Chapitre 3 : Tempête
L'emplacement du nouveau festival était parfait. Les tours-bus étaient garés à quelques mètres des plages, où se trouvaient des restaurants confortables mais surtout tranquilles. Ce soir-là, ils allèrent donc dîner dans l'un d'eux. Ils passèrent plutôt une bonne soirée, avec très peu d'alcool et de cigarettes. Depuis leur sevrage, tous avaient découvert le plaisir de passer du bon temps ensemble sans avoir à se défoncer. Ils avaient recommencé à avoir une vie plutôt saine et c'est ainsi qu'après minuit, il décida d'aller payer car il sentit tout à coup la fatigue physique.
Mais au moment de revenir à table, il vit qu'elle s'était approchée de la mer. Et en faisant abstraction de la question de son frère, il alla la rejoindre pour se mettre à côté d'elle.
« Est-ce que tu sais que regarder la mer pendant 5 minutes équivaut à une séance d'une heure chez le psy ? », lui informa-t-elle d'une voix douce.
Il tourna la tête vers elle. Il la trouva très belle, avec sa longue robe blanche mais large de style bohème, ses cheveux qu'elle venait tout juste de détacher alors qu'elle avait l'habitude de les lier rapidement en chignon et sa manière d'observer les reflets de la lune dans la mer. D'ailleurs, elle était très claire ce soir-là, lui permettant de l'entrapercevoir pour la première fois en sous-vêtements. Oui, elle était vraiment très belle. « Taillée comme un manga japonais. », en avait ri une fois Eddy avec Ken, reprenant l'une de ses paroles. Pourtant, ces compliments ne l'empêchaient pas d'être complexée, elle ne se baignait dans la piscine montée à côté du tour bus que la nuit, avec un maillot de bain noir une pièce. Alors oui elle avait un peu de cellulite, des vergetures sur les cuisses mais elle ne se rendait pas compte qu'elle avait une poitrine parfaite et une taille à en faire pâlir certains hommes. Et surtout, elle avait une personnalité que peu de filles avaient : elle était simple, loyale et d'une fidélité incomparable. Toutes ces pensées lui traversèrent l'esprit en une seconde, parce qu'il fallait qu'il lui réponde.
« Non, je ne savais pas. ». Et dans ces moment-là, il se détestait de ne pas savoir entretenir une discussion. Heureusement, elle ne sentait jamais la gêne dans les moments de blanc.
« Et pourquoi la lune, c'est une source d'inspiration pour vous tous ? », continua-t-elle, en levant la tête. Il sourit mais il eut envie de la faire taire.
Parce que contrairement à elle, il n'avait pas forcément besoin de parler quand il était avec quelqu'un. Mais chacun son caractère et lui était impulsif alors, même s'il était toujours habillé que d'un short, il prit sa main et continua à avancer dans la mer.
« Mais Tarik, qu'est-ce que tu fais ? Tu es fou ! On n'est même pas en maillot de bain ! », commença-t-elle à paniquer.
« Allez, ne lâche pas ma main, j'en suis sûr qu'en plus, tu n'as jamais fait de bain de minuit ! », lui répondit-il avec le sourire aux lèvres. Son attitude le surprit lui-même mais quand elle était à ses côtés, elle le perturbait, elle dérangeait sa manière de penser, de réfléchir, de se comporter.
Ils ne mirent pas longtemps à être immergés jusqu'au cou, surtout qu'elle était plus petite que lui. Il ne lâcha pas sa main. Alors, à un moment, elle fut obligée de le tenir par la nuque.
Jamais ils n'avaient été aussi proches et il n'avait senti autant de sa peau contre la sienne. Son cœur avait accéléré et il ne fut même pas surpris de cette sensation. Il profita des mouvements des vagues pour soulever un peu sa robe afin de prendre ses jambes et de les enrouler autour de ses abdos. Dans une autre situation, elle aurait rougi et baissé la tête mais ni l'un ni l'autre ne détournait le regard.
Il avait une terrible envie de l'embrasser, mais aucune de parler. Il ne voulait pas briser ce moment et souhaitait rester dans cette position le plus longtemps possible.
« Embrasse-moi. ». Son murmure était si inaudible que même lui ne savait pas si elle l'avait réellement prononcé ou non.
Alors, dans l'une de ses premières fois de sa vie, il n'hésita pas, et se jeta à cœur perdu sur ses lèvres. Il ne savait pas combien d'expériences elle avait eu, « une bonne dizaine », avait-il entendu quand elle en parlait avec Eddy, mais ce baiser fut l'un des plus bouleversants de sa vie. Tous les sentiments se mélangeaient. Elle était douce alors qu'il avait envie de plus mais en même temps, elle resserra son étreinte et il grogna quand elle passa une main dans ses cheveux récemment coupés. Étrangement, il avait gardé les yeux ouverts, comme pour se prouver qu'il embrassait bien la femme dont il avait des sentiments depuis leur rencontre.
Il dû briser l'étreinte quand il perdit pied. Il manqua de boire la tasse mais heureusement, elle le tira par la main pour qu'ils puissent de nouveau profiter de ce moment intemporel. Son rire manqua de lui faire louper un battement. Il aimait quand elle riait, d'un rire à la gorge déployé mais sincère et heureux. Cette fois-ci, c'est elle qui repositionna ses jambes autour de lui et il en profita pour glisser ses mains au niveau du dos, dans l'intérieur de la robe. Son regard à elle avait changé. De certain et confiant, il était passé à beaucoup plus doux, presque... Aimant. A penser ce mot, il s'en foutait, il avait décidément trop envie d'elle, alors, il l'embrassa de nouveau. Leur étreinte fut brève, mais intense. Elle la brisa car il sentit lui-même qu'elle commençait à frissonner. Alors, dans un silence toujours aussi religieux, ils rejoignirent la plage, lui prit la main car depuis très longtemps, il n'avait jamais été aussi heureux.
Elle le précédait et il fut presque gêné de contempler une vision qui ne lui appartenait pas. Sa robe mouillée épousait enfin ses formes et ils furent presque soulagés quand ils virent que le restaurant venait de fermer. Personne ne les avait vu, même si quotidiennement, tout le monde soupçonnait quelque chose.
Quand ils arrivèrent à la fin de la plage, elle brisa le silence : « Attends, il y a une douche là, je vais me rincer avec ma robe. Est-ce que ça te dérange d'aller me chercher une serviette ? », demanda-t-elle avec des mèches lui tombant sur son visage.
Il ne prit pas la peine de lui répondre car il prit partiellement la route du bus qui se trouvait à moins d'une minute. Quand elle fut hors de son champ, il courut comme un enfant jusqu'à la salle de bain, sans se soucier si l'équipe était ou non dans le bus. Heureusement, ils avaient dû aller prolonger la soirée en ville. Il prit deux serviettes et repartit. Le bus n'était jamais fermé quand l'un des membres se trouvait autour. Il ralentit son allure à l'approche de la douche, il ne voulut pas passer pour un fou, même si son cœur et son cerveau allaient bientôt exploser...
Elle était en train de se rincer les cheveux, elle avait donc la tête sous l'eau et tant pis s'ils se faisaient prendre mais il la rejoignit, toujours habillé de son short. Il se positionna derrière elle, mettant ses bras autour de son ventre et comme il l'avait prédit, elle sursauta, mais non de peur : « Tarik ! ». Il pensait qu'elle allait se retourner mais au contraire, se recula pour se rapprocher un peu plus de lui. Alors, il en profita pour embrasser la naissance de son cou.
Elle frissonna. Encore. Mais de plaisir cette fois-ci. Leurs corps s'appelaient comme des aimants, mais résistaient aussi comme ce phénomène physique. Il fallait que soit l'un ou l'autre brise leur pudeur, sinon, leur union allait être plus que torride.
Les deux savaient cela, mais comme des fous, ils continuèrent à résister. Il sentit qu'elle luttait quand il mit ses mains sur sa taille.
Mais finalement, elle céda face à l'appel du sec et de la serviette. Elle prit quand même le soin de l'embrasser sur la joue. Il se rinça rapidement puis grommela un « Merci » quand elle lui tendit sa serviette.
Le retour au bus se fit rapidement et en silence. Mais au moment où elle ouvrit la porte et commença à monter les quelques marches, il l'interpella par son prénom. Elle se retourna et il eut un geste qui le surprit lui-même : il la serra fort dans ses bras.
« Bonne nuit Tarik et à demain, dors bien. ». Elle lui caressa la joue du bout des doigts avec le dernier regard qu'elle avait eu pour lui, puis disparut dans le côté chambre.
Il savait qu'il n'allait pas trouver le sommeil alors il se dirigea vers la pièce la plus climatisée du bus : l'unique chambre avec un lit double. Cette pièce était le paradis de l'équipe en raison de la télé, de la console et de tout le matériel électronique. Quand ils faisaient des soirées jeux vidéos, il était toujours le dernier à partir et ainsi, s'endormait souvent dans ce lit confortable.
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Ça faisait des heures qu'il jouait à Fifa, il avait même fumé un bédo mais rien n'y faisait, il n'arrivait pas à oublier la sensation de ses lèvres sur les siennes. Quelqu'un toqua à la porte. Il crut que c'était une illusion mais décida quand même de grogner : « Ouais ? ».
Bien sûr que ça ne pouvait qu'être elle. Parce que tous les gars avaient une manie de rentrer sans frapper. Quand il la vit, il se redressa contre les coussins pour la voir. Elle était en T-shirt et short et c'était la première fois qu'elle portait un vêtement aussi court. Pourtant, elle semblait avoir chaud.
« Je peux te déranger un petit quart d'heure le temps de profiter de la clim, celle du bus est tombée en panne... Tous les gars sont partis dormir dehors mais avant de me rendormir, je voulais savoir si tu allais bien... ».
Ce n'était pas pour savoir si la clim avait aussi cassé dans cette pièce indépendante, non, c'était pour savoir comment il se sentait... Cette femme est exceptionnelle, pensa-t-il. Il se devait de lui répondre. « Viens. », dit-il en tapotant la place vide à côté de lui.
Elle s'y installa et après une demi-seconde d'hésitation, elle mit sa tête sur son épaule. Il eut envie de lui sauter dessus. Son humeur ne s'arrangea pas quand il perdit le match.
« Et merde, fais chier. », grogna-t-il en lançant sa manette au bout du lit. Elle s'était finalement allongée et avait fermé les yeux. Elle le fit rire quand il se rendit compte qu'elle était en position étoile de mer. Il avait envie de l'embêter, juste pour avoir une excuse de la toucher.
Juste pour avoir sa peau sous la sienne et sentir ses frissons qui le rendaient dingues. Il se mit donc sur le côté et ce fut lui qui calla sa tête sur son épaule, en prenant le soin de se rapprocher d'elle le plus possible.
« Heureusement que y'a la clim. ». Elle avait grogné mais il fit tous les efforts du monde pour ne pas perdre pied quand elle mit sa main sur ses cheveux et commençait à lui caresser la tête.
« Pour répondre à ta question et je pense que ton sixième sens féminin te l'a confirmé, non, je ne vais pas très bien. ». Mais il fut content quand il posa son bras sur son ventre et qu'elle ne le dégagea pas.
« Pourquoi ? », lui demanda-t-elle d'une voix inquiète. Elle avait ouvert les yeux et sa main descendit sur sa joue. Il allait exploser. Il avait envie de la dévorer.
« Parce que tu me rends ouf. », chuchota-t-il. Il fit exprès de le dire auprès de son oreille. Il dut rassembler ses dernières forces pour ne pas embrasser son cou.
Elle se décala pour être à la hauteur de son visage. Tout se passa très vite. Elle mit ses mains de chaque côté de son visage et l'embrassa d'un baiser fougueux, passionné et... pas raisonnable. Il fut surpris quand elle s'attaqua à son T-shirt, il l'enleva sans s'en rendre compte et geste qui le surprit, elle entrelaça ses jambes aux siennes mais rompit leur étreinte.
« Tarik, j'en ai aussi envie, mais tu sais très bien qu'on ne peut pas. Je veux dire, pas là, pas maintenant. ». Sa voix pleine de désir le fit chavirer encore un peu plus.
Alors, pour se calmer, il se remit sur le dos, l'attira vers lui et fit un effort pour baisser son rythme cardiaque, surtout pour éviter qu'elle entende les battements qui cognaient beaucoup trop forts dans sa poitrine.
Paradoxalement, les caresses sur son torse l'apaisèrent mais avant de dormir, il fit une dernière chose : il prit son portable pour réserver un endroit dont elle rêvait de passer quelques jours de vacances. Elle leur en avait toujours parlé. Mais pas comme une invitation, juste pour discuter.
En deux clics, la maison fut louée. Il reposa alors son téléphone mais se rendit compte qu'elle s'était déjà rendormie. Petit, quand il n'arrivait pas à trouver le sommeil, il rejoignait son frère pour se caller contre sa respiration. Alors, même une vingtaine d'années plus tard, c'est ce qu'il fit mais dans les bras de la femme qu'il aimait. Cette nuit-là, il rêva pour la première fois depuis des années. Et son sommeil ne fut agité que par une chose : souvent, elle se rapprochait de lui.
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