière

00001 APOGEE

Bonjour, Zacharia.

J'espère que tu m'excuseras de ce courrier impromptu. Ce n'est guère courant d'user de lettres postales quand les SMS, mails et réseaux sociaux sont au goût du jour. Je suis également conscient que nous ne sommes pas proches – non pas que tu ne m'aies jamais tendu la main.

C'est justement la première chose de ce que j'aurais aimé te dire : je veux te remercier de cette main tendue que je n'ai pas su attraper. Tu as bel et bien été le seul à faire un pas vers moi tandis que j'étais dans une situation extrêmement frustrante : mes avancées vers les autres, dans un épais manteau d'invisibilité, ont été vouées à l'échec.

Je voudrais également te dire un grand merci, pour avoir décelé les lueurs de tristesses omniprésentes qui hantaient mon regard. Et j'aimerais aussi m'en confondre en excuses... Quand tu t'enquerrais, je n'ai pas pu (ou réellement essayer) m'empêcher d'être une boule d'émotions qui se déversaient n'importe où. Je suis confus, Zacharia. Je ne saurais dire combien de fois tu as pu observer mes larmes. Ce n'est pourtant pas mon genre de m'afficher émotif. Je m'excuse également pour les paroles qui ont pu accompagner ces épisodes fort embarrassants. Je me suis humilié moi-même en alignant des phrases impromptues et névrotiques... des phrases personnelles, surprenantes et névrotiques. Je suis désolé de t'avoir fait subir ce spectacle d'une personne si brisée.

Je ne vais pas m'attarder davantage sur tout ceci, en te faisant perdre ton temps avec cela, sinon je me sentirais encore en devoir de m'excuser. L'objet original de ce courrier s'intitulerait volontiers « Tout ce que j'aurais aimé te dire ».

Ce que j'aurais aimé te dire... C'est à quel point tu es spécial à mes yeux. Tu es unique en ton genre et sans vouloir te le cacher, c'est souvent mal apprécié par les gens. Pourtant, tout ça te rend flamboyant. Tu as été ma lumière, qui éclairait dans une direction autre que celle que j'ai choisie.

Sache que les rares souvenirs que j'ai de toi seront toujours conservés, en mémoire de ce qui aurait pu être une belle relation. Je ne regrette rien de ce qui aurait pu être, amitié ou plus – que sais-je ; mais c'est bien parce que ce n'est pas dans ma nature de vivre avec des regrets. Ce que j'aimerais vraiment te dire pour conclure cette lettre, c'est : aussi imparfaite puissent être les choses, je les chérie ainsi. Tu as été source d'une lumière secrète pour moi, qui suis resté dans l'obscurité. Pour cela et pour tout ce que la magnifique personne que tu es demeure encore, tu auras toujours mon respect.

Timéo Glas, qui a eu le bonheur d'être ton camarade durant ces deux dernières années.